BELLUM PATRONUM


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par Invité, Dim 20 Avr - 21:53 (#)
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Henry Lee Lucas
FEAT. mads mikkelsen

42 ans ϟ Futur professeur en Psychomagie et Psychomagie Approfondie ϟ Un énorme cerf noir ϟ Sang mêlé

Nom: Lee Lucas Prénom: Henry Âge et Date de Naissance: 42 ans, né le (uesh laissez moi le temps de calculer). Nature du sang: sang mêlé Situation familiale:  Négatif mon capitaine, rien de connu. Patronus: un cerf Miroir du Rised: A trouver. Composition de la baguette magique: Ventricule de dragon, la baguette est en bois de (à trouver). Epouvantard: Sa mère, Annabel Lee, si elle était encore vivante à ce jour. Études Suivies: Cursus en médecine magique, suivi en France. Animal de compagnie: Aucun.

 
Caractère
Comment pourrais-je vous décrire Henry.
D’un naturel très calme, presque passif, à première vue ce n’est pas quelqu’un qui en lui recèle une quelconque animosité à l’égard d’autrui. Ce n’est pas qu’Henry ne vous aimes pas – non, ça n’a rien de personnel -, mais disons qu’il n’aime pas grand monde non plus. S’il peut faire preuve d’une quelconque affection à l’égard de quelque chose ou quelqu’un ce sera plus pour un oiseau ou une plante que vous. Dans sa façon d’enseigner, il enseigne, et basta. Il sera très courtois, mais pas pour autant sympathique. Il y a quelque chose en lui qui empêche toute sympathie. Peut-être est-ce les sorciers qui sont moins idiots que les moldus ? Enfin bref. Il n’essaiera pas de se mélanger à la foule, du moins pas vraiment avec les élèves. Je disais moins idiots, pas forcément intelligents. Ayant développé un très fort complexe de supériorité vis-à-vis de la plupart des gens, il ne vous dira pas qu’il vous méprise mais vous le signifiera d’une façon ou d’une autre. Inutile de dire que les décapitations d’êtres humains, c’est terminé pour lui. Il a dû improviser et se trouve d’autres passions. La première consiste à « l’étude » des créatures magique (consistant en fait à une dissection dans les règles mais passons) puis à la réalisation de croquis de ses observations. Dans sa salle de cours, on peut y voir de très nombreux squelettes d’animaux.
Il n’est jamais tombé amoureux. A ce qu’il paraît c’est quelque chose d’extraordinaire mais sa tendance de dominateur se retrouve malheureusement au lit aussi. Bad new. Il aura tendance à vouloir étrangler sa partenaire, dans le meilleur des cas. Il peut arriver qu’il ait des brusques poussées sociales et qu’il aille lui-même vers les autres, en plus de le satisfaire sur le moment ça lui donne une meilleure image. Enfin, sa tendance à prendre les autres pour des imbéciles le lasse bien vite de tout contact.

C’est donc par ce clivage d’autosuffisance et d’une intelligence cultivée et malgré tout vive que le professeur fonctionne. Oh, oui, bien sûr qu’il est malin, mais sa tendance à écraser les autres intellectuellement parlant risque de lui jouer des tours. Ayant beaucoup de difficultés avec ses rapports avec les autres, il a toujours cette mauvaise habitude de tout prendre au pied de la lettre sans identifier l’aspect métaphorique de ce que pourrait être une simple banalité.


     
a little something from you.

     
Emploi: Henry a suivi un cursus magique extrêmement tardif dû en premier lieu et principalement à sa mère qui lui interdisait de pratiquer toute magie. Il a su se débrouiller et à suivi des études adaptées mais plus tard encore que ses études moldues. En fait, le point fort de Henry vient du fait qu’il s’est complètement immergé dans le monde non sorcier et même obtenu son diplôme de médecine. En effet, avant d’être psychomage, il est psychiatre tout simplement.
Fort de cette expérience, il a su, en France, suivre son cursus de médecine magique mais aussi accueillir quelques patients dans son cabinet. La profonde influence qu’avait eu Annabel Lee sur son tempérament et sa manière d’apprendre ne l’aura pas que desservi, au fond. Nommé pour la rentrée 1980 au poste de professeur en psychomagie, il y vit une excellente façon de fuir quelque peu les deux inspecteurs moldus qui n’auraient jamais la possibilité de le trouver ici.
   
Patronus: Dans cette partie,  vous pourrez parler du patronus de votre personnage. Etant donné que votre personnage est adulte, il n'a pas de patronus corporel mais vous pouvez parler de s'il maîtrise le sort ou non (sachant que c'est l'un des plus complexes) et de son ressenti face à la situation actuelle. Minimum de 5 lignes. ATTENTION: Les patronus sont apparus durant les vacances de Noël 1978 (nous sommes en 1980 dans le jeu), ni avant ni après.


     
Tell me who you really are.

     
ϟ pseudo et âge: Flying Pumpkin, 18 ans.
ϟ Où as-tu trouvé le forum? Grâce au grand méchant loup ♥.
ϟ Personnage: Inventé.
ϟ As-tu un autre compte sur BP? Nooope.
ϟ Présence: Très fluctuante, mais je vais tâcher de faire au mieux :B.
ϟ Une remarque? JE VOUS AIIMES.  


Dernière édition par Henry Lee-Lucas le Mar 22 Avr - 10:05, édité 4 fois
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Message Re: h e n r y l e e l u c a s; i am the devil and i'm here to do the devil's work
par Invité, Dim 20 Avr - 21:57 (#)
You're not a sad story.


Ils me fixaient.
Ces deux grands yeux rouges, dans le noir. Et juste en dessous, ce sourire en dents de scie. J’hésite à appeler mère, elle me dit toujours que c’est mon imagination qui est débordante, mais ce visage reste imprimé sur ce mur, juste en face de moi. Et si par malheur je ferme les yeux, la trace lumineuse reste tout de même imprimée sur mes paupières et sur ma rétine, pour finalement disparaître peu à peu dans un éclat lointain et luminescent. Seulement, les yeux fermés… Je peux entendre plus distinctement les grincements de la maison, l’oiseau crier dans la nuit ou le bruissement des feuilles dans les arbres. Alors je rouvre les yeux. Et le visage réapparaît. Mais il faut que j’arrête de loucher maintenant, ça me fait trop mal à la tête. Ah. Voilà. Les yeux du monstre se rejoignent, et son sourire aussi. Mais je n’arrive pas à m’en débarrasser. De ce « toc », comme l’appelle mère. Je ne sais pas pourquoi elle appelle cela d’une telle manière d’ailleurs. Un toc, ce n’est pas quand on frappe à une porte…? Toc toc toc. Il me semble que c’est la contraction de plusieurs mots, mais je ne sais plus lesquels. Il faudrait que je redemande à mère. En tous cas, je ne peux pas m’en empêcher. Le jour, ce point n’est que la bête lumière de mon radiateur. Mais la nuit, quand je me couche, cela devient mon compagnon de chambrée. L’hiver, ça va. Je peux me cacher sous les couvertures et ne plus y penser. Mais l’été… Je meurs de chaud. J’ai eu l’idée de mettre seulement un drap sur moi. Mais même à travers, je le vois, ce regard, posé sur moi. Je pouvais aussi mettre une couette épaisse sur le radiateur, mais la seule assez grosse pour en cacher la lumière est un cadeau de mémé, morte depuis longtemps. Mère ne veut donc pas que je l’utilise, car il s’abîmerait. « C’est irrespectueux et ça prendrait la poussière. » Il faut dire aussi qu’avec ses motifs de fleurs délavées, ce n’est pas très beau… Enfin, ça ne ferait pas beau dans ma chambre, en tous cas. Alors j’ai aussi abandonné cette idée. Mes yeux se ferment. Je vais pouvoir m’endormir sans trop de problèmes je crois. Je n’aurai pas la force de regarder une nouvelle fois la créature.


Henry Lee Lucas.
1h26 ; jour X ; année X.

