« Chérie je vais réparer la gouttière avant que l’eau agrandisse encore plus le trou dans la cour arrière ». criait Steve, empêtré dans son échelle.

« Dépêche toi, les enfants ne prennent pas de pause pendant que tu es là-haut ». Lui rétorqua sa femme, elle, aussi, cerné par la fatigue. Un petit mot d’approbation et Steve était déjà en haut a vacillé. Un instant après, choc électrique distribué par la ligne de haute tension qui toucha l’échelle métallique.

Notre famille n’avait jamais été fortunée. Après la mort de mon père, il fallut vendre la maison en campagne et allez à la ville. Je ne me rappelle pas vraiment des moments passés à la campagne. T’en qu’à mon père, je ne me souviens de rien du tout le concernant. Je me rappelle avoir trouvé l’histoire de sa mort plutôt rasoir quand on me la racontait. Je m’imaginais toujours sa mort comme dans les vielles histoires. Elle lui dit « je t’aime » puis il meurt et elle s’écroule en pleurant, mais la vie est beaucoup plus banale et c’est sans doutes pour ça que je me souviens mieux du vieux chat du voisin borgne que de l’homme qui m’a donné la vie.

C’est à la ville de Southampton que ma mère se dégota un petit travail de serveuse dans un pub non loin du port, elle travaillait jour et nuit accumulant les heures supplémentaires. La ville était en ruine. Ravagé par la deuxième guerre mondiale. Dans le fond, Southampton était comme nous en reconstruction. Le fait que nous n’étions pas les seuls à repartir à zéro rendait le fond du baril moins crade. Une voisine  venait garder ma petite sœur, Grace, le jour et le soir quand maman était retenue au travail, ça a duré un moment.

Je devais avoir environ huit ans quand ma mère est venue me voir pour me dire que je devais m’occuper de ma sœur quelques soirs. Je ne sais pas si elle s’était frittée avec la voisine, mais je devais maintenant assumer la garde de ma cadette. Le premier soir, je ne savais pas quoi faire. J’ai fait des toasts puis moi et Grace on s’est assoupi devant la télé. Je me rappelle cette fierté le lendemain d’avoir été utile et aidant pour ma mère. Quand elle se faisait appeler pour un remplacement, j’avais l’impression d’être robin qui gardait la bat-cave comme dans les feuilletons américains. Les moments n’étaient pas toujours rose certes mais l’idée d’amener du bonheur dans la vie de mes proches était bien assez pour moi.

- Andreas regarde une chouette

- Grace dit pas n’importe quoi, il n’y a pas de chouette en ville

Quand j’ai demandé à ma mère qui était mon père, elle me répondait toujours « un homme merveilleux qui laissa son pays et sa famille après avoir rencontré l’amour de sa vie,… ». Puis elle se mettait à me raconter leurs rencontres lors d’un match de football. Il devait avoir oublié de l’informer du minuscule détail qu’il n’était pas qu’américain, mais aussi un magicien dans un royaume enchanté parallèle au nôtre. Une fois arrivée à Poudlard, j’ai vite compris pourquoi un sang-pur comme mon père avait tiré un trait sur le monde magique. Voyez-vous mon père, ce petit cachotier, était le seul héritier de la famille Eastwood. En choisissant ma mère moldu, il condamnait sa famille à des héritiers de Sang-mêlé, comme moi. Cette union n’était bien évidemment pas souhaitée chez les Eastwood et les familles de sorcier qui méprisent les moldus.

Le concept de Moldu, Sang-mêlé et Sang-pur m’était totalement étranger comme ce nouveau monde d’ailleurs. Même si la magie était encore nouvelle pour moi, je voulais prouver à tous que je valais beaucoup mieux que ces fils à papa née dans la volupté. Je voulais que les professeurs me remarquent. Que ma persévérance forgée dans cette vie de misère paye. Je voulais être pour une fois le meilleur. Le chasseur et non le chasser. Pour une fois dans ma vie, être quelqu’un.  Je me battais avec quiconque qui m’insultait moi ou ma mère. Je rageais et dans les coups durs je me rassurais en me disant que j’étais l’héritier d’un grand sorcier de sang-pur. La vérité, je les enviais. J’étais jaloux de ses enfants né avec une cuillère en argent dans la bouche. J’étais jaloux de ses gamins déjà depuis longtemps initier à ce monde. J’étais englouti par ce désir.

Une nuit, Fatigué, à bout de force je fulminais contre mes erreurs de la journée. Je me pris à désirer être un sorcier née, un Sang-pur. La rage que j’avais gardée en moi me défigurait. J’étais méconnaissable. Heureusement, je revins à moi avant de sombrer. Ce fut le point tournant de ma vie, pas question de devenir quelqu’un d’autre.

Par la suite, j’ai décidé de prendre mes distances avec les autres, moins je les connais moins je les enviais. Je choisie aussi mon cursus en fonction de réduire la compétition au minimum.