« Pardonne-nous mon fils. Si nous avions le choix… » « Un jour, un jour tu comprendras. » Deux paroles, à peine murmurées contre la joue rosie et chaude d’un nourrisson. Un panier, quelques affaires déposées au devant d’une immense porte en bois blanc usé, des pas qui s’éloignèrent et la nuit qui étouffe les sanglots répétés d’une femme soutenue par son mari, avant de disparaître dans le froid de l’hiver. Le nourrisson, conscient de sa soudaine solitude se met à hurler à pleins poumons. La porte s’ouvre, laissant apparaître un homme dont la barbe pendante aurait pu faire croire au repère du père Noël en personne. « Ainsi donc, tu t’appelles Harry. » souligna le vieillard après avoir lu la lettre laissée dans mon panier. Sa main, criblée de rides décoiffe tendrement l’amas de poils bruns qui ornent déjà mon crâne malgré mes maigres années, et je me détends sensiblement sous ce contact. Mes cris cessent, et mes yeux, d’un vert émeraude, se posent un instant sur celui qui me tient maintenant dans ses bras, soucieux de ne pas me blesser. « Harry Angel Drake. Bienvenue à l’orphelinat de Stockwell. » « Humm…intéressant. Tu as de nombreuses qualités, petit, mais tu ne sais pas encore les utiliser correctement. J’hésite…tu as évidemment du courage, comme les Gryffondors, mais tu es de nature réservée, si sensible. Ta loyauté ne fait aucun doute cependant je pense que le mieux serait … ! » s’exclama le choixpeau tandis que les cris de mes nouveaux compagnons s’élevaient à la table. Soulagé de ne pas avoir été envoyé à une table en particulier après toutes les rumeurs que j’avais eu l’occasion d’entendre lorsque nous montions dans la Grande Salle, je me dépêche, maladroitement, de rejoindre ma nouvelle maison, souriant et serrant les mains de ceux qui me les tendent avec enthousiasme. Enfin, enfin une vraie famille.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] « Je vous déclare maintenant, mari…et époux. Vous pouvez ENFIN embrasser votre époux, monsieur Stevens. » annonça sur un ton solennel mais non dénué d’amusement, un ami de la famille, qui avait passé une grande partie de son temps à remonter les bretelles à Peter qui cherchait à capturer mes lèvres en plein milieu de la cérémonie d’union, sous les rires étouffés de ses quatre meilleurs amis, et accessoirement garçons d’honneur, tandis que les trois miens rougissaient ou s’énervaient de cet affront. Je ne crois pas n’avoir jamais été aussi heureux que ce jour là. Même s'il ne s'agissait que d'un faux mariage que nous avions organisé en prévision du futur, plus qu'incertain. Peter trouvait l'idée intéressante, nos amis eux avaient été extatiques lorsqu'ils y ont pensé. Nous avons dansé, bu – surtout Peter, puisqu’à la première goutte d’alcool, j’étais déjà saoul – et rigolé jusqu’au petit matin, lorsque mon oompagnon avait décidé que le temps était venu de – je cite – « baptiser la suite nuptiale » qu’il avait réservée dans un charmant petit hôtel situé aux Bahamas. Les adieux avec mes amis furent à la fois déchirants pendant que je pleurais dans leurs bras – encore une fois, l’alcool avait tendance à me désinhiber totalement – et que je lançais des mots d’amour à toute l’assistance qui ne pouvait s’empêcher de rire. Heureusement, le ridicule n’avait jamais tué personne. A peine quelques minutes plus tard, et nous avions transplané. J’avais toujours haï ce mode de transport, contrairement à Peter. La faute à ma maladresse légendaire qui me faisait presque toujours chuter au sol une fois arrivé sur place. « Allez viens toi, il est temps de faire honneur à ton merveilleux faux mari. » grogna Peter en me soulevant de terre tandis qu’il passait le seuil de la porte d’entrée de notre suite. Rouge de gêne, je me dépêchais aussitôt de le repousser pour courir à la salle de bain, suivi par le rire moqueur de mon compagnon. « Ouvrreee-moiiii, je vais entreeerrrr !! » cogna t-il par deux fois à la porte tandis que je luttais pour reprendre une contenance. « Arrêtee, Peter ! S’il te plait, laisse-moi me débarbouiller un peu ! » suppliai-je en observant avec horreur mes cheveux décoiffés, mes mains tremblantes et mes joues rouges devant la glace. « Oh je t’en prie chaton, tu es parfait. Je t’attends dans la chambre. Tu te dépêches hum ? Il ne faudrait pas que je sois obligé de venir t’enlever à nouveau… » murmura t-il de sa voix grave à travers la porte. « Oui oui ! » répondis-je tandis que je me jetais pour commencer un rapide sort de sobriété, avant de m’activer dans la salle de bain, retirant un à un mes vêtements, ne gardant que ma chemise et mon caleçon par pudeur, et tentant vainement de remettre un peu d’ordre dans mes cheveux et mes idées. Cette nuit, je l’avais toujours imaginé. Rêvé. Fantasmé. Mais voilà, je savais que contrairement à moi, Peter n’était pas novice en matière de relations sexuelles. Et, quoique je n’avais aucun doute quant à sa douceur à mon égard, je ne pouvais me retenir d’être inquiet. « N’aie pas peur, chaton. Je ne ferais rien si tu ne le veux pas. » entendis-je alors souffle tout contre mon oreille. Je ne l’avais même pas entendu entrer, trop occupé à paniquer sur mon sort. « Peter…je…je t’aime. » ne pus-je que marmonner contre son épaule en soupirant bruyamment. « Je sais chéri, moi aussi je t’aime. » Ses lèvres happèrent aussitôt les miennes pour un baiser chaste, tandis que ses bras s’étaient noués autour de ma taille fine, me pressant tendrement contre son torse dénudé.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] « Harry ? Harry, tu es toujours là ? Je t’en prie, ne fais pas ça. Ne fais pas ça, tu ne p…ne fais pas ça. Je sais que c’est dur. Je comprends. Nous comprenons tous, mais tu ne dois pas laisser le chagrin t’aveugler à ce point. Je t’en prie, Harry, laisse nous t’aider. On surmontera ça ensemble. Non, non ne raccroche pas. Si…si tu raccroches je vais venir. Je te préviens Harry, c’est toi qui as choisi ce moyen de communication moldu, mais je n’hésiterai pas à transplaner si tu me raccroches au nez encore une fois ! » s’exclama mon meilleur ami en prenant une voix alarmiste. « Je...écoute...j'ai besoin d'être seul, d'accord ? Oui je sais que je te le dis tout le temps, je sais que vous vous inquiétez et je le regrette mais j'en ai besoin, tu comprends ? J'..j'ai besoin d'être seul, de faire mon deuil à ma manière. D'ailleurs, il aurait jamais dû avoir lieu ce mariage. On avait que 20 ans et ce n'était même pas un vrai ! Enfin, lui il n'était plus étudiant et moi... enfin, vous tous, je vous adore, et je sais que vous serez toujours là et je vous en remercie mais je crois que je vais rester à Poudlard pour les fêtes et...ne viens pas d'accord ? Ne venez pas, je veux être seul, comme avant. » murmurai-je d’une voix raillée avant de raccrocher, les larmes commençant déjà à rouler le long de mes joues froides. C'était il y a dix ans.