BELLUM PATRONUM


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I need no burning crosses to illuminate my nights² ▬ Silas
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par Invité, Mer 4 Sep - 16:55 (#)
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Silas Ludvik Mortensen
FEAT. Federico Cola
20 ans ϟ Medecine Magique ϟ Python de Children & Serval Noir ϟ Né-moldu

Nom; Mortensen, né Engen  Prénom; Silas, né Ludvik  Âge; 20 ans, né le 3 Mars 1959 Nationalité; Norvégien, né à Verdal Statut de sang; Né-moldu Baguette ; Bois de vigne et plume de phénix Amortencia ; Odeur de vieux livre, du domaine des Ingherneils principalement mélangée avec l'odeur des bonbons explosifs mangés une nuit en compagnie de Sirrush lors de l'une de ses terreurs nocturnes, et de café au lait. Epouvantard ; Lui, attaché au lit de la chambre de son enfance, une croix au cou. Un air que chante sa mère sur les prières en fond, le noir rempli ensuite la scène avant que le décor ne tourne et qu'il tombe dans un gouffre sans fin, gouffre imageant pour lui son don de voyance.
La plume gratte le papier encore quelques secondes avant de s'en redresser, quittant le fin parchemin blanc cassé alors que le sorcier soupire doucement. Ecrire son nom, action simple et relativement banale normalement, relève toujours d'un effort considérable pour lui. Il n'a pas formé ces lettres depuis des années, et aurait largement préféré s'en passer. Engen. Le lire lui suffit pour lui rappeler combien il abhorre ce nom, ce nom qui ne lui fait souvenir que trop bien de sa famille. Ou plutôt, de son ancienne famille. L'avait-elle au moins été? Lorsqu'il la compare avec les Ingherneils, il ne peut que se dire que non, que ces gens s'étaient contentés d'utiliser ce mot comme prétexte pour avoir le droit de lui faire subir tout ce qu'ils lui ont fait. Silas n'est pas le genre de personne a rester centrer sur le passé et les événements s'étant déroulés à cette période de sa vie, mais il ne pourrait pas affirmer que tout n'est pas ancré quelque part en lui, tout comme dans sa chair. Là, à son poignet gauche, réside cette marque en forme de croix qui ne s'en est jamais aller. Une marque de brûlure qui, malgré tout, s'est étirée, atténuée avec le temps, qu'il préfère faire passer pour une marque de naissance. Ses yeux se baissent sur celle-ci alors qu'entre ses doigts se trouvent toujours la plume de couleur clair aux reflets bleutés. Il se souvient de la douleur cuisante, insoutenable, lorsque sa chair cédait sous le métal brûlant. Objet étroit, de petite taille, qui l'a pourtant entrainé jusqu'aux portes de la folie lorsque la jeune femme, trop accrochée à un monde construit de ses propres mains – et celles de substances sûrement tout aussi légales que ses pratiques, sans aucun doute – l'avait appuyé contre sa peau. Moment qui n'avait que renforcé cette fissure en lui, ce déchirement. Parcelle détruite, trop grande, trop importante, qui avait finit par entrainer avec elle toutes celles déjà présentes, jusqu'à provoquer cette lésion, cette cassure au niveau de ses tissus nerveux. Une surchage électrisante qui lui vaut désormais cette particularité, celle de ne plus ressentir la douleur comme étant pénible, d'en être indifférent. Elle est présente, s'insinue en lui, mais ne lui vaut jamais rien de mauvais, tout comme rien de bon. Son corps ne réagit plus automatiquement, encaissant sans broncher tout ce qu'il subit sans ressentir la moindre envie que tout ceci s'arrête. A cette pensée, Silas retourne sur le parchemin de présentation demandé, allant directement à la case particularité pour y inscrire la sienne. Asymbolie à la douleur. Les lettres de caligraphies s'inscrivent profondément dans le papier, alors qu'il songe un bref instant qu'au moins, cette particularité est en phase avec son caractère. Cette habitude qu'il a de tout encaisser, de pouvoir tout supporter. Sauf lors de ses rares crises, qu'il cache aux yeux du monde, lorsqu'un trop plein d'émotions dirigent ses actes et qu'il s'isole pour laisser libre court à toutes celles-ci. En général, il casse, brise des choses, pour les réparer par la suite et se reprendre aussi vite que cette tornade en lui n'est venu. Contrairement à ce côté de sa personne, qui contraste parfaitement avec son caractère, l'asymbolie à la douleur ne lui permet pas de ressentir des piques désagréables et douloureuses. Ce qui, en soit, n'est finalement pas plus mal pour lui, comme si son corps désirait enfin le protéger de ce que les autres peuvent lui faire vivre. Ses sourcils se froncent légèrement alors que sa main droite part servir d'appui à son visage, qu'il pose dans sa paume. Les yeux rivés sur le dossier, il tique un instant avant d'aller rapidement écrire ce qu'il a conscience d'être, dans la case traits principaux du caractère. Calme. Un rapide mot griffonné de son écriture soignée et italique alors qu'un sourire prend possession du coin de ses lèvres. Il n'a jamais été le genre à s'énerver pour un rien, ni à prendre tout au pied de la lettre.

Plissant les yeux, il part mordre le bout de sa plume en redressant la tête, fixant son regard vert/marron sur la fenêtre. Que pourrait-il être sûr d'inscrire à cette case-ci? DéterminéSouffle le serpent enroulé devant lui, de sa voix fluette et sûre d'elle. Lui lançant un regard en coin, le brun avait hésité quelques secondes avant d'aller l'inscrire à son tour, rajoutant un mot pratiquement semblable mais tout aussi vrai, aux nuances qui lui est propre. Ambitieux. Il vise haut, et il le sait. Il l'a toujours fait, et n'a jamais voulu baisser les bras. Une caractéristique qui ne lui fait aucunement défaut. “C'est mon dossier Sjel, tu n'as pas à le remplir à ma place, même si je t'en remercie.” Répond-il de son ton posé, aux intonations amicales, concernées. Un bref rire léger rempli son esprit, mais s'estompe rapidement lorsque le serpent glisse le long de la table pour aller se réfugier sur le bras du jeune sorcier, qui fronce immédiatement les sourcils en posant ses yeux hazel sur le python de Children. “Va te poser de l'autre côté.” A nouveau ce ricanement doux, avant que la voix féminine ne retentisse une nouvelle fois. “Tu pourrais rajouter Autoritaire, il n'est pas rare que tu le sois, Silas. Même si je le vois comme une qualité, tu le sais bien” Prenant l'espace d'une seconde une mine songeuse, le brun ne perd pas plus de temps pour aller l'inscrire à son tour. Sjel n'a absolument pas tord, qui plus est, il lui fait suffisamment confiance pour cela. Le plus Mature de la plupart de ses entourages, Silas est cette personne réussissant à se faire entendre, à ordonner ce qu'il est le mieux de faire selon lui et la situation, à réussir à réfléchir avant de vouloir agir. Et ce trait en particulier se ressent d'autant plus par sa légère paranoïa habituelle, qui le pousse à toujours se pencher sur chacune de ses actions, quitte à ce que cela en devienne absolument horrible. Le sorcier n'a que trop conscience de cette chose en particulier, mais n'arrive tout simplement pas à vouloir faire autrement, trop porté sur les conséquences de chaque chose qu'il pourrait dire ou faire. “Ton passé t'a bien troublé, Silas. Tu as beau paraître simple et quelque peu Monsieur Parfait aux premiers abords – malgré ton attitude un peu hautaine, et ne ricane pas, je ne plaisante pas – tu es parfaitement complexe dans ton genre. Tu n'agis pas sans peser le pour et le contre et, sache le, cela te portera préjudice.” Continue le patronus de sa voix légère mais tout à fait sérieuse. Le sorcier se contente de se laisser un peu aller en arrière, profitant que personne ne soit dans la salle pour casser son attitude un peu trop sérieuse, un peu trop hautaine comme le précise le serpent. “Je ne te contredis pas, Sjel. Simplement, tu sais très bien que je fais ça parce que j'ai toujours peur de décevoir, ou de retourner dans cet enfer. J'ai beau l'avoir mit derrière moi, parfois j'ai... Je ne sais pas... J'ai comme l'impression de sentir les flammes quelque part, comme s'il m'attendait parce que j'aurais fais un faux pas.” “Mais décevoir qui Silas? Les autres, ou toi-même?” Il avait légèrement déglutit, tournant son regard vers la plume qui tournoie entre ses doigts. “Je n'en sais rien.” “Tu n'y retourneras pas. Tu ne seras pas mis à l'écart, dans ce monde, tu t'y mets parfois tout seul sans t'en rendre compte, comme une sale habitude provenant de là-bas, de ce monde dégoûtant qui t'a tant haït. Tu ne seras pas mal vu au point de revivre l'abandon, la trahison... Ou la souffrance.” “Je suis indifférent à cette dernière, Sjel. Tu devrais retirer ce dernier point.” “Celle intérieure, si.” Il hausse les épaules, se redressant pour se pencher à nouveau sur sa feuille, inscrivant sous l'oeil intéressé de son patronus un nouveau mot. Méfiant. “Je n'y peux rien si je n'arrive pas à faire confiance comme je le devrais. Enfin, si... Je devrais y faire quelque chose. Mais j'y arrive pas... Je suis vraiment... Nul.” “Silas! Cesse de rabâcher une chose aussi stupide, tu veux? Ce que tu as vécu t'oblige à être ainsi, c'est comme ça, c'est dans ta nature désormais. Tu préférerais t'en remettre aux autres, alors qu'ils sont capables de tout, et surtout du pire?” “..Non.” Un soupire l'anime brièvement, avant qu'il n'aille inscrire autre chose, sous le sifflement amusé de son serpent. Distant. “Ne te moque pas.” “Oh je ne me moque pas, disons juste...Que tu aurais plutôt pu inscrire introverti. Et hautain.” “Cesse de dire que je suis hautain par Merlin.” “Ne prétend pas le contraire, ton habitude à sembler si inaccessible par méfiance te rend un brin arrogant. Et ta manie de toujours tout vouloir faire bien pour acquérir une confiance en toi qui te fait défaut n'aide en rien.” “Je ne suis pas a... Oh et puis, si ça peut te faire plaisir. Et je ne suis pas introverti, la preuve, je peux très bien aller vers les autres.” “Oui, par fausse envie de le faire pour faire un peu plus tes preuves.” Il lève les yeux au ciel, caressant du bout des doigts la plume entre ces derniers.

“Crois-tu que je pourrais inscrire 'a énormément besoin de faire ses preuves parce qu'il n'a vraiment pas confiance en lui et qu'il a tout simplement peur de tout mal faire dans ce qu'il entreprend, ce qui le rend parfois maladroit' ?” Un ricanement lui répondit, attirant un léger sourire sur ses propres lèvres. “Je ne pense pas non, à moins que tu abandonnes enfin le fait de vouloir paraître si bien auprès de tes professeurs, quitte à ne pas être totalement sincère envers toi-même.” “Peu importe, je ne vais pas écrire une chose pareille.” Soupire-t-il en retour. "J'ai simplement besoin de me sentir... Doué." Le serpent hoche la tête, allant se réfugier autour de son cou, sifflant doucement à ses oreilles. "Je le sais, Silas. Mais tu l'es. Vu le temps que tu passes à travailler, tu ne peux tout bonnement pas dire que tu ne l'es pas au moins un minimum!" Le sorcier secoue légèrement la tête, amusé, avant de répliquer. "Tu dis ça surtout parce que tu en as marre de me voir dans mes livres." "Peut-être aussi un peu oui." La plume repart d'instinct gratter le papier. Travailleur. "J'ai besoin de travailler, Sjel. C'est vraiment une passion, qui plus est, ça me permet d'être reconnu pour des capacités que j'obtiens au fil du temps." Le serpent siffle joyeusement, avant d'atteindre le parchemin à son tour et de se pencher, amusée, vers les lignes remplies près des traits de caractères. "Ajoute que tu te noies totalement dans tes études, après le fait que tu es un irrévocable passionné." Le sorcier lui lance un regard avant de secouer la tête, un sourire aux lèvres, tout en inscrivant tout de même le mot indiqué. Lui-même ne peut que l'affirmer. Passionné. Puis, il gratte le parchemin à nouveau. Sérieux. "Ca pour l'être... Tu l'es même beaucoup trop si tu veux mon avis!" "Ton avis m'intéresse toujours, Sjel" Réfléchi. "Tu acceptes enfin d'écrire ce que je t'ai soumis comme idée hier? Tu y réfléchissais encore, c'est bien ça?" "...A peu près, oui." "Irrécupérable, Silas." Un léger sourire en coin flotte sur ses lèvres pendant plusieurs secondes, avant qu'il ne retourne s'adosser un peu plus encore contre sa chaise, songeant encore aux études et à la place qu'elles ont dans sa vie. "Les études, c'est ta vie j'ai envie de dire." "Les études ne sont pas aussi incertaines que la vie, Sjel." Peut-être pour cette raison également que le sorcier les apprécie autant. Une science souvent exacte, parfois incertaine mais aux hypothèses posées et expliquées. Sa soif de connaissance ne lui vaut que cette envie de calquer son existence sur elles, désireux de paraître enfin normal, d'avoir enfin un court de vie comme il devrait avoir, sans mauvaises surprises, sans chemins sinueux. Elle lui vaut également ce désir de s'intéresser à tout, notamment aux dragons et à sa famille. A cette passion commune qui les anime. Il aide, bien évidemment, mais trop porté sur la théorie plutôt que la pratique, il reste quelqu'un ayant bien trop peur d'être maladroit face à sa famille pour vraiment les suivre dans tout ce qu'ils entreprennent. Il n'est pas le genre à hésiter à aider, Silas est le genre silencieux, posé, distant mais aidant, toujours présent pour la famille qui l'a recueillit, qui l'a aidé à savoir qui il est en partie. Bien qu'il ne se sent toujours pas vraiment à sa place, il est enfin à l'aise parmi d'autres personnes. Et c'est un grand pas pour le sorcier. "Tu ne te sens à ta place nul part, Silas." "Je le sais bien. Tu veux que je l'inscrive sur le papier?" "Non, ça ira" ricane le serpent. "Comme si tu m'aurais écouté de toute manière." Le brun secoue légèrement à la tête, se frottant le front alors qu'il essaie de chasser ces pensées. "Je ne leur dis même pas à eux, pourquoi le dirais-je au corps enseignant?" "Tu caches bien trop ce que tu ressens." "C'est un de mes traits principaux. Que je n'inscrirais pas, inutile de siffler de la sorte." "Rajoute Mystérieux, ou bien Secret, dans ce cas" "Ca ne sert à rien d'insister" Répond-t-il assez froidement en enfouissant son visage dans la paume de sa main.

"Oh! Voilà autre chose que tu devrais mettre, 'a tendance à se montrer froid'. '... Et même envers son charmant patronus!' " Passant sa langue sur ses lèvres, Silas se redresse, allant passer son pouce sur la tête du serpent en une caresse légère et un pardon silencieux, écoutant le léger sifflement ravi de Sjel. "Tu sais bien que je ne t'en voudrais jamais. Contrairement à toi, je ne suis pas quelqu'un de rancunier.""Je ne le suis qu'en partie seulement. Je n'arrive pas à l'être totalement quand j'aime vraiment la personne... Comme... Les Ingherneils. Je ne pourrais pas leur en vouloir autant qu'aux autres malgré ce que certains me font vivre." "Sirruuuuush" Siffle joyeusement le serpent en s'enroulant autour du bras droit de Silas. "Par exemple." Se contente de répliquer le sorcier en soupirant doucement. "Ca ne t'empêche pas de vouloir le protéger. Tu es quelqu'un d'assez Protecteur envers les gens que tu aimes tu sais ça?" "Je ne dis pas non plus que je l'apprécie." "Tu ne le dis pas, non. Il y a beaucoup de chose que tu ne dis pas." "Hmm.." Murmure-t-il avant de se pencher à nouveau sur le dossier. "Tiens, signe particulier... Je peux inscrire "Maudit" tu crois?" Un sifflement mécontent lui répondit cette fois-ci, lui faisant étirer le coin de ses lèvres. Son passé, son présent, tout en lui lui fait croire qu'il l'est. Ce qu'on lui a rabâché sans cesse durant des années s'est inscrit en lui, et ce mot, il l'identifie désormais bien trop à sa personne. A son don, notamment. Cette possibilité de voir des événements plus ou moins grossièrement, sans pouvoir y faire quoique ce soit. De ne pas pouvoir être normal, comme il l'a tant désiré, de ne pas pouvoir suivre une existence comme il en rêvait, à l'âge de cinq ans, prostré derrière sa fenêtre en observant le monde vivre à l'extérieur. Sans pouvoir le rejoindre. A cette pensée, il se crispe, déglutissant légèrement alors que ses prunelles s'assombrissent. "Silas." Interpelle la jeune serpent, détestant le voir se plonger dans un passé qu'il ne confie à personne, et qu'il n'aurait peut-être même pas confié à elle, si elle ne partageait pas son esprit, si elle ne voyait pas aussi clairement ses souvenirs. Trop secret, le sorcier n'a jamais voulu laisser tout ceci sortir de sa tête, peut-être parce qu'au fond, la peur véritable de retourner dans ce cauchemar réside. Peut-être parce qu'au fond, il n'a que trop peur d'être jugé à nouveau pour ce qu'il a peur d'être réellement. Voyant qu'il ne réagit toujours pas, le serpent glisse jusqu'à ses doigts tenant la plume, et plante légèrement ses crocs. Silas réagit à peine, revenant néanmoins à la réalité en posant ses yeux sur le patronus. " Pardon." Se contente-t-il de prononcer, agitant légèrement ses doigts pour détacher les crocs de là, pourtant parfaitement incrustés dans sa chair pour faire ressentir à quiconque de normal une douleur lancinante. "Cas de force majeur, c'est moi qui m'excuse. En plus, je te signal que moi, je la ressens, la douleur! Et ça fait un mal de chien. Mais il n'y a que ça qui marche, alors... Je veux bien me sacrifier ne serait-ce qu'un peu" Le sorcier hoche la tête, retirant ses doigts du parchemin pour qu'aucune goutte de sang ne s'y perde. Sang-froid. Le mot s'inscrit de lui-même une fois un sortilège de soin lancé sur ses doigts, bandant très légèrement les pointes rouges d'où s'échappe un filet de sang qui risque d'entacher ce qu'il vient d'écrire. "Je ne voulais pas que tu ressentes cette douleur, Sjel" "C'est moi qui me la provoque..." "Quand bien même, tu ne devrais pas" "Tu sais, on a beau te qualifier parfois d'Egoïste de par ta manie de te renfermer sur toi-même lors de certains moments quitte à oublier un peu ce qui t'entoure, moi je te trouve très Attentif à ton entourage... Et je suis persuadée que je ne suis pas la seule!" "Je sais. J'ai vu." Sjel se tend légèrement, baissant la tête. « Et j'aurais préféré ne pas voir »


a little something from you.

Il était très tôt, le soleil commençant uniquement à se lever alors que quelques flocons de neige venaient à nouveau recouvrir la cime des arbres. Le sorcier était profondément endormi, plongé dans un rêve qu'il aimait qualifié d'enfer personnel. Les images défilaient, se succédaient, rendues floues par son incapacité à vouloir accepter une telle partie de lui. Sa tête posée sur ses bras, allongé sur le ventre, il ne cessait de tiquer, de bouger pour reprendre par la suite cette position sans s'en rendre évidemment compte. L'une de ses jambes partaient sans cesse se pliée, dépassant parfois du lit alors que la couette, sous les nombreuses agitations des membres inférieurs du brun, avait chuté au sol. L'air frais de la pièce l'aurait certainement réveillé s'il n'était pas ailleurs que dans sa chambre autrement que physiquement, plongé dans un futur proche qui se caractérisait par deux corps tombant au sol, semblant sans vie. Son esprit luttait, tout comme s'échappait bien trop souvent dans cette chaleur étouffante qu'était l'avenir. Les traits rendus grossiers ne lui permettaient pas de voir ne serait-ce que les visage des victimes, mais elles étaient habillées assez sobrement. Peut-être des moldus, même. Un bruit strident l'avait à nouveau animé, secouant la tête comme pour faire sortir tout ce qu'il entendait, tout ce qu'il voyait, de là. Un klaxonne. Il se trouvait bien dans le monde moldu. Ce monde qu'il détestait pour ce qu'il y avait vécu. Ses doigts s'étaient serrés sur le drap, écrasaient l'oreiller. Mais le sorcier ne se réveillait pas. La pluie tombait durement sur la ville, seule chose qu'il arrivait à distinguer réellement de ce qui l'entourait, percevant l'odeur, sentant presque les gouttes de pluie s'échapper du ciel pour venir s'écraser sur son corps. Tout était comme opaque, prit dans une brume sombre. Une grille noire s'était dessinée devant ses yeux, ou bien était-ce une barrière. Les voix étaient trop lointaines pour qu'il entende quoique ce soit, trop perdues pour qu'il distingue si c'était un homme ou une femme qui prenait la parole. Tout le corps de Silas tremblait, c'était infime, mais perceptible. Par le froid mordant de l'hiver mais également par ce qu'il voyait sans le vouloir, sans le désirer. Une exclamation s'échappait de ses lèvres parfois, puis, soudain, quelque chose avait retentit. Un bruit à peine audible dans la ruelle remplie de bruit, mais amplifié pour le sorcier qui avait presque sursauté, allant passer un bras sur son visage pour cacher son oreille du son sonore qui retentissait dans son crâne. Un pop relatif au transplanage des sorciers, seule chose dont il avait alors été sûr, tandis que tout le reste semblait si lointain qu'il ne distinguait pratiquement rien. Alors que son sommeil était calme et que son corps ne bougeait que de temps à autre, lorsque Silas faisait un rêve prémonitoire dû à ce don qu'il avait en horreur, tout son corps parlait pour lui. Comme s'il tentait inconsciemment de se réveiller, de ne pas vivre chose pareille. Ses paupières s'étaient pressées un peu plus forts encore alors qu'il entendait un seul et unique mot de toute la tirade d'une silhouette un peu plus imposante, plus étirée que les autres. « Meurtre » Son esprit luttait, encore et encore, mais il y avait encore ces détails trop prononcés pour qu'il ne passe à côté, ceux qui raisonnaient souvent incompréhensibles prit en-dehors du rêve, mais tellement importants lorsque le jeune homme apprenait tout le contexte qu'il avait vu à travers son don, une fois ce contexte vécu. Des détails clefs qui, pourtant, étaient réduits au silence par le sorcier qui ne les comprenait pas ou n'arrivait pas à bien les assimiler pour cela. Une chose qui lui faisait totalement perdre confiance en lui à chaque fois, s'apercevant qu'il pouvait tout simplement rien faire à ces visions qui lui pourrissaient l'existence. Le monde moldu commençait à être en effervescence sous ses yeux, lorsque, brusquement, une sensation s'était faite sentir. Quelque chose au niveau de son bras, qui lui avait fait papillonné les yeux. Comme toujours en sortant d'une vision pareille, il avait d'abord laissé le temps à son esprit de s'en remettre, de noter à contre cœur ce qu'il avait comprit tout en tentant de les chasser. Ce pop sonore, preuve qu'un sorcier était présent dans la ruelle, et ces corps qui tombaient. Cette large grille noire qu'il avait aperçue un peu trop pour qu'elle n'ait aucun rapport. Ses sourcils s'étaient froncés, ses yeux s'étaient refermés. Avant que la sensation ne se fasse plus forte encore. Sa tête, s'étant tourné du côté droit de son lit, était parti à l'opposée. C'est alors que Silas était tombé nez à nez avec … Avec un serpent. Accroché à son bras gauche par deux crocs luisants plantés dans sa chair, qui le fixait. Il était resté plusieurs secondes ainsi, à l'observer, avant de se redresser vivement, le serpent restant là, pendu au bout de son bras. « Aaah qu'est-ce que... ! » Voilà la sensation qu'il avait ressenti – et ressentait toujours d'ailleurs. Il aurait presque maudit son asymbolie à la douleur si un filet de sang ne s'était pas échappé de la bouche du serpent qui s'était comme... Crispé. Ses doigts étaient immédiatement parti se poser sur le cou de l'animal, qui n'avait fait que serrer plus fort encore avant de relâcher de lui-même, tombant lourdement sur le lit. Sans plus bouger. Totalement hébété, le regard de Silas avait fuit à travers la pièce, comme s'il tentait de comprendre ce qu'il venait de se passer. Un serpent. En hiver. Qui l'avait mordu, et qui … Etait mort ? Un murmure plaintif s'était fait entendre, si bien qu'il avait manqué de sursauter à nouveau, cherchant à travers sa chambre d'où cela pouvait provenir. Mais il n'y avait personne, personne hormis lui et ce serpent. Détendant son bras gauche, là où se trouvait désormais deux pointes rougeâtres, il avait légèrement crispé ses doigts pour les détendre, se levant prudemment du lit, au cas où l'animal n'était pas mort. Attrapant lentement sa baguette, il l'avait pointé sur son bras, laissant le soin à un sortilège prévu pour désinfecter de se charger de sa blessure. Fronçant les sourcils, Silas avait observé le bandage qui s'était formé autour de son bras, avant de poser de nouveau ses yeux sur l'animal toujours allongé sur le côté, en plein milieu de son lit. Plusieurs gouttes de sang étaient répandues sur le drap, ce qui l'avait fait grimacé avant de soupirer, s'en approchant prudemment. Qu'allait-il faire de ce serpent, qui ne devait sûrement pas se trouver là d'ailleurs, maintenant ? S'il était mort, il pourrait toujours se faufiler à l'extérieur avant que la maison ne se réveille, pour aller l'enterrer. A cette pensée, un long sifflement hachuré avait retentit dans toute la pièce, le faisant cette fois-ci légèrement sursauté, avant de s'avancer pas à pas vers l'animal. Il devait réfléchir. Un serpent ne pouvait se trouver ici, au beau milieu de sa chambre, là où aucun animal de cette taille ne pourrait rentrer seul – ou bien était-il caché quelque part durant tout ce temps – par un temps pareil. Prenant une mine songeuse, le sorcier s'était assit à côté de l'animal de taille moyenne – plutôt petite même pour un serpent ; ce qui avait attiré un nouveau sifflement mécontent de la part de ce dernier – se penchant quelque peu en avant. « Tu fais parti de ce sortilège, n'est-ce pas ? Celui lancé par le ministère de la magie pour contré Voldemort » Il songeait à Sirrush, qui dormait non loin de là avec désormais un Asian Golden Cat, apparut le jour d'avant. Peut-être avait-il alors raison. Mais, s'il avait tord... Hé bien, il se retrouverait comme un imbécile à essayer de parler à un serpent. Silas commençait d'ailleurs à partir dans cette hypothèse, lorsqu'un nouveau sifflement s'était fait entendre, l'animal hochant difficilement la tête. Fronçant les sourcils tout en se mordillant la lèvre inférieure, comme à son habitude lorsqu'il était prit dans ses réflexions, il était parti attraper prudemment le reptile entre ses doigts, l'amenant jusqu'à ses genoux. « Pourquoi est-ce que tu es dans un état pareil ? » Les yeux de l'animal s'étaient fermés, alors qu'il se remettait non sans mal sur le ventre, allant enfouir sa tête dans la paume du sorcier. Ce dernier avait passé ses doigts sur le corps tout entier de l'animal, à la recherche de la blessure qui semblait l'accabler, mais rien ne s'y trouvait. Ne désirant pourtant pas le laisser ainsi, il avait jeté un sortilège afin de l'aider ne serait-ce qu'un minimum – et il pourrait remercier ses études et les livres approfondis sur la médicomagie et les animaux – avant de soupirer doucement, s'appuyant un peu plus contre son lit en étendant ses jambes, attendant que l'animal réussisse ne serait-ce qu'à se mouvoir. Cela avait duré une bonne quinzaine de minutes avant que le reptile ne glisse enfin de ses genoux, attérissant sur le matelas en sifflant joyeusement, arrachant un léger rire au sorcier. « Tu vas mieux à ce que je vois » A sa réplique, le reptile s'était arrêté, se tournant vers lui en se soulevant légèrement, hochant la tête. « Oui, je te remercie » Silas avait immédiatement écarquillé les yeux à l'entente de la voix féminine et douce, arrachant un sifflement moqueur au reptile. « Tu t'attendais à quoi ? » Demandait à nouveau cette voix, tandis que l'animal se glissait à nouveau sur les jambes du sorcier. « Euh, je... J'en sais rien » « Je suis désolée de t'avoir mordu, Silas » « Comment tu... » « Connais
ton nom ? Je suis dans ta tête, cher sorcier »
Déglutissant faiblement, le brun avait apporté une main à sa nuque, baissant légèrement la tête. « Dans ce cas, tu aurais pu m'appeler Ludvik. » Avait-il répliqué, un peu amer. « Oh non. Jamais je n'aurais pu t'appeler de la sorte, je sais que tu détestes ce prénom, et... Je sais également pourquoi » Son bras était retombé, alors qu'un soupir franchissait ses lèvres. « Alors, tu es vraiment dans ma tête ? » Le serpent avait hoché ostensiblement la tête. « Pourquoi est-ce que tu m'as mordu ? » « J'avais peur... » « De quoi ? De moi ? » « Oui...Et non. J'ai vu... J'ai vu des choses, des choses que tu as vu dans ton sommeil. J'ai entendu des bruits, j'ai senti, comme... Comme une sensation d'insécurité. Je voulais que ça cesse » Crispé, le sorcier avait prit une légère inspiration, fermant les yeux. « Alors tu es maudite toi aussi » L'animal n'avait pas répliqué, fermant les yeux à son tour avant de se glisser dans le cou du brun, comme un signe de réconfort. « C'était affreux. J'en ai marre de... Ces choses, je veux simplement qu'elles s'arrêtent... » Et malgré le fait que le patronus venait à peine d'apparaître, un lien très fort s'était établi entre les deux, par ce qu'ils partageaient, mais surtout, par ce serrement au fond de la poitrine de l'animal qui ne lui était pas propre, ressentant là toute la détresse du brun qu'il enfouissait en lui.