Ce que le petit Henry voyait, ce n’était que la simple lumière de son radiateur de fonte allumé. Même en été, Madame Lee refusait de l’éteindre de peur qu’il n’attrape froid. Son père, il ne le connaissait pas. Et il n’en avait hérité que le nom de famille : Lucas. Sa mère, Annabel Lee, s’était mariée des années plus tôt mais avait cependant gardé son nom de jeune fille, Lee. Un fils avait rapidement vu le jour, Henry, qui possédait le regard doré de son père et les cheveux aile de corbeau de sa mère. Il était d’un tempérament calme, posé, et il avait plus pour habitude d’écouter que de parler. Malgré son jeune âge, Henry avait les manières d’un adulte : La cause principale était sûrement l’éducation stricte et étrange que Madame Lee lui inculquait. Aussi, à treize ans, il lui semblait tout naturel de fumer la cigarette en lisant les journaux ou des livres, inaccessibles intellectuellement parlant aux enfants de son âge. Sa mère le traitait comme un parfait adulte et seule la loi le qualifiant de mineur lui retirait tous droits de le mettre dehors. Cependant, elle envoyait régulièrement le jeune garçon en ville pour qu’il effectue des travaux, rémunérés bien sûr. Cela confortait la dame dans l'idée qu’il était parfaitement autonome. C’est aussi à cause de ces travaux qu’il n’allait pas à l’école, et de toute manière sa mère le lui interdisait. Se dire qu’il allait côtoyer dans ces endroits de jeunes garçons ou de jeunes filles la rendait malade, elle pensait qu’en ayant de telles fréquentations, son fils adoré deviendrait un enfant maladroit, joueur et indiscipliné. Ou enfant tout court d’ailleurs, chose qu’elle s’évertuait de toutes les manières possibles à éviter. Aussi, tout ce que pouvait apprendre Henry provenait de la bibliothèque familiale. Les Lee Lucas étant de petits bourgeois, celle-ci était relativement bien fournie, et il lui arrivait souvent d’y passer ses soirées, voire ses nuits. Cette pièce sentait le renfermé, la poussière et une vieille odeur de cuir, comme dans les selleries, et c’est aussi cette atmosphère agréable qu’il recherchait. C’est notamment grâce à ce trésor littéraire qu’il connaissait de très nombreuses thèses d’auteurs et bon nombre de livres de philosophie, historiques ou bien culturels, tout en étant incapable de vous réciter sa table de sept… Il avait eu quelques occasions de lire des livres de mathématiques, mais ils étaient tellement avancés - destinés principalement à des étudiants en la matière - que le jeune garçon lâchait bien vite son recueil pour se pencher sur un ouvrage de Freud, Nietzsche, Verne ou bien Christie. Étrangement, malgré ses penchants littéraires plutôt libertins et rêveurs, voire idéalistes, Henry était quelqu’un de profondément terre à terre. Il suffisait que vous lui disiez « Je suis au Paradis » pour que celui-ci vous demande en vous regardant de ses grands yeux jaunes si vous étiez mort. Le jeune garçon ne comprenait pas le sens figuré des choses, car pour lui, tout devait être tel qu’il était dit, et pas autrement. Cela lui aura posé quelques problèmes de compréhension vis-à-vis des choses et des gens, et c’est justement ce malentendu de langage qui l’aura exclu des autres êtres humains. Enfin, presque tous les êtres humains. Car il y avait toujours sa mère, Madame Lee, pour être là, même lorsqu’il n’en avait pas besoin. Ils avaient une relation étrange, tous les deux, et on pouvait se demander quelques fois si la grande femme n’essayait pas de combler ce vide qu’avait laissé son mari derrière lui en rendant le petit garçon trop grand trop vite. On ne savait pas trop ce qu’il était advenu de lui; il avait disparu un matin brumeux de novembre pour ne plus jamais réapparaître. Madame Lee n’avait pas fait beaucoup d’efforts pour le retrouver et de ce fait, elle avait concentré toute son énergie dans l’éducation de son unique enfant. Du même coup, elle oublia vite, très vite, Monsieur Lucas et le fit oublier de la même manière au jeune garçon qui n’était alors qu’un bambin. C’est dans cette période de sa vie que ses pouvoirs de sorciers apparurent, tantôt dociles, tantôt incontrôlables. Annabel, complètement étrangère à ces pratique et ne connaissant même pas l’existence de ces forces lui en interdit toute utilisation et l’obligea à les intérioriser. Charles, son père, n’avait visiblement pas trouvé utile de lui mentionner tout risque à ce propos.

Adolescent, Henry n’avait pas beaucoup d’affinités avec les filles, et certains croyaient que cette frigidité était due au fait qu’il était peut-être homosexuel - alors qu’il ne l’était pas du tout -. C’est juste qu’il ne trouvait aucun plaisir ou satisfaction dans des rapports moraux ou physiques avec le monde extérieur, et donc, il évitait les contacts inutiles. Sa mère le lui empêchait tout autant, car elle était et resterai la femme de sa vie tant qu’il vivrait sous son toit. Il n’avait pas grand-chose à y redire, cela ne le gênait pas et il ne s’en plaignait donc pas. C’est cet enfermement, tout aussi physique que mental, qui l’excluait donc de tous les autres enfants du petit patelin où ils vivaient. Il n’attendait rien de ses autres camarades, mais d’étranges rumeurs courraient sur lui et sur sa mère, renforçant encore et encore son exclusion de la société. La plus saugrenue à ce jour était que le jeune Henry alors âgé de quatorze ans entretenait des rapports charnels disons… Poussés, avec sa mère. Ou encore qu’ils pratiquaient de nombreuses messes noires dans leur cave lors des pleines lunes. Cette dernière rumeur était née d’une série de disparitions d’animaux domestiques, voire de jeunes agneaux, qui s’étaient volatilisés en l’espace de quelques semaines. Personne n’avait d’explication, logique du moins, à fournir et ils n’eurent pas le temps d’approfondir leurs recherches que ces étranges évènements cessèrent aussi brusquement qu’ils étaient apparus. On n'a jamais trouvé la fameuse chimère; et tous passèrent à autre chose malgré la suspicion et la crainte qui régna dans la région jusqu’à son oubli. Sans vous le cacher, le coupable de ces petits méfaits n’était autre que le jeune Henry qui ramenait des chiots, chats, et autres bêtes jusque dans sa cave pour les torturer et les enterrer - parfois vivants - dans son jardin. Seulement sa mère s’inquiéta bien vite de ses activités nocturnes et le surprit lors de la décapitation d’un chaton déjà agonisant. Elle le sanctionna très sévèrement et les disparitions cessèrent. Seulement, l’envie de tuer revint bien vite, et il savait que les animaux ne lui suffisaient plus. Il devait s’attaquer à un plus gros gibier.

Henry Lee Lucas venait tout juste d’avoir seize ans.

C’était un soir d’Octobre, le 31 pour être précise. Henry n’irait pas chercher des bonbons en sonnant à des portes cette nuit-là. Tout comme des années précédentes d’ailleurs. Il observait les allées et venues de ces enfants, dans la rue, et verrait leurs pas s’accélérer alors qu’ils passeraient devant leur grillage. En effet, les rumeurs allaient bon train sur leur compte en cette période de l’année et certaines femmes avaient interdit à leurs enfants de s’approcher du manoir, de peur que les Lee Lucas ne les enferment dans quelque coin sombre d’une cave en attendant de les dévorer. Elles ne savaient pas que cette nuit, aucuns de leurs protégés ne serait inquiété.

Il avait échafaudé son plan longtemps à l’avance.

S’entraînant même la nuit, lorsque Madame Lee dormait, le jeune Henry en avait imaginé tous les détails et toutes les failles de son projet. Il préparait son piège avec tellement de patience, d’assurance, de persévérance et de minutie, que si son but avait été tout autre, son programme aurait été loué de beaucoup. Tout, absolument tout le scénario avait été conceptualisé pour qu’il réussisse et qu’il en tire un maximum de satisfaction. Le jeune avait tellement hâte qu’il en oubliait parfois certains éléments, et était forcé de tout recommencer, s’obligeant à garder un calme des plus parfaits. Sa frustration passerait bientôt, il le savait. Tout au fond de lui, la créature aux yeux lumineux le savait, elle aussi.

Il avait subtilisé les éléments qui lui serviraient au dernier moment. Du fil de nylon et de solides cordelettes. Le reste, il se l’était procuré dans sa propre cave, le même endroit qui lui servirait de prison, et de scène principale à sa future comédie, qui évidemment se terminerait en tragédie. Ses gestes étaient devenus assurés, calmes, précis comme ceux d’un chirurgien. Il avait su qu’il pouvait passer à l’action quelques jours avant Halloween, le voisinage croyant à un film d’horreur ou des effets destinés à éloigner les plus téméraires. Et, de toute manière, il le savait, même sans cela personne ne s’y serait aventuré. Encore plus s’il y aurait cris : la peur l’emporte souvent sur la raison. Fixant le cadrant de l’horloge du salon, les yeux jaunes du jeune homme suivaient calmement la trotteuse faisant son petit bonhomme de chemin, le long des aiguilles du temps. Si elle n’avait pas été inanimée, peut-être aurait-elle été terrifiée. 21h17. Il se leva de sa chaise et passa enfin à l’action.

Sa mère était rentrée quelques minutes plus tôt. Comme à son habitude, elle avait déposé les courses dans le frigo, s’était préparée un thé et avait retiré ses chaussures pour se détendre dans le canapé. Après avoir fini sa boisson, elle se dirigea vers sa chambre, ouvrit le tiroir de sa table de nuit et y prit son journal intime.

Sauf qu’il n’y était pas.

Elle s’immobilisa. Depuis dix ans, l’ouvrage n’avais jamais quitté sa place, sauf quand elle écrivait dedans. Madame Lee voyait encore sa reliure pourpre et or, son marque page fait d’un fin ruban de soie rouge et ses pages sentant le cuir doux. Elle se redressa et inspecta la pièce du regard. Elle prit conscience de quelque chose. La maison. Vous savez. Vous êtes chez vous. Est-ce un changement dans l’atmosphère ? Est-ce un meuble, un tableau de travers ? Non. Vous n’êtes sûr de rien. Mais quelque chose, quelque chose à bien changé. Vous vous retournez la tête, vous avez beau fixer ce qui vous entoure. Mais non, rien n’a changé. Tout est immobile. Immobile et silencieux. Là était justement le problème. Madame Lee hasarda d’une voix peu assurée :

« Henry ? »

Rien ne lui répondit, sauf peut-être un écho de silence. Passant dans le couloir, vérifiant la cuisine, le salon, et de nouveau la chambre, elle répétait le nom de son fils de manière plus répétée et plus insistante sans pour autant que celui-ci ne se manifeste. Mais alors qu’elle passait dans un couloir menant à la salle de bain, elle l’entendit. Le vague murmure. Comme une longue et interminable litanie, il provenait de la cave. La femme colla son oreille contre la lourde porte en bois de chêne mais n’entendit encore qu’un étrange bruit étouffé. Prenant son courage à deux mains, elle déglutît et ouvrit le passage. Enfin, elle capta les paroles. Ce qu’elle entendit lui glaça le sang.

