Des lettres déconcertantes, Corabelle en avait déjà reçue. Mais celle-ci atteignait le haut du panier. Angelo était –avait été- son ami, depuis de nombreuses années. Avant qu’il ne perde la vue. Avant qu’il ne devienne ce type exécrable qui s’en prenait à tout, qui buvait à outrance et qui couchait avec n’importe quelle fille qui disait oui. C’était ça qui avait mis fin à leur amitié. Non, Cora n’a jamais couchée avec lui. Angel lui avait juste dit des choses odieuses, l’accusant de ne pas l’aider à retrouver la vue alors qu’elle étudiait la médecine magique. Certes, si les médicomages n’avaient rien pu faire, ce n’était pas la pauvres étudiantes qu’elle était qui aurait pu faire grand-chose. Mais le jeune homme lui en voulait, s’était mis en colère contre elle et cela avait suffi à la pousser à ne pas revenir vers lui. De toute manière, il n’était pas revenu la voir non plus. C’était bien la preuve qu’il lui en voulait, pas vrai ?! Et deux ans c’étaient écoulés… Et maintenant, il lui donnait rendez-vous. « Tu es toute bizarre. A la fois heureuse et en même temps complétement perdue. » Cora se tourna vers Dreamy. Son patronus avait totalement raison. « C’est exactement ça. » Elle était heureuse de voir Angelo revenir vers elle. Son ami lui avait manqué. Quand elle donnait son amitié, c’était pour ne jamais la retirer. Et malgré ses deux ans, elle voulait voir le gryffondor comme son ami. Mais c’était sa lettre qui la dérangeait. Il disait qu’ils ne s’étaient pas parler depuis un mois, voilà qui était inquiétant. Des rumeurs lui étaient parvenus, comme quoi il aurait subi une commotion cérébrale et aurait perdu la mémoire. Elle n’y avait pas vraiment cru. Il faut dire qu’elle en avait entendu des rumeurs abracadabrantes sur le pauvre aveugle de gryffondor. Et vu les rumeurs passaient de maison en maison, elles étaient souvent bien modifiés par rapport à la vérité. Elle avait donc appris à ne les écouter que d’une oreille distraite. Mais sans doute aurait-elle dû accorder plus d’importance à celle-ci. Elle jeta un rapide coup d’œil à l’heure, avant de se lever pour se préparer. Elle ne s’était même pas posée la question de savoir si elle irait ou pas. Angelo avait besoin d’aide, alors oui, elle irait. Garder des rancunes, très peu pour elle.

(…)

Lorsqu’elle entra dans le bar, elle l’aperçut immédiatement, assis au comptoir. Elle resta même un instant sur le seuil, à le fixer. L’inquiétude lui nouait l’estomac. Elle ne savait pas du tout à quoi s’attendre. Pourtant, elle fit tout de même un pas en avant, puis un autre, jusqu’à parvenir à sa hauteur. Le patronus d’Angelo leva les yeux vers elle. Il lui sembla qu’il était devenu ses yeux. Le sien, restait silencieux dans la poche de sa veste, là où il restait tout le temps. Le gryffondor leva finalement ses yeux, qui ne voyaient plus vers elle. Elle se mordit la lèvre inférieure de nervosité. « J’ai le droit de te prendre dans mes bras ou j’ai aussi merdé avec toi? » C’était histoire d’amnésie était donc vraie ?! Elle était incapable de réfléchir. Elle fit alors la première chose qui lui passa par la tête. Elle le prit dans ses bras. En partie parce que c’était ce qu’il avait demandé, mais également parce qu’elle en mourrait d’envie. Il lui avait tellement manqué. Elle fit duré cette embrassade surement plus longtemps que nécessaire mais elle s’en moquait. Toujours en le tenant dans ses bras, elle prit enfin la parole. Murmurant près de son oreille. « Tu as vraiment perdu la mémoire ? » Elle s’écarta finalement, le regardant un instant. Avait-il vraiment l’air différent que la dernière fois qu’ils s’étaient parlé ? Il était si en colère à l’époque, contre tout le monde et pour tout. Une partie d’elle s’en voulait ne pas avoir su l’aider quand il en avait le plus besoin. Elle posa finalement ses fesses sur le tabouret à côté de lui. Dreamy en profita pour sortir de sa poche et grimper sur le comptoir. Le pauvre avait dû être écrasé pendant qu’elle serrait Angelo. Elle garda pourtant son regard posé sur le gryffondor. Cela lui paraissait irréel d’être là avec lui. Comme avant. « J’ai l’impression qu’on va avoir des tas de choses à se raconter. »

