Il y a tellement de questions que Skye pourrait se poser. Skye pourrait se demander le matin quand elle se réveille pourquoi sa mère n'est pas là. Skye pourrait demander à son père quand il vient déposer un baiser sur son front pour qu'elle commence bien sa journée. Skye pourrait le demander quand ils s'installent dans la voiture, prêts à partir à l'aventure encore et encore. Skye pourrait aussi lui demander pourquoi ils partent ainsi à l'aventure tous les jours à bord de la Citroën DS. Skye pourrait lui demander pourquoi il est son père.
Tout a une explication peut-être, en ce monde, et Skye comme tous les enfants voudraient savoir le pourquoi du comment. Mais il faudrait que quelqu'un ait les réponses à toutes ces questions. Et ce n'est pas elle. Ce n'est pas son père non plus, comme en dit le regard silencieux qu'il lui adresse quand elle lui pose ces questions. Il peut tout lui expliquer sur comment marche une voiture, sur comment marchent les moldus et même les sorciers, mais il ne sait pas pourquoi sa mère un beau jour, a décidé de partir, ni pourquoi tous les jours lui aussi prend la route vers un endroit encore plus lointain de jour en jour. Et il n'a certainement aucune idée du pourquoi il est le père de cette enfant qui porte le nom de Skye Hunter Paradise.
Sky Hunter, comme si elle chassait le ciel, le Paradis. A chaque fois qu'il y pense il sourit. C'est un nom idiot après tout, que deux jeunes parents ont voulu donné à leur fille, croyant que cela lui apporterait le bonheur infini du paradis. Cameron Paradise espère que cela marchera, qu'elle ne fera pas que chasser le paradis, qu'elle le trouvera bien un jour. Parce que lui il a beau courir droit devant lui, il sait bien qu'il ne le trouvera plus. la porte du paradis s'est fermée sur lui quand un matin, un petit mot et un grand vide lui dirent que celle qu'il croyait être la femme de sa vie ne le serait plus jamais.
Mais Skye, du haut de ses huit ans elle n'en sait rien de ce que son père pense, de ce qu'il sait et de tout ce qu'il ne sait pas. Elle sait juste qu'il ne faut pas parler de maman. Et qu'il ne faut pas demander où on va non plus. On va vendre des objets magiques à des gens, c'est ça, moldus ou sorciers peu importe, peu importe les objets même, ce sont les choses dont les sorciers ne veulent plus, mais que d'autres veulent peut-être. On s'en fout de ces choses là. Ce n'est pas l'important. C'est un prétexte pour rouler, encore et toujours.
On pourrait s'arrêter. S'installer pour toujours quelque part. Ou juste quelques instants. Ils ont essayé de temps en temps, restant quelques mois dans un petit village en France ou en Angleterre, et une fois même en Pologne. Mais ce n'était pas le paradis qu'ils cherchaient. Alors ils sont partis, n'emportant avec eux que la Citroën DS, quelques vêtements et quelques mots de polonais.