Son père aurait pu être fier de lui. Réellement. Déjà très jeune, on aurait pu confirmer à la famille Blackstone qu’un certain surdoué avait vu le jour à l’intérieur de la famille. Ayant une mémoire photographique, l’enfant avait tendance à se rappeler des détails qu’un autre n’aurait aucunement porté attention. Au début, on aurait pu croire que c’était normal. Rapidement, ça devint flagrant. On ne pouvait dire qui avait donné ce « gêne » au fils d’Adonis, mais on fut content de cette nouvelle. En effet, la seule chose que sa famille puisse trouvé à faire était peut-être d’utiliser cette intelligence afin de s’en servir. S’en servir pourquoi ? Jamais Jaeden ne put savoir. Ou enfin, jusqu’à temps qu’il le devine. La chose évidente était sûrement pour servir leur cause. La magie noire, sans aucun doute devait avoir un rapport intime avec l’affaire. Et d’ailleurs, dès qu’on lui apprit à lire, sa famille, en particulier son père ainsi que son grand-père, commença doucement à lui faire lire des romans (et ainsi, très rapidement des manuels plus imposants) portant sur la magie noire. Usant d’une bonne vieille méthode de fine psychologie : la simple exposition. Pour qu’il se sente attiré vers cette matière. Réellement, Jaeden ne vit jamais en cette matière quelque chose de potentiellement intéressant. C’était plutôt complexe et ça aurait pu comporter un énorme défi pour sa personne, mais il avait un réel manque d’intérêt. Et il fallait avouer que ses nombreuses questions commençant toutes par un pourquoi, commençait à réellement taper sur les nerfs du patriarche. Mais Jaeden avait un besoin réel qu’on lui apporte une justification, qui pourrait avoir un lien direct avec le « pourquoi l’utiliser ». « Pourquoi devons-nous être plus puissant ? Pourquoi avoir peur de la mort ? » Des questions plutôt philosophiques pour un enfant un peu moins de onze à qui on proposait une littérature, ma fois… Très difficile. Celle-ci commença à même lui faire, faire des cauchemars. Les réponses brusques de Desmond Blackstone l’effrayaient considérablement. Alors il apprit rapidement à s’imaginer un monde. Un monde de sécurité où rien ne pourrait l’atteindre. Enfin, certainement pas son grand-père. Il aurait aimé y amener Phoenix, son jumeau, mais apparemment il ne pouvait amener personne dans sa tête. Ça ne fonctionnait pas comme ça. La lecture de toutes ces choses horribles parvint rapidement à amener Jae à se couvrir d’une carapace et à être plutôt introverti. Lui, qui était au fond quelqu’un de plutôt sensible. À qui on aurait dû donner des livres de sciences et du fonctionnement des animaux, un livre d’expérience scientifique ou bien le faire visionner des épisodes de « L’enfant devenu ailleurs ». Peut-être qu’il n’aurait pas cet aspect un peu masochiste de sa personnalité ?

Dès qu’on lui remit l’enveloppe, confirmant son entrée à Poudlard à ses onze ans, Jaeden frétilla de joie. Il avait déjà hâte d’acheter sa baguette magique, de voir tous les livres qu’on pourrait lui remettre, mais surtout de quitter cette affreuse maison qu’il n’aimait pas. Mais qu’il savait qu’il ne pourrait jamais s’échapper. La seule chose qu’il espérait c’était qu’on ne le répartisse pas à Gryffondor. Son père lui aurait sans doute péter un câble. Il faut avouer qu’en fait, tant qu’il s’éloignait d’ici, il se contentait de se dire que rien ne pourrait lui arriver. Et Poudlard était parfait pour jouer le rôle de deuxième maison, le château, dès qu’il l’aperçu, lui semblait dix fois – si ce n’était pas cent fois – plus accueillant que le manoir dans lequel il vivait depuis son enfance. « Blackstone, Jaeden ! » La voix résonnait dans la grande salle, se mordant la lèvre péniblement, ayant une forte envie de quitter la pièce en courant. Qu’on écrase le marteau de la justice et qu’on puisse dire qu’au fond, Jaeden Cameron Blackstone était un cracmol. Qu’on avait fait erreur sur sa personne. Mais au lieu de ça, il s’approcha tranquillement du chapeau posé sur le tabouret devant lui, puis il s’assit sur le petit tabouret inconfortable et on le coiffa. Ce fut avec une certaine appréhension qu’il entendit monologuer le choixpeau sur sa tête. Ce monologue restant gravé dans sa tête et qu’ensuite lui faisant des cauchemars où était mêlé son père et son grand-père. Il se jugeait inapte d’aller chez les serpentards, mais sait-on jamais. Il fini seulement par perdre connaissance quelque seconde, jusqu’au moment où le choixpeau fini par proclamer sa maison. Il reprit constance quelques secondes, se prenant la tête et un fard ; l’impression d’être la risée se fit entendre en lui, mais il eut quand même un vif sentiment de familiarité, lorsque sa maison applaudit à tout rompre pour l’y accueillir. Il eut tout de même l’impression que pour une fois, des personnes tenaient à lui. Excepté son frère, évidemment. Il savait depuis d’ores et déjà, qu’il pourrait toujours compter sur Phoenix, son jumeau. La personne qu’on lui avait donnée à la naissance, que ferait-il sans lui ? Il en avait aucune foutue idée. Il serait peut-être mort, à force d’avoir l’impression de vivre dans un cauchemar. Ou peut-être que les gènes savaient sûrement qu’il serait extrêmement lunatique et on voulait compenser. Quelqu’un qui serait capable, peut-être de le protéger un peu de sa propre sensibilité. Frère qu’il ne voulut pas croiser son regard, histoire de voir quelle était sa réaction. Sauf qu’il le fit quand même. Et jamais Jae ne fut capable de mettre un nom sur l’émotion qu’il pouvait voir.

