La pluie s’abat sur ton visage rougit par le froid. Tu tousses. Tu sens les gouttes couler le long de ta chevelure brune, venant tremper ton visage. Vertiges, si désagréable sensation d’impuissance. Tu tangues un moment, puis tes jambes finissent par flancher sous ton poids. Tes mains se raccroches de justesse au muret devant toi, suspendant ainsi ta chute, quelques secondes. Mais tu finis par lâcher, finissant par terre dans l’herbe humide, non loin du lac. Choc. Ta vision retrouve peu à peu une certaine netteté. Tu es comme du coton. Mou et sans chance d’influer sur ce qui ce passe. C’est fou comme tu te sens impuissant dans ses moments là. Wendigo caquète mollement, te rappelant que tout ça et encore de ta faute, et toi tu souris, presque fier de toi. Tes yeux se plissent à cause de la lumière aveuglante de la lune au dessus de toi. Elle déverse sa lueur dans le lac, scintillant de mille. Tu tentes de te relever, mais quelques choses t'en empêche. La douleur te fais vaciller, et tu restes donc par terre, patientant en espérant que ce soit pas un professeur qui te tombe dessus. Puis vingt minutes plus tard, un type de Poudlard qui a l’habitude de se promener dans le coin -fort heureusement-  se rapproche de toi afin de t’aider à te relever. Il faut toujours que tu croises les gens au mauvais moment. Dans le reflet de ses lunettes, ton double semble pathétique mais toujours de bonne humeur. Ses cernes et ses joues se creusent. De plus en plus. Au fur et à mesure. Et ce n’est pas pour autant que tu arriveras à mieux dormir ce soir. La fatigue gagne du terrain. Et Wendigo est toujours là pour te réveiller dès que l'aube pointe le bout de son nez. Saleté de coq. Tu palpes ta plaie au niveau de ton épaule histoire de voir si elle est guérit, comme par magie. Après tout, on est à Poudlard, rêver est toujours permis. Tu ressorts la main de ton tee-shirt puis aperçoit la substance rougeâtre à l’odeur ferreuse qui macule tes doigts. Visiblement, non. T’aurais pas dû accepter ce pari. Tu savais que ça allait pas bien finir, mais tu ne t’en es pas soucié suffisamment. En plus, ce n'est pas comme si ton patronus ne t'avais pas prévenu. Il n'a fait que ça pendant toute la journée.  Tu te dépêches de cacher ta main derrière toi afin de ne pas montrer ça à ce mec. Ce serait pas bon pour toi. T’as risqué gros en te rendant dans la forêt ce soir, juste pour ramener un poil de centaure à un de tes acolytes. Et c’est même pas eux qui t’ont blessé, tu t'es tout simplement prit un arbre au retour. Heureusement que ce n'était pas le saule cogneur, sinon t'aurais été bon pour St Mangouste, voir le cimetière Brown.

« Osh ! Qu’est ce que tu fous par terre Raubahn ? C’est pas la saison pour un bain de soleil, t’es au courant ?»
« Je compte les gouttes pour un sondage, ça se voit pas ? Tu veux m’aider ? »

Question stupide, réponse stupide. Tu ironises, faisant mine de rescencer les perles de pluies qui tombent du ciel sombre en les pointant du doigt. Oui, faut avouer que tourner les autres en ridicule, ça t'as toujours amusé.

« Mince, tu m'en a fait loupé une... »

Tu mines un air désolé. Le type te regarde avec de grands yeux, atterré, puis il s’apprête à repartir. Tu saisis la main qui t’es tendue sans la moindre délicatesse.

« Ouai nan j’déconne t'sais bien. En plus, il fait nuit, connard, c'est pas le pied pour compter.»

Tu te redresses avec lenteur, te mordant la lèvre inférieur pour ne pas hurler à cause de la douleur. Puis tu cherches une excuse, faudrait pas qu’on te soupçonnes d’avoir un quelconque rapport avec l’escapade de ce soir. Ce serait mauvais pour ta peau. Tu préfères passer à l’infirmerie voir Zeck plutôt que d’avoir le droit à une beuglante de tes parents dans le courrier du petit matin, c’est même mille fois préférable. Rien que d'imaginer le carnage dans la salle bondée de monde, ça te donne envie de frissonner.   

