Été 1973. Comment avait-elle découvert qu’elle n’était pas une petite fille « normale » ? Cela restait flou. Elle ne savait plus si c’était le fait d’avoir enflammé la malle à linge rien qu’en la regardant ou en ayant échappé de la noyade elle ne savait comment. En tout cas, toutes les petites choses qu’elle pouvait faire avaient tôt fait d’inquiéter ses parents tour à tour, cela dépendait des semaines puisqu’elle était une semaine chez sa mère, à Chepstow, la semaine suivante chez son père, à Londres. Quoiqu’il en soit, rien de ce qu’elle était n’était « normal », et apparemment ça leur faisait peur, aux géniteurs. Jules, elle, trouvait ça plutôt cool en soi, mais ne savait pas trop comment se positionner face à cela. Ce fut finalement l’arrivée, pendant l’été de ses onze ans, d’un membre du personnel de l’école de sorcellerie Poudlard, qui mit les choses au clair. Autant dire qu’apprendre qu’elle était, en fait, une sorcière, fit un choc à tout le monde, et lorsqu’elle se retrouva avec son père et sa mère réunis sur le Chemin de Traverse pour acheter les fournitures scolaires, ce fut encore pire. Quant à la fillette, elle s’y était faite étonnement rapidement – ah, la curiosité et l’innocence des enfants, sûrement. Elle se voyait déjà apprendre à lancer d’impressionnants sortilèges ou juste à faire sortir un lapin d’un chapeau – mais soyons honnête, lancer d’énormes sorts l’intéressait bien plus. Est-ce que les sorciers avaient un balai magique ? Là aussi, elle s’y voyait tellement, à faire des pirouettes dans les airs, n’ayant jamais eu peur de quoi que ce soit – sauf du monstre sous son lit, mais ça s’était vite dissipé. Enfin, plutôt, elle était trop shootée à l’adrénaline pour montrer ses quelques peurs, ce qui ironiquement avait souvent fait frôler la crise cardiaque à sa mère. Bref, elle était impatiente d’entrer à cette école, Poudlard, dans quelques semaines.

Mi-Décembre 1978. « Quoi ? Non ! » Jules grogna. Son capitaine n’avait pas le droit de faire ça, son équipe ne pouvait pas lui faire ça ! Elle trouvait ça franchement injuste, et tout ce qu’elle trouvait injuste, forcément, elle s’y opposait avec vigueur. Sauf que le capitaine n’était pas de son avis et, au fond, elle savait qu’il avait – un peu – raison. Cela ne fit que se confirmer lorsqu’il lui rappela les faits. « Ça aurait pu être bien plus grave, tu imagines ça ? » La blondinette lui lança un regard noir. D’accord, à cause de son manque « d’esprit d’équipe », comme il l’avait si bien dit, un de ses camarades avait fini à l’infirmerie, et ça aurait pu être pire, d’ailleurs… Tout ça parce qu’elle n’avait pas été capable de ne pas se la jouer individuel, pour citer à nouveau le capitaine, qui n’en manqua pas une pour lui dire encore une fois que : « Nous sommes une équipe, Juliet ! » Nouveau regard noir de la demoiselle. Personne ne pouvait l’appeler Juliet – malheureusement les profs semblaient trouver ça bien, bien qu’elle les contredisait à chaque fois. Sans jamais baisser les yeux, elle croisa les bras sous sa poitrine et observa le capitaine. De toute façon, la sentence était déjà tombée, et elle s’imaginait que continuer à protester ne servirait à rien. Elle lui ficha donc sa tenue de Quidditch dans les bras, « Bien. », et il eut l’air un peu déçu sans doute, ou juste résigné, elle ne sut pas trop. Mais il se retourna vite après un regard. « Bonnes vacances. » Elle se contenta de hocher la tête. Se faire virer de l’équipe de Quidditch à la veille des vacances de Noël n’était franchement pas une bonne nouvelle, mais fallait croire qu’elle n’était pas faite pour ça…
…
Mai 1979. La vie à Poudlard n’était finalement pas de tout repos. Elle avait pourtant déjà passé six années, ici, avec les camarades de sa maison, les remarques des professeurs, les devoirs à ne plus en finir. Elle se souvenait encore de son air émerveillé, épaté, lorsque les barques étaient arrivées à bon port au Lac Noir, six ans auparavant… Les premières années s’étaient franchement déroulées plutôt normalement… En fait, c’était l’arrivée des patronus qui avait tout bouleversé, quotidien comme tensions au sein de la société magique. En tant que née-moldue, elle était plus qu’au courant des sorciers puristes et autres, mais elle ne se serait jamais imaginé que la simple arrivée d’« animaux » rendrait la vie encore plus dangereuse. Pourtant, les faits étaient là, et elle ne pouvait les nier. En toute vérité, ça la révoltait, et elle avait fait le tour de tout le monde pour avoir des informations ou juste donner son avis sur la situation. Un élève était mort, bordel… Et des imbéciles avaient décidé de créer un petit club clandestin de combats de patronus. Jules, en regardant Kuvera, qui restait plus souvent sous forme de petit singe que de tigre – parce qu’un tigre, ça prenait un peu (beaucoup) de place, avait su qu’elle ne pourrait jamais participer à ces duels. Et puis elle ne voyait en rien comment ça pourrait résoudre ce qui se passait, à savoir le manque de sécurité au sein de l’école. Un mois plus tard, la direction de Poudlard déciderait néanmoins d’envoyer tout le monde en camp de vacances, où tout ne se passerait décidément pas comme prévu, renforçant la colère de Jules face à toutes ces injustices, tout ce sang. Ce fut cette année-là qu’elle décida de se spécialiser en journalisme lorsqu’elle le pourrait, histoire de dire tout haut ce que tout le monde pensait tout bas et de dénoncer les problèmes de la société.

1981. Décidément, tout allait de mal en pis. Entre tous les problèmes survenus ces deux dernières années, les disparitions, les meurtres, les « accidents » qui étaient en fait des attaques savamment orchestrées par la Face-de-Serpent et ses disciples, il fallut en plus qu’une espèce de maladie touche les patronus et donc, par lien, les élèves. Jules eut certes la chance de ne pas subir la « peste », mais elle ne pouvait pas être aveugle devant tous les maladies, ses amis comme ennemis, camarades de maison et autres. Enfin, un remède avait été trouvé, alors tout allait bien, n’est-ce pas ? Sans doute pas. Sans doute que tout empirerait encore…