« Maman, c'est qui le monsieur sur la photo que tu gardes cacher dans la doublure de ta sacoche? » Trottinant jusqu'à la femme à qui la gamine s'adressait, elle fut accueillie par un regard horrifié. Semblant paniqué, sa mère agrippa sa fille par l'épaule avant de fermer d'un coup de baguette (tétanisant la petite au passage) la porte et d'en interdire fortement l'accès. Séquestrant une fillette qui se demandait encore ce qu'elle avait dit de si catastrophique. Serait-elle de nouveau punie? Boudeuse, elle chercha à se libérer, les sourcils froncés. « Tu me fais mal! Lâche-moi! Je n'ai fait que demander! Tu n'avais qu'à mieux la cacher!  » Dans son plaidoyer, Ory n'était pas très convaincante, mais elle obtient qu'on relâche la pression qui la tenait clouée sur place et d'un pas rageur, la petite alla s'asseoir sur le lit. La tête bien tournée dans la direction opposée à sa mère. « Je t'interdis de mentionner cette photographie! COMPRIS! » On entendait clairement l'énervement, le stress, dans la voix, soudain, stridente de Grace. Ce qui eut le don de renfrogner la gamine habituée à ce qu'on lève le ton autour d'eux, sans pour autant l'être de la part de sa mère. On hurlait beaucoup dans la famille Leroy, mais jamais elle ne l'avait fait à son encontre. Au contraire, elle n'était que tendresse. Elle aurait pu en avoir peur, mais dû haut de ses sept ans, elle n'avait jamais accepté de courber l'échine.
Profondément vexé, Ory aurait pu à son tour répliquer, comme à chaque fois qu'elle se faisait réprimander ou qu'un de ses frères l'énervaient. Toutefois, pour la première fois de sa vie, son visage se détendit sans son accord et un sourire triste étira ses lèvres. « Désoler maman... J'étais seulement curieuse. Je sui... Je suis désolée » Sans plus, guidé par un instinct qui ne l'avait jamais habité auparavant, elle se mit à pleurer. Attendrissant une mère, qui vient la prendre entre ses bras pour la consoler. Aucune arrière pensée n'envahit l'aînée, ni voyant qu'un instant où elle avait dépassé les limites de l'acceptable. Ce qui, du point de vue de l'enfant n'était absolument pas le cas. Qu'était-ce, cette capacité à réagir exactement comme elle ne le ferait jamais pour obtenir ce qu'elle voulait? Elle ne savait peut-être pas le titre d'une telle action, mais la jeune Leroy semblait sous le charme de ce qu'elle venait d'obtenir. Une sorte de pouvoir si différent de celui qui habitait les fondations familiales. Secrètement réjouie, elle repoussa de ses mains cette femme qu'elle aimait tant. « Si je suis sage et que je ne dis rien, tu me diras qui il est? » Pour toute réponse, elle eut droit à un ''un de ses jours, lorsque tu seras plus âgée''.

À partir de ce jour, Ory s'appliqua à être parfaite. Parfaitement adapté au monde des moldus. Parfaitement abonné au sport, parfaitement Leroy. Non pas pour obtenir le nom de cet homme stupide, mais parce qu'elle se sentait coupable... Après réflexion, elle avait trouvé qui pouvait agir avec l'intention d'obtenir subtilement ce qu'ils désiraient et cette trouvaille l'ennuyait. Apeuré qu'on lui reproche de ressembler à ces idiots qui manipulaient, complotaient et reprochait à tous de ne pas être de sang pur, bien, qu'elle ignorait encore ce que tout cela signifiait réellement, elle se lança dans sa quête de la perfection. Luttant contre cette nature qui l'entortillait avec l'âge elle ne se donna qu'un seul objectif être digne de porter son nom de famille.
Elle agit ainsi, elle s'en amusa même. Devenant une préadolescente intégrée dans cette famille particulière qui lui semblait si importante à ses yeux d'enfants. Dans son univers où l'on critiquait la magie, Ory s'en trouva terrorisé par cette chose contraire à la nature. Tout en sachant, que le temps passait et que sous peu, elle serait obligée de confronter cette phobie en intégrant une école de sorcellerie. La peur au ventre, elle attendit de recevoir cette lettre d'acceptation.

Qui finit par arriver. Enlevant tout espoir de pouvoir rester loin de ce monde qui lui semblait trop surréaliste pour être acceptable. Fière, elle alla rejoindre à la table à manger son père et sa mère, déposant l'enveloppe sur la table et fixant son regard aux leurs ... « Je n'irai pas. Il en est hors de question. » Cette affirmation fut accueillie par une exclamation de joie venant du paternel et par un soupire d'exaspération du côté maternelle. Au lieu d'un débat sur les raisons d'y aller ou non, la jeune demoiselle assista à la première dispute ouverte de ses parents. Croyez-le ou non, elle se vit forcé de se rendre à Poudlard. Puisque le seul à soutenir sa cause hurla qu'il en avait assez de ce comportement ridicule et laissa le champ libre à sa mère. Une semaine plus tard, elle tabassait le premier petit crétin à l'ennuyer dans le train la menant à son cauchemar.