« Allez debout bel endormi ! » Les sourcils de Silas, qui peinait à s'extirper de son sommeil, s'étaient froncés, tandis que ses paupières se levaient lentement. Il ressentait encore cette sensation sur son bras, qui commençait à être familière, mais à moitié endormi, il ne savait plus vraiment pourquoi. Brusquement, il était tombé nez à nez, à nouveau, avec un serpent accroché à sa chair. Effectuant un mouvement de recul, comme à chaque fois que son patronus avait la merveilleuse idée de le réveiller de la sorte, il avait cette fois-ci chuter du lit, se retrouvant le dos contre le sol. « Aah... Merlin, Sjel, arrête de me réveiller comme ça » Un sifflement amusé lui avait répondu, tandis que Sjel glissait jusqu'à son visage pour se poser à ses côtés. « Excuse moi, c'est bien trop tentant. » « C'est toi qui la ressent la douleur qui plus est, es-tu masochiste ? » La lésion au niveau des tissus nerveux du jeune brun n'avait pas affecté le patronus, si bien que ce dernier ressentait la douleur bien mieux que son sorcier qui en était indifférent. Ce qui expliquait son état lorsque, la première fois, elle l'avait mordu extrêmement fort. Ricanant doucement, elle était parti se faufiler sur son épaule, sifflant à tue tête. « Oh non, j'aime simplement voir tes différentes réactions à chaque fois » Silas avait de nouveau froncer les sourcils, se redressant péniblement en se frottant le crâne. « C'est bien ce que je dis, tu es masochiste » Un soupir avait roulé le long des lèvres du sorcier, tandis que ce dernier partait s'habiller sous les sifflements de son patronus. « Ouuuuh ! » Avait-elle alors émit en voyant son sorcier retirer son sous-vêtement. « Sjel bon sang ! » Complètement gêné, les joues de Silas s'étaient colorées de rouges alors qu'il tentait de s'habiller plus rapidement que prévu, sous le ricanement de sa moitié. « Allons Silas, tu sais que je fais ça uniquement pour t'embêter, je n'aurais pas cru mais, tu es bien trop timide tu sais » Le python avait doucement hoché la tête pour appuyer ses dires, avant que le sorcier ne vienne lui attraper le cou pour la déposer sur le sien, non sans un soupir. « Tu sais très bien que ça me gêne » « C'est bien pour ça que je le fais » Sjel, sous forme de python – forme qu'elle avait gardé depuis son apparition – ressemblait beaucoup à Silas. D'un côté, elle avait bon nombre de ses traits de caractères, mais, d'un autre, elle était bien plus taquine, plus sûre d'elle, acquérant une confiance pour deux, qu'elle tentait de faire passer à son sorcier du mieux qu'elle le pouvait. Ce côté là permettait à Silas, petit à petit, d'accepter un peu mieux certaines choses chez lui, tout comme, malheureusement, de ressentir un peu plus encore ses visions. Sjel avait beau ne pas tout voir, captant uniquement les détails bien trop forts et trop prononcés, deux esprits connectés à une seule et même chose la rendait plus réelle encore. Arrivé à la cuisine ce jour-là, il avait prit soin de saluer tout les membres de sa famille déjà présents avant de prendre place, attrapant par réflexe la Gazette du Sorcier pour la déposer à côté de la tasse de café qu'il se servait. Brusquement, un sifflement trop appuyé pour paraître naturel lui avait fait tourner la tête, apercevant alors Sjel près du journal de la journée. « Silas, regarde ! » Se penchant près de la première page, il s'était figé pendant plusieurs secondes. Déposant un peu trop vivement sa tasse, il avait attrapé le journal, scrutant alors la photo d'une ruelle moldue, qui suivait le gros titre du matin. 'DEUX MOLDUS RETROUVES MORTS.' « Est-ce que c'est... » La photo s'animait, prise sûrement par un journaliste sorcier qui affirmait dans son article que ces moldus-ci avaient péris sous une baguette magique. La pluie tombait durement, ayant fait fondre les dernières neiges, alors qu'une longue et large grille noire s'élevait en arrière-plan. Pliant le journal, Silas l'avait jeté un peu plus loin. « Oui. »

Sjel. Il l'avait nommé Sjel parce que cela signifiait « âme » en norvégien. Et c'était bien ce que le patronus était selon lui. Son âme, cette chose que tous avait sans cesse affirmé qu'il n'avait pas, autrefois. Mais elle était bien la preuve qu'il en avait une, non ? Qui plus est, elle pouvait ressentir. Même s'il aurait préféré que cela ne soit pas le cas, Sjel pouvait souffrir. Souffrir était quelque chose d'humain pour lui, quelque chose qu'il ne pouvait pas vraiment avoir, renforçant son idée de ne pas être comme les autres, bien qu'il le cachait sans cesse. Cette partie de lui, détaché de son corps pour mieux se matérialiser. Il chérissait beaucoup son patronus, énormément même. Elle lui permettait d'avoir un peu plus confiance en lui, de mieux gérer les choses. Mais il ne se doutait pas de sa deuxième forme. Plus vive, plus franche, moins discrète et moins calquée sur le caractère qu'il laissait apercevoir. Bien plus portée sur tout les ressentiments qu'il cachait, c'était cette partie-là de lui, celle qui extériorisait ce que lui ne voulait pas, volontairement ou non. La deuxième forme de Sjel apparaîssait plus rarement que sa première, et, alors que Silas pensait qu'elle viendrait uniquement lorsqu'il se sentait sur le point de craquer – ce qui était en soit déjà un fait loin d'être régulier – il n'en était rien. Cela pouvait être aussi bien lorsqu'il sentait son calme s'amenuire ou bien lorsque quelque chose le touchait profondément, comme si son patronus désirait l'apaiser en l'extériorisant à sa place. Il avait été plus que surprit en apercevant ce serval face à lui. Ce serval... De couleur noire, qui représentait aussi bien le fait qu'il était différent des autres – chose qu'il voulait pourtant cacher à tout prix – tout comme le fait qu'il se sentait comme... Maudit. Ce gros chat noir aux yeux luisants qui n'avait que mauvaise réputation de là où il venait, dans ce monde moldu, et plus précisément même, chez ses parents – là où les traditions et les mœurs vivaient encore. Il ne détestait pas le serval, mais il avait plus de mal à l'accepter, surtout en public. En retrait, un malaise persistait encore et toujours lorsqu'il posait les yeux sur lui, sur cette couleur sortant de l'ordinaire, qui était plutôt rare chez cette espèce, et sur sa forme. Il n'avait pu s'empêcher de songer que si un espèce de gros matou noir le représentait, c'était bien que son âme était elle-même maudite, bien qu'il haïssait cette façon qu'il avait de penser ainsi. Au fil des mois, Sjel avait tenté de le rassurer, de lui faire prendre confiance en lui. Cela marchait parfois mais, jamais suffisamment. Un changement avait opéré en Silas, mais encore fallait-il qu'il veuille le laisser se montrer.
Aujourd'hui encore, il s'entend tout aussi bien, voir même davantage, avec le python de Children. Bien qu'il a moins de mal avec le serval noir, en revanche, ce dernier reste la forme qu'il craint le plus d'apercevoir à ses côtés.
 

You're not a sad story.


Monde moldu; années 1964-65 ;Norvège.
Je ne suis pas comme eux. Du haut de mes cinq ans, à cette époque-là, je le sais déjà. Je le sens, je le vois. Leurs regards sur moi sont apeurés, tristes, effrayés. Ils sont méfiants. Et je les comprends. Je crois. Je traverse la rue, mes pas sont lents alors que j'aimerais courir, ils durent une éternité alors que j'aimerais qu'ils ne durent qu'un instant, qu'une seconde. Être inaperçu, oublié. Pourquoi elle m'empêche de courir ? Elle me l'a dit elle-même que je devrais pas me montrer à la lumière du jour. Pourquoi me sortir ? Je n'en ai pas besoin. Je crois. Mon regard glisse sur chacun d'entre eux, sur chacune de leurs expressions que j'ai l'impression être modelées pour moi, à mon image. Du dégoût, de la pitié ? Je me tasse contre la silhouette à mes côtés qui m'agrippe, m'enserre la main. Ca commence à faire mal. Je me souviens de cette douleur tiraillante dans les doigts, qui courent le long de mon poignet, stop la circulation normale du sang jusqu'à m'en blanchir les jointures. Ca pique, ça brûle, mais je ne fais rien, je ne dis rien. Elle me serre la main trop fort, me tire contre elle dans le but vain, dit-elle, de me protéger des autres. Mais je sais qu'elle veut plutôt me cacher. Je me contente de déglutir, de la suivre, de prier pour que tout se passe vite. Prier, oui. On m'a apprit à le faire, on m'a toujours dit que ça me guérirait. Que ça me guérirait de... Ce que je suis. Alors j'y crois, ou plutôt, je veux y croire. Je fais comme maman, même si j'ai pas le choix de toute manière. Je dois me mettre à genou, me soumettre à la volonté de « Dieu ». Même que Papa me force lorsque je ne veux pas... Comme si c'est quelque chose de vitale. Ca doit l'être alors. Mais s'il existe vraiment pourquoi il me vient pas en aide, hein ? Pourquoi est-ce qu'il ne répond pas à mes larmes, ni celles de maman ? Pourquoi je dois lui être soumis d'ailleurs ? J'ai l'impression que dans ce monde, on est toujours soumit à tout le monde... Pourquoi parle-t-on de liberté, si on ne peut pas y accéder, hein ? Quand on est à genoux, et qu'on ferme les yeux, maman chante cette musique... Celle qui parle d'être libre. J'ai envie de l'entendre. Mais j'ai pas envie de prier. Je fronce alors les sourcils, les défronces, les relève, ils sont une animation à eux-même alors qu'on arrive enfin à l'autre bout de la rue. Je lâche une exclamation effrayée, apeuré. Vous savez, comme quand vous avez l'impression qu'un monstre vous suit. Ici, les monstres, c'est eux, c'est vous, c'est tout le monde. J'ai peur. Je me colle encore plus à elle lorsqu'elle ouvre la porte, un sourire tremblant aux lèvres. Je sais qu'elle va pleurer une fois la porte franchit. Parce que je suis pas pareil, parce qu'elle doit cacher ce dont elle était fière avant... Papa dit qu'elle pleure beaucoup, mais moi je trouve pas. C'est normal, non ? C'est normal de pleurer quand on a un enfant différent, un enfant qui fait peur. Qui fait peur autant qu'il a peur pourtant... Enfin, la porte cède et on monte quatre à quatre les escaliers de l'immeuble. Elle se presse, elle court et manquerait presque de tomber à cause de ses talons de femme du monde. Un vague sourire prend possession de mes lèvres. Elle veut toujours être élégante quand on sort, comme si... Ca pallierait un peu à ce qu'elle a à côté d'elle. A moi. C'est pas mon apparence qui fait peur. Même si parfois j'ai l'impression que mes yeux leur font baisser la tête. C'est pas mon apparence... J'aurais préféré. Une apparence, ça change. Moi non. Je sais que je changerais pas, mais je veux pas le lui dire, elle espère trop pour ça. Je veux pas lui faire de la peine. Je veux être ce qu'elle veut que je sois. Arrivé devant un pallier, elle lâche enfin ma main, jette un œil à droite, à gauche, puis tourne la clef dans la serrure. Et pourtant, avant qu'on puisse pénétrer dans l'appartement, une voix l'interpelle. Et je me fige, à son image. Mon sang se glace, mais je me tourne, alors qu'elle est encore plus pâle qu'habituellement. « Miss Engen. » Ma maman la regarde, puis hoche la tête. Je crois qu'elle ose pas parler... C'est vrai qu'elle fait peur la voisine. Les yeux de celle-ci se pose d'ailleurs sur moi, me scrute, m'observe... Je reste stoïque. J'ai l'habitude. Pourtant c'est toujours aussi désagréable. « Encore là votre... fils ? J'avais cru comprendre que vous et Mister Engen désiraient l'envoyer dans une pension adaptée, m'aurait-il menti ? » Je déglutit. Devant leurs yeux je deviens une chose. Mais je n'aspirais qu'à devenir quelqu'un, moi aussi. « N...Non Madame Nilsen, Jarend et moi envisageons vraiment de le... le con-confier à une pension catholique. » Elle dément pas. Je lui en veux pas. Je baisse les yeux, une larme roule le long de ma joue. Je suis faible pour pleurer, c'est Papa qui l'a dit. « Hmm... Je l'espère voyez vous. J'espère que plus rien d'étrange ne se reproduira d'ici-là ! Sinon, je vous promets que je fais appel aux autorités. C'est dangereux vous savez ? » Et je sais qu'elle parle de moi. Je suis un ça, pas un il. Je la sens hocher la tête, et ma main part d'instinct chercher la chaleur et le réconfort de la sienne. Mais elle ne la prend pas et se retourne vivement vers la porte. « Oui... Oui oui ne vous en faites pas, il n'y aura plus... Plus de choses bizarres. Tout va bien aller, tout ira bien, demain... Demain on l'emmène. On l'emmène loin... » Elle murmure la dernière phrase mais je l'entends. Et mon cœur se sert, j'ai l'impression d'étouffer. C'est bizarre comme sensation. Je retiens un sanglot et prend une profonde inspiration alors que Mme Nilsen continue, parle de sa fille, et tourne les talons. Je la suis du regard, sursaute lorsqu'elle se retourne vers moi pour tapoter la croix accrochée au-dessus de sa porte. Je suis pas un démon... Maman dit leur. Je suis pas... Mauvais. Si ? Je tourne les yeux vers elle, je veux une réponse, une confirmation de ce que je pense. Rien. Une larme roule sur sa joue, sur la même que la mienne. C'est stupide mais ça me fait sourire. Elle entrouvre la porte à la volée et me tire à l'intérieur avant de se ruer vers la table du salon. L'odeur désagréable de la maison m'apaise, voilà enfin les pièces que je ne quitte plus depuis longtemps. Les tableaux au mur sont dépassés, le bois est usé. La tapisserie est décharnée bien que cachée par la décoration et les meubles anciens. Mais je m'y sens bien. J'ai rien connu d'autre. A part les sourires de maman qu'elle ne fait plus depuis... Depuis ça. Je suis fautif. Je m'en veux d'être la source de son malheur. Et je ne comprenais pas encore tout ces signes qui me donne envie plus que tout de les haïr...

Flash-Back
« Maman... » Elle tourne son visage vers le mien, un sourire planté sur ses lèvres. Assise sur le canapé, les jambes soigneusement croisées, elle a l'air d'un vieux tableau. Je fais un pas en avant, hésitant, tremblant. J'ai un hoquet lorsque son regard croise le mien et elle fronce les sourcils, inquiète. J'entends à peine mon père se précipiter jusqu'ici, j'écoute que distraitement ma mère qui affirme que je suis pâle comme la mort. « Ca a recommencé, c'est ça ? C'est ça Ludvik ? » « N...Non... Enfin...O-oui mais... » « Oui ou non ?! » Claque mon père en s'approchant brusquement de moi. Il déteste lorsque ça se produit, je le sais. Il se penche à ma hauteur et commence à me secouer, j'ai la nausée. « Dis le nous Ludvik, est-ce que les objets ont volés dans ta chambre ? Parle » « Ca...Calme toi Jarend, laisse le respirer, il a l'air malade » Elle se rapproche vivement de moi et retire la poigne trop ferme de mon père sur mon épaule désormais marqué d'une trace rougeâtre, qui sera violacée le lendemain je le sais par habitude. Ca fait plusieurs jours. Plusieurs semaines que ça se produit, plusieurs jours qu'il est à bout de nerf et qu'elle ne sourit plus autant qu'avant. Qu'elle perd petit à petit le sourire pour se réfugier dans la religion et l'espoir. Je la remercie du regard lorsqu'elle l'éloigne de moi, et ses mains se posent sur mon visage. Elle a l'air tellement effrayée par ce qu'il m'arrive que je souris à travers mes larmes. Elle me rassure. Elle est mon repère dans tout ce qu'il se passe. « Ludvik mon chéri, dis moi ce qu'il s'est passé » Je déglutis lorsque le sujet revient, lorsque je me souviens. Mais je dois leur dire, non, je dois lui dire. J'ai confiance en elle. Elle ne me fera rien. « Maman... J'ai peur » Elle me scrute, caressant distraitement ma joue, effaçant mes larmes qui ont coulé lorsque ça s'est produit. « Je.. J'ai... J'ai vu... J'ai vu quelque chose la nuit dernière, et...Et ça recommence » « Quand ça Ludvik, et qu'as-tu vu ? » Ses doigts continuent à m'apaiser, puis parte dans mes cheveux. Je prends une inspiration hachurée, tremblante par mes derniers sanglots. « J'a... j'avais vu grand-père mourir quand... Quand le miroir a volé » Son sourire coule lentement le long de son visage, elle devient livide. Aussi livide que moi je crois. J'avais vu mon grand-père mourir, lentement, dans son sommeil. C'était affreux. Je pensais que c'était un cauchemar. Avant qu'on nous annonce sa mort la semaine d'après... « Et il est... Il est mort après maman, et j'ai revu... J'ai vu... Quelque chose qui » « Tais toi. » Mon père me coupe, et je redresse le visage, effrayé. « Taraa... » Prononce gravement mon père, comme une mise en garde. « Je sais Jarend, je sais... » Ses mains quittent mon visage, elle ne me regarde plus. Elle a l'air... Si désespérée, comme si … Elle abandonnait. Je tressaille, un nouveau hoquet me surprend et j'attrape sa manche. Mais elle défait l'emprise un peu trop brusquement, avant de s'en rendre compte et de se tourner vers moi, un léger sourire d'excuse aux lèvres. Ce fut la dernière fois qu'elle se comporta ainsi avec moi, et la première fois que, derrière ma porte, je les ai entendu parler d'une solution radicale me concernant.
Fin du flash-back

On est 'demain'. J'ai peur. J'ai pas dormi de la nuit. Elle a dit qu'ils allaient m'emmener... Je veux pas. Je veux pas y aller. Un sanglot se bloque dans ma gorge quand la porte s'ouvre. « Ludvik... » Je fais semblant de dormir. Mais c'est Papa, pas maman... Alors il se rapproche, m'attrape l'épaule et la secoue. « Ludvik, debout. » Je fronce les yeux. « Je sais que tu ne dors pas. Lève toi. Tout de suite... » Je ne bouge pas. « Si tu ne te lèves pas c'est moi qui te lève... Et tu sais comment ça finit. » Oui. Il me fait mal, il fait pas exprès il a dit mais... Ca me fait mal. Alors je me redresse, mais secoue la tête, les yeux larmoyants. « Je veux pas... » « T'as pas l'choix. » « Si. Je veux rester. » Il n'a pas l'air content... Il soupire, fronce les sourcils, puis m'attrape les épaules et me soulève. Je me débats, je bats des pieds dans les airs, je veux rester ! « Non non non lâche moiii ! Je veux pas y aller je suis bien là je veux... je veux rester ! Je suis pas un monstre j'ai pas vouluu je suis pas... » Il me tient fermement et m'attire contre lui pour me maitriser. Ses mains se serrent sur mes poignets, ça y est, ça me fait mal. Il me fait mal. « Je suis désolé fiston, tellement désolé... Tu sais que je ne te veux pas de mal... » Sa voix est douce, il a toujours ce côté-là quand il me fait mal. « Je veux pas te... Mais je suis obligé, tu comprends ? C'est pas toi qui parle, c'est le mal en toi, et je veux te libérer, tu comprends hein ? » Je secoue la tête. Il serre plus fort. Alors je hoche la tête, et il me lâche. Je reprends ma respiration, part en arrière sous le choc et me laisse glisser contre mon lit alors que j'éclate en sanglot. Je lève les yeux vers lui, ma vue brouillée m'empêche de voir son visage tiré par la fatigue, mais je vois qu'il a les yeux rouges lui aussi. « Tu sais bien que je n'aime pas... » Alors pourquoi tu le fais... Il soupire, puis tourne les talons et se dirige vers la porte. Sans se retourner, il se stop, et me parle. « Prépare toi, on y va. On t'emmène pas dans une pension, Ludvik. On veut juste guérir ton mal. » Je ramène mes jambes contre moi, et je pleure. Durant une longue minute, avant de me redresser, d'essuyer faiblement mes yeux et de prendre la croix posée sur la table de chevet. Maman arrive vite, m'aide à me préparer et fait abstraction des vestiges de mes larmes. Elle me regarde pas dans les yeux, elle ne le fait plus. Elle a peur de voir quelque chose en moi. Quelque chose que je ne devrais moi-même pas voir. Elle me prend dans ses bras, et on se hâte à partir. Il est tôt, très tôt. Il fait encore froid, très froid même, et la brume ne s'est pas levée. Linn n'est pas là. Linn, c'est ma sœur. Je l'adore, elle est gentille, elle est douce, elle ressemble à une poupée. Mais elle, elle ne m'aime pas. Elle a peur de moi. Elle veut jamais que je m'approche d'elle, sinon, elle hurle. Je crois qu'elle est chez grand-mère. Durant les vacances, elle part toujours. Ils ont peur pour elle. Ils ne savent pas ce que je suis, je ne sais pas ce que je suis. Mais je ne suis vraiment pas comme eux...


