PART I : A happy childhood is poor preparation for human contacts.
Je me souviens la jeunesse, cette période où jouer est le premier moment où chaque être se pose dans la société. C'est innocent c'est vrai, mais c'est vers l'âge de quatre ou cinq ans que l'on peut aisément remarquer l'attitude d'un enfant par rapport aux autres, par rapport à ceux qui comptent et ceux qui ne comptent pas... Les enfants sont vrais, ils sont directs, ils ne réfléchissent pas avant d'agir comme le font les adultes. Je n'ai jamais divergé sur ce point, j'étais seulement l'enfant qui mène la danse dans les jeux sans que personne n'ose lui faire de l'ombre, ce gamin frêle au caractère déjà emprunt de celui de son père. Je n'avais pas l'indécence de penser tout ces enfants comme inférieurs à moi mais les rôles semblaient se placer d'eux même dans notre hiérarchie du jeu.
C'est à mes six ans qu'il vint tout chambouler, écroulant de sa pierre le château de carte qu'était ma jeune vie. Je lui en ai beaucoup voulu à ce cousin d'être héberger chez nous alors que ses parents avaient perdus la vie. Il était à peine plus jeune que moi et pourtant il y avait ce risque, infime, de le voir prendre ma place. Celui là même qui me donnais envie de me battre pour mon rang et pour mes droits.
Ce fut aussi ma première grande erreur, Obsidian était ce type d'enfant discret, celui qui ne fait pas de bruit et ne bronche pas quand on lui dit de remonter dans sa chambre. Il ne réagissait pas à mes piques et je compris bien vite qu'il ne s'agissait pas d'un ennemi mais plutôt d'un frère arrivé sur le tard et qu'il valait sans doute mieux m'en faire un ami qu'un ennemi. Les enfants sont parfois violents mais ils ne réfléchissent que pour leur propre bien et c'est rapidement qu'il s'imposa qu'il était plus agréable d'apprécier le jeune Farquharson plutôt que de le détester.
Le temps a passé et si j'avais toujours eus le bon rôle lors de nos jeux, mes humeurs se sont gâtées avec le temps alors que la plus grande partie de mon entourage développait sa magie. C'est comme si nos corps étaient des chrysalides et que chacun déployait peu à peu ses ailes pour décoller dans le monde, comme si chacun me volais la première place pour découvrir le monde. Chaque parent était heureux, chacun fêtait ça à sa manière : On en parle autour de soit, on organise un repas, on lève un verre et on s'arme de grands sourires et pourtant pour moi le temps passait, huit ans et toujours rien. C'était normal apparemment. Huit ans et demi alors que l'hiver battait son plein que chacun chute sur le verglas aurait put attirer la magie mais non, elle me laissais tomber et rendait mon caractère de plus en plus têtu, de plus en plus solitaire. Je ne partageais plus les jeux avec les enfants qui jouaient avec moi avant. Je devenais peu à peu ce Sandor que tous connaissent désormais dont les yeux sont froids et vous juge pour la peine capitale.
Neuf ans en plein printemps et pourtant le temps continu son chemin un jour après l'autre, il est implacable, irrattrapable. C'est à neuf ans que je commence à désespérer, je les voit tous qui attendent avec impatience leur onzième année pourtant ma lettre semble se rapprocher du feu à chaque journée qui passe et j'ai l'impression qu'elle n'arrivera jamais comme ces sorciers qui ne montrent jamais de capacités... Le fait de ne suivre que des cours au manoir familiale n'aide pas alors que je ne connais du monde moldu que ce que l'on m'en raconte. Je me montre impitoyable dans les jeux, comme par jalousie, je suis un Farquharson et si notre nom est basé sur le combat j'en suis l'image même.
Le manoir est basé sur les bords de l'Irlande, là bas nous pouvons passer l'été les pieds dans l'eau alors que l'hiver nous peint le paysage comme un tableau froid. La mer est sur le bas d'une falaise et ses vagues s'écrasent à marrée haute sur les pierres où nous jouons à marrée basse...
C'est magnifique mais cela a un coup ; Toute beauté demande sacrifice et le nôtre est de devoir veiller à ne pas s'approcher du bord. Mais quel enfant obéis? J'ai neuf ans et demi et l'hiver bas son plein ; Il y a a la maison des cousins et leur famille et les jeunes sont laissés à leur libre arbitre pour jouer aux alentours de la maison ; Si je suis renfermé depuis quelques mois j'accepte parfois de jouer avec ceux que je croiserai toute ma vie durant. Quel idiot nous avait donc pousser à jouer sur les hauteurs de la propriété? Ma mémoire me fais défaut mais nous étions trop proche, nous courrions et je me souviens d'avoir glissé une fois de plus sur une herbe à la fois trempé et emplie de verglas à cause du vent. La chute était inévitable et je n'avais put ne serait-ce que réfléchir à me rattraper à l'herbe qui aurait cédé sous mon poids.