« …crois qu’il m’aime. Nous nous sommes encore vus aujourd’hui, il m’avait donné rendez-vous dans le grand champ de blé, derrière chez son oncle cette après-midi. Il faisait un temps radieux ! J’entends encore le chant des cigales dans le creux de mes oreilles. Et qu’il était beau ce jour-là ! Il portait cette chemise blanche en coton, celle qui s’ouvre un peu sur son torse. J’avoue avoir regardé quelques fois, mais il n’y a pas de mal, non ?.. »

Ces paroles. Ces mots. Ces lignes. Elles les avaient écrites bien des années plus tôt, alors qu’elle venait de rencontrer l’homme qui deviendrait plus tard son mari. Son journal était si vieux que cela…? Elle ne s’en souvenait plus. Elle s’en fichait à vrai dire. Tout ce qui lui importait à présent c’était que ce passé, si difficilement oublié, se taise à jamais. Elle dévala les escaliers comme une folle, mais à peine eu-t-elle le temps de passer le pas de la porte qu’elle trébucha sur une force invisible, qui lui entailla légèrement la cheville. Elle chuta violement en avant pour venir s’écraser lamentablement une dizaine de mètres plus bas sur le sol froid de la cave, sans un cri.

Madame Lee se réveilla quelques heures plus tard, ayant un affreux mal de crâne et saignant du nez. Elle avait la nausée, et une irrépressible envie de vomir la fit dégobiller sur le sol. Une multitude d’étoiles dansaient devant ses yeux, et elle ne savait pas trop où est-ce qu’elle se trouvait. Reprenant ses esprits du mieux qu’elle pouvait, elle prit conscience d’une chose : elle ne se trouvait pas à terre, contrairement à ce qui aurait dû se passer suite à sa chute, mais attachée à une chaise. Pire encore, elle était incapable de bouger ses mains ou les pieds. Elle se rendit compte qu’elle venait de rendre sur ses pieds, qui trempaient à présent dans une bouillie infâme et chaude. Elle tenta d’articuler le nom de son fils du bout de ses lèvres pincées, mais ce ne fut qu’un vague gargouillis qui sorti de sa gorge. La femme scruta les ténèbres quelques minutes encore, réfléchissant au pourquoi du comment malgré son affreux mal de crâne et un sentiment d’impuissance qui lui tenaillait le cœur. Il était impossible qu’elle soit tombée seule, ce n’était pas un accident. Elle connaissait cette maison mieux que quiconque, et même dans la précipitation elle ne serait pas tombée aussi bêtement. Non, elle avait trébuché sur quelque chose. Quelque chose d’invisible et de redoutable. Elle sentit une nouvelle bouffée malodorante lui remonter jusqu’à la gorge, mais se retint cette fois. Elle devait garder ses forces, et attendre. C’est ce qu’elle fit. Bloquée dans le noir complet, les ténèbres qu’elle fixait n’étaient pas si sombres que cela. D’étranges formes voletaient devant ses yeux comme des papillons hallucinés, formes évidemment sorties de son imagination. Immobile, prisonnière, et ne sachant pas ce qu’il se passait ni ce qui allait lui arriver, elle devint nerveuse. Cependant, l’attente ne fut pas si longue, car au bout de quelques minutes seulement, elle entendit des bruits de pas dans l’escalier. Son fils - car elle était quasiment certaine que c’était lui - ne trébucha pas dans l’obscurité implacable, preuve qu’il était à l’origine du piège. Quelques instants passèrent, instants de silence profond. Elle tentait de le repérer grâce à sa respiration, qu’elle avait mainte et mainte fois entendue lorsqu’il dormait, mais il n’y eu que ce vide angoissant pour lui répondre. Une lourde masse s’abattit à l’arrière de son crâne, et ce fut le nouveau le noir.

Le second réveil fut plus rude encore. Elle avait le cœur à l’envers, mais se sentait étrangement bien. C’était deux sentiments d’extase et de destruction qui lui donnait la vague impression d’être une bombe à retardement alors que le monde entier s’effondrait autour d’elle. Un vague gémissement s’échappa de ses lèvres, avant qu’elle ouvre à moitié les yeux, toujours assommée par sa chute invraisemblable et son assommement précédent. La cave était faiblement éclairée par quelques bougies, et son fils était assis en face d’elle, à environ trois mètres, feuilletant ce qui semblait être son journal intime. Elle eut grand peine à le reconnaître dans ce clair-obscur, et seule la certitude qu’ils étaient les seuls être présents dans cette maison lui permettait de savoir son identité. Sinon, son fils était méconnaissable. Pas qu’il soit énormément expressif, dans la vie courante, mais quelque chose avait changé. Madame Lee le savait, elle le connaissait depuis sa naissance. C’était sa chair, c’était son sang, c’était sa progéniture. Une partie d’elle-même. Elle bredouilla quelque chose d’intelligible, comme une protestation déformée, attirant l’attention du jeune garçon. Il referma le livre et le posa délicatement sur une table posée juste à côté de lui.

« Comment vous sentez vous ? »

Elle émit un nouveau gargouillis et ses yeux se révulsèrent pour toute réponse. Henry se leva et passa à sa droite, pour réajuster ce qui semblait être une perfusion. Elle ne l’avait pas encore remarqué jusque-là, mais celle-ci alimentait son corps d’un liquide translucide et non identifié. Madame Lee le regardait faire de ses yeux de poisson mort et n’esquissa pas un mouvement. Quand il eut terminé, le garçon déposa un baiser sur le font pâle de sa captive et lui murmura :

« Il faut vous reposer à présent mère. »

Il souffla sur les bougies et elle s’endormit comme une masse.

Elle s’éveilla une nouvelle fois.
Elle avait à présent les idées un peu plus claires, malgré le fait qu’elle ait l’impression d’être dans le brouillard le plus profond. Les mots se formaient plus ou moins bien dans sa gorge et naissaient de sa bouche, mais cette impression d’euphorie et de mal-être ne la quittait pas. S’il lui arrivait de tenir de la conversation avec Henry, il lui arrivait souvent d’en oublier le contenu quelques heures plus tard, ou son existence complète. Sans même le savoir, Madame Lee se laissait parfois aller à des confidences que même les moins honnêtes femmes ne diraient à leurs enfants. En fait, c’était étrange. Elle n’avait plus réellement conscience qu’il s’agissait bien de son fils devant elle. Peut-être quelconque puissance supérieure qui la tenait, là, prisonnière sur cette chaise. Il avait des mimiques calmes et étonnantes, qu’elle ne reconnaissait pas en lui. Il avait l’apparence de son garçon, mais ce n’était pas lui, présente dans sa chair. Comme si un autre esprit avait pris possession de son âme et dévorait son autorité. Son autorité à elle ou à lui d’ailleurs ? Elle n’en avait pas d’idées précises, enfermée dans cette incompréhension totale. Bizarrement, elle pensait qu’il en allait ainsi. Comme une longue prévision météo qu’elle aurait prédit des années avant, et qui se réalisait à présent. Elle était fière, de cet être devant elle.

« Annabel, il est bientôt l’heure. Nous avons un invité, je veux que vous l’accueillez avec tout le respect qu’il mérite, c’est une vieille connaissance après tout. »

Elle répondit d’un gloussement de fillette, et essaya de frapper dans ses mains malgré les liens qui l’entravait. Il eut un drôle de sourire et disparut dans le noir. Elle attendait à présent, en faisant quelques mouvement de balanciers d’avant en arrière comme l’auraient fait un aliéné. Un grand, un immense regard ravit dansait dans ses prunelles rouges de larmes et de folie. Il revint quelques minutes plus tard, traînant une grande malle derrière lui. Sa mère trépignait à présent :

« C’est qui ?! »

Henry ne dit rien et ouvrit la grande boite en bois. Une silhouette obscure s’y tenait, recroquevillée comme un fœtus. La femme tendit le cou pour mieux voir, mais sembla déçue, presque dégoûtée. Retombant bien au fond de sa chaise, elle souffla, boudeuse. Il s’agissait d’un squelette, au fond de cette tombe transportable. Ses os étaient d’un blanc sale et poreux, et déjà très abîmé. Le jeune garçon lui dit doucereusement :

« Voyons Annabel. Tu ne reconnais pas notre invité ? »

Elle gonfla les joues comme une gamine dépitée, et refusa de tourner le regard. Le jeune homme se dirigea vers elle, et se plaça derrière la chaise. D’une main de fer, il força sa mère à regarder de nouveau le cadavre en face, lui indiquant de mieux regarder. Elle fronça des sourcils, et plissa les yeux pour mieux voir. C’était un bien étrange cadavre, dans cette position déstructurée et bizarroïde. Il avait une chemise blanche et longue sur lui, ainsi qu’un vieux pantalon rapiécé. Un pendentif en forme de cœur se trouvait autour de son cou, emmêlée dans la cage thoracique. Les yeux de la gamine s’ouvrirent tout grands et elle s’exclama, folle de joie :

« OH HENRY ! Tu ne le reconnais pas ? C’est Charles ! C’est papa ! Papa est revenu ! Pourquoi ne me l’avais tu pas dis plus tôt mon chéri ?! C’est papa ! Papa est revenu ! »

Le fameux pendentif était en fait un cœur brisé en deux. C’était son mari qui possédait d’autre moitié de ce dernier. Seulement, ce que n’avait pas remarqué Madame Lee était que c’était bien sa moitié que lui montrait son fils. Celle-ci était tellement déboussolée et droguée qu’elle n’avait même pas remarqué que son collier, normalement toujours autour de son cou, avait disparu. Elle prenait à présent ce corps inconnu pour son mari disparu. La vérité était toute autre : La nuit précédente, le jeune garçon s’était rendu au cimetière et y avait déterré un certain Alphonse, pour ensuite lui faire enfiler une chemise et subtilisé le collier de sa mère. Elle pleurait et hurlait de joie à présent, mais la trouvant trop bruyante, il lui administra une nouvelle dose de tranquillisant, ce qui la calma quelque peu.

