Moi, c'est Treasa. Vous devez me connaître, c'est une évidence. Sinon j'ai quelques hypothèses à donner sur votre situation : soit vous habitez dans une grotte dans une grotte qui est elle-même dans une grotte, soit vous êtes un première année tout droit sorti de son petit chez lui et qui ne connait encore rien de Poudlard. Je veux bien vous faire une brève explication car vous ne pouvez pas rester dans l'ignorance plus longtemps.

Je m'appelle Treasa Eireen Flynn, comme vous l'avez sans doute constaté je suis irlandaise et j'habite dans une ville au centre du pays nommée Lorrha. Je suis née le huit décembre dix-neuf cents soixante-deux à Dublin, pour ceux qui n'ont pas le courage de compter cela fait que j'ai dix-sept ans. Et enfin le détail inutile pour moi mais qui pourrait en intéresser certains, je suis une sang-mêlée. Bref, pour les autres vous avez dû certainement avoir entendu parler de moi que ce soit en bien ou en mal. Les deux me conviennent tout à fait à vrai dire.

Égocentrique ? Légèrement je dois l'avouer, mais pas au point de m'attendre à ce que tout le monde se jette à mes pieds même si cela ne me gênerait aucunement. Tout doit tourner autour de moi même si malheureusement ce n'est pas toujours le cas. Il faut que les plus belles choses m'appartiennent, que les personnes les plus intéressantes me parlent et que les professeurs soient fascinés par mon intelligence. Moi, moi, moi... Si ce n'est pas moi alors ce n'est pas normal. Cela doit être agaçant pour mon entourage, mais ils ont appris à faire avec surtout que ce n'est pas demain la veille que je vais changer.

Cependant n'exagérons rien je ne suis pas dénouée d'empathie, les quelques amis proches que j'ai sont très importants pour moi. Pour tout vous dire je ne sais pas ce que je ferais sans eux, ceux sont les seules personnes capables de me faire vraiment rire. Non pas que je ne sois pas une personne souriante et chaleureuse, seulement il est rare que ce ne soit pas contrôlé. Je suis rancunière envers ceux qui font souffrir mes proches, ainsi les ennemis de mes amis passent obligatoirement dans ma catégorie "personne à détruire".

J'ai une certaine obsession de la perfection depuis que je suis toute petite. Je refuse d'être deuxième, personne ne doit me devancer et si c'est le cas je peux passer plusieurs jours terrer dans la bibliothèque à travailler d'arrache pieds pour combler mes lacunes. Pour moi c'est tout ou rien. On dit que ce trait de caractère est héréditaire, pourtant mes parents ne sont pas du tout comme cela au contraire ils sont baba cool au possible. Je suis mes propres lois et personne ne peut me dicter ce que je dois faire.

J'ai un tempérament fort, mon côté irlandais je présume, il n'est pas rare de me voir piquer des crises de colères pour un rien. Le pire c'est quand je garde certains sentiments encrer pendant une période de temps assez longue, lorsque je n'en peux plus tout sort d'un coup et gare à ceux qui se trouvent sur mon chemin quand cela arrive. Pas que je devienne violente au point de me battre comme les moldus à coup de poings et de pieds, mais je n'hésite pas à lancer des sorts plus ou moins puissants.

Ma mère dit souvent que ma baguette me correspond, elle adore me donner toutes ses caractéristiques et les comparer à ma personnalité. Ma baguette est en prunellier qui est un bois réputé pour convenir à des sorciers faisant preuve de détermination et d'adversité. Une plume de phénix en est le composant, les baguettes en possédant sont supposés manifester une grande capacité d'initiative et agir de leur propre chef ; elles sont aussi très exigeantes.

La seule fois où j'ai été confrontée par un épouventard, celui-ci c'est transformé en phénix. Je n'ai absolument pas compris sur le coup car c'était la première fois que j'en voyais un, mais lorsque j'en ai parlé à ma mère par hiboux elle m'a dit de ne pas prendre la forme de mon épouventard au sens littéral. Le phénix symbolise la renaissance et le renouveau, ainsi j'aurais supposément peur de ces deux choses. Je suis toujours assez septique.

Je ne différencie pas les sang-purs des nés-moldus, pour moi chacun doit faire ses preuves et ce n'est pas leur statut qui va changer quoi que ce soit. D'ailleurs, cette guerre contre les moldus me dégoûte. Comment peut-on se croire supérieur aux autres par le sang ? C'est une idée ridicule ! Ma mère, née-moldu, est une sorcière puissante et je suis certaine qu'elle pourrait remettre à leur place tous les idiots qui diront le contraire. Et Vol... Vous-Savez-Qui n'est qu'un parfait crétin dont l'heure de gloire finira bientôt, je le garantis.

