Ace. C'est le nom que mon père m'a donné, tout simplement parce que sa carte préféré était l'AS de Trèfle. Un alcoolique qui jouait avec l'argent et les cartes. Le portrait du père indigne, selon ma mère. Mais d'aussi loin que je me souvienne, mon père s'est toujours occupé de moi. Il m'a toujours donné ce que je voulais et a toujours fait en sorte que je ne manque de rien. On jouait même ensemble, de temps en temps. Je ne garde pratiquement que de bons souvenirs de lui. Mais il nous a quitté quand j'avais six ans. Ah, il n'est pas mort, il était bien trop fort pour ça. Il s'est tout simplement barré avec une autre femme en Californie. Un abandon que ma mère a très mal digéré.

Mes parents ont tous les deux le sang pur. Dans la famille, nous sommes sorciers depuis des générations. Pour ce qui est du côté maternel, je n'avais vu mes grands-parents qu'une ou deux fois, mais j'en savais déjà  bien trop sur eux. Ils vivaient plus ou moins cachés, à l'écart des moldus puis ils avaient à plusieurs reprises utilisés des sortilèges impardonnables. C'est qu'ils avaient une aversion particulière pour les humains normaux, à tel point d'abandonner leur deuxième fille, née cracmol. Du côté de mon père c'était pas mieux, l'un avait fait de la prison et l'une s'était mutilée. J'ai toujours eu l'impression d'être né dans la famille maudite, celle en marge des autres. Et même si j'avais ce sentiment, je n'étais pas assez mature pour prendre du recul sur les événements. Alors je me suis laissé bercer par les paroles de tout ce beau monde. Des idées noires plein la tête et surtout un début de xénophobie pour les « autres ».

J'ai grandi aux Etats-Unis, dans la ville mondiale de New-York. J'ai toujours connu le bruit, le stress, l'activité. Au début nous vivions dans une grande et belle maison en périphérie puis lorsque mon père est parti, nous nous sommes rapprochés du centre pour vivre dans un appartement. Ma mère travaillait au ministère de la magie en tant que chercheuse en zoologie. Ce qui l'intéressait le plus, c'était les dragons. Aussi, nous avions pas mal de bestioles à la maison : spike, notre noueux qui nous a détruit le canapé ; zaya, notre elfette toute mignonne ; faye, notre augurey très calme et souvent endormi ; et tobi, mon fléreur. Ma mère était assez diplômée pour gérer tout ce beau monde à la maison, elle leur faisait même peur quand elle se mettait en colère. Et bien-sûr zaya était toujours là pour lui donner un coup de main. J'ai toujours aimé grandir entouré de toutes ces créatures. Je me sentais moins seul. Et sinon ce ne serait pas drôle, nous avons déjà eu des problèmes avec le voisinage, surtout quand faye chantait trop fort ou que spike se mettait à détériorer tout ce qu'il trouvait.

Je suis entré à Ilvermorny l'année de mes onze ans. La statue de Serpent-Cornue et d'Oiseau-Tonnerre se sont levées en même temps. Et j'ai choisi de rejoindre les serpents, tout simplement parce que le reptile m'intéressait plus. Je ne prenais pas beaucoup de temps pour réfléchir à l'époque. Je n'ai jamais vraiment apprécié cet endroit. Je n'avais pas beaucoup d'ami et il y avait trop de personnes disons.. différentes. Je me suis alors mis à fumer et à boire avec un collègue de maison qui partageait les mêmes avis que moi. On a bien dû faire des centaines de conneries ensemble : sortir de nuit, déranger les dortoirs, voler, détériorer. On était des vrais cas sociaux. C'était devenu mon grand pote jusqu'à ce que l'overdose l'emporte dans la tombe. Quinze ans. Je me suis calmée, mais je n'ai jamais vraiment arrêté de consommer. Je me sentais dans un autre monde, loin des problèmes et des gens que je n'aimais pas. J'y suis resté jusqu'à mes seize ans.

Janvier 1978. Pour ma mère, il fallait qu'on se rapproche de l'organisation dont elle me parlait depuis des mois. Je n'étais pas contre leur idéologie et je devais honorer ma famille. Je lui ais alors promis que je me ferai faire inscrire la marque maudite à ma majorité. De sang et d'encre sur mon poignet droit. Et pour lors, je n'avais d'autre choix que de prêter allégeance au seigneur des ténèbres dans mon coin. Simplement commencer par boire leurs idéologies. Nous avons ensuite déménager en Angleterre. Tout d'abord pour que ma charmante mère puisse étudier des dragons irlandais, mais surtout pour se rapprocher du centre du groupuscule. Pour ne pas changer, c'est à Londres que nous nous sommes installés. Ma mère aimait les grandes villes, les endroits bruyants et vivants. Elle a intégré le ministère anglais et je suis entré à Poudlard.

Et puis pour ce qui est de tobi, mon petit fléreur, j'ai réussi à avoir une autorisation pour me promener avec. Comme ma mère était au service zoologique au ministère, ça facilitait plus vite les choses. Quoi que mes connaissances ont quand même fait le taff pour qu'on m'accepte.