J'ai appris très tard que mes parents s'étaient rencontrés en plein centre de Londres, à la terrasse d'un café... Ils avaient vécu deux ans de leurs vies ensembles. Ils étaient amoureux, tellement amoureux qu'ils ont voulu se marier, fonder une famille. Mais Amanda a laissé tout tomber sans explication. Je ne l'ai jamais appelé maman, et encore maintenant, elle n'est pas vraiment ma mère.

Mon père ne m'a jamais beaucoup parlé d'elle, il a toujours rechigné à en discuter. Ses lèvres tremblaient lorsque j'évoquais cette mère disparue dont je ne connaissais même pas les traits du visage. Je n'avais rien à quoi me rattacher, juste une mélancolie sans nom enfuit au fond du regard de mon père.

Elle était devenu le fantôme de sa vie, un être qu'il ne voulait plus avoir à reconnaître, une personne qui l'avait fait souffrir. Il a réussi avec Laurie à effacer une partie des moments passer avec Amanda. Je n'ai jamais détesté cette dernière, même si j'aurai dû lui en vouloir de ne jamais avoir donner de nouvelles jusqu'à ce fameux jour... C'était une mauvaise personne dans mon esprit, mais elle n'avait ni visage, ni caractère. Elle n'était présente dans mon esprit que par ce qu'elle m'inspirait. De la tristesse et un manque profond. Alfred, mon père, a préféré me présenter une autre femme et son fils, alors que je n'avais que 7 ans. Une belle famille recomposée voyait le jour au fil des années. Alfred et Laurie réunit pour le meilleur et pour le pire. S'il n'y avait pas eu Julian... Je devais constamment planquer mes cadeaux, mes chocolats, pour qu'il ne soit pas à sa portée. Personne ne disait rien, même mon père, parce que ce n'était pas grave. Julian n'était pas violent avec moi, ni agressif, je n'avais que ses sourires malicieux et sa dégaine d'enfant gâtée pour continuer à ne pas l'apprécier. Je pense qu'il était simplement jaloux de ne plus être le seul et l'unique. Ou une connerie du genre... Mais ça s'est calmé lorsque je suis rentrée à Poudlard pour ma première année en 1978 et que j'ai fait mes premiers pas dans le monde des sorciers...

J'avais tout pris de ma mère : son regard azur, son visage fin et pâle, ses cheveux corbeaux, son corps fin, sa grande taille et sa magie. Mon père a su que j'étais sorcier le jour où mes pouvoirs se sont déclarés pour la première fois. Amanda ne lui en avait jamais parlé. La table s'était mise à trembler une fois, le micro onde s'était allumé et avait implosé au même moment. Tout ça parce que Julian piquait quelques morceaux dans mon assiette, sous le regard à peine attentif de nos deux parents. Enfin, mon père et sa belle-mère... J'avais bouillonné bien d'autres fois, mais cela avait changé la donne ce jour-là lorsque les objets et mon univers s'était mis à trembler. Sous le regard hagard de l'assemblée, et même du miens...

C'est ma mère qui arriva très rapidement à la porte pour me donner en main propre une lettre alors que je n'avais qu'onze ans. Sa présence avait figé mon père qui était resté sur le pas de la porte, encore sous le choc de la découverte de mes pouvoirs. Je voyais beaucoup de stupeur et d'horreur dans son regard, il ne comprenait pas, je ne comprenais pas plus que lui... Puis j'avais été mis à l'écart, pendant des heures et des heures, avant d'apprendre que cette femme était ma mère et que je devrais aller vivre avec elle le reste du temps. Pour le bien de cette famille, pour mon bien à moi, et pour d'autres choses qu'on ne me disait sans doute pas.
Mon père, encore sous le choc, n'avait qu'à peine sourciller. Je crois que je lui en ai voulu d'avoir accepter de me laisser partir. De ne pas m'avoir retenu et d'avoir certainement passé un accord avec Amanda. Je n'appris que beaucoup plus tard de la bouche de celle qui était ma génitrice que la mémoire de l'ensemble de mon ancienne famille avait été effacé pour préserver le secret de mes pouvoirs et du monde de la sorcellerie. J'avais perdu la plupart de mes repères et je devais essayer de vivre dans un monde dont je n'y connaissais absolument rien. Les premiers mois, quand j'ai découvert le chemin de traverse, j'avais toujours le coeur au bord des lèvres, j'avais simplement peur de tout ce qui brillait, sautait, et explosait pas loin de moi. Cela ne surprenait pas Amanda qui faisait de son mieux pour m'intégrer à son monde et rattraper le temps perdue qu'elle disait. Je ne savais pas si j'en avais réellement envie... Elle était magnifique, adorable, et je ne la diabolisais plus comme avant, mais j'avais toujours une pointe de ressentiment à son encontre. Elle le sentait, quand j'essayais de lui sourire et d'hochais la tête.

Deux mois avant la rentrée, j'ai appris à apprécier ce nouveau monde. Je n'étais certainement pas le seul dans ce cas. Le seul à ne rien connaître de la magie... On était certainement beaucoup, des centaines ou des milliers. Je me sentais un peu plus détendue avec ma mère mais je craignais les gens qui m'accostaient dans les rues pavées du chemin de traverse. Je n'étais pas totalement en confiance, encore moins avec ces baguettes et ces incantations entre les mains d'être magique. Ce que j'allais devenir, ce que j'étais déjà, ce que j'avais toujours été.

