Eux . . .
La famille Nott était une très ancienne famille de sorcier dont le sang avait été gardé pur par des stratagèmes plus ou moins sains, les branches de leur arbre généalogique se croisant et se recroisant parfois. Au bas de ce dernier, se trouvaient la nouvelle génération qui comportait neuf jeunes hommes et jeunes femmes. Ils faisaient tous ou presque la fierté de leurs parents. Presque tous blonds, ils rentraient tous dans les rangs : pro-mangemort jusque la moelle, ils affichaient la couleur de leur sang qu’ils estimaient presque royal haut et fort. La seule qui sortait du rang était Gaïa, la sœur aînée de Pandore. Elle portait le nom de la Déesse Mère et son caractère le reflétait bien. Leurs parents avaient placés leurs paris sur elle qui était si forte, ils pensaient qu’elle serait leur fierté, celle qui allait les placer dans les bonnes grâces de Vous-Savez-Qui. Mais Gaïa était tout sauf à l’image de ce qu’ils avaient imaginé : rebelle et sympathisante des nés moldus, elle s’éloignait peu à peu des valeurs familiales. Elle avait même récemment déménagé du manoir, sacrilège ! Alors leurs espoirs se reportèrent sur Pandore. Leurs espoirs et leur désespoir. Ils étaient devenus encore plus difficile avec elle après le départ de Gaïa, ils la surveillaient, la manipulaient pour qu’elle soit parfaite. Les menaces sous forme de suggestion l’empêchaient de vivre et de respirer. La rentrée à Poudlard allait être son salut.

C’est également à Poudlard qu’elle retrouva sa sœur. Pandore l’avait toujours admirée : cette indépendance qu’elle reflétait et sa force de caractère. Bien qu’elle-même n’était pas un agneau, elle n’avait jamais su faire preuve d’autant d’audacité que Gaïa. Elle avait toujours voulu plaire à ses parents et supprimait parfois ses propres désirs et sa propre pensée pour satisfaire les leurs. Son aînée s’était toujours exprimée comme elle pensait, répondant aux critiques et condamnant les actes qu’elle pensait nuisibles. Malheureusement, les actes qu’elle désapprouvait étaient souvent reliés à Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom et Pandore la soupçonnait d’avoir rejoint l’Ordre du Phénix mais elle ne l’avait jamais confié à quiconque. Elle restait très proche de sa sœur bien qu’elles n’étaient pas toujours d’accord. Elle tentait parfois de la remettre sur « le droit chemin », celui que leurs parents leur avait tracé. Mais Gaïa était déjà trop loin dans ses convictions et la cadette sentait venir la séparation. Pandore n’avait pas encore fait son choix mais elle savait qu’elle allait devoir le faire.




Lui . . .
C’était il y a deux ans déjà. Regarder en arrière faisait mal. Pandore voyait tout ce qu’elle avait eu et tout ce qu’elle avait perdu. Leur aventure dura le temps d’un battement de cil mais Dieu savait qu’elle avait marqué les esprits. Aussi froide qu’un iceberg, il était le seul pour lequel elle avait ouvert son cœur. Le seul qui la connaissait réellement. Mais Pandore était trop fière, elle ne se l’admettait pas elle-même et ne l’avouera jamais à quiconque. Amoureuse, jeune et négligente, elle était tombée enceinte de lui, l’homme de sa vie. Le bonheur d’être une femme, une vraie, l’avait submergée et avait balayé les doutes qu’elle avait sur elle-même, sur le sens de sa vie. Mais la réalité les rattrapa trop vite. Les menaces tombèrent et une erreur suffit pour qu’elle le perde. Son trésor.

› Tu ne pensais quand même pas que j’allais garder le bâtard d’un bâtard?

Pandore savait être cruelle. Elle choisissait les mots qui blessaient et elle le connaissait comme elle se connaissait. Elle savait ce qui le toucherait au plus profond.

› Et depuis quand ça a de l’importance pour toi? dit-il.

› Toujours ! Je viens d’une famille de sang pur, comment as-tu pu penser qu’il y avait réellement quelque chose entre nous et que je pourrais porter le gamin d’un bâtard qui vient de familles sans valeurs? T’es le bâtard d’une aventure de voyage. T’as pas d’origine, pas de famille complète, tu ne portes même pas le nom de ton père sorcier. T’as un nom de moldu et t’as le sang mêlé. T’es un bâtard dans toute sa splendeur.

