Le bruit des pas s'intensifient, se mêlant les uns aux autres dans un certain brouhaha. Une course, un jeu venant d'apparaître entre les enfants Werner et Goyle. Tous présents dans le domaine allemand, les Ecossais ont été convié suite à l'annonce des fiançailles entre Balthazar Werner et Caoimhe Goyle. Ils ont beau être jeune, la poignée de mains entre les deux chefs de famille a scellé le pacte qui les lie à présent. Une affaire bien rôdée, permettant à la première fille de ce cher Eachann de s'élever dans la société magique allemande, puisque cette famille est aussi riche qu'elle est influente dans ce pays. Arrivés près de l'étang, les différents jeunes sont tous éssouflés. Quelques secondes suffirent pour qu'ils reprennent leurs souffles, s'éparpillant à présent tout autour de la grande étendue d'eau. Agé d'à peine seize ans, les jumeaux viennent de se séparer. Eoghann est auprès de l'aînée de la famille Werner, une jeune fille de dix-sept ans, Amanda. Teàrlach est, quant à lui, aux côté d'un garçon de son âge. Sigfrid. « Mon frère à l'air d'apprécier ta soeur ! Ca va encore finir en mariage arrangé tout ça ! » Dit le garçon Goyle, tout sourire. L'allemand le regarde, fronçant les sourcils. « Ne va pas croire que nos familles vont lier tous leurs enfants ensembles. Tu oublies que ces mariages permettent d'agrandir l'influence. Nous sommes obligés d'apprendre à vivre avec quelqu'un que nous n'avons pas choisi ! » pesta-t-il. Quelques mots qui eurent pour effet de mettre l'Ecossais mal à l'aise. Il avait raison, mais ne voulait pas vraiment le croire. Son tour viendra, sans doute après celui qui est bien plus apprécié, son jumeau. Les jeux entre les deux garçons reprirent, s'éloignant petit à petit de l'étang. La fin de l'été approchait. Les semaines passées ensemble les ont rapproché. Une amitié créée. Une relation amicale avec un garçon qui n'est pas son frère, cet être abjecte et adoré de tous, réussissant brillament tout ce qu'il entreprend sans le moindre effort. La jalousie, Teàrlach la ressent mais il arrive à la cacher aux yeux du monde. Tournant autour d'un pommier, la main sur le bois. « Tu disais que l'on devait apprendre à aimer celle que l'on devra épouser... Mais tu ne penses pas qu'il y a moyen que nos parents nous marient à quelqu'un que l'on aime ? » Un éclat de rire s'étend dans l'espace. L'Ecossais se tourna vers l'Allemand.
« Tu penses vraiment que c'est impossible donc ! » La colère grandit en lui. Il ne peut imaginer se marier à quelqu'un qu'il n'aime pas. Cette image est signe de souffrance dans son esprit d'adolescent. Sigfrid s'approche, posant une main sur l'épaule de Teàrlach. Plongeant son regard émeraude dans les saphirs de l'autre. « Arrête de te bercer d'illusions ! Nous ne sommes que des marchandises que nos parents vendent. Chaque mariage rapporte quelque chose à l'autre... Regarde ta soeur et mon frère ! Notre nom lui sera bénéfique, et les connaissances de ta famille seront bénéfiques à la mienne ! Un seul Goyle chez nous, et nous voilà avec une ouverture sur l'utilisation des arts occultes ! Ca fontionne ainsi, et je ne pense pas que les choses changeront !» Un soupir sortit de la bouche de Teàrlach, qui peut sentir son anxiété grandir. Son estomac le fait légèrement souffrir, se tordant sous l'effet du stress. Il ne pensa plus s'avançant d'un pas pour embrasser celui qu'il appréciait. Ce garçon qui le repoussa instantannément, lui qui se retrouve le dos contre ce tronc d'arbre, tête baissée. « Tu fais quoi là !» Aucun mouvement ne fut réalisé de la part de l'Ecossais. « Je me berce d'illusions... » Fronçant les sourcils, Sigfrid ne bouge pas. Il regarde celui qui vient de réaliser un acte immoral. Les hommes ne s'embrassent pas, les hommes ne couchent pas ensembles. « T'es complètement taré Teàrlach !» pesta l'Allemand en tournant les talons afin de rejoindre les autres. Jamais, ô grand jamais il ne parlerait de ça à quelqu'un. Cet événement inavouable qui pourrait discréditer sa famille, ainsi que celle des Goyle.

