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we disappear as stars do, soundless, without a trace. (halcyone)
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par Invité, Mar 17 Juil - 23:25 (#)
Les rayons d’un soleil méridien viennent caresser ta joue et tes prunelles roulent sous tes paupières closes. Un instant, tu hésites, car tu sais que l’astre annonce toujours une saison difficile pour ton corps, et moins tu le vois, mieux tu te portes. Tu renifles, cherchant l’odeur d’un nuage qui viendrait cacher quelques secondes son halo de lumière. Il apparaît, le cumulus épais comme une montagne de crème sur une coupe glacée, drapant le ciel de blanc et de gris. Cette palette de couleurs te soulage et tu souris, légèrement mais sûrement, comme pour ponctuer tes pensées éparses et leur donner du sens.
Tu as faim. Tes phalanges grimpent le long de tes côtes, tes ongles redessinent le creux de ces dernière avant de trouver la courbe de ton ventre et le détail accidenté de tes hanches qui ressortent sous ta peau d’albâtre. Un paysage de lande stérile entre tes draps : tu donnerais tout pour un déjeuner à la Grande Salle en compagnie de tes amis. Mais les mouvements te pèsent car tes membres souffrent encore.
Tu as soif. Le tissu de ton caleçon a recueilli ta sueur, ton entrejambe est moite et les étendues de ta peau ravagée par la chaleur te démangent encore, même après l’application des onguents. Tes mains chassent et se referment autour d’un verre sur la table de chevet. Tes doigts pianotent contre son rebord et il se remplit de lui-même d’un jus de citrouille frais, ensorcelé par l’infirmière quelques heures auparavant. Cette dernière est probablement absente, et tes yeux s’entrouvrent enfin alors que tu portes à tes lèvres le breuvage salvateur.
Autour de toi le silence. Tes rêves sont plus agités que la réalité car cet état te rappelle toujours de mauvais souvenirs. Tu te sens faible et inutile. Tu te sens d’humeur cinglante, revêche, réprobatrice. Tu te sens d’humeur joueuse aussi, car tu t’ennuies ici depuis ton arrivée pour insolation.
L’été te retient toujours à ton état le plus vulnérable. Vivement l’équinoxe.
Tu t’habitues à ce qu’il y a autour. Tu reconnais la plante verte qui se dresse dans le coin de l’espace que l’on t’a consacré. Tu repères le bout du paravent qui te sépare de la couche voisine. L’étrange odeur de nourriture parvient à tes narines et, après avoir reposé le verre vide sur la table, tu te redresses puis tu retires le drap de tes jambes pour les faire basculer hors de ton lit.
Tes pieds nus touchent la pierre froide et ta silhouette vacille lorsque tu te mets debout. Tu es pris de vertige : les effets secondaires, dit-on d’habitude. Cela ne t’inquiète pas et tu enfiles un pull trop grand pour toi dont le col laisse entrevoir ta clavicule marquée. Ces derniers jours passés à l’infirmerie, à l’ombre de cette saison si agressive, te paraissent interminables alors tu veux casser la routine en lui imposant un rythme nouveau.
La plupart des lits sont vides, en réalité. La fin d’année a clairsemé la foule qui marbre les couloirs de l’école durant les autres mois mais tu as eu la chance de pouvoir rester un peu. Pour la bibliothèque, notamment, te perdre dans les livres pour mieux t’y retrouver. Les instants de calme sont vitaux car ton crâne risquerait d’exploser à tout moment, vaincu par la fatigue et la soumission.
Il te manque autour de toi des visages familiers auxquels te raccrocher puisque même ceux que tu connais se tordent pour former des traits qui te sont étrangers, et tu ne sais si tes cauchemars y coulent comme dans un moule ou si au contraire, ce sont les silhouettes aliénées qui imitent tes songes terribles en une parodie démente.
Tais-toi.
Tu dis ça à ton esprit parfois pour pouvoir enfin t’endormir, mais tu restes un animal : on ne t’apprend pas à donner des ordres, simplement à en suivre.
Tu as mal mais tu ne fais que serrer les mâchoires en traversant l’allée des lits qui mène au bureau de l’infirmière. Un écriteau indique en effet qu’il n’y a personne, alors tu te contentes de prendre un gâteau dans le bocal qui trône à côté d’un placard, et tu t’adosses au mur en mâchant lentement, ralenti par la fièvre que tu sens monter partout dans ton corps. Ces quelques pas sont une victoire.
Tu te sens piégé dans une cage qu’on a voulu faire passer pour un environnement sain. Tes crocs se plantent dans la nourriture et leur émail s’entrechoque pour condenser ton irritation. Bientôt, tu n’entends plus que le bruit de la mastication pour oublier celui des vagues qui t’appellent, si proches.
Et pourtant inaccessibles.