Je me souviens d'un cri d'effroi en haut de la falaise alors qu'aucun vent n'arrêtais ma chute et que le sol à la fois sableux et empli de roches dévastatrices ne s'approchait à grande vitesse. Puis ce fut le noir complet.
J'avais neuf an et demi et les lumières de Ste-Mangouste semblaient m'éblouir au plus haut point, ma tête semblait sur le point d'exploser et un lourd bandage l'entourait alors que ma mère sautait de sa chaise pour s'approcher de mon lit, l'air aussi désolée que paniquée elle me prit la main et je me rappel avoir entre-entendu ses mots. J'aurais du mourir d'une telle chute mais mon poids avait été arrêté par magie avant de ne heurter les pierres sans possibilité de s'en remettre ; Tout n'avait pourtant été empêché : Ma tête avait frappé les pierres aussi fort qu'un coup de cognard et si j'avais perdu beaucoup de sang j'apprendrais à mes dépends que la commotion laisserait à vie les ombres teindre ma vision de fantômes. Des Hallucinoses qui, si elles étaient bénignes n'en seraient pas moins ma malédiction.
PART II : Family is not an important thing. It's everything.
L'adage chantant qu'on ne choisit pas sa famille n'est pas tout à fait vrai. Si on ne choisit pas sa naissance, nous avons encore toute une panoplie de choix devant nous pour rendre notre famille meilleure. C'est ainsi que se forme un homme et il est de son devoir de prendre en main ce qu'il peut encore choisir.
Je suis entrée à Poudlard l'année de mes onze ans comme tout les jeunes sorciers nés avant Septembre ; À l'inverse de certains Sang-mêlés notre famille ne nous avait jamais caché la formation sorcière et la surprise avait peut-être perdu un peu de son charme alors que nous avions franchit les portes du château. Peut-être pas. Je ne ressentais pas ici la même magie que celle qui habitait le manoir familial, il y avait une atmosphère différente loin de l'Irlande et de ses paysages. Le choixpeau n'eut pas à débattre longtemps pour juger que mon âme s'alliait aux serpents alors que je rejoignais déjà leur table pour les sept années à venir.
Personne n'avait à se plaindre de ma capacité scolaire : Mon père avait toujours fait le nécessaire pour que nous ayons un niveau plus que convenable, aussi bien moi qu'Obsidian, quoiqu'il n'arriverait entre les murs du château écossais que deux ans plus tard.
C'est lorsqu'il me rejoignis que l'École commença à prendre de la saveur. Je retrouvais mon frère et malgré sa discrétion il n'avait pas fait faux bond à la maison aux crochets. J'appréciais de le sentir à mes côtés aussi bien parce qu'il y avait quelque chose d'agréable à pouvoir diriger un petit frère et garder un oeil sur lui, mais aussi parce que plus nous grandissions plus les rôles semblaient se mettre en place. Il n'arrivais de me battre,d e rechercher cette emprise supérieure de nos jeux d'enfants mais ici aussi les étudiants grandissaient et il fallait apprendre à penser. On ne peut plus être aussi innocents qu'avant, en grandissant les enfants commencent à penser, ils copient très souvent leurs parents et leurs attitudes peuvent aussi bien être gracieuses que monstrueuses.
Obsidian était devenu comme mon ombre, il me suivais autant qu'il appuyait mes décisions et si je n'ai jamais rien ordonné de lui je ne me leurrais pas de ce qu'il advenait de ceux qui se moquaient autant de notre nom que de notre sang.
Cela ne m'empêcha pas de quitter Poudlard alors armé d'un simple diplôme : J'aurais pu continuer les études, mon niveau n'avait rien à envier avec les autres étudiants et se montrait même largement à la hauteur mais il y a avec l'école toujours ce même soucis hiérarchique qui me fis rapidement quitter les bancs de l'école alors que des places se dessinaient au Ministère de la Magie.
Nous sommes en 1959 alors que j'obtiens mon premier travail au Ministère de la magie, l'une des places les plus basses peut-être, mais qui m'assurais un avenir serein et si je m'arrangeais avec la diplomatie donnée à notre famille je n'avais aucune peine à m'imaginer grimper au sein des échelons jusqu'à détrôner les plus hauts placés.
