Quand je serais grande, je serais une princesse. Je les entendais tous pouffer de rire. Oui, mes cousines plus âgées se payaient ma tête. Une petite gamine qui rêve de devenir princesse, ce n'était pas si anodin. Je n'étais pas unique sur ce point-là, j'en étais certaine. Elles avaient le don de s'extasier à la vue d'une jolie robe. Mais pour moi, l'idée d'être princesse avait un sens car je souhaitais venir en aide à mon prochain. Honteuse face à leurs moqueries, je partis en courant au fond du jardin. Je pris soin de me cacher au pied du figuier, mon petit coin de paradis, ma planque favorite. En effet, c'était mon lieu de prédilection. Sofia était la seule à toujours me retrouver lorsque j'étais fourrée ici. Nous partagions cette proximité inévitable malgré nos neuf ans d'écart. Bédelia... Bédelia, où es-tu ? Adossée au figuier, je serais bien fort mon doudou. Bédelia, je sais que tu es là-dedans. Sors s'il te plaît. Non, je ne veux pas... Bien que gamine, j'avais déjà mon caractère bien trempé qui rendait parfois dingue mes parents d'ailleurs. En peu de temps, elle se retrouva près de moi. Tu exagères, Bédelia. A chaque fois, tu me fais le coup et je suis obligée de ramper pour te récupérer. Je laissais tomber ma tête contre elle. Allez, dis-moi, ma puce. Elles se sont moquées de moi... Elle caressa délicatement mes cheveux, comme pour me montrer qu'elle m'écoutait. Parce que je veux devenir une princesse, pour aider les autres. Laisse-les dire, ma puce. Tu verras en grandissant qu'on ne peut pas plaire à tout le monde... Je compris quand elle se mit à parler qu'elle souriait, comme si, d'une certaine façon, elle était fière de moi. De ce que je souhaitais faire en devenant une princesse. Persévère, n'abandonne jamais, ma puce. Tu deviendras quelqu'un de bien. Crois en toi, ne laisses personne te dicter ta vie, tu le regretterais. Je la regardais en souriant. Je hochais la tête afin d'acquiescer. Allez, viens avec moi. Il faut que l'on retourne au barbecue. Ils vont tous se demander où on est passées. Je la suivis pour sortir de là. Je peux te donner la main ? Je lui offris l'un de mes plus beaux sourires. Sofia me tendit la main et nous repartîmes avec les autres.

Même si je suis totalement hétérosexuelle, je n'ai jamais vraiment eu de petit-ami. Des flirts, oui. Des petits coups de cœur, également. Cependant, je n'ai jamais été capable de m'impliquer pleinement dans une relation. Je suis le genre de personne qui aimerait pouvoir aider tout le monde en même temps alors que je n'en suis pourtant pas capable. Mon bonheur passe souvent après tout le reste. Cela m'a souvent valu de me brûler les ailes. Lors de mes études à Poudlard, il est arrivé que l'on me tourne autour. Cela m'amusait, c'était certain. Ça le flattait aussi mais ça ne m'intéressait pas plus que cela. Cependant, je me souviendrais toujours d'Henry. Grand aux yeux bleus, il avait ce don de vous amadouer en un regard. Et, même si ça me tapait sur les nerfs, je n'étais pas capable de lui résister non plus. De plus, il avait ce grain dans la voix qui pouvait me faire fondre sur place. 1, 2, 3... 1... 2... 3... J'étais là, comme une idiote, en train d'essayer de danser un coin reculé du parc de la fameuse école de sorcellerie. Le bal approchait, je ne savais que faire. Je n'étais pas prête : pas de robe, pas de cavalier et une certaine incapacité à danser. Je m'arrêtais, passais ma main dans mes cheveux d'un air presque désespéré. Puis, il arriva, me prit par la main et m'attira contre lui. Suis-moi... Mes yeux plongés dans les siens, je me laissais aller. Je me sentais soudain soulagée. De l'aide n'était pas de refus mais il y avait un détail qui me laissait inconfortable : il était à Serpentard. Même si son aide m'apportait beaucoup, je ne pouvais omettre ce détail par respect pour ma maison. Écoutes, c'est une mauvaise idée... Je ne peux pas accepter ton aide. Je lâchais sa main, me décollais de lui et partais alors en direction du château. Il me rattrapa par le bras. Bédelia... Si c'est au sujet de nos maisons, ne t'en fais pas pour ça. Je cours autant de risques que toi en te fréquentant. Et, je pense bien