Isaac & Bérénice. « Maman, lis-moi la fin de l’histoire ! » Bérénice se retourna et soupira de lassitude en croisant le regard implorant de son petit garçon. Elle s’apprêtait à refermer la porte de la chambre lorsqu’il l’avait appelée. Bérénice enjamba les jouets éparpillés sur le sol pour s’assoir au bord du lit d’Isaac. Elle déposa un baiser sur son front et lui caressa la joue en remontant la couverture sous son petit menton. « Isaac, chéri, il est tard, tu dois faire dodo », déclara-t-elle avec douceur. Isaac fit la moue. « Demain ? », demanda-t-il, plein d’espoir. « J’essayerai d’y penser. Je te promets mon chaton », sourit Bérénice. Elle se leva du lit, observa son fils se blottir dans ses couvertures pendant qu’elle refermait la porte, et ébaucha un sourire avant de retourner à ses occupations. Quelques instants plus tard, lorsque Bérénice monta se coucher, elle aperçut une légère flaque de lumière sous la porte de la chambre de son fils, qu’elle poussa doucement. Isaac était plongé dans l’épais livre et n’avait visiblement pas résisté à l’envie de connaître la fin. « C’est comme ça que tu dors ? », demanda-t-elle, les bras croisés et appuyée contre chambranle de la porte. Isaac sursauta et rougit. Bérénice poussa un soupir avant d’ébaucher un sourire et de s’approcher du lit. « Depuis quand sais-tu lire ? », demanda-t-elle. Isaac haussa les épaules. « Je sais pas », dit-il simplement en refermant le livre après avoir terminé le livre. Bérénice secoua la tête en riant et posa de nouveau le livre sur la table de chevet. « Maman, pourquoi tu fais pas comme papa pour réparer les choses ou allumer les lumières ? », demanda soudain Isaac en se blottissant dans les bras de sa mère. « Comment il fait papa, mon chéri ? » « Avec sa baguette magique », répliqua le petit garçon. « Maman ne le fait pas parce qu’elle ne peut pas, mon chéri », répondit doucement Bérénice en caressant les cheveux de son fils. « Et moi ? Je pourrais un jour ? », demanda encore Isaac, plein d’espoir. « J’en suis sûre mon chéri. J’en suis sûre », sourit-elle en déposant un baiser sur son front. « Maintenant dors mon trésor ».

Isaac & Mia. « Je me demande encore comment je vais faire pour que mon cerveau recouvre sa forme normale », soupira Mia en secouant ses cheveux blonds. En cette fin d’après-midi d’examens, Mia et Isaac avaient résolu de réviser pour la dernière épreuve clôturant la session des ASPIC de leur dernière année à Poudlard. Mais très vite, la fatigue avait pris le dessus ils se contentaient à présent de bavarder, étendus sur l’herbe, leurs livres éparpillés autour d’eux. « Moi je doute de retrouver un cycle de sommeil normal », déclara Isaac. Mia se mit à rire et s’appuya sur un coude. Sa peau blanche et ses cheveux dorés détonaient sur l’herbe verte. « Bien sûr, c’est pas comme si tu étais super doué, monsieur le Préfet », se moqua gentiment Mia. Isaac tourna la tête et croisa son regard bleu. « Ca ne veut rien dire. On peut être hyper doué et se vautrer  l’examen », répliqua-t-il. C’était certainement sa plus grande crainte ; il savait qu’il avait les capacités pour s’en sortir haut la main, mais il redoutait toujours d’arriver à son pupitre et que son cerveau ne soit plus qu’un immense récipient complètement vide. « Isa, ça va bien se passer, tu es l’un des meilleurs », le gronda Mia. « Toi aussi, et tu stresses quand même », rétorqua Isaac. « N’importe quoi. Je ne stresse pas parce que je sais que si je ne me souviens de rien je pourrais toujours faire du gringue à l’examinateur », minauda Mia. Isaac éclata de rire. Il ne doutait pas un seul instant que sa petite amie en soi capable ; avec une mère Vélane, Mia était la plus belle de Poudlard, sans comparaison possible. « Tu sauverais ma tête ? », sourit-il en riant. Mia se pencha pour déposer un baiser sur ses lèvres. « Bien sûr. Il comprendra même si ça lui brisera le cœur », reprit-elle en riant. Elle se mit à jouer avec la bague qu’elle portait depuis quelques semaines à l’annulaire. « On va réussir. C’est dans le programme, Isa », acheva-t-elle. Isaac haussa un sourcil. « Le programme ? » « Oui, le Programme, répéta Mia en marquant la majuscule. C’est même la troisième étape ». Isaac se redressa. « Ah oui ? Et c’est quoi les autres ? », demanda-t-il en souriant. « La première, intégrer Serpentard. La deuxième, être la meilleure. La troisième, réussir mes ASPICS avec mention. La quatrième, rencontrer l’Homme de ma vie. La cinquième, l’épouser, énuméra-t-elle. Et bientôt, je vais pouvoir cocher toutes les cases ». Isaac se mit à rire. Mia l’aimait, il aimait Mia. La vie était belle.

