Je suis rousse. Et pas qu'un peu. En fait ils pourraient presque devenir rouge sous une certaine lumière. On s'est souvent moqué pendant mon enfance. Pas en face, non, parce qu'au fond je n'ai jamais été comme les autres gamines. Mon père est le gentil maire de la bourgade où je logeais durant mes premières années. Je faisais partie de l'élite de ces bouseux de paysans. J'étais différente. Ça a mis du temps avant que je m'en rende compte, parce qu'ils ont essayé de me changer et de faire de moi une merdeuse dans leur genre. On me disais que j'étais narcissique et hautaine, c'était pas tout à fait faux. Au final je suis un peu comme le vilain petit canard. Un cygne est né dans la basse-cour, mais bordel qu'est ce que je foutais là ? J'étais la meilleure à l'école, j'étais la plus distinguée, la plus aimable et celle qui avait le plus de caractère. Je rêvais d'aller vivre enfin à Londres et de quitter cette petite ville minable. Vous imaginez ma surprise quand j'ai reçus la lettre de Poudlard. J'allais enfin à tous pouvoir leur montrer que j'étais supérieure à leurs salopettes et leurs bottes de paysans. Enfin c'est ce que je pensais jusqu'à ce qu'on me dise que personne ne devait rien savoir. J'hésitais même jusqu'à donner la lettre à mes parents. Au final je n'ai pas vraiment eu le choix, vu qu'elle a pris ses petites ailes pour directement aller leur beugler la nouvelle aux oreilles. Mais je regrette pas, sur ce coup là ils m'ont bien aidé. On s'est rendu sur le chemin de traverse la semaine suivante. Qu'est ce qu'il a été, mon cher petit papa moldu. J'ai cru que ma mère mourrait beaucoup plus d'impatience que moi. Elle courrait dans tous les sens comme une gamine qui va pour la première fois acheter des bonbons toute seule. Elle parlait très vite et voulait ce qu'il y avait de mieux pour moi, j'ai eu le droit à toute la panoplie d'ailleurs. Elle qui détestait les animaux, elle a insisté pour m'acheter une grosse chouette harfang. C'est même elle qui a décidé de l'appeler Chloée. C'était très bien choisi d'ailleurs, une vraie garce cette chouette. Sauf avec moi. Personne ne comprends qu'elle puisse être un oiseau serviable et adorable, pour les autres, elle crache et joue des griffes. Après que Chloée lui ai mordu pour la première fois l'auriculaire, elle m'a emmené dans une boutique lugubre. Un petit vieux m'y a vendu une fine baguette en bois de cerisier de 22 cm qui contenait des plumes de phenix. Spécialisée en Sortilèges et Enchantements en plus, ça me va. J'ai aussi appris plus tard que mon épouvantard prenait la forme d'une énorme mygale dont je me passais très bien la vision. Oh moins moi je ne me suis pas évanouie, pas comme cette idiote d'Alicia.

Azato n'était au commencement qu'une lueur bleue qui me suivait partout. C'est ma petite soeur qui l'a vu la première. Elle m'a sorti un truc du genre : "Eh Lee t'as une luciole qu'est tombée raide de toi !" Quelle débile. J'ai d'abord cru qu'elle déraillait, comme d'habitude, mais en fin de compte elle était tout ce qu'il y a de plus sérieuse. Dans la mesure où on considère que ma débile de soeur puisse avoir un soupçon de lucidité en elle. Ce jour là, elle m'a bien fait chier. Elle a été sur mon dos toute la journée et il est arrivé le moment fatidique où j'ai pété les plombs. Même la veille de Noël elle arrivait à être chiante. On était dans le salon à ce moment là, je finissais d'accrocher les guirlandes quand elle m'a jeté une boule dans le dos. J'ai aperçue son regard au moment où je me suis retournée. Terrifiée. A la limite de la crise cardiaque. J'ai eu une fraction de seconde d'étourdissement avant qu'un magnifique et terrible rugissement ne résonne derrière ma tête. Il était devenue réel. Le temps sembla s'arrêter. On poussa toute les deux le plus long et le plus strident des cris, avant de nous cacher misérablement derrière le canapé. Oui je sais, cachette minable. C'est à ce moment là que ma mère fit irruption dans l'immense pièce ivoire. Elle n'eut pas le temps de sortir sa baguette, que je le sentis en moi. Pas comme vous l'imaginez, ce n'était pas physique, ce n'était pas palpable, pas comme lorsqu'on appuie le doigt sur l'épaule de quelqu'un. Non c'était bien plus profond que ça. J'entendis son souffle dans mon cerveau, sa voix suave et douce dans mes tympans. Azato. Je pris peur. "MAMAN ! MAMAN JE L'ENTENDS DANS MA TÊTE !!!" J'appuyais mes mains contre mes oreilles de toutes mes forces mais ce son ne faiblissait pas. Il continuait de parler, de me dire des mots doux, des mots rassurants. Ma mère mit une bonne heure pour me calmer et tenter de trouver une explication à ce phénomène. C'est la Gazette des Sorciers qui nous donna la réponse. Un foutu sort raté. J'ai mis du temps avant d'y croire, ma soeur était jalouse d'ailleurs. Je n'osais pas bouger le reste de la journée et personne ne m'approchait vraiment.

Vers quinze heures, j'ai décidé de m'asseoir sur mon tabouret et de prendre mon violoncelle. Je n'avais aucune idée de la manière dont il allait réagir. Je commençais doucement, par la Suite pour violoncelle de Bach. Mon père adorait ce morceau et pouvait m'écouter la jouer pendant des heures. Je décidais de le jouer plus lentement que d'habitude, tout en lui lançant de petits regards frénétiques de peur que cela ne lui plaise pas. Au lieu de ça, je ressentis un sentiment d’apaisement intense. Encore plus que d'ordinaire j'veux dire. A ce moment là se produit quelque chose d'étrange. Azato se transforma d'un seul coup en un tout petit animal blanc. Je m'arrêtais. Ce n'est qu'en le regardant de plus près que je compris qu'il était également un tout petit renard polaire absolument adorable. Je reprenais. Depuis de moment là, il n'a jamais cessé d'aimer m'entendre jouer et il n'y a qu'à ces moments que je me rends compte qu'on ne fait vraiment qu'un, lui et moi.

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