17 y.o. ϟ 7ème année ϟ Inséparable de Fischer et Oie blanche ϟ Sang-mêlé
Moa c’est une jeune fille banale, elle n’est pas forcément populaire, mais elle a des étoiles dans les yeux quand elle sourit et comme elle sourit souvent, c’est tout un ciel étoilé qu’elle transporte au quotidien. Elle a l’air un peu frêle parce qu’elle frôle les murs quand elle passe dans les couloirs et qu’elle est seule, elle cherche pas les problèmes Moa. Elle est pas en quête de la paix non plus parce que la sienne elle l’a déjà trouvée, il est plus haut qu’elle d’une tête et il s’appelle Kaïs, c’est sa petite paix durant cette grande guerre. Elle ouvre toujours de grands yeux et scrute tout ce qui l’entoure parce qu’elle est curieuse, elle s’émeut –un peu trop facilement, c’est vrai- de tout et elle est persuadée que le monde est beau. Ce qu’elle a vraiment de la peine à concevoir, c’est que quelqu’un puisse être profondément méchant parce que c’est une rêveuse, une grande rêveuse qui idéalise le grand amour avec une belle armure, perché sur son cheval blanc. Elle essaie d’être drôle mais elle n’y arrive pas toujours, elle n’est pas méchante Moa, juste maladroite et parfois elle a la délicatesse d’un éléphant dans un bol de porcelaine. Elle ne réfléchit pas toujours à ce qu’elle fait non plus et renvoie une belle tête d’écervelée parfois, mais elle est impulsive, elle suit ses premières impressions, ses envies du moment et parfois ça la dessert. Moa, c’est cette jeune fille qui arrive en trottinant dans les couloirs et qui se met au milieu de la conversation sans s’imaginer qu’elle puisse être privée, celle qui arrive en chantonnant, énergique comme une secousse de Californie. Elle s’enthousiasme trop facilement, se lance tête la première dans tous les défis qu’on peut lui lancer parce qu’elle aime beaucoup jouer, qu’elle dégage une dose de malice ingérable. C’est cette fille attachante que l’on peut trouver insupportable tellement elle respire la vie. Elle n’a peur de rien, parce que c’est l’audace qui la guide Moa. Parfois, elle est distraite, elle pense à d’autres choses ce qui fait qu’au final, elle est assez lunatique, mais elle se rêve un monde parfait, son monde à elle. Grande passionnée d’art, elle est un peu « touche à tout », elle joue du piano depuis sa plus tendre enfance et compose aussi, quand elle en a le temps, très mélomane elle essaie de chanter aussi parfois, mais c’est pas vraiment son point fort, alors elle le fait pas trop. Dévouée elle offre tout ce qu’elle a sans jamais rien demander en retour, elle mêle attention tolérance et tendresse dans un doux mélange d’amitié. Moa elle a cette fougue des enfants perdus, cette insouciance à jamais volée et c’est pour ça que beaucoup de personnes la jalousent. Trop bavarde, quand elle part dans un discours, on ne peut plus l’arrêter, vous direz bonjour, elle dira le reste parce qu’elle est comme ça, trop expressive, trop heureuse de pouvoir discuter. Elle est trop naïve, Moa, elle croit tout ce qu’on lui dit et tombe très vite amoureuse, elle a beaucoup souffert de tout ça mais elle n’est pas du genre à s’endurcir parce qu’elle est douce, parce qu’elle est docile et trop optimiste et qu’elle croit toujours que les choses s’arrangeront d’elles-mêmes. Elle possède une grande émotivité et est sensible à tout ce qu’elle voit, tout ce qu’on lui dit et quand elle pleure Moa, c’est des perles salées d’orage tropical qui s’abatte sur son oreiller. Elle déteste avoir à choisir entre plusieurs personnes parce qu’elle est toujours soucieuse de ne blesser personne, c’est dans sa nature, elle veut plaire à tout le monde. Elle a toujours besoin d’être rassurée et c’est la peur au ventre d’être encore une fois abandonnée qu’elle avance, d’être guidée aussi elle a besoin souvent, elle est influençable et se laisse souvent marcher sur les pieds. Ce qui la rend mal, c’est la monotonie, elle a besoin de voyager, de rencontrer de nouvelles personnes, de vivre la vie à 200 à l’heure et souvent elle se retrouve nez à nez avec des situations qu’elle aurait préféré éviter. Elle casse toujours tout, tombe dans la rue parce qu’elle est étourdie et qu’elle ne sait pas faire attention mais c’est pas pour autant qu’elle désespère Moa, son rêve c’est d’être joueuse de Quidditch professionnelle et elle y’arrivera coûte que coûte parce qu’au final, y’a que sur un balai qu’elle est capable de tenir en équilibre. C’est sur un fil qu’elle trace sa vie Moa, quand elle aime, elle aime de tout son cœur et quand elle hait, c’est de toute son âme, elle prend le risque de se briser, elle est fragile. Mais elle y’arrivera parce qu’elle y croit, elle y croit tellement qu’elle s’y perd parfois. Elle essaie de temps en temps d’être méchante quand elle est blessée mais elle s’en veut de n’être pas crédible. Elle est amoureuse, amoureuse de la vie, amoureuse de la magie et de l’art. Tout ce qu’elle entreprend dans la vie, elle ne le fait pas uniquement pour elle, elle le fait aussi pour lui, pour Kaïs.
Moa, c’est un champ de tournesol qui se réveille sous les douces caresses matinales du soleil, c’est la fougue d’un nuage d’oiseaux qui s’envole vers le Sud quand les jours se font un peu plus rudes. Moa c’est cette petite fille qui a grandi trop vite mais qui s’émerveille toujours des plaisirs simples de la vie, qui est heureuse en humant l’odeur sucrée des tartines le matin, qui s’assoit 3 heures avant le lever du soleil sur le balcon pour être sûre de ne pas louper et voir le ciel se tinter de rose. Moa, c’est la fraîcheur d’un soir d’été au bord de la plage, c’est la légèreté des pas d’un rat d’opéra. Elle est tout, comme elle n’est rien à la fois. Elle est la douce mélodie des coquillages au loin sous l’océan comme elle est ses vagues ravageuses qui s’éclatent sur les côtes en ne laissant derrière elles qu’une marée d’écumes. Moa ça semble strict parfois, alors, elle devient Eléa et ça glisse sous la langue, parce que c'est plus mélodique.
a little something from you.