« Il se repose, il ne faut pas le réveiller voyons. Tu voudrais dormir avec lui ma chérie ? »

Elle hocha vigoureusement la tête de haut en bas et sembla tout d’un coup bien sérieuse, comme ces enfants en bas âge à qui on confie des tâches futiles mais qui pour eux représentent une chose énorme. Il prit un couteau et libéra la femme de ses liens, qui se leva un peu trop vite et s’écroula. Son fils, amusé, fixa le corps décharné de la femme ramper au sol jusqu’à son pseudo mari. Il voyait sa mère lui parler du bon vieux temps, de leur première rencontre et de son fils, devenu « un brave garçon ». Son fils, après quelques minutes de cette incessante litanie, en eu assez et posa sa main sur l’épaule de Madame Lee.

« Il faut s’endormir, à présent. »

Elle acquiesça et se glissa dans la boite. Il la referma définitivement avec des clous, dont il s’assura qu’ils seraient assez solides au cas où elle voudrait s’en échapper. Il passa ensuite dans le garage, ouvrit la grande porte et démarra le moteur de la voiture. Il tira l’énorme caisse renfermant le mort et sa mère de toutes ses forces et la plaça dans le coffre. Henry s’assit enfin sur le siège avant, respira un grand coup et fit avancer le pick-up dans la nuit. Il garda les phares éteints jusqu’à la sortie de la ville, là où il était sûr de ne plus se faire remarquer. La lune était ronde, cette nuit-là, et la route forestière devant lui brillait légèrement au contact de ses rayons. Le bitume était lisse et bien entretenu, ce qui lui permit de se rendre rapidement le plus loin possible. Il repéra une sortie de route et s’enfonça avec facilité entre les arbres, qui défilaient par les fenêtres. Il roula une vingtaine de minutes encore, puis stoppa le véhicule au beau milieu du bois. Henry descendit, ouvrit le coffre et en tira le cercueil de fortune. Il le tira sur une cinquantaine de mètres environ, et le déposa sur un tapis de feuilles mortes. Toquant contre la parois scellée, il demanda à sa mère :

« Comment vous sentez vous, Annabel ? »

Il entendit un bruit feutré à l’intérieur de la boite, elle passait parcourait de ses doigts fins la surface rugueuse du couvercle.

« Fort bien, merci. »

Une minute passa, longue, silencieuse. Puis encore une autre, et encore une autre. On n’entendait que le bruit du vent soufflant dans les arbres presque nus de leur manteau de feuillage, et l’on sentait le froid nocturne de l’automne déjà bien avancé s’insinuer dans les vêtements de Henry et son souffle chaud, devenir un grand panache blanc au contact de l’air glacial. La condamnée repris la parole, plus doucement cette fois.

« Je t’aime tu sais Henry. Je t’aime.
- Je vous aime aussi, Annabel Lee. »


Il alluma son briquet, dont la flamme, minuscule point orangé, dansait dans la nuit sibérienne et lui brûlait les doigts. Après l’avoir contemplé quelques instants les reflets radieux de celui-ci, il le jeta sur la boite qui s’embrasa. Les hautes flammes dansaient dans le ciel nocturne, et léchèrent bientôt l’écorce des arbres autour. Les langues de feu grandirent, grandirent, et atteignirent très vite la cime des branches, qui brûlaient sans retenue. Le cercueil n’était maintenant qu’une masse incandescente, et dont la vague de chaleur irradiait Henry, lui cuisant la peau, et contemplant le spectacle. Il fixa quelques dizaines de minutes la créature de flammes, faisant hurler les branchages brisés, puis retourna jusqu’à la voiture. Il roula lentement, regardant quelques fois dans son rétroviseur l’incroyable fournaise, devenue un monstre magnifique, terrible et gigantesque, dévorer la forêt de toute son avidité et dont les flammes s’élançaient dans le noir firmament.
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Message Re: h e n r y l e e l u c a s; i am the devil and i'm here to do the devil's work
par Invité, Dim 20 Avr - 22:01 (#)
C’est une bien grande ville.
Peut-être ne la connaissez-vous pas, ou mal, elle est immense et implacable, cette tentaculaire cité. Ne vous y perdez pas, oh, ne vous y perdez surtout pas. Les habitants ne sont pas des plus accueillants : Certains vous ignorerons, parlant dans leur téléphone, d’autre encore vous indiquerais un mauvais chemin, et quelques-uns prendrons vos affaires, comme des voleurs, comme des prédateurs misérables, vous laissant mourir sur le bas-côté, le visage ensanglanté par leurs coups meurtriers. Alors laissez-moi vous guider à travers cette ville trompeuse, tortueuse et cruelle. Car je vais vous emmener dans un endroit où vous pourrez laisser choir votre cœur sans en craindre les représailles. Là où se trouve l’oreille attentive qui saura vous conseiller, l’ami invisible qui ne vous laissera jamais tomber. Mais, prenez ma main à présent. Passons par cet espace vert, sur ce petit chemin de gravier roux. De nombreux chiens et maîtres s’y baladent, inversant les rôles quelques fois, les uns conduisant les autres, et inversement. Certaines mères discutent entre elles tandis que leurs enfants jouent dans le bac à sable, et dans les arbres un peu plus loin. Mais ne vous en préoccupez pas, tenez moi bien la main, je ne voudrais pas que vous la lâchiez malencontreusement. Nous y sommes presque, encore quelques centaines de mètres. Voilà, nous sortons du parc. Vous voyez ces grandes tours, un peu plus loin ? C’est plein de misères, de galères, de gosses dit « à problèmes ». Triste n’est-ce pas ? Mais ce n’est pas là où nous allons, il faut marcher encore un peu. Ne soyez pas pressé. Voilà, nous arrivons enfin. Il y a cette grande rue, bordée de maisons aisées. Au fond du jardin de l’une, il y a même deux poneys. Mais avancez encore un peu plus, c’est quelques maisons plus bas, sur le trottoir de droite. Bien. Vous voyez cette habitation ? Celle au grand portail noir, et dont le toit forme cet arc étrange dans le ciel blanc de l’hiver. Les tuiles déformées, immuables, vieilles et sévères supportaient sans peine la pluie, la neige et le vent, et donnait en accord avec le portail un aspect lugubre au lieu. Mais je vous en prie, entrez, c’est toujours ouvert. Allons, ne soyez pas timide. C’est autorisé. Attention tout de même à la marche, et soyez prudent, le givre sur les feuilles mortes au sol donne une combinaison très glissante. Feuilles provenant de l’érable planté à l’entrée, cela risquerait de vous faire tomber. Ah oui, il y a aussi deux escaliers. L’un, celui de droite, montant vers la maison. Tandis que celui de gauche, mais qui lui descend, semble nous guider tout droit vers la cave. Mais ne vous en faites pas, elle a été réaménagée. C’est d’ailleurs ici que monsieur reçoit après tout, vous le savez bien. Mais ouvrez la baie vitrée, je vous en prie, c’est qu’il commence à faire sombre dehors.. Lors de la saison froide, le jour cède à la nuit plus tôt, n’oubliez pas que les ténèbres nous envelopperons d’ici quelques minutes. Bien, refermez la porte à présent, bien que nous aimions recevoir, il n’est pas très confortable d’accueillir la morsure glaciale en ces lieux. Bien, nous voici dans l’antichambre. Quelques revues féminines trônent çà et là sur des tables basses, ainsi que quelques livres. Une plante et des chaises en plus, sinon, il n’y a rien d’autres. Maintenant, collez votre oreille contre la porte à double battant, celle juste en face de vous. Allons, un peu de courage, nous n’avons pas fait tout ce chemin pour rien quand même ? Très bien, comme cela, tout doucement. A présent; écoutez.

