| Sans nom ~ par Guest, Lun 18 Mar - 22:38 ( #) | Bonjouuur bonjouuuuuur. J'ai participé à un petit concours de nouvelles de mon lycée, mais, bref, le problème est que j'ai rendu le texte en retard :3 Donc je ne sais pas s'il sera accepté, et si ce n'est pas le cas, je vais essayer de trouver un autre concours pour le présenter (oui, j'ai pas écrit 2200 mots pour rien /BAM/) Alors, j'adorerais avoir vos avis, positifs comme négatifs, détaillés comme simples ** Vouala. Mais je comprends tous ceux qui auront la flemme de lire, moi même je l'aurais eue /BAM/ - Spoiler:
Tu marches, d’un pas mal assuré, entre deux salles. On dirait que tu pourrais t’écrouler, là, au milieu du couloir, ou plutôt contre un mur car tu les rases. En fait, tu ne sais pas comment tu fais pour tenir encore debout. Tu sais que ce n’est qu’une question de temps, qu’ils finiront par t’avoir. Ils en ont eu plein d’autres, non ? Ils t’auront aussi, toi, parce que tu n’es pas plus forte que les autres, que ceux qui n’ont pas pu résister. Tu as juste eu un peu plus de chance, ce n’est pas sur toi qu’on s’est acharné la première, toi on t’a laissé tranquille un bon bout de temps. Jusqu’à ce qu’il y en ait un qui craque, un qu’il a fallu remplacer.
Pendant un temps, tu as cru que tu pouvais résister, que tu avais plus de courage que les autres, que tu n’avais pas besoin de changer tes habitudes. Tu l’as cru mais c’était faux. Ton joyeux sourire, ton visage sans maquillage, ton cœur ouvert aux autres, tout ça, tout ce qui faisait de toi une jolie fille agréable, tout a disparu, pour laisser place à une face fermée et indifférente. Maquillée de noir, habillée de blanc. Tu as essayé de disparaître dans la foule, mais ils savaient qui tu étais, et ils ont continué, encore et encore. Leur but était, et est toujours, que tu craques. Et ils ont fait et feront tout pour, tout, jusqu’à ce que tes habits se retrouvent en lambeaux, tes cheveux dans la poubelle et ton visage au fond du lac.
Oui, c’est ce qu’ils veulent, que tu crèves, que tu crèves par toi-même. Par la pire mort qui soit. Et toi, tu te demandes s’ils ne vont pas finir par réussir. Parce que ce qu’ils te font subir, ce n’est pas une vie. Parce que tu es fatiguée, horriblement fatiguée, que les maigres heures de sommeil que tu glanes chaque nuit ne te suffisent pas. Parce que tu en as assez, assez de tout, assez de ces gens, assez de cette école, assez de ce pays, assez de ce monde. Parce que, quand tu pèses le pour et le contre, c’est le pour qui l’emporte. Parce que, contrairement à ce que tu pensais, tu es faible et égoïste.
Et tu as envie de hurler. Parce que non, tu ne vis pas dans un monde envahi par le chaos, par une nouvelle espèce malfaisante ou tu ne sais quoi. Tu es simplement perdue dans le début du XXIème siècle, entre tes salles de cours, dans ce monde que tellement de personnes croient, à défaut d’être parfait, au moins meilleur que ceux qui précèdent. Toi, tu sais que c’est faux. Et tu as envie de le crier à la face du monde, comme ces romantiques il y a deux siècles, ces romantiques dont tu te sens si proche. Sauf que, contrairement à eux, toi, tu ne sais ni écrire, ni peindre, ni chanter. Tu n’as aucun talent artistique. Tu ne sais pas te faire entendre. Et donc, que te reste-t-il ? Rien. Juste un profond désir de tout abandonner.
Tu sais ce que les gens te diraient. « Mais pourquoi as-tu fait ça ? C’est n’importe quoi, tu penses à ceux que tu laisses derrière toi ? Ce n’est pas un acte de bravoure, ce que tu as fait, c’est de la faiblesse pure et simple ! » Oui. Qu’ils prennent ta place, ceux qui te diraient ça. Qu’ils essayent de tenir simplement un mois, un tout petit mois. Et qu’ensuite ils viennent te redire ceci en face. Quand à ceux que tu laisses derrière toi ? Derrière toi ? Y-a-il déjà eu quelqu’un derrière toi ? Est-ce que quelqu’un t’a déjà soutenu, aimé, consolé, a déjà adouci tes peines ? Non. Tu as toujours été seule. Seule. Il y a bien, ta mère, ton père. Ta mère, ton père, qui n’ont pas vu que ça n’allait pas, qui se sont contentés de t’engueuler lorsque tes notes ont chuté, lorsque tu as commencé à te maquiller, à rentrer avec des affaires abîmées. Et ta meilleure amie, ta meilleure amie, elle n’est pas là, elle ne compte pas pour toi ? Une meilleure amie ? Une meilleure amie comme celles que tu as pu voir dans les quelques romans que tu as lu, dans les films obtenus illégalement ? Une meilleure amie, à la relation fusionnelle, cette meilleure amie à qui on dit tout, qui nous aime et nous aide ? Cette meilleure amie, tu ne l’as jamais eue, tu ne sais même pas si elle existe pour quelqu’un. Toi, tu as simplement eu quelques amies, de ci de là, des « amies » qui partageaient les moments heureux, ceux où tu étais drôle, où tu faisais rire, où tu étais généreuse. Et puis au moindre problème, au moindre coup dur où tu aurais eu besoin d’elles, besoin de soutien, elles t’ont lâchement abandonnée. Car oui, c’est bien plus facile de ne pas se mouiller, de laisser les autres prendre. Sauf qu’un jour, ce sera leur tour. Et elles seront seules, et elles tomberont une à une.
