Théodora Lysandre de la Forçade de mon nom entier. Théodora est un prénom choisi au hasard par mon père, un soi-disant coup de cœur, Lysandre est le prénom de ma grand-mère et je suis fière de le porter. Le nom De la Forçade est bien entendu un nom de ce que l’on pourrait appeler la Haute, car oui mon père fait partie d’une famille influente, j’ai donc hérité de cette renommée. C’est fou, dès que je décline mon identité, le comportement des gens change. J’ai actuellement dix-neuf ans, je suis encore jeune même si j’aimerais déjà faire la main basse sur quelques années. Je rêverais d’être dans la vie active, être libre de mes choix et de leurs conséquences. Ma naissance reste un mystère à mes yeux, enfin également aux yeux de tous. J’ignore où je suis née, et à quelle date précisément. Les gens qui m’ont trouvé ont dit que j’étais certainement née un soir de décembre où la neige faisait rage, à une semaine ou deux de prêt. Je n’ai jamais vraiment eu de chance dans la vie, toute ma vie ressemble à un vieux roman de gare, et pourtant, malgré tous ces malheurs, je ne baisse pas la tête, je suis fière, je reste moi-même qui à trop en faire et craquer une fois seule. Légèrement imbue de ma personne, légèrement… oui je pourrais le dire, totalement même, j’ai confiance en moi, et je mène la vie dont j’ai envie. Parfois j’ai un peu un caractère de princesse pourrie gâtée alors que l’argent ne coûte pas forcément à flot, disons que j’aime avoir ce que je désire et tant que je ne l’ai pas en ma possession, j’use de ruse et de sournoiserie pour l’obtenir. J’ai un caractère manipulateur et franc, je me mets souvent les gens à dos à cause de mon caractère bien trempé, je ne me laisse simplement pas marcher sur les pieds et démonte un maximum les gens qui veulent m’atteindre. J’use de mes charmes dès que l’occasion se présente, à vrai dire je n’arrive pas à être fidèle, je méprise l’amour, ce sentiment nous rend tout de chose, ça m’horripile. Je ne me voile jamais la face, en revanche il m’arrive de craquer, comme tout le monde après tout. Ma baguette est longue, avec un bois puissant et sombre, elle me représente un peu, elle représente mon cœur sombre. Néanmoins à l’intérieur se trouve une mèche de cheveux de Vélane, cette baguette m’était en quelque sorte prédestinée, comme toutes les autres me direz-vous, sauf que j’ai eu cette baguette bien avant de découvrir ma vraie nature. Ma vraie nature… Voilà ce qui me fait vraiment peur. Mon épouvantard est quelque chose de très sombre, une forme qui n’est pas humaine ressemblant à une harpie venant et m’enveloppant dans ses ailes, m’arrachant la peau avec ses griffes acérées. C’est ce que je suis, cet épouvantard c’est ma vraie identité, celle que je cherche depuis des années.

La première fois que j’ai vu mon Patronus, j’étais paniquée. Je venais de courir à travers toute une ville pour fuir un homme mystérieux qui ne m’avait pas lâché de la soirée. J’avais des marques de prise autour des poignets, je venais de passer la nuit de Noël dans une fête pas vraiment officielle où s’étaient réunis des tas de jeunes de mon genre, prêt à tout pour rendre cette nuit digne. J’étais bien loin de la fête en famille où les gens coupaient le bon repas devant le sapin tout illuminé. J’avais bu, j’avais pris je ne sais quelle drogue, je voulais simplement décoller et ne plus me souvenir de cette soirée, mais au lieu de ça je m’étais attirée des ennuis. Cet homme n’avait pas arrêté de me harceler, et alors que j’avais refusé ses avances, il m’avait agrippé et m’avait montré son vrai visage. Sur le coup j’avais pris peur, comment ce visage difforme avait pu remplacer ces traits de jeune homme ? Je m’étais alors misé à courir, faisant claquer mes talons jusqu’à ce que je m’enfonce dans une maison délabrée, trébuche et me retrouve par terre les genoux en sang et ma robe déchirée. Et c’est là qu’il est apparu, un loup totalement blanc, me montrant ses crocs. Je ne l’avais vu débarquer de nulle part, il était juste apparu comme ça, comme par magie. Alors qu’il grognait et que je reculais, ce loup s’était soudainement transformé en renard au pelage aussi blanc, aussi étincelant. Il n’avait plus l’air agressif, il avait juste l’air d’une peluche que l’on aurait aimé prendre dans ses bras. Alors qu’il s’approchait de moi, je me suis évanouie. Les jours suivants, il s’est manifesté sous sa forme la plus douce pour ne pas m’effrayer, et pourtant je sursautais toujours. Je venais juste d’apprendre que j’avais du sang de Vélane, que j’étais une créature horrible, et voilà qu’un animal me suivait partout, c’était trop. Trop et pourtant aujourd’hui je ne pourrais m’en séparer même si je le voulais. Il me comprend, me protège, il est moi, je suis lui.