« …crois qu’il ne m’aime plus. Vous voyez, docteur, j’ai essayé beaucoup de choses : Changer de coiffure, de vêtements, de parfum, et même la décoration du salon ! Je ne sais plus quoi faire, et pour être franche, plus je me fais belle, plus il m’ignore, et plus que je sens mal physiologiquement et physiquement. Je ne sens mal dans ma peau tout simplement. »

La salle était de taille moyenne, le sol et le plafond étaient de la même couleur crème, et le sol quant à lui était recouvert d’une moquette marron chocolat, le même que celui des meubles disséminés dans la pièce. Une grande armoire, juste à côté de la porte, une bibliothèque pleine de livres anciens derrière le large bureau en ébène. Il y avait aussi un grand canapé en cuir, où bon nombre de passage l’avait abîmé pour laisser de profondes marques dessus, comme imprimées dessus par une vieillesse grandissante. Il y avait à côté de lui un grandiose fauteuil assorti, tout aussi ancien que son congénère. Mais personne ne se trouvait dedans. Il fallait se tourner vers le bureau, juste en face de la porte, pour apercevoir les deux silhouettes éclairées par la lumière voilée de la lampe en porcelaine. La première, celle qui venait de parler, était une femme d’une quarantaine d’année, aux cheveux blonds descendant en une cascade bouclée sur les épaules. Elle avait des yeux bleus sans profondeur et une simplicité de visage assez banale, cependant de nombreux traits tirés, amers, venait enlaidir ses traits déjà habituels. Elle eut un soupir, ne sachant plus que dire, et lança un dernier regard suppliant à son interlocuteur. Celui-ci se leva, et s’exprima enfin, d’une voix particulièrement calme et posée.

« Allongez-vous sur le canapé, Sofia. »

La fameuse Sofia s’exécuta et s’installa. Son psychologue la suivit et s’assit sur le fauteuil à ses côtés. L’homme était grand, il avait deux grands yeux jaunes cachés derrière une paire de lunettes bleues pétrole et ses cheveux aile de corbeau, tombant en quelques mèches éparses sur son visage s’il avait eu un peu plus d’expression. En effet, celui-ci ne trahissait aucune émotion particulière, et si il ne se mouvait pas, nous aurions pu croire à une anesthésie. Il avait des gestes lents, tranquilles et amples. Bizarrement, de cet être flegmatique se dégageait un étrange contrôle de soi et une puissance dissimulée derrière sa grâce de chat. Ses doigts étaient longs et fins, et sa peau d’une étrange pâleur faisait ressortir ses cheveux, étrange contraste de blanc et de noir. Il portait un costume simple et uni, dont les manchettes étaient ornées de boutons dorés rappelant la couleur surnaturelle de ses yeux. Le docteur emporta un carnet de cuir avec lui, ainsi qu’un stylo plume. Il reprit :

« Sofia, il n’est pas exclu que votre mari aille voir ailleurs. Cependant, vous devez en parler avec lui, gardez votre calme mais ne perdez pas de vue que la tromperie existe. Personne n’est parfait, mais vous vous faites peut être des idées. Sait-il que vous venez faire des séances de psychothérapie dans ce cabinet ? »

La jeune femme réfléchis quelques instants puis dit enfin :

« Il ne sait pas. Je lui ai dit que j’allais chez des amis, ou autre les précédentes fois. J’essaierais de lui parler, merci docteur. »

L’homme fit un gribouillage sur son carnet en mimant de noter quelque chose de très sérieux, et sa main droite, qui tenait le stylo tremblait imperceptiblement, détail impossible à remarquer pour la patiente. Il marqua une pause et se leva.

« Je vais vous préparer un thé avant que vous ne partiez, il ne fait pas chaud dehors. »

Et pour la première fois, il souriait.

La patiente resta assise sur le canapé et le vit disparaître dans les escaliers menant à la maison. Son regard d’un bleu terne parcouru la pièce, elle ne fréquentait pas cet homme depuis très longtemps mais elle se sentait bien dans son cabinet. Il y avait ces vieux bouquins derrière son bureau, cette odeur rassurante de thé et de bois marqueté, et le parfum de ce psy à la fois étrange et attirant. D’ailleurs, il ne s’était jamais absenté de cette salle en la laissant seule, et ainsi elle n’avait pu observer cette formidable bibliothèque. Elle jeta un regard circulaire, comme par peur que quelqu’un la surprenne et s’approcha de l’étagère. Elle prit délicatement ce qui semblait être un traité de psychologie entre les mains et y chercha la date de parution. 1850. Ses yeux s’agrandirent comme des billes, un ouvrage pareil sur le marché de l’antiquité devrait bien valoir le triple de son salaire mensuel. Elle le reposa et en parcouru les pages d’un autre au hasard. Il avait une couleur pourpre très intense, et la reliure était recouverte d’une très ancienne feuille d’or écaillée par le temps. C’était un livre d’histoire, dans lequel s’étendaient de superbes gravures de batailles et de lieux inconnus. Elle continua sa lecture avant d’être interrompue par une voix dans son dos.

« Intéressant, n’est-ce pas ? »

Sofia referma brutalement le livre, un peu trop pour sa valeur, pas assez pour l’abîmer. Elle le replaça sur son support avant de balbutier quelques excuses confus et de fixer ses pieds comme un enfant prit en flagrant délit.

« Ne vous excusez pas, j’en aurais fait autant. »

Il ne pensait évidemment pas un traître mot de ce qu’il venait de dire.

Le psychologue avant les deux mains prises par un plateau contenant deux tasses d’une fine porcelaine bleue et dorée, soutenues par de petites assiettes assorties dont se dégageait un léger parfum floral. Ils s’assirent et bures à fines gorgées, la patiente s’exclama.

« Mon dieu, c’est délicieux !
- Je peux vous donner la recette, c’est fait maison.
- Et bien si cela ne vous dérange pas, j’aimerais bien oui. »


Elle non plus ne pensait pas un traître mot de ce qu’elle venait de dire. A la nuance près que lui, savait ce qu’elle en pensait réellement.

Pour toute réponse, il prit une feuille de papier et écrivit quelques lignes dessus. Elle le fourra dans son sac et termina sa tasse avant de se lever.

« Merci docteur, je vais à présent… »

Elle ne termina pas sa phrase et se rassit brutalement sur sa chaise. Les mots qu’elle voulait formuler ne sortaient qu’en bouillie incompréhensible de sa bouche, ses yeux s’écarquillèrent comme deux billes d’effroi. Ses ongles manucurés s’enfonçaient dans le fauteuil ancien, et elle y remarqua les mêmes marques sur les accoudoirs que celles qu’elle était en train de faire. Comment ? Pourquoi ? D’autres avant elle ? Non. Non. Non. C’était impossible, totalement impossible. Allait-elle mourir ? NON. Elle ne pouvait pas mourir ainsi. Elle ne pouvait pas de cette manière, et elle ne pouvait pas tout court ! Une panique sans nom lui prit la gorge et s’entourait autour de son larynx comme un serpent perfide. De la pure angoisse l’étouffait malgré la paralysie, et ses sanglots n’étaient que des toussotements de chaton, ridicule, pitoyables et inutiles. Elle essayait de se débattre mais son intention qui était pourtant sauvage et désespérée ne se traduisait que par une imperceptible inflexion molle des épaules, dont chaque tentative se soldait par un cuisant échec. Prise dans sa panique, elle ne remarqua pas immédiatement que le psychologue s’était levé le plus calmement possible. Il retira sa veste et la posa sur le canapé de cuir, et prenant la jeune femme tétanisée dans ses bras, il la hissa sans ménagement sur son épaule, comme un sac de patates. Tout espoir était à présent perdu, car s’il ne l’avait pas empoisonnée volontairement, il se serait précipité sur le téléphone pour appeler des secours. L’homme et son paquetage se dirigèrent vers l’escalier menant à la maison, et alors qu’ils montaient, le regard humide et pétrifié de la victime fixait les dernières lumières du bureau qui disparaissaient au fur et à mesure de leur ascension, comme une terrifiante confirmation de son destin.



La maison était silencieuse comme une tombe. A part le bruit du vent sur les carreaux, rien, absolument rien ne bougeait. Les portes et le sol ne grinçaient pas, les rideaux ne bruissaient pas. Rien, tout n’était qu’immobilité. Enfin, il y eu un frôlement dans l’air. Vous savez, quand vous avez l’impression d’entendre quelque chose sans en être totalement sûr. Comme un rêve, un soupçon de mirage. Et là, vous ne savez plus. Chercher ou bien… ? La chose est-t- elle concrète ou est-ce un caprice de votre imagination ? Vos yeux fixent ce qui vous entoure : un salon. De lourds fauteuils sombres et marquetés sont disposés autour d’une table basse vernie, et autour sont installés quelques meubles anciens, parfois un peu défraichis mais plutôt biens entretenus. Et ces livres, oh ces livres sur les étagères. Certains d’une merveilleuse reliure flamboyante, d’autres plus sobres. Ces tapis persans ornés de motifs et d’arabesques compliquées, mais toujours cette couleur mélangeant le pourpre et l’ocre, le bleu et le rouge, l’or et le sang, et ces myriades indiscernables que le temps avait réduit à quelques éclats endommagés, regrets de sa gloire d’antan. Les murs eux étaient tapissés d’étranges patterns défraichis, plus foncés par endroits, comme si une tâche s’y était glissée et qu’une personne se serait appliquée à vouloir l’effacer mais pour la rendre plus grande encore. Ces étranges et inquiétantes marques semblaient descendre directement du plafond, sans pour autant en confirmer la provenance. En effet, certaines semblaient dégouliner de bas en haut.