« Tic il n’est gentil qu’avec moi et Kaïs, sinon il mord. Il aime beaucoup la méchanceté gratuite et le malheur des autres. Quand je lui dis que ce n’est pas bien de s’en réjouir, il me dit qu’il en a marre de me voir souffrir et que je devrais m’estimer heureuse que pour une fois ce ne soit pas moi qui souffre. Tic il me dit souvent que tout le mal que j’ai pu avoir à l’intérieur, c’est tout lui qui doit se le trimbaler parce qu’il est mon côté sombre et que moi je suis sa lumière. Tic il aime bien les conflits, il a du répondant et quand son bec est affûté c’est le plus terrible des combattants. Il est cynique, sadique et blessant souvent, mais il s’en fiche, il dit que ça lui fait du bien parce qu’il a trop longtemps été enfermé par mon trop plein de gentillesse. Je l’aime beaucoup Tic, parce qu’il donnerait tout pour moi et que je le sais et que s’il me provoque tout le temps, c’est parce qu’il en a marre que je sois gentille, qu’il veut que je laisse sortir cette partie meurtrie qui sommeille en moi et que je dise le fond de ma pensée sans passer par des détours pour éviter de blesser les autres. Il se moque souvent de moi parce que je suis naïve, mais je sais qu’au fond il m’aime bien parce que sinon, il irait pas remonter ma couverture avec son bec les nuits d’hiver pour m’empêcher d’avoir froid. » Tic est un inséparable de Fischer, tout comme Tac, celui du jumeau de Moa. Les deux jumeaux ont décidé de les nommer ainsi en se remémorant entre deux rires l’histoire merveilleuse des deux petits écureuils qu’ils ont souvent regardé durant leur enfance. Seulement voilà, à son apparition, Tic a donné une toute autre vision de la vie à Moa en essayant de lui imposer la sienne. Il est de sexe masculin et regroupe tout ce qu’il y’a de plus sombre en Moa. Il ne prend sa forme d’oiseau coloré que lorsque Moa ne pleure pas, quand elle pleure, il se transforme en une oie d’un blanc pimpant qui, à chaque instant ne cesse de lui rappeler à quelle point elle est naïve. D’ailleurs, c’est ce que lui répète Tic à longueur de journée : « Moa, tu es naïve et sotte comme une oie blanche. » Tic est farceur et souvent il a des idées loufoques. Il est, et de loin même, la mauvaise conscience de Moa, le petit diablotin posé sur son épaule qui la pousse à faire des faux-pas. Il lui lance à longueur de journée des défis tous les plus fous les uns que les autres auxquels la jeune sorcière s’empressent de répondre : « Cap, Tic. Tu me connais. » Le drôle d’oiseau sait pertinemment que le seul moyen de pousser Moa à faire quelque chose dont elle n’a pas envie, c’est de la défier et il y prend un malin plaisir.
Tell me who you really are.
ϟ pseudo et âge: Stauffy, Kiri, Grizzly, auchoix. 20 ans, depuis peu ϟ Où as-tu trouvé le forum? il est partenaire d'un forum où je suis déjà ϟ Personnage: Inventé, 100 %,avec l'aide de mon canard laqué :fitna: ϟ As-tu un autre compte sur BP? Nope ϟ Présence: 5/7 ϟ Une remarque? Pas encore, ça ne saurait venir.En vrai je suis pas chiante je rigole
Dernière édition par Moa E. Keegan le Sam 24 Aoû - 22:42, édité 6 fois
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Re: (Moa) ❀ flâner dans les champs, tresser des marguerites.
Il faisait chaud ce jour là, le zénith était au plus haut dans le ciel alors qu’une brise doucereuse caressait amoureusement l’herbe infinie qui s’étendait dans le parc du village. Des familles entière s’étaient munies de leurs plus belles nappes à carreaux rouges et blancs et ouvraient délicatement les paniers d’osier qui renfermaient les repas préparés minutieusement par quelques mères aimantes, décidées à passer un bon moment avec les leurs. Certains apprennaient à leurs enfants à faire du vélo sans les roues arrière, d’autres riaient, mais tous étaient terriblement agités en ce jour de fête. -« La fête de la nation » comme l’appellaient les vieux du village -tous, sauf ces deux bambins assis dans l’herbe, en tailleur, l’un derrière l’autre, ensemble toujours, tous seuls jamais. Ces enfants ne parlaient pas et pourtant se comprenaient à merveille, ils se connaissaient par coeur, ces enfants n’étaient pas deux mais un, en vérité. Kaïs peinait à défaire les nœuds de sa jumelle afin de tresser ses cheveux qu’il trouvait si beaux, Moa souriait. Elle était profondément heureuse, du moins, c’est ce dont elle essayait intimement –depuis malheureusement bien des années déjà- de se convaincre. Leur mère n’était pas là, d’ailleurs, elle ne faisait que rarement acte de présence, pour taire les mauvaises langues, les commères du village, celles qui parlaient toujours mais ne comprenaient jamais. Catherine était une femme sincèrement déçue de la tournure qu’avait pris sa vie et se maudit chaque jour d’avoir un jour rencontré Rod et de lui avoir fait ces deux enfants pour qui elle n'avait que la moindre affection. Il était resté, dans un premier temps, pour l’aider à payer les factures, à éduquer ces petits être qui bientôt deviendraient grands et puis un jour, il avait fait ses valises. Il avait certainement dû lui expliquer les raisons de son départ, à Catherine, mais elle n’avait jamais trouvé le courage, ou l’envie, d’en parler à ses enfants qui ont grandi avec cette terrible impression de ne pas en valoir la peine. Pas valoir la peine d’être aimés. Du moins, ce fût le cas pour Moa qui, bien plus que de mourir un jour, était tétanisée à l’idée d’être laissée pour compte à nouveau, une nouvelle fois. Une partie d’elle-même était partie avec lui ce soir là, avec ce père qu’elle n’avait que trop peu connu. Heureusement qu’elle avait Kaïs. Lui si tendre, lui si fort. « T’as les plus jolis cheveux du monde entier. » Il avait bâti autour d’elle une muraille, il lui avait construit un monde de toute pièce, un monde à deux, un monde plus beau. Sans lui, elle se serait très certainement éteinte, elle aurait laissé partir cette joie, autorisé sa peine à élire domicile en son âme. Mais il avait été là et il l’était encore aujourd’hui. Elle se laissait faire sous ces mains aimantes qui caressaient ses mèches rebelles. Là où il était minutieux parfois, elle était maladroite, là où il était fort, elle était faible. C’était ça son bonheur. Cette vie qu’ensemble ils s’étaient promis. La simplicité avec laquelle il la réveillait le matin, la complicité avec laquelle ils rangeaient leur chambre. Arrachant une pâquerette, à défaut de trouver une marguerite, elle commençait à en arracher les pétales : Il m’aime, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, pas du tout. » Affichant une moue déçue du haut de ses six ans, Moa se leva brusquement et défia Kaïs du regard de la suivre, ce qu’il fit, bien évidemment, en oubliant la mission qu’il s’était lancé quelques minutes auparavant, celle de tresser ces cheveux en pagaille. Elle riait et tournait souvent la tête afin de s’assurer qu’il ne la rattrapait pas, qu’elle était toujours devant, parce qu’au fond, elle avait horreur de perdre et qu’elle aimait la compétition. Elle