C'est la chaude odeur du pain chaud qui me réveilla ce matin d'avril. L'odeur du pain chaud s'échappant de la boulangerie pour revenir rejoindre ma fenêtre et chatouiller mes narines. Nous sommes un dimanche, il est onze heures, dans exactement dix minutes, mon père allait revenir avec du tabac, le journal et du chocolat. Je décidais donc de rester encore dix minutes dans mon lit. Cette petite routine me plaisait énormément. Vingt minutes passèrent, toujours rien. Ce n'était pas dans les habitudes de mon père d'être en retard, surtout le dimanche. Après avoir enfilé une belle robe de chambre orange reconnaissable à des kilomètres à la ronde, je dévalais les escaliers quatre à quatre et tombais sur une scénario des plus original. Mon père assis sur une chaise du salon, ma mère à ses côtés, un air grave sur le visage.

« Qu'est-ce qu'il se passe ? »

Zut. Ca c'est mon bulletin. Je n'avais absolument rien fait du trimestre, trop occupée à dessiner des nuages sur l'intégralité de mes cahiers. Comment avais-je oublié de le prendre avant eux dans la boite aux lettres ? Je me mordis la lèvres. Demi tour, maintenant.

« Heather ? »

Raté. De toutes façons, il faudrait bien assumer. Mais franchement, j'avais trop envie d'aller à la fête de Cassidy à Londres ! Je n'avais que onze ans, des fêtes comme ça, ça ne se représenterait pas avant...au moins quatre ans, l'éternité quoi !

« Est-ce que tu as remarqué des choses étranges avec ton comportement depuis quelques temps ? »

Ouhla, ça commencait à m'inquiéter là. Mon père n'avait pas l'habitude d'être aussi sérieux, il passe son temps à plaisanter, pour le grand damne de ma mère qui se demande parfois pourquoi elle a épousé un tel idiot. Mais après il l'embrasse et tout rentre d'en l'ordre. Le visage de ma mère semblait totalement mort, elle s'assit, blanche comme un linge. Ca m'inquiétait vraiment. Même pour un bulletin médiocre, ils n'auraient pas réagis comme ça.

« Non...Je devrais ? »

Il me tendit une lettre.

« COLLÈGE DE POUDLARD, ÉCOLE DE SORCELLERIE
Chère Miss Castelane,
Nous avons le plaisir de vous informer que vous bénéficiez d'ores et déjà d'une inscription au collège Poudlard. Vous trouverez ci-joint la liste des ouvrages et équipements nécessaires au bon déroulement de votre scolarité.
La rentrée étant fixée au 1er septembre, nous attendrons votre hibou le 31 juillet au plus tard.
Veuillez croire, chère miss Castelane, en l'expression de nos sentiments distingués.
Minerva McGonagall
Directrice-adjointe »

Je restais estomaquée devant le contenu de la lettre. Mon cousin Silas avait reçu la même lettre l'an dernier, nous avions tous trouvé ça bizarre. Je ne peux pas vraiment dire ce qu'il s'est passé après. De l'excitation, de la peur. J'étais terriblement pressée de voir la suite des événements, ma mère était morte de peur, moi aussi en fait. Tout ce dont je me souviens, c'était de me retrouver seule devant la fameuse voie 9/45.


J'étais sur le point de quitter tout ce que je connaissais, et surtout, je le faisais toute seule. Enfin, pas tellement puisque mon cousin Silas était à mes côtés, pour m'aider à faire les courses nécessaires. C'était fou, totalement fou mais si excitant à la fois. Je regardai les vitrines des magasins avec de grands yeux. Il n'y avait pas ça à Liverpool, rien de tout ça.

« Ca serait sympa de te trouver un animal de compagnie, Heather. » dit Silas, les yeux rivés sur ma liste de courses.

Il n'était quand deuxième année et pourtant il faisait preuve d'une autonomie remarquable. Silas avait du venir ici seul, il n'y avait aucun autre sorcier dans la famille. Un animal de compagnie ? Pourquoi faire ? C'était étrange. Il m'expliqua que, à Poudlard, on pouvait avoir un animal avec soit. En rentrant dans l'animalerie, un minuscule chat noir retint mon attention. En moins de temps qu'il ne fallut pour le dire, je me retrouvais avec un chat dans les bras. Monsieur Concombre, un nom original pour un chat noir. Chaudron, baguette, livres, jamais je n'avais dépensé autant d'argent.

