Nom:Rheis, famille sans prétention dont la réputation n'est pourtant plus à faire. Prénom:Neema, parce que c'était court et facile à prononcer, autant par sa famille égyptienne qu'anglaise, et Humarya, rouge dans sa langue maternelle, car c'est la couleur de la couverture dans laquelle on l'a enveloppée quand elle est venue au monde. Âge et Date de Naissance:vingt-cent ans, née le ving-trois décembre 1956, en peine nuit. Nature du sang: ni pure ni d'origine moldue, elle a le cul entre deux chaises jusque dans ses veines. Situation familiale:fille unique d'Ikram et Otto Rheis, leur petite fleur a grandi entre les flacons d’apothicaire de sa mère et les bons plats de son père, qui se la disputaient presque. Et bien que fascinée par le talent de son père, ce fut la magie des potions qui l'emporta. Aujourd'hui, même séparés par plusieurs mers, ils continuent de s'écrire très fréquemment, et elle n'hésiterait pas à tout laisser tomber si l'un d'eux tombait gravement malade. Neema, c'est aussi une femme mariée qui, à force de ne jamais voir celui-ci, l'oublie un peu trop souvent. Miroir du Rised: Ça brille, ça scintille. Ça illumine. La petite fiole éclaire son visage dans la pénombre. Cette petite fiole, elle éclaire aussi la vie des gens. Elle la veut, elle la désire, elle en a besoin. Ce liquide soigne les maladies les plus folles, les plus mortelles, celles qui la terrifient, d'autres qu'elle n'oserait jamais imaginer. Et le remède et là, entre ses doigts. Epouvantard: Sa famille étendue sur des lits d'hôpitaux, mourante. Ils souffrent tous d'une même maladie dont elle ignore le remède, et elle les regarde partir. Composition de la baguette magique: Souvenir de son premier voyage en Angleterre, elle la chérit tout particulièrement. Trente-cinq centimètres de bois de charme renfermant du ventricule de dragon, qu'elle ne voulait acheter qu'à Londres. Emploi: Après avoir été guérisseuse en plein désert pendant deux ans, elle a dû quitter cet emploi qu'elle affectionnait pourtant tout particulièrement. Depuis peu, elle s'est trouvée un poste en tant que soigneuse à Ste-Mangouste, officiellement au service des potions et empoisonnement, bien que ses expériences passées lui permettent d'être souvent sollicitée dans d'autres services. A terme, elle aimerait beaucoup ouvrir une boutique de potions dans Londres tout en gardant de quoi consulter quelques patients, mais ses moyens ne le lui permettent actuellement pas. Animal de compagnie: une chouette grise, Nour, qui, s'ils existaient, remporterait sûrement les jeux olympiques version hiboux. Celle-ci passe une grande partie de sa vie entre Londres et Le Caire.
Caractère
Elle mène la danse Neema. Elle t’entraîne, elle t'emmêle. Tu ne le vois pas mais déjà elle t'ensorcèle. Jamais elle ne demande, toujours suggérer, évoquer. Elle ne t'a pas posée une seule question que déjà tu lui livres tout, et tu pourrais lui en poser mille sans que jamais elle te réponde. Toujours sur ses gardes, toujours attentive. Un faux pas et c’est toute la danse qui capote. Tu ne comprends ce qu’elle veut qu’après lui avoir donné, tu te promets de ne plus jamais te laisser avoir. Et pourtant, un sourire et quelques flatteries plus tard, te voilà à nouveau prisonnier. Elle te fascine Neema. C'est un mystère, une chimère que tu peines à comprendre. Douce et déchaînée. La caresse et le bulldozer. Les deux se complètent mais la première ne se montre qu'une fois la nuit tombée et les rideaux baissés. Fière et ambitieuse, tout ce qui ne fait pas d'elle une femme respectée devient qu'une faiblesse qu'elle s'empresse de dissimuler. Artiste sans toiles ni pinceaux, elle manie les fioles et le chaudron avec la précision d’un chirurgien. Précise, presque capricieuse, la moindre goûte en trop lui fait perdre son calme. Tout est important, et la potentielle dangerosité des potions les plus ridicules ont beau rendre ses spectateurs hilares, elle ne la prend pas moins au sérieux. On jette tout, on recommence. Nouvelle toile. Vide, propre, immaculée. Aucune trace de son échec. Et elle recommence. Encore et encore jusqu’à ce que tout soit parfait. Mais avec les gens, il fallait s’adapter. On ne pouvait pas foutre un homme à la poubelle et le reprendre à zéro. On le lui donnait malade, abîmé, cabossé, et c’est à elle de se démerder avec. Alors il avait bien fallu apprendre, s’adapter. Elle avait fini par trop s’adapter d’ailleurs. Neema avait un mal fou à relâcher ses patients dans la nature. Trop attachée, trop impliquée, trop curieuse. Elle les regarde partir avec l’impression d’avoir été abandonnée au coin d’une route et espérerait presque qu’ils retombent aussitôt malades pour pouvoir les garder un peu plus longtemps à ses côtés.
