0 - Unknown.
"Aurea Greengrass."
Je lève la tête vers mon collègue qui classe une partie de nos recherches communes pour un entretient avec les Vampires d'Albanie, penché et concentré sur mon bureau. Sur mon calendrier, nous somme en octobre 81.
"Greengrass ?
- Yup. J'ai entendu qu'elle parlait bien. Et apparemment c'est pas que de la gueule. Elle sortait tout juste de Poudlard. Serpentards, tu t'en doute. Mais elle était déjà plutôt bien placée et vient d'intégrer le comité de défense des intérêts des Gardiens à l'internationale. Vous devriez bientôt être en très proche collaboration."
Je hoche la tête et me remets à classifier nos parchemins.
"Très bien."
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Meeting.
"Mlle Aurea Greengrass ? Je suis Adonis McLeod. Je suis l'assistant du directeur du département. Veuillez me suivre ?"
Un sourire. Je fais de mon mieux, pour n'est ni froid, ni mielleux, ni condescendant. Simplement courtois. Mais ma courtoisie n'a pas grand sens. Je ne le fais que parce que je veux que la conversation aille dans mon sens. Je reste une vipère. Quoiqu'il arrive. Je regarde cette femme. Elle a mon âge. Nous ne nous sommes jamais vraiment parlé avant. J'ignore ce qu'elle a entendu.
De moi. De mon frère. De ma famille.
De ma réussite scolaire et de mes échecs. De mes habitudes d'adolescents. A l'époque où je traînait dans le cercle d'Or masculin des Serpentards. Connivences de dortoirs. Les filles. A l'époque j'aimais les filles. Je m'en lassais vite.
J'aime toujours les femmes. Et un homme sans doute.
Peut-être qu'elle ne sait rien. Comme la plupart des gens. Et peut-être qu'elle s'en fiche. Ça m'arrangerait.
Elle est plutôt jolie.
"Voudriez-vous une tasse de thé après la visite ? Le directeur sera là dans un peu plus d'un quart d'heure si tout se passe bien."
Non. Elle est brune. Comme Delliha. Et mignonne, et digne ? Je transpose. Elle n'a sans doute rien à voir.
Je te regarde en face. Pendant une seconde vraiment, sans cesser de sourire. Et mon sourire devient, rien qu'une seconde, sincère.
Non. Elle est vraiment jolie. Et à le regard droit.
"Je vous souhaite quoiqu'il en soit la bienvenue. J'espère vous croiser plus souvent pendant nos réunions avec les Gardiens. Pour suivez-nous la même ligne que votre soeur ? Bien que nous ayons des visions différentes, je respecte beaucoup ses prises de positions."
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Choosen.
"Aurea Greengrass."
Je regarde mon père. Bien surpris. Je me souviens bien que ton nom était sur la liste et que les McLeod et les Greengrass étaient en discussion, mais je ne m'attendais pas à ce que soit toi, leur préférence, parmi toutes celles qui ont été sélectionnées.
"As-tu une autre préférence ?"
Mon regard se dévie de ma tasse de thé à la fenêtre du bureau de Père. Dans la cour des nerveux et des petits cousins se courent joyeusement après. Le soleil éclairé chaleureusement le bois de cette pièce un peu froide. Je fais le calcule dans ma tête.
"Non. C'est vrai qu'elle est au dessus. Elle a une fonction importante, des compétences, des valeurs et de l'ambition pour notre pays et les nôtres. Pour le monde je dirai même. Même sans son nom de famille elle aurait attiré mon intérêt.
- Peut-être pas au point de l'épouser.
- Sans doute pas."
Je souris. Regarde le ciel presqu'un peu trop radieux.
"Mais elle s'appelle Greengrass, et elle a toutes ces qualités là."
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Contract.
Dans le manoir familiale, nous accueillons les Greengrass. Les parents, et sans doute une soeur. Je reste un instant en bas des escaliers, avec ce même sourire. Je te regarde. Et au fond de mes yeux, tu dois savoir. Que tout ceci n'est qu'une chorégraphie. A mes yeux ce n'est pas un simulacre. Juste un rituel avec ses étrangetés et son utilité.
Une rencontré arrangée. Pour que nos familles se rassurent, et que nous commencions à tisser des liens. A savoir si l'on se plaît assez.