Je n'ai jamais cherché à me marier par amour et jamais mon coeur n'a désiré l'une de ces sang-pures glissées dans les rangs de Poudlard. Il est rare que je ne laisse à une femme un choix de vie qui devrait m'être propre et c'est pourtant elle qui est venue dans ma vie la première. Son nom était Narjès Greengrass et il ne fallut pas longtemps pour mon père pour accepter le mariage ; Elle était à la fois élégante et raffinée et si je ne fus jamais au courant des discussions qu'il avait put avoir avec son père, les choses se firent plutôt rapidement.
Aussi avons nous échangé les voeux en 1960 tout en s'installant dans l'aile vide du manoir où j'avais grandis. Si j'étais peu à peu devenu un jeune homme silencieux dont les mots étaient dument choisis, elle venait illuminer les lieux de grands sourires et de beaucoup trop de bouquets cueillit dans nos jardins pendant l'été. Que pouvais-je y redire? Elle avait la capacité de faire sourire n'importe qui et je n'en faisais pas exception. Ce n'était pas de l'amour, je ne l'ai jamais considéré ainsi, mais je ne pouvais renier ce sentiment d'apaisement en sa présence quand elle venait briser les hallucinoses qui me tiraient du lit au beau milieu de la nuit...
Notre premier fils vit le jour en 1962, soit l'année de mes vingt ans et fut certainement notre plus belle victoire. Avoir un fils dans une famille qui ne survit que grâce à ses enfants masculins est une bénédiction. Il pourrait à son tour se marier avec une sang pure et son nom figurerait sur une descendance et si j'aimais cet enfant comme étant mien, il aurait été hypocrite de dire que je n'y avais pas pensé.
Petyr était un enfant discret, il fut aussi celui grâce à qui je m'ouvris un peu face à la famille autant que je pouvais me hérisser de piquant si quelqu'un s'en approchait trop et cet effet ne s'arrêta pas lorsque cinq ans plus tard, une jeune fille du nom de Ada ne vit le jour sous notre toit. D'aucun pourrait trouver une différence non masquée entre mon attitude au Ministère et celle au Manoir mais personne n'osait alors me le dire en fasse, ils savaient très certainement que cette famille était mienne et qu'ils n'avaient pas leur mot à dire.
Il y a un équilibre certain pour ceux qui savent choisir leur famille et j'avais trouvé le mien dans ces trois êtres qui partageaient mon toit. Là je ne cherchais pas à être maître du jeu et si mes attitudes marquées envers les devoirs de famille étaient discutables sur bien des sujets, personne ici ne semblait les remettre sur le tapis. J'avais conscience que comme toutes les chances celle ci n'aurait très certainement qu'un temps, tout ce que je voulais alors c'est que l'euphorie ne dure le plus longtemps possible. Je n'avais pas peur de les perdre mais je savais que l'être humain est l'animal le plus versatile qui soit et vivre avec un homme qui ne passe que la moitié de la nuit dans son lit pouvait rapidement devenir un lourd fardeau pour ceux qui m'entouraient quoique plus aucun n'avait le choix ni la parole si je demandais le silence.
PART III : True love makes the thought of death frequent, easy, without terrors; it merely becomes the standard of comparison, the price one would pay for many things.
L'être humain est ainsi fait qu'il tourne en boucle toute sa vie durant. Nos actions se répètent et recommencent encore et encore sans que nous ne puissions rien y faire, elles sont ce qui nous détruise autant que ce qui nous permet d'être nous même. L'être humain a ses habitude, il vit dans une routine que les animaux ne connaissent pas parce qu'ils passent le plus clair de leur vie à devoir survivre. Nous avons depuis longtemps perdu la capacité à voir la survie. Nous voulons la vie ; Nous voulons vivre et tenir le plus longtemps possible bien que cela ne nous demande de lourds sacrifices. Temps. Travail. Famille. Nous devons tout mettre dans des cases, des tiroirs bien rangés que nous numérotons au lieux de faire attention à ce qui se passe autour de nous.
J'avais depuis onze ans trouvé cette routine qui semblait me correspondre. Je ne faisais pas exception à la race humaine et je ne le ferai sans doute jamais. Je partais du manoir irlandais le matin et transplanais jusqu'à Londres où le Ministère était ma seconde maison. C'est là que je passais des heures à écrire les mêmes choses sur les mêmes papiers ; J'avais eut le temps de monter en grade pour accéder au précieux travail de Langue De Plomb ; Rapidement ma famille avait compris qu'il n'y avait rien à dire sur cet emploi, qu'en discuter ne servait à rien et s'ils savaient que je tenais toujours mes engagements alors je ne divulguerais rien. Quoique j'ai confiance en eux, il ne faisaient pas exception à la règle et il valait mieux, parfois, qu'ils ne soient tenu au secret.
