You're not a sad story.
Mes mains viennent saisir
des photos. Des photos de ma vie d'avant. De ma vie avec Tess, avec mes parents. Je glousse un peu, viens rompre le silence installé dans la pièce depuis plusieurs heures.
Cette vie me manque. Une vie bonne, où l'on me voulait tout le bien du monde et où Tess était éloignée de toute tentation. Ici, nous baignons tous les jours notre corps dans le péché.
Ici, je ne suis plus moi-même. Puis je trouve une vieille photo de celle qui aujourd'hui aurait été
ma seconde sœur. Je la cache promptement dans un cahier,
Tess ne doit pas savoir. Elle ne doit pas savoir que si je suis comme ça avec elle, c'est parce qu'une autre est morte. Elle ne doit pas savoir combien on a souffert avant son arrivée ; elle est trop naïve pour cela et il faut préserver cette candeur. Candeur délicieuse et riche en puretés que je lui envie.
Quelques photos de mes années passées à étudier le droit où rien n'est arrivée si ce n'est ma réussite sociale et la fierté de nos parents pour nous deux. Le départ de Tess fut prit en un cliché tremblant ; elle partait pour apprendre la sorcellerie et mes doigts tremblaient tant ne pas la revoir me chamboulais.
Et je ricane.Une photo de
mon fiancé. Celui que j'avais laissé derrière moi, que mes parents voulaient pour moi.
« Il est parfait, vous deviendrez le deuxième couple parfait Harper. » En quelques mois il pût m'embrasser. Malheureusement pour lui – pour nous – je partis rejoindre ma sœur avant qu'il ne puisse goûter au plaisir charnel que tout couple doit connaître après le mariage.
Je lève les yeux au ciel.
Pourquoi ? Pourquoi ces sentiments ? Mes poings se serrent, je tremble, prête à tomber.
Puis je prie. Mon cœur voudrait se sauver, je voudrais le vomir et rester là, la gueule ouverte, l'esprit de nouveau saint.
Mais rien n'y fait. Plus je prie moins j'y crois.
Plus je prie plus je l'aime. Le plaisir de franchir les interdits se fait fort ; rompre avec l'éducation que l'on m'avait donnée devenait une preuve de courage. Non pour moi, juste pour ce foutu
cœur. Ce cœur complètement défaillant que j'aurais mieux fait de revendre au marché noir. Je soupire et me lève ; plus je grandis plus je suis basse en ce monde. Aujourd'hui, je suis d'une bassesse record, que ce soit dans mes croyances, dans mes actes ou bien pensées. Rien n'est haut, rien n'est divin.
Tout es humain. Je suis semblable à cette société : dégradée, dégradante, prête à chavirer à la moindre occasion. J'ai beau avoir une sœur merveilleuse, une bonne famille, de bonnes études, je n'en suis pas moins pitoyable.
J'aime Ashley, j'aime cette conne, cette gamine qui cache bien son jeu. Et je lui crache dessus pour la tromper avec Dieu.
Dieu. Ce petit menteur. Ce petit joueur. Qui dictait ma vie, autrefois. Qui, désormais, prend une place floue, instable, dans mon cœur. Est-ce vraiment mauvais d'aimer, mon père ?
Est-ce vraiment mauvais d'aimer ?
Une femme.Un être humain.
Votre création.
Mon père.Mes membres tremblent, mon sourire assuré devient un rictus, mes joues deviennent des lacs. Je suis perdue,
déroutée, ici dans ce monde où la magie devient animaux.
Ici où une fille devient amour. Alors je regrette ce monde d'autrefois, stable, entourée d'un fiancé et d'une famille. Je regrette cet endroit où j'étais épanouie et où pensées n'étaient pas.
Car aujourd'hui je suis.
Et j'ai peur.
Tell me who you really are.