La gare de Kings Cross semblait immense, pleine de bruit, grouillant de gens. L’Angleterre… C’était ici qu’ils allaient devoir vivre maintenant, eux, les quatre Galinski. Leur première semaine, tout ce que Talia avait remarqué était le ciel. Gris, en permanence, toujours gris, toujours de la pluie, toujours froid, et pas une once de neige, pas un merveilleux, subtil, unique et léger petit flocon de neige. C’était impossible, de vivre dans un pays pareil. Linka, de cinq ans sa cadette, avait l’air d’avoir encore plus de mal avec leur nouvelle maison. Ils vivaient dans un endroit entouré de moldus et devaient se cacher pour faire ce qu’ils avaient toujours fait au grand jour jusqu’ici. Bon sang ce que la Pologne lui manquait.

« Mais tu verras, tu vas adorer Poudlard ! C’est la meilleure école, tu t’y plairas, j’en suis certain. » ne cessait de lui répéter son père.

Il était sorcier, lui, contrairement à sa mère, Anka. Talia lui ressemblait beaucoup. Elle avait le même port de tête, le même sourire figé et hypocrite, les mêmes mains délicates et le même regard brûlant. Oui, Anka était belle, et si c’était tout ce que Linka voyait en elle, Talia n’était pas du même avis. Certes elle ne portait pas sa mère dans son cœur, mais en plus d’être une femme magnifique, elle avait également beaucoup de classe, et un don certain pour manipuler son prochain. Talia s’était fait avoir plus d’une fois, avant d’apprendre à reconnaître une machination lorsqu’elle en voyait une. Et malgré son mépris, elle avouait que c’était une qualité qu’elle admirait chez sa mère, la ruse, et qu’elle espérait un jour, parvenir à son niveau. L’idée que les gens autour ne soient de simples marionnettes la ravissait. Elle s’entendait beaucoup mieux avec son père, en revanche. C’était lui, qui lui avait appris les premières bases de la magie lorsqu’elle était enfant, et il était toujours compréhensif avec chacune de ses filles. Un papa gâteau, aimant, tout simplement.
Heureusement, elle n’eut pas à supporter l’angoissante ville de Londres pendant très longtemps, puisqu’en septembre de la même année, elle fit sa rentrée à Poudlard. La grande et très célèbre école de sorcellerie, Poudlard. Elle dû donner raison à son père, comme toujours. Elle avait adoré cet endroit à la seconde où elle l’avait vu. Un immense château regorgeant de secrets, de cachettes, de mystères, de recoins… il était impossible de s’y ennuyer, même en cours, tout était passionnant et puis un élève finissait toujours par essayer de pratiquer un sort et déclencher un fou rire dans toute la classe grâce à son échec. C’était pour cela, qu’elle avait voulu devenir professeur, c’était pour cela qu’elle suivait ce cursus : pour pouvoir rester à Poudlard. C’était l’endroit où elle se sentait vraiment chez elle, sa maison, pas Londres, pas la Pologne, Poudlard. Et puis un professeur avait toujours (au moins) deux ou trois élèves qui l’adulait… et qui n’aimait pas être adulé ? Personne à en croire Talia qui ne rêvait que de ça. Et de régner sur la galaxie à ces heures perdues, mais ça, elle avait laissé tomber, ça s’avérait être une tâche difficile à accomplir.