Tu es digne. Comme au premier jour.
Je suis faux. Comme au premier jour.
Je m'avance et tends ma main gantée de blanc, en attendant antenne poliment la tienne.
"Ravi de vous revoir, Aurea."
Et une fois ta main dans la mienne, je me penche, juste un peu, pour poser mes lèvres sur mon pouce sans te quitter des yeux. Je te rend ta main sans moins sourire. Avec douceur. Un genre de tendresse.
"Voudriez-vous voir le jardin ? J'ai honte à dire que la roseraie de mon manoir personnel fait bien fade figure face à celui de notre Maison Mère, mais je ne vous priverais de telle vision pour rien au monde."
Les parents sont ravis. Les miens. Les tiens. Je te donne mon bras. Nous tournons le dos à nos géniteurs et je te fais sortir du grand hall des McLeod dont je n'occupe plus, depuis un moment déjà, la seconde aile.
Il y a des enfants comme il y a des oiseaux, chez nous. Des tous petits et des moins jeunes nous regardent, certains ont le culot de siffler, et un me demande presque innocemment si tu es ma fiancée. Je ne me départie pas de mon sourire.
"Let the lady decide for that."
C'est comme un coup d'envoi pour une fête. Pendant qu'ils jouent à être heureux pour moi, je te conduis plus loin dans les jardins. Entre les murs de verdures et des roses blanches, nous trouvons enfin de la solitude, et à chaque pas sur le pavés je perds progressivement mon sourire.
Je suis bientôt un visage neutre. Sans doute un peu brut et froid.
Mais au moins ce n'est plus faux. Ce n'est plus un mensonge.
"Tout va bien pour toi ?"
Je me tourne vers toi. Et te laisse la liberté de lâcher mon bras si tu le souhaite.
Mon numéro de séduction ne t'était pas destiné. Tu es bien trop intelligente pour ça.
"Il y a un banc en pierre si tu le souhaite. Puis-je te tutoyer ?"
Mes yeux ne sont sans doute jamais vraiment posés sur toi. Fuyants ? Pas vraiment. Dénués d'intérêt pour toi ? Au contraire. Je n'ai pas envie d'imposer mon regard. Je le sais écrasant parfois. Alors j'essaie juste d'être aussi factuel et détaché que possible.
"On sait tous les deux ce que c'est. Je ne m'attends pas à ce que tu éprouves la moindre tendresse à mon égard. Ne te force donc pas."
Je n'ai pas envie de te mentir. Surtout pas si tu as accepté tout ça.
"Tu sais déjà ce que je vaux sur le papier. Si tu es là c'est que ça te convient. Héritier de la seconde Branche. De la part des Greengrass j'aurais cru qu'elles auraient choisi des hommes capables d'abandonner leur Patronymes."
Je te regarde pour la première fois droit dans les yeux. Sans sourire, sans mensonge. Tu n'as pas beaucoup changé. Je t'ai connue en collègue. Tu fais preuve de discrétion sur tes pensées intimes, sans jamais disparaître du devant de la scène.
"Tu sais ce que je suis, n'est-ce pas ?"
Une bête de travail. Un homme qui passe les rares moments hors de son bureau au quatre coins du monde, dans des restaurants avec les décideurs du monde magique de Grande-Bretagne, dans les soirées mondaines à promouvoir la fortune de sa famille, à gagner des titres, des propriétés, à spéculer sur le bien familiale et à consolider l'Empire dont il compte hériter.
On se demande quand est-ce que je dors.
Certains disent que j'ai le temps d'être un bon amant, entre tout ça. Rarement les mêmes.
"Je pense que nous pouvons faire beaucoup de bien à notre société ensemble. Mais je ne veux pas que tu t'attendes à ce que je tienne un rôle si nous avons une vie commune. Ni que tu ai besoin d'en tenir un. Nous avons tous les deux bien trop de travail pour nous le permettre."
Je souris pour la première fois sincèrement. Dans un soupire. Pour moi tout ça n'est sans doute encore que du travail.
"Mais ça n'empêche pas... que si tu as des désirs pour ta vie personnelle, tu es en droit de le demander. Alors parlons-en maintenant."
Une part du marché entre nous. Entre nos famille. Simplement nous convenir. Entre deux êtres humains.