Et de nouveau ce bruit.

Plus distinct cette fois, mais pas assez pour vous en indiquer avec précision la direction à suivre. Mais il y avait quelque chose de certain, c’était que ce n’était pas dans cette pièce, la vérité était ailleurs. Passant par une porte de bois, une nouvelle découverte s’offre à vous. La cuisine. Ces murs blancs faits de carreaux immaculés et étincelants tranchaient avec l’aspect très décoloré et sombre du salon. La cuisinière au gaz se trouve à gauche, noire de chaleur et de suif. Au dessus d’elle, des placards, toujours de bois, et à l’intérieur nous pourrions presque deviner la vaisselle et quelques denrées périssables. En dessous des tiroirs, l’un d’eux était ouvert en grand, laissant entrevoir des couverts. Fourchettes, couteaux, cuillères, couteau à huitre, petites cuillères, spatules en bois, économe, en d’autres ustensiles dont la plupart étaient d’origine ou de fonction inconnue. Juste en face, un frigo. Blanc lui aussi, et dont la stature glaciale était plus qu’imposante. Rien n’est indiqué dessus, pas même un post-it ou un aimant. Il n’y avait pas grand-chose de ce côté-ci, le bruit entendu quelques secondes plus tôt ne provenait pas de la cuisine. Il faudra chercher, juste un peu plus loin, gratter au-dessus du vernis parfait des apparences et de la surface. Une autre porte se trouve juste à côté du frigo, ce qui signifiait une nouvelle destination. La poignée grince un peu, que peut-il y avoir de l’autre côté ? Les Champs Elysées, ou bien les portes de l’Enfer ? Satan pouvait-il se tenir derrière cette porte, là, contre le bois usé ? A attendre que vous vous jetiez dans ses bras ? Et enfin l’obstacle cède, il n’y a pas de Grand Bouc prostré en face de vous, juste un couloir partant directement vers la droite. Et encore ce pattern décrépi, sale, étrange, couvrant ces murs anciens et fracturés. Le plancher à tendance à gémir sous nos pas, même prudents. Quelques mètres plus loin ( environ cinq ou six ) se trouve l’entrée de la maison, et le vieux bois du sol laisse place à du dallage en marbre de couleur noire et blanche. Observez bien ce sol, ces nervures dans la pierre ; comme des veines noires sur l’albâtre, et d’innombrables craquelures dans son contraire. La surface obscure renvoyait faiblement quelques reflets du plafond et de votre visage, faible et éphémère gravure sur cette figure de noirceur. La lumière du dehors passait par la fenêtre, et l’ouverture était incrustée dans la porte d’entrée sous forme de vitrail laissant passer une clarté étrange et quelque peu décolorée par le temps sur le sol et les murs. Cela offrait un inquiétant clair-obscur, et des ombres filiformes, tordues, grimpaient là où la lumière poussiéreuse ne pouvait passer, riant de sa méprise et jouant de la course de l’astre solaire. Des escaliers en bois plus ancien encore se dressaient, bossus, gauches et usés juste à côté de la porte d’entrée. La matière, craquelée jusqu’au plus profond de sa chair portait les traces d’un vieux verni à présent décapé sur la grande surface terne, presque sale. De ce même verni dont nous nous recouvrons, afin de briller en société, de paraître « normal », sympathique et ouvert. Cette chose inimaginable que nous appelons apparences, ou encore mensonges.

L’écho revint.

Cette fois ci, sa provenance était devenue concrète. C’était du haut de ces marches, juste au dessus du plafond blafard et plein de toiles d’araignées qu’il venait. On ne pouvait pas encore dire avec certitude ce que c’était, car le murmure était bref, sec. En fait, cela se rapprochait assez d’une matière liquide, une goutte tombant sur le sol. Mais où ? En haut. Pourquoi ? Il suffisait de monter à présent pour le savoir. Deviner, non, cela ne suffit pas. Il faut voir la vérité, la contempler dans toute son horreur. Mais je suppose que vous le savez déjà, cette situation est déjà révélée à demi-mots, et ce susurrement glacial à votre oreille pourra alors vous emporter à son passage. Pétri d’angoisse, vous continuez quand même. Les marches protestent en de légers grincements sous vos pieds, comme des grand-mères capricieuses face à la jeunesse impertinente. Le bois de la rambarde sous votre paume droite, et le mur froid, usé et légèrement humide à votre gauche, semble de plus en plus sombres et maltraités. Le pattern qui recouvrait cette partie de la maison était totalement ravagé par les aspects du temps guidait votre ascension, et la matière fibreuse, craquelée de tout son long vous semble familière malgré tout. Les fissures sont parfois si profondes que vous pouvez y glisser vos doigts sans soucis, et peut être imaginer quelques nids d’araignées frétillants de la grouillante armée en son sein qu’elles pourraient accueillir ou héberge déjà. Et enfin, le haut des escaliers. Prenant un virage à 90° sur votre droite, un long couloir s’étale sur plusieurs mètres. Les murs sont recouverts d’autres motifs anciens, les mêmes que depuis le début mais d’une autre couleur cette fois. Peut-être que plusieurs cinquantaines d’années auparavant le pattern avait été d’un pourpre profond, mais il ne restait à présent qu’un vague souvenir de gloire passée respirant la poussière et le décharné. Il y avait très peu de lumière, et les quelques rares et derniers rayons du soleil provenaient du rez-de-chaussée et d’une autre fenêtre tout au bout du couloir. Elle était jaunâtre, et sa clarté diffuse était d’une faible intensité. Il s’agissait d’un minuscule carreau rond qui touchait presque le plafond, et donc la luminosité était comparable à celle des vitraux d’une ancienne et oubliée église de campagne. Enfin vous avancez, vos pas raisonnent très faiblement sur le plancher, sauf quelques lattes contestataires qui grinçaient en quelques grognements plus ou moins sonores, mais heureusement peu nombreuses. Arrivé au bout du couloir, tout proche de la ridicule fenêtre, vous vous retournez. Votre ombre est projetée contre le sol en une immense silhouette, difforme, tordue et étrange. Un éclat fantomatique attire votre regard, une étincelle de rouille et d’or. Il s’agit d’une petite poignée en forme de rond, à votre gauche. Vous remarquez en fait que le couloir est tapissé de petites poignées et de portes très hautes et étroites. Celle qui vous intéresse est faite d’un bois brut et fissuré, car si un jour elle a été peinte, toute trace en avait à présent disparu. Elle était couverte de cicatrices étranges, dont une terrible qui courrait de haut en bas et dont la largeur pouvait laisser passer un regard humain. Approchant votre œil de la blessure, vous tentez de fixer l’intérieur de la pièce.

Ploc.

Relevant brusquement la tête, vous n’avez pas eu le temps d’apercevoir ce que contenait l’endroit. Votre œil fixe la minuscule fenêtre, mais derrière il n’y a que le balancement régulier du feuillage de l’érable planté juste devant la maison, et dont la cime n’est visible qu’ici. Mais ce n’était pas le même bruit, c’était le même mirage auditif que les minutes précédentes. Tout près, il est tout près. Vous n’avez qu’à tendre le bras, et vous atteindrez la porte dont provient le fameux murmure. Mais quelle porte est-ce ? Quelle ouverture mène à cette obsession qui vous taraude depuis que vous avez quitté le salon ? Regardez bien les différentes portes, fixez les bien. Peut-être bien que la solution s’imposera d’elle-même, voyons, réfléchissez bien. Là. Vous l’avez vu. Vous la remarquez enfin, cette autre entrée tout au fond du couloir. Prise dans l’ombre, entre les deux rayons de la fenêtre et le mur tapissé. Elle vous paraît plus abîmée que les autres, cette porte. Plus délabrée que le reste de cette maison déjà antique. Le parquet grince de plus en plus à votre approche, comme un avertissement, une interdiction. Une terrifiante mise en garde. Et pourtant, vous voici devant. Vous ne pouvez plus reculer, c’est trop tard à présent. Vous fixez la matière fibreuse, elle n’était pas seulement vieille, mais rongée par l’humidité et par un mal étrange et inconnu qui laissait de nombreuses trainées noires comme les veines d’un drogué sur son ensemble, mélange étrange de dérangeant de brun terre et d’un gris charbonneux. Votre main se pose sur la poignée abimée et légèrement déformée, le bruit du loquet est sec lorsque vous l’actionnez, et qu’enfin la gardienne ne se décide à s’ouvrir en grand.



Les flics avaient fait vite.
Bien sûr, il savait qu’ils viendraient, mais cette rapidité l’étonna. L’homme s’était préparé à leur visite à l’instant où il avait déposé son paquet dans les marécages, à quelques kilomètres de là. Il avait choisi cet endroit pour une raison plutôt évidente : Si les enquêteurs avaient un doute quant à son innocence, les quelques résidus de preuves ( si il y en avait, rien n’était moins sur ), avaient très certainement été détruites par les relents toxiques ou les animaux plus ou moins sympathique qui pouvaient peupler ces grandes étendues boueuses, puantes et très reculées. En fait, la seule chose qui pouvait prouver sa culpabilité se trouvait dans sa salle de bain, les traces devenues invisibles après le passage de la javel mais qui avec un petit test plutôt habituel à la criminelle pouvait aisément détourner. Comme quoi, la vie était foutrement bien faite : La police avait besoin d’un mandat pour fouiller sa maison, mais pour l’obtenir il fallait fouiller sa maison, mais pour cela avoir des preuves prouvant sa culpabilité qui se trouvait… Dans sa maison. CQFD. En plus de cela, il avait un alibi en béton armé, un sang-froid à toute épreuve ainsi qu’un talent de comédien inné. Il s’était entrainé devant le miroir plusieurs fois, et bien que ces quelques exercices fussent d’un ennui profond il devait s’y plier : identifier les sentiments sur le visage des autres est une chose, les reproduire sans ressembler à un poulet constipé en est une autre.

