Troublante et vénéneuse, Rhéa est la femme forte et fière par excellence. Fille chérie de son père, ainée de sa famille, elle s’affirma rapidement comme une femme au fort caractère et aux idées très tranchées. Ses parents, comme toute famille de sang pur désirant poursuivre les traditions, voulurent la fiancer à un garçon de bonne famille alors qu’elle n’avait que dix sept ans. Rhéa, bien trop affirmée pour tolérer de jouer les femmes au foyer, refusa les fiançailles. Dans les années qui suivirent, elle éconduisit pas loin d’une dizaine de fiancés qui voyaient en elle le parti idéal. Ils n’avaient de toute évidence pas la moindre idée du caractère impossible de leur potentielle promise. Bien vite, sa famille renonça à voir Rhéa épouser qui que ce soit un jour. Elle se contenterait de faire une belle carrière, puisqu’elle avait l’assurance nécessaire pour s’imposer où elle le voudrait. Elle opta pour le ministère et opéra plusieurs années au département des mystères. Lorsque les idées de Voldemort firent surface, elle décida de se mettre à la disposition du lord. Conquise par ses idées, issue d’une famille de sang pur conservatrice, elle ne pouvait qu’adorer, et vouloir selon toute logique ajouter sa pierre à l’édifice. Elle n’avait jamais aimé les moldus et les sangs de bourbes, terrifiée à l’idée qu’ils puissent faire de l’ombre aux sorciers de pures souches. Lassée par ses années au département des mystères, et du silence permanent qui régnait en ces lieux, elle quitta le ministère à la seconde même où un poste de professeur de métamorphose se libéra à Poudlard. Voilà désormais cinq ans qu’elle travaille là-bas, non sans s’être tissée une certaine réputation. Mais comme partout, une fois de plus, elle s’est lassée, et rêve du jour où on lui proposera un poste à la mesure de ses ambitions démesurées.

Rhéa est une femme compliquée. Sévère et franche, elle est loin de faire l’unanimité auprès de ses élèves, qui la trouvent bien souvent très cassante. Elle ne supporte pas la médiocrité, mais n’apprécie pas davantage les élèves trop brillants, qu’elle trouve trop prétentieux. Si, à première vue, on pourrait la penser plus douce que son mari, on constate bien vite son erreur. Entre les deux, elle est bien la plus extrémiste. Mangemort convaincue, elle méprise la quasi-totalité des nés moldus, et au contraire de son époux, elle ne pense pas qu’ils aient leur place dans le monde magique. Rhéa, froide et distante, est une hypocrite hors du commun. Il est dur de cerner sa véritable personnalité derrière ses sourires charmeurs et sa fausse bienveillance à l’égard du plus grand nombre. Croyez bien, pourtant, qu’elle veuille son propre bien avant de penser au votre. Douée d’une grande ambition pour elle et pour son mari, elle se rêve un avenir loin de Poudlard, qu’elle aurait déjà quitté depuis longtemps si son époux ne s’y plaisait pas autant.

Personne ne voyait quelqu’un passer la bague au doigt de Rhéa. Encore moins par amour. Quant à Pyrrhus, après des années d’errance aux quatre coins du monde, à jouer les briseurs de sorts, on lui prédisait une longue vie de célibat. Tous les deux, aux dires de leurs familles respectives, étaient trop solitaires et trop difficiles pour qu’on parvienne un jour à les marier. Rhéa avait fait fuir tous ses prétendants. Pyrrhus s’était esquivé du monde magique pour éviter qu’on lui impose une femme dont il n’avait aucune envie. Bref, même le plus grand des devins n’aurait pu prédire une telle union. Rhéa et Pyrrhus se connaissaient depuis leur plus jeune âge. Ils n’ont jamais manifesté de réel intérêt l’un pour l’autre, vivant chacun leur petite existence confortable de leur côté. A Poudlard, étant élèves de deux maisons différentes (lui à Serdaigle, elle à Serpentard) ils évoluèrent dans des univers différents. Mais ce fut pourtant cette école qui vint à les réunir, bien des années plus tard. Quand Pyrrhus accepta le poste de professeur des arts occultes, quatre ans plus tôt, Rhéa officiait à Poudlard depuis un an déjà. Deux fidèles lieutenants de Voldemort au sein du château, il ne fallut pas longtemps pour qu’ils se rapprochent, se découvrent, s’apprécient. A la surprise générale – et à celle de leurs familles en particulier – ils se fiancèrent quelques mois plus tard, et se marièrent dans l’année qui suivie. Qui pouvait croire qu’un mariage d’amour entre deux sangs purs dont la réputation n’était plus à faire pouvait être possible ? Mariés depuis trois ans, Pyrrhus et Rhéa Rosier en ont étonné plus d’un. Loin d’être, comme elle le pensait plus jeune, un frein à son épanouissement personnel, le mariage a fait de Rhéa une femme plus assurée. Si beaucoup pensent qu’entre les deux, Pyrrhus est le plus terrifiant, c’est qu’ils ont tout faux sur toute la ligne. Rhéa, sans pitié et déterminée, est assurément la plus motivée des deux face aux plans de Voldemort. Et c’est d’ailleurs là que repose tout le problème : Pyrrhus, trop modéré au goût de sa femme, ne semble pas sur la même longueur d’onde. Il n’aspire pas à la guerre pas plus qu’à la disparition des nés moldus. Le ton monte entre les époux Rosier, et l’harmonie qui régnait entre eux s’en retrouve fragilisée.