BELLUM PATRONUM


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Rapports de 1980 à postérieur
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Message Rapports de 1980 à postérieur
par Invité, Ven 11 Déc - 19:24 (#)


le 31/08/1981
Ella Darkwood,


Dernière entrée. Ella est morte. Caïn était au désespoir. Il ne m'a rien dit, juste cogné assez fort, certainement parce qu'il croit que j'ai laissé faire ça. J'ai tenté de lui faire oublier. Je me suis oublié. À lui, à nous, comme nous aurions du le faire avant qu'elle n'apparaisse dans sa vie.
Ma jalousie devient embarrassante. Je La soupçonne d'accentuer mes réactions émotives. Elle s'est changé en goupil pour chercher son Patronus.
Ella est morte. Toutes les entrées précédente depuis décembre la concernait. J'ai tout brûlé. Même les photos. Je crois qu'il me reste une photo moldue, celle qui ne bouge pas, dans un tiroir. Je la jetterai pus tard. Caïn ne doit jamais savoir. Il ne dois jamais savoir.

[Encre abondante sur le papier, comme pour effacer des paragraphes entier.
Un sortilège peur rétablir les écritures.]
[Prière d'effacer votre post de sortilège après lecture pour laisser la place à de nouvelles entrées.]




J'écris cette note pour me souvenir. J'écris la dernière entrée pour me souvenir qu'il faudra jeter les dernière photos, et brûler tous les souvenirs. Pour Caïn. Pour Caïn. Et pour moi-même. Autrement, je deviendrai fou.


Dossier Ella Darkwood Classé.,
Dossier n°45-299-396
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Message 25 décembre 1981
par Invité, Dim 10 Jan - 10:58 (#)

 
le 25/12/1981
  Comptes bancaires.,


  Boîte en bois noble au blason des Gaunt
Velours intérieur enchanté : imperméable aux sortilèges.
Collier en argent fin et discret, Pierre de Lune
Montre de marque, ancien modèle, neuve
Total dépense : 220 galions.

"Le bois verni ne sera jamais altéré par le temps, résiste aux sortilèges de destructions les plus violent, et me velours intérieur est absolument imperméable aux sortileges. Rien ne rentre, et rien ne sort, vous pourriez même y enfermer du temps ! Littéralement une boîte de Pandore ! Sans oublier le travail d'orfèvre de..."
Sourire. L'ironie du sort, sans mauvais je de mots. Je coupe le vendeur et lui donne ses galions dans un sac. Il a la présence d'esprit de s'incliner en silence et de sortir pour compter. Il revient tout sourire.
"Elle est à vous !"
Je le remercie et prend la boîte pour la glisser dans un sac sans fond. Je ressors de la boutique d'objets magiques du chemins de traverses et me dirige calmement vers l'allée des embrumes. Les quartiers délaissés par les autorités sentent la crasse, mais surtout et par dessus tout, respirent la magie noire. Je m'y sens enfin à l'aise... libre. Mais je n'ai pas le temps de m'attarder. Je file vers une boutique d'enchantement et ouvre la porte qui fait sonner une cloche cassée. Le hibou noir m'observe avec le même or brûlant et haineux dans le regard. Je l'ignore et avance jusqu'au comptoir que je frappe. Je semble réveiller l'anticaire enchanteur dans l'arrière boutique qui semble s'effondrer. Il revient, toujours aussi sale et borgne.
"Ah, vous voilà ! Je viens de finir ce matin. Les souvenirs supplémentaires vont vous coûter un petit supplément.
-Bonsoir Sir. Est-ce efficace ?
-J'ai testé les deux ! Je ne suis sans doute pas le meilleur legimen qui soit, mais croyez-moi si je vous dit que la supercherie leur donnera du fil à retordre, hé hé ha..."
Voix rauque et aiguë. Rire gêné et difficile. Mais il semble fier de son oeuvre. Il les sort de l'atelier et les pose sur le comptoir.  Une montre ancienne et un pendentif bleu, dans lesquels se baladent des petites volutes blanches, à la manière de pensés miniatures.
"Ce n'était pas évident,  vraiment pas évident ! Modifier un souvenir est un chose, le reconstruire complètement ! Et quand à faire tenir ce sortilège dans un aussi petit objet ! Assez puissant pour empêcher les porteurs d'être lus, et juste assez fin pour ne pas attirer le legimen si il essaye de sonder votre voisin. Ceci-dit je vous conseille de ne pas porter cela quand vous n'êtes pas suceptible d'être lu, vous vous attireriez des soupçons à cause de la légère perturbation que ça cause. Des souvenirs noirs, déguisés en pensées blanches, c'est puissant monsieur, très puissant !"
Et surtout, il y a très peu de souvenirs à y lire, proportionnellement à notre vécu. Des souvenirs vains, très vains. Très vaniteux d'amour pur et propre, d'idylle entée jeunes gens riches. Je pose deux doigts sur le pendentifs. Plonge dans l'artificielle pensée, de peu défaut apparent, si ce n'est un piètre et cliché jeu d'acteur.
Remplaçant les gestes faits à Delliah par des preuves d'amour à Béatrice. Effaçant Dell de certaine scènes. Modifiant les mots et les regards. La manière de sourire. De prendre dans les bras.