Narjès avait la chance de ne pas travailler, ou le malheur. Elle était celle de nous deux qui vivait le plus bien que s'occuper de deux enfants n'était sans doute pas de tout repos... Mais n'était-ce pas là son rôle de mère? À l'instar des lions c'est à elle d'apprendre à ses petits ce que la vie leur prépare, cela n'empêchait pas notre fils de huit ans de venir en courant, suivi de près par la jeune Ada de cinq ans sa cadette lorsque je mettais les pieds à la maison.
Cette routine était rassurante, je pouvais aisément m'évader des longues journées au département des Mystères lorsque je rentrais et je retrouvais le lendemain un bureau qui me semblais être une seconde maison. Un roulement parfait qui semblait n'avoir jamais besoin qu'on ne le graisse pour l'entretenir.
Pourtant un matin un missive arriva jusqu'au bureau, apportée devant la porte pas les lettres volantes au travers du Ministère. La missive portait la mention 'urgente' et mon nom était les premiers mots qu'elle comportait.
Je fus invité à prendre mes affaires le plus rapidement possible pour me rendre à Ste-Mangouste ; Je ne m'y rendis pas par bonté de coeur et la vision des murs ne manqua pas de venir avec l'une des ombres dansantes telle une blague jouée par mon cerveau. Je gravi les marches, pressé. Trou dans le quotidien et dans mon coeur, cri dans mon âme et dans la salle d'où venait sa voix ; Ils avaient put sauver notre garçon, pas sa soeur.
Que s'était-il passé? Pourquoi maintenant alors que des années avaient passées sans que rien ne vienne ne nous être prit? Pourquoi la vie s'amusait-elle avec la vie ainsi? Le cri de Narjès n'avait rien à envier aux récits grecques ; Il était déchirant, déchiré par le drame, déchiré par la peine. Elle hurlait et les médicomages ne pouvaient rien de plus pour elle que de lui donner du temps et l'aider à dormir.
Combien de fois l'avais-je alors retenue, la nuit, pour qu'elle ne se lève pas comme j'avais pris l'habitude de le faire? Combien de fois avais-je dû l'attirer contre moi pour que ses sanglots ne viennent s'écraser contre mon torse plutôt que dans le salon? Je ne cacherai pas avoir pleuré. Je ne suis pas de ces hommes qui ne pleurent pas. Les faits étaient là : Notre fille n'était plus, sa tombe avait rejoins celles de ma famille dans le grand parc du manoir et la date indiquée sur la pierre était bien trop courte. J'avais pleuré, mes poumons s'étaient vidés autant que mes yeux.
Ils avaient soignés Petyr quoique son oeil ne garderait à vie la marque des soins. On lui demanderait souvent ce qu'il s'était passé, il s'en rappellerait certainement à vie.
Et c'est là que les choses se sont compliquées. La perte d'un être cher est difficile ; Certains la surmonte et d'autres son hantés par son image. Narjès faisait parti de la seconde catégorie et je du plus d'une fois sortir dans le parc pour lui demander de rentrer alors qu'elle hurlait son nom. Ada. Ada. Ada. Elle refusait mon contact et je voyais son coeur se noircir de jour en jour, sûre de voir le fantôme de notre fille dans le parc Irlandais.
Puis elle s'est mise à le détester lui. Son fils, son sang, sa chair et la mienne. Elle disait qu'il était fautif, que sans lui sa soeur serait encore en vie. Ce sont ses hurlements envers lui que je devais arrêter à grands renforts de colère. Ce sont ses mots que je devais contrer alors que je n'avais pas été là le jour de l'accident ; Mais si je savais une chose c'est que Petyr était un enfant, il n'était pas un assassin et si j'avais perdu une fille aussi, je ne voulais pas le perdre lui aussi.
Ça devenait invivable. Plus aucune nuit n'était silencieuse et je bénissais la présence de Petyr à Poudlard. Il n'avait alors pas à subir une mère qui recevait les maux d'un mort. Je la voyais s'enfoncer chaque jour un peu plus dans la démence ; Car on ne pouvait l'appeler autrement ; J'étais épuisé de devoir aller la chercher dans le parc. De ne plus voir ses sourires. De voir ces bouquets se faner sans jamais être changer dans le salon. Notre maison semblait suivre son exemple et si mes hallucinoses s'étaient calmées ces dernières années le stress, la fatigue et la tension les faisaient apparaître de plus en plus souvent. Je revoyais ma fille sans qu'un seul son n'accompagne sa silhouette... J'étais à la fois perdu et je savais pourtant où j'étais.