Anatole. Le grand bleu et l’infiniment petit. Fier et discret. Sa carapace est faite d’écaille, la tienne de regards noirs et de répliques d’acier. Comme lui, ta présence peut envahir la pièce. Jusqu’à son arrivée, tu aimais croire que tes secrets ne seraient jamais que les tiens, que ton petit paradis n’appartenait qu’à toi. Perdue dans le désert Libyque, les nouvelles ne te parvenaient que trois semaines plus tard, vous étiez en pleine guerre, ta famille pouvait diminuer de moitié à tout instant, ton père avait pris pars aux hostilités et toi, tu ne savais rien. Tu en devenais folle. Tu aurais aimé prendre un deuxième hibou, un troisième s’il le fallait, mais le climat désertique ne leur était pas favorable alors tu avais renoncé. Tu te vengeais sur tes patients, irritée et irritable, tu concoctais les remèdes les plus violents que tu puisses imaginer. Une sorte de défouloir sadique que personne n’osait remettre en question, ton échappatoire. Et puis il était arrivé. Pile à l’heure, en même temps que tous les autres. Tu ne le savais alors pas, mais il était le résultat d’un sort raté, une erreur, un échec. Toi, tu avais d’abord cru qu’il s’agissait d’une vieille assiette, il t’en a beaucoup voulu d’ailleurs. Votre premier contact aura été tes mains contrariées sur sa dure carapace. Tu l’aurais balancé dans l’évier s’il n’avait pas hurlé, complètement paniqué. Figé, tu l’avais fixé de longues minutes, le regard ébahi, comme s’il disparaîtrait si tu clignais des yeux. Perdus. Vous l’étiez tous les deux. Votre premier point commun, le premier d’une longue liste. Sa deuxième forme, il ne te l’a révélé que bien plus tard. Tu revenais de Londres, le chef du village t’en voulais, beaucoup. Il t’a prise à part. Des menaces. Des moqueries aussi. Comment toi, Neema, guérisseuse, femme, osais lui faire l’affront de l’abandonner plusieurs semaines. Toi, dont le mari n’était plus là pour te protéger. Toi, qui te croyais toujours au dessus des règles. Si Anatole n’était pas intervenu, tu lui aurais tenu tête. Putain qu’est-ce que tu rêvais de l’étrangler, voir son regard te supplier d’arrêter, le mettre à genoux, lui qui ne voyait en toi qu’une enfant jouant à la dinette, avec ses plantes aux noms bizarres et ses fioles démoniaques. La petite brume sur ton épaule avait gonflé d’un coup, elle avait aspiré tout l’espace autour d’elle, ne laissant rien de la minuscule tortue. Un orque, géant des mers. Puissant, violent. Et pourtant il t’a apaisé. La vengeance était inutile quand la victoire était déjà notre.
Pseudo et âge: Germaine, quatre-ving-douze ans Où as-tu trouvé le forum ? dans ma culotte. Personnage: le scéna de la mort d'Astrid et Artair As-tu un autre compte sur BP ? la reloue qui râle tout le temps et tape tout le monde (sky) Présence: vous me connaissez, je ne suis jamais là Une remarque ? vous êtes laids mais je me suis attachée.
Dernière édition par Neema H. Rheis le Jeu 8 Déc - 22:25, édité 2 fois
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Re: neema ✻ men said that the blood of the stars flowed in her veins
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]1968 ✻Il la narguait.