Les deux lieutenants s’étaient présentés en fin d’après-midi, quand le soleil commençait à décliner sa lente apogée. Ils frappèrent vigoureusement à la porte vitrée, de cette même manière qu’ont les hommes virils qui tentent de convaincre son interlocuteur ou lui-même de leur assurance et supériorité. Henry était assis dans un de ses lourds fauteuils du salon, devant la table basse. Il posa son livre, attendit quinze petites secondes et traversa enfin la cuisine et le couloir pour leur ouvrir la porte.

« C’est pour… ? »

Sa voix était pale, et tranquille. Il n’avait ouvert qu’à demi la porte, ne laissant pas les deux policiers voir à loisir l’intérieur de sa maison. Il y en avait deux, et selon leurs plaques ce n’étaient ni plus ni moins que des lieutenants. Le premier ( celui qui avait frappé ) était plutôt jeune, un albinos d’une trentaine d’années, peut-être moins. Il avait des piercings sur les oreilles et dans les cartilages de celles-ci. Il avait de grands yeux bleus gris, comme deux billes d’un quelconque joyau. Ses vêtements étaient assez atypiques, un blouson en cuir noir, un tee-shirt un peu déchiré en dessous, et un pantalon d’où pendait quelques chaines. Il montrait sa carte de lieutenant, et s’apprêtait à dire qu’il venait de la criminelle, et tout le blabla qui s’en suivait. Il avait un look assez décalé par rapport à son poste et travail, soit c’était un pistonné, soit un type brillant. Le deuxième homme était lui un peu en retrait, et contrairement à son partenaire était plus âgé. Il devait osciller vers la cinquantaine, peut-être plus. Une barbe naissante d’une couleur poivre et sel était en accord avec ses cheveux, de même couleur. Il avait les yeux d’un gris acier transperçant, et on pouvait sentir, contrairement à son ami, une expérience que seuls les vieux loups de mer acquièrent. Une chemise d’une couleur uni, un costume par-dessus, un pantalon un peu abimé et des chaussures qui avaient besoin d’un bon cirage : le parfait look du flic qui sait ce qu’il fait et qui montre aux autres sa supériorité en matière d’expérience. Bizarrement, on pouvait attendre une expression tendant légèrement vers l’arrogance avec ce genre de type, mais pas celui-ci. On ne pouvait lire sur son visage qu’un air détaché et pourtant sérieux. Cependant, on pouvait presque y deviner une indifférence morne, il en avait vu des pires.
Le jeune lieutenant albinos dégaina sa carte et eu la délicatesse de la mettre juste sous le nez de Henry. Le psychanalyste tiqua, ce n’était pas parce qu’il avait des lunettes qu’on avait besoin de lui fourrer tout à trois millimètres de ses yeux.

« Je suis le lieutenant Vladimir Nicolai Kalachnikov, et voici mon coéquipier le lieutenant Konstantin Hans Reinhardt, nous aurions quelques questions à vous poser.
- Entrez, je vous en prie, j’allais justement faire du thé. »


Ils entrèrent dans le vestibule obscur, et suivirent le propriétaire dans le couloir mal éclairé qui menait jusque dans la cuisine et le salon. Henry les invita à s’assoir avant de leur demander s’ils voulaient boire quelque chose.

« Jus de citron.
- Café, s’il vous plait. »


Leur hôte s’éclipsa dans la cuisine, dont il en revint quelques minutes plus tard, des tasses et du sucre posés sur un lourd plateau en bois peint. Ils burent quelques gorgées avant que Vladimir ne brise le silence :

« Je suppose que vous êtes au courant des raison qui motivent notre visite. »

L’intéressé hocha la tête gravement, il avait l’air bouleversé. Il déglutit avant de prendre la parole.

« Oui… Je l’ai appris ce matin. Et dire que je l’avais vue quelques jours avant… Elle avait de nombreux problèmes de couple, vous savez, et même si j’essayais de l’aider ou du moins de la soutenir, tout laissait à penser que son mari côtoyait une autre femme. Oh, je ne jette pas la pierre messieurs, mais ce sont des faits, et elle était tellement, tellement démoralisée par ça… Cette situation la minait complètement, j’allais justement lui prescrire des antidépresseurs.
- Vous pensez à la thèse du suicide ?
- Eh bien, il faut dire que…
- Je vous coupe tout de suite, ce n’est pas un suicide. »


Konstantin avait relevé la tête et s’était exprimé pour la première fois, sa mine était grave, sévère : il ne voulait pas perdre son temps.

« Mais… Que… Enfin. C’est un suicide non ? Vous insinuez qu’on l’a… Assassinée ?
- C’est en effet la conclusion à laquelle nous sommes arrivés. »


Henry failli rire, « la conclusion à laquelle nous sommes arrivés. » Même un gosse de sixième aurait pu deviner qu’elle ne s’était pas dépecée elle-même. Mais pour sauver sa couverture, il resta interdit. Choqué. ( Il avait vu ces réactions quelques fois, les sujets reculaient imperceptiblement les épaules, les sourcils se relevaient, la bouche s’ouvrait de quelques millimètre et il fallait imiter le regard du lémurien pris dans les phares d’une voiture. ) Puis, quelques tremblements venaient secouer ses membres.

« Monsieur Lee Lucas, nous savons que Sofia est venue ici le soir du meurtre. C’était pour une consultation, n’est-ce pas ?
- … Et bien. Oui. Si seulement j’avais su… Oh mon Dieu si seulement…
- Je suis navré de vous poser ces questions, mais, avait-elle des ennemis ? Semblait-elle différente ? Étourdie ?
- Non… Rien n’avait changé en apparence, elle souhaitait juste parler. Vous savez, la plupart des personnes qui viennent me consulter ne vont pas très bien, alors il est difficile de deviner si une personne va moins bien que d’habitude, ce ne sont pas les mêmes mœurs que dans la vie courante… Attendez… OH OUI ! Elle devait parler à son mari ! Je me souviens encore de ses mots. Je vais essayer de lui parler, merci Docteur. Elle avait décidé de mettre les choses au clair dès ce soir-là. Vous pensez à une dispute qui tourne mal ?
- D’après les premiers éléments de l’enquête, non. Nous pensons à un meurtrier, un meurtrier en série plus particulièrement. D’autres cas similaires ont étés constatés dans d’autres régions. C’est une personne isolée, elle a sûrement été surprise par ce malade.
- Ah… »


Les lèvres de Henry se pincèrent imperceptiblement.

« Bien, si nous avons d’autres questions à vous poser, ou si vous vous souvenez de quelque chose, appelez nous. Voici ma carte et celle de mon collègue, vous avez nos numéros personnels dessus, ainsi que celui au poste de police. Vous pouvez nous contacter à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. Merci pour le café.
- C’est moi qui vous remercie, bon courage à vous. »


Le psychiatre les raccompagnas jusqu’à la porte, et il attendit de voir la voiture disparaître dans l’allée avant de retourner dans le salon. Il débarrassa les tasses et mit les cartes de visite dans la poche de son manteau. Il vit son reflet accrocher un des miroirs sur le mur, et s’en approcha. Il avait la mine défaite, les cheveux quelque peu rebelles, les yeux rouges et, oh détail, les lunettes légèrement de travers. Passant ses longs doigts fins dans sa chevelure aile de corbeau, il réajusta ses traits, reprenant une mine vide et sévère. Décidément, le chagrin lui allait bien mal. Henry s’était retenu de rire plusieurs fois, surtout que de son point de vue sa comédie lui semblait parfaitement grotesque. Cependant, à l’annonce d’un possible tueur en série ne lui donna pas toute sa tranquillité, et son désir de pouffer avait disparu aussi sûrement qu’il était coupable. Il le savait, ces deux lieutenants ne mettraient pas longtemps à découvrir qu’il était toujours présent dans les environs des meurtres. De son enfance, il n’avait retenu que les foyers et les familles d’accueil éphémères, et son fichier devait trainer sur les étagères poussiéreuses d’archives à moitié rongées par les mites, mais bien existante. Il devait partir, et vite. Pas tout de suite, car on pouvait supposer sans trop se tromper qu’il devait être surveillé. Il pouvait presque sentir la présence du pauvre flic en civile dehors, qui devait se coller « le témoin d’une affaire qui vivait dans une maison flippante et qui de toute manière n’avait rien à voir avec le meurtrier ». Il se laisserait un battement d’une semaine, pour le moment l’autopsie ne devait pas être finie, donc une multitude de pistes s’offraient aux deux lieutenants ainsi qu’à leurs subordonnés. Il devait aussi laisser la maison telle qu’elle était, la bruler ne pouvait qu’attirer les chiens plus rapidement.