Nous sommes en 1973, et cela fait trois ans qu'Ada est morte.
Depuis deux heures nous la cherchons partout, nous ouvrons toutes les portes et pourtant nous ne l'entendons pas. Narjès semble avoir disparu et même l'elfe de maison ne l'a pas vue. Alors nous sortons, nous sommes trois et le parc est rapidement couvert. Il fait nuit lorsque nous la trouvons parce que la marrée se retire enfin. Son corps est blanc et ses vêtements l'étaient avant d'être salis par la mer. Elle qui pleurait sa fille l'a retrouvé de la façon la plus douloureuse qu'il soit ; Un suicide n'a rien de lâche. C'est en silence que nous acceptons son départ, son courage de dire au monde qu'elle n'en pouvait plus.
Pourtant les cris que j'étouffe dans l'oreiller de plume sont bien réels, ils sont violents et je pleure. Je pleure seul dans une chambre froid où dansent des ombres noires.
Pourquoi? Je sais au fond de moi que son départ est là pour nous soulager, moi comme Petyr, qu'ainsi nous pourrons avancer. Mais se défaire de plus de dix ans d'une vie est dur, retrouver le masque de cire que je porte au Ministère est dur, regarder mon fils en face et écrire la lettre pour le lui annoncer est dur.
C'est seulement à ce moment là que je me rends à l'évidence qu'après tant d'années à le refuser, j'étais bel et bien amoureux d'une femme qui m'avait choisi et avait accepté de prendre mon nom.
Seulement, elle n'était plus là pour l'entendre, ni elle, ni ma fille.
PART IV : Between stimulus and response, there is a space where we choose our response.
Le silence est une chose que j'ai toujours recherchée. Elle est le plus souvent reposante et discrète, c'est une chose dont tout être humain normalement constitué à besoin un jour où l'autre. Le soir, avant de de dormir, la journée alors que tout semble frémir autour de vous voir même dans les dîners de famille lorsque l'on s'enferme dans une pièce parce que la voix de tel cousin nous agace.
Pourtant après la mort de Narjès, c'est comme si chaque silence était plombé de coup de tonnerre, que chaque instant de solitude se montrait aussi pesant qu'un jour d'orage et je tentais de les éviter en m'assourdissant au travail. En m'assénant de toujours devoir avoir l'esprit occupé. C'était épuisant, tant et si bien que mes nuits étaient distantes de plusieurs jours chacune et qu'elles n'avaient lieux que lorsque mon corps refusait d'aller plus loin. Lorsqu'il tombait et ne pouvait plus se relever, lorsqu'il n'avait plus ne serait-ce que la force de pleurer.
Puis le temps passa et à la manière d'une marrée chaque mois emportait son lot de chagrin. Le silence redevenait doucement apaisant, je perdais la vision d'un corps balloté par les flots et lentement l'image de la peine semblait s'effacer de mon esprit comme d'un grand tableau noir qu'il faut continuer à remplir.
C'est à ce moment que je redevins moi même ; Je n'avais alors plus qu'à m'occuper de mon fils et de moi. Me remarier servirait-il à quelque chose? Non. Et mon père le compris bien avant moi puisqu'il n'en parla pas une seule fois. peut-être par respect pour le deuil que je portais, pour mon fils, pour moi? Je ne lui demanderai jamais.
1976 fut une année qui vint marquée un tournant décisif dans nos vies. Je fus présent au procès d'Obsidian et je n'eus pas mon mot à dire quoique je ne pouvais détourner le regard de mon frère. Quelle idée saugrenue lui avait-il prit de ne pas contrôler ses nerfs? Je savais qu'il était de nous deux le plus prompt à se transformer en bombe destructrice, pourtant j'ai comme un pincement au coeur quand je ressors.
Un an. Je n'ai jamais été à Azkaban, pourtant c'est comme si ils avaient annoncé une perpétuité. Comment retrouverais-je le jeune homme trop discret lorsque je pourrais aller le chercher? Je n'osais y penser alors que ma vie continuais loin de la prison sorcière et le temps passa bien plus vite que ce que je ne pensais. C'est cette année là que je rejoignis les rangs du seigneur des ténèbres. L'enjeu semblait capital à mesure que le temps passait et j'avais la chance d'avoir un tact bien plus développé qu'Obsidian. Je pouvais aisément mentir et compte tenu mon métier de langue de plomb, on ne me posais que très peu de questions vitales.