Isaac & Mia (bis). « Mia, Mia reviens ici ! » « Je ne veux plus que tu m’approches, Isaac. C’est fini, tu l’as dit toi-même ! », ragea la jeune femme. Anna-Milena « Mia » Fortescue ouvrit la portière arrière de la voiture et déposa dans le siège arrière le petit Jaël, âgé de dix mois, qu’elle sangla en une demi-seconde avant de claquer sèchement la portière pour ouvrir celle du conducteur. Isaac avait dévalé les marches du perron de la maison et s’était précipité vers la voiture. « Tu peux pas partir comme ça Mia, c’est mon fils ! », s’écria Isaac en retenant la portière. « Et c’est ma vie que tu as foutu en l’air ! », répliqua Mia en plongeant son regard glacial dans ceux de son futur ex-mari. Elle tenta de tirer la portière, en vain. « Et ma vie, à moi ? Tu m’as trompé, moi je n’ai fait que recouvrer ma dignité, explosa Isaac. Tu n’as pas le droit d’emmener Jaël, c’est mon fils, autant que le tien ! » Il n’en revenait tout simplement pas. Il avait toujours vu en Mia la femme de sa vie. La femme séduisante, charmeuse, envoûtante, sûre d’elle et intelligente. Il l’avait rencontré pour la première fois dans la Grande Salle de Poudlard, à la rentrée de sa quatrième année. Il ne l’avait encore jamais vue auparavant, et s’était surpris à regarder avec passion cette jolie blonde qui faisait partie des Serpentards. Moins d’un mois après l’obtention de leurs ASPIC, Isaac et Mia se disaient « oui » en se jurant amour et fidélité. Mais jamais, au grand jamais, Isaac n’aurait pensé que leur mariage se terminerait ainsi. « Tu peux pas emmener Jaël », répéta Isaac. Mia le dévisageait, féroce. Il y crut. Oui, il crut sérieusement qu’elle allait descendre du véhicule, le laisser prendre Jaël, s’excuser de lui avoir fait du mal, le supplier de rentrer à la maison. « Va te faire foutre, Isaac. Tu as voulu divorcer en connaissance de cause », riposta-t-elle froidement. Elle arracha la portière des mains d’Isaac et la claqua violemment avant de démarrer en trombe. Isaac observa la voiture traverser la rue à toute allure avant de tourner à gauche à la première intersection. Impuissant, il alla se laisser tomber sur les marches du perron. Il pouvait compter sur Mia pour qu’elle mette tout en ordre afin de ruiner ses espoirs de revoir son fils un jour.

