impudité
Les flocons s'égrainaient dans un ciel aussi blanc que du coton. Glaçant les vitres d'un souffle fortement mentholé. Ils tombaient, danseurs égarés. Continuant malgré la brise fraîche à valser tous ensemble dans un silence apaisant. Et puis trop lourds, ils s'écrasaient violemment sur le rebord de ta fenêtre. Les branches s'accrochant parfois à ta vitre comme pour demander de l'aider. Le regard perdu dans le tumulte hivernal, ton aigre corps paraissait bien fragile pour affronter la tempête extérieure. A tes côtés ton paternel incapable de quitter des yeux l’ouvrage qu’il tenait en main. Trop concentré pour prêter attention à son fils frigorifié par le froid qui s’entêtait à transpercer le manoir familial des Lestrange. Frissonnant, un haut le cœur s’engoua à travers ton anatomie lorsqu’un oiseau imprudent vint fissurer le verre de la fenêtre de son corps volumineux. Victime de la nature incontrôlable, il reposait sur ce duvet de neige au rebord de la fenêtre, l’aie brisé dans l’élan du fracas. Combat inévitable du volatile blessé, il agonisait à vouloir voler. Touché tu amenas ta main à la poigné boisée de l’ouverture, afin de lui apporter de l’aide. Pourtant ton geste fut arrêté par le sourd bruit d’une autre main plaqué contre l’ouverture, plus grande, plus vieille, empêchant ainsi à la fenêtre de quitter sa paire. Sursaut inattendu, les iris sur l’oiseau dépourvu de sa raison d’être mais la voix de ton géniteur te ramena à l’intérieur de la demeure.
« Qu’avais-tu en tête fils ? Le froid ne te caresse pas suffisamment la peau pour en désirer davantage ? » Son timbre de voix rauque et dur persiflait jusqu’à tes entrailles, tel qu’un sifflement déroutant. Le regard implorant, l’aveu semblait honteux néanmoins tu ne pouvais tenir des propos mensongés à ton père.
« Je voulais aider cet animal souffrant. » En effet, le volatile était prisonnier du froid traître de l’hiver. Tandis que tu paraissais compatir à sa douleur, ton géniteur attrapa l’extrémité de ton menton d’une violence bafouée, presque pinçant, dans l’espoir de ramener ton attention vers lui. Rictus malsain à la commissure de ses lèvres qui contrastait avec cette lueur déçue et sombre de sa vision.
« Ai-je élevé un lâche pour qu’il vienne en aide à cette chose ? » Les mots le frapper, un reproche persécutant soulignait par la force avec laquelle il retenait le bas ton visage.
« Tu devrais rire de ce ridicule spectacle et non ressentir de l’empathie. Comparable au sang-de-bourbe, ils ne sont que des vulgarités pour nos yeux purs. Ne me fais donc pas regretter de t’avoir mis au monde, sale morveux. » Comme un coup dans ta cage thoracique, briser de manière à sentir les larmes s’acharnaient à brouiller ta vue et pourtant un faible sourire se dessina peu à peu sur ton visage. Manquant de souplesse pour faire apparaître ce brin de noirceur à l’image de ton père, néanmoins tes propos semblaient le satisfaire :
« tu as raison père, j’aurais dû le pousser, il salit le paysage. » Ainsi qu’un crachat venimeux à l’égard de l’animal, u ne pouvais t’autoriser ce genre d’écart en dépit de tes esprits sympathiques.
« Bien fais-le. » L’ordre résonna à travers les murs. La main tremblante, les paupières fermées, une fois la fenêtre ouverte et la brise libérée, tu rassemblas toutes tes forces afin de ne pas échouer face à cette mission. Néanmoins pensées ne cessèrent de prononcer des excuses à l’égard de ce pauvre oiseau. Le regret t’emportant désormais dans les ténèbres, tradition familiale, lorsque la créature disparu.
banalité
« Que veux-tu faire ? » susurras-tu au creux de sa clavicule, soufflant ton haleine fraîche contre sa peau. Tes paumes chaudes se déplacèrent à une rapidité déconcertante, caressant son dos, ses joues, puis finissant leur route contre ses côtes, tentant de lui soulever son haut. La frontière de sa nudité était entre tes mains. Et aussi faible qu'excitée par cet attouchement révélateur, elle leva les bras, acceptant silencieusement la suite des événements.