Tell me who you really are.

ϟ pseudo et âge: Amy principalement, et vingt ans Haww
ϟ Où as-tu trouvé le forum? C'est ma maison. Han!
ϟ Personnage: Inventé & PV d'Ingherneils
ϟ As-tu un autre compte sur BP? Trois pour ainsi dire :3:C'estqu'oncommenceàêtrebeaucouplàhaut
ϟ Présence: All the time my friends
ϟ Une remarque? OUI. J'ai reposté une fiche, oui, j'ai trop écrit, mais non, j'ai pas pu faire autrement T.T
Alorslepremierquimefaituneremarquesebouffeuntrucdanslatronche,vala
Et sinon... Je vous aime, hein. HawwPantémort
Hug


Dernière édition par Silas L. Mortensen le Mar 17 Sep - 16:17, édité 3 fois
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Message Re: I need no burning crosses to illuminate my nights² ▬ Silas
par Invité, Mer 4 Sep - 16:56 (#)
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C'est moche. Ca sent bizarre, et ça fait peur. Y a des statuettes partout, des yeux qui me fixent, des visages qui n'ont rien d'humains. La décoration de l'appartement est... Un peu bizarre. Je pénètre quand même dans la pièce, pas rassuré du tout, une main posée sur mon poignet pour un léger massage. Il est encore rouge. Je grimace, mais capte le regard nerveux et sévère de mon père, alors j'abaisse ma main mais cache mon poignet derrière mon dos. « Tara ! » Appelle une douce voix grave de femme aux intonations étrangères. Je relève la tête, détourne les yeux de ma contemplation morbide. Ca me fait frissonner. « Alphée, ma chère... Pardonne nous de t'importuner aussi tôt » Maman se décale, et je peux enfin poser les yeux sur l'inconnue. Elle est grande, et ses lourds cheveux bruns encadrent son visage angélique. Je cligne des yeux lorsqu'elle se tourne vers moi en marmonnant. Je n'entends pas grand chose, mais je crois qu'elle demande si c'est « bien lui ». Maman hoche la tête, et Alphée s'approche de moi. Elle se baisse à ma hauteur, et me fait un énorme sourire. « Bonjour Ludvik. Je suis Alphée, une guérisseuse. » De ma voix enfantine, je demande « Alors vous pouvez guérir tout les maux ? » Des étoiles dans les yeux, je la vois rire légèrement puis hocher la tête. « Oui, oui on peut dire ça comme ça. J'ai entendu parler de ton petit.. Problème. Tu veux bien que j'y jette un œil ? » Je hausse les épaules. Comment elle pourrait le voir ? Ce n'est pas visible. Elle me prend les mains, puis son visage se tire vers le bas alors qu'elle sursaute et part en arrière, une main sur bouche. « OH ! Il est … Il... Et sa marque là... » Elle tremble, me montre du doigt, moi et ma « marque » sur le poignet. Je cligne des yeux à nouveau, je ne comprends pas. Mon père tousse puis hoche la tête. Hey, non, attendez, att... « Pouvez vous nous laisser seul ? » Non. J'ai pas envie. Elle semblait gentille, mais maintenant elle me fait peur. Pourtant, maman traine Papa en dehors de la pièce, et les lumières me semblent encore plus tamisée que jamais. Je reste muet. Elle vient me prendre la main, tremblante, et m'attire à une table où je dois m'asseoir. Elle pose ses mains sur mon crâne, et ferme les yeux. Je n'avais même pas remarqué les cierges allumés sur la table. Elle soupire, je reste figé. Elle respire, je ne tremble même plus. « Libère toi... » Et ces mots me font l'effet d'une douche froide. J'ai l'impression d'avoir froid, d'être gelé mais de brûler. Je veux me libérer, oui ! Je veux me libérer. Mais pas de ce qu'ils croient que j'ai, je veux me libérer d'eux. « Ludvik... Tu dois m'aider, je n'y arriverais pas seule » Elle a l'air convaincue. Et je pleure. « Lâchez moi ! » Je recule. Je bouscule la chaise qui tombe en fracas alors que le bruit alerte Papa et maman qui me rejoignent. « Lâchez moi lâchez moi lâchez moi ! Je vais pas guérir ! » Ca doit sortir. Les larmes roulent le long de mes joues, alors que Papa vient et m'enserre à nouveau contre lui pour que j'arrête de bouger. Mais tout tourne, et je redeviens incontrôlable. Comme dans mes accès de colère, de fureur, d'incompréhension, de larmes... Ils appellent ça un démon, j'aurais dû appeler ça... Être soi-même. Ils veulent que je me libère, je le fais. Je libère toutes mes émotions, mes peines, mes frustrations, les douleurs de mon âme qu'ils pensent que je n'ai plus. Je bouge dans tout les sens, les ongles de mon père rentrent dans ma peau, me font souffrir, saigner. Je hurle, je tape du pied, je veux qu'on me laisse tranquille pour une fois... J'ai peur, j'ai peur et je ne sais pas maitriser ma peur. « C'est le démon ! C'est le mal qui s'empare de lui ! » Elle est folle, au secours, j'ai peur... J'ai peur et personne ne m'aide ! Je me tord, tente d'échapper à son contrôle, aux poignes de fer de mon père. Puis... « On va l'attacher... » ...Non... Non non non ! Je veux pas ! J'ai peur ! Pourquoi ils ne comprennent pas que si je bouge et si je hurle, c'est parce que j'ai peur ! « Non ! Non lâchez moi lâchez moi lâchez moi ! Va-t-en ! Laisse moi ! J'ai peur ! » « Ne t'en fais pas Ludvik, on va t'aider... Je suis là pour ça... » Alphée... Ou plutôt, la folle. Elle s'approche de moi, aide mon père à me maitriser alors que ma maman éclate en larmes. Je vois rien, il fait sombre, je cache mes yeux, mon visage. Je ne veux pas qu'ils me voient, si c'est pour me voir comme quelque chose qui ne doit pas exister. Des bruits sourds autour de moi se font entendre, je sais que quelques objets volent à l'autre bout de la pièce. Comme d'habitude. Je sens ce quelque chose s'échapper de mes veines, s'échapper de moi, de tout mon être, pour se diffuser alentour, sans que je ne le veuille, sans que je ne l'ordonne. Je pleure, je hurle, puis arrive les sangles. Des choses qui m'enserrent, qui me laisse accrocher à la vérité, à l'existence même, à la vie, la vraie. Je peux plus laisser mon esprit s'évader comme j'aime le faire, je peux plus penser à autre chose lorsque les regards se posent sur moi, je peux plus penser à un monde plus fantastique quand on me prend pour un monstre. Autour de mes poignets, autour de mes chevilles. Je me tortille. Elle me caresse la joue. « Pitié ! » Un mot qu'il ne faut pas prononcer chez elle. Elle déglutit, puis emmène un liquide bouillant sur mes tempes qu'elle dépose à l'aide de ses pouces. Je hurle, c'est trop chaud. « Pour...Pourquoi est-ce...Est-ce qu'il hurle autant ? » La voix de maman, je l'entends vaguement... « Il guérit Tara, il guérit. C'est une réaction naturelle quand le mal sort de son corps » Non, c'est chaud ! Je pleure, je crie... Personne ne vient. Pourquoi ils ne viennent pas me détacher ? Me dire que ce n'est pas grave ? « C'est pour ton bien... » Et mes yeux se ferment, je me tais, je ne bouge plus. Mes larmes sont taris, ma gorge est sèche, bloquée. J'ai trop hurlé. Je redeviens calme, la respiration courte et accélérée. Ils prennent ça pour un signe de guérison, je sais que c'est simplement moi, moi qui réagit de façon extrême avant de me calmer. Une pulsion. Pourquoi sont-ils aussi aveugles ? Parce qu'ils ne voient que ce qu'ils veulent, n'entendent que ce qu'ils désirent, et n'espèrent que ce qui les arrange...

Ca fait plusieurs mois maintenant. Plusieurs mois que je vois Alphée, plusieurs mois qu'on m'attache sur cette table pour me contrôler, me calmer disent-ils. Plusieurs mois qu'elle fait des choses bizarres, comme ce truc qui me brûle les tempes. Plusieurs mois que je dois prier plus de fois par jour et plusieurs mois que je n'ai pas vu Linn. Je suis enfermé dans ma chambre, et je le reste. Sauf pour aller voir Alphée. J'arrête de lutter, parce que du haut de mes six ans presque, je ne peux pas vraiment les combattre. J'arrête de lutter et je laisse le temps défiler. Ca revient parfois, ça me contrôle ils disent. J'ai peur, j'ai peur quand je le sens sortir de mes veines, j'ai peur quand je le sens chauffer ma peau. J'ai peur la nuit, quand je revois des choses tellement réelles, j'ai peur mais je ne leur dis plus. J'ai peur que ça se produise, aussi. Je ne suis pas normal. Un garçon normal ne vit pas ça, un garçon normal ne doit pas être enfermé, ne doit pas subir tout ça, loin de tout et de tout le monde. Mais au fond, c'est pas plus mal. Je regarde l'extérieur de ma fenêtre calfeutrée, et le monde semble plus beau d'ici. J'ai l'habitude de m'asseoir près d'elle maintenant, et de regarder. Simplement regarder l'existence des autres. Parfois, je pleure, mais c'est devenu rare maintenant. Comme si mon corps n'avait plus de larmes. Et tant mieux. J'aime pas pleurer, c'est pour les faibles dit Papa. Et je suis pas faible. Je veux pas être faible. Puis quand je pleure, y a ça qui me serre. J'ai peur de le ressentir, même si c'est pour me calmer. Alors quand j'ai trop peur, y a des objets qui volent. Ma fenêtre a craquelé une fois. J'ai dû dire que c'était le froid, on était en hiver, c'est plutôt bien passé. Je veux pas qu'ils me voient encore pire que maintenant, donc je mens. Je commence à mentir pour un peu tout et n'importe quoi, pour prétendre une guérison qui ne viendra pas. Du moment que mes rendez-vous avec Alphée deviennent de plus en plus rare, je m'en fiche maintenant... Je sais que je ne guérirais pas. Et ça me fait peur, elle me fait peur. Et ça me fait mal. Là-bas, ou chaque fois que je dois y aller. Parfois j'essaye de lutter contre Papa, mais il est vraiment furieux, il dit que c'est pour mon bien, mais moi, je comprends pas...

Les rêves ont recommencés. En pire. J'ai eu comme... Comme une vision, c'est le mot que maman emploi. Et c'était en pleine journée. Sauf que ça m'arrive jamais, normalement ! Nous étions au salon, et il paraît que je me suis figé, que j'ai regardé dans le vide, et que j'ai parlé... Parlé d'une chose au sujet de la voisine, de Mme Nilsen. Mes parents ont vraiment eu peur en voyant ça, ils croyaient que j'étais plus possédé que jamais. Alors ils m'ont enfermés dans ma chambre pour la journée durant et ont accouru chez la voisine. Je ne sais pas ce que j'ai dis sur elle, mais ils vont souvent la voir alors que d'habitude, ils y vont jamais.
On arrive chez Alphée. La première phase que maman prononce une fois la porte franchit, c'est « Les choses ont empirés ». Je tressaille, la poigne de Papa se fait plus ferme sur mon poignet. Je serre les dents, ça fait horriblement mal à force. Chaque jour, plusieurs fois, il fait ça. Alphée m'entraine dans son salon, et mes parents sortent. Elle ne veut pas qu'ils restent, mais moi, j'aurais bien voulu. Elle m'attache sur la table, je tremble. Elle prend mes poignets, je grimace. Elle hurle. Elle croit que ces marques, c'est le 'démon' qui les a fait, que c'est une réaction. Je commence à protester mais, je m'arrête net. Je veux pas que Papa ai des ennuis, alors je me tais. Elle appuie sur mes poignets et je crie à mon tour, ça fait tellement mal... Ils sont violacés, bleutés. Je tremble à nouveau, un spasme me parcourt et mon cœur se met à battre la chamade. Elle se retourne, m'adresse un sourire qui se veut rassurant et s'approche de sa cheminée, là où un feu s'y trouve. Je fronce les sourcils, tente d'apaiser mon cœur qui bat plus fort encore. J'ai peur. J'entends un bruit métallique, de chaine, mais c'est à peine perceptible. « Ta maman m'a parlé de tes cauchemars » Je ferme les yeux. Je transpire. « On va essayer d'arranger ça, hm? » Je hoche la tête. J'ai plus rien à lui dire, elle m'écoute jamais. Elle croit que ce n'est pas moi qui parle. Elle s’assoit à mes côtés, scrute mon poignet, le bouge dans tout les sens en m'arrachant des exclamations de douleur. J'ouvre les yeux et part l'observer, voyant immédiatement une croix argentée entre ses gants qu'elle tient par la chaine, laissant le pendentif danser au dessus de ma peau. Je tremble, j'écarquille les yeux. « Ne t'en fais pas, ça ne sera pas long » Je crispe les poings. Et elle la fait tomber sur mon poignet gauche. Je hurle immédiatement, puis hurle, hurle, hurle encore à m'en déchirer les cordes vocales. Elle est brûlante, comme de l'acide. Elle sort du feu, je le sens, je le sens trop même. Je me tord mais les sangles m'empêchent de bouger. Je tire sur mes poignets, mais le contact se fait plus fort encore et je crie autant qu'il m'est possible de le faire. Personne ne vient pourtant. Je secoue ma tête dans tout les sens, tente d'échapper à ce cauchemar, à cet enfer. En vain. Elle part appuyer un peu plus l'argent brûlant sur ma chair qui cède doucement, sur la peau qui a brûlée et qui part en lambeau. Mes chevilles s'animent, tapent dans les sangles. Au secours, pitié, pitié quelqu'un... N'importe qui... Mais quelqu'un... Elle appuie encore plus et je sens mon énorme bleu réagir, bien qu'à moitié disparu dans le brasier personnel présent sur ma chair. Je suis en sueur, les sangles m'étouffent. Je suis pâle, aussi pâle que la mort elle-même. Est-ce que je meurs ? Son pouce vient caresser ma tempe. « Pitié... » Mes cris s'estompent, je murmure d'une voix rauque, cassée. Ma vision se brouille, des points noirs apparaissent. Sa voix se fait plus lointaine, mon corps ne s'anime plus sauf sous mes tremblements. Et je cède. Petit à petit, je me laisse sombrer. Je papillonne des yeux, mais j'abandonne rapidement. Mes paupières sont closes, ma bouche entrouverte laisse échappée une respiration sifflante, et mon poignet, tendu au possible, retombe lâchement.

Je me suis réveillé à l'hôpital. J'ai fais un malaise ce jour-là... Chez Alphée. J'ai entendu maman parler avec le médecin. Visiblement... Alphée leur a fait croire que je m'étais fais ça tout seul. Comme une « auto-destruction, provoquée par ce qui m'habite ». Je n'ai rien dis. Je le vois dans leurs yeux, ils la croiront elle. Pas moi. J'y suis resté plusieurs jours, à l'hôpital. Au début, j'ai pas vraiment comprit pourquoi... J'avais plus mal, et puis, j'avais des bandages. Et le médecin est venu, prenant à part mes parents pour pas que j'entende. Mais j'ai tout entendu. Sauf que j'ai pas compris ce dont ils parlaient...
« Il semblerait que le corps de votre fils ai trop réagit » «  Comment ça ? » « Hé bien, la douleur qu'il a ressenti a eu comme un effet de surchage, trop de douleur, qui l'a entrainé dans cet état d'inconscience. J'ai remarqué ses marques sur les poignets, et quelques rougeurs à ses tempes. Est-ce que... » « Vous croyez qu'on le bat, c'est ça ? Qu'on ne fait pas tout pour lui hein ? Mais on se démène pour qu'il aille mieux, Monsieur ! » « Calmez-vous, calmez-vous, je n'ai jamais avancé pareille hypothèse, simplement, est-ce que vous confirmez qu'il se fait ça lui-même ? » « Oui, oui Docteur. Je... Je l'ai vu faire » « Vous savez, nous avons une aile psychiatrique qui pourrait très bien l'accueillir » « Nous...Nous n'avons pas l'argent nécessaire pour ça » « Il y a des aides, maintenant, qui pourrait très bien vous... » « Bon, écoutez, c'est notre fils, on veut ce qu'il a de mieux pour lui, alors ce n'est pas pour vous entendre nous dire qu'il est cinglé ! » « Calme toi Jarend. Docteur, est-ce que vous pouvez... Nous dire ce qu'il a ? » « ..Bien sûr Madame Engen. Voyez-vous, ses tissus nerveux ont lâchés. » « Pardon ?! » « Il y a eu... Une déchirure, une rupture au moment où il est tombé inconscient. » « Quelle... Quelle genre de rupture ? » « Le genre irréversible, Madame. Mais ne vous inquiétez pas, il n'en va pas de sa santé. Disons que désormais... Il ne réagira plus jamais pareil face à la douleur. Elle ne deviendra pas inexistante, mais il en sera simplement indifférent, jamais il n'aura le réflexe de se reculer, ou de se retirer d'une quelconque source de souffrance, parce que celle-ci ne sera pas vue comme pénible, juste comme une... Une sensation, tout au plus. Rien de désagréable, comme rien d'agréable. »

Ils sont dépassés par la situation, c'est ce qu'ils arrêtent pas de répéter. Derrière la porte, mon oreille collée à celle-ci, je les écoute, comme je le fais chaque soir. Ils ont toujours la même discussion, toujours tournée vers moi. Ils ne savent plus quoi faire, ils ne savent pas combien de temps ils vont tenir comme ça. Puis Alphée est chère visiblement. Je ne savais pas qu'on la payait avant ce soir. Papa a pas beaucoup d'argent, il devait en avoir un qui rapporte plus, mais j'ai entendu les gens dans la rue discuter de ça sous ma fenêtre un jour. Ils disaient que ma famille était bizarre, que j'étais bizarre. Que Papa était violent et que les marques retrouvées sur mon corps lui faisaient perdre toute crébi... Crédi... Crédibilité, je crois. J'ai pas tout compris, mais... Je sais que c'est ma faute si on en est là. Linn vit chez ma grand-mère. Elle a les moyens pour s'en occuper pour l'instant, et maman s'en va parfois toute la journée pour aller la voir, mais ça ne va pas durer. Ca ne le peut pas. Alors ils cherchent des solutions, parce que ma guérison prend trop de temps. Je décolle mon oreille de la porte, je ne veux plus entendre la suite ce soir. Je ne veux plus les entendre parler de pension, de Mme Nilsen qui croit encore que j'y suis déjà - et qui a faillit brûler vive à cause d'un incendie déclaré chez elle, si mes parents n'étaient pas intervenus - du voisin d'à côté qui les insultes. Alors je me tourne vers mon lit, et je me mets à genoux. Je ferme les yeux, la tête levée vers le ciel, et je prie. Je demande seulement que quelqu'un aide ma famille. Que quelqu'un les aide, parce que je leur fais du mal. Mais c'est pas ce que je voulais, moi. Lorsque j'ai finis, il est tard, plus aucune voix traverse faiblement ma porte. J'ai du m'assoupir ? La tête collée contre le matelas, je me redresse, tremblant, sentant mes jambes presque céder sous mon poids. Je peux pas ressentir la douleur comme je le devrais, elle est bien là mais... J'ai pas mal. Alors j'ai du rester trop longtemps dans cette position. Je me glisse sur le lit en espérant que je ne verrais rien ce soir et m'allonge sans prendre la peine de passer sous la couverture. Et je comprends que peut-être, ils ont raison les gens du dehors, peut-être que je grandis trop vite pour mon âge, peut-être que je n'ai pas d'enfance, volée par quelque chose qui les dépasse tous.

On ne m'a pas permit d'apprendre l'écriture, la lecture, toutes ces choses pourtant normales. Lorsque maman a voulut me faire écrire, j'ai essayé, essayé, puis essayé encore sans réussir. Avant de changer mon stylo de main. Et j'y arrivais, c'était plaisant de laisser la pointe du crayon dessiner des choses cohérentes sur un bout d'papier. Mais on m'a forcé à arrêté, parce qu'être gaucher, c'est l'oeuvre du mal. Papa raconte qu'autrefois son grand-père brûlait des gens de mon genre. Qu'il faut le cacher ça aussi. Je dois vraiment tout faire de travers, comme si ce monde n'est pas le mien, comme si je n'ai jamais été à ma place ici. Et puis, elle est arrivée. Elle et sa bonne humeur, son courage, son sourire, ses paroles rassurantes qui me réconfortent dans l'idée que oui, ce n'était pas mon monde celui-ci. Une voyageuse, une aventureuse, qui a rencontré Alphée. Je crois qu'Alphée m'a dit qu'elle connaissait énormément de monde dans le domaine du paranormal, de l'imaginaire et de l'irréel. Je n'ai pas bien compris sur le moment. Je crois qu'il s'agit d'une de ses amies qui est une dévoreuse de légende. Elle voulait prouver qu'elles étaient vraies, et parlait d'enquête, de fouille, à la recherche de l'existence de tout ce qui est fée, fantôme et... Dragons. Alphée et cette amie ont rencontré Gina dans un pub, comme ça, par hasard. De son sourire habituel, elle leur a parlé. Mais rien de ce qu'elle m'a dit, non. Elle s'est peut-être montré intéressée, vouloir savoir ce qu'elles savaient – rien, au final – je n'en sais pas grand chose. Mais Alphée a parlé de moi. D'un petit garçon à sa charge sûrement possédé qui fait léviter des objets lors de crises de trop grandes émotions, et qui voit des choses qui vont se produire dans un futur plus ou moins proche...
Elle s'était penché vers elle, regardant autour d'elles comme si elle allait lui confier un secret. Tout proche, elle murmurait. « Vous croyez au paranormal ? » La jeune femme en face d'elle avait sourit, penchant la tête sur le côté. « Vous croyez aux... Aux gens qui ont des pouvoirs ? » Elle avait tiqué sur cette phrase, mais l'avait caché, désireuse d'en savoir davantage. « Ce n'est plus une histoire de pseudo dragon Mademoiselle... » « Madame » avait distraitement reprit Gina, un léger sourire toujours flottant sur ses lèvres, ses yeux ancrés dans les siens. « Non, ici je vous parle de vraie chose, concrète, que j'ai moi-même vu ! » Finissait la jeune femme brune en se reculant, les yeux ronds, comme si elle venait d'avouer quelque chose de terrible. « Des objets qui volent, un vase qui éclate, et tout ça à cause d'émotions trop fortes chez un enfant... Des rêves prémonitoires, des visions... » Les sourcils de Gina s'étaient froncés. « Je vous le jure je l'ai vu de mes yeux vu ! » Sa bouche légèrement entrouverte et ses pupilles dilatées ne lui inspiraient pas confiance, mais ce doute, ce sentiment au fond d'elle, l'empêchait de partir. Elle voulait la croire, elle devait la croire. « Les parents de ce garçon.. Les pauvres, sont extrêmement perdus, dépassés par tout ça... Ils veulent le confier à une pension catholique. Pauvre petit... Qui sait ce qu'il adviendra de lui. » Un clignement des yeux, puis deux, puis trois. Gina ne comprenait pas. « Ils veulent s'en séparer, il est bien trop dangereux – et coûteux - mais comment ? J'ai tout fait pour le sauver mais rien n'a marché... » Et la brune avait soulevé son verre pour en prendre une longue gorgée, le terminant cul-sec avant de raconter à nouveau l'existence malsaine de ce Ludvik Engen.

MONDE MAGIQUE ; 1965-1969 ; Norvège.
Lorsque je suis arrivé chez les Ingherneils, je me suis d'abord senti... Extrêmement mal à l'aise. Ces gens n'étaient pas ma famille. D'ailleurs, où était-elle, ma famille ? Pourquoi m'avait-elle abandonné ? Voilà la question qui revenait sans cesse. Du haut de mes six ans, je comprenais qu'ils ne reviendraient plus. Que je ne les reverrais jamais, parce que si j'étais ici, c'était bien parce qu'ils ne voulaient plus de moi. Au départ, j'ai même cru qu'on m'emmenait dans la pension dont ils faisaient référence tout les jours, tout les soirs. Mais le regard doux et les paroles rassurantes de Gina avaient eu raison de moi. J'avais eu le sentiment, pendant plusieurs heures, d'être le phénomène de foire, ou un souvenir ramené de la lointaine Norvège. Mais les membres de cette famille avaient été si attentionnés et, au final, si attentifs, que j'avais rapidement laissé une barrière tomber à nouveau. Bien que la plus grande, et la plus imposante de toutes, réside encore aujourd'hui. Elle est fissurée, cassée, mais bien présente. Cette méfiance, cette... Impression de ne pas être à ma place. Parce que ce n'est pas ma vraie famille, parce que certains me le rappelent régulièrement. Sirrush, par exemple. J'ai beau voir cette étincelle qui me semble me dire que je n'ai aucune différence dans les prunelles de la plupart des autres, je n'arrive pas à m'y raccrocher. Mais, je sais que même s'il changeait d'avis, je ne changerais pas le mien. Ce n'est pas une question d'être accepté ou non, c'est bien plus profond, intérieur. Ca m'est propre. Je suis le seul à pouvoir le changer, je le sais, mais je n'y arrive tout simplement pas. Les Ingherneils sont ma famille, les Ingherneils sont même la meilleure des familles, le meilleur des espoirs, que j'aurais pu imaginer. Mais je ne suis pas vraiment un Ingherneils...

