Quatre fois. C’est le foutu nombre de fois où je me suis endormi en cours aujourd’hui. Quatre foutues fois. J’ai l’impression qu’au bout d’un moment, je me réveillerai pas. C’est tellement difficile à chaque fois, que parfois je me dis qu’au final, ce serait certainement pas plus mal. Personne n’y porterait vraiment attention de toute façon, non? Je sais même pas pourquoi j’ai rouvert ce vieux journal ni même pourquoi je le trimballais encore avec moi depuis quoi, des années? Visiblement, puisque la date sur l’intérieur de la couverture dit 1979.  Il y a pas une seule page d’écrite là dedans depuis en tout cas. Alors pourquoi maintenant? J’en ai foutrement aucune idée mais il parait qu’écrire ça fait du bien. J’ai intérêt à écrire beaucoup alors parce que j’ai pas franchement l’impression que ça serve à grand chose. Et je ferai quoi si on tombe sur ce bout de papier? Merde je vais même juste éviter d’y penser. De toute façon j’ai fait tellement de conneries dernièrement que je crois que j’en aurais rien à foutre qu’on lise ce que je pourrais écrire là dedans.  Si seulement ça pouvait m’aider un peu, mais ce morceau de papier fera rien pour résoudre les soucis que je me traîne. Ça j’en suis convaincu. Quatre fois merde. Je fais pourtant tout comme on m’a dit de faire pour éviter que ça arrive, TOUT merde. Ça fait à peine deux mois qu’on est rentrés et j’ai déjà envie de rentrer chez moi.

Non, c’est ça le pire.

J’ai même pas envie de rentrer chez moi. Pour quoi faire de toute façon? J’aurais encore fait une erreur, j’aurais encore fait preuve de faiblesse. De toute façon, on n’a pas vraiment envie de me voir, je me voile pas vraiment la face, ni ici, ni là bas.

Qu’est-ce que je fais de mal à la fin? Je fais tout et rien ne marche. J’ai beau faire des efforts à quoi bon à la fin? Peu importe ce que je fasse, ou avec qui, ça finit mal. Je devrais être habitué maintenant, ça s’est toujours passé comme ça, mais pas moyen, j’y arrive pas. Il y en a ils appelleraient ça de l’optimisme, moi j’appelle ça de la connerie, de l’acharnement thérapeutique, ou que sais-je encore. Je passe mon temps à espérer que ça va changer, et qu’au final, y a pas que du noir au bout de ce foutu tunnel, mais je crois que je me trompe. Y a rien là bas au bout, rien du tout. Et je me le dis de plus en plus souvent: il n’a pas tort Père quand il me dit que si je continue comme ça je n’irai pas loin. Il a raison, parce qu’il a toujours raison. J’irai nulle part. Pas en faisant tout à moitié, pas en passant mon temps à tout rater. Mais qu’est-ce que j’y peux moi? J’ai pas décidé de m’endormir, j’ai pas décidé de me payer la honte de ma journée à chaque fois que je me réveille, je gère pas tout ça moi, je gère rien du tout, tout part en vrille et je ne contrôle rien. J’aimerais avoir quelque chose pour espérer un peu, j’aimerais franchement. J’ai pas envie d’abandonner, mais y a des matins, c’est pas ma paralysie du sommeil qui m’empêche de me lever. Sans Tor pour me pousser, je sais pas trop ce que je ferais.


C’est le seul sur qui je puisse compter, c’est le seul qui m’a jamais fait de mal je crois. C’est le seul en qui j’ai confiance, et j’ai pas envie de le laisser tomber. Lui il l’a jamais fait, ce serais lâche de ma part. J’ai envie de voir Thaddeus, et Swan aussi. Mais Swan je crois qu’il a d’autres choses à faire, il s’inquiète, pas besoin qu’il s’inquiète pour moi aussi.  Je veux juste pas rester seul dans ce château. Je suis fatigué de sortir de ce foutu dortoir en me demandant qui je vais croiser. si je vais le croiser.

À qui je pourrais le dire ça à part à ce bout de papier? Ils me riront tous au nez voire pire, j’en suis sûr. À qui je peux le dire au juste, que je regarde mes parchemins tous les jours, que j’ai  jeté je ne sais pas combien de lettres sans les envoyer, juste parce que même ça j’ai pas l’audace de le faire. J’ai dit que je voulais pas passer mon temps à faire comme si de rien était , mais j’arrive pas à lever les yeux sur lui, je me sens con. Peut-être que Delliha pourrait m’écouter. Ça fait un moment qu’on s’est pas croisé. Ça aussi c’est ma faute, je veux voir tout le monde mais j’accepte de croiser personne. Je suis en colère merde. D’habitude, j’arrive à gérer et à faire comme si de rien n’était mais pas là. J’y arrive pas et j’ai envie de hurler sur tout ceux qui m’adressent la parole. J’ai juste envie de tout foutre en l’air à défaut d’avoir le courage de le faire juste sur moi. Merde. Il a pas idée de ô combien j’aurais envie de lui faire la même chose que ce qu’il a fait lui. Il avait pas envie, il me l’a dit, je sais. Mais j’arrive pas à digérer. Je suppose que c’est juste parce que je suis un égoïste, ou une victime comme dit Père. Si je le croise je crois que j’arriverai pas à m’empêcher de lui faire mal. Enfin, non, j’y arriverai pas, j’y arrive jamais. C’est couard quand même, d’emmerder les premières années et les sang de bourbes là bas juste pour passer mes nerfs. Je me sens presque mal parfois de regretter d’être à Poudlard et de pas pouvoir plus les passer, mes nerfs.

Merde, c’est pas mon genre tout ça. Je vis dans un foutu cauchemar éveillé et je crois bien que j’arrive déjà plus à me réveiller. Et y a personne ici, qui pourrait me noyer pour abréger mes souffrances.

C'est peut-être la dernière fois que j'écris là dedans, j'en sais rien, je sais juste que ça m'a pas fait le moindre bien. Ils mentent tous ceux qui racontent que ça peut aider. Y a rien pour m'aider. Rien.