Et puis, miracle, tu réussis à te faire inviter à une soirée. Tu ne connais que l’organisatrice, et c’est tant mieux. Une réputation à te refaire, c’est tout ce que tu demandes. L’alcool coule à flot entre les bouteilles, les verres et les bouches. Vite, tu te détends, tu commences à retrouver ton sourire d’autrefois, ta répartie et ton contact facile. L’esprit embrumé, tu repères un garçon, posé sur le canapé, occupé à regarder les autres danser. Oubliés les questionnements, tu lui tends la main, un grand sourire aux lèvres. Il la prend et vous dansez, mal, horriblement mal. Tu perds ta chaussure lorsqu’il te marche sur le pied, tu lui donnes un coup sur le visage quand il te fait tourner, mais qu’importe, vous vous amusez, c’est le principal. Vous essayez de discuter, mais c’est impossible, tant la musique pulse dans vos oreilles, vos ventres et vos cœurs. Au lieu de crier, tu préfères l’entraîner dehors, sous le porche. Après le vacarme assourdissant de la maison, le silence froid de dehors te fait frissonner. Tu aimerais qu’il se rapproche de toi, mais lui n’a pas autant bu que toi, et n’arrive pas à prendre les devants. Alors, tu viens te coller à lui, sans réfléchir à ce qu’il peut penser de toi, à ce qui se passera ensuite. Hésitant, il entoure ton corps de ses bras. Vous restez ainsi longtemps, sans parler. Tu sais que, sans l’aide précieuse de l’alcool, tu n’aurais jamais eu le courage de faire ça. Et puis, finalement, il commence à te poser des questions, sur toi, sur ta vie, sur tes passions. Tu n’as pas grand chose à dire. Tu sais que tu n’es pas très intéressante, comme fille. Tu ne sais même pas ce qui t’a pris de l’aborder. Tu n’as rien à dire, tu n’as pas de conversation, les seules choses qui t’arrivent sont des problèmes, et tu ne veux pas l’ennuyer avec ça. Alors, tu te tais, et tu le laisses parler de lui. Gentil, trop gentil, il ne t’embête pas, il essaye de te faire plaisir. Tu as presque envie de pleurer, tellement l’attention te touche. Et au fur et à mesure qu’il parle de ce qu’il aime faire, tu commences à te prendre au jeu, à vraiment t’intéresser à lui. Ses passions l’enflamment, l’embellissent. Puis, de nouveau le silence. Tu es bien, au chaud dans ses bras, l’oreille posée sur son épaule. Cette nuit, tes tourments disparaissent. Peut-être pas pour longtemps. Alors, tu tournes ton visage vers le sien. Tu te demandes un instant si tu es belle, s’il remarque tes cernes cachées par le maquillage, ton teint pâle, tes joues rouges. Puis, sans te poser plus de questions, tu fermes les yeux et pose tes lèvres sur les siennes.
Plus tard, il te donne son numéro. Tu sais que tu vas le contacter, le plus vite possible. Tu as envie de retrouver cette impression de plénitude qui s’est emparée de toi un peu plus tôt. Une plénitude que tu n’as pas connue depuis très longtemps. Alors, vous prévoyez de vous revoir le week-end suivant, pour un restaurant, ou un cinéma, tu ne sais plus bien.
Et les cours reprennent, emportant sur leur passage les restants heureux de ta soirée. Tu as cru que maintenant, tu serais plus forte, mais ce n’est pas le cas. C’est même exactement le contraire. On t’a donné un pilier, puis on te l’a retiré juste après. Et tu en ressors encore plus fragile qu’avant, plus sensible, et tu te demandes comment tu tiendras la semaine.