Je suis assis par-terre, à côté du canapé. Les jambes repliées, je tente de cacher à moitié mon visage. Ils sont presque tous là, et ça me... Rend mal à l'aise. Je me sens... Mal. Je sais qu'ils veulent me parler et ça me fait un peu peur. Peut-être qu'ils vont m'annoncer qu'ils veulent pas me garder finalement ? L'un des adultes en face de moi sort quelque chose de sa poche, mon regard en est attiré, tombant sur... Sur ce truc qu'ils ont sans arrêt avec eux. Une espèce de bout de bois qui fait beaucoup, beaucoup de chose. Ca me fait peur. Je sens mon cœur battre à tout rompre rien qu'à sa vue et je me blottit un peu plus contre le bas du canapé. J'ai toujours été la personne anormale chez moi, ici... Ici je suis... Perdu dans un monde que je connais pas. Pourtant, elle dit que c'est le mien. Gina. Elle se rapproche d'ailleurs de moi, voyant mon état, et je souris entre mes bras. Elle m'apaise, comme maman m'apaisait avant. Elle s'agenouille devant moi, et plus elle parle, plus je me détend, retirant mon visage de mes bras et de mes jambes pour le relever. J'ai déjà visité la maison, j'ai déjà vu tout ceux qui y habitaient, et puis... Et puis j'ai vu ça aussi. Des dragons. Je m'en suis encore jamais approché, et je sais pas si je le ferais un jour. C'est pas... C'est pas normal tout ça. Par reflexe, mes doigts partent accrocher le pendentif caché sous mon t-shirt en forme de croix. Mais à peine ils la touche que je la lâche. Je déteste ce collier. Il me rappelle ce que je suis. Il me le rappelle encore plus depuis qu'ils m'ont abandonnés. Je tente de retenir un sanglot à cette pensée, je pleure trop. Gina me dit toujours que c'est normal, que c'est le fait d'avoir perdu ma famille, mais que maintenant, ils sont là. Qu'ici, je suis pas un monstre et qu'elle sera toujours là quoiqu'il arrive. Mais je la crois pas. Je suis rassuré par ce que j'entends mais je la crois pas vraiment. Parce que... Si eux m'ont abandonnés, c'est bien parce qu'il y a une raison. Et puis, pourquoi eux ne le ferait pas ? Maman aussi disait qu'elle m'aimerait quoiqu'il arrive. Elle avait menti. « Silas ? » Je comprends pas qu'on m'appelle. J'ai pas l'habitude de ce prénom. Pourtant, c'est moi qui l'ai choisit. Je gigote, puis finit par me redresser. Je voulais plus qu'on m'appelle comme avant. J'entendais leurs voix, leurs cris, leurs pleurs, quand ils disaient mon nom. Et il me rappelait bien trop ce que je vivais il y a pas si longtemps encore. Je m'approche d'eux, non sans un mouvement de recule automatique lorsqu'ils en font de même. Un des adultes me propose de m'asseoir au lieu de rester par-terre, mais je secoue la tête. « J'ai pas le droit, c'est pas chez moi » J'entends un soupir, et l'adulte à mes côtés commence à me rassurer, à m'affirmer qu'ici, désormais, c'est bien chez moi. A force de paroles et de regards, je lui fais confiance, et vais le rejoindre. Orion. C'est le seul avec Gina qui me met un peu plus à l'aise.

Les mois passent, et je commence à me sentir un peu mieux. Je pleure moins, voir plus du tout, sauf lorsque j'ai … Des... Je dis que c'est des cauchemars, mais moi je sais que c'est plus que ça. Gina est toujours perplexe, elle me pose beaucoup de question, mais je veux pas y répondre. Je veux pas qu'ils sachent que je vois des choses que je devrais pas voir. Puis, je reste toujours dans ma chambre – j'ai vraiment une chambre ici ! Au début j'y ai pas cru... Au pire, j'aurais dormi par-terre. - lorsque ça arrive. J'veux pas qu'ils se posent des questions et encore moins qu'ils se fassent du soucis – si si ils s'en font pour moi ! Enfin... Peut-être que c'est des bons acteurs... Lorsque je me sens vraiment mal, je veux pas non plus déranger.. Gina dit toujours que je la dérange jamais, et qu'elle préfère que je vienne la voir, mais j'ose pas. Et puis, il y a Gabriel souvent avec elle. Il m'intimide un peu, je me méfie même s'il m'a accepté chez lui. Ca veut pas dire qu'il me fera pas de mal en plus. C'est bizarre, parce que je l'aime bien. Je l'aime bien mais j'ose pas m'approcher. Comme les dragons ! J'adore les dragons mais ils me font encore peur. J'ai pas... L'habitude, avant, je restais dans ma chambre. Tout le temps. Et chez Alphée, attaché à cette table. Je voyais rien du monde, rien. Et surtout pas des autres mondes. Alors... J'ai peur. Pourtant, je me force hein ! J'aimerais y aller, mais... J'y arrive pas. Enfin, je crois que si je dis à Gabriel qu'il est comme un dragon pour moi... Je sais pas s'il aimerait, en fait. Il déteste les dragons. Je comprends pas pourquoi. Moi j'aime bien les regarder. Souvent, je vais observer les adultes s'en approcher, s'en occuper. J'ai cru comprendre que certains pouvaient faire plus de chose avec eux, par un don, ou quelque chose dans ce goût-là. C'est de famille. J'aurais aimé l'avoir, pour combattre ma peur, pour avoir plus confiance en moi. Mais je suis pas de la famille. Enok fait parti de ces gens-là ! C'est le par.. Patr... Patria... Patriarche ? De la famille dans laquelle je vis pour l'instant. Je le regarde souvent faire, mais, la plupart du temps, je me rapproche plus de Rosa que de lui. Parce qu'elle est comme moi il paraît ! Une née modlue, ou quelque chose comme ça. Je lui ai déjà demandé si elle aussi elle avait été abandonnée, mais... Elle m'a pas répondu.

Des pleurs, encore et encore. Une voix, SA voix. Et cette chanson. Cette chanson qui monopolise tout mon esprit, qui raisonne tellement que j'ai l'impression de ne rien entendre d'autre. Tu pleures, petit enfant. Tu es perdu sur le chemin des bonnes âmes... Une force m'agrippe le poignet, et me force à me mettre à genoux. A ce moment-là, je sens, je sens la douleur. Et je me crispe. Je comprends pas pourquoi je la sens mais elle me fait mal, comme une brûlure sur chaque genou qui s'écorche sur le parquet trop désagréable. Tu lui demandes son aide petit errant, mais tout le monde t'en blâme. Je sens des larmes couler le long de mes joues, tout devient flou. Parce que tu n'as pas d'âme, petit enfant, tu lui demandes grâce et peine. Ma gorge se serre. Ma croix me brûle. Je me retrouve alors brusquement attaché à cette table, et la main d'Alphée empoigne mon bras. Et mon poignet part en cendres. Mais tu ne pourras rester pleinement vivant, sans prononcer... Amen.
J'entends la porte de ma chambre s'ouvrir, me faisant cligner difficilement des yeux. Je fronce des sourcils, me retournant sous la couverture. J'ai beau faire des cauchemars, parfois, extérieurement j'ai toujours l'air paisible. C'est assez bizarre non ? Quand c'est... Ce genre de mauvais rêve que je fais, je fais que bouger, je transpire, je suis pâle... Je soupire doucement à travers mon sommeil brisé de moitié, mais je fais rien pour empêcher les bruits de pas légers et vifs qui se rapprochent de mon lit. Je sais que c'est Sirrush. Lorsqu'il a des terreurs nocturnes, je crois que c'est le nom, il vient me voir. Et je le laisse faire. J'aimerais bien apprendre, rien que pour lire et trouver des choses qui parlent de ça, peut-être que je pourrais le soigner de ce truc ! Parce qu'à chaque fois, il se sent mal, et j'aime pas ça. Pas ça du tout. Mais je sais pas encore complètement lire, en fait... Orion m'aide, et Gina aussi bien sûr, mais j'ai encore un peu de mal... En fait, je crois que j'aurais déjà réussit si j'avais pas peur de me tromper à chaque fois, alors souvent je... Réponds juste pas. Comme un blocage qui se fait. Je veux pas les décevoir. Un léger poids affaisse brièvement le matelas à mes côtés, alors que je garde les yeux fermés. Je dors pas, mais je suis pas pleinement réveillé non plus. Je sais juste que c'est Sirrush, et que dans quelques secondes, on dormira tout les deux. Ca me rassure qu'il soit là... Il m'a enlevé de ce cauchemar, et … Il le chassera peut-être. Enfin, au moins, je me réveillerais pas seul. Depuis que je suis arrivé, Sirrush a vraiment tendance à... Me coller. Tout le temps en fait, sans arrêt. Et je me plains pas, oh pas du tout ! Je pensais pas qu'il serait autant 'attiré' par moi, comme ça. Heidi me colle beaucoup aussi, mais pas autant que Sirrush. Même si je suis pas vraiment son frère... J'ai l'impression que plus le temps passe, plus je veux le protéger. Un léger sourire se forme sur mes lèvres encore enfantines lorsqu'il se glisse sous les draps sans un bruit, et je me rapproche rien qu'un peu, dépliant mon bras pour le laisser venir contre moi. J'espère simplement que je serais à la hauteur, que je pourrais toujours, toujours le protéger. Quoiqu'il arrive.

J'ai enfin réussit à lire, à lire tout et n'importe quoi. D'ailleurs, je m'en prive absolument pas, comme pour rattraper le temps perdu. Je parcours toutes les étagères de la bibliothèque, alors que mon visage s'anime au fil de mes lectures. Je grimace, je souris, j'ai les yeux brillants, je rigole, je.. Crie en jetant le livre contre le mur. Oups. J'ai vraiment, vraiment du mal avec la magie. Gina me dit toujours que c'est une question de temps mais... Je suis impatient de ne plus être aussi surprit que ça face à ces choses. En parlant de magie. Je crois que je la contrôle un peu mieux. Parfois, elle s'échappe vraiment, elle part faire quelques dégâts lors de mes « cauchemars », et je me sens toujours tellement mal face à Gina d'avoir casser quelque chose.
Flash-back
Mes doigts s'agitent sur le drap bleu, mon corps ne tarde pas à les suivre. Ma gorge se serre alors que bizarrement, j'ai chaud, très chaud. On est en hiver, il gèle dehors, mais ma couverture glisse rapidement hors du lit. Je me retrouve en pyjama sous l'air frais alors que devant mes yeux danse une scène qui, je le sais, se produira. Mais je veux pas, je veux pas voir ça. Je veux pas. Alors je lutte, je sens mon esprit repousser cette scène, ce spectacle où je vois un garçon debout. Seul. Rejeté. Je sais que c'est moi, je le sens. Je sais aussi que c'est pas juste un mauvais rêve, et que ce que je vois, c'est la réalité. Une prochaine réalité. Je pleure, aussi. Je vois mes larmes couler alors que je me sens moi-même être en train de pleurer. Une goutte de sang tombe sur le sol. Je sais pas d'où elle vient. Je vois pratiquement rien. Je sens juste. Une odeur familière que j'arrive pas à reconnaître, une voix lointaine qui semble m'appeler. Je me sens pleurer, et complètement perdu et... Seul. Effroyablement seul. Trahit par moi-même. Mon cœur se serre, et ma vision se termine sur cette goutte de sang qui chute dans un lac.
Je me réveille dans une exclamation effrayée, alors que je sens rapidement tout mon corps être engourdi. J'ai du mal à le bouger, je tremble comme pas possible. Ma tête se tourne sur la droite, je sens mes lèvres devenir bleues. La vitre est cassée. Elle est tombée en morceau au sol. D'ailleurs, ça a du faire du bruit parce que des bruits de pas arrivent rapidement jusqu'ici. La porte s'ouvre à la volée, sur une Gina en peignoir, paniquée. Je la regarde de la même manière, et je tremble encore plus. J'ai froid, j'ai vraiment très, très froid. Mais j'ai surtout peur qu'elle m'en veuille. « Pas... M-moi, c-c'est... Je... Dé... Dé... So-lé » Elle se rue sur moi pour m'entourer de ses bras et remettre la couverture lourde et chaude sur mon corps avant de recoller les morceaux en un mouvement de baguette. « Je s-suis d-dé... » « Silas, arrête... Ce n'est pas ta faute, je ne t'en veux pas enfin. Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Il y a eu quelque chose de particulier ? » Je secoue négativement la tête, un peu trop vivement sur le moment. Elle me fixe, perplexe, puis soupire de soulagement avant de venir à nouveau me prendre dans ses bras, frottant mes bras ankylosés par le froid mordant de la Norvège en hiver. « Je v-veux p-plus... » Être sorcier, être moi... ? Surtout, ne plus voir. Ne plus... Ne plus regarder l'avenir. Même si tout devient plus flou qu'avant, depuis que je suis ici. Depuis que je suis chez eux. Mais je veux pas, je veux plus. Elle colle son menton sur mon crâne, puis, après quelques secondes, prononce : « On va t'aider à la contrôler un peu mieux, on est là pour ça... On est là pour toi. » Elle se redresse légèrement, puis m'écarte d'elle pour me regarder dans les yeux. « D'accord ? » Je déglutis faiblement, puis hoche légèrement la tête par l'affirmative. Oui. Oui. Mais... Pour combien de temps encore ?
Fin du flash-back

Après ça, j'ai plutôt bien réussit à canaliser mes émotions. Mieux en tout cas. Je suis plus... Calme, et bien que j'ai toujours mes « pulsions » comme je les appelle, je me sens mieux. Toujours devant les étagères de la bibliothèque, j'attrape un peu tout les livres qui me tombe sous la main, regardant rapidement leur titre pour prendre conscience que je les ai déjà lu. Plus le temps passe, plus je me retrouve ici. J'adore, vraiment. Je commence même à un peu plus m'ouvrir aux autres pour apprendre ce qu'ils font, en quoi ça consiste... Bien sûr, je pose rarement des questions. Je me contente de les écouter, de regarder. De lire, aussi. J'adore ce qu'ils font. Même si.. Même si j'ai toujours très peur des dragons. En fait, je les préfère de loin, et en livre. J'ai appris beauucoup de chose sur eux, mais je suis vraiment plus théorie que pratique. L'autre jour, j'ai simplement voulu m'approcher de l'enclos avec les autres, accompagné des adultes, et Sirrush qui courrait accessoirement un peu partout comme un chien fou – d'ailleurs j'ai dû lui prendre la main pour qu'il se calme rien qu'un peu. A peine approché, j'ai été tellement... Fasciné de les voir d'aussi près – alors que bon, on était quand même un peu loin, on est trop jeune pour aller leur courir dans les pattes non ? Enfin ça c'est pas l'avis de Sirrush je crois... Et ça me fait peur d'ailleurs – que j'ai avancé un bras. Sauf que, lorsque le dragon s'est retourné – et j'ai vraiment eu l'impression qu'il me regardait!- j'ai voulu reculer et je... Suis tombé. J'ai beau savoir tout plein de chose, je peux pas les mettre en pratique. Alors je me contente d'en discuter, d'émettre un peu mes hypothèses – un peu trop jeunes et inexpérimentées pour eux, alors je me tais la plupart du temps quand même – mais contrairement à ce que j'aurais pu croire, c'est pas si frustrant que ça... J'ai l'impression d'être très proche des dragons, tout en restant éloigné d'eux. Alors qu'un autre grimoire me tombe sous la main, je me souviens du métier de Gabriel. Ou plutôt, de ce que j'ai essayé de lire ce matin. J'ai pas réussis... Il dit que les termes sont trop complexes, mais je me sens tellement nul de ne pas les comprendre que je prends du temps pour lire le dictionnaire adapté et tout ! … C'est un peu stupide, mais c'est comme.. Un besoin de me prouver que je vaux quelque chose, j'imagine. Mais ça je crois que je l'ai compris à travers un livre de psychologie. Ou... Un conte pour enfant, je sais plus. Mes doigts attrapent soudain le livre situé un peu plus loin, et un sourire effleure mes lèvres. Un livre moldu. Mon sourire se perd très vite lorsque je me rappelle de mon passé, de mes parents, de... De tout ce monde que je commence à vraiment détester plus que tout. Je grimace, d'une grimace qui ne devrait pas se trouver sur le visage d'un enfant, mais le prend quand même. Et je me mets à le lire, découvrant avec étonnement qu'il recèle de mœurs et mythes moldus...
Quelques heures plus tard, alors que le dîner est terminé, j'accompagne Sirrush dans sa chambre. Il a l'air vraiment fatigué ce soir, et Gina est tellement occupée que j'ai proposé de l'aider à aller se coucher. J'aime bien m'occuper de lui, en fait. J'attends un bon moment avant qu'il s'endorme, et même lorsque c'est fait, j'attends encore un peu pour vérifier qu'il ne fait aucune terreur nocturne. Finalement, je me redresse, sentant encore mes jambes flageoler. Il paraît que je peux pas ressentir la douleur comme étant pénible, alors j'ai jamais le reflexe de m'en défaire. Ce qui me vaut souvent des mauvaises positions et ce genre de chose désagréable par la suite. J'arrive, légèrement tremblant, jusqu'à la chambre d'Hannah, et part la rejoindre. Il faut que je lui fasse part de ma découverte ! Assit à ses côtés, sur son lit, je lui conte tout ce que les moldus, ces gens de mon monde que je déteste, croit des dragons. Je sais qu'elle en a peur, je me sens un peu rassuré. J'ai pas à avoir honte de les aimer « uniquement de loin ». A une phrase un peu trop effrayante, elle sursaute et se camoufle sous la couette. Je la suis, ayant sursauté à son sursaut, et... On se met à rire, plusieurs secondes plus tard. Hannah et moi, tout comme Heidi et moi d'ailleurs – sa sœur jumelle – nous n'avons aucun lien de sang. Et pourtant... Ce sont les seules qui me donnent l'impression d'être vraiment né dans leur famille. Dans cette famille.

Nous sommes le 3 Mars, et j'ai dix ans aujourd'hui. Je n'ai pas fais de 'cauchemar' cette nuit, d'ailleurs, j'en suis même surpris. Moi qui pensait que mon anniversaire serait gâché par des images atroces que je ne comprends pas. Un sourire étire alors mes lèvres tandis que je m'extirpe du lit, marchant d'un pas lent en me frottant les yeux. Je traverse ma chambre, puis parcours l'immense maison pour atteindre la cuisine. Je me souviens plus vraiment de comment étaient mes anniversaires, avant. Quand j'étais chez moi. Mais dans un sens, je me dis qu'il vaut peut-être mieux. Tout ce que je peux revoir, c'est maman qui rentre avec un gâteau sous le bras, un large sourire aux lèvres. Sourire qui sonne faux, même moi je le sens. Parce que son regard sur moi ne change pas, pas même ce jour-là, alors qu'elle fait juste semblant d'oublier ce que je suis. Enfin, je devrais penser à tout ça au passé, n'est-ce pas ? Je ne les reverrais jamais. Et je ne sais pas si je dois en être profondément soulagé ou simplement chamboulé au possible. Je soupire légèrement avant de rentrer dans la cuisine, là où la plupart des adultes sont présents. Ils se tournent vers moi et immédiatement, un sourire, un vrai, prend possession de la plupart d'entre eux. Les bon anniversaires fusent, alors que Gina et Anita sont déjà en train de me prendre dans leurs bras tour à tour, attirant mon propre sourire. Je chasse les souvenirs de mon passé, pour ce jour au moins, et profite de ce moment, de me sentir bien. Parce que oui, je me sens bien ! Je ris doucement aux quelques paroles des adultes, j'ai l'impression que je me sens mieux en leur compagnie qu'avec les autres enfants, parfois. Veronika entre à son tour dans la cuisine alors que son mari, Kristoffer, me dit que je suis matinal. C'est vrai, il n'y a aucun autre enfant de lever encore, à part Johan qui s’assoit à côté de moi. Je lui lance un sourire toujours légèrement timide, auquel il répond par un plus franc, avant de me tourner vers Veronika qui s'extasie de la magie. Je gigote légèrement sur place, mal à l'aise avec ça. La magie. Je ne suis plus effrayé par elle, mais j'ai toujours l'impression de ne pas bien la connaître, de ne pas savoir ce que je devrais alors qu'elle fait parti de moi. D'ailleurs, depuis qu'on m'a parlé de Poudlard, une école de magie, j'ai tout simplement hâte de m'y trouver pour palier à ce problème. En plus, Orion y est enseignant ! Et je me sens bien avec lui, plus en confiance. La jeune femme s'appuie sur la table, face à moi, un sourire doux aux lèvres avant de se rapprocher un peu plus vivement pour m'enlacer à son tour. « Si tu crois que j'ai oublié ton anniversaire, Silas... » Et son ton affectueux, accompagné de ses paroles, me rassurent inexplicablement alors que je me laisse aller dans l'étreinte pendant quelques secondes. Je souris à nouveau, mon regard se tournant vers l'encadrement de porte, là où j'aperçois Sirrush, arrêté devant la pièce. Mes yeux rencontrent les siens, mais, sans que je ne sache pourquoi, mon sourire se perd. Son regard a l'air... Plus sombre, plus... Triste ? J'en sais rien, en fait, et d'ailleurs, il se reprend lorsque Gina se rapproche de lui. Il est accompagné de Plato, qui lui, vient directement me voir. Contrairement à Sirrush... Est-ce qu'il.. M'en veut ? Mais, de quoi ? Et pourquoi est-ce qu'il me regardait comme ça ? Veronika s'éloigne de moi une fois son fils près de la table, et je baisse la tête, braquant mon regard sur la tasse de chocolat chaud présente devant moi. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression que quelque chose ne va pas.
La matinée s'est déroulé chaleureusement, joyeusement. On a été rejoint par tout les membres de la famille. Il n'y a que Solveig qui ne veut pas vraiment participer à tout ça, mais je ne lui en veut pas. Elle a toujours dit que pour elle, je ne fais pas parti de la famille. Et je n'ai pas à lui en vouloir pour ça. Enfin... J'ai du mal à l'apprécier, je crois même que je ne l'apprécie pas vraiment, mais je préfère l'ignorer plutôt que répondre à ce qu'elle me lance parfois. Contrairement à elle, je la déteste pas. Parce que, oui, je suis convaincue qu'elle me haït vraiment. D'ailleurs, c'est peut-être ça qui contribue au fait que je ne me considère pas comme un vrai Ingherneils. Un retour à la réalité lorsque je l'oublie, en somme. Perdu dans mes pensées, j'observe la fenêtre distraitement alors que des éclats de rire remplissent la pièce. C'est la présence de Hella qui me fait reprendre mes esprits, me tournant vers elle en un sourire timide. « Tout va bien ? » Prononce-t-elle de sa voix fluette et enfantine, et pourtant si sérieuse. J'hoche simplement la tête, mais elle ne s'en contente pas et s'approche de moi. « Pourquoi tu te joins pas aux autres ? C'est ton anniversaire » J'échappe une exclamation brève avant de retourner à ma contemplation, faisant une légère moue. « Je me suis éloigné que deux minutes... » Répliqué-je d'une voix plus basse. « C'est suffisant pour voir que quelque chose ne va pas » Je secoue négativement la tête, tournant à nouveau mon visage vers le sien pour tenter de la convaincre avec un léger sourire en coin, avant qu'elle ne se rapproche encore un peu plus pour m'entourer légèrement de ses bras. Je baisse le regard et, contrairement aux étreintes reçues aujourd'hui, je la lui rends rapidement. Un léger sourire effleure mes lèvres lorsqu'une voix plus ferme, plus forte que les autres, casse l'ambiance présente dans la pièce. Les rires se font moins forts, les agitations moins présentes. «... Rrush ! Sirrush ! Que t'avais-je dis ! » Je lance un regard presque inquiet à Hella avant de m'en détacher lentement et de me rapprocher de l'entrée du salon, passant l'encadrement de la porte alors que mes yeux se rivent sur la scène. Gabriel réprimande visiblement Sirrush, une nouvelle fois. « Tu restes tranquille, tu m'entends ! J'en ai assez de ton comportement qui semble se dégrader de jour en jour » Je me crispe, mais avance encore, jusqu'à arriver tout près d'eux. Gina me rejoint d'un pas vif, se plaçant à côté de Gabriel. Et j'espère sincèrement à ce moment-là qu'elle va réussir à l'apaiser, parce que je déteste vraiment le voir hausser le ton, surtout lorsqu'il s'agit de Sirrush. Alors qu'il entrouvre à nouveau les lèvres, le regard sévère, je n'hésite plus. « Ce n'est pas sa f... » Mais j'ai à peine le temps de terminer ma phrase qu'il se tourne vers moi, soupirant lourdement. « Silas je t'en prie retourne dans le salon, c'est ton anniversaire. Tu n'as pas à t'en mêler. » Son ton est nettement moins dur. « Mais... » Une légère exclamation et de l'agitation à côté de moi me coupent, alors que je me tourne vers Sirrush, source du dit bruit. « Ecoute moi bien Sirrush... C'est la dernière fois que je te le dis pour aujourd'hui. Tu pourrais au moins te tenir tranquille le jour de l'anniversaire de ton frère ! Prend donc exemple sur lui. » J'ose rien dire, me contentant de braquer mon regard sur Sirrush. Je suis tendu au possible et tout ce que je réussis à faire, c'est déglutir. Je commence à me sentir mal, étrangement oppressé lorsque son regard croise le mien avant de se poser sur Gabriel à nouveau. « C'est pas mon frère ! C'est pas mon frère j'ai pas à prendre exemple sur quelqu'un qui fait même pas parti de la famille ! » Et là je suffoque. J'ai l'impression de plus respirer alors que, pourtant, mon souffle part en un seul coup, comme si elle n'arrivait pas à encaisser le choc de ses mots. Mes yeux restent fixés sur lui, mes lèvres entrouvertes ne recevant même plus assez d'air pour gonfler mes poumons. Mon coeur bat fort, extrêmement fort, et j'ai la sensation qu'on m'écrase violemment le thorax. Sauf que cette fois-ci, je la sens, la douleur. Je la sens, vive, cuisante. Je crois que... Je crois que je lui lance un regard blessé, profondément blessé. Le sien montre le début de larmes qui montent toutes seules, tandis que Gina prend une inspiration. J'en fais de même, plus discrètement, puisant dans son courage pour reprendre mon propre souffle. « Retire immédiatement ce que tu viens de dire, Sirrush. » Mais il secoue négativement la tête. J'ai la gorge qui commence à se serrer de plus en plus. Des exclamations, des indignations, se font entendre à côté de nous, mais je n'y prête pas attention. J'écoute à peine les paroles de Gina, qui reprennent. « Excuse toi » Sa voix est sans appel, mais suffisamment remplie d'émotion pour que j'ai la sensation que les miennes se mélangent aux siennes. Gabriel ne prononce plus rien à ce moment-là, et je l'en aurais presque remercié. « J'ai pas à m'excuser de dire la vérité ! » Mon regard est braqué sur le sol. Depuis quand, je n'en sais rien, mais j'aperçois Gina amener l'une de ses mains jusqu'à son front pour y déposer le bout de ses doigts. Ses yeux se ferment, je le sens plus que je ne le vois, en fait. « Monte dans ta chambre. Monte dans ta chambre Sirrush, et réfléchit bien à ce que tu viens de dire » Je vois sa silhouette frêle passer devant mes yeux à la course, mais je ne la suis pas des yeux. J'entends ses bruits de pas précipités, le sanglot qui éclate dans les escaliers. Et la porte qui claque. « Il ne le pensait pas, Silas... » Je me défais brusquement de la main de Gina posée sur mon épaule, et me détourne du salon pour courir jusqu'à l'extérieur. Je cours, je cours jusqu'à en perdre haleine alors que les larmes roulent le long de mes joues. Je suis pas son frère pour lui. Je fais pas parti de la famille. Je cours encore, traverse le domaine pour arriver jusqu'au lac où ma course prend fin. Je suis essoufflé, ma respiration se faisant sifflante. Je m'avance un peu plus vers l'étendue d'eau et me poste devant elle tandis que mes larmes coulent encore plus. Je ne fais pas parti de la famille que j'aime le plus au monde. Même Sirrush le dit, même... Même lui. Alors c'est que ça doit être vrai. Un sanglot me brûle la gorge, alors que je ferme les yeux, assez fort pour ne plus rien voir. Je sens juste cette odeur familière, celle du lac, du domaine. Des dragons. Je déglutis. Je me sens seul. Ma main part par un automatisme oublié attraper la croix toujours présente à mon cou, caché par mon t-shirt. Je la serre. A quoi bon prier, à quoi bon demander? Quand rien n'est possible de changer... Tout ce qu'ils m'ont dit, là-bas, tout ce qu'ils m'ont dit sont des mensonges. Les larmes s'échouent au sol, ma main se crispe encore plus sur mon pendentif. Offert par elle, offert par... Ma... Mère? Symbole de quelque chose qui me ronge, de quelque chose qui m'énerve désormais. De quelque chose... Que je commence à avoir en horreur. La religion, c'est rien que des mensonges. J'ai eu beau demandé de l'aide, j'ai eu beau implorer... Rien n'est jamais arrivé. Ils m'ont abandonnés. J'ai trouvé la famille parfaite, la famille dont tout le monde rêve. Mais je n'en fais pas parti. Et je suis seul. Je suis seul alors que j'ai demandé à ne pas l'être, et surtout pas comme ça. Une légère grimace se peint sur mon visage, et je tire rageusement sur le collier qui cède. Je n'ai pas conscience de ma main qui se serre de plus en plus sur le pendentif qui me rentre légèrement dans la peau. Je tends un peu le bras, mes paupières se lèvent. Mes yeux tombent sur la vision de cette goutte, cette goutte de sang qui perle sur ma main pour glisser le long du collier et s'échouer dans le lac. Mon coeur se serre encore plus, alors que je ne fais que soupirer. Un soupir désormais las, exaspéré. Qui n'aurait pas dû avoir de place dans une enfance. Je déglutis à nouveau, resserre ma prise sur le pendentif... Et le jette au loin, laissant la croix couler jusqu'au fond du lac, comme mon coeur se fait de plus en plus lourd. Nous sommes le trois mars, et j'ai dix ans aujourd'hui.


