Un manoir, une famille, des valeurs, voilà quelques mots qui pourraient représenter en minorité, le début d'existence de la petite Malefoy. Dolores, enfant imperturbable, sensible à l'éducation que lui offraient ses parents, demeure depuis sa naissance, dans le somptueux manoir de la famille, auprès de ses parents. Ces derniers ne sont pas les plus doux, ils ne sont pas les plus attentionnés non plus, ils sont tout simplement, un père et une mère, présents à chacune des étapes de l'évolution de leur fille, pour l'accompagner, pour la guider, pour la protéger. Dolores a donc grandit dans une bulle de richesse, bordée d'envie de pouvoir, et bercée par l'ambition. Elle n'a pourtant jamais manqué d'affection, elle avait tout ce dont elle avait besoin, et c'est dans un bonheur inexprimé qu'elle se levait chaque matin. Si Mrs Malefoy caressait parfois la blonde chevelure de sa fille en lui demandant de se tenir droite, ou si elle lui tendait de tendres regards avant de faire une leçon de langage lorsque Dolores s'exprimait avec approximation, le mari se montrait plus distant de la vie de famille, ne manquant pas quelques fois, de passer près de la petite sorcière, suivit de ses associés, sans même l’apercevoir, ce n'est pas pour autant qu'il était désintéressé, il participait à son éducation, en veillant à ce qu'elle intègre bien les valeurs de la famille, comme tous leurs ancêtres. Sans pour autant paraître comme un dressage, comme l'insinuent certains impurs, mais tout en restant dans un cadre strict, la jeune fille apprit l'excellence et la supériorité qui assure depuis longtemps leur lignée. La pureté du sang entrait dans la même vision, elle trouva toujours tout à fait logique de ne pas adresser la parole aux gens qui ne feraient pas partie de leur rang, les prendre de haut venait comme un instinct naturel, et bien que toute jeune elle n'en ait pas encore vu, elle répugnait déjà l'idée de devoir les côtoyer en entrant à Poudlard.

La lettre était arrivée, ce n'était nullement une surprise, juste une légère appréhension à quitter le nid familial. Dolores était préparée à ce jour, et bien qu'elle n'avait pas pour habitude de s'éloigner trop longtemps de la famille, il n'y eu aucun déchirement ni de son côté, ni de la part de ses parents, elle semblait sure d'elle et c'est d'une démarche assurée qu'elle s'engouffra dans le train qui la mènerait vers son deuxième foyer. Sans étonnement, la jeune fille blonde fut envoyée à Serpentard, la maison qui avait reçu jusque là la très grande majorité des Malefoy (si ce n'est tous...). Elle prit rapidement ses marques, l'école devenait son domaine, elle y régnait telle une araignée qui a tissé ses toiles à chaque recoins de murs, elle était jeune, mais déjà redoutable. Les professeurs n'avaient rien à dire sur son comportement, elle était excellente en cours, elle avait une hatitude exemplaire (du moins, ils l'imaginait, parce qu'elle ne se gênait pas pour montrer aux impurs, sans aucun contact, qu'ils n'étaient pas à leur place dans cette école). Dolores mettait à bien toute l'éducation qui lui fut donnée par ses parents, choisissant avec rigueur les personnes qu'elle pouvait ou non se permettre de côtoyer, expédiant chaque impur qui osait lui adresser la parole, quand elle ne les ignorait pas ! Capella et Eilionoir devinrent dans le même temps, très vite, des personnes chères à son cœur, et dignes de confiance. C'est d'ailleurs à Eilionoir qu'elle confia ses premiers regards pour Silvanus, et ceux qu'il lui rendait. Ce garçon, lorsqu'il posait ses yeux sur elle, son cœur battait la chamade, elle se sentait encore plus forte, elle aurait pu bousculer des montagnes, et quand les doutes quand à leur attirance réciproque, leur sentiments partagés, se dissipèrent, elle forma autour d'eux une petite bulle que rien ni personne n'aurait pu éclater. Il souriait à son arrogance, elle riait de son éventuel manque de respect envers les sang de bourbe. Le temps passait, et l'amour était tout aussi fort entre les deux jeunes sang purs, s'il ne l'était pas plus. Il était son premier amour, le premier qui l'avait séduite, le premier qu'elle a regardé de cette manière, et ses yeux ne se tourneraient jamais vers d'autres, elle en avait la certitude, il était l'homme de sa vie. Le couple qu'ils formaient ravit la famille de l'un comme de l'autre, un Black avec une Malefoy, c'est le genre d'union qui allie les plus purs des purs, ils ne pouvaient qu'approuver, féliciter, les encourager même. Pour les Malefoy, l'amour qu'ils se portaient n'était pas le plus important, mais dans tous les cas, ils avaient mis en elle une grande confiance, et ils avaient maintenant la certitude, qu'elle ne les décevrait pas.


