BELLUM PATRONUM


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Every time I close my eyes, it's like a dark paradise (Charlie)
Micah D. Lawniczak
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Micah D. Lawniczak
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Message Every time I close my eyes, it's like a dark paradise (Charlie)
par Micah D. Lawniczak, Ven 3 Aoû - 21:06 (#)
Every time I close my eyes; it's like a dark paradise.
Micah & Charlie
'And there's no remedy for memory your face, like a melody, it won't lift my head. Your soul is hunting me and telling me that everything is fine; but I wish I was dead.

Au regard des différents problèmes que j'ai pu rencontrer depuis mon retour en Angleterre, et plus particulièrement au vu de mes difficultés de réinsertion, il était clair que j'avais besoin d'aide. Seulement, je ne savais pas par où commencer, ni comment procéder. Je savais qu'il existait des associations qui prenaient en charge les personnes en difficulté, ou qui apportaient un soutien moral et un véritable espace de parole pour les victimes de traumatismes divers, mais je n'en connaissais pas personnellement. C'était dire à quel point j'ai vécu en marge de la société ces derniers mois. Mon incarcération y était pour beaucoup : les nouvelles arrivaient plus lentement là où je me trouvais. De plus, se faire aider était une démarche strictement personnelle. D'une part, il fallait admettre qu'il y avait un problème – et c'était probablement la partie la plus difficile – et d'autre part, il fallait avoir le déclic pour ensuite y remédier. Le cheminement, en lui-même, n'était pas forcément évident, certains processus étaient plus lents que d'autres. Pendant longtemps, j'ai freiné des quatre fers à cause de ma foutue fierté. D'habitude, j'étais celui qui aidait les autres, qui portait ses proches à bout de bras, qui veillait sur sa famille et ses amis sans jamais faillir à la tâche. J'ai commencé tout jeune, avec ma propre mère. Dés l'enfance, on m'a fait comprendre que j'étais l'homme de la famille, et j'ai toujours pris mes responsabilités très à cœur. Maintenant, ma mère n'était plus là et je me sentais totalement démuni. À ce sentiment d'impuissance venait s'ajouter un profond sentiment de culpabilité : je n'étais pas là quand elle est partie pour de bon, et une part de moi-même ne pouvait s'empêcher de penser que j'aurais pu en faire encore plus pour éviter tous ces drames, cette perte injuste qui avait laissé un vide béant dans mon cœur. J'aurais pu, mais je ne l'avais pas fait.  

Peut-être que c'était à cause de cette culpabilité qui me rongeait que j'estimais que je ne méritais pas d'être aidé.  
Peut-être que c'était ma punition, une juste rétribution de mes erreurs passées.  
Peut-être que je ne méritais définitivement pas le pardon puisque j'étais incapable de pardonner ceux qui m'ont offensé.  
Peut-être que j'ai péché en laissant la rage, la rancune me consumer, me ronger.  
Peut-être que j'avais tout simplement besoin de quelqu'un à blâmer.  
« Peut être que tu devrais arrêter de jouer les martyrs et te bouger le cul. » intervint Léon, qui était jusqu'alors resté silencieux. « Jill a raison, ce gars qui passe son temps à se lamenter sur son sort, ce n'est pas toi. Je dirais même qu'il est absolument insupportable. »  
« Alors dis moi. »  répondis-je âprement. « Toi qui me connais si bien, dis-moi qui je suis supposé être. » Parce que moi, le gars que je suis vraiment, je ne le connais pas.
« Le Micah que je connais est solide comme un roc. » répondit Léon. « Il sait admettre ses torts et il met tout en œuvre pour se racheter. Il ne rumine pas sur un échec et sait rebondir. Il sait aller chercher ce qu'il veut, et sait surtout ce qu'il ne veut pas. Ce n'est visiblement pas le cas du gars avec lequel je suis obligé de cohabiter. »  

Le message était très clair. Soit je la mettais en veilleuse, soit je faisais ce qu'il fallait et que j'arrête de me plaindre. Il était évident que  j'allais mal, que mon syndrome de stress post traumatique me pourrissait l'existence et se manifestait de façon parfois très violente. C'était fatiguant, à la longue. Mon état mental avait des répercussions désastreuses sur mon propre corps. Je picolais beaucoup trop et cela se remarquait de plus en plus. Je ne pouvais pas rester comme ça et encaisser sans rien dire. Jill avait mis le doigt sur un sujet sensible. J'avais besoin de reprendre une activité physique, parce que j'avais un trop plein de colère à évacuer. J'avais besoin de reprendre le travail parce que je ne suis jamais reste inactif trop longtemps. Par contre, je ne voulais plus travailler pour un ministère. Vu la situation actuelle c'était un pari risqué et je ne voulais pas prendre de risques supplémentaires. J'avais besoin de stabilité et le gouvernement actuel n'était pas en mesure de me l'apporter. J'étais à peu près certain de ne plus vouloir être Auror mais dans la mesure où je n'avais jamais rien connu d'autre, je devais trouver un nouveau plan de carrière, me réinventer. C'était ce dernier point qui me posait problème. Je savais faire de nombreuses choses mais dans le fond je ne me connaissais pas vraiment , je devais me chercher, trouver une nouvelle cause à défendre, un nouveau but à poursuivre. J'avais tout simplement besoin de trouver un sens à ma vie.  

Prendre un nouveau départ.  
Peut-être que Charlie de Breteuil était en mesure de m'aider.  

Je ne la connaissais pas personnellement mais je voyais très bien qui elle était. Je me souvenais d'avoir vu son nom et sa photo placardés sur des avis de recherche du temps où elle était prisonnière des Disciples de Shacklebolt puis fugitive. Nous avions cela en commun, d'être des captifs, bien que notre détention n'était pas due aux mêmes motifs. Elle a été fugitive, et elle aussi a dû réapprendre à vivre en société, se réinsérer. C'était étrange de voir que nos parcours étaient similaires et elle a su puiser dans son expérience pour aider les autres à son tour. Je respectais profondément sa démarche, sans doute parce que je fonctionnais de la même façon. J'avais cette vocation d'aider les autres, et dans la manœuvre je m'aidais moi-même. C'était important pour moi, de savoir que tous ceux qui comptaient pour moi aillaient bien.  

Sur conseil dEthan, j'ai donc contacté Charlie, en prenant soin de préciser que je venais de la part de son parrain. Il n'a pas fallu attendre longtemps avant que nous fixions un rendez-vous, pour discuter et voir ce qu'il était possible de faire. Je me rendis donc au lieu convenu, avec un peu d'avance – la ponctualité était un point sur lequel je ne transigeais pas et les personnes perpétuellement en retard avaient le don de m'agacer. Lorsqu'elle arriva à son tour, je me levai pour la saluer. Elle était bien la blondinette dont je me rappelais, bien que celle-ci semblait porter le poids du monde sur ses épaules.  

« Miss de Breteuil…Charlie, c'est ça ? » À ne pas douter, j'étais toujours aussi nul pour engager une conversation, d'autant plus que je ne savais pas vraiment ce que j'étais venu chercher. « Je m'appelle Micah Lawniczak et il semblerait que nous ayons Ethan Williams comme connaissance commune. » Peut-être était-ce dû à l'anxiété mais mon accent polonais était plus fort que jamais et je cherchais mes mots. « Il pense que vous pourriez m'aider. »  

Voilà, c'était dit,  je venais d'annoncer la raison de ma présence. Désormais, j'attendais de savoir quel genre d'aide elle était susceptible de m'apporter, ou si elle ne pouvait rien faire du tout.   
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Message Re: Every time I close my eyes, it's like a dark paradise (Charlie)
par Charlie de Breteuil, Lun 13 Aoû - 17:23 (#)
Elle sentait la fatigue la saisir. Ses yeux se fermaient parfois tout seuls, son rythme cardiaque était plus lent tout comme ses réflexes. Pourtant, même si elle était épuisée, même si elle avait envie de s’arrêter, Charlie de Breteuil se rendit compte que cette fatigue lui faisait le plus grand bien. Cela lui semblait faire une éternité qu’elle n’avait pas eu cette sensation.