« Tu es magnifique. » Son bassin se colla à toi, lui prouvant ses dires à la sensation de dureté qui la grisa autant qu'elle la bouleverse, face à toi. La fermeture céda, tout comme l'aisance à laquelle tu voulais en finir. Tu semblais prendre les dessus, la plaquant lourdement contre le meuble de vasque, reprenant vos baiser à une allure effrénée. Tes doigts la caressaient, la respectaient, l’envoyaient dans les méandres d'une sensation exquise. Elle remua en rythme à cet attouchement, jusqu'à ce qu'il ne soit remplacé par un amas de chair palpitant. La peur monta au même instant qu'une jouissance frôlant timidement ton intimité. C'était une erreur. Comme toutes les autres. […]
« Où tu vas ? » Tu te retournas face à la question de ta partenaire. Tu tentais de fuir mais la discrétion n'avait jamais été ton élément.
« Loin ? » Elle rit, mais d'un faux rire, rauque et strident.
« Pourquoi ? » « Parce que je suis lâche. » Sur ces mots tu quittais cette pièce morne trouvée par hasard. […] Tu aimais cette vie telle qu'elle était. Sauf que tout s'est écroulé. Comme cet oiseau qui s'est écrasé à même le sol. Une vraie chute. Sans que tu puisses faire quoi que ce soit. Tout une vie s'est dégringolée, comme une éternelle pluie qui ne cesse de s'écrouler sur ta chair carmin. Ton paternel a décidé de te fiancé. Désormais, tu as juste envie de te noyer dans les écumes du whisky pur feu. Ce n'était qu'un chemin que tu répétais comme tous les autres. Traditions puériles. Mais qu'est-ce que tu pouvais y faire ? Tu voulais t'envoler, toi. Avoir ta propre opinion du monde. C'était une envie rédhibitoire.
« Tu sais, elle est mignonne cette Malefoy. » Tu écoutais vaguement les paroles de ta mère réconfortantes. Qui n'en était pas.
« Je ne l'aime pas, elle ne m'aime pas, ce n'est qu'une enfant butée et capricieuse dépourvut d'une once d'intelligence. » C'était comme ça et pas autrement.
singularité
Ce n'était qu'un repas. Rien qu'un dîner de famille. Dans un lieu que tu connaissais. Mais elle était là. Nova Malefoy. Simplement. Tes yeux rivés sur ce mets qui avait l'air délicieux. Sauf que tu n'avais pas faim. Ça t’embêter d'être ici. Ça parlait de politique et pouvoir. Tout ce que tu n'aimais pas. Puis tu te sentais épier. Observé. Toi et ta belle gueule. T'as juste le temps de lever les yeux vers l'importune pour constater le cobalt de ses prunelles qui ne t'étais pas inconnu. Nova. Elle les baisse une fraction de seconde après avoir capté ton regard. T'as le sourire amer sur les lèvres, presque désagréable. La belle t'ignore. Juste pour ça tu voulais la bouffer. Parce qu'elle était insupportable et que ça te crever d'une excitation désespérée.
« Alors avez-vous imaginé fonder une famille » Des lumières pâles d'un dîner guindé, de ceux où on ne voudrait vraiment s'y rendre quand on a vingt et un ans. Tu divaguais, au loin ton regard perçait les faibles couleurs, et les plats flamboyants.
« Anselm ? » Un éclair de réalité, tu revins parmi les mortels bordés d'ennui.
« Je me doute bien que ce n'est pas des plus merveilleux mais avez-vous pensé à avoir des héritiers avec cette charmante jeune femme ... » La situation te prenait à la gorge, t'étouffait terriblement. Fuir! Rien d'autre ne te disait véritablement, si ce n'était quitter cet arrangé qu'on t'avait collé aux basques. Tu reprends tes esprits. Laissant vaguer un sourire, faux, sur ton visage.
« J'ai bien peur que cet arrangement ne plaise à ma fiancée. » Cette révélation ne réchauffa guère l'atmosphère, si bien que même un jeune homme sembla abandonner.
« Ah... Pourtant, vous feriez de beaux enfants. » Dans ce reproche, celui de ton père. Et ce regard que tu découvrais aux minces lueurs, tu le détestas dans l'instant.
« Laissez -les vivres. » la voix aux inflexions de ta grand-mère, à qui tu vouais désormais une admiration modérée. Plus proches de toi que des autres, jamais une personne de ta famille ne s'étaient présentées à toi avec tant de grandeur d'esprit.
