« Ana’ ! Cria un petit blond à sa jumelle.
- Oui ?
- J’ai quelqu’un à te montrer ! »

Elle descendit en vitesse les escaliers, pour le plus grand bonheur des parents. Il ne se passait pas une journée où les deux enfants ne criaient pas. Elle fit un petit sourire à son jumeau. Même sous son air plutôt calme, elle était impatiente de rencontrer la personne que son frère avait rencontrée. Leur cercle d’amis était essentiellement composé d’enfants connus par le biais de son frère. Donc s’il avait quelqu’un à lui présenter, c’est qu’ils seraient très certainement amis. Il devait l’avoir rencontré lors de son stage de football, c’était le plus probable. Comme son frère ne bougeait pas, la petite blonde lui demanda, les mains croisées dans son dos.

« Alors, Axel ? Qui tu dois me montrer ? »

Anastasia avait toujours été très patiente mais dès qu’il s’agissait de faire une nouvelle rencontre... Il fallait se dépêcher avec elle. Elle voulait toujours le rencontrer le plus vite possible. Comme si chaque minute perdue était quelque chose de grave. Elle ne pensait pas qu’elle avait vraiment tort, autant profiter de toutes les minutes possibles mais tout de même. Le blond lui sourit et prit sa main, l’emmenant dehors. Elle se laissa faire, trop pressée de rencontrer l’ami de son frère. Oui, une précision : Jamais Axel ne lui présentait des enfants avec qui il n’était pas ami. Il ne présentait pas n’importe qui à sa petite sœur, comme il aimait l’appeler. A peine avaient-ils passés la porte qu’Anastasia repéra l’ami de son frère. Il attendait sur le trottoir devant la maison. La blonde eut encore un plus grand sourire, encore plus impatiente. Plus elle se rapprochait du garçon, plus elle avait hâte de faire sa connaissance. Le petit blond qui lui servait de jumeau ne l’avait pas encore lâchée et cria après son ami.

« Théo ! »

Anastasia lâcha un léger rire, son frère ne faisait pas vraiment dans la discrétion. Pour quoi que ce soit. Jamais. Mais il était un frère en or, la blonde en était persuadée. Elle reporta son attention sur l’ami de son frère. Il était beau. Des cheveux noirs, des yeux tout aussi foncés, un teint assez mat. Il n’était pas totalement anglais, sinon il serait aussi blanc que les deux blonds. Blanc comme un cachet d’aspirine et ce n’était pas une blague. Arrivés près de l’enfant, Anastasia n’osait pas parler. Elle n’était jamais intimidée mais là, elle ne savait pas quoi dire. C’était bien la première fois. Néanmoins, elle se gifla mentalement et fit un grand sourire au dénommé Théo.

« Bonjour ! Moi, c’est Anastasia ! Et toi ? »

Toujours de bonne humeur. C’était peut-être contagieux puisque les deux garçons se mirent à sourirent à leur tour.

« Théodore. »

Il ne semblait pas vraiment à l’aise. Théodore… Anastasia savait déjà qu’elle le surnommerait Théo, c’était bien moins long à prononcer. Et puis, elle était sûre qu’il serait un grand ami pour elle.

« Et tu sais quoi, Ana ? C’est notre voisin ! » S’exclama le petit blond en attirant l’attention de la blonde sur lui.
« Ah oui ? Incroyable ! »

Anastasia sourit et lorsque son frère proposa de jouer à un jeu, elle ne dit pas non. Les trois enfants jouèrent ensembles jusqu’à que leurs mères les rappellent parce qu’il se faisait tard. Un lien incroyable venait de se tisser entre eux.

×

Qui n’a jamais pris une brosse à cheveux pour un micro, dans la salle de bain, pour chanter des classiques ou des chansons simplement aimées ? Tout le monde l’a déjà fait, Anastasia aussi. D’ailleurs, elle le faisait tous les matins, avant d’aller à l’école. Elle tenait cette passion de sa mère : Chanteuse dans un hôtel chic à Londres. Comme toutes les filles de huit ans, Anastasia avait une voix plutôt aigue. Et là, justement, elle chantait.