courait. Elle courait vite. Du plus vite que le lui permettaient ses petites jambes déjà meurtries par l’effort. Posant sa main sur le tronc du vieux chêne, elle déposa deux perles pétillantes sur son aîné –d’une minute certes, mais son aîné quand même- « J’ai gagné. » avant de se tordre en deux afin de récupérer une respiration qui s’est faite bien trop saccadée pour être agréable. Après quelques minutes de récupération, la gamine toute excitée commença, tant bien que mal, à grimper à l’arbre qui lui faisait majestueusement face. Elle est comme ça Moa, aventurière et impulsive, elle ne se prive jamais de faire quelque chose dont elle a envie, jamais. Encore légèrement essoufflée, sans poser son regard vers le bas où se trouvait encore son frère, elle continuait son escalade : « Dis Kaïs, tu veux devenir quoi plus tard ? » Le jeune garçon sembla hésiter un instant, pas longtemps, juste le temps de reformuler la question dans sa tête et d’y réfléchir quelques secondes. « Bah y’a tout plein de métiers qui ont l’air vraiment bien. Mais je pense que si j’ai vraiment le choix je deviendrais….ouais je deviendrais dresseur de licornes. Et toi ?» Kaïs suivit alors sa cadette, ensemble jusqu’au bout du monde, ils se l’étaient promis. Et les voilà qui grimpaient, qui grimpaient jusqu’aux étoiles, à l'infini et l'au-delà. Moa se tut quelques minutes en continuant son ascension. Son second ne s’offusquait plus de ces moments d’absence devenus si fréquents, il n’en tenait plus rigueur et savait pertinemment que la réponse de sa sœur allait suivre bientôt, dans quelques minutes peut-être, mais elle suivrait. La fillette s’était perdue dans un monde qui ne lui appartenait qu’à elle, elle rêvait. Elle rêvait de plus tard. Elle rêvait d’un avenir. Voir le monde. Voyager. Voilà ce qu’elle voulait vraiment. Elle voudrait être libre, libre de faire ses propres choix et de vivre une vie singulière, une vie qui ne correspondrait qu’à elle. On lui avait déjà posé cette question une fois, à l’école, l’année précédente et elle n’avait su quoi répondre. Plusieurs métiers s’étaient tour à tour bousculés dans sa tête. Astronaute. Danseuse étoile. Pianiste. Peintre. Ecrivain. Joueuse d’échecs. Mais tous ces métiers ne lui permettraient jamais d’être libre, légère, inexistante comme la brume des matins d’été. Arrivée à la hauteur d’une branche qu’elle jugea assez grosse pour porter son poids, elle s’en approcha dangereusement sous les yeux perplexes de Kaïs qui savait à quel point sa sœur était maladroite, moins que lui, ou pareillement, mais il continua de la suivre, toujours. Elle avançait à califourchon et, arrivée assez loin, se laissa tomber en arrière et fini à cochon pendu sur la branche, à trois mètres du sol. « Plus tard, j’aimerais devenir joueuse de Quidditch professionnelle. Voler. Voler pendant des heures et des heures, être libre, comme le vent. J’aimerais être le vent. Je ferai des voyages, j’irai jouer dans des contrées lointaines et, à chaque fois que je partirai, je te ramènerai un peu de terre du pays que j’aurai visité pour que tu aies l’impression d’avoir toujours été avec moi. » Un instant. Un instant suffit à faire valoir sa maladresse et la voilà qui dégringolait dans les airs. Kaïs n’a que le temps de pousser un « oh » étonné avant la collision de son corps lourd contre le sol dur. Elle était là. Par terre. Moa ne bougeait plus. Elle respirait, difficilement certes, mais elle respirait. Le temps semblait s’être arrêter autour d'eux et, quand elle ouvrit à nouveau les yeux, elle était déjà à l’hôpital entourée d’Henry, son beau père et de Kais qui serrait très fort son doudou préféré, celui qu’elle laissait toujours sous son cousin pour que le monstre du placard ne le lui vole pas pendant qu’elle n’était pas là. Ce fût Henry qui prit la parole le premier : « Avant que tu ne poses la moindre question ma puce, ta mère est fiévreuse, c’est pour ça qu’elle n’est pas à ton chevet aujourd’hui. Elle aurait voulu tu sais, vraiment. Tu vas bien ? » Il mentait, Moa en avait l’intime conviction. Sa mère n’éprouveait aucune affection à son égard, ni pour son frère d’ailleurs, elle s’était aigrie avec les années et se serait débarrassée de ses enfants en les envoyant dans un pensionnat en Suisse si Henry ne l’en avait pas empêché. Il était arrivé dans la vie de Catherine alors que ses enfants étaient âgés de 5 ans et s’était très vite attaché à eux, à elle. Ils étaient tombés éperdument amoureux l’un de l’autre et, secrètement, Moa avait toujours espéré qu’un jour il lui offriraient une petite sœur, une petite poupée de laquelle elle pourrait s’occuper. Elle ne vint jamais. Encore abasourdie par sa chute, la fillette regardait autour d’elle avant de remarquer que son bras était prisonnier dans un plâtre blanc. Elle ouvrit de grands yeux avant de s’écrier, enthousiaste : « Regardes c’est trop cool. J’ai un plâtre, on va pouvoir dessiner dessus. Je veux que tu sois le premier, dépêches, après c’est moi qui dessine une sauterelle. » Kaïs s’approcha avant de déposer la peluche à côté de sa sœur , sur l’oreiller, et de s’emparer d’un stylo noir. Il dessina des papillons. Après quelques instants, Moa se rendit compte de son impolitesse : « Oui, ça va bien Henry, merci beaucoup. Mon bras est encore un peu douloureux mais ça aurait pu être pire. J’aurais pu perdre une dent et avoir un gros trou dans la bouche. Décidemment je préfère vraiment que ce soit le bras.» Elle aime plaire Moa, c’est pour ça qu’elle aurait très mal supporté d’être défigurée. Un bras emplâtré n’était rien à côté du fait d’être prise pour la risée de toute une classe parce qu'il lui manquait une dent. Finalement, elle s’en était plutôt bien tirée et ne remit pas une seule seconde ses priorités en question. Elle savait à présent ce qu’elle voulait. Devenir une professionnel du vol sur balais, une batteuse, une poursuiveuse, pourquoi pas une gardienne, mais elle ferait du Quidditch. Qu’importe sa maladresse, son ambition n’avait d’égal que sa naïveté, elle y arriverait coûte que coûte. Un jour, elle serait sur les grandes affiches qui surplombent le Chemin de Traverse pour annoncer les prochaines confrontations entre les grandes équipes du monde sorcier. Elle réaliserait ses rêves, tous ses rêves, et une fois qu’elle aura atteint ses buts, elle fera tout pour exaucer ceux de son frère. Pour qu’il soit heureux lui aussi. Pour lui rendre tout ce bonheur et toute cette force qu’il a réussi à lui offrir au quotidien tout au long de cette année difficile, cette année qui pour elle avait été interminable, cette année où le souvenir de son père s’était fait plus fort, cette année où le manque s’était fait ravageur. Il lui manquerait toujours quelque chose, cette parcelle d’elle-même que son père lui a ôté, mais jamais, ô grand jamais elle ne se laissera sombrer dans les abîmes. Dans la vie, la plus grande arme dont elle dispose, c’est son sourire. Sourire pour vivre. Sourire pour exister.
