Joyeux anniversaire à moi. À cette occasion, je change de cahier. Le précédent n'était pas tout à fait rempli mais la majorité de ce qui était écrit me faisait déjà honte. Je ne sais pas pourquoi je ne peux pas supporter de relire ce que j'ai écrit dans le passé, ce que je fais pourtant régulièrement, grande égocentrique que je suis. À chaque fois, je me trouve immature, suffisante, puérile. En tout cas, ce nouveau cahier me plaît beaucoup... Dommage qu'il finira probablement abîmé, qu'il y aura des pages que j'arracherai et brûlerai comme d'habitude. Le précédent, je crois que la moitié des pages lui manquait.
Ça me fait du bien d'écrire. Je ne me sentais pas particulièrement déprimée ou angoissée en commençant, pourtant... Sigel sautille sur le bureau sous sa forme de bruant, je la sens d'humeur joyeuse et alerte.
Comme d'habitude, j'ai essuyé les plaisanteries de quelques connaissances pour mon anniversaire à la date notoirement ridicule. Tant qu'elles sont gentilles, je m'en amuse avec eux. C'est parfois un peu lassant, mais ce n'est pas grave. Dix-neuf ans, donc. J'ai passé une assez bonne journée. Entre deux séances de travail à la bibliothèque, j'ai été me promener assez longuement dans le parc. Il ne faisait pas très beau, en fait, il y a eu de la grêle, du brouillard et de la pluie, de sorte que la plupart des élèves restaient à l'intérieur. Mais ça ne me gêne pas, au contraire, j'aime avoir le parc quasiment pour moi seule. J'aime la fraîcheur, la brise, le bruit de la pluie contre les carreaux. L'eau a toujours été mon élément préféré.
Dernière édition par Auriane H. Aymslowe le Ven 9 Sep - 1:54, édité 1 fois
Je veux m'enfuir. Je ne le ferais pas, évidemment, même s'il existait un moyen. Cette école me donne la nausée désormais. Je n'ai même plus envie de la dessiner. Tous mes souvenirs sont gâchés par ce qui s'est passé et se passe encore entre ses murs. Ce qui sort de la bouche des autres, ce qui se trame autour de nous. Personne n'est plus en sécurité ici, même ceux qui ont été marqués, comme moi, j'en ai la conviction. Marqués. J'ai toujours autant horreur de cette expression. Et Sigel me fait toujours la tête. C'est la première fois que je souhaite réellement avoir un moyen de mettre une distance entre nous, contrairement à elle qui l'a toujours voulu et maintenant le voudrait plus que jamais. Je sais désormais ce que ressentent ceux qui ont une relation vraiment conflictuelle avec leur Patronus, encore que pour eux, l'enfer dure depuis des années. J'en viens à envisager de devenir oblamens, mais je doute d'en avoir les capacités et j'ai peur d'échouer. À quoi bon épiloguer... Je dois brûler tout ce que je viens d'écrire. C'est trop compromettant. Et je me fais honte, de toute façon. Mentir, mentir, mentir, mentir encore. La politique du ministère c'est très bien, les disparitions de nés-Moldus c'est pas grave, oui, vous avez raison, oui, oui, oui. Je hoche la tête à tout ce que mon merveilleux entourage bien élevé et de bonne naissance raconte, je m'efface, je disparais. Je ne sers à rien. Je ne suis que leur reflet. Par mon propre choix. Et l'heure de ma libération semble si lointaine. Encore brûler ce que je viens d'écrire, étouffer ce que je pense, faire disparaître toute trace de ma personnalité. Si seulement je pouvais disparaître totalement. Sigel qui m'ignorait jusque-là vient d'attaquer ma main droite en train d'écrire ces derniers mots à coups de bec. Pas de pensées comme ça ! me dit-elle. C'est la première phrase bienveillante qu'elle me décoche depuis longtemps et j'en suis presque réconfortée.