Chère Rose,
Je me souviens encore du premier jour comme si c'était hier. C'était la rentrée scolaire et nous commencions la maternelle. Ma mère était terrifiée de se séparer de moi et moi, bien que je me montrais sûr de moi-même, j'étais tout aussi pétrifiée, à l'idée de me séparer d'elle. Elle m'avait serrée dans ses bras longtemps, trop longtemps, j'en étais gênée et m'avait fait signe d'aller rejoindre mes camarades. Au moment où j'allais m'élancer vers eux, elle m'avait rattrapée et m'avait embrassée sur le front. Puis, résignée, elle m'avait laissé là où je devais être.

C'est lorsque maman est partie que je me suis rendu compte que jusqu'ici, je n'avais jamais interagis avec d'autres enfants et je n'avais aucune idée de comment m'y prendre. Maman m'avait eu seule et en assez bas âge. En ce cas, aucun de ses amis n'avaient d'enfant eux-mêmes. J'avais grandi jusqu'à l'âge de cinq ans dans un monde uniquement composé d'adultes et j'avais trouvé cela des plus normal. Je me souviens de m'être approché timidement d'un groupe d'enfants. Ils m'avaient toléré quelques minutes, puis l'un d'eux avait fait une blague semble-t-il hilarante à propos de matière fécale. Tout le monde s'était esclaffé, sauf moi, qui étai demeuré planté là d'un aire hébété. Je ne comprenais pas la blague, c'était évidant. Un des enfants s'en était rendu compte, on m'avait pointé et on avait arrêté de parler. C'est à ce moment qu'ils ont réalisé combien j'étais grande. Je les dépassais tous d'une bonne mesure. Encore une fois, ayant toujours été entouré d'adultes, je n'avais jamais réalisé combien je semblais démesurée face à mes pairs.
- ''Qu'est-ce que tu veux grosse tête?''
Tout le monde avait ri, encore une fois et il m'avait fallu un instant pour comprendre que c'était à mes dépends. J'avais terriblement envie de retrouver ma mère et de me blottir dans ses bras. Je ne savais pas quoi faire et je voulais disparaître. C'est à ce moment précis qu'une petite brunette aux yeux bleus ciel, avait fait son entrée.
-''Avec sa grosse tête, elle est clairement plus intelligente que toi!'' Tu t'étais exclamée. Puis, tu m'avais pris par la main et nous étions partis jouer plus loin, toutes les deux, en secret.
C'est comme ça que nous sommes devenues amies et que nous nous sommes jurée que plus rien au monde ne pourrait nous séparer.

Nous avons eu une enfance paisible où se mêlait roman d'aventure et fantaisie. Nous rêvions sans arrêt d'un monde meilleur et brillant  où la magie et les fées pouvaient exister. À cette époque, nous ne savions pas encore à quoi nous allions nous exposer. Nous nous suivions comme des ombres. Tu étais tellement douce et gentille, tu me faisais briller et tu m'aidais à me démarquer. À tes côtés, j'avais l'impression de pouvoir conquérir le monde. Si Rose voulait suivre des cours de ballet: Lexie aussi. Si ma nouvelle sorte de glace préférée était celle à l'orange: c'était la tienne aussi. Nous rêvions de tout ensemble et nous étions bien. Ce qui aurait pu nous séparer, ce fut nos origines différentes. Nous avions toujours su que j'avais un père absent et que j'avais été élevé seule par ma mère Calidora Blair et ma grand-mère maternelle. Pour nous, c'était la chose la plus normale du monde et jamais nous nous en étions plaint. C'est vers l'âge de neuf ans que la vérité a éclatée. Parfois, dans mon sillage, des objets prenaient vie, j'étais victimes de phénomènes étranges et inexplicable. Tous les deux, nous croyons que c'était le fruit de notre esprit et que notre fantaisie allait simplement plus loin que les enfants normaux. Puis un jour, tout naturellement, toi aussi tu as commencé à modifier notre univers. Encore une fois, aucune question ne fut posée. Parce que nos jeux enfantins étaient notre porte de sortie. Nous avions tout de même la conviction qu'il fallait garder nos actions secrètes, il aurait été difficile pour les autres enfants, d'accepter notre réalité. Cela a continué quelques mois, jusqu'à ce que maman nous prenne sur le fait.. Ma mère dut me faire part de mes origines, dans le plus grand secret et je sentie son malaise lorsqu'elle me fit part de ses impressions commune au sujet de toi mon amie. D'après elle, ses parents étaient tout à fait normaux et, elle avait de la difficulté à se figurer pourquoi Rose pouvait participer à mes expériences. Mon père était un sorcier quelconque et ils avaient convenu avant ma naissance qu'il était probable que j'hérite de ses dons. Maman aurait vraiment aimé me l'éviter, car elle voulait me garder auprès d'elle, mais les récents événement en avaient décidé du contraire. À l'âge de onze ans, je devrais partir à Poudlard, loin d'elle et de mon univers, aux côtés de Rose Waterloo. Plus tard, nous avons appris que tu étais, ce que l'on pouvait appeler, une née moldue.