Une fenêtre grinçait un courant d’air glacial traversa la chambre sans donner le temps aux enfants médusés de réagir. Une porte claqua. Ils se bouchèrent les oreilles parce qu’ils savaient que ça allait arriver mais ne savaient pas quand. Ca fit du bruit, l’appartement vibra. Un regard l’un pour l’autre en levant les yeux de leur partie d’échecs, ils savaient que ce qui allait suivre était bien pire qu’un caprice du vent, ils étaient totalement conscients que dans quelques instants, c’était une véritable tornade qui allait leur tomber dessus. Ils se hâtèrent de faire un peu d’ordre dans la chambre, parce que leurs habits se mêlaient en de joyeuses pyramides et que concrètement, ça risquait de ne pas arranger leurs affaires. Des pas résonnèrent dans l’escalier. Elle arrivait et, c’est sur les talons qu’elle marchait, inconsciemment, elle donnait un aperçu de sa colère que les deux enfants interprétèrent tristement. Quelques secondes suffirent aux deux bambins pour se rasseoir devant leur partie après avoir poussé tous leurs habits sous les deux petits lits en bois d’ébène qu’ils habitaient chaque nuit. Ça allait chauffer et ils n’étaient pas impatients. Ils appréhendaient. La porte récemment fermée à cause du vent s’ouvrit à la volée et laissa apparaître une femme aux traits fatigués et aux longs cheveux bruns qui tombaient sur ses épaules carrées. Henry n’était pas là, il était en voyage d’affaire et comme à chacune de ses absences, elle se laissait dépérir, après tout, que pouvait-elle faire d’autre alors qu’elle se retrouvait seule, seule avec les plus grands regrets de toute sa vie. Pourtant, Moa la trouvait toujours magnifique et malgré toutes ces reproches, malgré sa froideur quotidienne, elle ne pouvait s’empêcher d’être intimement persuadée que sa mère était la plus jolie femme du monde et elle l’aimait. Elle l’aimait tellement fort qu’elle aurait été prête à tout faire, tout donner pour recevoir ne serait-ce qu’une parcelle de tout cet amour. Elle essayait par tous les moyens de rendre sa vie plus aisée, quand elle l’entendait sangloter le soir, elle lui faisait un thé au jasmin en sachant très bien que c’était son préféré, quand Henry n’était pas là, elle lui amenait le petit déjeuner le matin pour ravir son cœur de quelques sensations chaleureuses. En vain. Malgré tous ces efforts, elle n’obtenait de sa mère que du mépris, parfois un peu d’affection peut-être, quand Noël venait frapper à la porte, mais ceci était rare. Très rare. « Combien de fois devrais-je vous dire de fermer la porte de votre chambre quand vous jouez. A chaque fois c’est la même rengaine, vous n’en faites qu’à votre tête et après, c’est à moi de ramasser les pots cassés, à moi d’expliquer aux voisins que ça n’arrivera plus tout en pensant sincèrement que, peut-être un jour, vous prendrez en compte ce que je vous dis et… » Catherine n’eut pas le temps de terminer sa phrase avant que Moa ne réplique, penaude : « C’est de ma faute maman, Kaïs n’a rien fait, j’avais besoin d’aller aux toilettes et j’ai oublié de fermer la porte, j’irai m’excuser auprès des voisins. » Elle mentait. Kaïs le savait. Elle mentait pour le protéger, pour ne pas qu’il prenne lui aussi. En vérité, ils avaient ouvert la porte ensemble justement pour faire courant d’air parce qu’il faisait trop chaud et que Moa détestait quand ses joues s’empourpraient à cause de la chaleur. Elle rougissait vite, Moa, dans toutes les circonstances possibles et imaginables : quand elle avait chaud, quand elle avait froid, quand elle était gênée, quand elle avait fait du sport, quand elle était énervée, quand elle pleurait et quand elle riait aussi. Une fois, une camarade de classe l’avait même comparée à une toile vivante tant ses joues changeaient de couleur. C’était une belle œuvre d’art, Moa, un vrai chef d’œuvre de couleur. Sa peau cristalline contrastait avec ses cheveux aux rares reflets légèrement rouges et ses yeux noisette lui procuraient cette dose de malice qui fait aujourd’hui chavirer les cœurs. Elle respirait la vie Moa, respirait l’amour. La mère désespérée roula alors de grands yeux ahuris : « Tu n’as vraiment rien dans la tête Moa. » Elle tourna ensuite les talons, son chiffon toujours dans la main avant d’ajouter : « Dépêches toi d’aller t’excuser, je ne veux pas entendre la moindre plainte ce soir, j’ai bien assez mal à la tête comme ça.» et de disparaître. La fillette se dressa alors sur ses jambes en lançant un regard désolé à son jumeau : « On reprend la partie quand je reviens. Tu ne triches pas, d’accord ? » Un hochement de tête, un regard qui en disait long et, c’est le cœur léger que Moa quitta la chambre et descendit l’escalier en colimaçon Elle n’était plus étonnée de ce genre de situation, sa mère était aigrie et la journée promettait d’être rude. Une fois énervée, Catherine prenait un temps fou à se calmer et quand Henry était absent, parfois, elle ne se calmait pas du tout jusqu’au lendemain. Après avoir ramassé quelques fleurs dans le jardin et d’en avoir fait un bouquet coloré, la fillette sonna à la porte de ses voisins les plus proches. « Bonjour, je tenais à m’excuser pour la porte qui en claquant a fait un bruit titanesque. Je ne voulais pas vous déranger… » Un sourire, une caresse amicale sur le haut du crâne et elle prenait à son tour la parole, la belle Céline : « C’est pas grave Moa, ne t’inquiète pas. Attends