"Trop de serviteurs ? Nous avons une grande maison.
-Je pourrais tout faire tout seul. Pour toi en tout cas. Je suis jaloux de toutes celles qui ont pu peigner tes cheveux."
"Pourquoi souris-tu si stupidement ?"
"Parce que je t'aime. Béatrice Gaunt, veux-tu m'épouser ?"

Le vieux borgne renifle bruyamment. Je sors la boîte noire pour y poser le pendentif comme on borde un nouveau né. Les rangent dans le petit sac à ma ceinture et rabat ma cape, avant d'attraper la montre et de l'enfiler aussitôt. Puis je pose un sac de galion au moins deux fois plus volumineux que celui du vendeur du Chemin de Traverse sur le comptoir. Il stoppe sa respiration en le fixant et s'en approche. Il en effleure les bord, puis l'ouvre Pour y jeter son petit oeil de rat. Il ressemble à un pervers qui caresse une petite fille.
"C'est bien, bien... Mais monsieur, sans vouloir abuser de votre temps... Je suppose que les souvenirs orignaux doivent rester... En sécurité ?
-Je les reprends.
-Bien, bien monsieur, tout de suite monsieur. Mais monsieur..."

Il part dans l'arrière boutique et revient avec dix petites bouteilles ou flottent des serpentins de pure lumière. Je le coupe en débouchant les premiers pour les lever au dessus de moi et les faire tomber dans mes yeux.

"En avez-vous fait des copies ?
-Je ne fais jamais de copie, Mon seigneur. La seule copie existante est dans votre esprit... Et dans mon crâne impie qui les a vu et manipulé, évidement. D'ailleurs en parlant de ça..."

Delliah dans mes bras qui rit. Qui pleure. Que je fais danser du haut de mes quatorze ans, et la petite Béatrice qui nous regarde en boudant. Je pose le sixième flacon vide dans un agacement palpable. Elle chante. J'en attrape une autre. Mes yeux me font mal. J'avale les suivantes.

"Il est logique que vous ne voudrez pas que cela tombe... Entre de mauvaises mains ? Et moyennant quelques menues piécettes, je pourrais me porter garant de...
-Ce ne sera pas nécessaire."
Je laisse tomber le denier flocon et sort ma baguette, la chaleur des bras d'Ella etraignant encore mon corps, la pointant droit sur son front. Il me regarde avec horreur. Je baisse mon capuchon sur le visage.
"Merci pour vos loyaux services.
-Non, non pitié !
-Obliviate."

L'homme se cambre et se cogne l'arrière de la tête sur ses étagères alors que tous les souvenirs me concernant disparaissent. Les passages pour donner mes souvenirs, ceux pour les modifié, mes consignes, les objets... Mon visage.
Bousculé et déboussolé, l'homme reste un instant chancelant quand je range la baguette. Je m'en retourne. Il me salut comme si je venais d'arriver, mais je ne lui réponds pas, et sors.