Deux ans. Deux années de suite que la famille Goyle passe ses étés en Allemagne. Cette fois, il retrouve Caoimhe qui a étudié à Durmtrang durant cette année scolaire. L'été dernier, toute la famille est rentrée en Ecosse tandis que l'aînée des filles Goyle est restée chez les Werner afin d'apprendre à connaître celui qu'elle mariera, ainsi que la famille qui continuera à la voir s'épanouir une fois les voeux prononcés. La fin du mois de juillet arrive. Le temps est agréablement doux, les piques de chaleur ne sont pas conséquents pour le plus grand bonheur des deux familles qui partagent la même maison, si on peut l'appeler ainsi. Une certaine ressemblance avec un chateau est tout à fait visible, mais malheureusement la bâtisse ne porte pas ce nom. Chacun des enfants Werner partage sa chambre avec un Goyle et, aussi étrange que cela puisse paraître, Sigfrid a demandé pour que ce soit Teàrlach sont compagnon de chambrée. Etonné lorsqu'il l'apprit, au vu des derniers événements de l'été passé, il a accepté sans vergogne. L'ambiance des premiers jours fut froide. Les deux garçons gardèrent leurs distances mais, rapidement, l'entente revint. Présents près de l'étang, allongés l'un à côté de l'autre, dans l'hervbe, les yeux rivés sur le ciel. Cela fait plus d'une demi-heure qu'ils sont ici, discutant de choses et d'autres tandis que les autres sont éparpillés partout dans le domaine et la gigantesque maison. « On rentre ?» dit Sigfrid, tournant la tête vers son ami. Se redressant, Teàrlach répondit, avant de se lever. « D'accord, on monte ! » Quittant l'étang, les voilà tous les deux, seuls, dans la chambre à présent de l'adolescent Werner. Quarante-cinq minutes plus tard, la porte s'ouvrit. Une voix s'éleva plusieurs secondes après, d'un ton mélangeant la surprise et le dégoût. « Putain Teàrlach ! » Eoghann. Surprenant son jumeau dans une position plus qu'étrange, nu et à genoux derrière Sygfrid tandis que les bras de son frère enlaçait le corps frêle de ce garçon. Stoppant toute activité, le jeune Goyle se surprit à répondre. Lui qui vient d'être pris en flagrant délit de sodomite. « Eoghann... Mais... » La porte se claqua avant qu'il ne put terminer sa phrase. En mauvaise posture, il enfila rapidement son jeans et son t-shirt, laissant son amant seul afin de rejoindre son frère qui descendait les escaliers à toute vitesse. « Eoghann ! Arrêtes-toi s'il te plaît ! Je peux tout t'expliquer ! » La réponse vint rapidement, sans qu'aucune réflexion sur ce qu'il vient de voir ne fut faite. Ne se retournant pas, il continuait à descendre les escaliers tandis que son jumeau le suit, apeuré par les conséquences qui pourraient arriver suite à la découverte de son frère. « La seule explication que tu devras donner sera celle que tu donneras à père avant qu'il ne te déshérite et je rejette ! Sale sodomite ! » La peur au ventre, il le suit, continuant cette folle course à travers les marches de cette grande maison. « Arrête s'il te plaît ! Tu sais qu'il n'hésitera pas à le faire ! Moi, il ne m'aime pas comme il t'aime ! Alors stop ! » A présent au rez-de-chaussée, il se retourna, faisant face à Teàrlach qui s'arrête sur la première marche. Croisant leur regard, rien ne semble pouvoir le faire changer d'avis. « Tu encules le fils Werner et tu espères que je vais garder ça pour moi ? T'es taré ! A se demander ce qui nous lie réellement ! » Eoghann a raison dans ce qu'il dit. La ressemblance entre les jumeaux est difficile à voir, eux qui sont clairement des faux jumeaux. Rien ne les relie, mise à part peut-être la couleur de leurs yeux et de leurs cheveux. Posant une main sur la bouche de son frère, Teàrlach avance afin qu'il ne puisse pas la retirer. Son autre main vient gêner ces gestes, lui qui tente d'enlever ce membre qui le prive de la parole. « Je ne vais pas te laisser faire ! Tu dois te taire ! T'es mon frère merde ! Soutiens-moi, protèges-moi au lieu de vouloir me balancer à père ! » Reculant durant cette tirade, les jumeaux se retrouvent face à face. Eoghann est dos au mur tandis que Teàrlach est face à lui. Retirant sa main délicatement, il reprend avant de le laisser parler. « Si tu parles, je raconte ça à père ! » Dans un geste de dernier espoir, ignoble, il l'embrasse. Eoghann le repousse instantannément et lui lance son poing dans la figure, avant de crier. « Putain mais t'es complètement taré comme mec ! Tu sais ce que tu viens de faire la ? Tu le sais au moins ? Il y a des choses qui ne se font pas, même pour dissuader les autres ! » La main sur sa joue, le jeune Goyle l'a bien mérité et il le sait. Un regard noir lancé à Eoghann, il reprend malgré la douleur imminente ressentie au niveau de sa mâchoire. « Va donc dire à père que tu m'as vu baiser le fils Werner ! On verra ce qu'il dira quand je lui raconterai que tu m'as embrassé..Toi, Eoghann Goyle, son fils chéri ! » Remontant les escaliers, il laisse son jumeau désorienté au pied de ces derniers. Lui, il a une affaire à terminer quelques étages plus haut.

