Et l’aiguille transperce ta peau pâle, elle t’injecte ce sérum artificiel sans lequel tu plongerais, tu plongerais dans les ténèbres.  

Elle n’y peut rien, Hazael, si elle n’a pas d’espoir. Ce n’est pas de sa faute si elle observe les jours passer, lasse, d’un  regard vide, un regard qui avec le temps a fini par perdre l’étincelle qu’il possédait un jour. Elle a essayé pourtant, Hazael, de vivre comme tout le monde, de vivre comme si elle n’était pas malade, comme si elle ne dépendait pas de son traitement, comme si elle ne risquait pas à tout instant de perdre connaissance, esclave de son propre organisme qui refusait de fonctionner comme il le devait. Elle a essayé. Mais à quoi bon ? A force de déceptions, elle a fini par s’habituer si bien qu’aujourd’hui elle attend, elle attend que le destin finisse par se décider à la soulager. Enfin.

Sarcastique. Ses remarques peuvent, souvent, s’avérer blessantes plus que nécessaires. Sans réellement savoir pourquoi. Elle les exprimera, c’est tout. Peut-être est-ce là un moyen comme un autre de se soulager tant bien que mal de sa frustration qui la ronge de l’intérieur. Ou peut-être cherche-t-elle à blesser, à rabaisser, à écraser. A se sentir vivante. Charmeuse. Elle attend, certes, mais d’une certaine façon Hazael se bat contre son diabète. Et il serait bien stupide de ne pas profiter des petits plaisirs que pouvait offrir la vie, tant qu’elle pouvait encore se le permettre. Peut-être pas croqueuse d’hommes, mais pourtant loin d’être timide. Un sourire suggestif par ci par là n’a encore jamais fait de mal à personne, pas vrai ? Et elle se sent vivante. Manipulatrice. Hazael n’est pas une personne que l’on pourrait remarquer d’office par son fort tempérament. Non. Hazael est plutôt une personne qui réfléchit avant d’agir et Dieu sait qu’il y en a dans sa petite tête. Elle peut difficilement fournir des efforts physiques trop conséquents et ajoutées à cela ses pertes d’énergie récurrente, il est évident que la jeune sorcière a du apprendre à se débrouiller autrement que par des menaces ou par la violence. Aussi, elle cultive depuis toujours cet art de la manipulation et Hazael n’a que très rarement des remords quant à cette façon – dont l’honnêteté reste discutable – d’obtenir ce qu’elle désire. Pour se sentir vivante. Protectrice. Peut-être la trouverez vous égoïste, et vous n’auriez pas entièrement tort de penser de cette façon. Mais il y a des gens comme ça, pour qui Hazael pourrait donner sa vie même si cette dernière ne valait plus grand-chose. Zara. Sa sœur. Sa jumelle. Une partie d’elle. Hazael ne pourrait tout simplement pas survivre un seul instant si Zara venait à disparaitre. Peut-être était-ce d’ailleurs pour elle, que Hazael n’avait pas entièrement baissé les bras, peut-être que quelque part, c’était bien pour elle, et uniquement pour elle, qu’elle continuait à lutter. Mais elle ne l'a jamais été Hazael, pas entièrement.[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien][/i]