Je me ferme. Je me braque. Je bloque ses jérémiades. Il essaye de me parler. Encore. J'essaye de rester concentrer sur mon devoir. Même si ce n'est qu'un prétexte pour ne pas l'écouter. Il doit s'en douter. Je sais qu'il sait. Car il insiste. Il persévère. Ça m'énerve. Il m'emmerde. Bordel, mais qu'il disparaisse. J'aimerai pouvoir m'en éloigner. Le plus loin possible. Mais là dernière fois que j'ai essayé, c'est comme si mon cœur s'arrachait. Pour rester avec lui. Prêt à se briser. Pour revenir à lui. A cet abruti d'oiseau. Ce moulin à paroles. Je ne comprend pas comment cela est possible. Je ne cherche plus vraiment saisir la situation. De toute façon. Depuis que j'ai appris qu'il m'était visiblement impossible de m'en débarrasser. Je me résous à le supporter chaque jour. Je préfère l'ignorer. Après tout il ne m'a fait aucun mal. Je n'ai pas à lui en faire. Mais il est envahissant. Je me sens prise au piège avec lui. Je déteste ça. Je n'arrive pas à m'attacher à lui. Comme je me suis accrochée à Ebenezer. Peut-être parce que lui n'est pas constamment sur mon dos. Alors que je le voudrai. Qu'il soit tout le temps avec moi. Qu'on ne se sépare jamais. Je ne suis pourtant pas amoureuse. Je suis juste complètement accro à sa personne. Presque dépendante. Telle une droguée. Ayant toujours besoin de sa came. Je ne sais même plus à quand remonte le début de notre amitié. C'est comme si il avait toujours fait partie de ma vie. Pourtant, avant, je ne connaissais que ma famille. Les autres personnes jouaient avec ma naïveté. Jusqu'à m'en blesser. J'ai arrêté de les fréquenter. Pour ne faire partie plus que du cercle familiale. Ce cocon m'a apporté la sérénité dont j'avais besoin. Puis j'ai commencé les études. J'ai du reprendre ma vie sociale où je l'avais laissé. C'est à ce moment là que je suis devenue une jalouse. Excessive. Où je me suis abandonnée à mes émotions exagérées.

Ses geignements, Ils reprennent le dessus. « Mais la ferme ! » Les regards dévient. Sur moi. Les sourcils froncés. Les yeux écarquillés. La mine surprise. Choquée. Offusquée. Renfrognée. Chacun de mes camarades de maison y va de sa personnalité. Pour me dévisager. Pour me juger. Je fais mine de me remettre à mes devoirs. Et reprend le fil de mes pensées. J'ai trouvé des amis ici. Depuis. Ce n'est pas comme à Lowestoft. Là où j'ai grandie. Manipulée par des voisins douteux. Je jette un coup d'oeil. Mon patronus n'a pas vraiment connu cet endroit. Si je ne le supporte pas, ce doit être en partie parce qu'il me rappelle mon passé. Où je me retrouvais coincée. Confinée. Par la pression de ces voisins. Ils se doutaient que quelque chose clochait chez ma famille. Qu'on n'était pas normaux. Plusieurs fois, la police moldue a débarqué chez nous. Pour fouiller. Ils ont cherché de la drogue. Des objets volés. Un cadavre. N'importe quoi qui aurait pu nous inculper. Mon père a souvent passé des nuits en garde à vue. Ils étaient constamment sur notre dos. A nous épier. A attendre. Un fait. Du concret. Pour nous voir disparaître des alentours. Mes parents n'ont jamais cédé. Ils aiment cette ville. Et voulaient y rester. Les deux seules fois où on s'est éloignés, c'est lorsque ma soeur et moi avons découvert nos pouvoirs magique. Même si ce n'était pas forcément visible. Mes géniteurs n'ont pris aucun risque. Je ne leur ai jamais dit. Ni même mentionné. Que nos chers voisins essayait de me faire craquer. Pour que j'avoue. Que je dénonce. Au début, c'était d'une manière attentionnée. Ils me donnaient des bonbons. Des cadeaux. Face à leur échec, ils sont devenus hargneux. Ils ont tentés de me monter contre mes parents. Contre ma soeur. L'été avant mon entrée à Poudlard, ils m'ont menacé. Je ne les ai pas pris au sérieux. Même si j'ai redoublé de méfiance. J'ai interdis à ma soeur de leur adresser la parole. Je lui ai prié de rester loin d'eux. Au cas où.

Ce n'est plus l'oiseau tapageur que je retrouve. C'est le bébé phoque qui me regarde avec ses yeux doux. J'esquisse un sourire. Toujours la même manie. Ça en devient lassant. Mais Nox me rend maussade. Boudeuse. Grognon. J'en perd ma délicatesse. Ma courtoisie. Au moins, ma tolérance reste, elle, intacte. C'est cette notion que je veux inculquer à ma petite sœur. Qu'on soit sang-pur ou non. Cela ne fait aucune différence. Mais parents sont partagés sur ce point. Ils m'ont laissé me forger ma propre opinion. C'est sûrement ma crédulité qui m'a fait parvenir à cette conclusion. Mais peu importe. Ma petite sœur passe avant tout. Même avant Ebenezer. C'est ma petite poupée. La mienne. Celle que je dois protéger. Préserver. Secourir. Au détriment de tout. Je suis persuadée que tout le monde lui veut du mal. Que certaines personnes veulent la corrompre. Comme je suis convaincue que toutes les filles se jouent d'Ebenezer. Qu'elles profitent de lui. Qu'elles se foutent complètement de mon meilleur ami. Mon père m'a toujours appris à me méfier. J'ai appliqué ses conseils à la lettre. Sûrement exagérément. Encore. Mais jamais personne ne m'avaient fait sentir aussi bien. Aussi moi même. J'angoisse à l'idée qu'ils m'échappent. Qu'on me les enlève. Qu'on me les vole. Ils sont mon équilibre. Mon essentiel.