J'étais là pour le ramener à la maison ; Pour maudire ceux qui avaient fait ça. Serait-il seulement capable de revenir à une vie normale? Je ne pouvais que me dire que c'était une chance qu'il n'ait pas porté la marque, qu'avec elle il ne serait jamais ressorti.
La maison était moins silencieuse en sa présence. Ses crises de colères devinrent une habitude à éviter et j'espérais souvent ne pas le voir passer par la falaise lui aussi. Il y avait assez de tombes portant en leur sein un membre de ma génération au fond du parc et mon père était tombé malade ; La mort touche tout être vivant sur cette Terre et lui comme ma mère avant lui ne savait que trop bien ce passage comme inévitable.
Il s'éteignit un matin de Janvier 1979 me laissant le rôle de chef de famille avec tout ce que cela implique. Responsabilités, dettes, devoirs... J'avais toujours pensé que ce serait simple et je m'étais trompé. Pour couronner le tout les patronus apparurent en fin d'année, amenant avec eux une obsession que je n'avais jamais pensé voir apparaître ainsi qu'un compagnon ailé dont le plumage sanguin ne pouvait que me rappeler la vie qui me poursuivais, un an plus tard.
Les missions données par les mangemorts n'avaient rien de combat d'enfant de coeur. Je me souviens des mots d'Obsidian lors de l'attaque de Bélize, ces mots qui résonnent encore en moi. On ne fait pas ça pour tuer des enfants ; C'est vrai. Mais qui étais-je pour remettre les ordres en jeux? Personne. J'étais pour ces actes, peut-être par vengeance, par colère... Ou peut-être parce que j'étais aveugle à tout ça. Une coque sans sentiment, un monstre camouflé dans le corps d'un carnivore. J'avais rarement vu mon frère se mettre en travers de mon passage et c'est pourtant ce qu'il fallait pour que je n'oublie jamais ce qu'il avait pu dire. Je suis un homme pragmatique, je sais que les limites sont floues entre bien et mal. Mais qui suis-je alors pour prétendre être celui qui fait le bien? Je ne fais que ce qu'il y a à faire.
Il fallut deux ans pour que l'impossible ne se passe et que l'arrestation d'Audric Nott ne libère le tant convoité rôle de chef de Département. Dire que je n'espérais pas voir mon nom être cité était un mensonge. J'avais oeuvré des années durant pour mérité ce poste et la récompense était enfin là ; On me nommait Directeur du Département des Mystères et enfin l'enfant qui jouait toujours au petit chef trouvait un sens à tout ça. Il avait fallut des sacrifices et pas seulement pour moi, mais aussi pour ceux qui étaient tombés à Bélize, ou lors de l'attaque du Poudlard express que j'avais fortement dénoncé alors que mon fils se trouvais à bord. Ma femme. Obsidian.
Je ne crois pas au Destin, mais s'il existe, je sais que je ne plierai pas le genoux devant ce qu'il me demandera d'abandonner pour pouvoir continuer à vivre.
PART V : Daemon
Beaucoup rejettent l’idée même d’un patronus. Combien ont rit à ce sort échoué par le Ministère pour vaincre le Mage Noir? Oh, j’en faisais partie, je me suis dis qu’avec tout leurs efforts ils auraient sans doute mérité un peu plus qu’un simple sort perdu dans la nature… Puis il y a eut l’après, cette brume qui a suivi les adolescents, les enfants, certains jeunes adultes. J’ai vu mon fils passer d’un enfant solitaire à un jeune sorcier suivit comme une ombre par son patronus, par son âme. Ce sort s’il a échoué sur un plan a sans doute offert à ertain bien plus que ce que le Ministère n’aurait pu imaginer. J’ai toujours eus grande considération pour les sorts les plus complexes ; Qu’ils soient ou non de magie noire, il en va de mon métier et de mon rang en tant que chef de famille ; 1979 était l’année où j’avais pris les rênes de notre clan, une année emplie aussi d’un nombre incalculable de procédures, de papiers, de règles à réapprendre… L’apparition aux quatre coins d’Angleterre de ces créatures diverses et variées avait surpris, mais que le sort fonctionne aussi en Irlande donnait une toute autre dimension à ce que certains nommaient des rebuts magiques.