Sensation de se rendre utile.
Sensation de faire quelque chose de bien.
Sensation de faire la différence.

Elle avait l’impression que ses problèmes étaient dérisoires face aux autres, pourtant, ceux qu’elle aidait avaient, pour beaucoup vécu la même chose qu’elle. Guerre. Décès. Enlèvement. Torture. Et elle en passait. C’était toujours les mêmes histoires, les mêmes passés, des gens ordinaires à qui on avait tout arraché, tout nié, tout détruit et qui, aujourd’hui, se retrouvaient avec rien. Elle, elle se rendait compte qu’elle avait de la chance. Elle se rendait compte qu’elle avait encore un toit sur la tête, de l’argent qui n’était pas gelé, des amis, des proches quand bien même la mort avait frappé plusieurs fois et frapperait encore plusieurs fois. Elle se rendait compte qu’elle n’était pas la plus à plaindre et finalement, cette réalisation la faisait relativiser. Elle voulait aider les autres comme elle l’avait toujours fait.

Elle voulait aussi que son père et sa grand-mère soient fiers d’elle.

Alors, reprendre l’association, reprendre son rôle aux côtés de sa mère, était probablement la meilleure décision qu’elle eût jamais prise depuis que la guerre s’était terminée.

Elle bossait sans compter. Elle dormait peu. Elle se donnait à fond. Elle essayait de faire de son mieux, parfois se ratait mais se disait qu’elle ne faisait qu’apprendre. Apprendre comme sa mère avait appris. Apprendre comme son père avait appris.

Alors, quand elle avait reçu la lettre de son parrain, Ethan, elle avait sauté une fois de plus sur l’occasion. Après tout Micah était quelqu’un à aider comme n’importe qui d’autres. Ethan l’avait prévenue du passif de Micah sans forcément rentrer dans les détails et elle ne s’en était pas formalisée. Elle savait aussi qu’il était officiellement un réfugier ici et ne pouvait retourner en Pologne ou, de toute façon, semblait-il, il n’y avait plus rien qui l’attendait si ce n’est la mort. Alors, il était de son devoir de faire en sorte que l’Angleterre devienne sa nouvelle patrie… tout comme l’Angleterre était devenue la sienne.

« Il est là. » l’informa Voltaire qui se trouvait sur son épaule sous sa forme d’épervier d’Europe, majestueux et peut-être un peu protecteur, lui, qui, cependant, n’avait pas confiance et avait bel et bien son avis sur Micah.

La blonde adressa un sourire qui se voulut chaleureux et doux au jeune homme qui déjà, l’interpellait alors qu’elle arrivait à sa hauteur :

« Miss de Breteuil…Charlie, c'est ça ? Je m'appelle Micah Lawniczak et il semblerait que nous ayons Ethan Williams comme connaissance commune. Il pense que vous pourriez m'aider. »

La blonde remarqua bien entendu l’accent prononcé polonais et se mit à sourire davantage. Il pouvait lui-même entendre les restes de son accent français bien qu’ils soient peu identifiables. Après tout, Charlie vivait à présent depuis 4 ans en Angleterre et elle possédait bel et bien la double nationalité. Elle avait toujours parlé anglais tout comme français et ces deux langues étaient tout aussi naturelles pour elle. Cependant, elle devait avouer qu’elle avait parfois quelques faiblesses sur certaines prononciations.

« Bonjour. Ravie de te rencontrer, Micah. » dit-elle immédiatement d’une voix douce. Elle ne voulait pas être trop formelle et avait décidé de ne pas lui tendre la main. Après tout, il allait probablement devenir un adhérent à son association et il n’y avait pas besoin de marquer une différence entre eux et encore moins de distance. « Oui, Ethan, qui est mon parrain, m’a parlé de toi. Je suis contente que tu sois venu. » Parce qu’elle savait parfaitement que beaucoup de gens même s’ils avaient besoin d’aide n’osaient pas demander ou même venir dans ce genre d’endroit qu’était l’association. Elle était contente qu’il fasse le premier pas. Maintenant c’était à elle de l’accueillir et d’essayer de savoir en quoi elle pouvait lui venir en aide.

Lui indiquant une place où s’asseoir, elle prit place avant d’observer le jeune homme. D’après ce que lui avait dit Ethan, le garçon n’avait pas de toit sur la tête, aucune ressource financière, aucune aide possible et probablement qu’il ne connaissait absolument personne ici. Charlie se disait qu’il faudrait déjà probablement lui proposer de quoi se sentir chez lui et un logement provisoire. L’association était faite pour ça après tout. Elle apportait aussi tous les soutiens dans les démarches administratives relatives aux insertions telles que recherche de travail, thérapies etc.

« Ethan m’a dit que tu n’avais pas d’endroit où loger, aucune ressource financières. Nous pouvons t’aider si tu le veux. Il existe ici des dortoirs où tu pourrais dormir. C’est provisoire, évidemment mais ça peut toujours te donner un endroit où te sentir en sécurité. Il y a d’autres gens qui sont dans la même situation que toi évidemment. Tu auras accès à la cantine et on pourra éventuellement monter des dossiers pour t’aider à trouver un logement et aussi un emploi… » l’informa-t-elle, calmement, sans se presser, et doucement.

Elle marqua une pause, se demandant si elle devait aborder le sujet d’entrée. Elle décida finalement après un court échange avec Voltaire qui s’était posé sur l’accoudoir du fauteuil qu’elle devait bien en parler à un moment donné alors pourquoi pas maintenant ?

« Il m’a aussi dit que…, elle hésite quelques instants. tu avais été une victime de la guerre à ton niveau. Il se trouve qu’il y a de nombreuses personnes qui sont dans tout cas ici, dont moi. On offre des réunions anonymes pour des gens … comme nous. »

Des victimes, des traumatisés. Ne pas prononcer les mots étaient une manière de le ménager, une manière aussi de ne pas lui faire peur. Pourtant, il lui semblait nécessaire d’en parler, de pouvoir lui faire comprendre que s’il le désirait vraiment, on pouvait l’aider. Elle pouvait l’aider.