Énorme, moelleux, tacheté de bleu et à peine caramélisé sur le dessus. Elle pouvait presque voir une légère fumée blanche s’échapper du délice. Tout aurait été parfait si un gigantesque dragon ne gardait pas ce doux trésor d’un air féroce. Le fourbe avait même placé la merveille en hauteur pour s’assurer que la petite créature cachée derrière le comptoir ne l’atteindrait pas. Cruel. Mais même pas peur. Neema, petite Neema, du haut de ses 11 ans trois-quarts, petite Neema déjà plus grande que tous ses camarades. Confiante, elle pose son pied sur le bord du tabouret. Petite Neema entamait la prise de la forteresse. Alors qu’elle préparait le coup suivant, un orchestre fêtait déjà sa victoire dans un coin de sa tête. Sa main s’accrocha au bord du comptoir et, entraînée par le chant des trombones, elle entreprit sa dernière attaque, se hissant tout en haut du tabouret. Un coup d’œil à la cuisine. Droite. Gauche. Pas de dragon enragé en vue. Sans attendre, elle pilla l’ennemi et s’empressa d’en dissimuler la preuve dans son estomac.
La seule façon de se protéger de la fureur du dragon était de se cacher chez un monstre encore plus gros que le dragon, un monstre dont il avait si peur qu’il n’oserait pas venir le déranger, un monstre qui assassinait avec les yeux. La maman du mini-dragon. Une fois dans son atelier, personne ne donnait d’ordre à Ikram Rheis. Dans cette petite pièce mal éclairée, elle troquait son rôle de mère pour celui d’apothicaire aux gestes minutieusement calibrés. Ici, elle régnait seule sur son empire botanique. Chaque herbe, chaque fiole, chaque grain de poudre obéissait aux va-et-vient de sa baguette, et gare aux incontinents. Les plantes étaient finement broyées, écartelées, pressées, les fioles se versaient d’elles-mêmes au dessus du chaudron, aidant ces dernières à s’assembler tandis que la poudre tentait de se frayer un chemin au milieu de tout ce petit monde. Ce fascinant spectacle, Neema l’observait depuis sa cachette royale, totalement indétectable, un vrai caméléon, un fantôme. Un sort de camouflage n’aurait pas fait mieux, que disait-elle, une cape d’invisibili– « Tes cheveux dépassent Neema. » Une autre Neema. Forcément. Sa mère connaissait une autre Neema qui l’espionnait tout pile au même moment. Une coïncidence trop grosse pour que cette autre n’ai pas profité de son inattention pour la suivre jusqu’ici. Oui voilà, c’était sûrement ça. Pff, sa cachette était in-trou-vable. « Neema serai-tu devenue sourde ? Sors de là. » Le doute. Aurait-elle surestimé ses talents d’invisibilité ? Doucement, elle passa sa main sur le dessus de sa tête et constata qu’en effet, ses boucles la dépassaient de plusieurs centimètres. Vaincue, elle fut forcée de capituler. « Je vais me raser la tête. » marmonna-t-elle. « Mais non ma puce, va plutôt me chercher les fioles en verre au fond de la boîte bleue tu veux bien ? » Perplexe, elle s’exécuta. Ces fioles-ci étaient habituellement réservées au côté moldu de la boutique et n’avaient justement pas la même forme que les autres pour éviter toute confusion. « Mais maman, c’est pas celles-là de fioles c’est les autres… » « Je sais ce que je t’ai dis. Aller, dépêche-toi. » Une fois le carton sur la table, il suffit d’un coup de baguette pour remplir, fermer et ranger soigneusement chaque fiole. « Mais c’est pour les moldus celles-là maman tu peux pas– » « T’es aussi têtue que ton père dis donc. Ce qui ne se sait pas ne peut pas être interdit, et aucun moldu ne verra la différence, rassure-toi. Rentre à la maison maintenant. » Alors qu’elle allait les ranger dans la boutique, le mini-dragon restait perdu. Petite Neema dans un monde de grands, un monde qui tournait chaque jour un peu plus vite, un monde auquel elle ne comprenait pas grand-chose. Elle grandissait et les règles s’accumulaient, chacune venant contredire la précédente. Tu ne dois pas mentir. Ne dis pas la vérité sur toi à tes amis moldus, ils ne comprendraient pas. Sois honnête avec les gens. Mais pas trop, tu ne dois pas les vexer.