Peut-être est-ce parce qu’ils offraient un renouveau dans un quotidien encore instable, ou peut-être est-ce par cet esprit de contradiction qui englobe notre famille que je les ai tout de suite aimé. Aimé est peu dire, s’en est devenu une obsession, le besoin de savoir, d’entendre leurs mots, le besoin de comprendre pourquoi mon fils et pas moi. Puis il y a eut les premiers cas de Daemons ; Des gens se plaignaient, d’autres les accusaient, certains allaient jusqu’à dire que la magie noire était dans la place. Je n’en eus que faire lorsque je me suis penché sur la question, lorsque j’ai passé des heures à trouver des réponses à mes questions, tomber sur des os, ne rien trouver et s’arracher les cheveux… Après tout qu’est ce qu’un patronus m’apporterait? J’avais toujours jouer cavalier seul et je n’avais jamais eus besoin d’un confident ni d’un ami… Mais il y avait l’inconnu, il y avait cette possibilité de rencontrer ce qui vous image le mieux, il y a ce sentiment, ce besoin d’apprendre des choses que vous ne savez pas encore. Puis il y a le challenge, l’appel à réussir quelque chose de défendu, quelque chose que beaucoup voient comme un geste de Malin et que je vois comme une oeuvre, un tableau que l’on peint en des années et que l’on voit comme un accomplissement… Et forcément il y a la réussite. Il y a cette fierté non dissimulée de montrer de façon claire que l’on est au dessus d’eux, au dessus de ces hommes et de ces femmes qui ne croient pas en vous ; Eux subissent, moi j’anticipe. Qu’adviendra-t-il une fois qu’il sera là? Que lui dirai-je? Aurai-je, à l’image de beaucoup de jeunes sorciers, un lien indéfectible avec lui ou me mettrai-je à le haïr de toute mon âme? Toutes ces questions se bousculaient dans ma tête comme des cognards, tant de questions qui ne trouveraient leur réponse que dans la réussite d’un sortilège, que dans la volonté profonde pour le voir apparaître.
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Son nom, quel serait-il? Les questions sons la base de toute réponse. Je suis là, au bord d’une mer aussi lisse qu’une plaque d’huile et j’y lance des pierres comme un gamin, ici je n’ai pas à être droit, je n’ai pas à garder le dos droit et le regard perçant. Ici c’est chez moi et en l’absence de mon fils l’endroit semble vivre au ralenti et au rythme de l’Irlande. C’est comme si nous vivions dans un monde à part. L’Irlande, patrie du clan qui semble vibrer sous nos pieds à chaque pas.
Là bas dans l’eau s’écrase mollement une pierre plate et j’observe ses stries se dessiner sur la surface autrefois lisse puis le calme revenir… C’est ainsi qu’est faite la vie, quelque chose vient la secouer puis tout s’arrête, le temps continu et les choses ne vous attendent jamais. C’est à nous, humains, de mener nos vies de façon à ce que le monde ne soit jamais une mer plate, c’est à nous de faire vibrer nos vies et c’est ce qui m’a toujours fait avancé sur ce lac gigantesque où certains se noient en chemin…
Chaque ridule sur l’eau est une question et voilà déjà des semaines qu’elles tournent en boucle, s’ajoutent, se répondent, se secouent. Il y en a eut des nuits où je traversais éveillé la demeure familiale pour aller chercher les réponses sur un coup de tête.
Et son apparence, laquelle? Je arpente la pièce après une journée plus qu’implacable, ce genre de période qui semble n’avoir de fin même le soir. Je ne trouve pas le sommeil et le thé a déjà refroidis dans la tasse osée au coin du bureau. J’aimerais pouvoir dire que mon obsession touche à sa fin mais j’ai l’impression qu’il n’y a pas de fin. Ce que je recherche semble être un dieu inexistant et je suis un croyant sans livre sacré. La marche à suivre pour réussir à faire naître un patronus ressemble à un long chemin de croix ; Je sais de source sûre qu’il y a une forte chance que je ne réussisse pas, que mon sort ne soit qu’une erreur et qu’il ne se passe rien du tout mais mon esprit refuse de se laisser abattre ; J’ai l’impression d’imprimer cette baguette dans ma main jusqu’à en ressortir des échardes. J’ai l’impression d’oublier peu à peu tout ce que l’école m’a enseigné quoique je n’ai jamais eus à me plaindre de mes capacités. Est-ce là la pierre que l’on jette à l’eau? C’est en tout cas le prix à payer pour tenir tête à ce qui passe pour la normalité. Je suis à la fois frustré, épuisé, presque défait. L’échec n’a jamais été une part de mon quotidien et j’imagine les remarques de mon père s’il me voyait Peut-être rirait-il, peut-être pas ; Il garderait ce regard si sérieux qui était le sien et hocherait la tête. Je refuse de me laisser aller à me dire que je pourrais ne pas réussir ; Ceci serait une tache au tableau. Une erreur inacceptable.