Je fini par simplement retirer mes gants. Mes bagues ne couvrent pas encore tous mes doigts. Je les mets dans mes poches, et reste débout pour t'écouter. Ce que tu veux. Ce que tu cherches. Au delà de nos fortunes respectives. Les sacrifices que tu consens à faire. Ceux que tu attends de ma part.
Je veux vivre seul. Loin de cette famille nombreuse oppressante malgré sa chaleur solidaire. Je veux des enfants. Autant que tu me le permettras. Je ne précise pas le sexe. Si tu n'en veux qu'un, je n'exige pas que ce soit un garçon. Si tu demandes, je te dirai simplement que peu m'importe.
Un compte commun et des comtes personnels à Gringotts. Une obligation de fournir le compte commun, sans minimum ou maximum, et de se concerter mutuellement en cas de retrait ou d'achat sur ce dernier. Pas de droit de regard sur les comptes personnels.
Manger ensemble. Deux fois par semaine.
Il y a une place pour toi dans mes chambres. Une chambre séparée. Pour toi seule. Ton espace personnel. Je n'irai pas sans y être invité.
C'est un contrat. Et rien de plus à mes yeux.
"As-tu un amant ?"
Il n'y a pas de jugement dans ma voix, ni même dans mes yeux. Je ne suis que factuel.
"Prévois tu de garder contact avec lui ?"
Peu importe ta réponse, je ne réagi pas vraiment. Je semble vraiment juste faire des calculs dans ma tête.
"Si tu couches avec, j'aimerais que tu me le dises. On attendra un peu avant d'essayer d'avoir un enfant. Aussi longtemps que nous sommes honnêtes l'un envers l'autre, je ne te blâmerai pas. On a tous les deux une vie. Je ne suis pas idiot au point de croire que tu peux tout effacer aussi facilement."
Je te fixe. Tu es lucide. Très lucide. Et parce que c'est une chance, je refuse de te mentir. Je m'avance bien en face de toi.
"Tout me convient pour ma part."
Je pose un genoux à terre et prends ta main dans la mienne. Je soupire. Sans doutes mes épaules se détendent un peu. La tête baissé, comme un homme prêt à être adoubé.
"Je ne pourrai sans doute jamais t'aimer. Je ne te demande que du respect, et une confiance absolue. Je m'efforcerai de toujours faire de même. Être ton allier. De toujours te dire la vérité. De te rester fidèle. Tu sera la personne qui en saura sans doute le plus sur moi au fil des ans. La personne qui sera le capable de me faire le plus de tord et de mal."
Je redresse la tête et te regarde. J'essaie de lire ton regard, et aucun masque ne donne d'expression à mon visage. Je suis simplement cet être, sans doute un peu abîmé par des événements de ma vie que je ne peux pas te confier, qui a décidé de ne rien ressentir d'inutile.
"Je sais que la confiance ne peut pas se donner en l'espace d'un conversation. Mais si tu acceptes, saches que tu as la mienne, pleine et entière."
Nous manquons de temps sans doute. Pour construire cette confiance. C'est bien pour ça que je te laisse autant de portes de sorties. Que je te laisse autant d'autonomie dans ce contrat étrange.
"Aurea Greengrass. Me feriez-vous l'honneur de m'accorder votre main ?"
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Vows.
Tu es magnifique dans ta robe blanche. J'ai souris, parfois trop faussement, à ceux qui me présentaient leurs félicitations. Mais face à toi, il n'y a aucun mensonge. Cette face un peu grave qui t'accueille à l'autel est celle que tous mes proches me connaissent. Mon regard se balance. Entre toi et eux.
Mon frère. Benton Caïn McLeod. Ma soeur. Delliha.
Je me demande si tu peux comprendre. A quel point j'ai besoin qu'ils soient heureux pour moi. Et à quel point cela me coûte de me retourner vers toi et de serrer ta main plus fort.
S'émanciper. A travers toi.
Je te regarde. Je ne souris pas. Mais à travers le voile, je te regarde. Pour ce que tu es. Et mon coeur se serre.
Qu'est-ce que je suis en train de te faire ?
"Tu es magnifique."
Je ne m'empêche pas de la dire. C'est factuel. Je me tourne vers la personne qui est censé nous lier pour l'éternité. Aux yeux de tous sans doute, une éternité bien arrangeante. Arrangeable. Mais chacun des mots se grave profondément en mon âme. Et sans doute je réalise, mieux que quiconque et pour la première fois, la portée Autement personnelle de ce contrat.
