PRINTEMPS 1980, JAIME LESTRANGE (22 ANS) ∞ ATHANASIA RHODES (21 ANS)

Huit ans. Cela fait huit ans que la demi-sœur de Jamie a fait son apparition dans la famille des Lestrange au grand désespoir du gamin. Cette blonde, du même âge que lui, sortie de nulle part ; ça s'était fait comme ça, un jour, alors que Jaime venait tout juste d'avoir ses quatorze ans, son père s'était tout simplement ramené à la maison avec elle. Quand la femme de ce dernier l'a vu arriver, elle a frôlé l'évanouissement. Non pas parce que son mari venait de lui apprendre l'existence d'une fille qu'il avait eue avec une autre femme et qu'il la ramenait à la maison dans le but de la garder, non, mais bien parce que cette gamine avait le même âge que son fils. Cette Athanasia naquit en août 1958 et Jaime en février de la même année. Maman Lestrange était loin d'être bête, c'était même une femme très intelligente, il ne lui fallut pas longtemps pour connaître l'infidélité de son époux. L'atmosphère apaisée par les phrases bien tournées de Papa Lestrange, il versa la goutte qui fit déborder le vase déjà bien rempli : Athanasia est une métamorphomage. Rien de bien dramatique, certes, mais pas pour le petit Jaime qui, au fil des jours, des semaines, des mois et finalement des années se vit délaisser par son géniteur, bien trop occupé avec le don de sa fille. C'est donc un mois après cet événement que Jaime prit l'initiative de devenir un Animagus pour retrouver l'attention de son père et surtout lui prouver que ce n'est pas sa foutue maladie qui l'empêchera d'accomplir quoi que ce soit.

La lourde porte s'ouvrit pour laisser passer une grande et fine silhouette masculine avant de se refermer dans un grincement grave. Un léger sourire se dessina sur le visage blême du jeune homme. Aujourd'hui âgé de vingt-deux ans tout juste, Jaime Lestrange venait de réussir l'un des plus grands objectifs de sa vie : celui de devenir un Animagus. C'était la huitième fois qu'il passait devant ses professeurs pour tenter d'effectuer sa transformation. La première fois, la première année de son apprentissage, il n'avait pas pris son Ritalin, tremblait de nervosité et dû quitter la salle pour ne pas s'énerver contre lui-même. C'est suite à cet échec qu'il prit la décision de prendre les choses en main, grâce à l'aide précieuse de sa mère. Médecins, psychologues, professionnels de la santé et de l'éducation, le traitement multimodal quoi. Aujourd'hui encore il continue à en voir la plupart ce qui lui a permis de réduire considérablement ses symptômes. Des années de travail acharnées, c'est par chance la huitième année qui fut la bonne, il avait pris ses médicaments et était plus concentré que que jamais. Il se contenta de crisper légèrement ses yeux clairs et d'effectuer à la lettre ce qu'on lui avait enseigné. Et POUF. Sans qu'il ne voit rien venir il se retrouva à quatre pattes. L'environnement autour de lui semblait plus petit. Enfin du moins, c'était lui qui avait rétréci. Les professeurs avaient baissé les yeux et aperçurent un félin déboussolé. Ce chat noir regardait tout autour de lui avec ses grands yeux azur, sa queue  se tortillait avec une élégance époustouflante, tel un serpent. L'une des enseignantes rajusta ses lunettes, jeta un dernier regard détaillé à l'animal puis se mit à griffonner un bout de papier avec sa plume. Un sourire satisfait et fier s'afficha sur ses lèvres, puis sur celles des autres professeurs qui avait suivi le jeune homme depuis ses huit ans de formation. Jaime comprit tout de suite qu'il avait réussi il voulait hurler de joie pour montrer sa satisfaction mais au lieu de ça, il se mit à miauler ce qui provoqua le rire de l'assemblée. Le garçon reprit sa forme humaine et fit une révérence tout aussi élégante que le chat qui venait de disparaître.

Traversant la cour de Poudlard en courant aussi vite qu'il le pouvait, Jaime sentait l'effet du Ritalin s'estomper mais il s'en foutait comme de l'an quarante, tout ce qui comptait pour lui à présent c'était de montrer à sa demi-sœur ce qu'il savait faire. Pour la faire rager, même si des années s'étaient écoulées depuis leur froide rencontre. Il croisa cette dernière non loin du lac, elle était seule et se contenter de lire un livre comme si de rien était. Le brun s'arrêta à quelques mètres d'elle, reprit sa respiration et l’interpella. La blonde se retourna, elle sembla surprise de voir son demi-frère, faut dire aussi que rares sont les fois où Jaime lui adresse la parole dans l'enceinte de Poudlard. Les deux paires de yeux bleus se regardèrent. Il est vrai que les deux jeunes gens n'avaient pas la même mère mais le frère et la sœur avaient cependant quelques traits en commun, leur regard était assez identique, ce qui explique certainement le fait qu'il pouvait se comprendre sans trop se parler. Quand Jaime sentit le regard interrogateur d'Athanasia il fit un sourire en coin, refit exactement ce qu'il avait fait devant ses professeurs, quelques minutes auparavant puis cette impression que tout venait de rétrécir autour de lui réapparue. Il avait réussi, la bouche grande ouverte et l'expression de surprise de la blondinette le confirmaient. L’œil perçant du félin regarda un moment Athanasia avant de disparaître une nouvelle fois pour laisser place à l'apparence humaine de Jaime.

« Tu vois, tu n'es pas la seule dans la "famille", accompagna-t-il d'un signe de guillemets avec ses doigts, moi aussi j'ai un don. »

À ces mots, il glissa ses mains dans sa veste aussi noire que le pelage du chat dont il avait pris l'apparence et tourna les talons en direction du château. Ce n'est pas vraiment qu'il détestait sa demi-sœur, en fait c'était plutôt de la jalousie qu'il exprimait sous forme de haine : à cause d'elle son père ne s'occuper plus de lui. Cependant ce que Jaime avait réalisé deux ans plus tôt, pas longtemps avant l'apparition des patronus, c'était que grâce à l'arrivée de sa sœur et donc au délaissement de son père, le jeune homme a eu quelque chose que la moitié des enfants de sang-purs n'ont pas eu : le choix.