Les moldus ne doivent pas entrer en contact avec de la magie, mais on peut toujours s’arranger si personne ne l’apprend.
Mlle Rheis, Ne pensez pas que c'est avec plaisir que j'écris ces mots. Etant responsable de votre exposé de fin de cursus, ils ont jugé logique je sois celle qui vous informe de leur décision. Vous n'êtes pas sans savoir les recherches que vous avez menés sur une éventuelle cure des effets des morsures de lycanthropes n'ont pas fait l’unanimité. Certains professeurs (est-il réellement utile que je vous précise lesquels) ont jugé certaines de vos initiatives comme étant une atteinte au règlement de l'école, dans l'optique où vos expériences auraient pu mettre la vie d'un élève en danger. Monsieur Kahn ayant participé à vos expériences de son plein grès, la seule sanction prononcée a été votre renvoi définitif et immédiat de l'école. Vous m'en voyez navrée, mais étant donné qu'il ne vous restait plus que quelques semaines de cours et que vous aviez déjà passé vos examens, j'ai obtenu du conseil que l'on vous remette tout de même votre diplôme.
Mme Inhersa, votre (ancienne) professeure de potions
ps- D'un point de vue personnel, j'ai trouvé vos recherches absolument fascinantes, bien que n'ayant pas abouties. Je ne peux que vous encourager à les poursuivre lorsque vous en aurez les moyens. pps- Je ne suis pas censée vous en parler, mais deux de mes chers collègues ont laissé entendre qu'ils feraient tout pour bloquer la moindre de vos demandes d'emploi, autant sur le territoire Ougandais que chez vous, en Egypte. Je vous conseille donc de vous faire oublier quelques temps, je vous laisse les coordonnées d'une amie résidant dans le désert Lybique.
17.06.1974
Maman, Cela fait aujourd’hui sept mois que je suis ici, sept mois que je ne vous ai pas vu. Votre absence me peine énormément et pourtant, je ne reviendrai pour rien au monde. Tout est tellement pur ici, tellement différent. La marque de l’Homme sur ces terres est presque imperceptible, tout est nouveau, vierge. J’ai l’étrange impression qu’il n’y a qu’ici que je pourrai savoir qui je suis vraiment, qui je dois être, ce que je désire, loin des influences extérieures.
Les manuscrits que tu m’as transmis me permettent de soigner les habitants du village où je réside, je te suis donc extrêmement reconnaissante. Soigner est une sensation nouvelle, je t’ai toujours vu aider les autres, les conseiller, je t’ai aussi épaulée, parfois, mais ce que je fais ici est si différent... Toutefois, le climat et l’éloignement font de certaines plantes que je trouvais autrefois en abondance de véritable trésors, très chères et pourtant indispensables. J’espère donc que tu ne m’en voudras pas d’avoir joint une liste d’ingrédients qui me manquent désespérément.
Quant aux habitants, les femmes sont absolument merveilleuses, c’est d’ailleurs surtout elles que je vois, même lorsqu’elles sont en pleine santé. Halani, l’amie de Mme Inhersa, est une sorcière remarquable, elle n’est pas très bavarde, mais j’ai cru comprendre qu’elle était en mission pour le Ministère anglais. Quant aux hommes, ils ne sont en rien comme ceux que j’ai connus et leur différence les rend difficile à apprivoiser. Certains se méfient de moi, je le sens, et rien de ce que je fais ne semble apaiser leur méfiance.
Avec tout mon amour, Neema
02.03.1975
Artair, Ou devrai-je dire cher époux désormais ? J’ai trouvé ce dont tu m’avais parlé lors de notre dernière soirée ensemble et, mieux encore, j’ai aussi trouvé ce que tu ne cherchais pas. Ton bouquin n’a pas été très dur à dénicher – ou du moins, tu peux toujours rêver pour que je reconnaisse la difficulté de la tâche – le second a cependant demandé plus de manoeuvres. Je soupçonne fortement le vendeur qui m’a fourni cet ouvrage de ne pas l’avoir obtenu par les moyens les plus honnêtes, mais si on ferme les yeux sur ce léger détail, je pense que tu l’affectionneras tout particulièrement.
