1968 Installée sur une pile de livres, Camelia, sept ans, regardait son père travailler avec une attention. Ce qu’il faisait n’était pas particulièrement intéressant, même que le voir traiter avec des clients n’était sans doute pas suffisant pour occuper la gamine et pourtant, elle ne bougeait pas d’un poil. Elle ne voulait pas le déranger et attendait avec impatience le retour de Theodore, son frère ainé qui faisait les courses pour sa première année à Poudlard. Certes, elle attendait tout autant le retour de sa mère qui lui avait promis de l’amener à la ménagerie magique si elle se tenait tranquille. C’était donc qu’elle comptait faire et ce qui expliquait son soudain calme. Lorsque son père termina de s’occupe d’un client, elle en profita pour poser la question qui brulait ses lèvres depuis qu’elle était entrée dans la boutique : « Papa ? Pourquoi une librairie ? » Sans doute qu’elle posait plus que cette simple question, sans même vraiment s’en rendre compte. Jeune comme elle était, il fallait avouer qu’elle ne comprenait pas vraiment le choix de la librairie. C’était plus ennuyeux que la majorité des boutiques sur le Chemin de Traverse. C’était aussi moins prestigieux que ce que faisait la majorité de ses oncles et tantes. Certes, elle ne comprenait pas le pourquoi, elle ne comprenait pas non plus le comment, mais c’était ce qu’elle avait cru comprendre lors de ses grandes réunions de familles. Son père mit un certain temps pour répondre et le fit finalement d’une manière bien peu satisfaisante : « Tu ne trouves pas ça intéressant une librairie ? » Camelia plissa le nez en guise de réponse. Bien sur que non, si au moins il avait eu une ménagerie, elle aurait pu jouer avec les animaux ! Elle n’insista pourtant pas alors que son frère franchissait la porte d’entrée. Elle ne s’attarda donc pas davantage, se leva et se dirigea vers ce dernier en courant. « Alors tu as ta baguette ? Montre la moi ! » La question du prestige de l’emploi de son père lui passa rapidement et elle ne souleva plus la chose.

1972 Entrer à Poudlard était une source de joie pour la majorité des sorciers, Camelia ne faisant pas exception à cette réalité. Elle allait pouvoir en apprendre toujours plus, rejoindre une maison, retrouver son frère dans cette école pour sorciers. Elle se demandait bien dans quelle maison elle allait se retrouver - espérant être dans la même que Theodore, sans pour autant pouvoir le deviner avant la répartition. Elle s’accommoda tout de même du changement de rythme de vie. Il fallait avouer que découvrir de nouveaux sorts et apprendre à vraiment utiliser sa baguette magique n’était que du bonheur pour elle. Puis, elle avait Jakarta pour se sentir comme à la maison. Bref, c’était avant tout le début d’une aventure à ses yeux.

1975 « Non. Vous avez tord. » Elle ne se souvenait même pas ce qui avait été dit avant qu’elle ne réponde. Elle s’était levée promptement, envoyant valser sa chaise par la même occasion. Elle ne parlait généralement pas à ces réunions de famille, se contentant de profiter de l’occasion pour passer du temps avec ses cousins qu’elle appréciait. Pas cette fois, non, il y avait eu le commentaire de trop au sujet de moldus et elle avait réagi au quart de tour. Elle ne manqua pas de remarquer les regards réprobateurs venant de ses oncles et tantes, pas plus que le regard horrifié de son frère. Provoquer le reste de la famille n’était jamais une brillante idée et pourtant elle soutint tous les regards alors qu’elle s’apprêtait à renchérir sur la chose. Camelia n’avait jamais apprécié leur opinion au sujet des moldus, principalement parce qu’elle avait toujours eu l’impression que sa mère était visée. Puis, ça avait dépassé cette simple idée alors que ses convictions avaient évoluées avec l’âge. Du haut de ses quatorze ans, elle estimait maintenant que les sorciers ne devaient pas être considérés comme supérieurs aux moldus. Elle n’était pas d’accord avec eux et cette fois, elle avait décidé de leur faire savoir. Elle n’avait même pas pensé au risque de s’attirer les foudres de l’élite de la famille, elle voulait seulement qu’ils comprennent. Ce fut néanmoins la dernière fois qu’elle se prononça aussi ouvertement pour les moldus devant eux. Ça n’avait rien amené de bon, ne serait qu’une inquiétude pour Theodore et  peut-être une pointe de fierté pour ses parents - même s’ils se gardèrent de lui faire savoir.  

1979 Choisir une option fut difficile pour Camelia. Elle était tiraillée par ses convictions, par ses capacités, mais aussi par les traditions familiales. Certes, elle n’était pas un exemple de respect des traditions, la preuve, elle s’opposait - plus silencieusement maintenant - à leurs convictions et étaient généralement prête à supporter son père qui s’était opposé à ce qu’on lui avait appris. Elle pensa faire la même chose pendant un instant en prenant une option loin de ce qui était habituellement fait. Elle se retint néanmoins de le faire, non pas par soucis de plaire à sa famille, mais bien parce qu’elle avait décidé de faire une différence dans le mot, de remédier à tout injustice qui pourrait être causée par le Seigneur des Ténèbres et ses supporteurs. Pour ce faire, il fallait se lancer dans un domaine sérieux et son choix se porta sur les sciences politiques. Travailler au ministère de la magie étant sans doute le meilleur moyen pour elle de réussir à changer les choses.