« Fin cherche pas, je me suis vautré en trébuchant en haut de la colline. C’était plutôt sympa, si on omet le fait que je vais devoir me racheter des côtes plus un coccyx et peut-être une épaule, tant qu’à faire… Tu penses que je pourrais trouver ça à barjow et beurk ? Après tout, ils touchent un peu à tout là-bas, d'après ce qu'on m'a dis.»

Ton ami se plie en deux, hilare. Et toi tu souris, dans toute ton inconscience. C'est pas vraiment un mensonge cette fois ci, t'as mal partout. Mais faudrait qu'un jour tu comptes le nombre de bobards que tu sors par conversation. T'es presque certain que tu pourrais tenter un record.

 « Pourquoi t’as appelé personne nabot ?»

Tu le regardes comme un demeuré avant de hausser les épaules avant de répondre avec une voix nasillarde particulièrement ironique.

« Yosh Dude, oui je t'appelle par télépathie, parce que j'ai pas de hiboux, et que Wendi a pas la fois de me ramener. Tu me croiras jamais, j’ai plus la force pour remonter. Et non c’est pas une blague. Allez viens me chercher maintenant. C’est plutôt loin du château, va falloir que tu viennes à pied sous l’averse en plus vu qu’à Poudlard, y’a pas de voiture, en plus t’as défoncé la boîte au lettre des voisins avec celle de ta mère, du coup elle te la file même plus. Oy ?…»

Silence radio.

« C’est pas contre toi mais à mon avis, je serais resté aussi longtemps ici si j’avais eu des capacités innées télépathiques.»




Moue songeuse. Regard Lointain. Jus de Citrouille en main. Tu soupires en pleine discussion, blasé. Affalé dans la grande salle, les jambes allongées sous une des tables représentant les 4 maisons, tu lèves les yeux au ciel sans te soucier de ce qui t'entoure. T'as appris il y a peu de temps les nouvelles frasques des cousines Brown. Déjà, quand t'avais croisé Rosh' sans ses longues mèches virevoltantes, ça t'avais bien choqué. Tu lui avais même demandé si elle ne s'était pas fâchée avec son coiffeur. Mais là, en plein jour, de près, tu trouves ça encore plus hilarant. A la grande table, t'aperçois aussi Michaela, qui dans le genre Brown, n'est pas à blâmer non plus. Vol de magazine à un Serpentard, plus autres conneries à son actif, et récemment, pointes des cheveux massacrés par l'autre folle de cousine. Ce jour là d'ailleurs, Roshario ne s'était pas arrêté là. Après avoir malencontreusement bousillés (quoi que au final, ça ne lui allait pas si mal que ça) la chevelure de Micha, elle lui avait volontairement sauté dessus avant de se mettre à jouer des poings. Certes, tu n'étais pas tout blanc dans l'histoire non plus, t'avais pas cherché à la stopper gentiment. Ton côté impulsif s'était déchaîné sur ta cousine, aussi bien que tu le faisait avec tes frères lors de vos jeux. Mais ce jour là, t'avais fini par reprendre le dessus, et t'avais pas cessé de frapper. Et elle, elle t'avais laissé cette sale balafre sur la joue gauche. Tu passes ta main sur le dit endroit, résistant à l'envie d'enlever la croûte, comme tu faisais avant. Morale à retenir, tu cherches une Brown, tu la trouve.  