Elle n’était pas aussi manipulatrice lorsqu’elle était enfant, c’était même le contraire, elle avait toujours été une bonne menteuse, ça oui, mais c’était juste pour se tirer d’affaire en cas de nécéssité absolue. Elle était arrivée à Poudlard avec ses grands yeux innocents, et une idée récurrente dans son esprit : « Et si personne ne veut être mon ami… ? » Et puis elle trouva Ethan, au milieu de la première année. Ils se connaissaient de vue mais ne s’étaient jamais vraiment parlé. Ils aimaient les mêmes livres, avaient le même humour. Ce fut une magnifique histoire d’amitié. Tellement belle, que Talia aime à dire que cette histoire, cette fameuse histoire, elle lui reste en travers. Ethan, qui répétait à qui voulait l’entendre comme sa meilleure amie Talia était géniale, avait, aux alentours de la quatrième année, commencé à passer de moins en moins de temps avec elle. Il s’était fait de nouveau amis garçons…

« Tu comprends Tali’, parfois j’ai besoin de me retrouver avec des mecs. »

Natalia avait répondu que c’était tout à fait normal, bien évidemment, elle détestait les conflits depuis son plus jeune âge. Et elle le pensait, il n’y avait pas de mal, elle resterait sa meilleure amie quoi qu’il arrive, il l’avait dit. Mais ce n’était pas ce qui est arrivé. Il trouvait des excuses pour ne pas la voir, ou annulait à la dernière minute. Et puis lorsqu’il s’est mis à sortir avec cette connasse de Fiona McGoldrick, ce fut encore pire. Fiona qui avait un jour clairement dit « Tu sais, maintenant je te trouve cool, mais avant je ne t’aimais vraiment pas, tu étais une compétition pour le cœur d’Ethan ! J’ai fait semblant de t’apprécier, il faut être proche de ses ennemies ! » Talia était tombée des nues. Heureusement ils avaient rompu, mais cette pute de Fiona McGoldrick avait toujours trois bouquins que la jolie polonaise lui avait prêtés et trouvait sans cesse un prétexte pour ne pas les lui rendre. Bref s’il y avait bien une personne qu’il fallait anéantir dans cette école, c’était bien cette enflure de Fiona McGoldrick.

Talia s’est retrouvé le cœur brisé, sans son meilleur ami, qui lui mentait clairement pour ne pas avoir à passer du temps avec elle, il n’avait donc rien d’un ami. Ils étaient toujours en bon termes, cela dit. Mais Galinski n’avait pas le courage de tout lui recracher à la figure des années plus tard, ça n’amènerait rien de bon, il la baratinerait, elle choisirait de le croire, et puis rien ne changerait et elle serait encore plus déçue qu’avant. Mais cette histoire lui aura appris une bonne chose : la seule personne susceptible de ne jamais te laisser tomber, c’est toi. C’est au milieu de la cinquième année, qu’elle a commencé à davantage s’investir dans la vie de l’école, en participant par exemple aux organisations d’évènements ou à différents clubs, ou encore à des collectes caritatives, pour se créer un réseau, faire ses petites expériences de manipulations, et travailler son nouveau personnage. Personnage qui pour les autres n’avaient rien de nouveau, elle restait la même petite gamine souriante qui s’émerveillait de tout, comme à son arrivée. Alors qu’intérieurement, elle était blasée de tous ces crétins qui l’entouraient, mais si l’effort lui donnait la popularité qu’elle désirait, dont elle avait besoin, alors ça en valait la peine. Elle avait l’impression d’être cassée à l’intérieure, défectueuse. Et tout ça à cause de ce con d’Ethan. Elle se trouvait pathétique, mais dans le fond, si elle faisait tout ça, c’était surtout pour le rendre jaloux, pour qu’il l’a voit entourée de pleins d’amis chaleureux sans que lui en fasse partie. Tout ça c’était une revanche personnelle, ni plus ni moins. Et le pire dans tout ça c’est qu’elle connaissait Ethan, et elle savait, que de la voir avec d’autres gens, lui, il en avait rien à foutre. Mais elle continuait son bonhomme de chemin, elle y avait pris goût à présent, et elle ne comptait pas s’arrêter en si bon chemin. Un jour elle allait être professeure dans cette école, et ça ce sera la plus grande réussite de sa vie, alors, un peu de piston par-ci, par-là… pourquoi s’en priver, si elle arrivait à se faire bien voir des bonnes personnes !

Bref Talia Galinski, devient plus garce de jour en jour.