Le son cristallin d’un verre brisé te tire de ta transe et tu lèves les yeux vers le fond de la pièce, tel un chat attiré par un fantôme. D’une démarche étrange, pleine de cette assurance typique de l’ombre que tu es, mais accablée par le mal qui te ronge, tu te déportes jusqu’à la source de la nuisance pour y trouver les restes d’un jus orangé qui trempe le sol jonché de morceaux tranchants.  
Au-dessus, une silhouette penchée, ses doigts crispés autour du bord du matelas, laissant derrière eux des traces noires que tu devines être du fusain, puisqu’il te semble reconnaître du matériel de dessin à son chevet.
Vos regards se croisent et tu vois ton ombre se refléter au fond de ses prunelles, comme si cet être se saisissait de quelque chose en toi pour le faire sien.
Puis tu finis par reconnaître son visage, son corps, l’éclat effacé sur ses pommettes mates, ces années passées à se croiser et se sourire entre les murs du château car vous êtes liés par le simple fait d’avoir porté le Choixpeau le même soir unique où votre génération fut répartie à l’école.
« Attends. »
Tu te saisis d’une serviette pliée sur un lit désert et, avec toute la servitude dont tu sais faire preuve, tu t’agenouilles pour rassembler les conséquences de cette maladresse.
De cette maladie.
Tu sais et tu ne dis rien.
Tes bras tremblent, tu as chaud, tu hésites à cesser de bouger mais tu as l’impression qu’Abe est dressé derrière toi, juge inquisiteur du moindre de tes frémissements alors tu persévères sans broncher. Tu pousses les restes de ce chaos contre le paravent, sans essorer le tissu plein de jus, puis tu te redresses, la tête penchée pour fuir son regard. Tu ne peux la fixer, parant tes gestes de la politesse gauche que tu maîtrises si bien : sang-pur, malade, féroce. Les mots fusent pour la décrire et bientôt tu t’y perds, bientôt tes paupières papillonnent et tu fais un pas en arrière pour lui laisser l’espace de respirer.
« J-Je … Je peux aller chercher quelqu’un si tu veux. »
C’est idiot : il n’y a personne et tu t’écroulerais dans les escaliers.
« Dis-moi si tu veux que je m’en aille. »
Tu contrôles ta panique avec toute la force qu’on t’a appris à avoir. Tu voudrais hurler sans même savoir pourquoi, tu as peur de ses yeux qui te détaillent avec insistance et tu ne peux tourner les tiens vers elle si elle ne t’y autorise pas. C’est étrange, mais tu respectes sa faiblesse avec le cynisme de celui qui n’a rien à perdre. Tu l’obliges à te dire si oui ou non, elle peut se montrer comme celle qui ne parvient parfois même plus à lever son verre jusqu’à ses lèvres.
Tu l’obliges à reconnaître une vérité, qu’elle s’y plie ou qu’elle y renonce, telle la guerrière qu’elle a toujours cru être. Comme quoi mourir, ce n’était pas l’histoire d’un jour d’honneur au combat, mais celle d’une vie entière à souffrir un peu plus chaque matin.
Et toi on t’a dressé à ouvrir les yeux même lorsque le soleil t’aveugle.
Isaure Lenoir
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Isaure Lenoir
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Message Re: we disappear as stars do, soundless, without a trace. (halcyone)
par Isaure Lenoir, Mar 18 Sep - 23:04 (#)
L’hypocrisie dont elle faisait preuve avait ses conséquences, et elle perdait la couleur. Peut-être était-ce un de ces troubles de la visions qui venaient et partaient, ou peut-être était ces signes avant coureurs que les médicomages recherchaient dans ses yeux, dans toutes les questions qu’ils trouvaient à lui poser. Elle hoquetait sur le vide en elle, sans vraiment voir ce que ses doigts noirs par le fusain traçaient sur le parchemin. Pendant des années, elle avait orné ses palets de couleurs, multiples et spectaculaires. Venaient les poussées, et puis partaient ces nuances, pour ne voir apparaître que du noir. Le fusain avait été l’outil de sa douleur, de sa haine.
Ces derniers temps, il n’y avait que le fusain qui trouvait sa place dans sa paume, et son chevalet restait vide de couleurs et d’espoir.
Il y avait eu un éclair blond, un reflet bleu, et le visage d’Euphemia dans son esprit qui résonnait avec tout ce qu’il y avait de plus pur en Halcyone. Mais ces dernières parties se mourraient, déracinées par une maladie qui devenait peu à peu maître du cycle de sa vie. Et lorsqu’elle tombait dans les souvenirs qu’elle avait de l’allemande, Halcyone serrait les dents pour ne pas écouter la voix qui lui soufflait tous ses pêchés. Cette voix pernicieuse semblait être celle de Prometheus, le patronus qu’elle avait perdu contre son grès, et ils avaient beau lui dire que la pièce de l’âme s’était réintégrée à celle qui était dans son corps, elle ne les croyait pas.
Vide.
Tout est vide.
Tout est hypocrisie.