Il n'y a pas à dire, cette famille est dingue. Tu souris rien qu'à cette pensée. Tu te souviens sans nul mal de tes jeunes années, et de la tête affligée de tes parents te voyant enchaîner bêtise sur bêtise. Embêter tes cousines à l'époque, c'était ton job à plein temps. Rien de bien méchant, juste taquiner, mais qu'est ce que t'aimais ça. A n'importe quel endroit, t'étais capable de dénigrer n'importe qui. Tout le monde te supportait malgré tout, mais faut avouer que les coin de la maison Brown, tu les connais tous par cœur. Jouer sur les mots, ça te plaisais. En cuisine par exemple, tu rabâchais l'anglais de ta mère en jouant l'enfant modèle "Techniquement Maman, c'est du jambon, et ça se tranche, ça ne se coupe pas." Autant dire que tu ne comptais même plus le nombre de fois où t'avais été contraint de filer dans ta chambre. Et plus récemment, t'avais commis une bourde avec le raté complet de Roshario sur les cheveux de Michaela. "On dirait presque une Brown." Ah oui, sur le coup, ça t'avais fait bien rire. Mais que toi. Tous les autres membres de la famille avaient parus éberlué. T'étais pas sérieux quand t'avais dis ça. Mais les Brown avaient toujours eu du mal avec ton humour. T'étais le dernier de leurs fils, et celui qui leur en avait fait le plus bavé. Déjà petit, t'avais la fâcheuse tendance de disparaitre et de refaire surface quand on s'y attendait le moins. Puis même quand tu étais arrivé à Poudlard pour ta première année, on t'avais tout de suite classé dans la catégorie des futurs emmerdeurs. T'étais celui qui sortait les vannes les plus space, celui qui alignait les conneries. Même quand on t'avais expliqué les problèmes avec la mère de Michaela, tu n'avais rien pris au sérieux. Mais malgré tout ça, tu étais là, assis à cette table, à dévorer des yeux les divers mets en se demandant quelle potion tu pourrais ajouter dans le verre de ton voisin pour amuser la galerie. Puis il croise le regard de Roshario.

Et rien que ça te laisse un goût amer dans la bouche, te rappelant que tu n'es pas pardonné. Les filles et leur susceptibilité.. T'entends les rumeurs montantes des conversations, les rires gras des autres élèves, et tu finis par constater, qu'aujourd'hui, il ne fait pas super beau. Toi qui n'avait pas spécialement envie d'aller en cours, tu te sens presque pardonné. Pourquoi bosser si il y a un temps de merde ? C'est juste tellement plus déprimant. De plus, il faut avouer que la botanique et les cris de mandragores ne t'attirent pas plus que ça. Alors autant rester loin des serres pour conserver tes tympans. Tu es logique. Et tant pis si tes professeurs ne comprennent rien à la vie. Certes, tu prendras sans doute cher en rentrant à la maison pour les vacances pour avoir loupé les cours. Mais ça vaut le coup, selon toi. Wendigo caquète avec agacement. Encore. Tu le fixes. Il te fixe. Puis tu rigoles devant sa face de poulet effarouché avant de te lever et de quitter le réfectoire, sans dire mot à personne. Tu passes la porte et disparait. Certains te croirons sans doute malade pour ne rien avoir fait de tordue. D'autres se convaincrons que tu as bizarrement changé après avoir avalé une potion d'amabilité ou je ne sais quelle autre connerie. Mais non, t'as juste pas envie de jouer les larves ce matin, c'est tout.