Bien entendue, le soir même tu avais été mis au courant de tout et nous jubilions à l'idée de savoir que nous avions des dons. C'était comme un rêve devenu réalité. J'allais devenir la plus grande sorcière de tous les temps et toi aussi. Puisque jamais je n'aurai pu me séparer de ma meilleure amie et toi non plus, nous allions travailler de concert pour devenir, inoubliables. Nous n'étions qu'une. Pendant les années qui suivirent nous nous procurions tous les livres occultes inimaginables pour s'assurer que nous soyons en capacité de se surpasser.

C'est en force et déjà fière de nos connaissances que nous avions fait notre arrivée à Poudlards côte à côte. Sauf que bien vite, nos différences devinrent plus flagrantes. Je suis née sorcière et toi, tu étais ce qu'on appelait moldue. Au final, on a compris que pour toi, il fallait s'appliquer doublement. De un, parce que ton titre t'attirait quelques sobriquets et de deux, parce que depuis le primaire, il semblait évident que tu traînais toujours de la patte au niveau des notes. Moi, je suis ce qu'on peut décrire comme une éponge, alors que pour toi mon amie, il fallait multiplier les leçons. Alors, nous passions nos soirées à étudier. J'avais cette faculté fulgurante d'apprentissage, je semblais taillé pour apprendre de nouvelle chose, alors que pour toi, il fallait vraiment être minutieuse. C'était un plaisir pour moi de t'aider à te perfectionner, car après tout, que m'aurait valu la gloire de la réussite, si tu n'avais pas été sur le podium avec moi?

C'est pendant l'année de nos quatorze ans qu'une chose des plus curieuse c'était produite. Un matin,  une forme brumeuse avait décidé de cheminer à nos côtés. Au début, nous avions cru à une farce d'un élève quelconque et nous avions peur que cela nous explose au visage. Puis, cette forme avait commencé à communiquer avec nous, de façon individuelle. La mienne avait pris la forme d'un lapin blanc et la tienne, celle d'un rossignol. Nous étions totalement médusé par cet événement et nous croyons rêver. C'était comme si l'un des amis imaginaires de notre enfance avait pris vie. Après quelques discussions avec la forme, je l'avais nommée D'Artagnan. Bien sûr, je devais sans cesse te répéter ce qu'il me disait, parce que tu n'avais aucun contact avec lui et tu devais faire de même avec le tiens, que tu avais prénommé Constance. Je dois avouer que cela me faisait faisait frémir de ne pas avoir encore une longueur d'avance sur toi. Pourtant, je me complaisais en me disant que mon lien avec le lapin, était plus fort que le tiens avec l'oiseau. Tout a changé une semaine plus tard, lorsque j'ai réalisé, que toi aussi, tu partageais un lien secret avec ce compagnon. Ce jour-là, j'ai compris que toi-même tu pouvais être individuelle et j'en ai conclu qu'au fil des ans, j'avais fini par croire que tu m'appartenais. Après tout, c'était moi qui t'avais créé, grâce à mon altruisme et mon aide au niveau scolaire et maintenant, tu semblais capable d'avancer seule. Lorsque mon sentiment de jalousie avait atteint son paroxysme,  de lapin, mon patronus avait pris la forme d'un lynx qui avait bondit et donné un coup de patte à la boule de plume. Ton compagnon s'était recroquevillé en couinant, puis tu en avais fais de même. Au fond de moi, j'étais choqué d'assister à ta douleur, mais quelque part dans mon être, je savais que cela me faisait sentir bien. Plus tard, j'ai compris que c'était la matérialisation de mon désir de te montrer que j'étais plus forte. Aujourd'hui, si je le pouvais, je te demanderais pardon.

L'année suivante, nous avons repris nos activités. Nous étions toujours aussi inséparables, mais j'éprouvais de plus en plus un désir de me démarquer. Je délaissais de plus en plus mes séances de tutorat, pour me mêler à nos pairs. Cette année là, tu t'étais fait un copain moldu comme toi, alors moi aussi je m'étais trouvé un copain, parce que j'étais frustrée à l'idée que tu puisses avoir besoin de quelqu'un d'autre que moi. Tu avais eu ton premier baisé, alors moi aussi. Ma moitié était sang pur, alors je me pavanais du mieux que je le pouvais pour lui faire oublier que je ne l'étais pas. Ses discours devinrent mes discours et au fil du temps, je sais que j'ai commencé à te faire sentir comment je me trouvais supérieur à toi. J'ai même délaissé maman à cette époque. L'idée de la savoir moldu elle-même, me remplissait d'un profond dégoût. J'avais su au fil des années que mon père était un noble respectable, alors je faisais jouer mes racines, pour faire oublier à mes nouveaux amis, que je n'étais pas comme eu.