25 décembre 1981
Acquisitions des Legilitrompeurs. Sommes déversées au total : 390 galions. Sortie ce soir chez les Nott. Fatigue notoire. 
 
Dossier Béatrice Gaunt,
   Dossier n°48-122-846
 
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Message Bouteilles étiquetées "Elle", sans date, 2 centimètres de haut, bouchons scellés.
par Invité, Sam 16 Avr - 16:42 (#)

 
le 16/04/1982
 Delliah,


Je crie, je crie. Je crie plus fort que l’Univers ne peut en contenir, et Elle crie avec moi. Elle s’éloigne de moi et me plonge dans la douleur jusqu’à disparaître de l’autre côté de la planète, du pays. Juste pour t’appeler. Pour crier ton nom en désespoir de cause. Je hurle, hurle, en peine, en deuil, en proie à la souffrance que j’ai lutté pour ne pas ressentir pendant toutes ces années. Je hurle de solitude et de peine. Je hurle de la douleur de l’avoir perdue. Je hurle de peur à l’idée que ça recommence.

Si je n’arrive pas à l’effacer elle, qui n’a fait qu’une année de ma vie, comment pourrais-je t’effacer toi ? Ne meures pas, Delliah, ne meures pas ! Je te rendrai immortelle, tu vivras pour toujours. Dis-moi que tu vivras toujours. J’ai tellement peur, tellement peur de ta mort.

Dis-moi que tu ne mourras jamais.

 

Phase de démence, nuit du 16 avril.,
   Dossier n°00-000-001
 

 

 
Bouteille opaque. Serpentin blanc agité.
 Souvenir banni,

C'est ton rire. Ton rire et le mien qui sonne t à l'unisson. Je ne sais même plus pourquoi on était si prêt de mourir de ces secousses violentes du diaphragmes et pourquoi nous peinions à avaler notre air. Mais le son... Juste... Le son.

Le son de ton rire et du mien, qui chantent.

Le son de ton rire.

J'en pleure, Ella. Quand j'oublie d'oublier, j'en pleure de solitude, tellement ce rire transcende l'image de ton visage que j'efface. C'est comme la couleur de tes cheveux, ou la forme de ta main dans la mienne. Je n'y arrive pas. Je n'y arrive juste pas. Et j'ai bien peur qu'un jour je fondrai en larme si je sentais à nouveau l'odeur de ton parfum moldu à prix modique.

Je pleurerai de regret.

Ella rit. Rit sans contenance en poussant mon épaule, elle-même secouée de spasmes incontrôlables. A chaque fois que l'un de nous essayons de rétablir l'ordre en clamant que ça n'a rien de drôle, nous nous remettons à rire. Rire jusqu'à oublier pourquoi on rit.

Ce fou rire qui laisse K.O.. Nous laisse K.O. Sur l'herbe derrière le grand mur de pierres noires du château. Le ventre tordu par un ver appelé Joie que nous tenons pour le retenir avec notre souffle éphémère, nous finissons allongés, épaule contre épaule, à contempler un ciel sans nuage... Et nos visages.

Ton visage. T'es yeux clairs qui semblent contenir tout l'espoir du monde sans même que tu ne le saches vraiment. Ce regard dure une éternité de trop. Mais aucun de nous deux ne bouge. Elle brise le moment, d'une voix simple et sans reproche :

« Pourquoi tu m'as jamais embrassée ?
-Qu'est-ce que je ferais après ça ?
-Non sans rire Abel. Pourquoi tu m'as jamais baisée ? »

On se regarde. Elle fouille au fond de mes yeux et je cherche au fond des siens.

« Tu as eu toutes les chances du monde.
-Ce n'est pas moi que tu aimes.
-Qu'est-ce qu'on en sait ? Je ne lui ai jamais adressée la parole. Tu le sais aussi bien que moi. À force de baver sur un inconnu, je vais finir par oublier ce qui est en face de moi.
-Ella, je suis fade à côté de Ben, crois-moi.
-Ça aurait été n'importe quelle autre fille tu l'aurais sautée et l'aurait présenté comme une traînée de plus à Caïn sans une hésitation.
-Je n'en ai pas envie.
-Tu ne crois pas en l'Amour. »

Elle s'est redressée pour me surplombée de son regard franc et brûlant. Pas de passion pour moi, mais d'un désir de vérité. D'une certitude qu'elle me tient enfin. Et elle a raison. Elle me tient.