« Haaan, ça me tue ! Elle est complétement arriérée cette nana. J'te jure. Elle parle à son chat, elle se confie à son chat, elle lit des histoires à son chat, elle fangirlise sur son chat... SUR SON CHAT MERDE ! SON CHAT ! » Et toi tu te confie à un coq... T'observes Wendigo à côté de toi qui se marre alors que tu piques ta crise. Au final, ce poulet c'est un peu devenu ton confident en plus de ton porte poisse. Dès qu'il te vois en mode morose avec ta tronche de frustré, il te convoque sans appel dans la chambre et te place sur son canapé -non sans te filer deux trois coups de bec au passage- avant de t'inciter à déballer tout tes problèmes sans en omettre un seul, quitte à louper les cours qui l'intéresse. Bien sûr, vu que tu ne peux rien lui passer sous silence vu qu'il est H24 avec toi, tu lui déballes quasiment tout ce qu'il sait. Et tu affiches un certain mutisme quand il s'inquiète sur ton état d'esprit. Comme avec tes parents à table quand ils tentent de t'arracher des informations sur ta vie à Poudlard. Bref, tout le topo des petits vieux inquiets en train de s'arracher les cheveux quant à ton silence blasé et de leur inquiétude pour tes études. Déjà que t'as horreur de parler de toi... Alors le faire en plein repas de famille avec les quatre frères et les deux cousines qui t'ont vu grandir, c'est juste cauchemardesque. T'as pas forcément envie de leur faire part de tes plans, ni de tes envies, encore moins de tes coups de bluz à la manière d'une putain de série tragique. T'es bel et bien l'unique homme de la famille. Celui qui porte les couilles et qui n'hésite devant rien. Tu es le plus insouciant, et à force, ils s'y sont tous fait. Tu t'es forgé en accumulant les conneries. Et maintenant, t'es un homme, un vrai. T'es celui pour qui dévale les escaliers en courant avec le soutien gorge volé à une fille de ta maison, dévoilant fièrement ton trophée à la communauté. Celui qui passe son temps à transgresser les règles et à recevoir des beuglantes insupportables au petit matin. Celui qui emmerde le monde. Celui qui touche à tout, jusqu'à trouver sa limite.  Puis quand t'as ce que tu voulais, tu te casses.

Pour en revenir à cette histoire de chat, tu as de plus en plus de mal à comprendre cette histoire de patronus. Les filles font plus confiance à ses bestioles qu'à tes conseils, et il faut avouer que ça te saoule. Elles sont absurdes et chiantes. ça oui t'es au courant. Mais attirantes tout de même. Ce cas dont tu parles, c'était ta copine depuis trois semaines. Faut avouer qu'en temps normal tu lui aurais dis non, mais les circonstances ont fait que t'as accepté, et que depuis ce jour elle te casse les pieds. « Robbie !! ça te dirais d'aller au bal with me ? C'est dans quelques jours et j'ai toujours pas de cavalier et je me suis dis que... S'il te plaît.» Voila ce qu'elle t'avais sortis. Sur le coup tu l'avais trouvé mignonne. T'étais loin de penser qu'elle était du genre à faire autant de chichis. Mais t'aurais dû te méfier. Les mauvaises choses te tombent toujours dessus. T'avais répond comme le bon connard que t'étais.  «Et pourquoi je ferais ça ? J'ai franchement une tête de type à se rendre à un putain de bal ?» Ah oui, ta gentillesse habituelle. Tu lui avais quasiment craché dessus, mais elle, elle avait continué, elle s'était accrochée. Elle t'avais pris par les sentiments. «Parce que ce serait cool de ta part.» T'avais pas l'habitude d'être vu comme un type cool. ça t'as fais bizarre sur le coup, mais t'as continué à te renfrogner. « Une fille m'a filé 20 balles pour que je l'accompagne.» Mensonge. Encore. T'avais lâché ça normalement. Genre c'est la base qu'on te paye pour aller supporter une nana une soirée entière dans une fête pour adolescents pré pubères. Puis elle, elle avait rétorqué direct, sans te laisser le temps de te barrer. « Je t'en filerais 40 si tu y vas avec moi.» T'avais manqué de t’étouffer. Tu pensais vraiment pas qu'elle allait tomber dans le panneau. Tu n'étais même pas sûr qu'il existe une Ayame que tu connaisses. M'enfin, t'avais finis par dire ok. T'as fais une belle erreur.  Et depuis, t'as subis cette fille. T'étais casé avec une psychopathe te stalkant toute la journée et t'empêchant de faire ton boulot. T'avais beau en parler à Wendi, ça n'arrangeait rien. Une plaie plaie cette fille. Tsss. Remarque, niveau conquête, tu as collectionné les cas et les clichés. T'es pas aussi perspicace que tes frères quand il s'agit du grand amour. Mais t'y travaille. Un jour peut-être, qui sait ?