Sous le regard ébahi d'une nouvelle étudiante, des sorciers volaient de par le ciel, s'appliquant à gagner le premier match de l'année. Pour la première fois depuis son arrivée, elle trouvait quelque chose de magnifique dans la magie et ses secrets. Sous le charme, Ory senti naître une pointe de doute face à l'opinion que répétait sans cesse son père. Devant l'envie de redevenir de simple moldu. Et ce sentiment grandit la journée où elle monta sur un balai pour la première fois de sa vie. Elle était à sa place. Là dans le ciel.
Curieuse elle entreprit d'entrer dans l'équipe (jusqu'à sa sixième où elle lâcha pour mieux s'essayer cette année à nouveau) et de laisser une chance à tout ce qu'elle pourrait découvrir en sept années d'étude. Bien, qu'elle soit incapable de rester assise derrière un bureau à écouter un professeur. Turbulente, dérangeante, souvent absente, on la classa parmi les élèves à problèmes. On alla même, jusqu'à lui jurer qu'elle n'arriverait pas à passer sa première année scolaire. Piqué au vif, alors qu'elle cherchait à se maintenir aux valeurs qu'on lui avait assimilées dans son éducation, la sorcière ne pu se retenir. Pour la seconde fois de sa vie, elle usa de ce que son père aurait qualifié de calomnie. Approchant un jeune garçon, un Serdaigle, qui rougissait à chacune de ses approches et se fit la main sur lui. Apprenant à charmer et obtenir ce qu'elle désirait. Soit, les notes des cours qu'elle avait manqués et une aide précieuse pour la révision.
C'est avec arrogance qu'elle continua son petit jeu, sombrant dans les mauvaises habitudes (la cigarette étant le parfait exemple) et fuyant les tensions, qui du jour au lendemain, envahir cette ambiance familiale qu'elle aimait tant. L'aîné de sa génération remit tout en question, décidant de poursuivre sa vie auprès de la sorcellerie. Enfonçant davantage le fossé entre ses parents, qui n'avait plus la même vision de leur avenir. Déjà en crise en essayant de se conformer à des valeurs qui ne semblaient pas lui appartenir, le tout lui devint insoutenable et c'est avec indifférence qu'elle laissa la situation s'envenimer. Fuyant dans le sport et non ses études. Devenant odieuse et une terreur auprès de tous ceux qui ne portait pas son nom de famille. Se montrant ouverte d’esprit et tendre avec ses proches. Devenant deux personnalités distinctes et deux visages. Jusqu’à ce que le divorce soit prononcé. Et qu’une nouvelle guerre s’installe.

En une année, tant de choses sont arrivés. Elle n'a su comment réagir et sa violence a augmenté. Sa famille le met sur le compte de la séparation et de la guerre pour la garde des enfants, mais ce n'est pas la seule raison. Son premier amour n'a pas abouti, comme tous les autres. Habitué qu'on la repousse sous prétexte que son frère aîné est un malade protecteur, elle ne s'attendait pas à ce que la seule personne qu'elle aime véritablement préfère oublier jusqu'à leur relation de peur de la réaction des gens. Après tout, elles étaient deux femmes. Et alors? Enfin, elle n’avait jamais regardé une autre femme, le problème ne se poserait donc, sans doute plus jamais et elle devait simplement l’oublier. Passer à autre chose. Et quoi de mieux qu’une vieille promesse que sa mère lui avait faite?

Souriante, elle rendit visite à cette mère qui l’avait supplié de la choisir. S’installant devant un café, elle attendit que les politesses soient échangé et sans prévenir se lança. « Alors, cet homme sur la photo était un amant? » Le choc se peignit sur les traits délicats de sa mère et elle su que quelque chose n’allait pas. Aujourd’hui divorcé, elle ne pouvait pas se sentir aussi coupable non? « Maman… Parle-moi. Je te promets de me forcer et d’écouter attentivement. Je crois que tu as besoin de te confier. » Les secondes s'installèrent et elle commença à s'impatienter. Puis, elle parla et ce fut à son tour de blêmir. « Et si... Je te disais qu'il était ton père? » La claque partie plus vite qu'elle ne le voulue et le bruit fut fracassant. Tout autant que le silence qui suivi. Sans un regard, qui aurait été haineux, vers cette garce Ory attrapa son sac et se précipita dans la chambre où se trouvait ses affaires. La demi-heure suivante, baluchon sur l'épaule, elle quittait la ferme. Sans prévenir du lieu où elle se rendait, laissant seulement un « Ne te venge pas de papa sur moi ! Je te l'interdis ! Et n'espère plus jamais m'approcher! » Comme adieu. Elle avait l'été devant et pouvait voyager d'une façon ou d'une autre.

Le seul à qui elle écrit fut son grand-frère. Lui laissant savoir qu'elle n'était pas morte dans une ruelle salle ou violé et abandonner quelque part en Europe. Ce qui n'empêcha pas le choc, lorsqu'elle passa le seuil une nuit avant de partir pour Poudlard. Sans donner de détails, sans même regarder cette femme hideuse qui lui avait menti. Plus perturbé que jamais. Plus inquiète face à sa place dans la famille qu'elle ne voudrait l'avouer.