« My my, I tried to hold you back but you were stronger
Oh yeah, and now it seems my only chance is giving up the fight
And how could I ever refuse
I feel like I win when I lose »

La blonde chantait « Waterloo » d’ABBA, sa chanson préférée, enfin pour l’instant. Seulement, elle n’avait pas la notion du temps, malheureusement. Enfin, elle pouvait compter sur son jumeau pour toujours le lui rappeler. D’ailleurs, elle s’interrompit : Son frère tambourinait contre la porte.

« Qu’est-ce qu’il y a ?
- On va être en retard si on ne part pas bientôt ! Théo nous attend devant la maison !
- J’arrive ! »

Bon, il fallait qu’elle se dépêche. Heureusement qu’elle était plus ou moins prête, il ne lui restait qu’à mettre ses chaussures. Elle avait enfilé un jean, un t-shirt beige et des petites bottes roses. Ses cheveux, elle les avait laissé lâcher. Pas besoin et pas le temps de les attacher de toute façon. Moins d’une minute plus tard, elle ouvrait la porte de la salle de bain. Passant devant son frère en l’ignorant, elle courut chercher son cartable dans sa chambre.

« Je suis prête !
- Enfin ! »

Il la taquinait et pour la peine, elle lui tira la langue. Ils embrassèrent leur mère et sortirent de la maison. Effectivement, Théo les attendait. La blonde lui fit la bise et ils partirent jusqu’à l’école. Et c’était tous les jours la même chose.

×

L’école de magie anglaise était des plus impressionnantes. Surtout pour Anastasia qui n’avait toujours connu qu’une modeste maison et parfois l’hôtel chic où sa mère avait travaillé. Mais cela faisait un an qu’elle avait arrêté. La cause ? Un troisième enfant. Au bout de dix ans, les Cartwright allaient agrandir la famille. Et au bout de neuf mois, une petite fille était née : Gwendoline Cartwright. Mais les faux-jumeaux ne purent la connaître longtemps : La rentrée pour l’école de magie approchait. Dès son entrée dans l’école, Anastasia quitta son frère pour aller se mêler à un groupe de filles. Elle y fit la rencontre de Tessaryna, une fille d’origine grecque et anglaise qui était originaire de Canterbury, de Cristina, la cousine de Tessaryna et de Clara, une pure irlandaise de Mullingar. La blonde savait déjà qu’elles seraient de grandes amies.

« Moi, je suis venue avec mon jumeau, Axel, il doit être quelque part par là…Et… »

Mais elle ne continua pas sa phrase. Elle venait de voir, aux côtés de son jumeau, un garçon aux cheveux noirs et aux yeux foncés. Un visage si familier. Ça ne pouvait pas être quelqu’un d’autre. Il était vraiment là. Ignorant ses nouvelles amies, elle se fraya un chemin jusqu’à son frère. Elle le prit dans ses bras en souriant avant de faire de même – pour ne pas dire presque sauter au cou – de son ami d’enfance.

« Mon dieu, Théo, je suis contente de te voir ! »

Elle avait presque crié dans l’oreille du garçon mais la petite blonde ne semblait pas s’en rendre compte. Elle continua de lui parler – ou plutôt, elle monologua puisqu’elle ne laissa pas le brun en placer une – jusqu’à ce que la répartition commence. Elle avait tellement hâte d’être répartie. Et surtout, elle espérait ne pas être séparée de ses nouvelles amies, de son frère et de son ami d’enfance.

