Le front collé à la vitre glacée, il fixe le paysage défilant devant ses yeux. Il repense à ces derniers mois, magnifiques et en même temps désastreux. Il y repense comme un rêve, comme un cauchemar. Car c’est bien ce à quoi sa vie ressemble. Un fantasme qui se transforme ensuite en une noirceur, le transformant pour toujours. Il évolue, il grandit peut-être mais je ne saurais dire s’il murit. Non, Bartholomew est toujours insouciant, toujours aussi casse-cou, c’est dans son cœur que tout a changé.

Il n’y a que deux dates à retenir dans son histoire. La première est celle qui a commencé sa descente aux enfers, la seconde a été décisive pour toi.

1978

Beaucoup de gens savent ce qui est arrivé. Mais pour ceux qui n’en auraient pas encore connaissance lisez les lignes qui suivront elles sont importantes. J’essaierai de vous les conter d’une manière claire et concise mais je ne pourrais minimiser les faits. Car c’est bien d’une mort que l’on va parler. Celle de son frère. Roméo Phénix Potter, un homme bien noble, bien majestueux. Il était son modèle, il était son guide et aujourd’hui qu’il n’est plus sa vie semble si triste, si vide. La scène en elle même, ce qui est arrivé ce jour-là n’est pas une chose dont on aime parler mais pour vous éviter de demander à Bartholomew des détails je vous en ferai part avant.

C’était un jour de pluie. Roméo allait quitter le pays pour rejoindre l’amour de sa vie en France. En bon Potter qu’il était, il voulait faire sa dernière farce mais il n’avait pas pris en compte les conditions météorologiques. Sur un balai en haut du château, le vent soufflant sur son visage il est parti en vrille. Sous les yeux de son frère cadet il est tombé. Barth s’est tout de suite mis à courir dans les escaliers, espérant qu’en descendant le plus vite possible il pourrait rattraper son frère. Mais une fois arrivé dehors, une fois arrivé dans la cour de l’école il a vu son corps étendu par terre. Il se souvient le sang qui entourait sa tête. Il avait crié, il l’avait appelé, mais on l’avait empêché de bouger plus. On le retenait, on essayait de l’amener loin du désastre. Mais c’était trop tard, il avait tout vu. Il avait vu la chute, il avait vu son dernier regard, il avait vu le sang.

Les jours ou mois qui avaient suivie la mort de Roméo avaient été les plus sombres pour la famille. Bartholomew n’était plus qu’un fantôme, plus qu’un souvenir. Enfermé dans sa chambre, refusant de se nourrir, refusant de voir qui que ce soit, il restait dans l’obscurité de son malheur. Jusqu’à ce qu’une petite lumière s’allume, jusqu’à ce que son patronus arrive, illuminant son monde à nouveau.

1980-1981

Je ne saurais dire pourquoi mais le Bartholomew a changé pendant cette période. Sa joie qu’il avait retrouvée s’est évaporée. Plus le temps passait et plus il retombait dans les noirceurs du deuil. C’était comme si il ne pouvait pas y échapper, c’était insoutenable. Il entendait son frère, le voyait, il devenait presque fou. Ses parents le voyaient si malade alors ils l’ont envoyé en France pour se ressourcer pendant les grandes vacances. Et ça a fonctionné.  Il y a rencontré l’amour, le vrai. Elle était belle, elle était forte. Mais elle lui cachait tellement de choses. Tellement de malheurs. Il ne le savait pas pourtant, et quand bien même il s’en moquait. Aveuglé par ses sentiments il ne voyait pas qu’elle allait l’entrainer dans un nouveau deuil. Car quelques jours après la rentrée à Poudlard elle a voulu retourner dans son pays. Il ne voulait pas la perdre alors il l’a suivie. Ce qu’il ne savait pas c’était ce qu’elle cherchait à fuir. Arrivés là-bas il a d’abord cru qu’ils allaient vivre une histoire idyllique digne d’un feuilleton télévisé mais ça n’était pas le cas. Elle avait des dettes, des tonnes. Ses défunts parents moldus l’avaient laissée avec tellement de problèmes que les fuir n’était même pas envisageable. Et pourtant elle s’était dit qu’elle y arriverait, qu’avec Barth à ses côtés rien ne pourrait lui arriver. Mais ils sont arrivés, ils ont tiré avec leurs armes maudites, ils ont fait mouche. Ils ont cru les avoir tous les deux tués mais il n’avait qu’à moitié raison. Elle avait perdu trop de sang, lui avait été aux portes de la mort.

A son réveil, il était à Sainte Mangouste. A ses côtés, sa mère dormait dans un fauteuil, le veillant. Sa sœur était arrivée ensuite, le sourire aux lèvres et les larmes aux yeux. Il avait failli mourir, il avait failli rejoindre son frère, rejoindre Emma. Car elle n’avait pas survécu et c’était la faute des moldus. Des moldus l’avaient tuée, des moldus assoiffés d’argent. C’était un comportement qu’il ne comprenait pas, qu’il n’arrivait pas à comprendre. Alors plus le temps passait, plus il passait du temps à étudier les moldus moins il les aimaient. Bien trop sanguinaires, bien trop débiles. Ils étaient comme des animaux, ne sachant pas vraiment pourquoi ils agissaient ainsi. Sa sœur lui répétait sans cesse que c’était la haine qui le guidait, qu’il était devenu aveugle mais il ne l’écoutait pas. Au contraire, il l’insultait en lui criant qu’elle était bien trop naïve.

Le train s’était enfin arrêté. Arrivé à Prè-au-Lard. Il a attrapé ses affaires et est sorti sur le quai. Respirant l’air frais de son monde sorcier, il a sourit. Une femme l’a reconnu, elle lui a sourit jusqu’à ce que son regard ne tombe sur la Marque. Rapidement il a rabattu sa manche sur sa peau nouvellement tatouée, il n’est pas encore habitué à porter un tel symbole, il n’en est même pas très fier mais il le faut. Car pour lui, les moldus sont une espèce à éradiquer de la surface de la Terre. Il sait que ce n’est pas bien, il sait que les Mangemorts ont des idées parfois un peu trop radicales mais il n’a pas le choix. Car pour lui c’est une histoire de vengeance, pour lui combattre les moldus lui permettrait de venger la mort d’Emma. Car il en veut à ses assassins, il en veut à ses parents qui lui ont laissé un tel poids sur les épaules. Et il espère y parvenir.
.