Présents dans la salle à manger du manoir, les parents et leurs trois enfants âgés de 7 ans, pour les jumeaux et 4 ans pour leur fille, prennent le repas tous ensemble. Comme d'habitude, la journée avait commencé par des cours à la maison pour les garçons et de travail sur les arts occultes dans l'après-midi. Un enseignement donné par Eachann lui-même, à ses enfants. En tant que Goyle, cet apprentissage est obligatoire. Un acquis qui a fait la renommée de leur famille, eux qui sont extrêmement doués dans d'autres magies que celle que l'on apprend et développe dans l'enceinte des murs de Poudlard. Le potage avalé, la table est débarassée de toutes vaisselles. La conversation peut reprendre le temps que l'entrée soit servie. « Comment se sont passés les cours avec votre père, les enfants ? » La voix d'Elspeth est d'une rare douceur, laissant entendre toute la gentillesse qui émane d'elle par le son, par le ton de celle-ci. Comme à son habitude, le père de famille répond, ne laissant pas la joie à ses enfants de le faire. « La séance s'est bien passée. Eoghann a été parfait ! » Tournant la tête vers le second jumeau, il reprend. « Par contre Teàrlach semble avoir un peu de mal. C'est bien triste, nous n'en sommes qu'au début de l'apprentissage du vaudou. Si il ne s'améliore pas, j'arrêterai peut-être de le prendre avec moi lors de ses séances afin qu'il ne ralentisse pas son frère ! » Le garçon baisse la tête, presque honteux des mots qui sortent de la bouche de son père. Relevant légèrement les yeux, il croise ceux d'Elspeth qui lui permette de se sentir mieux. Compatissante, elle apaise également ce garçon pas très apprécié par son père. Elle pose son regard sur son mari, un sourire plaisant sur les lèvres. « Tu devrais être moins dur avec eux Eachann ! Ils sont jeunes, et Teàrlach doit prendre ses marques avec ce qu'il apprend. Il ne peut que s'améliorer, donnes-lui tout simplement le temps dont il a besoin ! » Prendre la défense de Teàrlach est une chose courante chez cette mère de famille. Elle ne souhaite pas qu'il se sente inférieur face à son frère jumeau qui, contrairement à lui, à l'appui de son père puisqu'il réussit tout ce qu'il entreprend. L'homme fronce les sourcils, n'appréciant pas le discours de son épouse. Elle protège celui qu'il considère comme faible. Teàrlach est mal vu par son paternel, il ne l'aime pas vraiment, lui qui ne fera pas sa fierté contrairement à Eoghann, le fils prodige et futur héritier du patrimoine familial. Caoimhe est, malgré son jeune âge, déjà appréciée par ce père sélectif. Elle qui se trouve être précoce est considérée comme une fille intelligente et, d'ici l'année prochaine, elle pourra commencer à suivre les enseignements donnés par des précepteurs aux différents enfants de la maisonnée. Pas très heureux de ce que son épouse vient de lui dire, il répond tandis que les assiettes de l'entrée prennent place devant chaque personne. « Très bien Elspeth ! Teàrlach continuera de suivre ses cours d'arts occultes ! » Se tournant à nouveau vers l'enfant visé, il le fixa un instant. « Mais interdiction de ralentir ton frère ! Est-ce compris jeune homme ? » Aucune réponse ne vint. Le garçon est tête baissée. Il a peur de répondre à cet homme qui le terrifie. La voix s'élevant dans la pièce, il se répéte. « Teàrlach Goyle ! Est-ce compris !? » La voix presque inaudible et tremblante de l'enfant sortit de sa bouche. « Oui père. » Soupirant, Eachann plongea à présent son regard dans celui de sa chère et tendre. Il lance une dernière pique à cette dernière, avant que la conversation ne s'arrête pour déguster le plat dans un silence pesant. « Ton fils deviendra un bon à rien ! A moins que, d'un coup, il prenne en assurance ! » La discution est à présent close. Tous les membres de la famille vont s'attaquer à leur assiette respective, avant de se lancer dans une autre conversation entre l'entrée et le plat principal.