×

« Je commence vraiment à en avoir marre… Il se comporte comme s’il était mon père, c’est étouffant…
- Tu sais, commença Tessaryna devenue la meilleure amie de l’adolescente, il fait ça parce qu’il t’aime et qu’il veut te protéger. Il ne veut pas que ces garçons te brisent le cœur, tout simplement.
- Non, Tessa… Il ne comprend pas que je veux m’amuser, je veux vivre c’est tout. Lui, il m’empêche un peu de faire ce que je veux, de sortir avec qui je veux… C’est un comportement plutôt égoïste, tu ne crois pas ?
- Hm… Si, peut-être que si… »

De toute façon, ce n’était pas la première fois en quatre ans qu’Axel envoyait ses petits-copains à l’infirmerie. D’ailleurs, elle devait parler à son futur-ex-petit-copain. Elle fit un signe de la main à son amie et partit en direction de l’infirmerie. Elle en avait marre. Toujours aller voir son petit-ami du moment. Mais là, c’était un peu spécial. Elle n’avait pas tout de suite rejoint le garçon, préférant d’abord aller exploser devant sa meilleure amie. Maintenant qu’elle avait tout déballé, elle pouvait y aller tranquille. Elle ne se fâchait pas très souvent, étant d’une nature extrêmement calme. Et pourtant, là, elle n’avait pas pu s’en empêcher. Son frère était allé trop loin. Il fallait qu’elle aille s’excuser auprès d’Amaury, c’était la moindre des choses. Anastasia entra dans l’infirmerie, doucement, par peur peut-être d’être renvoyée de ce lieu. Elle vit Amaury assis, alors que l’infirmière s’occupait de son nez. Axel l’avait vraiment arrangé, il avait de la force le blond. Il ne daigna même pas la regarder.

« Tu sais, je suis désolée pour ce que mon frère t’a fait… C’est pour ça que je ne voulais pas qu’il le sache, franchement, excuse-le, je te promets que ça ne se reproduira pas. La prochaine fois…
- Il n’y aura pas de prochaine fois. Mes potes avaient raison : Ton frère est un grand malade. Il est hors de question que je reste avec toi, c’est fini. »

De petites gouttes salées perlaient dans les yeux de la belle blonde. Oui, elle aimait Amaury, vraiment. Et voilà, les larmes coulaient. Elle était sensible, peut-être un peu trop. A chaque fois, c’était la même chose, et chaque fois elle pleurait. Il ne bougeait pas, il ne comptait pas la réconforter. Il fit un geste dans sa direction avant de se raviser. Il venait de la quitter, il n’avait pas à se comporter ainsi. Plus maintenant. Alors, elle partit. Avant de fermer la porte, elle lui fit un petit sourire à travers ses larmes, auquel il ne répondit malheureusement pas.

×

« Tessa, j’ai un énorme problème !
- Que se passe-t-il ? Questionna l’adolescente de dix-neuf ans à sa meilleure amie.
- Je suppose que tu sais que mon frère a fait promettre à…
- Oui, il a fait promettre à Théo de ne jamais te toucher. Et alors ?
- Et bien, il se trouve que…
- Tu sors avec ?!
- Non, non. Enfin, pas encore.
- Que veux-tu dire ?
- Et bien… Il m’a donné rendez-vous, Théo. Tu sais, je t’en ai parlé. Eh bien, j’y suis allée, seulement voilà. Il m’a avoué qu’il m’aimait bien plus qu’en amitié. Mais, moi, je n’ai pas osé lui répondre et je suis partie. Parce que je ne sais pas quoi faire. Voilà, mon problème. Débita la blonde terriblement vite.
- Oh non, Ana… Bon tu l’aimes ou pas ?
- Mais justement, je n’en sais rien.
- Attends alors, je vais te faire passer un test, genre moldu tu vois ?… »

Aussitôt dit, aussitôt fait. Le test de sa meilleure amie dura environ une demi-heure, peut-être un peu plus. Elle mit cinq minutes à observer les réponses de la blonde avant d’annoncer, avec un grand sourire.

« Tu es amoureuse de lui, Anastasia ! Alors va lui dire que tu l’aimes aussi. »

La blonde considéra son amie avec effroi. Elle ne pouvait pas aller voir son ami d’enfance alors qu’il était certainement avec Axel ! Si jamais elle l’embrassait devant son jumeau, il allait s’énerver et se battre avec le brun. Ce que la jeune fille voudrait éviter. Anastasia secoua négativement la tête.