« Évidemment, ça n’est pas obligatoire. Tu peux y aller tout comme ne pas y aller. On peut aussi trouver d’autres façons… d’extérioriser tout ça. » Elle marque une pause, essayant de sourire doucement puis, rajouta : « Je t’avoue que c’est encore compliqué pour moi d’aller à ce genre de réunion et je préfère d’autres activités comme la photographie, la peinture… ou même le théâtre. C’est très bien pour exprimer… tout ce qu’on a vécu. » Pour parler sans les mots. Pour faire en sorte que les choses soient dites sans passer par des dialogues. « Bref, tout ça pour te dire qu’il y a plein d’options pour toi et que tu n’es pas seul et livré à toi-même. Et je serais vraiment contente de t’aider. » conclua-t-elle en souriant chaleureusement, attendant une réaction de sa part.
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Message Re: Every time I close my eyes, it's like a dark paradise (Charlie)
par Micah D. Lawniczak, Mar 28 Aoû - 19:18 (#)
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C'était donc elle, la filleule d'Ethan, la responsable de cette association. Bien que je sache déjà à quoi elle ressemblait pour avoir vu passer plusieurs avis de recherche qui portaient sa photo, c'était encore autre chose de la voir en vrai. Elle me semblait encore plus menue et fragile que je me l'imaginais. Surtout, et ce détail me sauta immédiatement aux yeux, les traits de son visage étaient marqués par la fatigue. En l'espace d'un instant je me demandai comment ce petit bout de femme pouvait m’aider, d’autant plus qu'elle me semblait vraiment jeune, puis je me rappelai qu'Ethan ne m'avait pas recommandé Charlie sans raison. S’il pensait qu'elle était en mesure de m'aider, alors je pouvais bien faire confiance au jugement de mon ancien mentor. Tâchant de ne rien laisser paraître de mon scepticisme, je la laissai donc se présenter comme il était d'usage. Si les formules employées sentaient le réchauffé, j'appréciais sincèrement qu'elle ne m'oblige pas à lui serrer la main, pour la simple et bonne raison que cela ne se faisait pas en Russie. Les contacts physiques, fut-ce une main serrée, étaient encore réservés aux proches. Je me contentai donc de lui adresser un sourire poli, quoique distant. Encore une fois, en union soviétique, montrer une quelconque émotion pouvait être perçu comme un signe de faiblesse, d'où le fait que nous paraissions froids aux yeux de ceux qui ne connaissaient pas nos us et coutumes. Dans le fond, ce n'était que du paraître. Ici, il était inutile de prétendre, si je me trouvais dans les locaux de cette association, c'est que j'en avais besoin. Je pourrais me détendre puisque Charlie faisait tout pour me mettre à l'aise, mais je n'y arrivais pas. Alors, quoiqu’un peu raide, je finis par m’asseoir sur la chaise que Charlie venait de me désigner. Je n'osai tout simplement pas plier une de mes jambes et ramener ma cheville sur mon genou. On a dit détendu, pas complètement affalé sur son siège. J'avais tout de même un peu de tenue.

À peine fus-je installé qu’elle entra dans le vif du sujet.
Non, je n'avais pas de toit sur la tête puisque je squattais chez les uns et chez les autres par intermittence  
Non, je n'avais pas de ressources financières puisque certains de mes comptes étaient encore bloqués,  et surtout, je ne travaillais pas, tout du moins, rien qui soit légal.
À ce qu'il paraît elle pouvait m'aider.

Je me redressai légèrement, droit comme un piquet, lorsqu'elle mentionna l'existence de dortoirs. Cela me rappelait mes jeunes années, quand j’étais à l'école puis à l'armée. C'était la même chose lorsque j'ai suivi ma formation d'Auror. Tout ce temps, j'ai vécu avec d'autres personnes et cela ne m'avait jamais posé un quelconque problème. C'était l'après, qui était difficile à gérer. J'étais tellement habitué à vivre avec plusieurs personnes que je m’accommodais mal de la solitude. Ça avait quelque chose de déprimant de rentrer le soir et de ne trouver personne à qui raconter ma journée ou simplement passer du temps ensemble. Même quand je n'étais pas en mission, il y avait toujours quelqu'un à la maison, qu’il s'agisse de ma mère ou de ma femme. Maintenant, il n'y avait plus personne, j'étais tout seul. Bien que j'appréciais aussi ma tranquillité, retrouver ma bulle, je commençais à trouver cette solitude oppressante. « On est vraiment obligés d'aller vivre avec des gens qu’on ne connaît pas ? »  geignit Léon, qui ne semblait guère enchanté par cette perspective. « La dernière fois qu’on était avec des gens j'ai failli finir écrabouillé sous la godasse d'un de tes colocs. » Je demeurai de marbre face à la réclamation de mon patronus. Effectivement je me souvenais de cet épisode puisque ce fut le premier chapitre de notre existence commune. « Il ne l'a pas fait exprès. » répondis-je sur la défensive, même des années après. « Personne ne savait ce qui nous arrivait, ni pourquoi la base s'était transformée en une ménagerie géante. Puis Kirill avait peur des scorpions. » Ma remarque offusquer Léon, qui se dressa presque sur ses pattes arrière, faisant claquer ses pinces et agitant son dard. « Je suis inoffensif moi ! » Les cris de protestation résonnaient dans ma tête, aussi désagréables que des ongles crissant sur un tableau noir. « Je ne ferais pas de mal à une mouche, tu le sais bien ! » Léon, qui était encore plus rancunier que moi, n'avais toujours pas digéré cet épisode cuisant. « En attendant, baisse d’un ton, tu vas lui faire peur. » dis-je avec une certaine douceur, allongeant le bras pour que Léon puisse y grimper et ainsi s'éloigner de Charlie. « Elle n'aime peut être pas les insectes. » Nouvelle salve de protestations. C'était toujours  un coup dur pour Léon de s'imaginer que l'on puisse ne pas aimer la forme qu’il prenait. « Tu n'y es pour rien, je sais. »  concédai-je non sans soupirer par la pensée.  « Tu peux venir maintenant ? Tu as fini de bouder ? » J'entendis Léon maugréer encore quelques instants puis, il finit par céder à son tour et grimpa le long de mon bras pour venir se nicher au creux de mon cou.

« Je vous présente Léon. » dis-je une fois que mon patronus ait fini son cirque. « Il peut paraître impressionnant de prime abord et je sais que tout le monde n'est pas à l'aise avec les insectes mais il n'est vraiment pas méchant. J'espère qu'il ne vous a pas effrayés. »

Visiblement, je n'étais pas le seul à dialoguer avec mon patronus puisque Charlie reprit la parole après une courte pause. Elle évoqua la guerre et les traumatismes liés à celle-ci. Tout dépendait de quelle guerre elle parlait, à dire vrai. La guerre du Vietnam m’avait complètement flingué, en revanche, on pouvait dire que je n'avais pas trop mal vécu la dernière guerre des sorciers en comparaison. Je demeurais donc silencieux, me contentant de croiser les bras sur mon torse et je la laissai poursuivre. Elle disait être concernée par ces traumatismes. Mon regard la scrutait attentivement. Elle était concernée, oui, mais à quel niveau ? Je n’eus pas besoin de poser la question puisque Charlie avoua que c'était compliqué pour elle d'en parler. Il existait plusieurs moyens s’exorciser ces démons qui nous rangeaient comme un poison. En ce qui me concerne, je m'étais enfoncé dans l'alcool, la drogue et l'auto-mutilation, ce qui n'avait strictement rien de sain. En revanche, la photographie, la peinture et le théâtre semblaient être des solutions plus saines, bien que je possède aucun talent artistique, même si j’écrivais quelques vers à l'époque, et encore.

« Ce n'est pas évident de sortir la tête de l'eau, pas vrai ? » lançai-je en regardant Charlie droit dans les yeux. «  Il n'y a pas de mal à ne pas vouloir en parler, c'est compliqué de se foutre à poil devant des gens qu'on ne connaît pas. Enfin, façon de parler. » Je m'esclaffai tout en passant une main dans mes cheveux, un peu gêné. « J'ai toujours été plus ou moins sociable, en fait ça dépend des périodes. » Je me mordis l'intérieur de la joue. « Je crois que ça ne me dérangerait pas de tenter de vivre au milieu d'autres personnes. J'ai été soldat dans l'armée moldue. Je vivais au quotidien avec mes hommes, j'allais combattre à leurs côtés, on prenait soin des uns et des autres. C'est cet aspect là qui me manque le plus, le sentiment d'appartenance à un groupe. J'ai toujours accordé une place importante à la famille, que ce soit au sens strict ou dans une vision un peu plus…étendue. »

Après tout, ne disait-on pas que les amis étaient la famille que l'on se choisissait ? Ces gars ont été presque littéralement ma famille, mes frères d'armes, à défaut d'être mes frères de sang. C'était pareil avec mes camarades de promotion, quand j'étais un apprenti Auror. Je me frottai légèrement le menton, perdu dans mes pensées.