Dernière édition par Silas L. Mortensen le Mar 17 Sep - 15:45, édité 10 fois
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Message Re: I need no burning crosses to illuminate my nights² ▬ Silas
par Invité, Mer 4 Sep - 16:56 (#)
• I FOUND WHO I AM BUT I THINK I'M DREAMING •

MONDE MAGIQUE; 1970-1972; ANGLETERRE.
Je suis déjà venu à cet endroit. L'an dernier, lorsque Johan a eu besoin de ses fournitures pour l'école de magie. Je suis déjà venu, et pourtant, je me crispe. Je me sens mal à l'aise, un peu plus pâle que d'habitude, un peu plus en retrait. Plus les années passent, plus mes 'cauchemars' sont moins précis, de plus en plus flous, comme voilés par quelque chose. Sûrement mon envie de ne plus les avoir, même. Parce que je le sens, lorsque je les ai, je lutte comme jamais pour m'en extirper. Je sais aussi, que plus je mets toute ma volonté à les repousser, moins je vois de chose. Mais ils sont toujours aussi nombreux, toujours aussi présents. Je suis juste... Dans un brouillard naissant qui s'étend petit à petit. Mais ça ne m'a pas empêché de reconnaître cet endroit, dans l'un de mes cauchemars le mois dernier. Ces rues bondées de monde, de gens en robe de sorcier, en cape, ou habillés plus simplement. Ces vitrines qui se succèdent, ces hululements quand on passe près du magasin d'animaux. J'ai senti cette odeur particulière, ce soir-là. Celle que je ne reconnais pas encore. J'ai entendu des bruits de pièce, très fort, et comme un orage. Alors, je me rassure aujourd'hui. Il fait beau, et aucune odeur qui fait froncer le nez dans l'air. C'était rien, c'était presque rien ce que j'ai vu. Mais je me sens toujours aussi mal en sachant que je peux... Voir des choses qui vont se produire. Et que je n'ai aucun impact sur eux, d'ailleurs. Je prends une profonde inspiration, et rejette mes pensées au loin alors que je laisse le groupe que l'on forme se disperser, m'arrêtant devant une librairie. Face à la devanture et aux vitrines remplies de grimoire, je m'extase, un sourire aux lèvre. « Waw » Je peux pas empêcher l'exclamation de sortir de mes lèvres et ce, même si je l'ai déjà vu. Certains livres s'animent et attirent mon attention, alors que je manque de sursauter. Toujours aussi surprit face à la magie, même après toutes ces années à tenter de contrôler la mienne, à en apprendre davantage. J'ai l'impression que ça reste un monde inconnu pour moi. Peut-être parce que celle qui parcourt mes veines m'est encore étrangère, les restes du monde moldu toujours présents quelque part. Je me tend à cette idée alors qu'un frisson désagréable descend le long de mon échine, et secoue la tête. Je veux pas y penser, et surtout pas maintenant. J'entends le prénom de Sirrush prononcé un peu plus loin, et ma tête se tourne vivement. Mes yeux se posent sur lui, mais il ne me voit pas. Ou fait mine de ne pas me voir, j'en sais rien... Mon cœur se serre, et je baisse la tête. Il n'a pas retiré ses paroles, le jour de mes dix ans. Pire même, il les a aggravés, de plus en plus, toujours blessant. Si je réussis à ne pas trop réagir aux paroles de Solveig, celles de Sirrush sont trop douloureuses pour que j'en fasse de même. Je ne réussis même pas, lorsque j'essaye. Parce qu'avec tout ce qu'on a partagé... Je croyais... Je croyais qu'il était mon frère. Plus que ça, même, je croyais vraiment qu'on était proche, que j'étais... Indispensable dans sa vie comme il le devenait pour la mienne. Comme il le devient toujours, même. Je lui en veux, je me sens... Mal, profondément mal à cause de tout ça, mais je peux pas le détester. Je peux pas faire disparaître la place qu'il s'était faite pour moi. Je me sens trahis, mais le pire, c'est que j'ai l'impression que c'est de ma faute. Que j'ai encore tout fait de travers, que je suis juste bon à ça. A tout faire mal... A faire mal, aussi. Parce que je l'ai vu pleurer, je l'ai vu et je suis sûr que c'est de ma faute. Mais il pourra toujours me repousser, je serais quand même là. Et je le sais. Parce que je me suis promis de le faire et que je peux tout simplement pas faire autrement. Parce que... C'est Sirrush. Je soupire lourdement, puis rentre dans la librairie un peu sombre, un peu poussiéreuse, alors que Gabriel est déjà à l'intérieur. On ne se sépare pas complètement lorsque l'on sort de cette manière, parce qu'on est comme ça. On fait attention à nous, on veille les uns sur les autres. Et même si certains ne le font pas pour moi, parce que je ne fais pas parti de cette famille, moi je le fais. Je sais aussi que si ça avait été d'autres personnes, j'aurais une énorme rancoeur au fond de moi. Mais je peux pas être complètement rancunier envers eux, c'est impossible. J'ai beau ne pas me sentir complètement à ma place, inconsciemment, je veux les remercier de m'avoir accueillit, de m'avoir... Sauvé. Même si parfois, je me dis que je commence à vraiment détester Solveig. Une moue se peint sur mon visage, et je parcours les rangées, les étagères différentes. L'odeur des vieux livres vient jusqu'à mes narines et j'inspire fortement, m'impreignant de l'odeur qui règne. J'adore les livres, et tout les titres que je croise me donne envie de les acheter. Je vois Gabriel du coin de l'oeil, songeant aux autres qui sont aller dans diverses autres boutiques avant de rejoindre le fond de la boutique. Les grimoires sont de plus en plus poussiéreux, de plus en plus anciens. Je m'arrête devant la dernière rangée de livres, écoutant distraitement une conversation à côté de moi. Mes yeux dansent sur les couvertures usées, lorsqu'un homme immense se poste à mes côtés. Un homme à l'odeur... Dérangeante. « Intéressant n'est-ce pas gamin ? » Je me fige, sursautant légèrement, les yeux écarquillés en me forçant à ne pas le regarder. Je sens les yeux de Gabriel sur moi et je m'attends presque à le voir arriver lorsque l'inconnu attrape un grimoire en haut d'une étagère au titre ne laissant rien envisager de bon en ricanant, me faisant éternuer à cause de la poussière. Il s'éloigne lentement, rejoignant la caisse alors que je me détends petit à petit, Gabriel venant jusqu'à moi. « Que t'a-t-il dit ? » J'hausse les épaules, je ne sais même pas si ça signifiait quelque chose. « Rien » Je pose mes yeux sur les livres qu'il tient en main, un sourire étirant le coin de mes lèvres en lisant les titres reliés à la médicomagie. Le métier de Gabriel m'a toujours fasciné, et plus je l'entends en parler, plus j'ai envie d'en savoir plus. « Ne tardons pas à rejoindre les autres, il va pleuvoir. » Sa voix aux intonations légèrement sèches et imprégnée d'une noblesse d'autrefois ne me fait pas tiquer, mais ses paroles, oui. Cette fois-ci, je redresse vivement la tête pour la tourner vers les larges fenêtres de la vitrine, observant un lourd nuage noir gagner le ciel. Ma respiration s'accélère, et je me presse de rejoindre Gabriel à la caisse, les yeux hagards. Mon cœur bat à cent à l'heure désormais. Je déglutis, ma gorge est sèche. Mon regard se braque distraitement sur le sol, captant un mouvement de la part de l'individu étrange. Sa main recouverte d'un gant en peau de dragon me fait grimacer. Elle plonge dans la poche de son long manteau, et le tintement de plusieurs pièces m'interpelle encore plus. Il ressort sa main, la paume rempli de quelques gallions qu'il fait entrechoquer entre eux. Lorsqu'il a terminé de payer, il se retourne, prenant le temps de poser son regard sur moi avec un sourire aux lèvres qui me donne froid dans le dos. Parce que je sais, je sais qu'il est mêlé à ce que j'ai vu. Mais je suis le seul à le savoir, à le voir comme il est. Son sourire pourrait paraître amical, mais il me fait juste me crisper encore plus. Je le suis du regard sans m'en rendre compte, le ventre serré. L'orage gronde doucement, bruit presque imperceptible à travers la foule que j'entends à nouveau le temps que la porte de la boutique se referme sur la clochette à moitié rouillée, mais que j'arrive à déceler. Parce que je l'ai déjà entendu. L'odeur particulière de l'homme reste dans les airs, me faisant froncer le nez, alors que je sais. Je sais qu'il a volé des choses d'une plus grande valeur que son livre, dans cette boutique, et même si ça peut paraître banal... J'ai la désagréable impression que cette histoire est plus profonde qu'elle n'en a l'air.

« … Moindre soucis tu peux envoyer King Ragnar, et n'hésite pas à aller voir Orion si quelque chose ne va pas, d'accord ? » Je hoche la tête, me triturant les doigts. Le sifflement du Poudlard Express se fait entendre et mon ventre se retourne autant que mon cœur s'emballe. Ca y est, je vais aller à Poudlard. Je. Vais. Aller. A. Poudlard. Je prends une inspiration tremblante avant de dire au revoir à tout les membres de la famille présent sur le quai, les enlaçant parfois, ou me contentant d'un mot bref lorsqu'il s'agit de Solveig. Une fois devant Sirrush, j'hésite, mais avance quand même une main pour aller ébouriffer ses cheveux. Tout ce qu'il m'a dit, toutes ses réactions, ne cessent pas de me hanter lorsque je suis sous son regard – et même lorsque je ne le suis pas, d'ailleurs, c'est assez régulier – comme lorsqu'on était avec Plato... Près du lac, et qu'il a balancé tout ça. J'ai encore les marques légèrement ancrées sur ma peau lorsque j'ai enfoncé mes ongles dans ma chair. Pour ne pas craquer, pour encaisser. Je le fais de mieux en mieux maintenant, mais parfois, j'ai tellement mal, je sature tellement, que tout explose. J'ai toujours été comme ça, et ça m'exaspère. Comme si mon corps, pourtant calme habituellement, désirait tout éloigner, se vider des ressentiments, en les laissant exploser. Je me sens étrangement mieux lorsque ça arrive, même. Je secoue la tête, m'étant vivement éloigné de Sirrush pour rejoindre Johan et grimper à bord du train déjà fumant. Je prends une nouvelle inspiration, ayant l'impression que j'ai plus assez d'air dans mes poumons. Je vais à Poudlard. Je vais enfin découvrir plus en profondeur le monde la magie. Mon monde ? Je déglutis distraitement, et pense déjà à la Norvège. Je suis loin de mon pays natal désormais, loin de la famille... Ca va être dur au début, mais je crois qu'ils sont plus inquiets que moi je le suis. Parce que même si la peur de l'inconnu réside toujours, comme j'en ai l'habitude, j'ai extrêmement hâte. Quelques élèves plus grands nous bouscule pour se faire une place, et je soupire, partant lentement m'installer dans un wagon vide en compagnie de Johan qui me raconte déjà quelques trucs à savoir sur le château et l'ambiance qui y règne. Je l'écoute attentivement, assimilant les informations en hochant la tête. Assit près de la fenêtre, en face de lui, je me mets à aller chercher le contact de ma baguette. Ca me fait toujours bizarre d'avoir ça sur moi... De savoir que je dois pas m'en séparer. Qu'elle fait partie de moi, maintenant. Je laisse mes doigts glisser sur le bois de vigne. Lorsque je suis rentré dans la boutique de baguette, elle a immédiatement réagit. Elle s'est mise à vibrer, comme elle le fait maintenant mais en plus fort encore. C'était bizarre. Peut-être parce que je suis bizarre. J'ai encore... Un peu peur de l'utiliser. Parfois, je me dis que tout ça n'est qu'un rêve. Un rêve un peu fou, un peu étrange. Et que je vais me réveiller, là-bas, dans mon lit. Pour aller chez Alphée. Je prends encore une inspiration et ferme les yeux, avant de m'enfoncer un peu plus sur mon siège en rangeant ma baguette, là où se trouve une plume de phénix à l'intérieur. J'écoute Johan me parler des différentes maisons, des quelques différents entre elles. « Tu espères quelle maison ? » Je hausse les épaules. Je m'en fiche. Tout ce que je veux, c'est être à l'école de magie. Apprendre. Être enfin dans mon monde.
Je sursaute lorsque la porte de notre wagon s'ouvre, n'ayant pas conscience de m'être endormi. Je lève des yeux un peu perdus sur quelques élèves qui s'installent à côté de nous, leur adressant un léger sourire avant de me tourner vers la fenêtre. J'ai même pas fais de 'cauchemar'. Enfin, visiblement j'ai pas dormi longtemps, mais il suffit sûrement d'un rien pour plonger dans tout ça. Je soupire, lorsqu'une jeune fille assise à mes côtés se tourne vers moi. « Vous êtes cousins, c'est ça ? » Je hoche la tête alors que Johan répond par l'affirmative. Heureusement que je n'ai aucun mal avec l'anglais et que je lis des livres dans cette langue depuis que j'ai su que je devrais la maitriser à merveille. « Sang-mêlés ? » Demande une autre, le regard... Fier. Sa voix me fait tiquer, d'une voix désagréable qui reflete toute l'éducation trop haute qu'elle a reçut. De ce que j'ai lu, et de ce que j'ai pu apprendre, je suis sûr qu'elle est sang-pur. J'ai lu énormément de livre sur les origines de la magie, de ces traditions, de ces idéaux. Je suis loin d'y adhérer, mais je les comprends. Dans le monde moldu aussi, il y a une hiérarchie. Et j'étais déjà tout en bas. Ici, je dois l'être aussi. Peut-être un peu moins... Surtout grâce aux Ingherneils, en réalité. Parce qu'on me prend pour un sang-mêlé, comme eux. On me prend pour un Ingherneils. Je souris légèrement, ce que la jeune fille semble prendre comme une provocation vu qu'elle réplique, l'air hautain. « Mon père a toujours dit que les gens comme vous devraient se ranger à nos pieds, s'ils ne veulent pas être écrasé avec les sang-de-bourbe. » Je fronce légèrement les sourcils, et, alors que Johan allait répliquer, je prends la parole à mon tour. « Ton père a sa propre opinion de la société. Tu devrais la découvrir un peu plus, cette société, au lieu de te calquer simplement sur ce qu'il t'a apprit. » Mon ton n'est ni froid, ni agressif, comme si j'entamais une conversation en la réprimandant doucement,, légèrement autoritaire. Malgré mon âge.

J'observe le parchemin blanc devant moi, serrant ma plume entre mes doigts. Mon cœur bat à cent à l'heure et mon estomac joue aux montagnes russes. Je suis même sûr que je suis pâle et que si je me lève trop vite, je vomis. Je prends une profonde inspiration, sentant le monde tourner rien qu'un peu. Je me concentre sur les bruits de pas du professeur qui longe les allées pour aller se poser devant le grand tableau noir où est inscrit « DEVOIR SURVEILLE ». Mon premier devoir. Mon premier devoir... J'ai tellement peur de mal faire, qu'on me dise que finalement, je suis pas digne de l'école de magie. Que je retourne chez les Ingherneils, que je les déçoive, et que finalement... Je retourne là-bas. Chez moi. Ou plutôt chez mes parents. J'expire de façon tremblante, et le professeur tape doucement dans ses mains. Je ferme les yeux. J'ai l'impression d'avoir tout oublié, que tout ce que j'ai appris par cœur depuis le premier cours de l'année s'est envolé je sais pas où. « Vous pouvez commencer » Mon cœur rate un battement, et les grattements de plumes commencent à travers la salle. Je soupire doucement, puis rouvre les yeux pour les poser sur le parchemin. Je déglutis, puis lis une nouvelle fois les questions qui passent en boucle dans ma tête. Réfléchi réfléchi réfléchi. Qui a fabriqué la Pierre Philosophale, et quoi à quoi ça sert-elle? Je suis nul, c'est ça ? Je suis vraiment nul, je ne me souviens de rien ! Pourtant je l'ai étudié, je sais que c'est Nicolas Flamel l'alchimiste qui a fabriqué la Pierre Philosophale, qu'elle permet aussi bien de changer n'importe quel métal en or et que si on boit son élixir, on devient immortel. Je soupire, puis sursaute presque sur ma chaise alors que tout les détails que j'ai étudié à côté du cours me revient. Je lance un regard bref vers le Professeur et me met à écrire tout ce que j'ai appris, tout ce que je sais sur le sujet. J'étale pourtant pas toutes mes connaissances, parce que je sais que certaines choses viennent d'un programme plus avancé, et je ne veux pas qu'on pense que je fais ça exprès, que je cite des choses que je ne comprends pas. J’étoffe tout de même la réponse, puis en fait de même pour les autres. Comme si ça venait tout seul, comme si tout ce que j'ai appris se débloquaient au fil de ma plume. Je termine même le devoir avant la moitié de la salle, déposant ma plume après avoir tout relu. Je n'ai même pas besoin de rajouter quoique ce soit, je crois. Mais j'ai terminé d'écrire, de réfléchir, alors la peur sourde revient. Elle me rempli le crâne, me donne envie de vomir encore une fois. Je déglutis difficilement, et je suis tellement pâle que le professeur vient me voir. Il me demande si je vais bien, mais je hoche la tête. Je vais bien. J'ai juste... Juste peur d'être vraiment nul, alors qu'il s'agit de mon monde désormais, que je suis censé savoir tout ça, que... Que j'ai peur de retourner là-bas parce que ce serait là-bas, ma place. J'inspire et expire profondément alors que le professeur retourne à l'avant de la classe, un œil sur moi. Je tremble légèrement, je me sens mal. Si bien que je sens ma baguette vibrer dans ma poche, réagir. J'amène une main hésitant jusqu'à elle et tente de l'effleurer, mais je me retire vivement. Et si je faisais exploser quelque chose à cause de mon état ? Je secoue la tête. Je veux pas qu'ici aussi, on me voit comme là-bas. Comme quelqu'un d'anormal qu'il faut éviter, qu'il faut isoler. Qu'il faut... Brûler ? Les mots de mon père et d'Alphée me reviennent, mais les années passées ne me permettent même pas de m'en souvenir correctement. « Les gens comme toi avant on les brûlait » « Le feu le guérira » Le feu. Les sorciers. Ironique tout ça. J'aurais pu en rire si, là maintenant, je n'étais pas autant chamboulé. J'émet un soupir tremblant, et je crois vraiment que je vais faire un malaise lorsque le Professeur se redresse et attrape sa baguette. « Bien, c'est terminé ! » Les plumes se posent, et les parchemins volent jusqu'à lui. Je m'empresse de ranger le tout, écoutant qu'à moitié ce qu'il dit. Si j'avais pas aussi peur du regard des autres, je serais sorti en trombe. Au lieu de ça, je me contente de suivre le mouvement de foule, le teint encore pâle.