« C'est toi qui l'a dit. En plus tu espères que j’y croie.
-Je crois en quelque chose de bien plus transcendant que ça.
-Alors pourquoi tu m'as jamais touchée ? »

Je ferme les yeux et me tourne en lui attrapant la taille et en la renversant au sol. Nos jambes se touchent, nos regards se transcendent, nos âmes se parlent et nos Patronus se tournent autour. Sans jamais trouver l'adéquation,  entre le jeu et le sérieux.

« Parce que tu es la seule personne à voir en lui mieux que moi. »

Tu es parfaite pour lui. Je le sais. Je le sens jusqu'au fond de mes tripes. Il n'y en a aucune autre qui satisfera mieux Caïn que cette tigresse aux milles visage et au cœur de feu. Nos fronts se collent, comme deux frère et sœur se reposent du tumulte extérieurs. Mais le tumulte est en nos deux cœurs frustrés. Frustrés et jaloux l'un de l'autre.

« Tu es la seule personne... Qui lui apprendra à s'aimer. »

Elle sourit avec un mélange de tristesse et de dégoût.

« Tu recommences à calculer.
-Je n'ai pas besoin de calculer pour ça. »

Je passe une main dans ses cheveux et détourne les yeux, me redresse pour m'éloigner.

« Tu es la seule qui l'aime autant que moi.
-Tu me demandes d’y croire ? L’amour à sens unique, très peu pour moi.
-C'est faux. »

Je lui souris, le cœur pincé.

« Tu ne t'es pas trompée. C'est vraiment lui que tu aimes. » Je hausse les épaules quand elle se redresse à mes côtés. « Tu le sais. Tu le sens aussi. »

Elle ne répond rien. Il n'y a que ce vague sourire sur son visage. Elle le sait.

« Je sais. »

Mon coeur se brise à nouveau. En silence. Je suis frustré comme un enfant. Mais heureux à la fois. Je prends sa main dans la mienne et elle la serre fort. Comme une prière. Comme une promesse.

« Je sais. »

Nous le savons tous les deux. A quel point nous l’aimons.


Dossier Ella Darkwood Classé.,
   Dossier n°45-299-396
 



 
Bouteille opaque noire. Serpentin blanc lent.
 Souvenir interdit,


Elle s’approche, doucement, d’un corps endormi sur le banc d’un recoin de couloirs, derrière de petits escaliers en colimaçon. Eclairé par la lumière du jour, un livre de magie noire sur le ventre. Elle s’approche en douceur. Il semble à demi endormi, et son murmure raisonne comme un secret heureux de par-delà les songes.

« Delliah ? »

Il tend mollement une main. Elle la prends et s’assoit à ses côtés. Il tire pour la faire pencher, les yeux clos, et l’embrasse avec douceur en passant une main dans ses cheveux.

« Dell… »

Elle se redresse brusquement et fait tomber le livre. Il ouvre les yeux.

« Ella ?
-C’était ta sœur ? »

Il semblé tiré de ses songes enfin. Ses yeux s’éclairent d’un colère noire quand il comprend ce qui vient de se passer. Il passe sa main derrière sa ceinture pour tirer sa baguette et la repousse. Mais elle la tire plus vite que lui.

« Obli-
-Expediarmus ! »

La baguette trop longue vient taper contre le mur de pierre et Adonis se jette sur la jeune femme. Mais il est trop lent.

« Impedimenta. »

Il s’effondre au sol, comme entravé par des cordes, et se débat comme un ogre, les yeux rouges.