« Comme je viens de le dire, je pense passer mon tour pour les prochaines réunions. C'est encore délicat de parler de ce que j'ai vécu. Ça va faire dix ans que je souffre d'un syndrome de stress post traumatique, depuis que je suis revenu du Vietnam à dire vrai. Je n'étais pas beaucoup plus vieux que vous lorsque je suis parti au front. » Elle avait quoi, un peu plus de vingt ans à tout casser, mais moins de vingt-cinq, j'en étais certain. « Je n’en parlais pas parce que j'avais l'impression que personne ne pouvait comprendre ce que je ressentais, pas même ma femme. »

Parce que je n'extériorisais pas mes émotions, je m'étais détruit à petit feu. Voilà le résultat. Comme je ne la connaissais pas assez pour oser me livrer davantage, je choisis de changer plus ou moins habilement de sujet.

« Du reste, je ne pense pas être doté d'un quelconque talent pour quoi que ce soit. »  C'était un fait. « Par contre je donne aussi un coup de main à d'autres, à ma manière. Je donne des cours de self défense à une amie, parce qu’elle a vécu une agression il y a peu. Je pense souvent à donner des cours à d'autres personnes, qu'il s'agisse de combat au corps à corps ou du duel de sorciers. Je crois que j'ai un truc pour enseigner aux autres et donner des cours pourrait me permettre d'avoir un peu de revenus en attendant de trouver un emploi stable. »

Seulement je ne savais pas comment m'y prendre. Au début, ces cours de self défense, c'était pour répondre à un besoin particulier, mais ça pourrait réellement donner quelque chose si j’avais les moyens d'investir dans une salle de sport ou que sais-je d'autre.    
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Message Re: Every time I close my eyes, it's like a dark paradise (Charlie)
par Charlie de Breteuil, Ven 14 Sep - 16:34 (#)
Le regard de Charlie se posait sur Léon qu’elle n’avait tout d’abord pas remarqué. La jeune femme n’était pas spécialement à l’aise avec les insectes mais elle n’en avait jamais eu une peur bleue. A vrai dire, elle ne pensait pas grand-chose du patronus de Micah : certains avaient des patronus aussi étranges que celui-ci…. Et puis après tout, Voltaire avait été étrange à sa manière. Cette pensée attisa un peu de tristesse de la part de celui-ci d’ailleurs qui regrettait l’époque où il était polymorphomage. L’écureuil gris restait quant à lui sur l’épaule de sa propriétaire. Ca n’était pas qu’il n’avait pas envie de sociabiliser comme à son habitude comme il le faisait si bien mais juste qu’il était un peu fatigué et ne savait pas trop comment s’approcher de Léon de peur de se faire piquer en jouant ou en touchant Micah d’ailleurs. Instinctivement, Charlotte vient caresser sa boule de poil doucement pour le rassurer.

« Il ne va pas te manger, tu sais. » lui intima-t-elle avec douceur avant de finalement prendre l’écureuil gris et le poser sur la petite table qu’il y avait entre elle et Micah.

Et comme-ci Micah avait entendu ses pensées, celui-ci se mit à présenter son patronus :

« Je vous présente Léon. Il peut paraître impressionnant de prime abord et je sais que tout le monde n'est pas à l'aise avec les insectes mais il n'est vraiment pas méchant. J'espère qu'il ne vous a pas effrayés. »

Un sourire doux se dessina sur les lèvres de Charlie qui répondit doucement, laissant Voltaire tenter de s’approcher de Léon. Elle décida de s’adresser directement au scorpion.

« Enchantée Léon. Je te présente Voltaire. Désolée s’il est un peu craintif… Disons qu’il ne sait pas vraiment comment venir te voir. A une époque il se serait transformé comme toi mais… » Une lueur triste passe dans son regard, un sourire triste orne ses lèvres. « Ca n’est plus trop possible maintenant. » souffla-t-elle finalement avant de se redresser et reposer son regard sur Micah, un sourire désolée sur les lèvres de s’être laissée aller à des souvenirs peu agréables mais encore trop vivaces dans son esprit.

Difficile de faire semblant quand elle avait encore l’impression parfois de se trouver au Complexe, quand elle faisait des cauchemars la nuit et qu’elle rêvait de souvenirs horribles, de tortures qui duraient des heures, des pleurs de Voltaire ou de ceux de ses camarades, torturés tout comme elle.
Mais son regard parcourant les traits de Micah lui rappela où elle était et elle se reconcentra immédiatement sur la situation présente et plus particulièrement sur Micah.

« Ce n'est pas évident de sortir la tête de l'eau, pas vrai ? » dit-il encore une fois comme s’il avait lu dans ses pensées.
« Hum… pardon ? » répondit-elle, n’étant pas sûre de quoi il parlait, ne le quittant pourtant pas des yeux, comme hypnotisée par son regard.
« Il n'y a pas de mal à ne pas vouloir en parler, c'est compliqué de se foutre à poil devant des gens qu'on ne connaît pas. Enfin, façon de parler. »
Elle le regarde un peu interdite avant de jeter un coup d’œil à Voltaire, pas très certaine de quoi il parlait encore, un peu surprise de ce langage quelque peu cru.
« J'ai toujours été plus ou moins sociable, en fait ça dépend des périodes. Je crois que ça ne me dérangerait pas de tenter de vivre au milieu d'autres personnes. J'ai été soldat dans l'armée moldue. Je vivais au quotidien avec mes hommes, j'allais combattre à leurs côtés, on prenait soin des uns et des autres. C'est cet aspect là qui me manque le plus, le sentiment d'appartenance à un groupe. J'ai toujours accordé une place importante à la famille, que ce soit au sens strict ou dans une vision un peu plus…étendue. »

« Soldat dans l’armée moldue ? Whouahou. » dit Voltaire, admiratif.

Charlie, elle sentit que toute son attention était tournée vers l’homme en face d’elle. Soldat. Guerre. Elle savait parfaitement que les armes moldues pouvaient faire autant de dégâts qu’une baguette : son propre père décédé dans un accident de voiture en avait fait les frais après tout. Elle avait aussi vu des rescapés de guerres plusieurs fois dans sa jeunesse en compagnie de son père qui les prenait en photo pour témoigner, se souvenir. Elle avait assisté à des scènes de déplacement de population à causes des guerres offrant son aide comme elle pouvait. Parfois, elle avait vu des soldats oui. La guerre froide était bel et bien là dans le monde moldu tout comme elle avait été présente pendant celle sorcière, faisant elle-même les frais de cette guerre. Alors soudainement, Micah lui apparaissait sous un nouveau jour. Son nom qui ne sonnait pas anglais prenait plus de sens et quand bien même Ethan lui avait parlé de tout ça, sans forcément rentrer dans les détails, Charlie sentait une sorte de connexion naître avec Micah.

Un frère d’armes en quelque sorte.
Une victime, lui aussi.

Acquiesant doucement, Charlie ne lui répondit pas mais se contenta de lui sourire, ne voulant pas le couper dans sa tirade.

« Comme je viens de le dire, je pense passer mon tour pour les prochaines réunions. C'est encore délicat de parler de ce que j'ai vécu. Ça va faire dix ans que je souffre d'un syndrome de stress post traumatique, depuis que je suis revenu du Vietnam à dire vrai. Je n'étais pas beaucoup plus vieux que vous lorsque je suis parti au front. »
« Tu peux me tutoyer tu sais… enfin si ça ne te dérange pas. » intervient-elle doucement, presque gênée.
« Mais il a quel âge ? Il n’a pas l’air si vieux que ça pourtant ! » s’exclama Voltaire de plus en plus admiratif de Micah.

