Cyrus vit le jour à Loutry Ste Chaspoule, un village semi-magique situé dans le sud-ouest de l'Angleterre. Sa mère n'avait alors que dix-huit ans et s'était mariée avec un homme de presque dix ans de plus qu'elle, au grand mécontentement de sa famille. C'était une jeune sorcière talentueuse qui gagnait sa vie comme actrice, modèle et mannequin. Elle connut un certain succès dans le milieu. Son père, lui, était alchimiste et essayiste. Tous deux s'étaient mariés à une époque où personne n'entendait parler de Voldemort, et les premières années de la vie de Cyrus furent sans doute paisibles, malgré les disputes qui émaillaient la vie de couple de ses parents. Puis, la guerre fut déclarée. Dès le début, sa mère s'engagea fermement contre les forces obscures. Elle provoqua le camp de Celui-dont-on-ne-devait-pas-prononcer-le-nom dans ses interviews et offrit sa protection à des Nés-Moldus en difficulté. Son père ne le supporta pas et l'accusa de les mettre tous inconsidérément en danger. Cyrus était trop petit pour bien comprendre ce qui se passait mais il garde un souvenir très vif de la tension explosive qui régnait à la maison. Finalement, ils se séparèrent et par un commun accord, la garde de Cyrus revint à son père. Celui-ci déménagea dans le Lancashire, à Blackpool, et continua à écrire ses essais sous un faux nom, terrifié à l'idée d'être tué ou de voir son fils mourir avant d'avoir percé le secret du Grand Œuvre des alchimistes, qui devait lui permettre de vaincre la mort. Quelque temps plus tard, sa mère disparut sans laisser de traces et la maison de son enfance fut incendiée, sans doute par des Mangemorts, bien qu'on n'en eut jamais la certitude puisque personne ne réclama l'ouverture d'une enquête. M. Eliacin dit à Cyrus qu'elle était « partie », mais ne lui raconta pas l'incendie et il découvrit l'histoire quelque temps plus tard, en tombant sur un article que son père avait découpé dans le journal. À partir de ce moment-là, il se mit à ne pas trop aimer la vue du feu, au moins pendant quelque temps.

Jusqu'à ses huit ans, Cyrus fut donc élevé par son père seul. C'était un homme bon mais distrait, souvent accaparé par d'autres priorités que son fils. Ce dernier s'occupait en lisant ou en sillonnant les rues avec des amis moldus, craignant de se retrouver inoccupé et de ressentir plus cruellement le manque de sa mère. Enfin, M. Eliacin se remaria avec une sorcière qui avait déjà deux filles de cinq et six ans, Mary et Hope. Cela pourrait faire penser à la belle-famille de Cendrillon, mais heureusement, elle en était fort différente. Au début, Cyrus fut perturbé et très agacé par les manières de sa belle-mère : elle lui interdisait de sortir tard le soir, surveillait son alimentation là où son père n'en avait rien à faire, etc. Cependant, comme elle était assez bienveillante et lui donnait dans le même souffle une attention et quelques marques d'affection qui lui avaient toujours manqué, il se mit petit à petit à l'accepter et si bien qu'à l'aube de son adolescence, aussi incroyable que cela puisse paraître, il avait presque oublié que ce n'était pas sa vraie mère. Et pourtant, le souvenir de la première continuait à sourdre lointainement dans sa mémoire, mais c'était comme si celle-ci avait été pressée de tourner la page. De même, il finit par adopter ses belles-sœurs qui étaient drôles et vives, bien que parfois insupportables. Très vite, il acquit sur elles une autorité de grand frère raisonnable et les "fliquait", ce qui pouvait provoquer des disputes. En somme, cette nouvelle famille trouva un certain équilibre.

Mais Mary et Hope jouaient souvent, et parfois littéralement, avec le feu. Un jour, la cadette s'amusa à enflammer les rideaux. Alors que Cyrus se précipitait pour la protéger, le rideau tomba sur elle et lui brûla une grande partie du corps. Dans sa panique, le garçon jeta le rideau au loin n'importe comment et se brûla les mains. La vue du visage et du corps meurtris de sa sœur le marquèrent grandement, et cet incident joua probablement un rôle dans le développement de sa phobie des brûlures, même si les blessures furent vite guéries et qu'aucun des deux n'en garda de séquelles. Enfin, à sa grande satisfaction, il fit sa rentrée à Poudlard. Il se montra bon élève et acquit une assez bonne réputation parmi ceux de son âge, même si certains lui reprochaient d'être lourd et même "parano". D'autres appréciaient son honnêteté et sa force de caractère. Il ne se laissait intimider par personne et se montrait allergique aux abus d'autorité. Cependant, durant le début de sa scolarité à Poudlard, le ménage de son père et sa deuxième mère se mit à battre de l'aile. Elle ne supportait plus qu'il soit toujours absent et appelé à quelque tâche urgente au laboratoire. Tout naturellement, on attendit de Cyrus, toujours raisonnable, qu'il aide la famille à tenir le cap durant ces temps difficiles. Il prit alors une plus large part à la garde de ses sœurs et aux tâches ménagères, sans pour autant rencontrer la moindre reconnaissance du côté de ses parents. Il se mit donc à se plaire davantage à Poudlard.

Sa quatrième année fut marquée par l'événement du sortilège raté du ministère qui bouleversa le monde des sorciers entier : Ari apparut à ses côtés sous sa forme d'ânesse. Ce fut le début d'une relation un peu chaotique qui mit des années à se stabiliser tout à fait. Dès qu'il se montrait trop dur, trop expéditif dans son jugement envers quelqu'un d'autre, qu'il manquait de lucidité et de bonne foi, Ari se mettait à le critiquer. En outre, il en avait ras-le-bol d'entendre le pas de ses sabots à longueur de journée, déjà que Poudlard était devenu une vraie ménagerie, ce qui ne convenait guère à son goût pour l'ordre. Enfin, ils finirent par s'apprivoiser. Mais leur monde n'en avait pas fini d'en voir de toutes les couleurs. La guerre angoissait Cyrus de plus en plus, le tenait éveillé la nuit, plongé dans des livres pour tenter de se distraire. Et puis, il y eut l'incident du Poudlard Express qui les traumatisa presque tous, et la peste des Patronus qui l'épargna, mais le rongea d'inquiétude pour ses amis et le monde en général. Ce fut une sombre période. Il tentait de cacher son abattement et son effroi, ce qui se traduisait par une susceptibilité plus grande que jamais et des sautes d'humeur qu'il niait farouchement. Aucun de ses amis ne savait comment le prendre. Ce trop-plein d'émotions se fixa sur un sujet qui lui avait déjà causé des problèmes dans le passé : le feu et les brûlures, et la phobie grandit silencieusement dans un coin de sa tête sans qu'il sache comment la combattre. Lorsque ses amis guéris revinrent à la vie, il se montra assez maladroit avec eux. Ses vacances s'écoulèrent dans une ambiance morose. Il était bien soulagé que ses amis fussent en vie, mais inquiet et amer, de plus en plus parano en ce qui concernait les brûlures, et accaparé par sa famille chamboulée. Un Cyrus en pleine crise a donc entamé sa septième et dernière année à Poudlard. La pratique de la magie lui est devenue difficile, ce qu'il vit très mal, et il guette avec crainte les prochaines catastrophes qui pourraient les frapper.