« Oui mère, j'ai choisi de suivre le cursus de science politique. » répondit-elle à la question de sa mère au sujet de son orientation à venir. La rentrait prochaine avait été différente, elle avait du faire un choix entre son amour inconditionnel pour les potions, et sa raison qui lui dictait de préparer une carrière dans la communication politique qui lui serait sans doute plus utile. Sans trop avoir à faire de réflexion, Dolores prit sa seconde option, et relégua les cours de potions en second plan, prenant cette matière en option malgré l'excellence qu'elle y portait, son talent n'était pas pour autant mis à bas. Fiancée à Silvanus, elle se plaisait à montrer la parfaitude de leur relation, à toute celles qui semblaient les regarder d'un peu trop. Son bonheur ne changeait rien dans sa manière de traiter les sang de bourbes et ceux qui s'en approchaient de trop près (« traitres à leur sang ! »). Dolores glissait sur la voie de la réussite, de sa vie amoureuse à ses études, en passant par sa vie familiale.

Et puis vint le grand jours. Dolores réalisait mal ce qui était sur le point d'arriver, tandis que Capella et Eilionoir lui tournaient autour, les yeux brillant. « Tu es merveilleuse Dolores... » Une pointe d'admiration avait entonné sa voix, la blonde s'en souvient encore. Elle esquissa un sourire bourré de fierté en regardant une dernière fois son reflet dans le miroir, lissant le devant de sa robe. « Je suis prête à présent. » Son cœur était serré, battant à l'excès. Elle se redressa et devint quelques minutes plus tard, Dolores Lucia Black, épouse heureuse, femme satisfaite au bras de l'homme qu'elle aimait, le seul qu'elle ait connu, et qu'elle ait envie de connaître de la sorte.

Puis elle termina ses études, les meilleures notes lui revenaient pour beaucoup, elle était aussi brillante qu'insolente avec les nés moldu. Au cours de ces derniers examens, l'élève dépassa presque le maitre, avec une potion inédite digne d'un potioniste, ce qui lui valut la note maximale dans l'option. Elle entra aussitôt au ministère de la magie, et fit très vite ses preuves pour se voir confié le poste de porte parole du ministère, remplaçant une vieille chouette dépourvue de charisme. La Black se révéla être un atout pour le ministère, portant comme une évidence la facilité d'expression et la diplomatie dont ils avaient parfois besoin, elle donnait une image positive et mature du gouvernement magique, tout en même temps qu'elle faisait étinceler son nom, et celui de son mari, dans les couloirs du ministère de la magie.

Silvanus n'était pas toujours favorable à ce qu'elle exerce pour des gens qui ne défendait pas forcément leurs convictions, mais Mme Black y voyait plus un moyen de s'imposer dans la société, et de montrer à tout le monde que les Black sont des personnes honnêtes, bien plus qu'ils ne le sont en réalité. Il savait qu'elle était complètement de son côté, qu'elle le suivrait quoi qu'il fasse, alors il considérait qu'elle avait raison.
Premier enfant, James, c'était un garçon. Elle aurait tellement aimé avoir une fille, elle rêvait...Mais le fait qu'il soit tout simplement en bonne santé, qu'il soit leur fils, suffisait amplement. Dolores veillait sur lui, à tout moment de son temps libre. A partir de là, elle demanda au ministère d'être moins présente pour le bien de sa famille. Matthew arriva non loin derrière lui, un deuxième garçon... sans doute le plus sage de la famille, il avait l'air si paisible. Leurs petites années les rendaient turbulents, et l'esprit de Dolores n'était pas très tolèrent lorsque des cris retentissaient autour de ses oreilles. « James, Matthew, dans votre chambre immédiatement ! Je veux vous entendre répéter les sortilèges que vous a apprit votre père quand je monterais. » Sa voix, elle la maintenait presque toujours aussi cinglante, elle se montrait protectrice, mais aussi exigeante et très proche de l'ordre, elle se devait de donner une éducation de qualité à ses garçons, sans quoi, elle n'aurait pas réussi son rôle de mère autant qu'elle se l'imaginait. Elle ne pourrait dire combien de fois elle a du user de son autorité pour les faire sortir de la salle qu'elle s'était réservé pour la concoction de ses potions ! Puis arriva Electra, la petite dernière des Black, d'une blondeur identique à celle de sa mère, d'un regard poupon qui aurait fait craquer le plus froid des mangemorts, elle était la fille qu'elle attendait. Le silence de la petite leur avait ôté tout sourire pour laisser place à une angoisse incontrôlable. Jamais elle n'avait eu de telle frayeur, si l'on ne compte pas la dernière fois que Matthew s'était ouvert la main en se vidant de tout son sang sur le tapis. Dolores qui rêvait d'avoir une fille, fut la plus comblée des mères, et le statut de l'innocence de l'enfant perdit bien de son sens, la petite blonde suivait les apprentissage de son père, en ramenant les cadavres de ses petites victimes animales. Combien de fois ses frères lui en avaient aussi donné l'exemple. L'ancienne Serpentarde n'aurait pu demander mieux que la famille qu'ils avaient construite, Sylvanus et elle-même, trois beaux enfants qui suivraient les traces de leurs parents, et qui peut-être à leur tour, dépasseraient le génie de leurs parents.