« C’était ta sœur pendant tout ce temps ?
-Ferme-la. Tu ne vas rien dire. Tu ne vas rien dire ou je te tue !
-Ne me menace pas !
-Je sais déjà ce que tu penses, Sang-de-Bourbe, alors relâche-moi et je me contenterai de t’arracher la langue ! »

Elle lui donne un coup dans le ventre et il avale sa salive de travers, crache sur le sol dans une quinte de toux sèche et douloureuse.

« Tu ne sais pas !
-Tu me prends pour un con ? Tu crois que ça ne se voit pas dans tes yeux ? Oh, les Sang-Purs, et leurs enfants qui ont la vie tranquille sans rien faire, une belle carrière toute tracée, peur de croiser le regard d’un moldu mais qui n’ont aucune honte à s’enfiler leur propre famille ! »

Elle redonne un coup de pied dans le creux du ventre. Cette fois il se plie complètement en deux et des larmes perlent dans le coin de ses yeux. Elle s’accroupie et s’agenouille face à lui, contenant un mélange de dégoût et de peine réelle.

« Tu me crois si simplette et bornée ? »


Dossier Ella Darkwood Classé.,
   Dossier n°45-299-396
 



 
Bouteille opaque turquoise. Serpentin blanc ondulant.
 Souvenir maudit,


« Je ne veux pas. »

Nous marchons à pas pressés dans les couloirs. Mon insigne est caché par une écharpe blanche. Tu me suis à la trace, tenace. Je suis exaspéré. Toi aussi.

« Alors quoi, je suis trop laide pour tes goûts raffinés ?
-Je t’en prie, une Tante se referait pousser une paire de couilles pour t’avoir ! »

Tu me prends par le bras et me retourne. Les gens nous regardent. Je prends ta main et nous éloigne, vers un bout de couloir désert. Tu me fusilles des yeux, la lèvre tordu par ce mélange de mépris profond et d’un chagrin que personne, pas même moi, ne verra jamais.

« Ella, tu es magnifique.
-Alors t’es pas une Tante, super !
-Je suis peut-être juste pas un homme.
-Tu es lâche Abel. Tu as honte de moi. »

J’encaisse l’insulte en tournant les yeux vers la première fenêtre. Mon silence est une erreur et je le sais. Parce qu’elle me connait par cœur. Chaque ouverture est une faiblesse, un angle d’attaque.

« Tu veux absolument me caser avec Caïn pour qu’il soit définitivement déchu, c’est ça ? Toi et ton petit monde de sang-pur de- »

Je la coupe d’une gifle, à bout de nerfs. Elle n’attend pas de ressentir la douleur pour me la rendre, et n’ayant pas l’habitude de me défendre autrement qu’en duel de sorcier, j’accuse le coup et n’arrête que la deuxième en retenant son poignet de toutes mes forces, si fort que je pourrais y laisser un hématome.

« Je ne PEUX PAS avoir honte de toi ! Tu es parfaite, d’accord ? Parfaite ! Tu es l’une des meilleures sorcières que je connaisse, la meilleure, en sortilège offensif, qui soit, je n’ai AUCUNE cousine qui peut se vanter d’être aussi belle que tu ne l’es, et surtout parler avec toi me rappelle à quel point les autres sont d’une bêtise et d’une intelligence limitée ! Et c’est précisément pour tout ça que je n’ai pas envie.
-Ce que tu dis n’a aucun sens. Tu me fais mal, lâche-moi. »

Je la lâche, elle m’adresse ce mélange de dédain et de fureur brute et libre que je ne me permettrai jamais d’avoir. C’est comme avoir un joyau incandescent dans la main, un diamant brut tellement beau qu’il serait idiot de le tailler.

« Tu mens comme tu respires, et surtout à toi-même. Je le sais que tu me veux, mais tu as honte. Honte de mon absence de nom, de parents sorciers friqués et de mon rejet complet envers vos terroristes de Mangemorts !
-Je sais surtout que tu ne m’aimes pas Ella. »

Son visage est flou. Dur. Je ne sais pas ce que j’y lit. Je crois que je l’ai blessée.