Aux yeux de l’écureuil gris, c’était une sorte de héro qui se dessinait. Un héro déchu mais un héro quand même. Un héro tout comme l’héroïne qu’était Charlie, devait gérer ses propres démons.

« Je n’en parlais pas parce que j'avais l'impression que personne ne pouvait comprendre ce que je ressentais, pas même ma femme. »
« Et il est marié en plus ?! » s’exclama Voltaire qui n’en finissait plus de s’étonner.

Charlie bougea légèrement dans sa chaise, un peu ailleurs. Ses traits montrant soudainement toute la fatigue qu’elle avait accumulé depuis quelques temps. Une bonne fatigue bien qu’éprouvante comme c’était le cas de maintenant. Au final, Micah n’était pas si différent d’elle encore moins des autres personnes qui bénéficiaient de cette association. Il avait lui aussi souffert et souffrait encore. Il n’avait même plus rien alors qu’il avait rendu service à son pays. Qu’il soit du côté des bons ou des mauvais n’y changeait rien pour Charlotte : il n’en restait pas moins une victime lui aussi. Une victime qui avait besoin d’aide.

« Du reste, je ne pense pas être doté d'un quelconque talent pour quoi que ce soit. »

Elle repose son regard sur lui et un sourire pointe sur son visage.

« Par contre je donne aussi un coup de main à d'autres, à ma manière. Je donne des cours de self défense à une amie, parce qu’elle a vécu une agression il y a peu. Je pense souvent à donner des cours à d'autres personnes, qu'il s'agisse de combat au corps à corps ou du duel de sorciers. Je crois que j'ai un truc pour enseigner aux autres et donner des cours pourrait me permettre d'avoir un peu de revenus en attendant de trouver un emploi stable. »

Une petite moue parcourut le visage de la française qui bougea mal à l’aise cette fois-ci. Charlotte était une anti-violence convaincue. Astrid et Tristan l’avaient trop bien éduqués sur ce point et elle ne concevait nullement de se battre physiquement pour se défendre. Mais elle s’était parfois demandée si ça n’aurait pas changé la donne avec les Disciples et son enlèvement… Elle en avait fini par déduire que non, rien du tout : elle ne se souvenait même pas comment on avait fait pour l’y enfermer.

« Je… c’est gentil mais je ne suis pas… enfin la violence ça n’est pas spécialement mon truc. Elle hésite avant de sourire cette fois-ci plus à l’aise. Je crois d’ailleurs que nous avons eu assez de violence et ce n’est pas du tout ce que je te propose ici… »

Elle marque une pause, réfléchissant avant de finalement se lever.

« Tu n’as pas besoin d’avoir un talent particulier pour exorciser tout ça. »

Sa voix était toujours aussi douce mais soudainement prise d’une détermination sans borne. Son regard se fit plus sûr de lui et elle invita Micah à se lever de sa chaise, toujours sans lui présenter un quelconque contact physique.

« Viens… je vais te montrer. »

Et elle se déplaça pour guider Micah dans les locaux de l’association. Ils passèrent devant quelques bureaux fermés avant de finalement descendre quelques escaliers. Ouvrant une porte, la française le laissa rentrer. La salle de théâtre était plongée dans la pénombre et d’un coup de baguette magique le décor se fit : les rideaux rouges, des sièges, une grande scène. S’approchant de cette dernière, la jeune femme monta les escaliers avant de finalement se tourner vers Micah :

« Ici ça nous arrive de faire des séances où on joue un rôle. On fait aussi des exercices de respirations en groupe ou individuellement. Aucune des personnes qui est ici n’est un expert ou acteur de profession. C’est petit, intime et tu peux être qui tu veux, affronter tes problèmes sous une pièce de théâtres, un rôle ou autre. C’est ce que je peux faire pour toi si tu n’as pas envie d’aller aux réunions. Ca n’est d’ailleurs que quelques séances pas très longue mais… » Elle sourit. « Assez éprouvantes, je dois dire. »

Elle me les bras derrière son dos et laisse Micah prendre possession de l’espace de la scène.

« Mais une fois que tu essaies, c’est non seulement très amusant mais infiniment libérateur. » conclut-elle finalement, sincère et douce.
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Message Re: Every time I close my eyes, it's like a dark paradise (Charlie)
par Micah D. Lawniczak, Jeu 4 Oct - 19:16 (#)
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'And there's no remedy for memory your face, like a melody, it won't lift my head. Your soul is hunting me and telling me that everything is fine; but I wish I was dead.

Léon, égal à lui-même, avait immédiatement voulu faire connaissance avec le petit écureuil gris qui accompagnait Charlotte de Breteuil, mais ce dernier restait en retrait, comme s'il avait peur. Les patronus pouvant ressentir des émotions semblables à celles des humains, une telle réaction, en soi, n'avait rien de surprenant. Toutefois, les raisons de cette crainte ne me regardaient pas et, même si je ne cherchais pas à en savoir davantage, le moins que je puisse faire était de les mettre à l'aise tous les deux, sorcière et patronus. Aussi avais-je pris les devants en présentant Léon, celui-ci ne pouvant le faire lui-même. Curieux, le scorpion dévisageait la sorcière assise en face de nous, et, tout en restant docile comme je le lui avais demandé, il laissa Voltaire l'approcher. Je venais certes de dire que Léon n'était pas méchant et qu'il était carrément inoffensif, il n'empêche que je le surveillais du coin de l'oeil. Ce n'était pas que je ne lui faisais pas confiance, c'est que d'expérience, je savais que des personnes traumatisées – et j'incluais Voltaire dans cet ensemble – pouvaient se montrer extrêmement farouches et réagir d'une façon qui pouvait paraître brusque aux yeux des autres. Il fut un temps où j'aurais réagi de la même manière. Peu après mon retour du Viêt Nam, j'avais tendance à sursauter au moindre bruit, j'étais plongé dans un état catatonique, comme si j'étais resté là bas et qu'il n'y avait que mon enveloppe charnelle assise là, dans le fauteuil du salon. Je me souvenais du vide qui avait empli mon âme, de l'absence totale d'émotions car, si je me risquais à ouvrir les vannes, ne serait-ce qu'un peu, je courais droit à la catastrophe. Je me souvenais de cette période étrange où j'étais complètement déconnecté de mon propre corps, et déconnecté du monde réel. J'étais revenu de la guerre totalement méconnaissable et je ne laissais personne m'approcher – pas même ma mère ou mon ex femme. J'étais devenu un étranger aux yeux des personnes qui me connaissaient pourtant le plus. Aujourd'hui, je ne pouvais même pas dire que j'allais mieux. Il y avait des périodes où ça allait, et d'autres périodes où je replongeais.

Aussi je hochai doucement la tête lorsque Charlie s'excusa quant à l'attitude de son patronus, indiquant par là que je comprenais. Si ce n'était pas maintenant, alors ce sera pour une prochaine fois, je n'obligeais à rien et d'ailleurs, comme pour prouver ma bonne foi, je m'apprêtais à rappeler Léon, quand Charlie révéla qu'à une époque, Voltaire n'aurait pas pris l'apparence d'un écureuil gris mais celle d'un scorpion. Avec un sourire triste aux lèvres, elle confia que ce n'était plus trop possible, désormais. Je fronçais les sourcils, m'interrogeant sur ce qu'elle voulait dire par là. J'étais certes immunisé contre la peste, mais je savais que certains patronus avaient changé de forme quand ils étaient revenus après s'être désintégrés au plus fort de la maladie. Voulait-elle dire que son patronus n'a pas toujours été un écureuil gris ? Autre hypothèse possible, j'avais également entendu dire que certains patronus pouvaient changer de forme à volonté, mais je n'en avais personnellement jamais rencontré, aussi avais-je toujours pensé qu'il s'agissait d'une légende urbaine. Quoiqu'il en soit, Voltaire, tout comme sa sorcière souffraient, et en tant que traumatisé, je savais reconnaître d'autres traumatisés quand j'en voyais. De la même façon que je ne supportais pas que l'on me demande pour quelles raisons je souffrais d'un syndrome de stress post-traumatique, je ne posais pas de questions, respectant la vie privée des personnes que j'avais en face de moi. Il y avait suffisamment de déclencheurs dans la vie de tous les jours, il était inutile d'en rajouter en obligeant l'autre à revivre des souvenirs pénibles.