moi là une minute, j’ai quelque chose à te donner. » Céline était une jeune maman rayonnante, son fils, Eddy n’avait que deux ans et semblait des plus heureux. Son mari était militaire et n’était que très rarement là, durant les rares périodes d’accalmie où le pays lui autorisait à rendre visite aux siens. Elle sourit toujours Céline, malgré que son cœur saigne plus que celui des autres, que son mari lui manque et que ça lui pèse d’élever seule son petit. Elle revint quelques minutes après avec une jolie boîte qu’elle tendit à sa pette voisine : « On a fait des cookies avec Eddy, beaucoup trop pour qu’on puisse ne serait-ce qu’espéré les finir un jour. Je me suis dit que ça pourrait vous faire plaisir, à toi et à ton frère. » Un sourire vint illuminer le sourire de la fillette émerveillée qui ne pût cacher son enthousiasme : « Merci beaucoup madame Dawson, c’est vraiment très gentil. Ca nous fait très plaisir, enfin je suis ceeeertaine que ça fera tellement plaisir à Kaïs qu’il voudra absolument vous faire un dessin demain. En plus, ce sont nos préférés. J’aimerais bien que ma maman en fasse aussi, des cookies, et alors ce serait la meilleure du monde. Vous êtes vraiment géniale comme maman, et comme voisine aussi. » et elle la prit alors dans ses bras, faisant preuve d’une fraîcheur et d’une insouciance enfantine qui ne pouvait que faire fondre son monde, même les plus endurcis. Elle courut Moa, en direction de sa maison parce qu’elle était impatiente. Impatiente d’offrir son joli bouquet à sa maman, impatiente de voir les yeux émerveillés de Kaïs quand il verrait les cookies. Elle était tellement impatiente qu’elle en oublia de s’essuyer les pieds en pénétrant dans la demeure familiale, elle savait très bien que sa mère allait crier à nouveau, mais elle était trop heureuse pour s’attarder sur de petits détails de ce genre. Moa, elle s’accrochait à sa génitrice de toutes ses forces parce qu’elle était persévérante, parce qu’elle avait le courage de se battre pour ce et ceux qu’elle aimait, qu’elle abandonnerait jamais sa propre famille, qu’elle aurait la force de prendre sur elle même si ça la blessait. Elle en pleurait souvent, presque tous les jours, de la froideur de cette mère qu’elle idolâtrait pourtant et ça faisait de la peine à Kaïs de voir à quel point tout ça la touchait, mais elle était comme ça, Eléa c’était le vent, un jour ça allait et l’autre ça n’allait plus. Elle essayait d’être forte en public mais au fond d’elle c’était un barrage fragile qui retenait sa tristesse. Mais elle souriait Moa, la plupart du temps. Elle arriva en courant dans la cuisine sans même remarquer les traces de boues qu’elle laissait derrière elle à chaque fois qu’elle posait un pied au sol. Un grand sourire illuminait son visage quand elle tendit le bouquet à sa mère qui manqua de peu de tourner de l’oeil en voyant les traces boueuses qui étaient apparues sur le sol qu’elle venait de nettoyer. « MOAAAAAAA. » Un cri assourdissant suivi d’une claque. Une claque. Une claque qui fait mal. Une claque incomprise. Elle lâcha tout au sol Moa, parce qu’elle était sous le choc. Les biscuits s’écrasèrent et s’éparpillèrent en mille morceaux. Elle avait envie de pleurer, elle avait mal, mal au cœur, mal à l’âme. Elle ne le fit pas. Elle ne le fit pas parce qu’Henry lui avait toujours répété de garder ses larmes pour de grands maux et qu’elle lui faisait confiance à Henry, elle savait qu’il ne voulait que son bien. « Tu vas me faire le plaisir de nettoyer derrière toi. Tu n’as pas été élevée avec les cochons pourtant, fais un peu attention. » Le tête baissée, la fillette monta les marches glissantes de l’escalier une à une, tomba une fois, se releva et entra dans la chambre les yeux mouillés. Elle se changea et elle y alla, elle n’avait pas vraiment le choix. « Moa, qu’est-ce qui se passe ? » Sans un regard pour son frère, elle se dirigea vers l’armoire et en sortit un vieux pull qu’elle se fichait de tâcher. Elle se cachait tant bien que mal afin de verser quelques larmes, elle voulait qu’il la voie forte, elle ne voulait pas qu’il souffre lui aussi, mais elle savait très bien qu’il ressentait sa peine. Elle plia le gros pull qu’elle portait quelques instants auparavant afin d’enfiler l’autre et se munit de son tablier de peinture, celui qu’elle utilisait à l’école. « La voisine avait fait des cookies. Nos préférés. Elle est gentille tu sais. » Elle ne répondit pas à la question parce que de toute façon, elle savait très bien qu’il avait compris, qu’il avait entendu toute la scène et qu’il savait à quel point ça lui faisait mal quand sa mère se comportait ainsi. Elle ne faisait pas exprès de faire des bêtises Moa, elle aurait bien aimé être une petite fille bien élevée, comme celle des bonnes familles, mais elle avait cette insouciance qui la rendait maladroite, celle qui la rendait si vivante. « On jouera aux échecs ce soir. » Elle n’abordait toujours pas le sujet, elle souffrait, il comprenait. Il se leva à son tour et entreprit le même schéma que sa jumelle. Il se changea avant de poser une main sur son épaule juste avant qu’elle ne franchisse la porte : « A deux, ça ira plus vite. » Un sourire qui en disait long, à nouveau, qui exprimait toute la gratitude de la fillette. Elle n’obtiendrait très certainement jamais d’amour de la part de sa mère, mais celui de son frère valait tout l’or du monde.