« Tiens, assis-toi là. »

Je m'assis en face de mon cousin dans le train, accompagnée par deux de ses amies. Ca parlait rentrée, devoir, ça riait en parlant de maisons ou de je-ne-sais-quoi. Le temps passa vite, très vite. Je me sentis de suite à ma place dans ce train, à cet endroit. Mes angoisses étaient désormais loin, l'angoisse de me retrouver seule à Poudlard et d'être à nouveau seule quand je reviendrais pour les prochaines vacances à Liverpool. On me fit enfiler une grande robe noir, s'appelant la « robe de sorcier » elle était plus encombrante que l'uniforme de mon ancien collège. Collège que j'avais quitté et que je ne reverrais sans doute jamais.


« Sale sang de bourbe ! »

Lâcha un élève de la maison de Serpentard de troisième année. C'était la première fois, en deux ans que l'on me faisait cette remarque. On m'avait prévenue, je l’appréhendais mais je ne pensais pas que cela pourrait arriver. Je me mordis la lèvre inférieure. Tout le monde m'avait vu, nous étions là où il y avait le plus de passage. Je restais là, ne sachant pas quoi répondre à cette provocation. Dércdant de me taire, je passais devant lui, la tête baissée. Peu de temps après, les appellations de ce genre se multipliaient. Jamais je n'aurais pensé que une quelconque sorte de discrimination dans cette école. J'appris vite que pour certains, le sang était plus important que la personnalité ou bien une autre chose idiote, le physique. A Liverpool, on s'était moqué que moi à cause de ma taille, de mes vêtements et aujourd'hui, on me méprisait à cause de mon sang. Idiotie.


Alors que j'étais assise avec une fille de ma classe de botanique sur le rebord d'un mur, je remarquais un jeune homme s'interposant entre un jeune élève et un plus vieux. Nous étions de la même année, je me souviens l'avoir eu plusieurs fois en cours mais son nom ne me revenait pas. Après avoir donné un petit coup de coude à mon amie je lui demandais ;

« C'est qui ? »

Lysandre me regarda avec de grands yeux. Elle me donna une tape amicale dans le dos, faussement amusée. Je semblais rater quelque chose.

« C'est Alexander Queen, idiote. Nous sommes en quatrième année et tu ne connais toujours pas son nom ? En plus, ce n'est pas comme si sa famille nous était inconnue. Je crois que c'est le seul qui ne méprise pas les sorciers né-moldus. »

Je ne pus m'empêcher de sourire, très rarement j'avais vu un membre d'une des familles disons, « célèbres » pour leur honneur, pour leur sang extrêmement pur, défendre un né-moldu. Je ne lui avais jamais parlé mais il avait gagné une estime énorme dans mon cœur. Tous mes amis se moquaient de moi, me traitant de groupie ou de folle. J'avais beau leur expliquer en long, en large et en travers que je ne ressentais rien d'ambigu pour ce garçon, rien à faire. Juste une très grande admiration.

Une grande admiration...Années après années il m'arrivait de passer une très mauvaise journée mais d'être de bonne humeur seulement parce que je l'aurais vu dans les couloirs. Quelle folle. J'avais inventé des stratagèmes plus compliqués les uns que les autres pour le voir. Il fallait que je sorte deux minutes en avance le mardi à seize heures, courir dans tout le château uniquement pour pouvoir l’apercevoir sortir de son entrainement de Quidditch.


J'ai reçu une lettre de ma mère hier, cela n'arrive pas tout le temps mais lorsque cela se produit, c'est étrange. Ma mère avait bien l'habitude de m'envoyer des lettres complétement...disons...spéciales. Dans la dernière en date, elle me demandait ce que j'allais faire dans deux ans. Effectivement, nous arrivions à la fin de ma septième année à Poudlard, après la huitième, il faudrait savoir ce que je ferais après. Malheureusement pour elle, je ne me voyais absolument quitter le monde magique. Je postulerais bien pour faire un stage chez l'un de mes professeur, ou bien être assistante. Malheureusement pour elle, je ne serais pas la prochaine mathématicienne. Il y a beaucoup de choses que je pourrais dire à propos de mois, des licornes mais...J'ai un parchemin à rendre pour demain.