A la table de ma maison, les discussions vont bon train, auxquelles je me mélange parfois, rien qu'un peu. Si je ne le fais pas, qui plus est, ils vont vraiment me croire asocial. Je me mets toujours en retrait des autres, au moins un minimum. Une mauvaise habitude, je pense. Mais je ne veux pas qu'ils croient quoique ce soit de moi, ni qu'ils se posent des questions d'ailleurs. Je souris à la réplique d'une camarade, que je reconnais comme étant celle qui est venu dans mon wagon dans le Poudlard Express, accompagnée de cette fille trop arrogante. J'entrouvre les lèvres dans le but d'en faire de même, mais King Ragnar me coupe en plein dans mon élan. Je sursaute légèrement, observant avec surprise le hibou de la famille en train de hululer devant moi. J'attrape ce qu'il me tend en lui donnant la moitié de mon petit déjeuner alors que le courrier continue d'être distribué. Une enveloppe. Assez épaisse, même. Je fronce légèrement les sourcils, puis commence à ouvrir la lettre, contenant... Une deuxième enveloppe. Adressée à Ludvik Mortensen Engen. Il y a qu'eux pour m'appeler comme ça. Alors je lache une exclamation ressemblant plus à un tremblement des lèvres, en serrant l'enveloppe un peu plus fort entre mes doigts, la gorge serrée. Une lettre l'accompagne, que je m'empresse de lire. C'est Gina. Après plusieurs phrases m'étant adressé, là où elle affirme qu'elle espère que je vais bien et que je me sens pour le mieux à Poudlard, elle aborde le sujet de l'enveloppe... Et mon cœur rate un battement. « J'ai trouvé cette enveloppe, devant le sentier pour rejoindre la maison. Je ne savais pas quoi en faire, si tu voulais la lire ou si le simple fait de la voir te ferait te sentir mal. Mais la décision te revient... » Je continue lentement la lettre, qui se termine chaleureusement. Je soupire, me crispe de plus en plus. Qu'est-ce que je dois en faire ? Je referme la lettre de Gina, que je range dans l'enveloppe qu'elle m'a envoyé. « C'est ta famille ? » Demande amicalement la jeune fille en face de moi, un sourire aux lèvres. Je hoche lentement la tête, mais range l'enveloppe dans la seconde pour que mon nom n'apparaisse aux yeux de personne. « Pourquoi tu la lis pas ? » « Plus tard... » Réponse assez basse et tremblante. J'en ai conscience, alors je me redresse et prétexte ne plus avoir faim et avoir envie d'étudier pour sortir de la grande salle. Je monte les escaliers, toujours d'une attitude extérieurement normale, calme, même si un peu précipité. Je m'arrête devant la salle de classe, le prochain cours qui ne commence que dans une demi-heure. Tout le monde est en bas, alors ça me permet de m'asseoir au sol et de rester là, contre le mur. Je sens que je vais avoir une... Une 'crise' si ça continue. Je baisse la tête, l'enfouissant entre mes genoux en les entourant de mes bras, lorsque des bruits de pas se rapprochent. Je me fige, avant de me redresser légèrement de façon lente. « Te relève pas » Je me tourne vers la source de la voix, apercevant encore cette fille. Je secoue la tête. « Je veux pas... Paraître bizarre. » Mes yeux se braquent sur le sol, et je me redresse jusqu'à être complètement debout. « Tu n'es pas bizarre » Ricane-t-elle doucement en se rapprochant, mais je ne bouge pas. « S'asseoir par-terre, c'est pas bizarre. Regarde » Et elle s'assoit au sol, m'invitant à en faire de même. Ce que je ne fais pas. « J'ai l'air bizarre... » Prononcé-je d'une voix sombre, voilée. « Je suis bizarre. » Je soupire, et me détache du mur. Elle aurait pas dû venir, parce que... Parce que je sens que je vais vraiment avoir une sorte de crise. Comme toujours, quand je sature trop, quand tout m'oppresse, je panique. Je panique et inconsciemment, tout en moi ordonne à mon corps de tout laisser aller pour que je me sente mieux. « Si tu pars comme ça, on est tous bizarre » Je hausse les épaules. « C'est la lettre de ta famille qui t'a mit dans un état pareil ? » Je me crispe et sens une larme rouler le long de ma joue. La seule. « Pourtant, ça doit faire plaisir, non ? En plus... Elle est gentille ta famille ! » Je perds mon souffle, les couleurs présentes sur mon visage. Ma panique grandit et à ses mots, je me sens assaillit par tout ce que j'ai vécu là-bas. « Non » Elle fronce les sourcils et se relève pour me rejoindre, posant une main sur mon bras. Mais je la fuis trop brusquement, et me tourne cette fois-ci vers elle. « Non, elle l'est pas ! Tu... Tu sais rien de ma famille, de ma vraie famille ! Alors, dit pas qu'elle est gentille. Elle... Elle m'aime pas » Mon regard s'assombrit, se voile, à l'image de ma voix. Je baisse les yeux, j'ai haussé le ton en plus. Mais mon corps tremble encore, la crise a à peine commencé et si je pars pas maintenant, elle va y assister. Et je veux pas. Je veux pas qu'on me trouve bizarre ! « Elle … M'aime mal. » Je rectifie, alors qu'un sanglot se bloque dans ma gorge. « Et je veux pas retourner là-bas et j'ai peur qu'on me dise que ma place, c'était avec eux tu vois ! » Je sais plus ce que je dis, mais je m'en fiche, je suis trop perdu pour y réfléchir. Elle secoue la tête, les sourcils froncés et la mine inquiète. « Non... Non je vois pas mais... Où ça, là-bas ? Chez toi ? » Je hoche la tête, déglutissant. « C'est pas bien la Norvège ? Et puis, vous avez l'air proche, je vois pas de quoi tu p... » « Pas eux. » Ma voix est tremblante. « Pas les Ingherneils... Je … Parle pas d'eux. » Elle écarquille les yeux, mais je lui laisse pas le temps de répliquer et fuit jusqu'à la salle commune de ma maison, parcourant le château pour l'atteindre. Je m'enferme dans les dortoirs, tremblant. Je parle pas d'eux. Je parle pas d'eux parce que c'est pas ma famille. J'attrape la lettre dans ma poche, et retire de façon hésitante son contenu, aussi pâle que possible. Et s'ils veulent me récupérer ? Je ferme fortement les yeux et part m'installer près de la fenêtre, assit contre elle. Je l'ouvre, tremblant tellement que j'ai du mal à déchiffrer le premier mot. « Ludvik... Je sais que tu dois nous en vouloir. » Je déglutis sous l'écriture incertaine. Je vous en veux. Oui. « Mais... Je sais aussi que tu dois être conscient qu'on a fait tout ça pour ton bien. » J'entrouvre mes lèvres, mes doigts se serrent encore plus sur le papier, le froissant au passage. Pour moi ? Pour mon bien ? Et je suis censé le savoir ? Oui, je le savais. Avant. Et je me sentais mieux à réussir à leur en vouloir pour ce qu'ils m'ont fait plutôt que me dire que tout ça, c'était pour moi. « On ne t'a jamais voulu de mal... » Elle essaye de se convaincre ou de me convaincre ? Je tremble un peu plus encore. «  Si vous ne me vouliez pas de mal, il fallait pas me broyer les poignets. Il fallait pas me laisser avec cette femme... » Ils savaient parfaitement ce qu'elle faisait. « J'espère que tout va mieux pour toi... Cette jeune femme nous avait affirmé que tu te sentirais mieux là où elle t'emmenait. Nous n'avons pas de nouvelle, après toutes ces années... Alors que tu restes mon fils. » Une larme vient étaler le dernier mot de la phrase, tachant le papier. Je ferme les yeux, avant de reprendre ma douloureuse lecture. « Je ne sais même pas si tu auras cette lettre... Mais j'avais besoin de t'écrire, de te parler. Je suis même sûre que tu ne l'auras pas. Tu es peut-être déjà dans un autre monde... » Oui je le suis. « Mais pas dans le monde que tu crois. » « Sache que si c'est le cas... Je sais que tu es mieux là où tu es. » Je sursaute presque. Elle... Espère que je suis mort ? « Tu as eu le malheur d'avoir été attaqué par une chose qu'on ne pouvait pas repousser. On a fait tout notre possible, tout ce qui était en notre pouvoir, pour l'éloigner de toi... Mais il t'a rongé. De plus en plus. Sais-tu que je pleure encore ? » « Tu veux m-me faire culpa-culpabiliser ? » C'est réussit... Je pose mon front contre mon bras pour avoir un maintient. J'ai l'impression que je vais tomber d'un moment à l'autre. « Tu me manques. Le fils que je serrais dans mes bras lorsqu'il avait encore quatre ans a creusé un grand vide dans mon cœur. » Et ce que j'étais ensuite ? « Je ne te manque pas... » « J'aimerais te revoir. Te revoir sans ce qui te corrompait l'âme » « C'est ce que je suis » Et cette fois-ci, je le prononce à travers un sanglot, laissant les larmes couler. « Nous prions beaucoup pour toi. Tout les soirs, tout les jours, on pense à toi et on prie le ciel. » Je me crispe, serre la mâchoire. Les larmes se tarrient au fil de cette phrase. « Tu étais devenu... Quelque chose d'incontrôlable. Je ne voulais pas te faire partir, mais c'était la seule chose à faire... » Quelque chose. Pas quelqu'un. Quelque chose. Et tout ce sentiment de ne pas être quelqu'un me revient, me donne la nausée. Je n'ai même pas conscience qu'au fil de ma lecture, la vitre se fissure de plus en plus à côté de moi. « Tu nous manque, à tous. » Je secoue la tête. J'en peux plus... Que ça s'arrête. Mes oreilles bourdonnent, je suis en sueur. Quelques grimoires posées sur mon lit volent désormais, alors que la vitre casse petit à petit. « Je t'aime. » Et elle se brise entièrement. Je balance la lettre vers mon lit et me redresse vivement. Tout tourne, je tremble comme jamais. Je prends une inspiration et me tourne vers la fenêtre où le vent s'engouffre. Mes yeux glissent jusqu'au sol, se posent sur un morceau de verre trop grand. Je m'en approche et pose un pied dessus, sentant ma magie s'extirper encore de moi pour aller le briser en milles morceaux. Comme la plupart des miroirs, fenêtres, et tout ce qui y ressemble présents dans le dortoir. J'attrape ma tête et me laisse glisser au sol, mes jambes ne me tenant plus. « Laissez moi... » Je sens légèrement les morceaux de verre se planter dans ma peau, mais la douleur n'est toujours pas présente. J'enfoui ma tête dans mes genoux et m'entoure de mes bras, mes ongles s'enfonçant également dans ma chair. Je les plante, les fait glisser, trace de long sillons sanglants sur mes avant-bras. Je sais que si quelqu'un me touche, n'importe qui, je me débattrais trop violemment. Comme quand j'étais là-bas... Là-bas. C'est à cause... D'eux que j'ai ça? Des espèces de crises comme ça ? Que tout éclate quand … Tout est... Juste, trop ? Que je ressens trop fort, trop de chose ?  Je tremble toujours, mais un peu moins violemment. Un objet éclate devant moi alors que mes ongles s'enfoncent plus profondément encore. Je déglutis. Ca me calme, même si je ressens pas ça comme... Comme douloureux, ça m'aide à me calmer, à me contrôler. Je laisse les choses encore dans les airs retomber, et j'attends quelques minutes comme ça, avant de me lever. J'attrape ma baguette, un dernier tremblement agitant mon corps lorsqu'elle touche mes doigts. Je répare les dégâts, je prends mon temps pour que tout soit de nouveau à sa place comme c'était avant. Je mets du temps à le faire, mais ça fait parti de mes 'crises'. Quand je suis plus calme, je remets tout en ordre, et ça termine de m'apaiser. Le calme revient, et bien que je sois toujours pâle, ce qu'il s'est déroulé ici s'efface. Le sang qui longe mes bras me fait prendre conscience que je dois également soigner tout ça, surtout pour n'alarmer personne. Que penseraient-ils de moi s'ils savaient ? Ils diraient que je suis fou. Que je suis bon à enfermer. A tuer, peut-être. Comme le pense... Eux. Je regarde la lettre, que j'attrape lentement pour aller l'enfouir au fond de ma malle. Les livres de Gabriel me permettent de savoir quoi faire pour refermer les blessures, et étrangement, comme je suis seul, comme je suis la cible de mes sorts, je deviens confiant. Je n'ai pas peur de tout rater, de tout mal faire, parce que personne ne le saurait et que personne n'en serait la victime. Cette confiance nouvelle me donne la possibilité de soigner, rien qu'un peu, ce que j'ai fais, alors que j'entoure mes bras de bandage, camouflés par mon uniforme. J'expire bruyamment, essuie mes yeux une dernière fois, et sort de la pièce. Comme si la lettre n'avait pas eu cet impact sur moi, comme si je n'avais pas eu envie de la détruire en lisant le passage sur la religion. Je me crispe rien qu'en pensant à ce mot, mais me contente de soupirer. Je prends place au deuxième rang, au beau milieu des autres, et me concentre sur le Professeur pour ne plus y penser, mais aussi, pour ne pas regarder ma voisine de table qui a assisté à tout ce que j'ai pu dire ou faire au début, dans le couloir. « Désolé pour tout à l'heure... » Prononcé-je néanmoins à voix basse, alors que le Professeur attrape une pile de parchemins et qu'il la tend pour qu'on la voit tous. « J'ai ici vos résultats du devoir de la semaine dernière. » Je me tend, écarquillant légèrement les yeux tandis qu'il commence à les rendre, prononçant quelques commentaires à haute voix. Lorsqu'il arrive à ma rangée, je pose mon regard sur lui. « Mortensen Silas... » J'ai l'impression de plus respirer. « Excellent devoir, continue comme ça. » Mes lèvres s'entrouvrent et je regarde le parchemin qu'il a posé sous mes yeux. J'ai réussis à atteindre la meilleure note possible. Un léger sourire vient étirer le coin de mes lèvres à ce constat, alors que je l'attrape et le soulève légèrement. Peut-être que je suis pas si nul que ça, finalement... « J'ai eu la plus mauvaise note... Hé, Mortensen, arrête de sourire comme ça tu m'énerves » Je relève le regard vers un élève assit en face de moi, tourné de moitié qui m'observe. Il a l'air de mauvaise humeur. « C'est ta mauvaise note qui t'énerve, je dirais plutôt... » Il plisse les yeux, et se rapproche un peu plus de moi. « Te fous pas de moi, je déteste les sourires dans le genre du tien » « De quel genre ? » « Arrogant. » Je fronce un peu plus les sourcils, et dépose mon parchemin sur mon bureau en haussant les épaules.

Assit à la bibliothèque, je termine la lettre que j'ai prévu d'envoyer aux Ingherneils. A tout le monde, en fait, et je le fais assez régulièrement pour qu'ils aient des nouvelles. Parfois, je fais des lettres plus personnelles, quitte à en envoyer plusieurs d'un coup pour que tout le monde l'ai en même temps. Même Sirrush... Je soupire au serrement de cœur familier qui m'oppresse, et part enfouir ma tête dans ma main, le coude posé sur la table. Je frotte mon visage dans ma paume en fronçant le nez, laissant un murmure incohérent faire vibrer ma gorge. En rouvrant les yeux, mon regard se pose sur les enveloppes différentes posées à côté de mes livres. Je suis comme encerclé par toute une forteresse de grimoires. J'attrape l'une d'elle, relisant à qui elle est adressé. J'hésite à leur répondre, à répondre à la lettre de ma mère. Mais si je fais ça... Ils sauront que je suis vivant. Ils auront de mes nouvelles. Et si... S'ils désiraient me reprendre ? Je secoue la tête, trouvant ça ridicule. Vu ce qu'elle dit dans la lettre, m'étonnerais qu'elle est envie de me retrouver. Je soupire et balance l'enveloppe un peu plus loin, du haut de mes douze ans – je les ai eu le mois dernier, même – je sens tout mon corps s'alourdir à cette heure-ci. Il commence à se faire tard, j'ai peu dormi la nuit dernière et je somnole sur mes lettres. Mais je veux les terminer avant qu'on m'envoie dans mon dortoir. Il n'y a presque plus personne dans la pièce, à part deux professeurs en train de discuter derrière l'étagère dans mon dos. J'entends légèrement ce qu'ils disent, mais me concentre brusquement dessus lorsque quelque chose m'interpelle. « … 'tique de livre sur le chemin de traverse. Ca a mal tourné. » Je me crispe, me redressant en me penchant en arrière pour écouter. « Comment ça se fait ? Quelqu'un sait quelque chose ? » « Le propriétaire de la librairie était dans une sale passe, il avait du mal à remonter la pente financièrement parlant. Alors il a traité en affaire avec des types louches et des prêteurs sur gages. Il a pu se remettre à flot, mais il était convenu qu'en retour, il garde des objets de valeur pour eux, pour pas qu'ils se fassent attraper. » « Les objets qui ont été volés ? » « C'est ça. » Mes yeux dansent devant moi, sur des points inexistants alors que je revois l'homme repartir avec, je le sais, ces dits objets. Si seulement j'avais dis quelque chose, si seulement... Si seulement j'avais réagis. « Alors tu te doutes que quand ils sont revenus et que le propriétaire a tenter de leur expliquer qu'ils étaient plus là... » « Il paraît que c'était atroce. Une vraie scène de torture vivante » Je ferme les yeux à ces paroles. J'imagine parfaitement ce qu'il a pu vivre. Par ma faute? Je respire un peu plus fortement, mettant soudain une main sur ma bouche en les sentant se tendre derrière. S'ils savent que je suis là, ils n'en parleront plus, et je veux savoir. Je veux en savoir plus. Après plusieurs secondes de silence, l'un des deux reprend. « Ouais, une foutue boucherie. » « Tout ça pour des bijoux et un coffret... » « En or. D'ailleurs, il paraît que la plupart des bijoux sont rares et très, très chers. Très particuliers, aussi. » « Le voleur a du se faire énormément d'argent. » Ricane faussement le deuxième alors que je soupire doucement, affaissant mes épaules. Fataliste.

1973-1979;NORVEGE&ANGLETERRE.
 « Les mouvements de la baguette magique doivent être très précis, sous peine de voir le hibou se transformer en une simple volée de plume au lieu d'une paire de jumelles. » Je fronce légèrement les sourcils et plisse les yeux alors que les mots me paraissent de plus en plus flou au fil du temps. Je soupire mais me rapproche néanmoins du grimoire pour terminer l'explication de métamorphose, forçant sur ma vue qui visiblement baisse considérablement. Je fais une légère moue, mais me redresse en entendant la voix de Gina dans le salon, en train de discuter avec Anita, faisant mine de pouvoir lire correctement. Je ne veux pas qu'ils dépensent encore plus d'argent pour moi. Mais elle semble comprendre le subterfuge que je mets en place depuis plus d'un an et baisse brusquement le livre que j'ai sous les yeux. Je relève le regard vers elle, faussement surprit. « Silaas... Pour la énième fois, as-tu du mal à lire ? » Je secoue la tête négativement en plissant légèrement les yeux, ce qui lui arrache un soupir. « Sincèrement ? » Cette fois-ci je hoche la tête, mais elle ne semble pas convaincue puisqu'elle se redresse en croisant les bras. « Bien, demain je prends rendez-vous » « Mais je n'ai pas... » « Tu te rapproches de plus en plus pour lire pourtant » « C'est uniquement quand l'écriture est petite comme dans... Dans... » « Dans tout les livres que tu lis ? » Je soupire à mon tour, fermant lentement le livre en gardant néanmoins un doigt en guise de marque page. « D'accord... » Elle hoche la tête, un léger sourire victorieux aux lèvres, puis s'éloigne. « Et je suis sûr que ça t'ira très bien les lunettes ! » Je grimace légèrement cette fois-ci, peu certain de ce qu'elle avance. Surtout vu les remarques que je peux m'attirer avec ça sur le nez... Je soupire, puis ouvre à nouveau mon grimoire pour continuer ma lecture, lançant un regard en coin à Gina retourner dans la cuisine avant de le coller pratiquement à mon nez. En plus, il n'y a pas que les écritures que je commence à mal voir... « ...'m'entendre celui-là je suis sûr que c'est lui ! » Des éclats de voix, un peu trop forts un peu trop prononcés, m'arrachent à ma lecture. Je me redresse vivement, fermant lentement le livre pour le déposer à côté de moi. « Gabriel ? » « Mes dossiers ! Il est entré dans mon bureau, j'en suis certain. Je l'ai vu en sortir avant mon rendez-vous hier ! Je savais que j'aurais dû aller vérifier » Sa voix dure et ferme me fait froncer les sourcils alors que je m'assois un peu plus correctement sur le canapé. « Qu'est-ce qu'il se passe ? » « Tout les dossiers présents sur mon bureau sont illisibles maintenant ! » « Comment ça chéri ? » « Il a du renverser quelque chose dessus. Où est-il ? » « ...Sirrush ? » « Bien sûr Sirrush » Je les regarde tour à tour, les lèvres entrouvertes, avant de me jeter hors du canapé. « Euuuuh, en fait... » J'amène une main à ma nuque, lançant un regard inquiet à Gabriel. « C'est... C'est moi » Il hausse les sourcils en se tournant vers moi. « Je te demande pardon ? » « C'est moi... C'est moi qui ai renversé quelque chose sur tes dossiers. Tu sais avant qu'on ne parte à tes rendez-vous, je suis retourné dans ton bureau pour aller les lire une nouvelle fois. Je voulais pas... Oublier quelque chose, au cas où. Et sans faire exprès... » Il fronce les sourcils, le menton légèrement levé. J'espère vraiment qu'il va me croire, qu'il va croire à ce mensonge que je tisse à l'aveugle. Je me doute aussi que c'est lui, que c'est Sirrush qui a fait ça. Mais il le punie bien trop à mon goût... Et en ce moment, je pense qu'il n'a pas besoin de ça. Comme Gabriel m'emmène souvent avec lui lorsqu'il va travailler, j'espère vraiment que tout ce que je dis est crédible... L'homme en face de moi soupire, secouant la tête. « Pourquoi ne me l'as-tu pas dit, Silas ?! C'était rattrapable ! Maintenant, ils vont devoir être refait du début à la fin. » Je baisse le regard. Je déteste le fait qu'il croit que j'ai fais une bêtise pareille, j'ai même peur qu'il ne me fasse plus confiance, qu'il ne m'autorise plus à rentrer dans son bureau ou à lire ses dossiers et ses grimoires. Mais je ne démens pas. « Je... Je le ferais. » « Je l'espère, oui. » Je redresse la tête vers lui, laissant mon bras retomber. « Tu aurais dû me le dire au lieu de le cacher Silas. Pour que tu comprennes, tu vas tous les refaire un par un, je n'ai vraiment pas le temps pour ça. J'ai besoin de la plupart dès demain, alors je compte sur toi pour t'y mettre immédiatement » Je hoche la tête et le laisse exprimer davantage sa colère que je comprends et son agacement face à tout ça, avant qu'il ne s'éloigne. « J'oubliais. » Il se tourne à l'encadrement de la porte vers moi, posant un regard... Légèrement navré. Mais je crois que seul Gina et moi le comprenons comme ça. « Ce qui signifie que tu ne viendras pas avec moi, demain. » J'émets une légère exclamation, mais hoche à nouveau la tête en la baissant un peu. « Très bien... » Pourtant... C'était demain qu'il y avait des choses vraiment intéressantes que j'avais hâte de voir ! Je soupire doucement avant d'adresser un léger sourire hésitant à Gina. « Je vais m'y mettre, je viendrais dîner plus tard » « Je te l'emmènerais » Finit-elle avec un regard entendu. Je sais qu'elle se doute que ce n'est pas moi le coupable. Je fais une légère moue, puis monte lentement jusqu'au bureau de Gabriel, songeant que contrairement aux camarades de mon âge, autrement dit quatorze ans, je passerais ma soirée à écrire des dossiers de médicomage au lieu de me rebeller ou de m'amuser je ne sais comment. Mais étrangement, ça ne me gêne même pas. Parce que j'adore vraiment la médicomagie...

Un bruit, sourd, rauque, grave. Il rempli ma tête, alors que, assoupi, je me met à me mouvoir dans les draps. Je me tourne, de gauche à droite, pour me retrouver sur le dos alors que je dors principalement sur le ventre. Je suis en sueur, et pâle. Je tremble, mais j'ai extrêmement chaud. Je tente de m'extirper de mon cauchemar, de ne pas voir ce qu'il veut me montrer. Je tente de fermer cet œil, ouvert sans que je ne lui donne l'autorisation, celui qui me permet de voir toutes ces choses. Je grimace, crispe mes doigts sur le matelas. Je reconnais à peine le terrain, et pourtant, je m'y sens chez moi, bien. L'odeur est familière. Une voix, que je reconnais presque, aux intonations qui m'interpellent. Mais je ne veux pas savoir qui c'est. Je secoue la tête et me tourne, me retrouvant sur le côté alors que mes jambes poussent la couverture jusqu'au sol qui s'y échoue dans un léger bruissement. Je lâche une expiration trop tremblante, trop brusque, comme si mes poumons n'acceptaient plus l'air qui s'y trouvait alors que la scène continue sous mes yeux. Elle est brouillée, floue. Je vois quelqu'un, un jeune homme brun. Je ne vois pas son visage, je n'arrive pas à le distinguer à travers cette brume. Puis encore ce bruit, rauque, grave. Immédiatement, je vois une masse imposante, gigantesque, qui se dresse pour s'abattre à moitié sur la personne en face d'elle. Et c'est sur les hurlements et ce que je reconnais comme étant la patte d'un dragon que je me réveille en sursaut. Les yeux hagards, perdus sur une vision d'une prochaine réalité cauchemardesque. Un dragon. Des hurlements. Une blessure. J'ai l'impression de suffoquer, alors je regarde à travers la pièce avant de me lever prestement et d'ouvrir l'une de mes fenêtre pour aller m'y coller, reprenant ma respiration. Je soupire, me collant à la vitre en fermant fortement les yeux. Je sais que ça va se produire. Quelqu'un va se faire sérieusement touché... Et je n'y peux rien.
La semaine qui suit, je ne fais que ressasser ce que j'ai vu, associant rapidement le caractère de Sirrush et sa manie à toujours vouloir aller les trouver à ce que j'ai pu apercevoir cette nuit-là. J'imagine la silhouette comme étant la sienne et je me convainc même inconsciemment que je l'ai vu. Ma peur grandissante, sourde, me donne la nausée et mon cœur se serre dès que je le vois sortir dehors. Alors je le suis, je veille sur lui, quitte à parfois l'attraper par le bras et le rentrer à la maison pour des prétextes que j'invente à merveille – parfois un peu trop irréfléchis contrairement à d'habitude, mais qu'importe. Je tente de toujours l'avoir à l'oeil, de ne pas le laisser s'en approcher. Je me fiche de ce qu'il me lance comme pique, de ses regards. Je me contente de l'éloigner, de vouloir, pour une fois, changer de ce que j'ai vu. Changer l'avenir. Je prends alors conscience avec tout ça que peut-être, peut-être que mes visions y peuvent quelque chose au final. Peut-être qu'elles peuvent m'aider à le protéger ? Je fronce les sourcils à cette idée, alors qu'une fois de plus, je le vois vouloir aller dehors. Je me lève du fauteuil, réfléchissant à toute vitesse à ce que je pourrais trouver. « Sirrush... Reste ici » Mon ton autoritaire n'y fait rien, au contraire même, je le vois encore plus s'agiter, répliquer. Je pose une main sur la porte qui mène à l'extérieur, le dominant d'au moins une tête. « Tu n'as pas à aller dehors » « T'as pas à m'dire ce que je dois faire ! T'es même pas mon frère ! » Je soupire doucement, fermant brièvement les yeux. Je pose finalement une main sur le sommet de son crâne, une légère moue peinte sur mes lèvres. « Très bien, mais je viens avec toi. » Il entrouvre les lèvres, puis les referme en prenant sa mine boudeuse. « J'ai plus envie » Marmonne-t-il avant de s'éloigner, me laissant étirer un bref sourire sur mes lèvres. J'étais sûr que ça marcherait. Je me défais de la porte, m'appuyant sur ma main pour ça et retourne m'asseoir sur le fauteuil, m'enfonçant dans ce dernier et posant mon visage sur la paume de ma main, le coude posé sur le fauteuil. Si je peux l'empêcher au maximum de s'approcher de l'enclos... Peut-être que j'éviterais le drame que j'ai vu cette nuit-là.  