Encore une fois, cela ne me regardait pas.
Pourtant, je ressentais aussi cette sensation de flottement, comme si le monde était en train de se moduler. Les sons, les images, en bref, toutes les informations que mes cinq sens m'envoyaient semblaient altérées, différentes.
Je secouai la tête légèrement pour reprendre mes esprits.
Avec tout ça, j'avais perdu le fil de la conversation, et ce fut le pardon de Charlie qui me ramena à la réalité.

Elle semblait aussi perdue que moi, pourtant, je disais ce que j'avais à dire, même si ce faisant je donnais l'impression que je sautais du coq à l'âne sans transition. Je me frottai légèrement la nuque lorsqu'elle me demanda de la tutoyer. Je n'étais pas en mesure de garantir que j'y arriverais, mais je pouvais toujours essayer. Je ne me montrais jamais trop familier envers les personnes que je connaissais à peine, aussi me faudra-t-il un peu de temps pour m'adapter. J'avais besoin de temps, moi aussi. Après tout, j'étais un ancien détenu qui travaillait à sa réinsertion dans la société, dans un pays étranger de surcroît, ce qui faisait de moi un immigré. Dans les faits, j'étais plutôt un réfugié politique, mais cela ne faisait aucune différence pour les Britanniques, aux yeux de qui je n'étais rien d'autre qu'un étranger et donc, que je n'étais pas chez moi.

Lorsque j'évoquai les cours de self-defense que je donnais à l'occasion, je vis la française se crisper et en l'espace d'un instant, je me demandais ce que j'avais bien pu dire pour la froisser. Je compris mieux sa réaction lorsqu'elle avoua que la violence n'était pas trop son truc. A mon sens, ce n'était pas de la violence à proprement parler, c'était de la légitime défense et il n'y avait rien de mal à cela.  Lorsqu'on me donnait un coup, je n'étais pas du genre à tendre l'autre joue. Je n'étais pas spécialement un adepte de la vengeance, mais selon moi c'était justifié de rendre chaque coup lorsque l'on était attaqué. Cela ne faisait pas de moi quelqu'un de violent ou de peu civilisé. Au contraire, les techniques que j'enseignais demandaient une certaine maîtrise de soi et une discipline quasi militaire, il y avait des enchaînements à apprendre, des méthodes, c'était structuré, organisé, il n'était pas uniquement question de cogner à l'aveugle. A y réfléchir, ce n'était pas bien différent de la danse – puisqu'elle l'avait cité en présentant les différentes activités que son association proposait - , c'est juste que le corps était utilisé d'une façon différente.

« Tu sais, je pense que assimiler les arts martiaux que j'enseigne à de la violence est très réducteur. »  dis-je enfin en essayant d'être le moins abrupt et jugeant possible. « Au cours de mon entraînement militaire, j'ai appris différentes techniques de combat, dont le Systema ou le Samoz. C'est...une déclinaison soviétique de l'aïkido, et c'est moins barbare que ça en a l'air. » Je me mordillai les lèvres, tandis que je choisissais soigneusement mes mots. « Il y a plusieurs dimensions dans ce type d'apprentissage, où la maîtrise de soi est fondamentale. On nous apprend tant à faire face au combat s'il est inévitable, qu'à y renoncer si l'affrontement n'est pas nécessaire. J'obéis à un code moral très strict et cela requiert une très grande force mentale. C'est ce qui distingue les soldats, les guerriers des brutes épaisses. Et crois moi que, pendant les guerres que j'ai faites, j'en ai vu, des brutes épaisses. »

Il y en avait plein parmi les rafleurs, par exemple.
Ce n'était cependant pas la question.
Gêné, je croisai les mains et me mis à triturer mes doigts.

« Mais soit, j'ai compris que ce n'était pas ton truc alors, je ne chercherai pas à te convaincre si ces méthodes ne te conviennent pas. » Après tout, il faut de tout pour faire un monde. « Je te suis. »

N'avait-elle pas dit qu'elle allait me montrer ?
Je la suivis donc.

Et tandis qu'elle me faisait visiter, je me rendis une fois compte de la fracture sociale qui séparaient les gens comme moi des gens comme elle. L'association avait les moyens de fonctionner, c'était évident, et c'était même chouette pour les personnes qui en avaient besoin mais encore une fois, en tant que né-moldu, j'étais dépendant des sang-pur, qui, de facto, détenaient une majeure partie des ressources matérielles. Je me doutais bien que son nom était bien plus connu que le mien ne le sera jamais, et, si d'aventure nous devions nous battre pour une seule et même cause, ce sera des personnes comme elle que l'on mettra en avant et que l'on félicitera pour leur sens du sacrifice et de la dévotion. Je pourrais même aller plus loin en ajoutant que c'était un attendu de base pour des personnes comme moi. Après tout, la société sorcière avait tendance à nous considérer comme des parasites, même ici.

Je la suivais toutefois sans piper mot. J'avais mal au cœur. L'obscurité ne me rassurait pas vraiment, en fait, j'avais peur du noir et des ombres qui pourraient se terrer dans les coins et nous tendre une embuscade. Mon cœur tambourinait contre mes côtes quand Charlie prit sa baguette pour illuminer la pièce dans laquelle nous nous trouvions. Interdit, je glissai un regard de biais à la française. Une scène de théâtre, donc ? Effectivement, ils ne lésinaient pas sur les moyens. Tout de même curieux, je m'approchai de la scène, tout en me disant que je n'avais jamais eu l'occasion de monter sur les planches auparavant. J'écoutais ce que disait Charlie, puis, quand elle évoqua des exercices de respiration, mes lèvres s'étirèrent en l'ombre d'un sourire malicieux.

« Je peux donc être ce que je veux, quand je suis dans cette pièce ? » répétai-je, en faisant un demi-tour sur moi-même pour lui faire face. « Ce qui veut dire que je peux me glisser dans la peau d'un instructeur de Systema si j'en ai envie ? » Bah quoi ? Elle a bien dit que je pouvais affronter mes problèmes en endossant le rôle que je souhaitais, non ? «  La respiration est aussi très importante dans cette pratique. Cela permet entre autres de dissiper la douleur, de rester lucide face à une situation éprouvante, afin que nous soyons efficaces en toutes circonstances. » Comme je le disais plus tôt, tout est dans le mental. « Bien sûr, ça ne reste que de la théorie. Quand on se retrouve confronté à la vraie vie, il y a tout un tas d'autres paramètres à prendre en compte. Comme par exemple...le phénomène de sidération. C'est ce que l'on ressent quand on est totalement pétrifié face au danger, et qu'on devient incapable de réagir, même si on a la meilleure technique de défense au monde. »

Je m'avançais sur les planches, surpris de ne pas les entendre craquer sous mes pas lourds. Je me déplaçais, occupant physiquement tout l'espace que la scène m'offrait. On me l'a toujours dit, j'avais une certaine présence, voire même du charisme, même si c'était beaucoup moins évident ces temps-ci.