Un cri résonne dans la demeure familiale. Eachann, à présent veuf, ne sort plus de cette chambre qu'il partageait il y a encore quelques jours avec celle qu'il aimait. Un mariage arrangé qui s'était terminé par une véritable histoire amour entre deux sorciers de famille pure, et à présent terminée suite à la mort accidentelle de sa bien aimée. Elspeth Goyle, née Parkinson, s'est éteinte il y a trois jours durant la né. Son dernier souffle était survenu alors que les cris du dernier fils de la famille, qu'elle venait de mettre au monde, s'était répandu dans la pièce. Un tragique accident dont personne ne semblait se remettre. A deux dans le salon privé, les jumeaux sont en compagnie de ce bébé qu'il ne connaisse pas vraiment. Leur frère, celui qui a tué leur mère.  « Tu crois que père va s'occuper de lui comme il l'a fait pour nous ? » Le regard fixe sur le nouveau-né, Teàrlach est mal à l'aise par rapport à la situation actuelle.  « Vu son état, ce n'est pas pour le moment ! »  Eoghann est plus réfléchit, plus terre à terre et malgré la relation étrange qui lie les deux garçons, ils restent soudés dans les moments difficiles. « Depuis que le médecin a annoncé sa mort, il gémit dans sa chambre... » Les deux garçons levèrent leurs yeux vers le plafond. « J'espère qu'il viendra cet après-midi à l'enterrement ! » Teàrlach soupire suite aux paroles de son frère, posant son regard sur lui avant de reprendre. « Il tient à sa réputation, il ne nous fera pas passer pour n'importe quoi auprès de la famille de maman ! » Une réputation que le garçon connaît très bien puisque son père la lui rappelait souvent lorsqu'il n'était pas assez bon pour lui, et qu'il ne souhaitait pas que cette dernière soit salie par les problèmes de l'un de ses héritiers avec l'utilisation de la magie traditionnelle. Eoghann donne un léger coup d'épaule à son frère, le regardant tout en affichant un sourire réconfortant sur ses lèvres. « Arrêtes un peu ! Tu sais tout comme moi qu'il nous aime malgré son sale caractère ! » Teàrlach répond au sourire avant de souffler un nouveau soupire. Tendant les bras, il prend le nouveau-né qu'il pose contre son torse, le soutenant correctement pour qu'il ne lui arrive rien. « Et dire qu'il n'aura pas notre chance... Elle ne sera pas la pour le consoler quand père se montrera dur avec lui. » Posant son regard sur son jumeau, Eoghann continua. « Tout comme elle le faisait avec toi dès qu'il te rabaissait durant nos repas du soir... » Le faciès de Teàrlach s'attendrit un instant, lui qui regardait son frère âgé de quelques jours seulement. « Certes... Je vais m'occuper de lui tout comme elle s'est occupée de moi ! » Eoghann sourit à l'écoute de cette phrase. « Si tu veux te la jouer super babysitter, tu ferais bien d'aller l'habiller alors ! » Posant ses yeux sur l'énorme horloge présente dans la pièce. « On part dans quarante-cinq minutes pour aller... » Terminer la phrase est une chose difficile pour tous les membres de cette famille. Aller l'enterrer, elle, qui les avait mis au monde et éduquer correctement, alliant la douceur et la sévérité afin d'avoir une progéniture avec une certaine stabilité mentale, sans pour autant tomber dans la bêtise de ces sang pur aux idéologies trop tolérantes. « Je vais aller l'habiller et enfiler mon costume ! » Quittant la pièce, il sentit les mains de son frère se poser sur ses épaules. Léger massage, pratique amusante entre les deux frères malgré leurs nombreux différents. « Et moi je vais aller chercher père et le sortir de sa chambre, j'irai me préparer après aussi ! » Montant les escaliers côte à côte, ils se séparèrent une fois à l'étage pour aller exécuter chacun leur tâches respectives, avant que la réalité de cette absence ne les rattrape de plein de fouet.