« J'espère que vos fiançailles ne tarderont pas. » Soupire d'une élégance modérée, ce qu'il fallait de contenance pour être braise et brouillard. Extrême lassitude dans ton coeur, perdant tout intérêt à la conversation, si bien que le vin ne saurait entretenir ton esprit. Ton père renonça la moindre argumentation, et se contenta d'un sourire contrit et de toute la politesse qu'on lui avait inculqués.
Au rebord d'une fenêtre, de grandes volutes sombres étranglant ta tendre gorge, qu'une toux libéra : jamais de plus avide sensation que celle d'un premier pétard.
« Dieu est un fumeur de Havane. » Les arabesques n'avaient de cesse de te taquiner.
« Je vois ses nuages gris, je sais qu'il fume même la nuit... » La tête renversée en arrière, tu te demandais si les fantastiques effets seraient au rendez-vous, comme le merveilleux amant qui ne sait se faire attendre.
« comme moi, ma chérie. » Sur la voix de Gainsbourg, que ton risible niveau de Français ne permettait la compréhension, tu remplissais ton corps d'une fébrilité agréable, cent vingt millions de fois supérieure à celle que l'on retrouvait à la première cigarette. Et dans cette extase, les talons claquèrent sur le parquet vénérable que tu n'entendis que d'une oreille, sans y accorder la moindre importance. Jamais, lors de si beaux repas de famille l'on ne venait te déranger. Pourtant, en cet instant, cette règle s'effaça : malgré ta stupeur la porte grinça de telle manière à découvrir Nova.
« Anselm ? » Sa voix surprise montrait qu'elle n'était pas prête à te voir ici. Superbe robe aux broderies de noblesse.
« Je suis désolé je ne m'attendais pas à te voir arriver. » Comme une plainte, alors que tu évertuais à taire le joint fumant. Tu étais déconcerté par sa présence.
« Je me suis trompée. » Ce n'était pas étonnant.
« Dis plutôt que tu voulais me voir, je ne t'en voudrais pas. J'suis un fiancé plutôt séduisant. » Tu vis ses yeux se dirigeaient vers le plafond. C'est vrai, vous aviez un beau lustre. Tu ris. Puis soudain, tu t'approches. Tel un gamin qui cherche à apprivoiser sa belle. Pourtant tu ne l'aimais pas. Sauf qu'elle t'attirait cette femme. Pétrifiée par ce rapprochement, tes doigts effleurent sa peau.
« Tu y crois toi, à cette histoire de famille ? » glisses-tu entre deux aventures incertaines. Fébrile, sa respiration, son souffle s'accélèrent. Tu as l'envie incessante de la repousser, de ne pas la désirer. Sauf que ce n'était pas le cas. Plus maintenant. Même si tu continuais à la haïr, tu ne pouvais plus rester aveugle de sa beauté. Son cou t'appelait et contre sa clavicule tu vins déposer un baiser. Un seul.
« Moi je n'y crois pas. » Lâches-tu à son oreille. Puis soudainement, tu cesses ce contact bien trop intime pour deux amants ennemis. Tu caresses son bras dévêtu, un parcours délicat et suave. Et cette aventure se termine au bout de ses doigts, effleurant ces tentacules haineuses.
« Regarde toi, tu sembles misérablement en manque d’affection. C’est pathétique » Les mots claquèrent contre ton palais, vilain venin qui s’échapper tes lèvres.
« Va te faire foutre. » Tu souris. Tandis qu’elle quittait la pièce. Tu retrouvas ta solitude. Ton ultime amie. Bien qu’une volute argentée pris soin de faire irruption au niveau de ton épaule, tu soupiras en voyant ce colibri prendre forme :
« honnêtement ans, t’es ridicule. » Toujours des propos moralisant. Aussi têtu que toi, ce patronus restait tout de même bien plus sage.
« Lâche moi, Hermès. » Un nom qui lui correspondait pour sa fourbe et son air mesquin, héritage du dieu messager.
« Elle est sublime, tu pourrais au moins essayer de passer une nuit avec elle, juste pour ne pas laisser échapper ce corps de rêve. » Tu lèves les yeux au ciel, n’hésitant pas à soupirer bien qu’un sourire vint étirer tes lèvres. Irrécupérable.
« Tais-toi. »