« Mais pourquoi ?
- Enfin, Tessaryna ! Je ne peux pas aller le voir, il est certainement avec mon frère ! Et tu sais ce que fait mon frère à tous ceux qui m’approchent !
- Ah ouais, c’est vrai… Mais c’est son meilleur ami alors…
- Justement, il a promis à mon frère de…
- Enfin, tu sais ce qu’on dit : « Le cœur a ses raisons que la raison ignore. » Alors fonce. »

Anastasia finit par soupirer et hocha doucement la tête. Elle allait aller le voir. Parce qu’elle venait de l’abandonner, seul, dans les couloirs de Poudlard. Alors, si elle avait encore une chance de le trouver seul. Il fallait qu’elle la tente. La blonde n’avait jamais été très courageuse mais là, il fallait qu’elle le soit. Elle sortit, abandonnant Tessaryna sans un mot, et se mit à courir dans les couloirs jusqu’à l’endroit où elle l’avait abandonné. Il n’y était plus, elle aurait dû s’en douter. Elle courut alors en direction de son dortoir à lui. Il fallait qu’elle le trouve. Comme elle ne regardait pas où elle allait exactement, l’accident était inévitable : Elle fonça dans le dos de quelqu’un. Elle se releva en vitesse et s’apprêtait à repartir. Mais, elle n’en avait pas besoin. Elle venait de foncer dans son ami d’enfance : Théo ! Il fallait qu’elle lui dise maintenant, mais les mots ne sortaient pas. Elle se mordait la lèvre, nerveusement. Théo posa ses mains sur ses épaules et la regarda dans les yeux.

« Qu’est-ce que tu fais, Anastasia ?
- Je… Je…
- Tu quoi ?
- Et bien, en fait… Euh… Je t’aime. »

Jamais, elle n’avait été aussi gênée de devoir le dire. Peut-être parce que ses sentiments étaient plus forts qu’elle ne le pensait. Mais il ne répondait pas. Elle baissa la tête, les larmes aux yeux quand elle sentit qu’il lui relevait le menton. Et sans qu’elle ne comprenne, il avait posé ses lèvres sur les siennes. La blonde avait des papillons dans le ventre, une sensation qu’elle n’avait ressentie avec aucun autre garçon. Jamais. Ils durent se séparer à cause du manque d’air mais ils restèrent enlacés jusqu’à ce que des bruits de pas se fassent entendre.

×

Ça faisait maintenant presque quatre mois que les deux adolescents vivaient une relation amoureuse sous le nez d’Axel . Il ne s’en était pas rendu compte mais les baisers dans un coin sombre des couloirs ne suffisaient plus. Anastasia aurait bien voulu dévoiler sa relation avec le garçon mais la peur de la réaction de son frère l’en empêchait. Néanmoins, ça n’empêchait les deux jeunes gens de se donner rendez-vous dans la salle sur demande ou, lorsqu’ils étaient vacances, dans la maison de l’un ou de l’autre. C’était d’ailleurs, là qu’ils avaient rendez-vous. Au bout milieu de la journée. Anastasia avait prétexté à son frère qu’elle allait voir une amie, et justement celui-ci partait aussi.  Les deux adolescents s’embrassaient, sur le lit du jeune homme. Ce qui pourrait prêter à confusion puisqu’ils sont quand même deux adolescents de dix-neuf ans. Enfin. Lorsqu’Anastasia passa ses mains sous la chemise du jeune homme, il eut un mouvement de recul.

« Anastasia, qu’est-ce que… ?
-Non, tais-toi. Je veux que ce soit toi, d’accord ? »

Il ne répondit pas mais il lui sauta presque dessus pour l’embrasser. Ce qui s’est passé dans cette chambre est totalement secret, et personne… Enfin, presque, n’est au courant. Tessaryna a bien entendu parler de ça, puisqu’Anastasia lui raconte tout et ça depuis qu’elle a onze ans ! Mais, il ne faut surtout pas qu’Axel l’apprenne.