HELLO DARKNESS MY OLD FRIEND

*Crac* C'est le bruit que fit sa tête en heurtant le rocher. Sombrant dans l'inconscience, la dernière image qu'elle vit fut le visage ravagé de colère du brun, s'apprêtant à lui rendre coup pour coup, le poing levé. Elle les avait mérités. Et alors que ses pensées s'en allaient, une pointe d'angoisse, de frustration émergea en elle: Allait-elle mourir? Douce ironie. A trop piquer le lion, on finit par l'éveiller. Et ce n'était pas beau à voir. Tu n'avais qu'à pas lui mentir, dit une voix dans sa tête. Oui, c'est vrai. Pandore lui avait délibérément menti. Pis que ça, elle l'avait dénigré, lui la seule personne qui comptait réellement pour elle. Elle l'avait abaissé à ce à quoi les personnes de son rang le reléguaient: un bâtard. Mais était-ce vraiment ce qu'elle pensait? Une partie d'elle se disait que c'était comme ça, c'était sa nature. L'autre s'offusquait qu'elle puisse le regarder de cette manière. Et Pandore, finalement, était perdue. Perdue dans les méandres de son esprit, avalée toute entière par la gueule béante de l'inconscience. Pour elle, il l'avait tué. Tout comme elle avait tué leur bébé.

Lorsqu'elle se réveilla à l'infirmerie, son corps entier la faisait souffrir, comme si de l'acide coulait à présent dans ses veines. Elle avait des ecchymoses sur tout le corps, sur le visage, aussi. Et lorsqu'elle comprit qu'il l'avait laissé vivre, elle lui en voulut. Elle lui en voulut de la faire subir ce genre d'épreuve, réduisant son visage en un défilé de rouge et de bleu. Il savait la réputation qu'elle avait à tenir. A choisir, elle aurait préféré mourir. C'est parce que tu es bête ça, ironisa une voix. « Mets-la en sourdine, tu veux. » répliqua-t-elle à son patronus. Sifflant avec mépris, le mamba noir se lova sur le lit voisin, inoccupé. Pandore soupira. La blonde repensa aux derniers mots échangés. Elle avait été cruelle. Mais pas vraiment plus que d'habitude. Du moins, avec les autres. Malgré elle, elle avait toujours apprécié le jeune homme, ne se laissant pas atteindre par les commentaires désagréables, ignorant le venin proféré à son encontre. Pourtant...pourtant, ses derniers mots l'avaient touché. Mortellement. Tant mieux. Le regard triste, la jeune médicomage se demandait si ses paroles le tiendraient véritablement loin d'elle. Il le fallait, pour son bien. Je l'aimais bien moi... siffla Opale. Mais le regard noir lancé par la blonde la fit ravaler tout autre commentaire.

WITHIN THE SOUND OF SILENCE

Travaillant d'arrache-pied, une jeune fille de première année est là, penchée sur ses cours. Concentrée, elle ne prête pas attention à ce qui se passe alentour et ne voit donc pas cette ombre qui se profile dans son dos. Ce n'est que lorsqu'une voix féline l'interpelle, qu'elle sursaute, prenant enfin conscience des choses. « Hey mocheté, c'est ma place. » siffle une jeune femme. Levant la tête vers elle, ses yeux cachés par des lunettes, la brune ouvre la bouche pour rétorquer. Mais à la vision de la jeune femme à la crinière blonde et au maquillage impeccable, sac à main de marque à la main, elle pince aussitôt les lèvres, comprenant son erreur. Pourquoi elle? « T'es sourde ou quoi? M'oblige pas à répéter... » lance la blonde, commençant sérieusement à s'impatienter. Sous son regard noir, l'adolescente ramasse alors ses affaires en hâte, se levant de la chaise en pagaille en tentant de s'éloigner. Mais une cheville se tend prestement sur son passage, la faisant trébucher, face contre terre. Ses feuilles volèrent dans tous les sens, s'éparpillant au sol. Quelques gloussements se firent entendre.  « Oups. » dit la leader du petit groupe de filles. Les yeux embués de larmes, la jeune fille jura entre ses dents, ramassant un par un les papiers et fila sans demander son reste, voulant s'éloigner le plus possible de la bande de harpies. Ces harpies, elles étaient bien connues à Poudlard et redoutées qui plus est. Sans pitié, elles n'hésitaient pas à diminuer, séduire, voler et mentir à autrui. Rien ne les arrêtait, surtout pas leur popularité. Elles étaient peut-être des pestes ambulantes, mais elles étaient riches, connues...et pas moches à regarder. Esquissant un petit sourire, satisfaite de ses méfaits, la grande blonde s'assit alors à la table, bien vite rejointe par sa basse cour. Qu'il était bon de se sentir craint et adulé à la fois. Tout dépendait du sexe de la personne.

« Wahou, ce que tu en sais des choses Pando'! T'es aussi studieuse que cette gamine ou quoi? » lui souffla une de ses prétendues amies, un sourire en coin. Jetant un regard noir à celle-ci, Pandore lui susurra: « Tu crois quoi? Que je fais les yeux doux à des pauvres types pour le plaisir? Évidemment que je sais des choses, puisque eux le savent...il n'y a qu'à lire leur résumé des cours et c'est dans la poche! Tu devrais essayer, vraiment... » Une petite moue emplie de pitié naquit sur son visage alors qu'elle affirmait ces mots. Son amie leva alors la main, soudainement plongée dans la contemplation de ses ongles. Pandore sourit. Pauvre fille, elle ne savait même pas penser par elle-même. Et d'un autre côté, elle était heureuse que l'autre n'ai pas insisté. Pandore n'était peut-être pas très studieuse, mais s'il y avait bien une chose qui l'intéressait et l'avait poussé dans cette voie, c'était les potions. Poisons vénéneux, essences de beauté et autres liquides saugrenus faisaient briller ses yeux d'excitation. Les formules s'imprimaient presque tout de suite dans sa tête, y prêtant naturellement une attention farouche. Pour elle, ce n'était pas bien compliqué: tout cet attirail pourrait un jour bien lui être utile. Elle n'était pas la plus vive d'esprit ni la plus puissante sorcière de l'école qui soit, alors, pour compenser ces lacunes, il fallait qu'elle use de la ruse. Et quoi de mieux qu'un peu de charme, un zeste de mensonge et quelques larmes de poison pour venir à bout de quelqu'un? Il fallait juste savoir comment s'y prendre. Et Pandore, avait assez d'expériences pour les belles paroles et mots doux suaves dénués d'intérêt réel pour réussir les plans qu'elle se fixait. Il lui arrivait même parfois de jouer sur les deux tableaux, séduisant une belle serdaigle pour lui soutirer quelques informations sur les prochains examens surprises. Ou des notes de cours bien synthétisées. Pourquoi faire soi-même un travail qui peut être réalisé par autrui? Si une personne le fait, les autres ne devraient pas se fatiguer à tenter de reproduire une chose similaire. Pandore, elle s'improvise reine de l'entraide. Mais bien sûr, lorsque c'est son aide qui est requise, un paiement est nécessaire. Dans la vie, on a jamais rien sans rien n'est-ce pas? Et si elle accorde de son temps, elle préfère qu'il ne soit pas gaspillé inutilement. Pas vous? Riant d'une voix claire, elle soulève d'une main la masse de boucles blondes, retombant en cascade dans son dos. Elle attirait l'attention, c'était certain. Pourtant, elle ne l'attirait pas toute. Et du coin de l’œil, la boule au ventre, ses yeux cristallins se posèrent un instant sur un certain gryffondor.