J'échange avec toi un long regard. On demande à ce qu'on échange nos voeux. Lez miens sont préparés, mais moins pour te convaincre toi de mon amour inconditionnel que notre audience.
Je serai chanceux de te plaire ?
Foutaises. J'ai travaillé pour être un homme qui mérite l'admiration. Et tu le sais.
Chanceux de t'avoir rencontré ?
J'ai rencontré des centaines de femmes. J'ai aimé moins. Trié sur le volet toutes celles qui feraient de dignes épouses. Et je ne l'ai pas fait seul.
Tout est calculé. Gagné. Arraché au destin pour me propulser vers l'avant. Toi aussi. Je t'ai gagnée. Et pas encore complètement.
Mais les mots deviennent moins faux et plus forts. Parce que je le pense au fond.
"Nous vivons dans un monde qui n'est pas notre idéal. Mais je ferrai tout pour te le donner. Tu le mérites."
Je prends ta main. Un monde serein. Un monde où je pourrai te protéger. Protéger nos enfants. Je veux de cet avenir doré qu'on nous a vendu enfant. Et je ne vais pas l'attendre sagement.
La voix s'élève.
"Voulez-vous prendre pour épouse Aurea Pietra Greengrass, en ce jour et jusqu'au dernier, dans la santé et dans la maladie, dans la fortune et l'infortune, et jusqu'à ce la mort nous sépare."
Je te regarde. Tu deviens la seule femme au monde pour qui je ferrai jamais devant témoins cette promesse. Tu deviens celle à qui je prête serment. Et soudain tout est réel. Tout est enfin réel. Terrifiant. Affreux. Folie. Mais sans un sourire, et seulement un regard étrange, entre l'abandon et la tendresse, je souffle.
"Oui je le veux."
Et mon sort est scellé avec le tiens. En cette seconde je le pense vraiment.
Jusqu'à ce que la mort nous sépare.
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Noces.
Je te porte jusqu'à notre chambre dans le grand Manoir des McLeod. Aile secondaire. Je t'ai fait danser des heures. Nous avons parlé à d'autre bien plus encore. A ces autres qui par leurs félicitations ont rejoins l'empire, le plan en marche vers un avenir que nous voulons tous les deux. J'ai souris à tous. A toi seulement quand on regarde. Mais à présent on ferme les portes derrières nous et je te dépose enfin, mettant fin à l'ivresse.
En vérité, j'aurais voulu t'embrasser.
Mais nous sommes tous les deux debout, et je tiens encore ta taille. Je laisse glisser mon bras pour te laisser de l'espace. Je te regarde. Tu es magnifique. Tu es intelligente. Tu es mienne, et je suis tiens.
Tu es mon égale. Tu peux dire non si tu n'en as pas envie. Mais si tu te forces ? Si tu penses que c'est ton devoir ? Si tu penses que je le prendrait mal, que je refuses ?
Tu es mienne. Je suis tiens. Je ne devrais même pas me poser la question. Tu dois des enfants à mon clan. Ça fait parti du contrat.
Mais sans sourire, je te lâche pour seulement caresses ton bras. Comme timidement. J'ai couché avec trop de femmes. J'ai trop l'habitude qu'on me dise que tout est bien. Que je fais ça bien. Mais avec toi, au moins avec toi, je veux... je veux que tu saches que tu es mon égale.
"En as-tu envie ?"
C'est froid sans doute. Et pas moins froid dans le silence, quand je complète.
"J'en ai envie. Mais pas sans toi."
Pas si c'est pour faire de ce moment un mauvais moment à passer.
"Nous avons le temps."
Toute une vie. Et cela me rempli de joie, que nous ayons toute une vie. Toute ta vie pour être tiens. Toute ma vie pour te faire mienne. Je n'ai jamais eu autant de temps avec quelqu'un. Jamais eu ce sentiment que quoiqu'il arrive, tout ira bien.
La sensation que je ne suis pas en terrain à conquérir. Que je ne suis pas en train de me battre. Pas en train de jouer un rôle.
Je ne t'aimerais sans doute jamais. Mais je te respecterai. Toujours.
