Aurora naquit les 2 février 1967, lors d’un hiver froid et particulièrement rigoureux.
Christian regardait les lourds flocons blancs dégringoler des cieux, tout en berçant avec douceur le nouveau-né qui lui avait été confié quelques minutes plus tôt pour que sa bien-aimée puisse se reposer. L’expulsion du bébé avait été rapide. Toutefois, Helen avait dû subir les douleurs de l’enfantement pendant de très longues heures avant qu’Aurora ne se décide à descendre. Finalement, elle avait montré le bout de son nez à 6h38 du matin, rendant fou de joie ses parents, qui l’avaient tant attendue. Lentement, le nouveau père pencha son visage près de celui de sa fille, et déposa un doux baiser sur son petit net, puis, il sourit, et reprit sa contemplation de la belle ville de Liverpool, noyée sous une épaisse couche blanche.

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Aurora courait dans le rayon du magasin, riant aux éclats. Sa mère, attendrie, une main posée sur son ventre arrondit, la suivait du regard. Soudain, la petite fille percuta maladroitement une pile de boite de céréale qui chancela dangereusement. La fillette leva les yeux, et du haut de sa petite taille, émit un petit cri terrifié lorsqu’elle aperçut les paquets s’écrouler sur elle. Elle ne se protégea même pas le visage.
Lorsque sa mère accourut pour la consoler, elle ne fit pas attention au cercle à la limite nette, dépourvu de boite, qui s’étalait tout autour de sa fille.

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Aurora avait déjà préparé toutes ses affaires. En septembre prochain, elle rentrerait enfin à la Secondary School. Elle était pétrie de peur, et en même temps, très excitée, car sa meilleure amie depuis la deuxième année de Primary School, Elizabeth, serait avec elle. Elle avait hâte, hâte d’apprendre de nouvelles choses, et surtout de faire partie des plus grands. Elle avait déjà quelques idées de métier qui l’intéressait, et même si elle était jeune, elle savait où elle voulait se diriger.
Souriante, elle sortit de la chambre qu’elle partageait avec sa petite sœur, puis aida sa mère à mettre la table.
Elle était en train de beurrer un toast grillé pour l’un de ses frères lorsque sa mère revint de l’extérieur avec plusieurs lettres en main.
« -Tiens sweetie, il y a une lettre pour toi. Je ne sais pas de qui ça peut être, je ne reconnais pas l’écriture »

La jeune fille s’empara de la lettre, et l’ouvrit soigneusement en faisant attention de ne pas déchirer le papier à l’intérieur. Elle la sortie, puis toucha le grain du papier, étonnée de le sentir si épais. Elle commença à déchiffrer les caractères inscrits, et fronça les sourcils. Son petit cœur se mit à battre à toute vitesse.

« -Maman… » dit-elle d’une voix tremblotante.

Helen s’approcha de sa fille, et lu par-dessus son épaule. Elle fronça les sourcils, puis prit la lettre des mains d’Aurora, et lu plus attentivement. Un mélange étrange d’émotions passa sur son visage, et elle regarda à nouveau sa fille.

« -On dirait que tu as été prises dans une école spéciale, ma chérie ! » Annonça-t-elle avec un sourire ravi. « C’est surement tes notes excellentes qui ont attiré leur attention, ou autre chose vu le nom de l’école et la liste de course… Mais ce n’est pas ce qui est le plus important ! Aurora, tu as été prise dans une école privée ! »
« -Mais… je ne veux pas aller dans une école privée, je veux aller dans l’école publique, avec Elizabeth et tous les autres… »
« -Sweetie, tu ne te rends pas compte de la chance que tu as. Jamais moi et ton père n’aurions pu te payer une école pareille, et même si je ne la connais pas, c’est un véritable miracle ! »
« -Mais maman ! Je ne veux pas y aller ! Je veux rester ici, à la maison, et avec Elizabeth… et… et c’est une école de… de sorcellerie ! »
Helen baissa à nouveau les yeux sur la lettre, et relu rapidement les écritures émeraudes. Un doute s’accrocha subitement à sa poitrine, et elle se mordilla la lèvre inférieure. Puis, brusquement, des évènements qu’elle avait jusqu’alors refusé de comprendre revinrent hanter son esprit, certains objets qui avaient été déplacés, des chutes évitées… et elle comprit. Elle comprit que sa fille avec un don. Que sa fille n’avait pas été contactée par une école de sorcellerie par erreur. Car sa fille, Aurora, était une sorcière. Helen chancela, et se retint au mur.
« -Maman, tu ne peux pas m’envoyer là-bas… S’il te plait… » Supplia Aurora, des larmes au bord des yeux.
La jeune mère hésita. Elle regarda sa fille, et se demanda pendant un fugace instant de quoi elle était capable… de quoi ses dons étaient capables. Une peur insidieuse s’insinua dans son esprit. Puis, elle aperçut les larmes et la détresse de son enfant, et chassa aussitôt les doutes qui la rongeaient. Elle allait envoyer sa fille dans cette école, pas parce qu’elle avait peur d’elle, mais parce que c’était le meilleur endroit pour qu’elle en apprenne plus sur elle-même, et sur ses… pouvoirs.
« -Sweetie, je vais en parler avec ton père, nous t’en reparlerons demain. »