Ma première année a été la plus étonnante. Un moment de rêve et de découvertes avec quelques égratignures. Je me souviens que c'est la première fois que je suis montée sur un balais, que j'ai réussi à voler avant de tomber. Tellement je m'étais sentie libre de tout faire dans les airs que j'en avais oublié la douleur et mon entorse à la cheville. J'ai pas toujours aimé tous les cours et je n'ai pas forcément travailler comme il le fallait dans toutes les matières... Mais ce qu'il y avait de plus fascinant dans le monde des sorciers, c'était les animaux, les plantes, et le Quidditch. C'était bien ses trois choses qui me donnaient envie de rester le plus longtemps enfermer dans cette bulle... L'étrange phénomène qui parut à Noël me chamboula autant que les gens autour de moi. L'apparition d'un étrange filament qui sortait de mon corps pour aller dans le vide. L'apparition d'un agneau a mes cotés était un fait que même les plus grands ne pouvaient expliquer. Je n'ai pas trop eu de mal à m'adapter... C'était pas comme si tout n'était pas déjà nouveau pour moi déjà. Je n'avais qu'onze ans et toutes ces découvertes aussi étranges les unes que les autres me tombaient déjà sur le coin de la tête. J'avais du mal à avaler toute cette magie et de tout comprendre... Alors je laissais faire les choses...

Mais j'aurai préféré ne jamais voir la part obscure de cette magie. Celle dont on parle à demi souffle et celle qui fait trembler les âmes. Lorsqu'un poufsouffle est mort et qu'on a tous été envoyé d'urgence dans un camp au Honduras Britannique. Je n'ai rien compris, j'ai juste ressentis la panique des autres et je me la suis approprié. Si c'était ça de vivre dans un monde qui avait eu l'air aussi parfait d'apparence. Bien sur j'avais déjà entendu parler de ce seigneur noir, celui dont on ne pouvait prononcé le nom... Mais tout était trop parfait pour que je m'y intéresse vraiment. Je m'étais voilé la face... Mais je n'avais qu'onze ans, et à onze ans, on rêve encore beaucoup... On ne pense pas à perdre des amis, des proches, des inconnus dans la foule. On ne pense pas sentir le goût du sang dans sa gorge et une peur qui vous torde les boyaux.

L'insécurité était présente. Amanda a voulu que je rentre à plusieurs reprises. Des attaques pendant un match de quidditch et la perte de certains de mes amis dans le déraillement du Poudlard Express n'a fait qu'accentuer mon désir de partir d'ici. Mais il y avait toujours la présence de Belgarde qui me sauvait de ces états de stress profond. Il arrivait à calmer mon souffle, ma tension, il arrivait à me détendre même dans les pires situations. Amanda ne m'aidait pas beaucoup, même si elle essayait... 2ème, 3ème année. Il n'y a pas de pire, de moins douloureux, ou deux plus. Je ne me souviens plus exactement de mes émotions lorsque je me suis sentie affaibli. J'ai vraiment trouvé ça étrange lorsque des gens dans mon dortoir ont commencé à en parler. Les mêmes symptômes... Les mêmes crises du sommeil... Personne ne s'en inquiétait vraiment dans le corps enseignant. Ce genre de comportement était naturellement associé à tout ce qui était examens, cours, fatigue par rapport à tous ce qu'ils avaient vécu... Puis je ne me souviens clairement de plus grand chose quand mon état de santé a commencé réellement à se dégrader. Une véritable pente raide sur laquelle j'ai glissé, puis le trou noir. On a dû m'emmener dans un autre endroit, on m'a éloigné de mon dortoir et des autres élèves pour que les autres ne soient pas contaminés par cette maladie sans doute... Je me sentais de plus en plus mal, j'avais la tête qui tournait, j'avais chaud. Mon corps se souvenait d'avoir vécu ça il y a quelques années, mais j'ai été tout à fait incapable d'être logique dans mes propos... Je délirais complètement, comme d'autres de mes camarades. Même comateux, je me suis souvenu de la douleur qui m'a percé l'abdomen à un moment donné. J'ai senti comme un lien se défaire à l'intérieur de moi sans que je n'arrive à rattraper ce fil qui me reliait à Belgarde qui souffrait... Les deux semaines suivantes, j'ai cru que j'étais mort. Je ne sais pas vraiment si je l'étais réellement, mais je ne pourrais jamais me remettre de cette expérience... Ce coup du destin... Appelez-le comme vous voulez... Il me manquait quelque chose, un vide immense était en train de se creuser en moi, et je n'arrivais pas à le reboucher. Tout le monde était occupé à leurs affaires, à leurs propres malheurs, tandis que moi je continuais à arpenter les couloirs sans raison aucune. Je crois même que plusieurs fois, j'ai déliré, seul dans mon coin, en croyant apercevoir une lumière briller dans un coin. J'ai vraiment cru le voir apparaître plusieurs fois. Je débloquais complètement... Puis des amis dans mon dortoir dans le même état que moi ont vu leurs patronus réapparaître. Et je me suis mis à espérer.