"... Aurea ?"
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Living.
"Non, si on fait ça, on va perdre la majorité sorcière. Même si les conservateurs sont en surreprésentation, une grande part du conseil ne veut pas de tension avec les communautés des créatures magiques."
Dans le salon, le thé refroidi. Dehors les fleurs ne sont pas encore fleuries, et les glycines fanees sont bien rangées dans les plafonds des arches. Je suis en face de toi, des milliers de papiers étalés sur la tables ou flottant au milieu de l'espace. Je pose ma plume. Et me réinstalle dans le canapé. Soupire.
"... je vais chercher le plateau d'échec. J'ai besoin d'une pause."
A côté de ma tasse de thé, il y a des bouteilles de cette fameuse potion qui garde éveillé.Tu m'as vu en prendre pendant 4 jours. Et la dernière fois que j'ai dormi, c'était avec cette autre potion qui nous réveille à l'heure choisie avec un minuteur.
Je me suis accordé deux heures. Et depuis c'est la première fois que je te dis que j'ai besoin d'une pause.
"Tu veux un thé ? Je vais demander à la bonne d'en refaire."
Je n'ai jamais eu, contrairement à toi, un elfe à qui demander ce genre de chose. Je ne m'adresse qu'à des humains.
Je reviens avec le plateau sorcier et le pose à côté de toi sur la table basse qui encadre ton siège. Je n'ai jamais besoin de regarder, ou rarement. Je retourne dans mon canapé et m'y allonge. Je ne me détends pas. Dans mes yeux fatigués, par l'heure avancée et le travail abattu, il y a toujours cette machine en marche. C'est comme un train lancé à toute allure impossible à arrêter. La seule chose je peux faire, c'est le dévier sur des problèmes moins complexes.
Et ralentir. Progressivement.
Je ferme les yeux.
"... tu n'as pas changé d'avis ?"
Je croise les mains sur le ventre et croise les jambes.
"Sur le secret magique."
Tu connais mon opinion. Tu le connaissais avant qu'on ne se marie.
Et je ne t'ai vraiment jamais forcé à me rallier. Je sais tes convictions. Et ça fait partie de ces choses que je m'efforce de respecter. Mais tu dois le sentir. J'aimerais un allier dans ce combat. Dans ce que j'appelle notre Honte.
"Prends les blancs."
Ça nous ressemble au fond. Ces instants un peu étranges.
Tu es ma femme. Ma collègue. Une collaboratrice. Une adversaire idéologique et une compagne du parti. Notre manière de dialoguer à toujours eu ce caractère... irréel.
C'est ma faute sans doute. Quand tu te montres trop femme ou trop intime, j'ai juste trop de mal à y croire. Quand tu fais preuves de passion, je reste terre à terre et froid. Je suis un frein aux rêves idéalistes. Je suis accrochés aux faits, et mes possibles sont classifiés et mathématique.
Ils sont rares, nos moments spontanées.
Mais au moins il n'y a pas de faux-semblants.
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Loving ?
Un baiser dans ta nuque. Une main sous ton sein. Je parcours ton corps, avec une douceur infinie.
Je connais par coeur le corps des femmes, mais le tiens je semble le re-découvrir à chaque fois. Je prends mon temps. Au point parfois que je ne me déshabille pas avant que tu n'aies les joues rouges d'un plaisir consommé. Je te regarde. Est-ce que tu le comprends ? Que j'aime le contrôle autant que j'aime ton plaisir ? Que j'aime cet instant ou te me laisse ta confiance, pour ce corps si digne et droit ? Il y a quelque chose de sacré dans ces instants.
Je ne vois plus personne d'autre. Du moins pas à ce que tu ne le saches.
Ce sont peut-être les seuls instants où tu peux croire que je t'aimerai un jour. Parce que dans ces moments, il y a ces secondes où nous ne sommes personnes d'autre que nous-même. Et que je te regarde avec des yeux d'homme qui aime. Qui aime sincèrement. Et qui veut que tu saches à quel point il te respecte.
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Miracle.
Enceinte.
Ce n'est pas censé être une surprise. Ce n'est pas censé être spécial. Nous l'avons planifié. Ce n'est pas plus dur que monter la fondation dont nous sommes si fiers ensemble. Ce n'est pas plus exceptionnel que de devenir les deux têtes montantes du Monde en Grande Bretagne. Pas plus que d'avoir accomplis des exploits dans nos rôles respectifs.