Isaac & Nina.« Nina… Ouvre cette porte », soupira Isaac en cessant de frapper à la porte. Il posa son front contre la porte en désespoir de cause. « Nina, ça fait des heures que t’es là-dedans. Ouvre la porte ou je te jure que je l’enfonce », menaça-t-il en tambourinant à nouveau sur la porte. Dans un premier temps, il ne se passa rien, et Isaac commençait à envisager sérieusement l’hypothèse de mettre sa menace à exécution. Puis il entendit des bruissements de tissus et enfin, la porte s’ouvrit de quelques centimètres, suffisant pour entrevoir le visage pâle et les yeux rouges et gonflés de larmes de sa petite sœur. Cette simple vision lui souleva le cœur et il éprouva une telle rage contre le responsable de son malheur qu’il eut envie de sauter dans sa voiture pour lui pulvériser le visage – et pourquoi pas une autre partie anatomique réservée à la gente masculine. « T’es content ? Tu m’as vue ? », riposta Nina en tentant de bloquer la porte pour empêcher son frère d’entrer dans la pièce. Peine perdue, en un coup d’épaule, Isaac s’engouffra dans la chambre plongée dans une semi-obscurité. Nikolina-Rose « Nina » Ashtray s’assit sur le lit, le dos voûté, les cheveux dans la figure, bientôt rejointe par son frère, qui passa un bras autour de ses épaules. La jeune fille se laissa aller contre son épaule, bercée comme une enfant. Après de longues minutes sans rien dire, Isaac finit par rompre le silence. « Nina, ce mec c’est un blaireau. Il vaut pas la peine de te mettre dans des états pareils ». Nina ne répondit rien. Elle avait le droit d’être malheureuse. Elle avait quinze ans, était amoureuse et désespérée. Alors oui, elle avait le droit d’être malheureuse. « Tu dois préparer tes affaires pour la rentrée », ajouta Isaac avec douceur. Nina poussa un soupir. « Tu seras là pour me coller, j’en suis sûre », bougonna-t-elle. Son frère se faisait un devoir de veiller sur elle ; enfin, veiller selon lui se résumait à l’observer et à fliquer ses connaissances. « Et Jaël ? », demanda-t-elle d’une petite voix en se redressant. Isaac se crispa imperceptiblement. « Je… C’est en cours », murmura-t-il. Mia et Nina étaient amies depuis qu’Isaac les avait présentées, et Nina avait depuis lors perdus tout contact avec son amie et belle-sœur. « Je suis certaine qu’on te rendra ton fils », affirma-t-elle. Elle lui planta un bisou sur la joue. Toute à sa joie de remonter le moral de son frère, elle en avait oublié ses propres malheurs adolescents. C’avait toujours été ainsi, entre eux. Fusionnel.

Isaac & Jaël. « Jaël, trésor, viens par-là », soupira Isaac en se penchant pour soulever le petit garçon qui s’était enfui à quatre pattes en direction de la cuisine. Il hissa le petit à la hauteur de son visage et lui sourit. Son fils avait les yeux de sa tante Nina, il en était convaincu. Jaël le regarda en babillant et Isaac le serra contre lui. Depuis une semaine il avait arrêté de dormir dans l’attente de voir le jugement rendu et son fils soustrait définitivement à sa garde. Mais contre toute attente, le juge avait conclu qu’Isaac présentait d’avantage de garantis de sûreté que son ex-femme. Avec son emploi à Poudlard, il avait gagné un échelon sûr qui lui avait permis d’obtenir la garde totale de son fils. Après l’audience, il avait tenté de parler avec Mia, mais elle s’était contentée d’embrasser son fils dans ses bras, de le tendre à son ex-mari et de quitter la salle sans se retourner. Il aurait pourtant voulu lui dire qu’il n’avait pas voulu tout ça ; en dépit de l’humiliation qu’elle lui avait fait subir par cet adultère, il aurait voulu lui dire qu’elle pouvait venir voir Jaël quand elle voudrait. Au final, tout ce qui l’importait, c’était qu’il ne finisse pas privé de son fils adoré. Jaël était presque tout pour lui, lorsqu’il était encore dans le ventre de sa mère ; après le divorce, il était devenu tout véritablement pour son père. Lorsqu’il repartit s’assoir dans le canapé du salon, son fils sur les genoux, et après avoir faillit briser sa baguette en s’asseyant dessus, il remarqua que la pendule déconnait. Dans un soupir il agita sa baguette. « Reparo », dit-il simplement. Les aiguilles se mirent à tourner de plusieurs heures avant de se stabiliser à l’heure correcte. Jaël contempla avec émerveillement l’objet de bois que son père tenait à la main et il laissa les petites mains potelées du bébé s’approcher du bois. « Toi aussi un jour tu en auras une », sourit-il en déposant un baiser sur le front du petit.