Il fallait croire que la vie était remplie de surprises. Mais celle de ce soir en valait la peine. Angelo lui avait manqué. Cora était comme ça, quand elle donnait son affection aux autres, c’était entièrement et pour toujours. Pour qu’elle vous en veuille, il fallait y aller très fort. Du genre blesser un autre de ses proches ou carrément tuer quelqu’un. Mais Angelo n’avait rien fait de tout cela. Certes, il l’avait accusé de ne pas vouloir l’aider à retrouver et d’un tas d’autres choses, mais elle ne lui en avait jamais voulu pour tout ça. Si elle s’est éloigné de lui c’était parce qu’elle pensait que lui ne voulait pas voir. Il était en colère pour ce qui lui était arrivé, quoi de plus normal, qui ne serait pas en colère de perdre la vue de cette manière. Corabelle en a juste payé les frais. Malgré tout, alors que n’importe qui aurait pu ne plus jamais vouloir parler du jeune homme, elle ne peut qu’accepter ce rendez-vous. Oui, elle est juste heureuse de revoir son ami. Et la première chose qu’elle fait c’est le prendre dans ses bras. Une étreinte qu’il lui rend également. Une étreinte qui lui donne l’impression de retourner dans le passé. Un passé où elle avait passé des heures à parler avec lui. Ils avaient toujours été proches, de véritables bons amis. Cora se souvenait que très souvent, on lui avait demandé si cette amitié ne cachait pas quelque chose. C’était vrai qu’il n’était pas dans les mêmes maisons, n’avait pas le même âge. Et avouons-le, les amitiés entre fille et garçon ont toujours fait jaser. Pourtant, il n’y avait jamais eu d’ambiguïté entre eux. Ils étaient amis, c’est tout.

Cora finit par se détacher de lui, après lui avoir demandé s’il avait perdu la mémoire. C’était la dernière rumeur qui avait couru sur lui. Et si elle n’y avait pas cru, maintenant ça explique des tas de choses. « Je l’ai perdue, oui. Et pour le moment, ça ne m’apporte pas de très bonne surprises. » Cette réponse lui glace le sang. Amnésique ?! C’est sûr qu’il ne devait pas avoir entendu des trucs vraiment sympas. Si toutes les rumeurs étaient vraiment comme celle de son amnésie, alors oui, la liste était longue. Cette nouvelle lui fait tellement de peine pour lui qu’elle n’a même pas le courage de sourire en voyant son patronus tirer son tabouret. Par contre le sourire se montra quand il fit alors un magnifique geste pas du tout poli en direction d’un homme innocent. Elle adressa un sourire d’excuse aux vieilles, tout en pointant ses propres yeux pour signalés que son ami était aveugle et ne savais pas ce qu’il faisait. Le vieil homme se désintéressa alors d’eux. Et tout ça sans qu’Angelo ne se doute un seul instant de ce qui se passait. L’incident passé, elle se reconcentra sur son ami, glissant qu’ils allaient avoir des choses à se raconter.

Même s’ils avaient des choses à se dire, Cora ne savait pas vraiment par où commencer. Ce fut Angelo qui brisa la glace. « Il paraît que j’ai couché avec tout ce qui bouge. Rassure-moi, toi et moi, on a pas…? » Finalement, malgré le dramatique de la situation, un autre sourire apparut sur ses lèvres. Il était loin du compte. « Attends, j’ai pas fais cette bêtise hein? » Face à l’air totalement désemparée du jeune homme, c’est un petit rire qui s’échappe cette fois-ci. « Tu me prends pour qui ? Désolée mais j’ai jamais cédé à ton charme avant et cela n’arrivera jamais. » Même si elle pouvait le rassurer sur ce point-ci, ça n’expliquait toujours pas pourquoi ils avaient passés tant de temps sans se voir. Et Cora n’était pas sure de vouloir lui dire. Et s’il lui en voulait encore malgré tout une fois qu’elle aurait raconté cette dispute insensée ? Elle avait l’impression de retrouver son ami, comme avant. Elle n’était pas prête à tout gâcher. Mais elle se doutait que ne rien savoir devait être une véritable torture pour lui. Quelle amie serait-elle si elle refusait de lui raconter la vérité. « Tu as entendu autre chose sur ce qu’il y a pu se passer durant cette période ? » Autant procéder étape par étape plutôt que de tout balancer d’un coup comme ça. Il valait mieux éviter tout choc violent.