Comment vas-tu ? Les morts ne te minent pas trop le moral ? Tu me manques, ces mois passés en ta compagnie me semblent si loin à présent. Tu avais été une véritable bouffée d’air frai pour le village et j’espère t’y revoir un jour.
Quant à moi, je viendrai passer les fêtes à Londres, avec ma famille. Mon père y a ouvert un nouveau restaurant et je me dois d’être présente pour l’ouverture. Et si tes cadavres savent se tenir tranquille quelques heures, cela me ferait très plaisir de t’y retrouver.
N.R.
18.12.1978
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]1981 ✻ Resplendissante. En seulement quelques semaines, la douce anglaise l’avait tellement éblouie que Neema ne voyait plus qu’elle. Captivée par la jeune femme, elle avait baissée sa garde jusqu’à la laisser conquérir la moindre de ses pensées. Tout lui semblait plus clair, plus nu, plus vivant. Un jeu s’était vite installé entre elles et il avait suffit de quelques battements de cils pour qu’elle perde tous ses repères. La voix de la britannique, son rire, ses lèvres en bouton de rose, toutes ces choses qui auraient dû la laisser indifférente et qui pourtant l’obséder plus qu’elle n’osait se l’avouer. Il avait suffit d’un baiser maladroit pour que c’en soit fini d’elle. Leur innocence n’était alors devenue qu’une vitrine pour écarter les villageois, et les adversaires d’autrefois fois jouaient désormais main dans la main.
En voyant Astrid étendue sur son canapé minuscule, Neema se plaisait à penser que les choses resteraient ainsi indéfiniment. Épuisée, elle abandonna sa préparation et tira son amie de sa torpeur. « Viens on va se coucher. » Sa chambre n’avait presque pas changée depuis son arrivée quatre ans plus tôt. Minuscule, il y’avait à peine la place pour un lit et quelques cartons jamais déballés. Alors qu'Astrid laissait tomber ses vêtements au sol, elle fouillait ses affaires à la recherche d'un vieux cadeau. De longs enroulements de cuivre sur lesquels on avait enfilé des sortes de grosses perles en céramique censées représenter les planètes de leur système solaire. Indispensable au son sommeil d'une jeune Neema paniquée dans le noir, le bel objet avait fini au fond d'un carton à son adolescence. Elle le libéra de sa prison de poussière et, d'un coup de baguette, l'envoya illuminer le dessus du lit. Les perles attendaient son approbation pour entamer leur danse, mais la jeune femme souhaitait attendre encore un peu. Un sourire sur les lèvres, elle aussi retira son chemisier et s'empressa de rejoindre son invitée sous les draps. Pour une fois, elle laissa Astrid l'enlacer. Pour une fois, elle n’eut pas l’impression désagréable de céder le contrôle. Pour une fois, elle se sentait à sa place. « T'y habitues pas trop… » Elle entrelaça ses doigts brûlants avec ceux de son amie et déposa un baiser sur le dos de sa main. Les étoiles étant encore en suspens, elle tâtonna le lit à la recherche de sa baguette. « Je voulais te montrer quelque chose. C'est pas extraordinaire mais je me suis dit que comme on pouvait pas... comme on peut pas vraiment dormir à la belle étoile toutes les deux... Tu vas voir. » Une seule incantation suffit à animer le vieil objet. Les unes après les autres, les planètes se mirent à virevolter autour d’un soleil miniature, guidées par leur trajectoire de métal. Rouillées, leur chorégraphie n’était plus aussi fluide que dans ses souvenirs et en tendant l’oreille, on pouvait entendre un léger grincement. Bercée par le souffle de sa bien aimée, elle oubliait tout. Les hommes du village. Son mariage factice. Ses problèmes d'argent. En l'espace de quelques minutes, l'univers avait rétrécit et rétrécit jusqu'à ne plus tenir que dans cette petite pièce. Il n'y avait plus qu'Astrid et elles, les dernières femmes sur Terre, et cette babiole lumineuse. Dans ce monde miniature, leur relation n'était pas interdite. Ici, leurs lèvres pouvaient se toucher sans craindre les moindres représailles. Ici, elle pouvait admirer le corps de la femme allongée à ses côtés sans être jugée. Ici, Astrid et elle pouvaient s'aimer.