Il remonta à l’étage, et prépara ses valises à l’avance. Henry serait resté longtemps ici, presque quatre ans. Il s’était éprit de cette baraque sordide dès sa première visite, elle avait cet espèce de jenesaisquoi qui lui rappelait le manoir de son enfance. Ses fenêtres crasseuses, ses papiers peints antiques, son parquet grinçant, sa cuisine hors d’usage. Cette maison s’exprimait, contrairement aux autres nouvelles constructions qui étaient, elles, à l’image de leurs propriétaires : Propres, lustrés, sentant le white spirit et complètement dépossédé d’âme. Celle-ci, au contraire, protestait dès que l’on posait son pied sur ses vieux parquets, émettait des bruits dont la provenance était inconnue, sentait cette espèce d’effluve inconnue des vieux greniers et des bottes de pailles empilées dans des granges. Mais tant pis, on part, on revient, tout se dit, tout s’efface. Malgré tout, il devait garder avec lui quelques trucs dont malgré ses fréquents déménagements il ne se séparait jamais. La collection de Madame Lee par exemple, qui se trouvait dans sa salle de consultation en bas par exemple.


Dans la voiture enfumée de Vladimir, personne ne parlait. Konstantin avait les yeux perdus dans le vague, accoudé à la fenêtre ouverte, et regardait, morose, les paysages urbains défiler devant ses yeux. L’albinos lui restait concentré sur sa route, les yeux rivés sur le chemin goudronné. Ils restèrent ainsi quelques minutes sans rien dire, seulement bercés par le ronron du moteur et les irrégularités de la route, mais l’allemand fini par briser le silence :

« Quelque chose cloche chez ce type.
- Quoi ?
- Son jus de citron périmé. »




L’étagère était vide.
Il avait chargé ses affaires ainsi que celles de sa demi-sœur à l’arrière du pick-up rouge. Faux passeports, de l’argent de liquide, son service à thé, ses livres, fringues et son couteau de chasse. C’était une belle lame d’une trentaine de centimètres à bord crantés, il l’avait récupérée lors d’un de ses voyages en Italie, Sicile. C’était un vieux brocanteur aux yeux perçants qui le lui avait cédé pour quelques billets, avec ce léger air mafieux qu’ont les gens pouvant se reprocher quelque chose dans cet excès de confiance. Le manche, travaillé à la main était d’un marron lisse et verni, mélange d’ocre et de boiserie ancienne. Malgré le fait que cette merveille n’eut jamais l’occasion d’être exposée, et que personne ne pouvait en soupçonner l’existence, il en était très fier. Fierté assez grande pour le combler tout entier et le suffire à lui-même. Malgré le fait que le meurtre de Sofia seul ne l’avait pas particulièrement amusé, savoir que les autorités connaissaient son visage par contre rendait les choses dix ou vingt fois plus intéressantes. Bien sûr, il ne pourrait plus être tranquille pour le reste de sa vie ( pour peu qu’il l’ai été un jour ), mais cette poursuite à la fois étrange et infernale lui envoyait un frisson d’excitation dans l’échine. C’était décidé à présent, il partirait ce soir.

Henry passa une soirée des plus normales, il avait pris ses rendez-vous avec ses patients, mima une expression de profonde tristesse avec chacun d’eux, mais les deux lieutenants ne réapparurent pas. Il se douta qu’ils étaient en train de fouiller son passé, le psychologue voyait d’ailleurs avec une étrange exactitude l’allemand et le russe se noyer sous la masse poussiéreuse des archives alors qu’un simple coup de fil de sa part pour leur dire les informations qu’ils recherchaient avec frénésie, et même ce qu’ils ne cherchaient pas encore. « Je suis l’assassin, venez me chercher. L’arme du crime est rangée dans la boite à gant de la voiture et il y a du sang dans ma salle de bain. » Mais il ne ferait pas ce plaisir, car c’était de savoir cette infinité d’informations qui l’exaltait, tandis que d’autres pataugeaient.

Le hublot de l’avion laissait voir la piste d’aviation, les lumières artificielles de milliers de spots et une myriade de petits hommes tout d’orange vêtus. La lune était haute, en cette nuit d’hiver, et les étoiles invisibles se révèleraient uniquement lorsqu’ils auraient décollés. Henry n’était pas inquiet, aucune information ne semblait alarmante et faux passeport était parfaitement passé, et les forces de l’ordre ne connaissaient rien de lui. Il fouilla machinalement dans ses poches, histoire de s’occuper, et à sa grande surprise il retrouva le numéro des deux lieutenants. Prenant son téléphone, il appela Konstantin, sachant qu’ils avaient quelques minutes devant eux avant de décoller.

« Allô ?
- Lieutenant Reinhardt ! Comment se déroule votre enquête ? »


Il entendit au bout du fil un grand coup de frein et les protestations de son équipier albinos, plutôt virulentes et visiblement en russe. En plus d’être un piètre enquêteur, le lieutenant répondait au téléphone alors qu’il conduisait.

« Raclure.
- Oder nicht ? J’espère que vous vous portez bien, avez-vous fouillé ma maison ?
- Et même votre salle de bain.
- Une vraie salle de bain au luminol, non ?
- Qu’est-ce que vous allez faire, maintenant que tous les flics du pays sont derrière votre cul ?
- Ce que j’aurais dû faire depuis longtemps, très cher.
- Qu’est-ce que…
- Bonne soirée lieutenant Reinhardt ! Mes amitiés à votre délicieux collègue. »


Il raccrocha.

Konstantin voulu jeter son portable par la fenêtre. Dans l’habitacle, Vladimir restait silencieux. La voiture, qui avait fait une embardée sur le trottoir pour s’arrêter redémarra de nouveau, et ils roulèrent ainsi quelques minutes avant que le conducteur prenne la parole :

« Je te l’avais dit.
- De ?
- Qu’un truc clochait chez ce type. »


Les mains cramponnées au volant, on pouvait lire dans ses grands yeux gris une immense frustration.
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Message Re: h e n r y l e e l u c a s; i am the devil and i'm here to do the devil's work
par Invité, Dim 20 Avr - 22:03 (#)
RE BIENVENUUUUUUE MA FLY QUE J'AIME. Daengelo Han! Daengelo
Je suis tellement content que tu sois revenue ! GNOE Ta fiche est énorme omg. RIP Je vais aller lire tout ça. hihi Et j'ai trop hâte de rp à nouveau avec toi sdfkgjsfkhg Daengelo
Nam So Hyun
admin - the universe is full of intentions
Nam So Hyun
Répartition : 19/01/2014
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Message Re: h e n r y l e e l u c a s; i am the devil and i'm here to do the devil's work
par Nam So Hyun, Dim 20 Avr - 22:09 (#)
Han! HENRYYYY Han!

Ta fiche est juste énorme, et je PatPat d'avance les admins qui vont devoir la lire pour te valider hihi

Henry est trop ouf par contre Haww
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Message Re: h e n r y l e e l u c a s; i am the devil and i'm here to do the devil's work
par Invité, Dim 20 Avr - 22:10 (#)
Re-bienvenuuuue :3 .
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Message Re: h e n r y l e e l u c a s; i am the devil and i'm here to do the devil's work
par Invité, Dim 20 Avr - 22:11 (#)
bienvenue. Daengelo
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Message Re: h e n r y l e e l u c a s; i am the devil and i'm here to do the devil's work
par Invité, Dim 20 Avr - 22:14 (#)
RE BIENVENUUUUE ! Han! Han! hihi

C'est cool que tu suis revenue hihi Maisjeplainslesadmins RIP
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Message Re: h e n r y l e e l u c a s; i am the devil and i'm here to do the devil's work
par Invité, Dim 20 Avr - 22:15 (#)
Omg la taille de l'histoire RIP

Rebienvenue à toi Brille

Par contre pour ton Pseudo, il faudrait le mettre sous la forme de Prénom P. Nom et sans le point s'il te plait. Potté

Edit: Ou plutôt avec un tiret entre les deux Noms de famile du coup, je viens de voir que c'était tes deux noms Hum
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Message Re: h e n r y l e e l u c a s; i am the devil and i'm here to do the devil's work
par Invité, Dim 20 Avr - 22:42 (#)
rebienvenuuuue Haww par contre, faudra que tu mettes son emploi actuel du coup, plutôt que son futur Potté
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Message Re: h e n r y l e e l u c a s; i am the devil and i'm here to do the devil's work
par Invité, Dim 20 Avr - 22:45 (#)
Maaaddss bave HANNIBAAAAL Han!


Bienvenuuue Haww
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Message Re: h e n r y l e e l u c a s; i am the devil and i'm here to do the devil's work
par Guest, Lun 21 Avr - 1:41 (#)
Annouck. Brille
Re bienvenuuue Daengelo
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Message Re: h e n r y l e e l u c a s; i am the devil and i'm here to do the devil's work
par Invité, Lun 21 Avr - 3:01 (#)
Re-Bienvenuuuue Daengelo
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Message Re: h e n r y l e e l u c a s; i am the devil and i'm here to do the devil's work
par Invité, Lun 21 Avr - 11:52 (#)
Bienvenue. Daengelo
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Message Re: h e n r y l e e l u c a s; i am the devil and i'm here to do the devil's work
par Invité, Lun 21 Avr - 12:31 (#)
(Re) Bienvenuuue !
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Message Re: h e n r y l e e l u c a s; i am the devil and i'm here to do the devil's work
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