Les enfants couraient dans la cour de récréation, certains pleuraient, d’autres mangeaient leur goûter, se balançaient ou descendaient le long du grand toboggan en métal, celui situé au beau milieu du terrain de jeu. Le soleil caressait les pavés agencés minutieusement les uns aux autres qui recouvraient le sol en leur donnant une charmante teinte orangée. Moa était vêtue d’une robe bleue à rayures blanches, une robe achetée dans un magasin de souvenirs lors d’une excursion au port, celui où elle avait été avec Henry et Kaïs et d’où elle avait ramené de délicieux souvenirs. Elle n’avait pas souvent l’occasion de faire des excursions, ni de partir en vacances d’ailleurs Moa, sa mère n’en avait que très rarement l’envie. La simple idée d’être coupée du monde, entourée de ses propres marmots qu’elle avait tant de mal à accepter, la rendait complètement malade et elle se refusait –bien trop souvent au goût de Moa- à accepter les propositions bienveillantes de son mari. Henry était devenu le deuxième papa des deux jumeaux et, bien qu’intimement elle gardait l’espoir que son géniteur revienne un jour, elle donnait tout l’amour dont elle disposait à cet homme qui était venu la sauver de l’indifférence de sa génitrice. Henry était cet homme un peu grisonnant, de ceux qui ont bien vieilli et qui atteigne l’apogée de leur beauté à 40 ans, ceux qui ont de belles dents blanches et dont le seul sourire suffit à réchauffer les coeurs. Il avait des fossettes au coin des yeux lorsqu’il souriait et une grande veine apparaissait tout au long de son front à chaque fois qu’il haussait la voix. Il avait rencontré Catherine dans un café et s’en était épris au premier regard. Un coup de foudre réciproque qui fit comme une brise salvatrice sur les deux enfants. Il avait, par la suite, accepté sans broncher et avec une joie non dissimulée, ces jumeaux qu’il s’était juré d’élever comme il l’aurait fait avec ses propres enfants. Il avait même décidé de les adopter, le jour de leurs huit ans et cela avait été, pour Moa, le plus beau cadeau du monde. Elle avait aperçu cette robe dans la vitrine d’un petit magasin de souvenirs et l’avait supplié de la lui offrir parce qu’elle la trouvait tellement jolie qu’elle serait morte de chagrin si elle ne finissait pas dans sa penderie. Oui, elle était un peu capricieuse sur les bords, Moa, mais jamais insistante, s’il lui avait dit non, elle aurait accepté et en aurait rêvé la nuit, en versant quelques larmes silencieuses. L’heure de la récréation avait sonné. Elle était assise avec sa camarade de classe Hailey, une jolie rouquine aux boucles angéliques et aux tâches de rousseur apparentes. Les fillettes s'étaient rencontrées 5 ans auparavant et s'étaient tout de suite liées d’une très belle amitié. Elles étaient souvent coupées du monde, ensembles toutes les deux, non par introversion mais plus par besoin de se retrouver seules à discuter de la vie de tous les jours, à parler de garçons et de séries télévisées. « Je me sens mal de te le cacher plus longtemps. Tu vois qui c’est Bill, celui qui est dans la classe supérieure à la notre ? » Hailey sembla hésiter un instant, ce qu’elle avait à dire n’était pas évident. Elle savait pertinemment à quel point Moa pouvait tenir à son frère et à quel point les deux jumeaux étaient fusionnels. Le regard insistant de la jumelle posée sur elle la rendit mal à l’aise, elle savait qu’elle ne pouvait plus fuir, qu’elle en avait déjà trop dit pour se rétracter avant de conter la fin. Bill, c’était la grosse brute de l’école, il jouait au foot et dépassait tous ses camarades d’une tête. Il avait de longs cheveux noirs qu’il laissait pendre le long de ses épaules et une mâchoire qui semblait avoir été taillée dans la pierre. Il avait de gros bras et piquait toujours le déjeuner des plus jeunes en se fichant pas mal que ceux-ci se retrouvent à pleurer. Il mettait cependant un point d’honneur à ne pas s’attaquer aux filles, si bien que les deux gamines n’avaient que rarement eu à faire à lui. Moa fit signe que oui de la tête en attendant la suite, impatiente : « Tout à l’heure, je l’ai vu embêter Kaïs. Il l’a poussé et Kaïs est tombé. » Elle venait de siroter goulument un peu de son berlingot –jus de raisin, son préféré- avant de tout recracher sur le visage de son amie qui commençait à s’énerver : « Merde Moa tu peux pas faire attention ? » Mais Moa n’était déjà plus là. Elle ne pouvait accepter que l’on s’en prenne à Kaïs, elle aurait préféré mille fois que l’on s’en prenne à elle plutôt qu’à son frère, mais s’en prendre à lui, indirectement, c’était s’en prendre à elle. Elle sentait sa peine, ressentait ses maux, elle savait quand il pleurait, quand il souffrait et vice-versa. Ils étaient un, dans deux corps, mais ils étaient un et cet affront ne pouvait rester impuni. Elle avait cette rage au ventre qui manquait parfois à ses camarades, cette envie de réussir, de réaliser ses rêves et, refusait que quiconque ne se dresse sur sa route. Bill méritait une bonne leçon, pour Kais, pour tous ceux qu’il avait fait pleurer jusqu’à présent. Personne n’avait osé, jusqu’à ce jour, lui dire ses quatre vérités en face, lui faire payer ses actes, et bien soit. Elle le ferait et qu’importe si elle finissait dans un lit d’hôpital. Elle devait protéger les autres, parce qu’elle était comme ça Moa, qu’elle détestait les injustices et que de tous, son conte préféré, c’était Robin des Bois. Cependant, elle restait une jeune fille honnête et droite, de celles qui ne cherchaient pas les problèmes, de celles qui s’écartaient pour laisser passer les autres parce qu’un regard pouvait si vite être mal interprété. C’était cette petite fille qui ne se mêlait pas aux garçons, qui avait une peur viscérale de se faire abandonner mais qui faisait quand même chavirer les cœurs parce qu’elle était entière, qu’elle ne jouait pas de rôle. Guidée par un courage qui aurait eu meilleur temps de prendre le nom de témérité, elle avançait décidée en direction d’un groupe de garçons de deux ans plus âgé qu’elle. Elle n’avait pas peur. Elle n’avait jamais peur de rien parce que de toute façon, elle avait tout à gagner, tout à prouver. Un pas, un pas et elle serait à leur hauteur. Tout d’un coup, elle se sentit bien petite et ne sût plus vraiment quoi dire, alors, elle s’arrêta. Net. D’un coup. Tous la regardaient. Comme pour la soulager, c’est Bill qui prit alors la parole : « Alors ma petite, on s’est perdue ? Je peux te montrer le chemin si tu veux. » Il lui tendit une main hypocrite. Moa eut un élan d’incompréhension pendant que tous les membres du groupe la scrutaient, perplexes mais amusés. Elle prit son courage à deux mains, de toute manière, elle n’avait plus d'autre choix : « Tu n’es qu’un troll bouseux. Une harpie repoussante et sans vergogne. » Un rire général. Les joues de la fillette s’empourprèrent alors. Elle n’avait pas l’habitude d’être vilaine, ni même d’insulter les gens à vrai dire, et ainsi, cette situation lui était bien inhabituelle. Peu crédible. Devant la singularité de cet instant, elle se laissa guider par son instinct avant d’armer son poing qui termina sa course en plein milieu du visage du dénommé Bill. Les yeux de Moa se noircirent, ses traits se durcirent : « Une fois. Tu touches encore une fois à mon frère et je te promets que tu le payeras très cher. » Elle ne répondait plus d’elle même, c’était comme si quelqu’un d’autre était venu se loger dans son corps, cette parcelle profonde de son âme qui se noyait parfois sous la retenue et le calme dont elle faisait preuve habituellement. Malgré la lourde menace qu’elle venait de proférer, les mots sonnaient faux dans cette atmosphère lourde. Tout semblait si nouveau pour elle, si irréel. Étrange. Avant que quiconque n’ait eu le temps de réagir, Moa tourna les talons en secouant sa main. Elle avait très certainement fait bien plus de mal à ses phalanges meurtries qu’au nez de son aîné mais elle était fière d’avoir défendu Kaïs. Fière de s’être battue pour ce qui lui tenait à cœur, pour ceux qu’elle aimait. Pour son frère, Moa était prête à tout, à se sacrifier s’il le fallait, se mettre dans des situations embarrassantes, tout. Elle était prête à tout. Ce jour là, elle se rendit compte à quel pont l’image qu’elle renvoyait pouvait être faussée, à quel point elle se complaisait dans une coquille de retenue qui était en sursis à chaque instant. Un compte à rebours. Elle était cette bombe, cette boule d’énergie prête à exploser à la moindre secousse, ce brin de folie meurtrier prêt à éclore au moindre petit rayon de soleil. Cette partie d’elle-même, elle tentait chaque jour de la circonscrire dans un intérieur profond en faisant preuve de politesse et d’éducation, mais parfois, la haine devenait trop grande, la rage trop profonde. Elle savait qu’un jour pourtant, elle n’aurait plus la force, elle ne pourrait plus se contenir et toute cette peine d’avoir été abandonnée par son père devrait un jour imploser et faire des dégâts dans son entourage. Cependant, elle n’avait pas peur et, tout en essayant minutieusement de calmer son palpitant endiablé, elle se surprit même à sourire de cet excès de folie.