Pourquoi moi? Et pourquoi pas? Je doute peu, je suis de ces hommes qui connaissent autant leurs capacités que les privilèges qu’ils ont pour monter dans une société magique déchirée. Mais aujourd’hui je doute, je doute parce que je me demande si c’est une bonne idée, je me demande ce que je ferai si quelque chose se passe mal… Le manoir est silencieux alors que le soir tombe et que j’allume une cigarette. J’ai passé du temps à me demander pourquoi cette envie était venue et ne m’avait jamais quittée… Ce n’était pas par envie de compagnie, ni pour assouvir un besoin narcissique ; C’était comme un besoin. Il n’y avait dans la demeure plus que moi et ma cigarette, il n’y avait plus trace de ma femme et son absence était malgré tout l’image d’un gouffre ; Mon fils était à Poudlard et j’avais cette voix qui ne cessait de me répéter d’essayer, de continuer. Cet inconnu m’attirais comme un trou noir alors que je ne cessais d’observer les patronus des jeunes que je croisais à Londres… J’avais entendu dire que certains pouvaient entendre leurs voix comme s’ils parlaient aux âmes des autres ; Je n’en faisais pas parti. Pourtant avec le temps j’avais entassé un nombre d’écris sur les patronus qui arrivait à m’étonné ; Ils ne m’avaient jamais marqué plus que ça et j’avais avalé ce savoir comme on boit un alcool fort pour se remettre d’une mort… Une mort. C’était peut-être là une partie de la réponse. J’avais perdu une femme et une partie de mon âme, si je refusais de le voir en face je ne pouvais mentir et dire que je ne recherchais pas cette part de moi quelque part, que je n’espérais pas qu’elle soit quelque part… J’étais peut-être le chef de cette famille mais j’avais l’intime conviction, l’intime croyance que cette envie était bien plus que ça. C’en était presque mystique si tant est que je ne sois croyant…
Quand? Il avait fallut du temps pour oser, il m’avais fallu autant de courage que de persévérance pour mettre un terme à un apprentissage qui m’avais prit plus d’un an. C’est une volonté de fer qui s’était aiguisée avec le temps et qui me poussais à tenter avec l’adrénaline d’un jeune marié. J’étais seul ce jour là, j’avais attendu le soir comme si le faire en plein jour allait briser le charme, le lien étroit qui devait nous unir… J’avais aussi attendu un moment, assit dans la pièce en crachant à l’elfe de maison de se faire petit et aussi silencieux qu’à l’accoutumée. Des impressions de vertige parcouraient mon être, preuves de l’adrénaline qui s’écoulait dans mes veines aussi fort qu’une drogue…
Si c’est ce qu’on nomme la peur, alors je l’a prenais de plein fouet.
Guaire. Ce nom résonna en moi avec la puissance de la surprise. Enterré mon habituel regard si froid. Disparue cette attitude qui fait de moi le nom que je porte. Je suis là devant lui et devant ce plumage d’un rouge presque sanguin, devant ces yeux perçants et ce bec acéré. Oiseau de proie, Dragon volant, les noms qui entourent le gypaète barbu sont nombreux. Je ne m’attendais pas à sortir des animaux de notre pays si le sort fonctionnait et pourtant il est en face de moi et ses yeux m’observent. Nous sommes deux inconnus que tout rapproche et le silence nous fait face. M’entend-il? Peut-il communiquer avec moi comme mon fils parle à son propre patronus?
«
Je t’entends… » Mon sang se glace et bouillonne à la fois alors que je recule d’un pas pour attraper la chaise la plus proche et m’y asseoir. Il ne s’éloigne pas, son pas est plus lourd sur le sol que lorsque les oiseaux volent et pourtant je lui trouve une élégance toute particulière, un port altier et un regard royal.
Tel un enfant je tends une main vers lui, je peine à y croire et mes yeux refusent de le quitter. Lui semble hésiter avant de venir déposer le sommet de son crâne contre ma paume comme pour sceller ce pacte entre nous. Il n’y avait pas besoin de mots pour ça, pas besoin de réponses. Pour cela nous aurions le temps ; Pour tout le reste nous ne pourrions plus nous séparer l’un de l’autre et le rapace serait toujours là. Jusqu’à ce que la mort nous sépare. Il serait l’image de ce mariage qui marque les grandes familles, il m’accompagnerait jusqu’à la tombe et son avis serait l’un de mes plus grand conseiller.
C’est seulement alors que mon regard se perdait dans l’étendu carmin de son plumage que je comprenais qu’il serait bien plus qu’une pierre jetée dans l’Atlantique. Il serait ce tsunami qui m’accompagnerais jusqu’à retrouver la terre ferme et son nom était Guaire, noble créature au regard de créature mythique.