De l'agitation, de la panique. Des cris, des bruits de pas précipités, des sanglots. Je déglutis, le livre que j'avais en main jeté sur mon lit pour me précipité à l'extérieur. Je cours jusqu'au bout de l'escalier, apercevant Gabriel en bas. « Gabriel, qu'est-ce que c'est ? » Demandé-je rapidement, manquant d'emmêler les mots les uns les autres. Sirrush... Où est Sirrush. « Un dragon... Il a attaqué ! Bon sang par Merlin j'étais sûr qu'une chose pareille arriverait avec ces créatures » J'écarquille les yeux et me lance dans les escaliers, descendant les marches une à une de façon rapide, arrivant près de Gabriel qui tient fermement sa baguette. Je sors la mienne, prêt à l'aider même si je suis pas sûr de maîtriser les sortilèges de guérison comme il le faut. Alors que j'arrive à l'extérieur, la panique me prend au ventre. Et je vois Sirrush. Mais pas étalé au sol, pas couvert de sang. Non, il est là, bien debout sur ses deux pieds, un peu plus loin. Il commence à s'avancer vers la scène et je tourne finalement mon regard vers elle. Rein' est allongé au sol, du sang souille l'herbe, la colorant d'un rouge vif. Je m'en approche à grande enjambé, suffisamment proche pour voir le bras manquant de mon cousin, tout ce sang, tout... Je prends une légère inspiration et me retourne rapidement vers les autres pour aller attraper Sirrush qui allait s'en approcher, le faisant vivement reculer vers la porte. Il ouvre la bouche, sûrement pour répliquer, mais je ne lui en laisse pas le temps et l'enlace brusquement, le serrant légèrement contre moi. Pour ne pas qu'il s'en approche, pour ne pas qu'il voit. Pour le protéger de ce spectacle macabre qui me serre le cœur. Je ferme fortement les yeux en le serrant un peu plus fort, puis lance un regard à l'un des adultes qui nous rejoint, lâchant Sirrush par la suite pour retourner là-bas. L'odeur de sang rempli mes narines, elle est forte, trop forte. J'entends le nom de l'hôpital qui est prononcé, et je hoche la tête, allant me poster près de Gabriel. « Retourne t'occuper des autres, Silas » Mais cette fois-ci, je ne l'écoute pas. Je relève mon regard vers lui, sûr de moi pour l'une des rares fois possible... « Tu ne peux pas m'empêcher de voir ça, pas si je veux faire ton métier plus tard » Il tourne également son visage vers le mien, laissant nos regards se croiser. Pendant un court instant, je vois un éclair traverser ses prunelles, mais je ne sais pas vraiment de quoi il en retourne. Il hoche finalement la tête, le regard néanmoins sévère. « Alors tu auras le temps de voir ça, pour l'instant, je veux que tu retournes à l'intérieur. » Je baisse légèrement le regard, me mordillant légèrement le coin de la lèvre. Je regarde une dernière fois ce qu'il se déroule non loin de moi, pendant ce qui me semble une éternité alors que les secondes s'étirent seulement en quelques minutes. Oui, j'en suis sûr désormais. Je veux vraiment me tourner vers la médicomagie. Peut-être pas parce que je désire sauver le monde, soigner toutes les personnes possibles... Mais plutôt parce que... Parce qu'en plus de m'intéresser énormément, en plus de pouvoir au moins venir en aide aux personnes que j'aime, et en plus de me rendre compte qu'il y a énormément de possibilité avec la médicomagie et tout ce qui se trouve autour, je pourrais peut-être me trouver utile. Si mon don ne me le permet pas... Je pourrais peut-être acquérir cette sensation d'être quelqu'un... De capable, de plus apte à faire quelque chose. D'être quelqu'un, tout simplement.

L'accident a bouleversé toute la famille. Je me sentais mal de voir tout ça, de ne rien pouvoir y faire. Ou plutôt, de ne rien avoir pu faire ce jour-là. Je l'avais vu pourtant, j'avais vu et... Et je n'ai pas pu. J'ai cru que c'était Sirrush... Je soupire doucement, assit près du lac noir. Là où d'ailleurs il paraît que ce petit con a fait un vol plané avant d'arriver à la répartition. Je l'ai vu arrivé complètement trempé. Je me souviens qu'au début, je me suis inquiété pour lui, puis lorsque j'ai vu son sourire, je me suis immédiatement senti rassuré. Avant qu'un de mes camarades ne commente sa tenue indécente, ce à quoi j'ai répondu en soupirant qu'il s'agissait de mon frère et qu'il n'avait pas à parler de lui comme ça. Mon frère. Ca me semble tellement stupide de l'appeler comme ça, maintenant. Depuis qu'il est entré à Poudlard, tout s'est encore plus dégradé entre nous. Tout est plus... Tendu, plus haineux. Nos disputes sont vraiment courantes, même. Je fronce légèrement les sourcils en observant l'eau du lac, soupirant à nouveau. Les événements se bousculent bien trop. Je baisse la tête pour aller poser mes mains de chaque côté de mon crâne, les yeux fermés, avant que des bruits de pas ne me fassent redresser la tête. « Coucou Silas » « Bonjour » J'étire un sourire en coin en me tournant vers la nouvelle arrivante. Elle répond à mon sourire, timidement, avant que la discussion ne commence. J'apprécie vraiment la jeune fille, malgré le fait que j'aime parler avec les autres ou quoique ce soit pour... Pour casser l'infime, mais trop réelle, image du Silas renfermé, j'aime discuter avec elle. L'après-midi s'étend d'ailleurs alors que je reste à ses côtés à discuter, à rire parfois. Lorsque l'heure du dîner approche, on se lève chacun à notre tour, et je la vois hésiter. Je fronce légèrement les sourcils, la voyant se mordre la lèvre. Elle a l'air... Bizarre, tout d'un coup. « Tout va bien ? » Elle hoche la tête, un sourire aux lèvres, puis s'approche soudain de moi pour déposer de façon brève ses lèvres sur les miennes. Et après qu'elle ait fait ça, je me sens... Je me sens... J'en sais rien, en fait. Bizarre. J'écarquille les yeux, soudain extrêmement gêné alors que ça ne m'arrive jamais. Pas comme ça. « Euh je … J-je... » « Pardon, je voulais pas... Enfin... Si tu veux pas... » Je cligne des yeux, entrouvrant les lèvres. Mais je n'arrive pas à parler. « C'est... C'est pas ça c'est... Que... Je... Enfin... Tu m'as... S-surpris » Et je bégaie légèrement. Merveilleux. Que va-t-elle penser de moi ? Je me rends compte à ce moment-là à quel point je peux laisser ma peur de tout faire mal et ma soudaine... Gêne ? Timidité ? Maladresse ? Régir toutes mes paroles et mes actions quand une situation me la procure un peu trop. Elle sourit à mes paroles, et se rapproche à nouveau, me faisant paniquer. Et si j'embrasse mal ? Et si je suis nul pour ça ? Je la laisse néanmoins s'approcher, le cœur battant plus fort que d'habitude et le ventre noué. Mon regard capte pourtant une silhouette familière au loin, et je saute sur l'occasion pour je ne sais quelle raison. « Euh je... Oh regarde, c'est Rubis ! Je-je dois te laisser on se voit plus tard » Et je m'en vais... Soupirant en secouant la tête, rejoignant néanmoins Rubis, notre voisine qui vient régulièrement chez nous. Je lui lance un sourire et, une fois devant elle, je prononce. « Je ne te dérange pas ? Ca te dit de faire un tour avant le dîner ? » De quoi vais-je avoir l'air maintenant... Et si elle le disait à tout le monde ? Si j'étais mal vu au point de vouloir quitter l'école, de ne plus me sentir à ma place ? J'ai déjà assez de mal comme ça à la trouver, cette dite place... Maudite peur de toujours décevoir, maudite panique.


Dernière édition par Silas L. Mortensen le Mar 17 Sep - 15:46, édité 17 fois
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Message Re: I need no burning crosses to illuminate my nights² ▬ Silas
par Invité, Mer 4 Sep - 16:56 (#)
• DIFFERENCE'S SOMETIMES A BAD THING •
Je hoche la tête aux paroles des adultes présent autour de moi, alors que je participe de temps à autre à leur conversation que j'écoute avec intérêt. Ai-je déjà dis que je me sentais mieux, plus à l'aise, en leur compagnie qu'avec ceux de mon âge ? J'ai l'impression que je peux mieux parler, mieux agir, en ayant moins le sentiment que chacun de mes faits et gestes sera jugé. Hella nous rejoint un instant, et je m'amuse à observer son côté maternelle même auprès de son père. Je souris légèrement, terminant ma tasse de café – même si, encore une fois, on avance mon âge un petit peu trop jeune pour ce genre de chose. Je la dépose lentement sur la table en reprenant la discussion, attirant le sujet sur quelque chose que j'ai vu en cours. Je me tourne vers Orion dont Hella se détache, lorsqu'une voix que je ne connais que trop bien raisonne à côté. « Il est où, Plato ? » Je sens mon cœur faire un saut périlleux, me faisant doucement soupiré alors que je me redresse, me levant de table pour aller ranger ma tasse vide. « Je n'en sais rien Sirrush, tu es aller voir dans sa chambre ? » Je me tourne vers Sirrush, songeur et, alors qu'il monte les escaliers, je sors lentement à l'extérieur. Je traverse le domaine, à la recherche de Plato, n'aimant sérieusement pas le savoir isoler comme ça. Surtout si même Sirrush ne peut pas le trouver. Quelque chose ne va visiblement pas. Même si je ne suis pas vraiment doué pour observer les autres et tout ce qui m'entoure... Peut-être parce que lorsque je suis sorti de cet enfer, de ce monde... Moldu, j'ai vraiment eu peur de tout ce que je pouvais trouver autour de moi, me méfiant de tout et n'importe quoi, m'approchant de... Pratiquement rien. Et même si je ne me penche que rarement sur le passé, quelque chose reste, résidant désormais dans mon caractère et mes habitudes. J'aperçois la silhouette de mon cousin, presque frère pour moi, un peu plus loin, près du lac. Je m'avance vers lui, m'arrêtant près de lui. « Qu'est-ce qu'il ne va pas, Plato ? Qu'est-ce qu'il t'arrive ? » Demandé-je doucement. Il n'a pas l'air d'aller bien, et je commence à m'inquiéter, les sourcils légèrement froncer. Au lieu de me répondre, il se redresse et plante son regard dans le mien, là où je vois les vestiges de quelques larmes. Je fronce un peu plus franchement les sourcils, et sa réponse tombe. « Je t'aime » Les traits de mon visage se détendent légèrement, mes lèvres s'entrouvrent. Dire que je suis surpris serait un véritable euphémisme. Et j'ai l'impression que je ne peux plus parler, que j'ai à nouveau peur de tout mal faire, de dire quelque chose qui lui brise littéralement le cœur. Mais si je le laisse espérer... Si je ne dis pas quelque chose de concret, ne serait-ce pas pire ? Je prends une brève inspiration, et me décide à dire ce qu'il faut, y réfléchissant à toute vitesse. Je ne veux pas lui faire de mal, mais... Il doit comprendre. C'est tout ce que j'ai en tête. « Plato... Je suis désolé. Mais je n'envisage pas... Les garçons de cette manière » Mensonge. Mensonge mensonge mensonge. Je l'ai remarqué depuis... Très peu de temps, en fait. Mais je ne suis pas... Rebuté comme il le faudrait lorsqu'il s'agit de tout les autres garçons. Mais ce n'est pas normal. Ce n'est pas quelque chose qui devrait se produire, alors je rejette tout en bloc. J'ai enfin la chance d'être un tant soit peu normal. Pourquoi est-ce que tout s'accumule pour que je ne le sois pas ? Pour que je sorte du lot, que je sois différent ? Que je dérange, même ? Et s'ils apprenaient tout ce que je renfermais ? Sûr que je retournerais là-bas. Sûr qu'ils me sortiraient d'ici, à toute vitesse même. Je me demande quel adjectif ils utiliseraient, eux. Monstre, comme là-bas ? Démon, comme eux ? Une... Chose indésirable ? « Surtout toi... Je ne peux pas t'imaginer comme ça. » Ce serait encore pire. « J'espère que tu comprends » Terminé-je, le regard légèrement désolé et compatissant, en soupirant doucement. Lorsque je le quitte et que je retourne à l'intérieur, je soupire à nouveau, portant une main jusqu'à mes yeux que je frotte légèrement, aussi perdu que inquiet de la situation. Un tic que j'ai souvent, lorsque je suis... Chamboulé. Ou exaspéré. « Quelque chose qui ne va pas ? »Demande alors Orion, envers qui j'ai l'habitude de me montrer... Plus naturel. Lorsque je me sens inquiet sur ce que je fais, sur mes capacités, lorsque je doute, c'est vers lui que je me tourne, c'est lui qui écoute tout ça. Mais cette fois-ci, je n'ai pas à lui dire. Plato souffrirait encore plus si quelqu'un de la famille venait à l'apprendre, qui plus est, je ne sais même pas comment il réagirait, ni comment la famille le ferait... Mal, sûrement ? Il n'a pas à subir ça. Je secoue négativement la tête. « Non, non rien. Ce sont juste mes nouvelles lentilles qui... Enfin, je suis pas habitué. » L'excuse des lentilles... Je pourrais rire à cette excuse, si je n'étais pas encore devant eux. Je leur lance un dernier regard, un dernier sourire en coin, puis je monte jusqu'à ma chambre. J'ai ces lentilles depuis peu, mais j'en porte depuis... Depuis que j'ai su que je devrais avoir des lunettes, presque. Au début, je ne faisais que les porter, avant de pouvoir prendre la possibilité des lentilles, beaucoup plus pratique et beaucoup moins... Voyante. Je suis myope, comme si je n'avais pas assez sur les épaules. J'aurais pu être normal au niveau de la vue, au moins. Mais non. Je secoue la tête, fermant la porte de ma chambre en repensant à Plato et aux paroles échangées. Attiré par quelqu'un de sa famille. Pourquoi est-ce qu'au fond, je me sens... Etrangement rassuré de voir qu'il a pu le faire ? Etrangement... Plus confiant ? Et pourquoi est-ce que j'aperçois pendant de longues minutes le visage de Sirrush ? C'est ridicule. Je fronce les sourcils mais ne retient même pas un bref rictus s'échapper de mes lèvres, alors que je me dirige vers mon armoire. La discussion avec les adultes m'a permit de m'assurer une chose, involontairement. Sans que ça ne soit le sujet principal, sans que ça ne soit prononcé. Toute la profondeur des mots m'a donné le courage de faire ce que j'hésite à terminer depuis plusieurs années. Mais si je veux passer à autre chose... Je ne dois pas l'oublier, mais l'affronter. Rien qu'un peu. N'est-ce pas ? Je le saurais peut-être en le faisant. Et si j'y pense depuis tout ce temps, peut-être est-ce parce qu'inconsciemment, j'ai véritablement envie de le faire ? De... De m'affirmer, de me prouver à moi-même que j'existe, que je suis bien là. Et que c'est moi, tout ça, moi la 'chose négative' qu'ils ont vu. Et qu'ils avaient sûrement tords, quelque part. J'attrape lentement quelques parchemins, surmontés d'une lettre à moitié dans son enveloppe. Celle de ma mère. Je prends une inspiration, mais lorsque je vais fermer la porte du placard, quelque chose attire mon regard. Un objet, en forme de dragon. Et pas n'importe lequel, le jouet que Sirrush m'a offert à mon arrivée. Il trône en haut de mon armoire, m'attirant un nouveau rictus léger, semblable à un souffle perdu sans joie. On pourrait presque ne pas le voir, mais de là où je suis, le simple bout qui dépasse d'un carton présent devant lui me suffit. Parce que je sais qu'il est là, et qu'il l'a toujours été depuis notre première... Dispute. Je baisse les yeux, puis ferme la porte du placard pour amener mes parchemins à mon bureau rempli de livres entassés n'importe comment. Je les pousse d'un mouvement de bras, et m'y installe. J'ai toujours l'impression d'être entouré d'une forteresse de bouquin lorsque je fais ça, mais au fond, ça me rassure presque. Les études sont une partie trop importante de ma vie pour qu'elles ne semblent pas être certains piliers. Me penchant sur le parchemin vierge étendu sous mes yeux, je soupire, tentant de ne penser qu'à ça alors que j'amène ma plume au pot rempli d'encre. Et j'écris, pendant de longues minutes, pendant plus d'une longue heure, je réfléchis à quoi lui dire, quoi lui adresser. Pour lui prouver que je suis comme ça, que je suis là, mais que le fils qu'elle a aimé n'a jamais existé.