Mais je me suis arrêté. Quelque chose à vibré. Fortement. Follement. Quelque chose que je n'ai pas osé exprimé en te prenant dans mes bras et en t'embrassant à pleine bouche.
J'ai juste posé mes affaires. Arrêté tout ce que je faisais pour m'avancer vers toi et m'arrêter en face. J'ai regardé ton visage, puis ton ventre encore plat.
Est-ce le mien ?
Comment te sens-tu ?
Es-tu fatiguée ?
Tu veux quelque chose à boire ?
Tu devrais t'allonger.
Je prends tes mains entre les miennes et les amène à mes lèvres. Je les baise en silence et te les rend avec douceur.
"Félicitation."
Je regarde encore ce ventre et y déposé mes mains avec douceur. Mon coeur est traversé d'une vague de bonheur. Elle, mon patronus, chante une mélodie que je ne lui connaissais pas. Quelque chose d'unique auquel j'ai peur de m'abandonner. Cet enfant est un outil. Cet enfant est un soldat. Méfie toi. Ne t'attache pas. Ne t'écoute pas.
Mais je n'y peux rien. La sensation est belle. C'est la chair de ma chair.
Sans rien exprimer d'autre que fermer les yeux et me détendre entièrement, je souffle, à peine audiblement :
"Merci, Aurea."
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Tragedy.
"Ad."
Je tiens ta main. Je se souris avec douceur. Tu n'y croira pas. Je ne te souris jamais. Jamais comme ça. Comme si j'essayais de cacher mon malaise ou de te faire croire que tout va bien. Mais c'est plus fort que moi. Mais comme tu m'appelles en ouvrant les yeux, mon coeur se brise, et Elle chante le désespoir.
Quelque semaine plus tôt, je suis entrée dans une drôle de déprime, parce que j'avais tout et ne ressentait rien. Ce bébé à naître ne me dirait rien. Ma carrière au plus haut et mes ambitions sur le point de se réaliser ne me satisfaisait pas.
Vanité.
C'est ma Vanité qui nous puni. Et j'en veux à tous les Dieux de t'avoir entraînée dans mon châtiment.
Je resserre ma main dans la tienne. Et soudain ce sourire se déformé en quelque chose de glacial et d'effrayant :
"Aurea. Dis-moi qui. Je te jure que je te l'amenerai. Et si tu ne les tues pas, je les tuerai tous jusqu'au dernier dans cent fois ta souffrance."
J'ai failli à te protéger. J'ai failli à voir qu'on oserait te viser alors que tu portais la vie en toi. J'ai négligé de te faire suivre. De te suivre.
Tu allais tellement bien quand je suis partie, tu étais tellement radieuse.
Je suis la Vanité, et j'ai été puni.
Je ne suis que haine dans mon sourire. Que haine dans mes murmures. Dans ma main qui tremble et dans mon regard qui brûle d'un enfer de glace.
Et ce sont ces mots de haine pour le monde qui sont mes premiers mots d'amours.
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Unsaid.
J'attends que tu me le dises toi-même.
Je suis assis dans ta chambre. La paperasse s'accumule alors que ta chambre d'hôpital devient progressivement mon bureau. Tu as eu le droit à un peu de solitude. Tu en as encore. Il m'arrive, pendant deux jours, de ne pas être là pour revenir et ne plus bouger. Je dors ici. Je travaille ici. Pour les McLeod pour le ministère, pour la fondation. Mais je ne t'ai pas posé de question, plus jamais reparlé de tes agresseurs.
J'attends que tu me dises ce que les médecins m'ont déjà dit au prix d'excès de rage et de violence.
Un problème "hormonal". Ton corps à été affecté par la fausse couche et traumatisé par le Doloris. Tu n'es plus en mesure de me donner des enfants.
Pas sans des années de traitements. Et même encore, on est pas sur qu'on aura fait assez de progrès en potiologie pour que tu ne refasses plus de fausse couche.
J'ai pleuré, loin de toi, notre premier enfant.
Et à présent on doit choisir. Si nous laissons de cotes tous nos autres combats pour se perdre dans celui-ci. Si nous devons laissons nos ambitions de côté pour souffrir encore une décennie au moins durant. Pour un pion ? Pour que je puisse hériter ? Pour que tu sois reconnue comme une mère ?