que ce n'est pas ce qui m'arrêtera pour autant. Je poussais un long soupir et regardais aussitôt mes pieds. Je ne sais pas si moi, j'en serais capable. Poudlard est bien le seul endroit où je m'engage à respecter les règles. Et, je crois que je préférerais qu'il en reste ainsi. A ces mots, j'avais fui. Depuis ce jour, à chaque fois que l'on se croisait, il avait un regard pour moi alors que je me contentais de détourner la tête. Un soir d'insomnie, je suis sortie prendre l'air. Les nuits étaient devenues difficiles depuis notre discussion. J'avais envie d'enfreindre les règles plus que tout. Mais il était tout ce que je détestais pourtant... Encore une fois, nous nous sommes trouvés au même endroit, au même moment. Il me surprit et déposa ses lèvres sur les miennes. Intérieurement, je souriais mais j'étais également furieuse. Mais qu'est-ce que tu me fais là ? Je croyais que c'était ce que tu voulais aussi... Je n'ai jamais rien dit qui puisse te faire penser ça. Je ne t'ai pas parlé depuis l'autre jour. Je bouillonnais. Mes émotions se mélangeaient. Je ne savais pas ce que je voulais... Je sais que ce n'est pas... Je le fis taire en l'embrassant à mon tour. Il n'allait probablement rien comprendre. Je ne savais pas moi-même ce que j'étais en train de faire. Nous sommes sortis ensemble un certain temps. Mais la crainte qu'il se moque de moi ou qu'il se serve tout simplement de moi me rongeait. Et, s'il se payait ma tête dès qu'il rejoignait ses Serpentards ? J'aurais eu l'air bien crétine dans cette histoire. Ça me bouffait de l'intérieur et, ce qui devait arriver se produisit : je mis fin à notre relation. Non sans regrets.

Plus rebelles ou plus dévouées que mes sœurs... Quoi que non, ça n'a tout bonnement rien à voir avec ça. Bref, j'ai étudié à Poudlard jusqu'en septième année. De ce fait, ma scolarité s'est interrompue à mes dix-sept ans. Ne vous en faites pas, il s'agissait là d'un choix. Le fait est que j'ai toujours été admirative du métier de mon père. Je rêvais de pouvoir déterminer à qui telle ou telle baguette devait appartenir. J'avais alors commencé un apprentissage à la boutique familiale depuis ce temps-là. Je me souviens de la première fois. Bédelia. Inspires profondément, fermes les yeux. Prends sa main si ça peut t'aider... C'est au fond de toi. Fais le vide dans ta tête et laisses-toi guider parce que ton instinct te dit. Je choisis de prendre la main du jeune homme. Pour une première fois, je n'étais pas encore tout à fait capable de faire le lien. Deux minutes de silence. Puis, je rouvris les yeux en un souffle. Je savais, maintenant, je savais. Et, depuis ce jour, je fais de mon mieux. Je ne suis qu'une apprentie. Papa me laisse de temps en temps retenter l'expérience mais la baguette que j'ai défini n'est accordé à l'élève que si Papa a préalablement approuvé. Il faut des années d'expérience, j'en suis bien consciente. Et pourquoi la cadette de la famille Ollivander va-t-elle se retrouver à la tête de l'entreprise familiale ? Pour la simple et bonne raison que mes sœurs n'en voulaient pas. Rosemary et Sofia rêvaient d'une autre vie. Personnellement, j'en rêvais alors le choix s'est fait naturellement. Bébé, je ne peux te cacher que je ne pensais pas que tu serais celle qui prendrait la relève. Tu me paraissais trop volatile, trop rêveuse, parfois même un peu trop rebelle. Mais je suis heureux de voir que tu t'es recentrée. Je découvre une nouvelle Bédelia chaque jour où je travaille avec toi. Je suis fière de toi, ma fille. Je ne pouvais nier qu'à ces mots, je débordais de fierté également. Quoi de plus beau que de rendre fiers ses parents. Et moi, je suis fière d'avoir une famille comme la nôtre. Faite de diversité, de tolérance et surtout d'amour. Maman et toi avaient toujours été là pour nous, c'est inestimable. De mon côté, je suis heureuse que tu m'aies tout de même fait confiance. Je t'aime, Papa. Je le serrais dans mes bras. Je n'étais pas de ces filles qui préféraient garder leur distance avec leurs parents. Vous savez, le genre "On se rejoint de l'autre côté de la rue. On ne sait jamais, si quelqu'un nous voit ensemble". La famille, c'est la vie.