Pollux pleure, se débat, mais sa valise est pleine, la pluie battante trempe ses cheveux défaits.
Elle frappe de toutes ses forces contre la porte de la maison. C’est chez elle, mais personne ne lui ouvre et personne ne lui ouvrira jamais. Tous se doutent mais aucun n’élève la voix. Pollux n’était pas une sorcière. La petite fille grogna. Elle était déçue, en colère et frustrée. Qu’est ce qui clochait chez elle par Merlin ? Elle était une sang pure ! Pas une vulgaire née moldue . Donc pourquoi ? Pourquoi fallait-il qu’elle soit une cracmolle ? C’était tellement stupide. Inimaginable. Impensable. Incroyable !
Larmes de tristesse, larmes de rage, elle attrape ses affaires et marche. Ça avait été si violent. Un professeur de Poudlard était venu, à la place d’amener une lettre d’admission, annoncer une nouvelle traumatisante. « Non votre fille n’est pas sorcière, non nous ne pouvons l’accepter à Poudlard. » Evidemment. Les écoles de sorcelleries, c’est pour les sorciers. Ca semble logique.
Qu’est ce qu’elle allait faire ?
Ses parents détestaient les moldus ! Elle n’y connaissait rien, ça n’était pas son monde ! Elle ne pouvait décemment pas aller dans leur collège. Ce serait de la folie, elle en mourrait c’était certain.
Pas au sens propre.
Mais les moldus sont de dégoûtants et stupides animaux. Elle le savait. On lui avait appris.


A onze ans se retrouver sans famille c'est un choc. Mais quand on est fier, sorcier pur-souche et haut placé au ministère, on préfère taire cette réalité et cacher cet enfant que l'on a chérit et nourrit. Ils l’appellent « accident ». Pollux était un accident, une erreur, une bêtise. Elle n'aurait jamais dû naître. A l'époque, être cracmol était encore un tabou et on ne savait pas encore exactement comment s'occuper de ces personnes à la situation si précaire. La solution la plus adoptée était la réadaptation en milieu moldu et ce fut la plus grosse erreur que le père de Pollux ait fait. Ayant eut vent de l’existence de la femme d'un employé du département des accidents et catastrophes magiques qui recueillait gracieusement les enfants dans sa condition, c'est là bas que la petite fille a été envoyé.
Oui, elle allait étudier avec eux.
Les moldus.

Capricieuse, associable et complètement hors de contrôle il était impossible pour elle de s'intégrer. Sally qui s'occupait d'elle et de deux garçons également cracmols était désespérée face à son cas. Elle ne voulait pas faire d'effort.
Elle voulait retourner dans SON monde.

La mère de Pollux refusait de la voir, seul son père la soutenait discrètement et financièrement. Aussi à la majorité quand elle a émit le souhait d'avoir son propre appartement à Pré-au-Lard, il a été exaucé. Une habitation lugubre et minuscule, mais c'était chez elle quand même. Elle n'aurait plus à subir Sally qui voulait la forcer à faire semblant d'être une autre.

C'était pire que d'être loup-garou.
Impossible de trouver du travail.
Impossible de trouver sa voie.

Elle étudiait la magie via Vitmagic, des cours par correspondance, et si elle n'était pas capable de jeter un sort elle se débrouillait pour amasser un maximum de connaissances théoriques dans toute les disciplines possibles. Maintenant contrôleuse du magicobus, elle cultive un nouveau rêve.
Poudlard.

Jamais on ne lui a permis d'entrer, de jeter un coup d’œil à la vie qui aurait dû être sienne.
Ayant entendu parler de l’imminent départ du concierge actuel, elle s'est jetée sur l'option découverte des cours en entretien magique afin d'obtenir ce poste qui la faisait tant fantasmer.

Non, nettoyer après les élèves n'avait jamais été un objectif dans sa vie, mais c'était un début. Après tout elle restait une Hawkins, elle avait sa fierté et savait en tant que jeune femme ambitieuse et désireuse de faire ses preuves qu'il fallait commencer tout en bas de l'échelle.