« Tu es celle que tu es aujourd'hui, mais avec Julian tu deviendras quelqu'un de meilleure. Tu arrêteras d'être une petite gamine capricieuse qui n'en fait qu'à sa tête ! » Les mots de ma mère. Les seuls depuis des mois, je crois. J'étais plus la petite fille d'autrefois, plus avec elle en tout cas et j'étais dépassée parce que je comprenais rien. Une coupure, un truc qui se brise entre deux personnes ce n'est jamais bon, ça ne l'a jamais été et c'est bien pire lorsque cette personne n'est autre que la personne qui vous a mise au monde. J'encaisse, j'ai toujours fait de cette manière parce qu'elle ne verra jamais de la tristesse dans mon regard, je me l'interdis. Je revenais peu à peu sur ses mots et surtout sur le prénom que ses fines lèvres avaient prononcé. Un certain Julian. Qui était donc ce blaireau dont ma mère semblait être tombée amoureuse ? Il me disait vaguement quelque chose, un peu jeune pour la vieille. « Il est pas un peu jeune pour toi ? » C'est moche et puis avait-elle pensé une seule seconde à son mari ? Non, s'était bizarre. Il y avait autre chose, un truc que j'avais pas saisi. Un petit rire aiguë s'était échappé de sa bouche, un rire laid qui chante pas jusqu'à tes oreilles, le rire nerveux qui annonce la couleur. Elle avait tourné les talons et me faisait dos à présent, pas très poli mais je restais là debout et immobile. Un peu cruche pour le coup de pas comprendre. « Ne sois pas stupide. Je parle de Julian et de toi, parce que nous t'avons promise à lui. Il est d'une bonne famille.. » Blague. Une farce, rien de plus. J'étais estomaqué par la bombe qu'elle venait de lâcher, ouais s'était une bombe. Elle s'était doucement retournée, un petit sourire arborait ses lèvres, elle semblait plus sereine à présent comme si elle venait de se soulager d'un poids énorme. La bouche entre-ouverte, aucun mot ne semblait vouloir sortir, fasciné par le sourire de ma mère. Et puis, elle s'était avancée vers moi, réduisant ainsi le vide entre nous pour me prendre contre elle. J'en eu les frissons, de cet accolade, de ce moment de tendresse. « Tu verras, tu iras mieux. » La phrase de trop, celle qui réveilla mon animosité. Elle aurait du se taire, ne rien dire de plus. Je la repoussais presque violemment, elle en fut troublée. « Pauvre femme. Tu te fous réellement de ma gueule ? Je ne suis pas cinglée bordel. Bipolaire, c'est rien comparé à ta connerie. Je suis ta fille, merde. Tu me dégoûtes. » J'étais écœurée et je m'étais enfuis, enfin j'étais juste allée quelques rues plus loin chez mon meilleur ami et elle le savais. Il était mon pilier depuis des années, c'est pas facile avec lui parce qu'on s'entrechoque souvent, on se percute, on s'en fou pleins la gueule mais on s'aime. Beaucoup trop, c'est sur ouais. Il est mon sauveur, celui qui me calme lors de mes crises. Enfin quand je dis calmer c'est juste qu'il me surveille et prend soin de moi, parce que je fais bordel ou que je me terre dans mon trou. Il est la lumière au bout du tunnel, ma lumière à moi. On s'accroche l'un à l'autre, on s'accroche à nos sentiments, à nos engueulades, à nos retrouvailles, peut-être qu'un jour on s'entre-tuera. Oh oui, c'est certain.    

Poudlard. Poudlard. Une putain d'école qui m'a toujours fasciné et me fascine encore aujourd'hui. Onzième année et pas des moindres. J'ai pas toujours été l'élève exemplaire, mais je fais un peu partie des murs, mes meubles, maintenant. Un meuble imposant et qui fait parler de lui, un truc qui passe pas inaperçu, c'est moi ce machin. La magie n'a jamais été quelque chose de facile et d’inné chez moi, comme beaucoup d'autres je pense, mais j'en est bavé bordel. Et puis, il y a cette foutu guerre entre les bons et les mauvais et l'arrivé du sois-disant sauveur de Poudlard. J'ai pas vraiment d'avis sur ce type, ce  Augustus Powell. Certains sont complètement sous son emprise, d'autres complote derrière son dos, en toute discrétion. Moi je m'occupe de mes affaires, le reste c'est le cadet de mes soucis ou alors je joue sur les deux tableaux. J'aime bien et c'est amusant, faut bien que je me divertisse de temps en temps. Non mais sérieusement, on s'en tape.  

J'ai jamais eu à me plaindre. C'est vrai, j'ai eu une enfance tranquille et je n'ai jamais manqué de rien sauf peut-être de l'attention de ma mère à partir d'une certaine époque. Ouais, elle a jamais accepté que je sois " différente " pour pas dire barge, ce qui est assez drôle parce qu'elle est une grande mage dans le domaine de la médecine. C'est toujours différent quand c'est son enfant qui est concerné. Je comprends, enfin je crois. Je vais pas la blâmer, c'est pas de sa faute après tout. J'ai du mal à me souvenir de la première fois où on s'est aperçu que quelque chose ne tournait pas rond la-haut, je devais être jeune. Je me souviens simplement du moment où je suis entré à l’hôpital, s'était pas joyeux, joyeux. J'en ai jamais voulu à personne. Je ne m'éterniserai pas à ce sujet. L'hôpital s'était un vrai bordel mais j'ai survécu, je crois. Un traitement approprié m'avait été prescrit et je pouvais reprendre ma vie, ou presque. J'ai fais une crise, il y a quelques jours. J’appelle ça des crises parce que j'ai pas d'autres mots et que ça convient le mieux. Je le ressens quand je suis différente, je suis pas débile mais je ne contrôle rien, c'est dans ma tête et je peux pas me battre. J'ai plus de contrôle, je suis une autre personne. Crois pas que je sois schizophrène, c'est pas le cas. Je suis pas tarée à ce point. Je m'en souviens parce que j'étais dans une phase d'euphorie et de plénitude totale. J'ai l'impression d'avoir le contrôle sur tout et sur tout le monde, d'être un être suprême. Un besoin d'extériorisé, de m'envoler encore plus haut et de faire partager mon bonheur si soudain. J'aurais pu crevé que ça m'aurait fasciné, sans doute.