Il qualifie son enfance d'une époque paisible et heureuse, durant laquelle il ne s'attacha pas à la cuisante magie éphémère dont usait sa mère en l'absence de son père. Les rêves pleins la tête et des découvertes toujours plus anodines les unes que les autres. Il ne sait jamais soucié de quoi demain serait fait. Il s'enivrait de petits détails quotidiens et bataillait chaque jour en inventant de nouveaux jeux qui ne cessaient de provoquer des papillonements dans son ventre. Il s'amusait comme n'importe quel enfant de son âge, sans même savoir ce qui l'attendait. Il a toujours ressenti une famille soudée qui a formé un véritable cocon protecteur autour de lui. Il avait la sécurité de grandir dans un univers sain, au milieu d'un amour parental construit et solidifié par le temps, par les sentiments.

La magie ? Il n'en a eu que quelques prémisses durant son enfance. Des bribes de souvenirs qui ne se sont jamais vraiment rattachées, et qu'il a oublié entre sa conquête des fourmis et ses histoires de chevaliers anglais. Ce fut durant l'été de ses onze ans que son univers prit une tournure démesurément différente à celle qu'il avait entrevue depuis plusieurs semaines. Il reçut une lettre aux courbes magnifiquement dessinées par une encre à la couleur inhabituelle. Lorsqu'il l'ouvrit, il eût comme la sensation que ça allait changer indéniablement son destin. Il eût l'impression de ressentir une brise de vent lui caresser le visage, le contraignant à se fasciner davantage pour cette lecture qu'il eût du mal à comprendre. Sa mère s'attela enfin à une explication qu'il attendait sans doute depuis plusieurs mois, quand elle le berçait en lui disant que les changements arrivaient de façon imprévisible. Elle lui conta Poudlard tel qu'il était dans ses souvenirs. Elle lui décrivit le château, les pièces, la salle commune des Gryffondors avec un aspect chaleureux inexplicable. Elle lui parla des fantômes rôdant dans les environs. Elle lui présenta le choipeaux, la cérémonie de répartition et ce que ça engendrait une fois réparti dans l'une des quatre maisons. Elle lui montra sa baguette, des photos se mouvant dans un album. Adriel fut véritablement transporté dans un autre monde. Il se mit à rêver de ses amis, de sa maison, des cours et de tous ces sorts qu'il pourrait utiliser. Un rêve d'enfant qui allait devenir réalité en automne.

Lorsqu'il monta dans le train qui l'emmenait lui et les autres élèves en direction du château, il eût un pincement au cœur de devoir quitter sa mère après tant d'années passées à ses côtés. Mais il s’attela à profiter de cette nouvelle aventure, délaissant ses rêves pour enfin vivre une réalité certaine. Tout se passa très vite hormis le trajet qui dura des heures pour son impatience sans faille. Il goûta au commencement d'un monde magique avec des chocogrenouilles et des dragées aux goûts vraiment très étranges. Mais il en apprécia toutes les modalités, car celui, qui les avait inventées, ne manquait pas d'imagination. Tout comme lui. Le moment le plus attendu arriva devant des centaines d'élèves regroupés sur quatre tables. Son estomac se noua irrévocablement. La pression sanguine lui empourpra discrètement les joues. Les battements de son cœur heurtèrent avec violence sa poitrine. La nervosité était au rendez-vous comme le lui avait dit sa génitrice. L'instant fut de courte durée. Il eût à peine le temps de s'asseoir sur le tabouret, de sentir le choipeaux se poser sur lui pour qu'il détermine sa maison. Ce dernier le cria haut et fort. Les applaudissements l'assénèrent de part et d'autres, résonnant dans ses tympans comme les prémisses d'un changement supplémentaire dans sa vie. Désormais, il appartiendrait à quelque chose.

En deuxième année, il aborda l'idéologie de Voldemort comme un supplice infernal qui n'en finirait jamais de le tarrir de questions subtiles. Il ne les comprenait pas toujours, car il lui arrivait d'être un peu pataud. Mais son esprit s'est affiné et il a alors su comprendre la dimension utopique d'un monde où tous les sorciers seraient égaux. Influencé par de belles paroles, par de beaux projets, il céda. Oui. Il céda à cette envie de posséder une société uniforme. Mais en faisait-il seulement partie ? Comprenant que son esprit novateur ne lui permettait pas d'adhérer aux partisans, il flancha et se dessina un tout autre chemin. Ce serait lui le roi. Il allait détrôner cet être à la puissance inextricable pour prendre sa place et déterminer ceux qui en valaient la peine ou non. Depuis lors, il s'est laissé emballé par ses principes l'entourant sans arrêt. Alors que les années passèrent, Adriel s'est assombri devant la soif de réaliser les objectifs qu'il s'était lui-même fixé, se promettant de travailler autant qu'il le faudrait pour les réaliser, les accomplir. Il changea. D'autant plus lorsqu'Hadès surgit de ses Enfers pour exister à ses côtés. Il était en dernière année de son cursus primaire lorsque ça arriva. Il eût vite fait de supporter ce berger allemand envahissant qui lui permettait de se confronter à ses propres pensées pour une meilleure réflexion.

Redbird a entamé sa première année en justice magique et s'apprête à aller en deuxième année à la rentrée prochaine. Pourquoi a-t-il fait ce choix d'étude ? Tout simplement parce qu'il va pouvoir accéder au Ministère de la magie. Grimper les échelons pour casser la hiérarchie. Son projet suit son cours avec lenteur. Sa mère ne comprend pas ce qui l'a poussé à adhérer aux principes de Voldemort. Elle ne reconnaît son fils qu'en partie, ce qui a tendance à créer des tensions lorsqu'ils se retrouvent durant les vacances. Les disputes éclatent. Les avis divergent. Mais il prête une foi sans faille à ses pensées et poursuit sa soi-disant destinée.