Tu arrives au bout finalement, et tu le revois. Tu as essayé de cacher ton visage éreinté sous le maquillage ; mais tu remarques qu’il s’aperçoit de ta fatigue à son froncement de sourcils. Vous êtes un peu gênés. Sobre, c’est bien plus difficile d’engager une conversation. Et aucun de vous deux n’a oublié les lèvres de l’autre. Mais après le léger embarras, tu es tellement bien avec lui. Tu n’as peut-être pas grand chose à dire, mais il parle pour toi. Ou alors, vous laissez le silence recouvrir vos bouches ; et même ainsi tout est parfait. Le week-end passe trop vite, beaucoup trop vite. Et tu repars dans ta sombre semaine, chaque jour un peu plus frêle, chaque jour un peu plus cassée. Tu devrais arrêter de le voir ; tu cours à ta perte ainsi. Mais les instants en sa présence sont tellement beaux. Tu es droguée, droguée d’amour. Tu sais que c’est idiot, que c’est cliché. Mais tu sais aussi que c’est vrai. Parce que tu as beau savoir qu’il te détruit, tu ne peux plus te passer de lui. Tu te demandes pourquoi tu t’es attachée aussi vite. C’est vrai … Tu le vois deux fois, il t’est devenu indispensable ? Et tu te traites d’idiote, de naïve, d’imprudente. Mais le mal est fait.
Et puis, au bout de quelques semaines, ils passent un nouveau degré dans leur violence envers toi. Alors que tu montes les escaliers vides, ils arrivent en face de toi. Ils voient la peur dans tes yeux, s’en repaissent, et te poussent violemment vers l’arrière. Tu essayes de te retenir à la rambarde, mais elle est trop loin. Tu tombes et ta tête rencontre brutalement une marche. Tu as juste le temps d’espérer, avant l’explosion de douleur et le noir, qu’une personne arrive vite et prévienne les secours. Tu te réveilles à l’hôpital. Et il est là, son regard inquiet posé sur toi. Tu te dis un instant que ce n’est pas à lui d’être ici, mais à tes parents. Oui, ce sont tes parents qui devraient être à ton chevet. Mais ils n’y sont pas. Pourquoi ? Ils ont bien du trouver une excuse, qu’ils te sortiront lorsque tu rentreras chez toi. Et dans cette salle blanche d’hôpital, il te demande enfin la raison de ton état qui se dégrade, de la profonde lassitude dans tes yeux, de cette chute. Tu sais qu’il se pose la question depuis longtemps. Simplement, il ne trouvait pas le courage de te le demander. Un moment, tu penses à lui mentir, parce que ce n’est pas dans tes habitudes de te plaindre. Et puis, tes yeux rencontrent les siens, et tu craques. Pour la première fois, tu pleures devant lui, sur lui. Tu lui racontes tous tes problèmes, pendant longtemps, jusqu’à ce que tu n’aies plus rien à dire, que ton fleuve de larmes se tarisse, que tu sois soulagée d’un poids. Alors, seulement, tu oses le regarder.
Et ce que tu trouves sur son visage n’est pas du tout ce à quoi tu t’attendais. Au lieu du regard plein d’amour et de compréhension, c’est une expression teintée d’horreur et de dégoût qui se dégage de lui. Horreur … Dégoût … Envers toi. Tu reçois ces sentiments comme des couteaux dans le cœur. Pourquoi as-tu cru qu’il serait prêt à t’écouter ? A entendre les atrocités que tu vis ? Oui, il te l’a demandé. Mais il ne s’attendait sûrement pas à cela, il n’était pas préparé. Et toi, tu lui déballes tout d’un coup. Comme une idiote. Il doit se dire qu’il n’arrivera jamais à gérer cela ; parce que lui n’est pas entiché autant que toi. Lui peut encore reculer, dire « Stop, on arrête tout. Je ne veux pas de problèmes dans ma vie. » Tu te rends compte que tu viens de faire rater la première relation qui comptait pour toi. Parce que, comme toujours, tu es faible.
Il s’écarte un peu de toi. Nouveau coup au cœur. Tu expérimentes un degré inconnu encore dans la douleur. Il te dit ensuite quelques paroles gentilles, mais ça ne change rien. Tu sais que c’est fini, qu’il ne veut plus de toi. Et que tu sortiras de cette relation plus brisée que jamais. Finalement, il te fait promettre de ne jamais, jamais abandonner. De faire ça pour lui. Pour lui ? N’importe qui d’autre t’aurait dit ça, tu l’aurais repoussé. Mais avec lui, ce n’est pas pareil. Il a beau te faire atrocement souffrir, tu l’aimes. Et s’il te dit de ne pas abandonner … Tu n’abandonneras pas. Même si lui t’abandonne.
Mais maintenant, tu te retrouves coincée dans ce corps cassé, cet esprit en miette et cette vie douloureuse. Tu es seule, de nouveau, de moins en moins résistante, face à un adversaire de plus en plus fort. Et pourtant, même si tu ne rêves que de ça, tu n’abandonneras pas. Tu l’as promis.
Si vous avez lu jusqu'à la fin, je vous dis bravo |
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