Lors de la peste des patronus, tu es tombé atrocement malade. Je passais le plus de temps que je pouvais à ton chevet, en cachette de mon propre amoureux, qui lui, te jugeais pour ta faiblesse. Je t'ai vu t'affaiblir et je ne pouvais m'empêcher de penser que c'était à cause de ta nature faible que tu étais tombée malade. La plupart du temps, D'Artagnan prenait la forme d'un lynx, marquant clairement la différence avec ton rossignol malade. Puis, tu as guéri en ce début d'année et tu as repris des forces. La vie a repris un cours presque normal, mais notre lien n'était plus aussi fort qu'avant. Pourtant, mon amie, ô belle amie, combien tu m'aimais. Les rares fois où je laissais tomber ce masque de suffisance, tu m'accueillais à bras ouvert et me donnais l'amour que tu m'avais toujours donné. Ce qui ne faisait que renforcer ce sentiment de honte que j'éprouvais, parce qu'en public, je te rejetais.
Au mois de mai 1981, il fut connu que mon compagnon me trompait avec une sang-pur depuis quelques temps, il avait même eu l'audace de me jeter sur la place publique. J'étais anéantie, mais je tentais de rester forte. Aussitôt que tu l'as appris, tu es accouru et tu m'as offert tes bras chaleureux. Hélas, j'avais trop honte pour les accepter et j'ai préféré me réfugier dans l'étude.  Au début juillet, exactement le 9, j'étais arrivée chez ma mère pour les vacances d'été. Après l'avoir autant négligé, je retournais tête basse à la maison. Je ne t'avais pas adressé la parole depuis mai et je n'avais pas pour plan de le faire bientôt. Ma honte était trop lourde et mon ego trop grand. En après midi, j'avais reçu un coup de fil de ta mère, la veille, tu t'étais fait frapper par un train. Tu étais morte ce matin.

Après cette histoire, les événements furent assez flous. Je me suis effondrée. Je ne te raconte pas ça pour que tu te sentes mal, je le fais plutôt pour que tu comprennes la suite des événements. J'ai fait une sorte de dépression nerveuse. Tu sais dans les films, quand on voit des scènes où les gens sont en état de choc? J'étais comme ça. Pendant plusieurs mois j'alternais entre le sofa du salon et mon lit. Maman me portait de l'un à l'autre. Parfois s'en était trop pour elle et elle me criait après. Je restais stoïque, je n'étais plus maître de mon corps. Maman faisait ma toilette et me brossait les cheveux. De temps en temps, elle arrivait à me faire sortir de la maison. D'Artagnan restait sous forme de lapin blanc entre mes bras. Je n'avais plus le gout de rien. Au mois de septembre, je suis retourné à l'école. Lors de mon retour, je me suis fait tatouer mon bilan de santé, par ordre du ministère. D'après ce que les gens disent, cela a vraiment bougé au niveau de la politique. Je m'en moque un peu, plus rien n'a de saveur Rose et je n'ai pas envie de prendre partie. C'était une très mauvaise idée, puisque je n'étais plus qu'une coquille vide et je me mettais sans arrêt dans des situations dangereuses. J'avais teins mes cheveux en rose et je ne parlais plus vraiment à personne. Les enseignants prétendaient que c'était mieux pour moi, de reprendre ma vie normale. Sauf que moi, j'en voulais à la terre entière et dans mes classes, je n'étais que présente de corps et non d'esprit. C'est au mois de Janvier 1982 qu'on m'a confronté au sujet de mes notes qui laissaient à désirer et on a menacer de me recaler. Alors, j'ai dû modifier mes habitudes, bien que ne me mêlant toujours pas à la plèbe, je passais mes soirées le nez dans les bouquins. À mes yeux, il n'y avait que cela de vrai. La fin de semaine je buvais beaucoup d'alcool et la semaine, je me confortais dans l'étude. Je fonctionnais.

Nous sommes maintenant en 1983 et je sais que tu te demandes pourquoi j'ai décidé de t'écrire aujourd'hui, après tout ce temps. C'est parce que tu me manques Rose et je n'y arriverai pas sans toi. Tu étais celle qui m'élevait au-dessus des autres et maintenant je suis complètement perdue. J'espère que tu es bien là où tu es. À partir d'aujourd'hui, je te promets de faire amende auprès de toi et de t'écrire toutes les semaines.
Avec amour,
Lexie Blair