Le regard rivé dans ses yeux, Pandore affichait un visage dur et sans appel mais son cœur se brisa quand elle vit l’expression qu’il afficha. Incompréhension. Colère. Haine. Elle savait ce qu’elle encourait en lui mentant. Elle savait qu’il allait la détester. Elle le savait ! Mais sa sécurité comptait plus que tout. Peut-être qu’ils n’étaient simplement pas faits pour être ensemble et que son bonheur se trouvait loin d’elle. Pandore s’était résignée à son sort et pour une fois dans sa vie avait fait preuve de courage en sacrifiant tout ce qu’elle avait de plus précieux. La suite ne l’étonna que peu. Il la frappa. C’était la première fois qu’il levait la main sur elle mais elle pouvait s’y attendre. Elle savait qu’il avait ce côté sauvage, incontrôlé qui n’attendait que d’être libéré. C’était aussi ce qu’elle aimait chez lui mais ce jour-là, il était allé plus loin qu’elle ne l’aurait pensé. Il la frappa. Encore. Et encore.

Quelqu’un arriva mais Pandore était bien trop loin pour l’identifier. Elle était à terre à sa merci. Face contre terre, elle se plaça plus bas qu’elle ne l’avait jamais été et cachait des larmes de honte, de douleur. Le visage en sang, les sentiments entremêlés, elle fut transportée à Ste Mangouste où elle fut hospitalisée durant deux nuits.




Elle . . .
Les larmes coulaient de ses joues. Pandore avait le regard vide et elle fixait le plafond. Elle pensait à son bébé, celui qu’elle avait perdu et qu’elle ne récupèrera jamais. Elle voulait que la souffrance s’arrête, elle voulait que tout s’arrête. Elle venait de perdre son bébé, son amour puis son espoir. L’espoir d’un jour être mère s’était envolé. Pandore n’avait jamais pensé être le genre de femme à être maternelle. Elle avait même trouvé ce genre de femmes ennuyantes et trop prévisibles. Mais quand elle est tombée enceinte elle avait trouvé un nouveau sens à sa vie : il ne s’agissait plus d’être pro-mangemort, pro-Ordre ou d’être un jour médecin. Il s’agissait simplement d’être une mère, la meilleure possible. Cet état de choc dura quelques semaines durant lesquelles elle fût inconsolable. Elle se cachait de sa famille et avait prétendu être en voyage. Elle s’était réfugiée chez sa sœur.

Gaïa l’aidait du mieux qu’elle pouvait mais la douleur était trop vive pour passer. Au bout de deux mois, le visage de Pandore se fit plus dur, elle était encore plus sèche et plus susceptible qu’auparavant. Elle en voulait au monde entier mais elle cherchait en réalité le coupable idéal. Celui à qui revenait la faute d’avoir tué son bébé. Etait-ce le père de ce dernier ? Etait-ce sa famille ? Ou était-ce elle-même ? Elle n’avait plus foi en ses convictions et s’était largement éloignée de ses parents. C’était eux qui l’avaient forcée à le quitter, eux qui avaient causé sa fausse couche. Mais n’était-ce pas plutôt sa faute ? Elle n’avait pas su se protéger de lui et n’avait pas pu protéger son cœur. C’était ce qui avait mené à sa grossesse pour commencer. Ou est-ce que c’était sa faute à lui ? Lui qui l’avait frappée et qui avait causé la lésion de ses ovaires ? Il l’avait frappée et frappée sans s’arrêter. Il ne lui avait laissé aucune chance et aujourd’hui, elle était presque stérile.  Elle n’osait pas y penser, de peur de le détester mais en réalité, elle commençait à détester le monde entier pour ce qui lui était arrivé.

Pandore reprit ses habitudes du jour au lendemain, faisant comme si elle n'avait pas été blessée. Elle retourna à Poudlard où elle continua brillamment ses études de médicomagie. Elle était rentrée chez ses parents qui lui expliquaient à quel point il était nécessaire pour elle d'avoir quitté le Sang-Mêlé et à quel point ils étaient fiers d'elle. Mais tout ce qu'elle ressentait pour eux était de l'aversion. Alors Pandore se releva. Tout ce qu’elle voyait à présent était la vengeance et la vengeance est un plat qui se mange froid.