Un jour, des animaux de toute sorte firent leur apparition. Ses enfants étaient liés, à ces... choses  qui ne pouvaient plus leur être détaché et qui semblaient avoir le don de communication par la pensée. Les explications que lui fournirent le ministère étaient toutes aussi exécrables les unes que les autres, sans compter qu'ils avaient besoin d'elle pour les déplacements en cette période de crise aussi bien dissimulée était elle. Elle quitta son poste pour être plus présente auprès de sa famille, son inquiétude vis à vis de ses enfants et de leurs patronus, avait prit le dessus sur tout autre chose, mais sans doute moins que la décision qu'avaient pris ses fils. Dolores ne savait plus si elle devait leur montrer à quel point elle était fière d'eux pour cela, ou pas, elle avait si peur, à leur âge, elle estimait qu'ils pourraient encore attendre un peu avant de se lancer, surtout Matthew. D'ailleurs, elle eut une discussion un peu plus houleuses avec son mari qui lui affirma qu'il les protègerait. Il avait raison, elle n'aurait jamais du s'emporter de la sorte, mais la vie de ses bébés étaient en jeu.

L'été 1979 restera gravé dans sa mémoire, dans son cœur à tout jamais. Dans sa robe droite, noire, madame Black semblait vidée de toute vie, de toute perception alentour, comme s'il n'y avait plus rien qui puisse la faire sourire un jour. Son fils avait été tué par un auror. Les collants qui emballaient ses fines jambes, masquaient la marque sur ses genoux, celle qui s'était faite lorsqu'elle apprit la nouvelle, lorsqu'elle tomba genoux à terre, dans une position de défaite face à la vie. Son autre fils serait torturé à vie dans cette ignoble prison... Tout lui avait été prit en un claquement de doigts, son sang s'était glacé et elle s'est enfermé dans son chagrin, complètement brisée. Ses pensées n'avaient plus d'aptitude, elle était incapable de formuler quoi que ce soit dans sa tête. Alors lorsque Electra arracha la vie de l'un de leurs elfes de maison, Dolores ne dit rien, elle resta de marbre, incapable de la prendre dans ses bras pour la consoler, incapable de lui montrer qu'elle avait fait preuve d'une faiblesse affligeante, elle se tut face au corps inanimé du petit esclave. « Débarrasse moi de ça, il ne tardera pas à empester tout le manoir. » Même ses ordres aux elfes de maison étaient mornes, dépourvus de l'autorité habituelle qu'elle leur faisait subir chaque jour. Celui là n'aurait plus l'occasion de leur faire preuve de son incompétence.

Plus rien n'est pareil, et la pensée qu'Electra ait intégré elle aussi les Mangemorts, l'accable d'autant plus qu'elle n'eut aucunement son approbation. Elle est révoltée, et ne cesse d'essayer de mettre à bas l'autorité de sa mère depuis que celle-ci a rejoint le rang des professeurs de Poudlard. L'instinct de protection de Dolores est encore plus saillant pour sa fille, elle l’étouffe, et peu importe le nombre de fois par lequel elle devra s'y prendre, madame Black est bien résolue à sauver la vie de sa fille, elle ne pourrait pas supporter de la perdre, la douleur restant toujours bien ancrée dans son cœur en pensant au sort de ses fils. Alors elle résiste. Elle résiste face à cette enfant bornée qu'elle a elle-même élevée de la sorte, dans toute cette détermination.