Pas plus haute que trois pommes, Moa se plaisait dans une sorte de solitude quotidienne sur la balançoire du jardin. D’habitude, elle était plutôt extravertie, elle aimait la compagnie de ses amies auprès d’elle et converser pendant des heures, mais parfois, elle avait ce terrible besoin de se retrouver seule. Seule avec elle même. Les larmes perlaient au coin de ses yeux noisette, ces larmes que pourtant elle s’était de ne plus jamais verser. En vérité, elle était perdue. Convaincue de l’existence du grand amour, elle ne cessait de tourner en boucle les mêmes questions –encore et toujours- dans sa petite tête qui parfois, avait ce besoin d’imploser. Toute cette incompréhension était tellement lourde à porter pour l’enfant blessée. Son père était parti. Il les avait abandonné sans même un regard en arrière et elle ne cessait de se demander pourquoi. Elle avait ce mal-être qui la rongeait de l’intérieur, ce désagréable sentiment que pour rien au monde elle ne voulait montrer à Kaïs. Elle ne comprenait pas. Comment pouvait-on sans vergogne abandonner une femme que l’on aime et deux enfants encore en bas âge? Elle avait toujours cette terrible impression de ne pas être à sa place, cette étrange sensation de vivre dans un mensonge -sa mère ne se résignant jamais à lui expliquer les véritables raisons du départ de son géniteur- et, malgré toutes les bonnes intentions qu’elle pouvait y mettre, elle ne réussissait pas à se dire que ce choix précipité n’avait pas été causé par l’une de ces innombrables maladresses. Moa avait cette âme d’aventurière précoce que ses parents ne comprenaient pas et c’est très certainement suite à ce constant besoin d’aventure qu’ils ne s’inquiétaient plus lorsque de loin, ils la voyaient s’écrouler au sol et rentrer les genoux en sang. Maladroite, elle se relevait tant bien que mal et passait vigoureusement les mains sur ses pantalons souillés afin de les débarrasser de cette terre brunâtre. Il lui semblait parfois que ses pantalons en vieux coton avaient plus d’importance aux yeux de sa mère que ses pauvres genoux qui en avaient vu de toutes les couleurs au fil des années. Sa génitrice lui reprochait souvent de n’être pas assez soigneuse, mais que lui répondre, après tout, elle avait raison et c’était peut-être bel et bien pour ça que son père les avaient abandonnés, elle et Kaïs. Elle aimait cette ambiance hivernale qui peu à peu s’installait autour de la modeste demeure qu’elle occupait avec sa mère, Henry et son frère. Les appels vains de Catherine se perdaient au loin, car l’enfant capricieuse n’était pour l’heure pas décidée à rentrer. Elle n’était pas prête à montrer ses faiblesses, pas maintenant. Ces moments, malgré les larmes, lui faisaient du bien et comblaient un grand vide qui lui semblait s’être formé seul au fil des années. Pour oublier, parfois, elle allait courir. Elle courait des heures durant et n’arrêtait sa course que lorsque ses muscles endoloris la suppliaient de s’arrêter. S’arrêter pour respirer, s’arrêter pour faire disparaître cette vilaine compression d’air qui se formait sous ses côtes. Sinon, elle lisait. Des livres à n’en plus finir. Elle se disait parfois qu’elle avait tout lu Moa, mais ce qu’elle préférait, c’était la mythologie grecque et toutes ses histoires acadabrantesques. Elle adorait Homère et dévorait les poèmes d’Hésiode avec une faim avide et une curiosité inébranlable. Des heures durant, elle se perdait dans ces histoires qui, à défaut de la rassurer sur les aléas de la vie, la faisaient rêver. Les Dieux de l’Olympe dictaient sa vie comme les gammes mènent une mélodie. Elle craignait Hadès tout comme elle adorait Athéna, elle ne parlait du ciel que sous le nom d’Ouranos et Gaïa était sa terre. Elle admirait Héra qui, seule, avait enfanté Héphaïstos. Quand elle ne s’adonnait pas à la pratique sportive ou à la lecture, elle jouait du piano pendant des heures et des heures. Son professeur lui avait d’ailleurs proposé de l’orienter vers une école professionnelle plus tard, offre qu’elle avait poliment déclinée en sachant très bien que jamais sa génitrice n’accepterait d’en payer les frais. Sous les rafales de vent qui soufflaient par saccades, les cheveux de la sorcière lâchaient un parfum vanillé sous l’impact du demi-tour qu’elle venait de faire prise d’une énergie qu’elle ne se soupçonnait même pas. Elle avait entendu un bruit derrière les ronces du jardin. Elle scrutait l’horizon mais ne vit personne et, dans un soupir désespéré, elle baissa les yeux au sol, déçue de n’avoir pas une oreille attentive avec qui discuter. Son envie passagère de solitude lui était promptement passée et c’est avec une mélancolie non dissimulée qu’elle se plongea à nouveau dans ses rêveries habituelles. « Bouh » Un sursaut. Un haut le cœur qui fait peur, une envie de lâcher prise tenaces s’empoigna de Moa qui manqua de peu de chuter de la balançoire sur laquelle elle était assise. Elle fit alors face à Hailey qui lui adressait son plus beau sourire. « Moa, j’ai vu madame Scott, on sera dans la même classe l’année prochaine. » Son visage changea subitement, un regard désolé balaya les environs et d’une voix désolée, Moa répondit : « Je ne serai plus là l’année prochaine Hailey, je vais devoir changer d’école. » Son amie incrédule la fixait sans oser dire mot, essayait de comprendre mais n’y arrivait pas, elle attendait des explications, de bonnes explications. Ces explications ne vinrent jamais. Moa ne pouvait pas lui expliquer la véritable raison de son départ, elle ne pouvait pas lui dire qu’elle abandonnait tout pour rejoindre l’une des plus grande école de sorcellerie de tous les temps. Comment lui parler de Poudlard ? C’était chose impossible. Tout était différent aujourd’hui qu’elle avait reçu cette lettre par la poste quelques jours auparavant. Un ange passa. La mère des jumeaux apparut à la fenêtre et prit la parole d’un air énervé : « Dépêche toi, nous t’attendons tous. » Soulagement. Elle regardait Hailey dans les yeux pour la dernière fois, elle en était convaincue, pour la dernière fois avant une longue année, et, tout en se levant elle la serra fort dans ses bras : « Je dois y aller où je risque la plus grande des guerres mondiales. Je t’écrirai, tu vas me manquer. » Moa était sincère, Hailey le savait, mais c’était toujours tellement dur d’avoir à dire aurevoir.