« On a pas besoin de s’aimer pour ça.
-Je ne veux pas avoir à te foutre en l’air pour te prouver que je t’aime. »

Elle me regarde, inquiète, et a un geste de recul. Je hausse les épaules et lève les yeux en l’air en soupirant. D’agacement.

« On a déjà eu cette conversation des centaines de fois.
-Et visiblement on a jamais réussi à être clairs.
-J’ai été élevé pour être un machine de guerre politique Ella. Je ne pourrais jamais te prouver que tu peux avoir confiance en moi. On ne m’a jamais appris. On ne me l’apprendra jamais. Je n’aime personne. Personne d’autre que lui et Delliah. Et quand bien même c’est arrivé ça s’est toujours fini pareil, t’as pas idée.
-Arrête ton mélodrame.
-Je ne veux pas. C’est tout. Même pour jouer, je ne veux pas. Et pas parce que j’ai honte de toi ou de ce que tu es. Mais précisément parce que je sais que tu vas pouvoir changer ça. Changer ça avec quelqu’un qui ne te fera jamais sentir que tu devrais avoir honte.
-Ton frère ?
-Tu le sais et tu le sens aussi bien que moi. Tu le regardes encore comme si c’était le premier jour dès qu’il tourne le dos. »

Elle sait que j’ai raison. Elle le sait, comme cette religion que nous sommes les deux seuls à honorer. Cette foi intime en cet homme qui est la joie et le soleil, la calme fureur de vivre, ce Roi insoupçonné. Elle le sait, le sens au plus profond d’elle-même.

Mais son sourire de tristesse se change en ce regard de mépris. Qui lutte contre la foi. Lutte contre mes mots. Lutte contre cette folie qui nous habite tous les deux, cette certitude, que c’était lui, et personne d’autre.

« Tu n’es qu’un lâche, Adonis Abel. »

Je vais pour lui remettre une gifle. Elle m’arrête au vol. Je lâche mes affaires et prends sa nuque dans a paume et l’attire à moi, l’embrasse avec cette fureur et cette puissance écrasante qui se tait pour ressortir comme un hurlement. Elle laisse tomber ses livres au sol. Mon esprit danse contre son odeur, elle tire désespérément sur ma nuque. Non. Pas désespérée. Déterminée. Contre le destin que je lui prédis. Contre ce que son propre cœur lui murmure. Cet amour inconditionnel pour Benton, à qui elle n’a jamais adressé la parole. Cette certitude qu’il ne sera jamais aussi parfait que dans ses songes. Cette certitude que je suis plus vrai que ce fantasme irréaliste.

Je sais que ce n’est pas un fantasme. Je sais que c’est ton âme sœur. Je sais que l’un et l’autre vous seriez capable de m’oublier complètement à chaque regard. Je sais qu’il est même mieux que tout ce que tu imagines. Je sais que tu détruiras tous nos préjugés. Je le sais tellement fort que ça me fait mal. Mais je le sais.

Alors puisque tu doutes, je vais te le prouver. Te prouver l’ampleur du mensonge que je suis, et te prouver à quel point je suis doué pour tout foutre en l’air.

Je n’ai pas honte d’embrasser une née-moldue, Ella.

J’ai honte de toucher à l’âme-sœur de mon frère.

Nos lèves se séparent et reprennent l’air trop froid du couloir vide au creux de nos poumons échauffés. Nos yeux perdus dans l’ivresse se retrouvent avec cette lueur de défi. Je prends ta main et ramasse nos cours, t’emmène dehors, à Pré-au-Lard, en tirant sur ton bras.

Je n’ai pas su être plus qu’un homme ce jour-là. Je n’ai pas su te persuader ce jour-là.

Que c’était lui et pas moi.

Dossier Ella Darkwood Classé.,
   Dossier n°45-299-396
 



 
le 30/08/01
 Nuit, Rapport final,


Ella m’a dit ce matin qu’elle irait lui parler.
Elle ne l’a jamais fait.
Le train a déraillé, et elle était dedans.
Elle était dedans.
Et elle n’a pas survécu.


Dossier Ella Darkwood Classé.,
   Dossier n°45-299-396
 


[Textes corrigés par B. Caïn McLeod]
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