Pourtant malgré tout, il aimait Poudlard. Il aimait sa maison. Et surtout, il adorait les cours. Lentement, il apprit à émettre ses idées. À devenir plus que l’espèce d’enfant cobaye que son père aurait voulu qu’il soit. Mettre des idées sur qui il était. Et sur qu’est-ce qui l’intéressait. Ses cauchemars étaient toujours aussi présents, mais il se mit à lire qu’est-ce qui l’intéressait réellement. La métamorphose, en premier. L’histoire. Les potions. Les potions marrantes et non des trucs à coucher dehors, comme il les appelait, que son père aurait voulu qu’il s’intéresse. Puis, les trucs de moldu. Au désespoir, sans doute de tous. Il s’y intéressa sans doute un peu de trop près, puisque Jaeden fini par bien les aimer. Il trouvait un certain amusement dans la création du téléviseur et en fut presque surpris lorsqu’il écouta un premier film. Un film sur les extra-terrestres. Chez quelqu’un qu’on l’invita. Inutile de vous dire qu’ensuite, Jaeden ne retint aucunement l’histoire d’amour présente dans celui-ci. Inutile de vous dire qu’il semblait dénué d’hormones biologiques qui le poussaient vers des personnes féminines. Même les armes de destruction massive (enfin, si on pouvait appeler ça ainsi) ne l’intéressa pas tant que ça. Et la deuxième chose qui l’obsédait dans ce film, fut la théorie que des extra-terrestres existaient. D’ailleurs, le fait d’écouter ce film qui sembla être une expérience plutôt inoffensive de la part d’une vieille dame, devint le point tournant de quelque chose d’assez important dans la vie de Jaeden. En effet, il commença à longuement étudier les langues. Pas seulement celle britannique, mais aussi d’autres, comme le français. En fait, à l’âge de treize ans, il en créa tout simplement une, la montrant à Phoenix pour qu’ils puissent se parler sans que personne n’y comprenne rien. Ce qui peut se retrouver à être parfaitement utile compte tenu d’avoir une famille partisane de la force obscure et qui sont plutôt conservatrices. Jaden n’allait absolument pas avec le décor familial, Phoenix un peu plus, mais ça ne le dérangeait pas. Parce que son frère jumeau était la personne la plus importante à ses yeux. Ensuite, il y avait Daedra. Qui était sa meilleure amie. Qui était la seule fille qu’il comprenait. Mais aussi la seule fille avec qui il avait l’impression de parler sans avoir l’air complètement taré, à côté de la plaque. En fait, il adorait Daedra Mills. Sa sœur jumelle lui faisait UN PEU peur (principalement parce qu’elle était une fille, qu’elle avait des menstruations, qu’elle avait des sautes d’humeur et que de son avis, elle était folle, même si à vrai dire leurs intelligences étaient parfois pareilles, il n’aimait pas l’idée qu’un jour il puisse se retrouver seule avec elle). Mais elle, il l’aimait. Pas seulement dans le sens platonique, malheureusement. Apparemment, il avait une part de normalité, lui aussi.

Le problème avec l’amour, c’est qu’il n’y a pas de théories là-dessus. On a beau fouiller la bibliothèque, on ne trouve rien. Comme les filles. Idem, même idée. Seulement, la vie est une série d’évènements compliqués qui s’entrecroisent. Et à ses dix-sept ans, on lui apprit qu’il serait fiancé. Il hésitait même à mettre un visage sur le nom de sa fiancée, tant il ne faisait guère attention aux filles. Alors que son frère devait supporter l’insupportable Skyler, dans les joies du mariage. Après leurs études. Après avoir passé leurs ASPIC. L’été prochain. Joie. Une année pour tenter d’approché cette fille et d’avoir une conversation censée (durant peut-être plus que dix minutes ?) sans qu’il se mette à lui parler de théories ou de plans qu’il voulait dessiner afin de créer des objets. Qu’elle évite de croire qu’elle allait épouser un dingue, quoi. Parce que parle d’autres choses étaient plutôt difficiles pour le Blackstone, sauf s’il se retrouvait en présence de son frère et de celle qu’il considérait comme sa meilleure amie. De plus, il n’a pas envie de se retrouver dans la même position que son grand frère : mourir à cause de son épouse. De toute façon, ce n’était pas comme s’il était difficile à vivre. Il serait certain que Jae ne porterait absolument pas la culotte dans n’importe quel couple, soit-il. Au grand désespoir des Blackstone. Comment ils avaient pu engendrés un être qui avait tant en commun avec un agneau, hun ? Parfois, il se demande si un jour il pourra être parfaitement lui-même. Sans avoir besoin de sentir la pression de sa famille d’étudier la magie noire au lieu de ce par quoi, il se passionne dans ses cours ainsi que les moldus. Il aurait aimé devoir épouser qui il veut. Même si, si on lui aurait donné libre cours à lui-même, il n’aurait pas épousé grand-chose, hormis peut-être une bibliothèque.