La décision fut rapidement prise. Aurora irait dans cette école.
Lorsque ses parents lui dévoilèrent leur intention pour son futur, la jeune fille fit une crise de nerf. Elle cria au visage de ses parents toute son incompréhension, sa terreur et son fort sentiment de trahison. Les murs et les vitres tremblèrent, ainsi que certains objets de la maison. Puis, elle s’enferma dans sa chambre, et ne souhaita plus voir ses parents durant le reste de la soirée, ni la journée du lendemain. Elle pleura toutes les larmes de son corps, et envisagea même de partir vivre chez Elizabeth. Pendant quelques jours, elle ne souhaita plus parler à ses parents.
L’été se finit sur cette note malheureuse, et le premier septembre, Aurora glissa dans sa valise remplie d’objets étranges, des livres sur le programme scolaire de l’école classique. Elle fit promettre à Elizabeth de lui écrire et d’échanger avec elle ce qu’elle apprendrait à l’école. Elle ne lui dévoila pas la véritable essence de l’école où elle allait s’exiler. La blessure était encore trop récente, et elle ne parvenait pas à accepter le fait qu’elle soit une « sorcière ». Elle doutait d’ailleurs de ne jamais le pouvoir.

Elle fit le trajet en train depuis Liverpool, accompagnée de ses deux parents ainsi que de ses frères et sœurs. Profondément mécontente, Aurora ne décrocha pas un mot du trajet, malgré les essais bienveillants de ses deux parents, définitivement inquiets.
Ils cherchèrent un moment la voie 9 ¾, et ce fut l’un des jumeaux qui aperçut une famille comme la leur disparaître à travers l’un des murs en brique de la gare. Avec une certaine appréhension, ils passèrent avec lenteur la porte magique et découvrirent un monde nouveau.

Toute la petite famille se regroupa autour d’Aurora pour lui donner un câlin collectif, que malgré sa grande colère, elle leur rendit. Puis, elle empoigna ses maigres valises, et posa un pied dans le train. Subitement apeurée, elle brisa pour la première fois son masque de colère, et tourna un regard anxieux vers sa mère, qui se tenait un peu plus loin. Celle-ci perçut la détresse particulière de sa fille, et lui adressa un sourire encourageant, puis forma sur ses lèvres les mots « i love you ». Aurora fit un petit mouvement de tête, puis lui répondit dans un minuscule sourire « me too ».

Alors, prenant une grande inspiration, elle entra dans le train. Vers l’inconnu, vers un endroit où elle ne souhaitait pas aller.

Elle s’était imaginé bien des choses, depuis la lettre. Mais rien de ce qu’elle rencontra à Poudlard fut véritablement fidèle à l’idée qu’elle s’était faite. Il y avait tant de choses à voir et à découvrir. Cela captait bien sûr l’attention d’Aurora. Mais elle ne fit aucun effort pour s’intégrer à tous les autres, ou aux cours pour une simple et bonne raison : elle ne voulait pas être là. Elle ne voulait pas voir ces pouvoirs, et elle ne souhaitait pas poursuivre sa scolarité ici.
Mais, ces parents comptaient sur cette école, et elle savait que c’était important pour eux qu’elle y aille. Elle irait donc, mais elle ne ferait aucun effort. Elle ne ferait que travailler les cours pour éviter de redoubler, mais c’était tout.

Aurora se fit répartir dans la maison de Poufsouffle, et cela lui fut parfaitement égal.

Ce fut pendant les premières vacances d’automne qu’elle eut l’idée de suivre des cours par correspondance. Elle exposa l’idée à ses parents, leur disant qu’elle voulait bien continuer d’aller à Poudlard, seulement s’ils lui payaient des cours qu’elle suivrait pendant ses années à l’école de Magie. Elle leur promit de travailler durement à la tâche, et de réussir Poudlard prioritairement. Elle prévu également une année sabbatique après Poudlard, pour travailler ses examens de la Secondary school si elle n’y parvenait pas durant ses années à l’école de Magie.

Renouvelée par ce tournant et revigorée, elle retrouva légèrement le sourire.

La suite de la première année à Poudlard fut ponctuée par un autre bouleversement qui terrifia premièrement Aurora : l’apparition de Marvel, pendant les vacances de Noël. Finalement, malgré son aversion pour la magie, elle ne put en vouloir, ni détester ce prolongement d’elle-même. Et la fusion entre ces deux moitiés d’âme fut complète.

La deuxième année fut semblable à la première. Aurora ne lia aucune amitié notoire. Bien sûr, il lui arrivait d’échanger avec d’autres camarades de sa promotion, mais jamais elle n’alla plus loin que quelques discussions. Elle gardait toutefois un contact très régulier avec sa meilleure amie moldue, Elizabeth.

Troisième et quatrième année se ressemblèrent également. Plus sombres, peut-être, plus noire. Mais Aurora ne se préoccupait pas de telles choses. Elle savait qu’une fois Poudlard terminé, et ASPICS réussis, elle ne reviendrait plus jamais dans le monde sorcier. Elle espérait seulement qu’ils garderaient leur stupide guerre pour eux-mêmes. Bien sûr, elle ne pouvait pas rester insensible lorsque des injustices étaient faites par des soi-disant sang-purs sur d’autres, et elle n’hésitait pas à se mouiller pour les plus faibles. Elle-même était parfois bousculée à cause de « l’impureté » de son sang. Mais pour elle, ce n’était qu’une preuve de plus que la magie, et les sorciers n’étaient que des blagues ambulantes. Des crétins des… enfin bref, vous voyez.

Son seul but, pour cette cinquième année à Poudlard, était de réussir cette nouvelle année, ainsi que de travailler le plus possible ses cours par correspondance. Elle savait que les BUSES se rapprochaient, et qu’elle n’avait pas le droit à l’erreur. Le maître mot de cette année serait donc : travail. Et cela lui allait très bien comme cela.