Le ciel est d'un noir d'encre ce soir, je n'arrive même pas à percevoir les étoiles qui illuminent d'habitude l'obscurité de la nuit. Le vent me frappe le visage avec force, faisant danser mes cheveux autour de moi dans un tourbillon. Appuyée sur la balustrade qui sépare ma terrasse de mon jardin, je laisse échapper un soupir de lassitude qui se transforme en buée dès qu'il sort de ma bouche. L'hiver à Lorrha a toujours été rude, les températures descendent facilement dans les moins vingt et sortir devient alors un véritable parcourt du combattant.

Pourtant je suis là, dans le froid, emmitouflée dans le manteau le plus chaud que j'ai pu trouver. Pourquoi ? Bonne question. Je ne sais pas ce que j'ai aujourd'hui, mais j'ai un mauvais pressentiment. Une sorte de boule au ventre qui grossit au fur et à mesure que le temps passe. L'ambiance festive qui règne à la maison ne fait que m'énerver encore plus et au risque de me faire enguirlander par mon père j'ai préféré sortir prendre l'air.

Dans deux heures ce sera la nouvelle année. L'année 1979. Je suis déjà au milieu de ma sixième année et dans quelques mois je passe mes ASPICS. J'ai vraiment l'impression que le temps passe vite. J'ai à peine vu ma petite soeur Maeve grandir, elle qui essayait de copier le moindre de mes faits et gestes préfère maintenant me jeter des regards noirs lorsque notre mère n'est pas dans son champ de vision. Les temps changent on dirait.

Je sens une présence derrière moi. Je me tourne lentement histoire de ne pas causer de frayeur à cette mystérieuse personne, mais il n'y a absolument rien. Voilà que je deviens paranoïaque, cela m'apprendra à faire une petite pause philosophique. Mais je n'arrive pas à enlever cette sensation de ne pas être seule... C'est alors que je remarque une légère brume à la forme indistincte se trouvant sur la balustrade à côté de moi.
Je distingue dans cette amas de matière blanche deux petites billes noires qui me fixent avec intensité.

Fascinée, j'essaye de la toucher mais en vain. L'être brumeux me regarde avec intérêt, il me semble devenir plus consistant aux fils des secondes. J'arrive maintenant à distinguer que c'est un oiseau de grande taille. Il est tellement beau. Tout à coup avec un léger tressaillement qui me fait sursauter, il déploie sa couronne de plumes. Cet animal majestueux est donc un paon ? Je n'arrive même pas à éprouver de frayeur tellement je suis fascinée, c'est une première pour moi. Je me tourne vers la porte-fenêtre en souriant comme une hystérique, puis l'ouvre avec hâte.

"Maman ! Regardes ! N'est-il pas magnifique ?"

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"Treasa, regardes ce patronus comme il est stupide."

Assise à même le sol dans un coin sombre de la librairie, j'essaye de me focaliser sur mon cours d'enchantement. Essayer est vraiment le verbe qui convient car mon cher Midhir n'arrête pas de me déconcentrer avec ses remarques désobligeante à propos de tous les patronus passant dans son champ de vision. Suivant le regard du paon, je tombe sur un chat de petite taille courant dans tous les sens. L'humain auquel il est lié doit être le brun au rire guttural situé à côté de lui. Un petit sourire mesquin se dessine sur mon visage.

"Eh bien Midhir, tu sais ce qu'on dit. Tel maître tel patronus."

Pas que je sois tout à fait d'accord avec ce dicton, car Midhir est pour moi bien plus qu'un simple animal de compagnie pour lequel je serais un maître. Ce magnifique paon aux couleurs bleu et vert je l'ai accepté comme étant une partie de moi sans me poser de questions. Mes parents ont d'ailleurs été très surpris que j'accepte ce phénomène sans rien dire, ils se sont attendu à une crise de folie immense où je blâmerais la terre entière de mon malheur. Je les connais trop bien. Le plancher de la bibliothèque commence à devenir inconfortable, je n'arrive plus à sentir le sang circuler dans mes jambes. Je me lève avec difficulté et titube lentement vers la sortie.

"Aucune classe, vraiment."

Je lance un regard assassin à Midhir qui fait comme si de rien n'était. Maudit paon.
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