Nous sommes tous les deux tellement plus que ça.
Mais pour en parler, il faut que tu me le dises.
Parce que si tu ne me dis rien, c'est que tu ne veux pas que je le sache. Pas que j'y pense. Pas qu'on y pense.
A cette option terrifiante et évidente.
Et en un sens, ne pas en parler m'arrange. La raison me pousserait a accepter. A ne garder que nous que cette confiance et cette amitié inconditionnelle.
Mais j'ai fait un voeu.
Et je suis terrifié.
Terrifié que peut-être, je ne sois plus tiens pour toujours.
J'ai été vaniteux et j'ai été puni. Au moment au tu me le diras, je t'aurais perdue.
Et je ne vois personnes d'autre accepter ce que je suis comme tu l'as fait.
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Mascarade.
Réceptions après réceptions. Dîners après Dîners. Réunions après réunions.
Tu me retiens et je te retiens. Mutuellement nous nous sommes confiés nos dos.
Habillés de noir, en deuil de l'enfant, je ne te parles jamais de ma poursuite de l'assassin. Tu n'as que ma parole, et je crois que tu n'as besoin de rien d'autre.
Tu seras vengée. Je me tiens dans ton dos. Et personne ne te feras plus jamais de mal.
Peu importe la vitesse à laquelle nos notaires et les trésoriers de nos familles respectives se sont jetés sur la curée de nos bien communs. Peu importe que le jour où nous signerons ce parchemin maudit qui mettra fins à nos voeux. Peu importe que les rouages d'une séparation nous fait de l'ombre, que des yeux voleurs s'en délectent.
Peu importe que tes affaires repartent progressivement dans le manoir des Greengrass.
Quand je retirerai cette alliance, rien n'aura changé à mes yeux.
Tu es là personne la plus digne qu'il m'ait été donné de vivre. J'ai donné ma parole devant témoins. Dans l'infortune et la maladie. Et j'ai la cruelle sensation que c'est moi qui ait insufflé la douleur et la faiblesse en ton corps.
Je ne te lâcherai pas. Jusqu'au dernier jour, jusqu'à mon dernier souffle. Tu as ma loyauté. Tu as mon amitié inconditionnelle.
Et quand tu feras le dernier pas hors de chez moi, rien n'aura changé. Tant que tu auras besoin de moi, je serai toujours dans ton dos, pour te permettre de regarder droit devant vers tes objectifs.
Comme toi tu le fais, non ?
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Melancholy, September 1984.
Je te tiens les épaules, face au couchant. Sur la terrasse du manoir où nous ne sommes que tous les deux, avec des serviteurs. Le jardin est fané et sans doute le peu d'amour en ton coeur, je crois.
Je ne saurai jamais si tu avais commencé à m'aimer, ne serait-ce qu'un peu. Et c'est tant mieux.
"Aurea, rentre. Il va faire froid. Le dîner est prêt."
Ma voix est douce, mais pas aussi forte que je le voudrais. Je ne les ai toujours pas retrouvé. C'est pour bientôt mais pas assez. Je ne t'ai pas retouchée depuis. J'ai peur de te salir.
J'essaie de lire ton visage. Mon patronus, au dessus de la maison, se désagrège et pleut en poussière d'étoile pour former la renarde blanche à nos pieds. Elle japerait tristement, si je ne l'en empêchais pas. A la recherche du tiens. A la recherche d'une raisonnable quelconque.
... j'ai tout gâché et je le sais.
Je te relâche et m'éloigne. Je me tourne vers la baie vitrée dans l'optique de rentrer à l'intérieur.
Je regarde une dernière fois l'extérieur. La beauté cruel de l'été qui se couche avec le soleil. Nous aurions du être heureux et au plus haut ensemble, ici.
A trois.
Ma main pour une fois sans gants se serre contre le chambranle de l'arche.
Nous étions trop proches. Trop proche du but. Mais mon visage reste de glace.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]- Coucou:
Tu es libre de répondre à n'importe quel passage, d'en ignorer ou d'en ajouter. J'ai terminé sur le présent en fin août début septembre.
Surtout si quoique ce soit te gêne, préviens moi pour que je change !