Il y avait ce qu’elle voulait de l’avenir, et ce qu’elle désirait, et ces deux entités qu’elle avait pourtant toujours cru être les mêmes s’opposaient en tout. Elle désirait Euphemia, et son coeur battait pour elle, arraché de son propre corps par les mains douces et délicates d’une jeune femme qui n’avait jamais eu à prouver quoi que ce soit. Et elle voulait une justice, une vengeance plutôt, pour assouvir le feu qui nourrissait une rage dans le creux de ses tripes.
Elle ne pouvait pas avoir l’un et l’autre, et elle ne pouvait choisir. Elle ne voyait pas le reste de sa courte vie sans Euphemia, et elle se rendait compte que sans cette fureur, elle n’était rien.
Alors l’hypocrisie lui brûlait le front. Elle préférait penser que c’était cela, et non pas les maux de tête qui revenaient par centaine, ceux qui précédaient des instants où elle perdait complètement l’équilibre. Elle était bancale, elle l’avait toujours été. Physiquement, mentalement, cela ne changeait rien. Les couleurs lui échappaient parce qu’elle ne les méritaient pas, parce que son monde ne s’effondrait pas malgré tout ses efforts.
Alors elle traçait des formes abstraites, peut-être cruelles dans leurs réalisations. Elle était doué, Halcyone. Trop pour une vie aussi brève, ou alors c’était la seule raison de son talent. Elle repoussa une mèche de cheveux qui lui barrait le front de la main droite, laissant sa main gauche saisir le fusain. Elle s’était conditionné à être ambidextre, parce qu’elle n’avait pas le choix, qu’elle ne pouvait pas abandonner l’art même lorsque les poussées la touchaient, paralysant l’un de ses membres, au hasard, dans un jeté de dès qu’elle n’avait aucun moyen de truquer.
Après avoir reconstitué les planètes dans un mouvement de rotation inverse, dans des formes hexagonales aux dimensions arbitraires, embourbées dans l’immensité d’une galaxie qui rejetait de toute part les astres cosmiques, Halcyone laissa la feuille de parchemin sur sa table de chevet et se pencha pour attraper le verre qui n’était pas très loin.
Le verre dans sa main s’éclata sur la pierre froide du sol lorsque ses muscles se contractèrent douloureusement, son bras victime de spasmes brutaux qui la menèrent à serrer le membre contre son torse. Un bruit attira son attention et elle se redressa avec les mouvements brusques d’une souris blessée, ses yeux sombres tombant sur la forme élancée d’Anthony Hawk, dont les traits semblaient tirés par une douleur qui résonnait encore dans le visage d’Halcyone. « Attends. » Elle ne bougea pas, si ce n’était les mouvements contractiles qu’effectuait encore son bras gauche, alors que la douleur irradiait jusqu’à son épaule. Elle le regarda faire, observant ses mouvements qui indiquaient une aisance dans la tache qu’il effectuait, et elle ne comprenait, petite gamine sang pur qui n’avait jamais eu besoin de se baisser pour récupérer quelque chose à même le sol. Elle ne voulait pas qu’on l’aide, elle ne voulait pas être vu dans cette pièce qui était plus son dortoir que le lit qu’elle devait normalement occuper dans la tour des lions. « J-Je … Je peux aller chercher quelqu’un si tu veux. » Halcyone n’avait jamais appris à observer les gens. Elle avait appris à peindre par les gestes de son père, à rugir par les mots de sa mère. Mais les mots se cognaient dans sa gorge, endolorie par les potions qui devaient combattre la fatigue qui la prenait sans cesse. Elle n’avait plus la force de peindre, ni même de rugir, alors il lui restait les yeux, deux petits billes qui n’avaient jamais appris à servir, alors ils brûlaient dans son crâne. « Dis-moi si tu veux que je m’en aille. »
Prometheus le lion aurait posé la tête de l’autre enfant, recourbé comme s’il voulait conserver en lui tout l’air qu’il aspirait, dans sa puissance mâchoire, et l’aurait refermé.
Prometheus le serpent, au corps bicéphale, lui aurait susurré d’abandonner et de se battre dans la même phrase, lui ordonnant d’avouer dans la pénombre de cette salle sarcophage les secrets qu’elle voudrait emporter dans sa tombe.
Mais Prometheus n’était pas là, ni le lion féroce, ni l’hydre aux multiples murmures. Il n’y avait qu’elle, le corps recroquevillé, un simple constat sur la langue. « Non, c’est bon. » Elle aurait voulu rajouter qu’il semblait avoir besoin de l’infirmerie également, le ton narquois mordant ses mots. Mais elle n’était qu’une malade parlant à un désireux, les maillons faibles de la chaine alimentaire. « Est-ce que je peux avoir un verre, s’il te plaît? » Sa baguette jonche sur le sol, emportée par son mouvement de recul après la chute du verre. Mais elle n’aurait servi à rien, car l’enfant au sang pur n’avait jamais eu une force assez puissante pour consolider une source magique acceptable. Elle n’avait que la foie de se redresser, d’éloigner le bras de son centre, comme si elle voulait détacher ce membre qui ne servait à rien.
 

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