« Si j'en parle, c'est parce que je me suis souvent retrouvé face à cette situation où j'étais incapable de réagir. » Mon regard se posa sur Charlie, soudainement très sérieux. « Ce n'est pas de notre faute. Ça ne sert à rien de se retourner le cerveau dans tous les sens avec des et si. C'est arrivé, point.  Et peu importe la situation dans laquelle on s'est retrouvés incapable de s'enfuir ou de se défendre, ce n'est pas pour autant qu'on a mérité ce qui nous arrive. Je pense que la première étape pour guérir d'un traumatisme, quel qu'il soit...c'est d'arrêter de se sentir coupable pour ce qui est arrivé. »

Je n'étais que trop bien placé pour savoir que ça n'était que de la théorie, et qu'en pratique c'était beaucoup plus compliqué à assimiler. A dire vrai, je n'y arrivais pas toujours, même maintenant. Mes lèvres s'ornèrent d'un sourire triste, alors que les derniers échos de ma voix s'éteignaient, plongeant à nouveau la salle de spectacle dans le silence.    
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Message Re: Every time I close my eyes, it's like a dark paradise (Charlie)
par Charlie de Breteuil, Mar 20 Nov - 14:55 (#)
« Tu sais, je pense que assimiler les arts martiaux que j'enseigne à de la violence est très réducteur. » Un sourire se forme sur les lèvres de Charlie de Breteuil qui ne lui donnait pas tort. Elle avait bien entendu parler des cours d’arts martiaux notamment dans les pays asiatiques. Elle savait qu’il s’agissait plus d’une discipline de contrôle de soi et de ses émotions que de véritable violence. Mais Charlotte de Breteuil était avant tout une diplomate. Se battre ? Elle l’avait déjà trop fait et elle avait bien compris, traumatisée peut-être qu’elle ne voulait plus jamais le faire. La dernière fois qu’elle l’avait fait, elle avait tué un homme et elle ne voulait plus jamais que cela se produise. Plus jamais. Elle écouta cependant Micah expliquer sa discipline. Elle l’écoute, respecte son avis, mais considère que ça n’était pas pour elle. Elle, son arme principale, c’était les mots, mieux encore, c’était les actions qui la liait à cette association, à son association. Lui avait les coups et les techniques physiques, elle, elle était plus du côté de la parole et de l’aide. Les seuls séances particulières qu’elle faisait était avec sa mère où là, il s’agissait encore d’une activité pacifiste : celle de la méditation qui lui apprenait aussi la maitrise d’elle-même comme pouvait l’enseigner l’aïkido par exemple, à la différence près qu’il n’y avait pas de combat si ce n’est celui de cette angoisse lattente qu’elle ressentait constamment avec ce calme qui devait se faire.

« Mais soit, j'ai compris que ce n'était pas ton truc alors, je ne chercherai pas à te convaincre si ces méthodes ne te conviennent pas. »

Charlie acquiese sans trop rien dire, décidée à lui montrer qu’il existait d’autres moyens de l’aider mais aussi de se libérer. Evidemment, elle savait que ce genre d’activité n’était pas forcément le domaine de prédilection de beaucoup de monde. Quand c’était le cas, Charlie redirigeait la personne vers d’autres branches de l’association qui pourrait aussi bien les aider. Mais puis ce que Micah semblait disposer à l’écouter et la suivre, elle n’allait pas se priver de lui montrer ce qui était possible de faire.

La salle de théâtre avait été à l’évidence ranger comme ceux qui l’avaient utilisé avant elle l’avaient trouvé. Charlie observa quelques secondes la salle plutôt petite avant de reposer son regard sur Micah qui demandait :

« Je peux donc être ce que je veux, quand je suis dans cette pièce ? Ce qui veut dire que je peux me glisser dans la peau d'un instructeur de Systema si j'en ai envie ? »

Charlotte se mit à rire gaiement avant de répondre en acquiesçant la tête :

« Si tu veux. Mais il ne faut pas du matériel pour ça ? »

Elle marque une pause et une lueur passe dans son regard comme si une idée venait de germer dans son esprit. Elle la remet à plus tard et se contente simplement d’écouter Micah, considérant qu’il s’agissait de son moment et non du sien.

« La respiration est aussi très importante dans cette pratique. Cela permet entre autres de dissiper la douleur, de rester lucide face à une situation éprouvante, afin que nous soyons efficaces en toutes circonstances. »

Elle acquiesce. Elle voulait bien le croire et s’amusait de le voir se déplacer sur la scène pour prendre l’espace et se l’approprier.

« Ce n'est pas de notre faute. Ça ne sert à rien de se retourner le cerveau dans tous les sens avec des et si. C'est arrivé, point. Et peu importe la situation dans laquelle on s'est retrouvés incapable de s'enfuir ou de se défendre, ce n'est pas pour autant qu'on a mérité ce qui nous arrive. Je pense que la première étape pour guérir d'un traumatisme, quel qu'il soit...c'est d'arrêter de se sentir coupable pour ce qui est arrivé. »

Le ton sérieux et les paroles du jeune homme raisonnèrent dans tout l’être de Charlie qui sentit son sourire se faner légèrement à l’entendre. Son discours, elle aurait pu se le dire à elle-même si elle avait accepté ce qu’elle avait fait, or ça n’était nullement le cas. La culpabilité, elle connaissait, bien, trop bien d’ailleurs. Ca la rongeait encore. Parfois, elle se disait qu’elle ferait mieux de se livrer et de faire en sorte de payer les conséquences de ses actes. Un homme était mort par sa faute. Peu importe qu’il est à ce moment-là, menacé sa mère. Peu importe qu’il cherchait à les tuer toutes les deux, elle l’avait tué. C’était un accident, un simple jeu du sort mais elle l’avait quand même tué. Et pour avoir trop cotoyé la mort, elle savait ce que ça faisait de perdre un être cher. Cet homme devait avoir de la famille quelque part. Sa famille devait la pleurer tout comme elle avait pleuré son père ou sa grand-mère.

« Donc, tu veux vraiment jouer le rôle d’un instructeur de Systema ? » lui demande-t-elle avant de reprendre : « Je peux te proposer quelque chose si tu le souhaites. L’association tend à se développer avec la contribution non seulement des membres qui la composent mais aussi, de ceux qui bénéficient de son aide. Il y a quelques gens qui ont décidé de rester tout en continuant d’être aidé ici en rendant des services : certains aident à l’accueil, d’autres donnent un coup de main en cuisine. Ils bénéficient à la fois de l’aide qui leur est apportée tout en aidant à leur tour… ce qui comme tu l’imagines est bénéfique pour tout le monde… »

Elle s’approche un peu et finit par reprendre :

« Je peux éventuellement voir avec les autres personnes de l’association pour te laisser disons une fois par semaine pour commencer une sale si tu veux donner des cours de Systema. Je ne garantie pas qu’il y aura du monde mais tu peux au moins essayer. Il y aura toujours quelques personnes intéressées… »

Surtout des femmes en réalité. Mais Charlie ne le précisa pas. Elle savait cependant que les femmes étaient probablement les plus vulnérable dans la rue. La fin de cette guerre arrangeait encore moins les femmes qui pour beaucoup, se retrouvaient parfois avec des enfants en plus de devoir s’occuper d’elles-mêmes. Inutile de parler du risque de viol dont elles étaient menacées. Charlie était persuadé, quand bien même elle savait qu’elle ne participerait pas à ses cours, que ça intéresserait des personnes.

« Qu’en dis-tu ? En échange, tu bénéficies d’un toit et de quoi manger et t’entretenir. On s’occupera aussi ensemble de toutes les démarches administratives pour ta rinsertion… et tu viens participer au moins une fois par semaine à une activité ici. Si ça n’est pas du théâtre, ça peut être de la danse, de la peinture, l’atelier d’écriture… bref, tu as le choix. »

Elle sourit avant de lui faire un petit clin d’oiel.