En tout cas, c’était ce dont elle s’était persuadée. Car le lendemain, ce fut dans un lit froid – et surtout vide – qu’elle se réveilla, bien loin des étreintes de la veille. Partie. Disparue. Evaporée. Elle avait remué tout le village avant de comprendre que c’était fini pour de bon, qu’elle ne reviendrait pas. Trahie, Neema lui avait laissé trois jours pour revenir. Trois jours de supplice. Le nez collé à sa fenêtre, à l’affut du moindre bruit. Sa concentration en pâtissait, son salon étouffait sous les chaudrons débordants de substances gluantes qu’elle n’avait plus le courage de nettoyer. Halani était la seule à avoir obtenu le privilège de la voir, mais même elle ne pourrait jamais connaître la vérité. Tu es idiote Neema. Astrid n’avait rien à faire dans ce village paumé, elle avait des amis, un travail, une vie. Une vie où elle n’aurait jamais sa place. Alors elle laissa ses sentiments pourrir avec les potions ratées, se persuadant que ces dernières semaines n’avaient été qu’un long rêve. Un rêve si délicieux que le réveil ne pouvait être que brutal.
Artair, Cette lettre n'a aucune autre utilité que d'éviter un "tu aurais pu prévenir". Du coup voilà, je préviens. Ne suis-je pas une épouse merveilleuse? Tu es très chanceux, assez pour avoir le plaisir de partager ma compagnie quotidiennement désormais.
Trêve de plaisanterie. Je m'excuse de débarquer ainsi, mais je t'avoue ne pas avoir trouvé d'alternative satisfaisante. Tu n'es, je crois, pas sans savoir que les hommes du village ne me portent pas vraiment dans leur coeur. Ils cherchaient à me pousser vers la sortie depuis des années, et je suis navrée de t'apprendre que c'est chose faite. J'aimerai pouvoir rejeter la faute sur une autre, mais je suis la seule à blâmer. J'ai été d'une faiblesse et d'une imbécillité remarquable. Tu te souviens peut-être de la petite Basma, elle n'avait que quelques mois lors de ton voyage et a beaucoup grandi depuis. C'est une fillette adorable, mais très sensible. Elle tombe sans cesse malade, enchaîne les infections et je ne mentirai sûrement pas en affirmant que je ne l'ai jamais vue passer plus de deux semaines en pleine santé. Non pas que cela justifie mes actes, c'était juste une petite que j'avais appris à connaître, tu vois. (Non tu ne vois pas, tous tes patients sont morts.) Ce n'est de toute façon pas d'une maladie qu'elle allait mourir mais d'une morsure particulièrement féroce d'un animal que je peine encore à identifier. Sa mère me l'a amenée en pensant qu'elle ne perdrait que sa jambe, je crois que c'était surtout ce dont elle essayait de se persuader. J'aurai tellement aimé lui donner raison Artair si tu savais... Mais elle perdait beaucoup trop de sang, je sais même pas comment elle a tenue jusqu'à chez moi. Il n'existe pas la moindre potion, plante ou pommade qui aurait pu soigner ça. J'ai sorti ma baguette en pensant les oublietter toutes les deux juste après. Et ça a presque marché. Le problème n'est pas venu d'elles, j'aurai sûrement pu les laisser repartir sans leur jeter le moindre sort et elles n'auraient probablement jamais vendu la mèche Le père de la petite l'a entendu pleurer, il m'a vu lever ma baguette sur elle et a alerté tout le village. Je préfère t'épargner la suite, qui ne fait que confirmer ma théorie comme quoi les hommes ne se montrent sous leur beau jour que lorsqu'ils ont quelque chose à gagner.
Tout ça pour dire que j'arriverai demain matin, entre huit heure et huit heure dix. J'ai déjà postulé à Ste-Mangouste, je ne t'embêterai donc pas éternellement, juste le temps d'avoir assez d'argent pour pouvoir bouger. Pardonne moi encore.
ps: ça fait deux enfreintes à la loi, du coup. Tu as épousé une criminelle mon pauvre Artair.
N.R.
01.11.1982
Dernière édition par Neema H. Rheis le Mer 7 Déc - 23:50, édité 9 fois
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Re: neema ✻ men said that the blood of the stars flowed in her veins