Aujourd'hui nous sommes le 27 août. Aujourd’hui, c'est mon anniversaire. Aujourd'hui... J'ai 6 ans. Et aujourd'hui ma vie va changer. J'ai deux cadeaux, je boude donc comme jamais. C'est absolument anormal. Comment moi, un fils d'aristocrate ne reçois que deux maudis cadeaux !? C'est scandaleux. Tout du moins, c'est ce que je me dis dans ma petite tête d'enfant totalement pourri gâté. Je ronchonne mais finalement après maints cris et pleurs je finis par me décider à ouvrir l'un de mes cadeaux. Celui de ma mère. Et qu'est-ce que j'y trouve ? Un livre. Un fichu et satané livre ! Quel est le titre ? Alice au Pays des Merveille... Est-ce possible d'avoir un nom plus gnangnan ? Je ne pense pas. Je soupire. Grogne et peste. Je lève des yeux coléreux vers ma mère. Elle râle et s'en va en disant qu'elle en a assez maintenant de mes caprices et autres sautes d'humeur. Je ris un peu, j'aime bien quand elle s'agace ainsi. Finalement, j'en viens à d’ouvrir mon mystérieux et second cadeau. Une enveloppe. Vraiment rien d'original. Néanmoins, j'en suis curieux, si ce n'est pas ma mère qui me l'offre, qui ? Ma grand-mère ? Non, elle est bien trop radine. Alors qui ? Sans plus attendre, j'ouvre l'enveloppe rapidement la déchirant sans autres formes de procès. Puis, je me jette sur le billet à l'intérieur. Qu'est-ce que c'est ? Un voyage en bateau pour... Taïwan ? Ce n'est pas là où mon père vis ? Je crois bien que oui. Je souris amplement et serre, livre et billet contre ma poitrine comme le plus doux des doudous. Je suis vraiment heureux, je vais connaître mon père.

Je vous épargnerais le récit du voyage. Mal de mer et et nausées furent mes seuls compagnons de voyage. Plutôt donc que de vous conter ma "formidable" épopée je vais plutôt vous raconter l'histoire de ma famille. Pourquoi ? Avouez donc que je suis une anomalie ! Un fils de Taïwanais et d'une noble anglaise, comment ? Tout d'abord, la famille de mon père fit fortune dans la riziculture et son exportation. Pour eux donc, tout allait bien. Quant à la famille de ma mère, elle portait la particule de par leur racine française, ils étaient donc nobles et s'appelaient de Labelrose. Par contre, à l'inverse de la famille de mon père, celle de ma mère était fauchée. Ils cherchaient donc de la richesse dans le mariage de leur dernière descendante, Angela de Labelrose. Le partit de mon père fut pour eux très intéressant et de plus plaisait à ma mère par son exotisme. Le mariage, bien qu'en partit arrangé se fit. Ils scellèrent ce dernier par la conception de leur enfant, moi. Bien que si de l'extérieur tout semblait aller pour eux. Mais avec les années, le couple se brisa. Mais, on ne se quitte pas dans notre société. Alors, finissant par ne plus pouvoir se voir, mon père retourna dans son Taïwan natal tandis qu'il me laissa avec ma mère à Manchester.

En arrivant à Taïwan, je me désenchantai rapidement. Là-bas ne m'attendait qu'un père aigri rejeté de sa famille après son "échec" et qui voulait "assurer l'avenir de son fils". Je commençai donc des études. Quoi de plus normal pour un enfant de mon âge ? Sauf que je ne m'arrêtais pas. Enfin, je ne travaillais pas à un rythme convenable pour un enfant. Levé à 5 heures parce que ce sont "les hommes qui se lèvent tôt qui conquièrent le monde". Et couché à 23 heures pour mieux prendre de l'avance sur mon programme. Aussi les résultats étaient là. Mais à quel prix ? Je me renfermais de plus en plus sur moi-même, entre peur de décevoir. Peur de mon père et peur de l'échec. Je ne cessais de réprimer mes émotions, moi qui dans un cadre normal aurais été un joyeux bambin extraverti et épanoui. Là-bas, comme chez moi en fait. Je n'étais pas avec des parents, mais avec des adultes irresponsables ou mal formés. Néanmoins le pire à Taïwan fut de vivre avec un alcoolique. Car mon père, en plus de me surcharger en travail, buvait. Ce qui n'arrangeait rien à la chose. Puisque dans cet état second, il criait plus encore. Bien que devenant plus violant dans ses mots et ses tons, je ne crois pas qu'une fois seulement il leva la main sur moi. Finalement, si Taïwan me fut grandement néfaste au niveau de mon comportement, cela au moins, me fit découvrir ma passion. Les livres. Aussi, quand j'avais un moment de libre, souvent entre midi et deux, (période ou je "séchais" la cantine, faute d’appétits, celui de manger comme celui de vivre) je lisais Alice au Pays des Merveilles et ceci comme seul moyen d'évasion.

Finalement, 4 années passèrent, et à 10 ans, je rentrais chez moi. Fêter depuis bien longtemps mon anniversaire dans mon bien-aimé Manchester natal. Je reçus pour l’occasion de nombreux cadeaux de la famille de ma mère, maintenant rentière avec l'énorme dot de ma mère pour son mariage. Je n'acceptais pourtant aucun cadeau. Enfin, presque. Et si l'on peut appeler ça un cadeau. Je reçu une enveloppe. Une comme celle d'il y a 4 ans. Malgré ça, je l'ouvris sans appréhension. C'était en réalité une missive. On y disait que l'on viendrait me chercher dans un an jour pour jour afin de me conduire à Poudlard, une très prestigieuse école. Ne comprenant pas bien, je donnai la lettre. Ma mère sans savoir, accepta avec plaisir. Même s'ils m'avaient couvert de cadeaux cela ne signifiai en rien qu'ils m'appréciaient ou même que pour eux j'étais quelqu'un d'important. C'est alors qu'un an après, comme décrit dans la lettre, quelqu'un sonna tard à notre porte pour venir me chercher. J'étais tout heureux. Enfin quelque chose de bien allait m'arriver, j'en étais convaincu. C'était un peu mon terrier du lapin blanc à moi. La suite, tous ceux de Poudlard l'on eut comme moi, je n'ai pas besoin de vous l'expliquer. Si ce n'est que continuellement je me croyais dans un formidable rêve qui n'aurait pas de fin. Jusqu'à ce qu'un matin, je me réveille et que je sois réellement ici, à Poudlard... Comme... Chez moi.