« Mais je te conseillerais le théâtre. Et sans jouer l’instructeur de Systema, c’est trop facile. »
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Message Re: Every time I close my eyes, it's like a dark paradise (Charlie)
par Micah D. Lawniczak, Sam 23 Mar - 19:44 (#)
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Je n'étais jamais monté sur une scène auparavant. Cela étant, je n'avais pas souvent eu l'occasion d'aller dans une salle de théâtre jusqu'à présent, quand bien même j'aimais lire des pièces de théâtre de temps à autres. Par exemple, j'avais lu Hamlet de Shakespeare juste pour ma culture personnelle. Le lecteur assidu que j'étais avait feuilleté bon nombre d'autres ouvrages, qu'ils aient été écrits par des auteurs moldus ou sorciers. De là à fouler les planches...je ne pensais vraiment pas que cela puisse arriver un jour. Pourtant, j'étais là, à faire le tour de la scène, m'appropriant l'espace comme si j'avais fait ça toute ma vie. Ma voix portait dans la salle vide, de manière assez impressionnante il faut bien l'avouer. Puisque un rien m'amusait, je pourrais parler pendant des heures, juste pour écouter la façon dont la voix des comédiens pouvait remplir tout l'espace, pour étudier ses propriétés acoustiques en somme. Cependant, l'heure n'était pas aux études scientifiques, l'heure était même assez grave. On parlait tout de même de morts, de perte de contrôle, de choses peu réjouissantes. Je n'avais pas besoin de beaucoup me forcer pour rentrer dans mon rôle d'instructeur, c'était comme si j'avais ça dans le sang. Je savais ce que c'était d'avoir des remords, de se sentir coupable, et j'étais tout simplement en train de lui expliquer que ça ne servait à rien de se laisser gouverner par ces sentiments négatifs. En mon for intérieur, je me disais que j'avais les mains trop sales pour regretter maintenant. Cela faisait bien longtemps que je m'étais engagé sur ce chemin-là, je ne pouvais plus faire machine arrière. Ça aussi, je l'avais dans le sang. Il fallait voir mon oncle, ce sordide personnage. Il réunissait tout ce que l'humanité avait de pire. Je m'interrompis quand la voix de Charlie s'éleva, après mon long monologue. Finalement, je m'étais vraiment écouté parler.

Elle avait une proposition à me faire, disait-elle. Je n'allais pas devoir me contenter de jouer un rôle d'instructeur en arts martiaux, je pouvais réellement être un instructeur. Bosser pour l'association, tout du moins, être bénévole. Donner un peu de mon temps libre pour aider les autres. Aider les autres pour s'aider soi-même. Est-ce que donner des cours pourrait m'aider à garder la tête hors de l'eau ? Je savais bien qu'un jour, je devrai reprendre le travail, gagner un salaire pour pouvoir survivre dans un monde où tout s'achète et tout se vend, mais pour le moment, je n'étais pas apte à travailler. Je devais me refaire une santé avant de songer à reprendre une activité professionnelle. Alors, pourquoi pas ? Oeuvrer pour l'association me donnera une motivation pour me lever le matin. J'aurai au moins la satisfaction de servir à quelque chose. Puisque je galérais à revenir à la vie civile après avoir fait autant la guerre, tant dans le monde magique que dans le monde moldu, donner des cours pouvait être une porte de sortie. Ce n'était qu'une béquille, en attendant d'aller mieux. Du reste, rien ne m'empêchait de rester quand j'irai mieux. De toute façon ce n'était pas mon genre de me servir et de me tirer comme un voleur une fois repu. Aussi, quand Charlie me dit que ce système d'entraide était bénéfique pour tout le monde, j'acquiesçai doucement. J'étais on ne peut plus d'accord, je me gardais même d'ajouter que je préférais vivre dans un monde où la solidarité était un principe fondamental, plutôt que de crever la gueule ouverte dans le caniveau, étouffé par un individualisme nauséabond.

Tout ce qu'il fallait retenir, c'est que cette proposition était très intéressante.
Même s'il n'y avait pas foule à mes cours, je pouvais au moins me consacrer à ces quelques personnes qui auront pris la peine de s'intéresser à ce que j'avais à proposer.
C'était même la moindre des choses.

L'arrangement me semblait honnête. Une fois par semaine, c'était raisonnable, je pouvais toujours dégager un créneau pour enseigner. Et si j'avais un imprévu quelconque, j'avais toujours la possibilité de reporter le cours. J'avais besoin d'un repère, d'un élément qui puisse me rattacher à une sorte de routine. Une bouée à laquelle m'accrocher pour ne pas trop partir à la dérive. Je ne m'aperçus pas tout de suite que j'avais arrêté de déambuler sur la scène, suspendu à ses mots. Quelque part, je me sentais touché par la proposition. C'était une chance qu'on me laissait, et il faudrait que je sois particulièrement idiot pour ne pas la saisir. En échange, je pouvais participer à une activité. Je fis une légère moue quand elle parla de danse, probablement parce que j'étais un danseur absolument exécrable, du genre vraiment mauvais. Toutefois, l'atelier d'écriture me tentait bien. J'eus alors une pensée pour les quelques vers jetés sur les pages d'un carnet que j'avais sur moi, bien planqué dans une poche intérieur de ma veste en cuir. Ce n'était pas du grand art, mais gribouiller ne serait-ce que quelques mots assemblés de manière à faire une phrase m'aidait à me vider la tête des trop nombreuses pensées qui la traversaient. Comme je le disais je n'avais aucun talent, d'aucune espèce que ce soit, cela avait une fonction purement utilitaire. Toutefois, je ris franchement quand elle me conseilla le théâtre, et sans jouer le rôle d'un instructeur en arts martiaux.

« Promis, j'essaierai de ne pas tricher. » Je me mordais la lèvre pour m'empêcher de rire, sincèrement amusé par ce trait d'humour. « Je ne suis pas sûr d'être un très bon comédien, bien que j'adore Shakespeare. Cela dit, à première vue, les ateliers d'écriture pourraient m'intéresser. »

Quant à la danse ou à la peinture, on oublie. Même si c'était une activité qui s'inscrivait dans un cadre associatif, je n'étais pas franchement disposé à me couvrir de ridicule. Je me passai une main dans les cheveux pour les ébouriffer.

« J'en dis que c'est une super idée. » dis-je enfin, redevenu soudainement sérieux. « Comme cela fait un certain temps que je n'ai pas pratiqué je serai probablement un peu rouillé mais rien qui soit vraiment insurmontable. » Voilà que je recommençais à faire les cent pas. « Je crois que j'aime ça, enseigner. Apprendre des trucs aux autres. Apprendre d'eux également. J'ai déjà tutoré des petits jeunes quand j'étais Auror. »

Pause. Je passais à nouveau une main dans mes cheveux blonds. J'étais vraiment très enthousiaste. J'eus une pensée pour Jill Peverell et Ezra Blackbird, deux apprentis Aurors avec qui j'ai eu l'occasion de travailler, avant que tout parte en vrille. Ça avait quelque chose de satisfaisant d'aider les autres à trouver leur voie. Qui sait, j'avais peut-être loupé ma vocation. Il n'était cependant jamais trop tard pour se réinventer.

« Est-ce que vous faites des journées portes ouvertes pour présenter toutes les activités que vous proposez ? » m'enquis-je alors, croisant les bras sur mon torse. « Je viens de réaliser que j'avais pas mal d'a priori sur certaines activités, et je voudrais bien assister à une ou deux séances pour me faire une idée du contenu. »

J'aimais bien avoir en mains toutes les cartes pour pouvoir faire un choix. Certes, je ne jouais pas ma vie, ni celle des autres en choisissant une activité au sein de cette association, mais je préférais avoir une vision d'ensemble de toutes les possibilités qui s'offraient à moi. .    
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