La Grande Salle étaient déjà décorée par milles et unes lumières, guirlandes et bricoles en vue de la tant attendue cérémonie de répartition. Où allait donc finir tous ces petits nouveaux, ces têtes inconnues aux grands noms, ou aux moins grands. Les élèves avaient pris place à leurs tables respectives et regardaient, en murmurant les uns aux oreilles des autres, le regroupement de premières années qui semblaient tous plus intrigués les uns que les autres. Moa appréhendait ce moment depuis l’instant même où elle avait reçu sa lettre pour Poudlard. Elle n’avait aucune idée. Elle n’avait strictement aucune idée sur la potentielle maison dans laquelle elle serait envoyée. Kaïs lui avait dit un jour qu’elle pourrait aller partout, sauf à Serpentard parce que les serpents « ils étaient tout pas beaux » et qu’elle elle était bien trop jolie pour être associée à un animal rampant. Le matin, elle avait pris un bon petit déjeuner, elle avait mélangé des céréales soufflés au miel et ceux au chocolat parce qu’elle arrivait jamais à se décider, qu’elles les aimaient tous les deux et que choisir c’était beaucoup trop difficile pour elle. Elle aurait préféré des pancakes, d’ailleurs, sa mère lui avait promis d’en faire mais elle n’avait pas réussi à se réveiller ce matin là alors Henry avait essayé. Le gros problème, c’était qu’Henry était loin d’être un as de la cuisine et qu’il avait réussi à faire des pancakes tout noir et que le cramé, Moa elle n’aimait pas ça. Elle avait longuement hésité sur sa tenue et Kaïs avait eu le droit à un défilé de mode d’une trentaine de minutes avant qu’elle ne se décide à enfiler une simple robe blanche. Moa, c’était la féminité incarnée, elle aimait beaucoup la mode et les beaux habits par contre, elle savait très bien que si elle allait jouer dehors, il fallait qu’elle enfile une tenue adéquate parce qu’elle était incapable de ne pas se salir. Elle avait ensuite essayé de descendre sa valise en la tirant sur les escaliers mais elle avait fini sa course sur les fesses et sa valise s’était éparpillée sur le sol. Henry avait éclaté de rire en voyant qu’elle ne s’était guère blessée et l’avait aidé à tout remettre en place. Dans le train, Kaïs et Moa avait acheté un sac énorme de bonbons magiques et elle se réjouissait déjà à l’idée de s’en remplir l’estomac car elle ne connaissait pas leur saveur. Dans la Grande Salle, tout le monde criait ou parlait très fort alors qu’ils étaient appelés dans l’ordre alphabétique, les nouveaux et c’est avec stupeur, surprise, amusement parfois que les plus âgés s’occupaient d’accueillir leurs camarades. Le brouhaha grandissant couvrait bientôt le discours désespéré des autorités du château qui peinaient à se faire entendre de tous. Moa tremblait sur sa chaise. Elle avait ce mauvais pressentiment, cette étrange impression qu’elle n’allait pas finir dans la même maison que son frère et cette simple idée suffisait à l’effrayer. Ils avaient toujours avancé main dans la main et n’avait jamais passé une nuit loin l’un de l’autre. Elle savait pertinemment que les dortoirs n’étaient pas mixtes et qu’elle devrait se passer de la présence rassurante de son frère lors des longues nuits orageuses mais elle ne pouvait se résoudre à être séparée de lui plus longtemps que l’espace d’une nuit. En vérité, elle avait plutôt peur pour lui. Elle savait qu’il serait apte à se débrouiller seul si on le lui demandait mais elle avait toujours mis un point d’honneur à veiller sur lui, à le protéger de toutes les mauvaises choses de ce monde parce qu’elle était comme ça Moa, qu’elle préférait se voir mourir plutôt que de voir son jumeau verser ne serait-ce qu’une larme. Elle prit la main de Kaïs et lui adressa un sourire qui se voulait rassurant mais qu’elle savait faux. Non elle n’était pas hypocrite en cet instant, elle tentait juste de lui transmettre sa force, ou bien peut-être, sans vouloir se l’admettre réellement, trouver la force qu’elle n’avait pas dans le contact rassurant de sa main dans la sienne. Ses nerfs faisaient les montagnes russes mais elle était aussi très curieuse, impatiente de voir le verdict final donner à sa vie un tout nouveau tournant, un tout nouveau départ. Ses mains étaient moites, son pouls plus rapide qu’à l’accoutumée et sa salive se faisait rare. Nerveuse. Oui, c’est ça, elle était nerveuse. C’est alors qu’elle entendit son nom à la suite d’une attente qui lui était parue interminable. Elle se leva alors en adressant un regard à Kaïs : « Ensembles quoi qu’il arrive ? » Il lui sourit en la poussant un peu dans le dos pour qu’elle s’approche du Choixpeau, tout aussi impatient qu’elle : « Ensembles vers l’infini et l’au-delà, comme Buzz l’éclair. » Il avait trouvé les mots justes, ceux qui lui permirent de trouver le courage de s’avancer sur le devant de la scène devant des centaines de regards curieux. Elle s’assit d’un bond sur le tabouret qui de surcroit était un peu trop haut pour elle et manqua de basculer en arrière. Elle se mordit la lèvre en tentant tant bien que mal de maintenir son centre de l’équilibre. Fichue maladresse. Elle posa un pieds au sol mais se retint de justesse de finir écroulée à plat ventre devant une audience euphorique. Elle attendit encore un long moment une fois le chapeau posé sur sa tête. Devant le temps d’hésitation de celui-ci, l’assemblée se tût, curieuse de savoir pourquoi le vieux chapeau avait besoin d’un tel temps de réflexion lui qui souvent n’avait qu’à peine besoin d’effleurer la tête des élèves pour les répartir. Moa n’était pas une personnalité aisée à catégoriser. Elle était comme le vent, on pouvait l’effleurer mais jamais la toucher véritablement, jamais l’emprisonner. Elle avait cette soif de vivre, d’être libre. Elle était la chaleur d’une cheminée un sir d’hiver autant qu’elle pouvait être le mordant de la neige sur des visages meurtris lors d’une longue journée de ski à combattre comme la bise. Eléa c’était cette infini grandissante dans le cœur des enfants le soir de Noël comme c’était la tristesse ressentie lors de la perte d’un être cher. Oui, c’est ça, Moa c’était le vent. Rien d’autre que le vent. Mais le verdict tomba.
@destiny.
Dernière édition par Moa E. Keegan le Sam 24 Aoû - 22:07, édité 19 fois
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Re: (Moa) ❀ flâner dans les champs, tresser des marguerites.