Je suis assis contre la fenêtre, comme toujours. Mon front se colle à la vitre glacée et un léger soupir échappe à mes lèvres alors que je me contente d'observer distraitement la lente descente des gouttes de pluie. J'ai le cœur serré, une boule dans la gorge qui refuse de s'en aller. Et pourtant, je ne fais rien, je reste là, prostré dans un coin de ma chambre alors que la maison s'anime, s'affole. Les bruits de pas précipités dans les couloirs raisonnent à mes oreilles tandis que je ferme les yeux pour échapper à tout ça. Mais je n'y arrive pas, et n'y arriverais pas du moment qu'on ne sait pas où il est. Je garde la tête baissée lorsque des bruits de pas plus calmes et maitrisés se dirigent vers la porte de ma chambre. Mes yeux sont toujours clos lorsque la porte s'ouvre de son léger grincement habituel et qu'une voix féminine aux intonations inquiètes, qu'elle tente, je crois, de dissimuler, prend possession des lieux. « Silas... » Je la sens plus que je ne l'entend ouvrir puis refermer la bouche. Je sais qu'elle cherche quelque chose à me dire, quelque chose qui me ferait me lever de là, qui m'obligerait à les rejoindre. Un soupir,  rempli plus de peur que d'autre chose, me fait ouvrir les yeux. Je redresse le visage, mais mon corps refuse de vouloir prouver quoique ce soit. Et pourtant, elle le sait elle aussi, elle sait que je suis mort d'inquiétude. « Toujours rien ? » Ma voix est quelque peu tremblante. Tant pis, j'ai déjà réussit à prononcer quelque chose. Sirrush a disparu. Sirrush. A. Disparu. Il est introuvable. Lorsque l'on me l'a confirmé, je crois que je n'ai jamais autant senti mon ventre se tordre, comme s'il s'était retourné sur lui-même. Il a beau m'envoyer toute ces horreurs au visage, on a beau s'énerver l'un contre l'autre sans arrêt, je suis terrifié à l'idée de le perdre. Son tempérament de casse-cou et de « je n'ai peur de rien » me réconforte dans cette optique, dans mes pensées noires. Est-ce qu'il va bien ? Un nouveau pincement au cœur me fait fermer les yeux, alors que Gina reprend la parole. Son ton de voix est rarement aussi instable. « Non... On a cherché partout, il n'est pas dans la maison, il n'est pas... » Je passe brièvement le bout de ma langue sur mes lèvres, allant les mordiller par la même occasion, et ouvre à nouveau les yeux sans en avoir conscience afin de les poser sur un point fixe. « On va aller voir du côté des dragons... » Ma respiration se bloque. Et si ma vision d'il y a environ trois ans revenait ? Reprenait vie, là maintenant ? Je tourne enfin le visage vers elle, croise son regard alors que je sort de ma torpeur. « Est-ce que t... » Elle n'a pas le temps de terminer sa phrase que je me redresse, le visage un peu plus fermé bien que l'inquiétude se lit aisément sur mon visage. Surtout pour elle, surtout pour Gina. « Je viens. » Elle m'adresse un faible sourire et sort de la pièce, moi à sa suite. Je ne prends même pas la peine d'enfiler quoique ce soit hormis des chaussures, me retrouvant en simple t-shirt noir sous la pluie battante. Elle me brouille la vision, rend le paysage à la fois magnifique et encore plus inquiétant. Je suis les autres personnes au pas de course, bousculant un cousin sans y faire attention alors que nous sommes plusieurs à parcourir la distance qui nous sépare des dragons. Je prends la tête sans m'en rendre compte, me met à courir sans en avoir conscience. Je ne sens plus mes jambes, je ne sens plus rien, hormis cette peur. Je prends naturellement la direction d'un dragon en particulier. Lui, celui qui n'a pas cessé d'émettre de longs cris déchirants depuis qu'il est à l'agonie, depuis qu'il a été rejeté de son groupe. Mon cœur se serre  brièvement à cette pensée alors que des brides de souvenirs de mon enfance que je n'aurais pas voulu garder m'oppresse l'esprit. Pourtant, tout est rapidement balayé lorsque je l'aperçois. Lui, allongé au sol, sous la pluie, près du corps massif du dragon. Je m'approche de sa silhouette, les yeux rivés sur celle-ci alors que je comprends ce qu'il vient de se produire. Le dragon ne dort pas. La vision de Sirrush à même le sol contre l'animal me fend littéralement le cœur. Je fronce légèrement les sourcils sous cette image doucement mélancolique et abominablement belle alors que je me rapproche toujours de plus en plus, jusqu'à arriver à lui. Je n'attends pas pour l'attraper, le redresser. Il est dans le froid, sous la pluie. Depuis combien de temps est-il là ? Il a l'air frigorifié et mon inquiétude ne cesse toujours pas... J'ai peur qu'il ai quelque chose, qu'il attrape la mort comme on dit. Je ne faiblis pourtant pas et tente de le maintenir contre moi, debout, alors qu'il commence à se débattre avec violence. Son coude me rentre dans les côtes, ses bras qui tentent de repousser tout mon être ne me provoquent pourtant aucune douleur, contrairement à ses cris de protestations, à son désespoir qu'il hurle et qu'il associe avec malheur à la bête qui s'est assoupie pour l'éternité. Je ferme les yeux, plus pour encaisser ce qu'il endure lui plutôt que ce que j'endure moi. Parce que je ne ressens pas cette souffrance physique, mais que mon cœur, lui, saigne et souffre à la place de mon corps. Je sens ses dents sur mon poignet lorsque je tente de le contrôler avec douceur mais fermeté, ses ongles me lacèrent les bras, mais je ne me recule pas, parce que je n'ai de toute manière, aucune réaction lorsqu'il s'agit de la douleur physique qui ne m'atteint pas. Je ne veux pas qu'il se croit seul, je ne veux pas le laisser tomber dans ce néant sans fond dans lequel il plonge lui-même. Mes bras l'enserrent, l'attire à moi dans une étreinte qui se veut rassurante et, enfin, il commence à se calmer. Je déteste le voir comme ça, je me sens tellement impuissant face à tout ça, face à ce qu'il ressent. Je ne sais pas quoi faire, ni quoi dire, alors je reste calme, simplement là pour lui. Je ne peux rien faire d'autre, je suis... Tout simplement incapable de faire autre chose à ce moment-là, et ça me fait mal. J'aimerais qu'il ne ressente plus tout ça, que ses pleurs se tarissent à jamais. J'aimerais les lui voler, les garder et ne pas les lui rendre. Jamais. Je préfèrerais tellement qu'il me crie dessus pour autre chose que pour de la peine. Quitte à l'entendre encore me balancer à la figure que je ne fais pas parti de cette famille. C'est idiot, n'est-ce pas ? Et pourtant. Je préfère qu'il me lacère le cœur de cette façon qu'avec celle-ci. Je ne sais plus depuis quand je tiens tant à lui à travers nos conflits, à travers ses paroles remplies de venin et nos regards horriblement noirs. Peut-être qu'au fond, je n'ai jamais cessé de tenir à lui, de me rattacher au Sirrush que je peux parfois connaître, loin de toute méchanceté gratuite à mon égard. Ses mains accrochent le t-shirt qui colle à ma peau, et ce simple geste me rassure, me donne l'impression qu'il a besoin de moi, là, maintenant. Je me sens tellement stupide dans ce genre de moment, à ressentir ça pour un simple geste instinctif. Je ne devrais pas, c'est complètement idiot, c'est complètement... Faible ? Mais je n'y peux rien, je n'y peux jamais rien avec lui. « Remmène le à la maison, réchauffe le, on arrive… » Je tourne légèrement le regard vers Gina, tenant toujours fermement le plus jeune contre moi, dans le vain espoir de lui transmettre de la chaleur, du réconfort, sans prendre conscience que mon cœur n'a jamais cessé de battre de cette manière depuis que je l'ai contre moi. « Si il ne se calme pas ? » « Je suis sur que tu sauras quoi faire jusqu’à ce que l’on revienne Silas, je te fais confiance. »  Je hoche la tête, et esquisse un geste. Mais à peine est-il fait qu'il recommence à s'animer faiblement contre moi. « Nooon… Si’ je veux pas… Je veux rester avec lui… ‘doit pas rester seul… Laisse moi rester… »  Je ne réagis pas au surnom qu'il utilise, qu'il ne m'a pas donné depuis des lustres j'ai l'impression. Je me contente de le serrer un peu plus fort contre moi. « Il ne reste pas seul, ne t’inquiète pas. Ils restent avec lui, il n’est pas tout seul. » Ma voix se fait douce, basse et calme. J'espère qu'il en est rassuré, si ce n'est pas le cas, je devrais l'entrainer de force dans la maison. Je sais que je le ferais si c'est nécessaire, et dans le pire des cas, je resterais contre lui sous la pluie jusqu'à ce qu'il se décide à bouger. Finalement, je sens rapidement que je n'aurais pas à le faire en tentant de l'entrainer vers l'intérieur, le sentant cesser tout signe de lutte. Je me presse jusqu'aux portes de la maison, laissant les autres derrière moi. Je pousse la porte pour l'ouvrir à la volée et me ruer dans la chaleur agréable des lieux qui, je l'espère, vont calmer ses tremblements. Sa tête vient se nicher dans mon cou, et c'est à mon tour de trembler. J'ai affreusement froid, et pourtant, ce n'est pas un frisson glacial qui vient de parcourir mon corps. « tu l’as r’trouvé ! Il va bien ? Il est pas blessé ? le dragon l’a pas mangé hein ? » « Il est vivant au moins ? Il va s’en sortir ? Ils sont où les autres ? Ou vous l’avez trouvé ? » Je l'empêche de bouger, de peur qu'il s'éloigne, par pur réflexe. Mes bras se serrent à nouveau contre lui alors que je lève les yeux vers les jumelles qui viennent d'arriver. Je n'ai pas la force de leur sourire pour les rassurer, mais je leur adresse un regard entendu en hochant brièvement la tête, répondant d'une voix posée. «Du calme les filles. Ne criez pas., commencé-je à voix légèrement plus basse que la normale, désirant qu'en effet, Sirrush soit au calme., Il va aller bien, il n’est pas blessé et non, Hanna, il ne s’est pas fait mangé par le dragon. On l’a retrouvé près du Dragon mourant… Maintenant allez à la cuisine aider Berit et Bodil à préparer des chocolats chaud. Les autres vont pas tarder à revenir et vu le déluge qu’il y a dehors ils auront besoin de se réchauffer. » Je termine d'un signe de tête vers la pièce adjacente, soutenant quelques secondes le regard de l'une des jumelles pour signaler à Heidi que ce n'est pas le moment de me désobéir, ce qu'elle a tendance à faire beaucoup trop à mon goût. Je ne prends pas la peine de les suivre du regard pour m'assurer qu'elles se dirigent bien dans la cuisine et non au dehors, me ruant dans les escaliers pour l'entrainer dans la salle de bain. Il est vraiment glacé, et mon corps n'est pas des plus chauds désormais pour l'aider à se réchauffer. Je m'empresse de fermer la porte, le lâche un instant. Je pars allumer la douche, cherche brièvement la bonne température, une eau bien chaude sans être trop brûlante, puis me tourne vers lui et l'attire à moi. Il a l'air... Amorphe. Déconnecté, comme si quelque chose le quitte pour ce soir, comme si une partie de lui le quitte pour suivre encore l'esprit abandonné du dragon. Je soupire doucement alors que je me rends compte que je tremble toujours. C'est léger, extrêmement discret par rapport à ses tremblements violents, mais c'est là, présent. Ce n'est toujours pas parce que j'ai froid. Je m'inquiète, je suis rassuré néanmoins, je suis mélancolique, je suis tout de même heureux de ne pas le voir repousser mon aide. Tout se mélange. Mes mains partent retirer ses vêtements, agrippant le bas de son haut pour le lui retirer, le laissant s'échouer au sol dans un bruit singulier. Mes doigts descendent jusqu'à son pantalon, mais avant que je ne l'enlève à son tour, j'ai cette... Hésitation, cette pause, tout mon corps qui se bloque. Je déglutit doucement, me reprend, puis tente de paraître le plus calme et le plus assuré possible pour le défaire de ses vêtements gorgés de pluie, de larmes, qu'elles proviennent de lui ou bien du ciel, tout se mélange, comme ce qui s'agite en moi. C'est troublant, mais je ne veux pas le comprendre. Comme si rien ne venait de se produire, je termine ma tâche, prenant soin de garder mes yeux braqués sur son visage. Je l'entoure brièvement de mes bras, gardant pourtant mon corps loin du sien alors que mes mains frottent ses flans dans l'espoir de le réchauffer un minimum. La scène est bien trop rapide, et pourtant, elle s'ancre dans mon esprit. Mes mains se souviendront de ses côtes, de sa peau gelée. Certes, mal, difficilement, mais c'est quelque chose qui restera, là, quelque part. Ca ne devrait pas. Mais pourtant. J'émets un léger soupire tremblant, puis le met sous l'eau chaude, passe une main vers son visage pour écarter les mèches qui tombent devant ses yeux. « Sirr... » J'émets cet appel dans un murmure, un léger souffle qui ne l'atteint pas. Je baisse les yeux face à lui, puis les ferme pour ne pas à avoir à le regarder comme ça. Je me sens... Etrangement bizarre. Je suis légèrement fébrile, mes yeux ne veulent qu'une chose, ce que désirent également mes mains, et... Non. Je suis vraiment stupide pour penser à telle connerie alors qu'il va mal, alors que c'est... Mon... Frère ? Qu'il me déteste et que je suis censé le haïr en retour ? Que c'est... Quelqu'un qui a presque toujours fait parti de ma vie ? Je soupire. Je ne devrais même pas être attiré par les hommes. Je ne le suis pas. Voilà. Je ne suis pas attiré par un homme, et surtout pas par lui en particulier. Mon 'père' génétique a tord. On choisit ce que l'on est, je le fais, je le ferais toujours. Que penseraient-ils en sachant ça également ? Je ne suis définitivement pas normal. Je déglutit, mais me presse, me hâte à l'entourer d'une lourde serviette, la première qui me tombe sous la main. J'attrape ma baguette, la dirige vers Sirrush afin de le sécher en partie alors que je retourne frotter son corps à travers la serviette posée sur lui, les yeux rivés vers les siens, qui ne me regardent même pas. Ils ont l'air tellement vide à ce moment-là que mon cœur se serre légèrement à nouveau. Je me baisse légèrement, le soulève, puis l'emmène jusqu'à sa chambre. J'aurais voulu ne plus penser à rien hormis à lui, à son état, s'il va bien, s'il m'entend. Mais mon esprit est trop tourmenté par ce que j'ai pu ressentir. Je ne veux pourtant pas m'y attarder. Je le dépose dans son lit après avoir tiré les couvertures, les rabattant sur lui, allant même en attraper dans ses placards pour en rajouter toujours plus. Soucieux, je m'asseois à ses côtés, les sourcils légèrement froncés alors que je contemple son visage, perdant brièvement, très brièvement, ma main sur son front brûlant. Mes yeux se ferment quelques secondes en prenant conscience qu'il est malade, mon inquiétude montant en flèche. Quoi faire de plus ? Qu'ai-je pu lire à ce sujet, qu'ai-je pu retenir pour aider une personne dans un état pareil ? Sûrement beaucoup, beaucoup de chose. Et pourtant... Il repousse les couvertures quelques fois d'affilées, faiblement, un peu trop même. Je me contente d'esquisser un bref geste afin de les remettre. Il ne doit pas se découvrir. Je me redresse, m'humecte nerveusement les lèvres en le regardant, espérant qu'il s'assoupisse un peu. Mais, non, au lieu de cela, ses yeux s'entrouvrent, fait rencontrer nos regards. J'accroche le sien, le soutient, sans émettre le moindre bruit. Je crois que j'ai peur. Peur qu'il... Ai comprit ne serait-ce que très brièvement ce qui m'est passé par la tête face à lui, face à mes propres gestes pour l'aider, pour l'apaiser et le réchauffer. Je détourne le regard, tourne mon corps pour échapper à ça. Je sens qu'il va me rejetter, encore. Qu'il va me le repprocher, qu'il prendra chacun de mes gestes ce jour-ci pour les retourner contre moi, que ses paroles deviennent de nouveau acides, glaciales. Et je préfère ne pas y avoir droit à ce moment-là. « Si’… Me laisse pas… S’teu plait… me laisse pas tout seul… » Je stop chacun de mes gestes avec lenteur, devient figé quelques secondes avant que je ne me tourne vers lui. Ses yeux sont de nouveau clos, pourtant, les miens s'amusent à danser d'une paupière à une autre, comme si je peux voir ce qu'il ressent à travers, s'il est vraiment sincère. Mais je sais qu'il l'est, alors je me rapproche à nouveau de lui, le cœur stupidement léger. Je m'assois doucement à ses côtés, posant lentement ma main sur son front. Je ne veux plus vérifier sa température désormais, je veux simplement le rassurer, lui montrer que je suis bien là. Ce contact semble l'apaiser, il soupire. Il l'apaise peut-être autant qu'il m'apaise. Depuis quand nos contacts se résument surtout à des querelles ? « M’ci… » A moitié allongé, à moitié assit, je reste dans cette position, le sentant se tourner vers moi, attrapant mon jean pour se coller contre mon corps. Ma respiration se bloque une fraction de seconde, mais un léger sourire flotte sur mes lèvres alors que ma main dérive d'elle même dans ses cheveux, voyageant légèrement dans ces derniers en de caresses légères et apaisantes. Je me concentre sur sa respiration, calque la mienne sur la sienne et sent presque mon cœur battre au même rythme que le sien qui, pourtant, se fait plus profond. Après des secondes, des minutes, des heures ? Je n'en sais rien. Je reste pourtant là, contre lui, une main dans ses cheveux. Lorsque je suis sûr qu'il dort, je tourne ma tête vers la sienne, dérive ma main vers sa joue pour la caresser à l'aide de mon pouce et dépose un baiser bref sur son front, laissant le temps et la vie défiler, veillant sur son sommeil, sur ses réactions et le moindre de ses gestes afin de m'assurer qu'il ne cauchemarde pas.

Je ne sais plus comment on en est arrivé là. Et je ne veux pas me souvenir. Tout ce que je sais, c'est que les punitions de Gabriel font réagir. Vestige d'une éducation trop stricte de sang-pur, d'un caractère peu docile et qui lui est propre. J'ai l'impression, parfois, d'être le seul avec Gina à le comprendre un peu, à ne pas m'arrêter à ce qu'il montre, comme ça. A son ton trop dur, trop froid, à son regard sévère, à sa haine pour les dragons que j'adore même si je suis loin d'être bon en 'pratique'. Peut-être que le suivre constamment dans son métier m'aide un peu. Peut-être que ce que j'ai vécu là-bas également. Je n'en sais rien, tout ce que je sais, c'est qu'aujourd'hui, tout ça est relégué en second plan. Je regarde la scène qui se déroule sous mes yeux mais ne peut pas rester ainsi, sans réagir. Je ne l'ai jamais fais, de toute manière, mais j'ai toujours fais en sorte que cela ne le contrarie pas vraiment, que cela reste... Respectueux et simplement désireux d'apporter une aide qui est clairement demandé silencieusement. J'aime beaucoup Gabriel, mais j'ai suffisamment de recul vis à vis de lui pour le voir comme une véritable figure paternelle et non comme un ami, comme je pourrais voir parfois Gina. Ca m'aide profondément à le voir comme je le vois, mais ça m'aide également, là maintenant, à m'approcher vivement du spectacle pour m'interposer entre lui et Sirrush. Parce qu'il veut encore le punir, parce qu'il abuse, selon moi. Il n'en a pas conscience, mais ce n'est pas la solution. Pas pour moi. Je sais que ce n'est son intention ce qu'il provoque, du moins je m'en doute, mais je sais également que de l'autre côté, Sirrush est bien trop réceptif pour supporter une nouvelle fois tout ça. Et je tiens trop à lui pour laisser faire. Depuis environ un an, tout est... Bizarre entre nous. On alterne les disputes et les moments étranges, les moments plus doux et les moments violents. Je secoue légèrement la tête, me contentant de suivre mon instinct pour une fois. Parce que je sature, parce que je sens que la voix trop élevée de Gabriel et la colère sourde qui y est présente se répercute sur moi et me fait trembler. J'ai fais un cauchemar la nuit dernière. J'ai vu une chose atroce, un corps sans vie, sans savoir à qui il appartenait. Et encore une fois, je me sens horriblement mal, mal à l'aise, et particulièrement inutile face à ce que je vois. Car je sais que ce corps sans vie me donnait envie de pleurer. Je prends une profonde inspiration et, une fois devant Gabriel, laisse tout exploser, devant tout le monde. Pour la première fois, je ne m'isole pas pour la crise qui m'assaille, face à la magie qui énerve mes veines et les chauffe durement. « Tu crois que c'est la solution à tout les punitions ? La solution à un écart de conduite, à un comportement qu'on ne peut pas museler ? » Ma voix n'est plus aussi calme qu'avant. Au contraire, elle laisse clairement ses intonations se faire agressives, prononcées. Gabriel pose son regard sur moi, un regard aussi dur que froid, mais en rien il n'est surprit ou rempli d'incompréhension comme je m'y attendais. S'attendait-il... A ce que je sois comme ça ? Il entrouvre les lèvres mais je lui coupe immédiatement la parole, parce que je sais que ce qu'il va dire va m'empêcher de répliquer par la suite, ou de répliquer comme je le veux en tout cas. « Tu te trompes si c'est le cas, ou alors, tu t'y prends mal, vraiment mal ! » Mais je ne sais plus si à ce moment-là, je parle à Gabriel ou à mon propre père. Son visage s'ancre dans mon esprit et je n'arrive pas à m'en défaire, songeant à cette lettre que j'ai envoyé qui est restée sans réponse aucune. Je déglutis distraitement, mais ne faiblis pas, restant devant Sirrush pour que toute la colère de Gabriel se rabatte sur moi. Je ne pense même pas ce que je dis. Du moins, pas aussi intensement. Pas comme ça. Mais j'ai su. J'ai parfaitement su qu'il attachait Sirrush, et rien que ça me donne une colère encore plus profonde face à lui, face à la soudaine colère que je ressens. Je me revois, moi, attaché à cette table. Je revois les traitements de mes parents qui m'envoyaient là-bas. « Pour mon bien ». Pour que j'aille mieux, que je guérisse. Et j'ai l'horrible sensation, là maintenant, qu'il fait la même chose à Sirrush que je me suis promis de protéger. « Pardon ?! Vous êtes de véritables ingrats ! » Commence-t-il, d'un ton plus sourd, plus élevé. Il est nettement plus énervé, et ça se sent. « J'ai TOUT laissé tomber pour vous, c'est comme ça que vous me remerciez ?! » Je fronce les sourcils, mais je me sens légèrement trembler, devenir pâle. Mes muscles se crispent et je sens à travers les paroles de Gabriel quelque chose qui me fait me sentir mal, et d'autant plus mal à l'aise vis à vis de lui. « J'ai bien voulu qu'on t'adopte Silas, pour Gina, mais si tu n'es pas content c'est la même chose ! » Je sens mon ventre se tordre, et ma mâchoire se serrer par tic nerveux. Je déglutis faiblement alors que mes ongles s'enfoncent dans la chair de ma main au fond de ma poche. Ses paroles me touchent bien trop, ne répliquant pas alors qu'il continue. « Tant que tu vivras ici, ce sera selon MES règles, tu m'entends ? Si tu as un problème avec ma méthode d'éducation, je m'en fou ! » Ma respiration s'est littéralement bloquée et je n'arrive plus à respirer, restant ainsi devant lui alors que je me charcute la main en le sentant à peine. Je me contente de soutenir son regard, les sourcils toujours froncés et la mâchoire crispée. Il me lance un dernier regard et s'éloigne rageusement de la pièce pour sortir de la maison. Et je baisse légèrement le regard, fixant un point inexistant en prenant une légère inspiration.

Après la dispute, Gabriel a prétexté devoir aller voir un patient. Il s'est exilé de la maison pendant plusieurs jours, sans parler à personne, pas même à Gina. Evidemment, il n'a pas voulu que je vienne, et je doute même qu'il soit vraiment aller voir le dit patient qu'il a rapidement cité. Je crois plutôt qu'il avait besoin de s'éloigner, de... De ne plus nous – me ? - voir peut-être. Allongé sur mon lit, je serre les dents, fixant le plafond. Je viens de terminer un livre de médicomagie et comme toujours depuis qu'il est parti, je me mets à culpabiliser. Je n'aurais pas dû lui dire tout ça, pas comme ça en tout cas. C'est moi qui ai provoqué son départ, et j'espère vraiment qu'il va vite revenir. Même si... Même si j'ai peur qu'il me tienne encore rigueur de tout ça. Ses mots me reviennent en tête et je soupire, fermant les yeux. Mon cœur se serre à l'idée que lui non plus n'a sûrement jamais voulu de moi, confirmant mon idée sur le fait que ma place n'est peut-être pas non plus ici. C'est l'endroit où je me sens le mieux avec Poudlard, et pourtant, jamais je n'ai réussis à me dire que ma place était justifiée. Qu'elle était... Désirée. Désirée de tous, en tout cas, ce n'est pas possible. Je le sais bien, avec tout ce que me balance Solveig et Sirrush, et désormais Gabriel, je ne peux pas penser autrement. J'aurais pu songer à partir si les autres ne me donnaient pas envie de rester. J'aurais pu y songer, oui... Mais où serais-je aller ? Je me serais senti encore plus mal, encore plus impuissant face à la situation qui m'est propre. A mes visions, à ce que je suis, à tout. Je ne suis qu'un indésiré, de toute manière. Et en tant que tel, peut-être aurais-je dû me contenter de faire profil bas face à tout ce qu'il se passe dans la maison. Au fond, une voix me dit que je pars dans le faux, que je déforme simplement tout ce que j'entends par cette peur sourde et habituelle de retourner là-bas, d'être relégué au statut qui était le mien. Une simple chose dérangeante que l'on traine sans le vouloir. Je soupire à nouveau puis me redresse à cette pensée, secouant légèrement la tête avant d'attraper un énième grimoire sur la médicomagie, le cursus que j'ai choisit de suivre à Poudlard. Mes doigts parcourent les reliures avant que je ne l'ouvre et noie mes idées noires dans ma passion la plus poussée, les études. C'est un livre de Gabriel, ce qui m'empêche de réellement faire le vide, mais je réussis néanmoins à parcourir les premières pages sans difficulté. Finalement, des bruits de pas dans le couloir suivit d'une voix qui me fait rater un battement de cœur m'arrache à ma lecture une nouvelle fois, et je me lève de mon lit pour aller rejoindre ma fenêtre. Je m'assois contre elle, laissant la vitre fraiche venir coller à ma peau alors que je me concentre sans vraiment le vouloir sur toutes les intonations différentes de la voix à l'extérieur. J'espère simplement qu'il ne va pas venir, pour quelque raison d'ailleurs. Si, en temps normal, j'aurais voulu le voir même pour me disputer avec lui – ce qui devient décidément courant – cette fois-ci je ne veux pas. Je ne veux pas le croiser depuis la dispute avec Gabriel. J'ai pris sa défense, mais s'il me balance une énième chose en pleine figure, je crois que je vais saturer. Et je ne veux pas, je ne veux plus vivre ces stupides crises qui provoquent tant de malheur. Peut-être parce que c'est moi qui le provoque. Je n'apporte rien de bon. Je suis maudit. Je n'arrête pas de me le dire, de me le repasser en boucle. Ca en devient parfois insoutenable, mais en général, je me contente de 'vivre normalement' – ou le plus normalement possible – en ne cessant de me rabacher cette idée. S'ils savaient tout ce que je suis... Voudraient-ils encore de moi? Je soupire, laissant de la légère buée se former sur la fenêtre. Depuis la mort du dragon et Sirrush sous la pluie, je suis encore plus certain dans ce que j'avance : je suis réellement maudit. Pourquoi est-ce que... Je ressens tout ça ? C'est stupide, c'est illogique et totalement... Totalement impossible non ? Je ne suis définitivement pas normal. Quelqu'un toque à la porte à ce moment-là, me faisant me redresser légèrement. « C'est ouvert » Je me tourne vers la porte, apercevant alors Heidi, fronçant légèrement les sourcils. « Papa est rentré » Je me crispe, puis hoche la tête en me levant. « Merci » Je réponds à son bref sourire, puis attend qu'elle soit parti pour prendre une inspiration et sortir à mon tour. Contrairement à la plupart, je reste en haut des escaliers, ne sachant pas s'il désire me voir. J'entends sa voix dans l'entrée, suivit de celle de Gina et d'Enok. Puis, s'ajoute les voix des jumelles, et de la plupart des membres de la famille. J'écoute avec intérêt, appuyé sur la rambarde, la tête baissée. Une main part dans mes cheveux, et j'attends ainsi durant un long moment, avant de retourner dans ma chambre une fois les voix éteintes. Je n'ai pas le courage d'aller le voir. Parce que je ne sais pas à qui j'en veux le plus. A lui pour ses paroles, ou à moi pour l'avoir comparé involontairement à mon père.

C'est dans une ambiance pesante et lourde que j'accompagne à nouveau Gabriel à son travail. Il a accepté de me prendre encore avec lui, mais nous n'avons pas vraiment parlé depuis. Je me contente de le suivre, un dossier à la main que j'étudie, suivit d'un de mes cours qui évoque les dragons. D'ailleurs, au vu du titre des parchemins que je tiens en main, Gabriel soupire lourdement. « Tu ne vas pas t'y mettre, toi non plus... » Marmonne-t-il, ce à quoi je grimace légèrement sans répliquer. J'ai toujours aimé aller voir comment ils s'occupent des dragons, comment ils se comportent avec eux. Je suis vraiment nul en pratique, mais en théorie, je crois que je pourrais faire de longues dissertations sur ces créatures majestueuses. Je redresse la tête de mes notes que je commence à connaître par cœur et me contente de les tenir sous le bras, sans prononcer un mot. Si le silence qui s'étire la plupart du temps entre Gabriel et moi pouvait souvent me plaire, cette fois-ci, il n'en est rien. Je suis tendu, les yeux rivés sur ce qu'il se déroule rapidement devant moi, évitant de le regarder réellement. Lorsqu'on est enfin devant le patient et que tout se passe comme avant, je me contente de ne pas trop y réfléchir, de me concentrer sur tout ça, sur les explications de Gabriel légèrement plus brèves que d'habitude. J'aurais presque cru qu'il ne m'aurait pas adressé la parole, même pour ça. Penché sur le dossier et ce que j'ai rajouté, il s'approche de moi, terminant ce qu'il était en train de faire. « On va y aller. » Je hoche la tête, la respiration un peu plus hachurée, un peu plus difficile. « Attends... » Commencé-je doucement avant qu'il ne franchisse la porte. Je me redresse, levant les yeux vers lui. « Je suis désolé » Il se fige, soutenant mon regard en hochant ostensiblement de la tête. Ses lèvres se pincent, son regard me fuit pendant un court instant, et il reprend. « Viens, ils nous attendent pour dîner » Je détourne le regard, me mordant légèrement l'intérieur de la lèvre. « Ouais... » Soupiré-je en retour, le cœur toujours lourd en le dépassant pour rejoindre la sortie afin de transplaner jusqu'au domaine. « Je regrette ce que j'ai dis » Sa voix est basse, cassant son ton naturel, son image habituelle. La main toujours sur la poignée, il a les yeux rivés face à lui, légèrement baissés, durant une fraction de seconde. Je prends une inspiration, la respiration rapide. Et je hoche la tête à mon tour, le laissant me rejoindre pour atteindre la sortie. Le silence s'étire à nouveau, pendant de longues secondes mais, avant d'atteindre l'extérieur, je me tourne vers lui. « Je t'emprunte le dossier, j'aimerais bien l'étudier un peu plus. Je viendrais te le rendre ce soir » Il hoche la tête en un soupir, puis reprend. « On en discutera si tu veux. » Arrivé à l'extérieur, j'esquisse un léger sourire. On est peut-être pas forcément doués pour s'adresser la parole après tout ça, mais je sais au fond de moi que cette soirée sonne le début d'une... Espèce de réconciliation dont j'avais besoin. Même si je suis toujours intimement convaincu que, quelque part, il a prononcé une vérité blessante ce jour-là, à mon sujet.

Aujourd'hui, c'est la fin des cours, le début de l'été et donc des vacances. Alors que j'attrape mes affaires, je fais bien attention à ne pas omettre les lettres présentes sur mon bureau pour les enfouir dans le sac que je tiens en bandoulière, manquant de les froisser au passage. Je suis peut-être soigné et tout ce qui va avec lorsqu'il s'agit de rendre un devoir, mais quand ce sont mes affaires personnelles... J'ai réellement du mal, je crois. Je soupire, remet correctement mes lunettes sur mon nez, n'ayant pas eu le temps de mettre mes lentilles. Désormais, elles sont au fond de ma malle et je me vois mal la rouvrir pour aller les reprendre. Qu'importe, c'est le jour de départ, ce n'est pas si grave si on me voit affubler de ces trucs, que je mets pourtant parfois à la bibliothèque ou dans mon dortoir. Arrivé dans le hall, je m'éloigne légèrement des groupes présents qui rejoignent déjà l'extérieur, afin d'attraper la dernière enveloppe que j'ai laissé au-dessus du reste de mes affaires. Je lis quelques passages de l'une de mes dernières lettres envoyées à Gabriel. Nous avons correspondu plus que les autres années, notamment parce qu'à un moment donné, nous nous sommes en quelque sorte... Mit en froid. «... Etudié ça en cours, et je continuerais à dire que l'attacher ou le punir de la sorte n'est certainement pas le meilleur des remèdes. » Nous avons parlé de Sirrush, mais avant tout de son problème de concentration et d'hyperactivité. J'ai lu énormément de chose à ce sujet, et bien que je ne le lui dirais pas, je tente de trouver quelque chose. N'importe quoi qui l'aiderait davantage que la Ritaline et les punitions trop souvent répétés. « Contestes-tu encore mes méthodes ? » Je me crispe à ce passage de la lettre, mais je continue de parcourir du regard nos échanges animés et pourtant nettement plus calmes que ce qu'il en aurait l'air. Finalement, nous avons tout de même réussit à en parler un peu plus calmement. Peut-être parce que j'ai évité de reparler de ses dites méthodes... Je sais qu'il n'en a pas conscience et que son éducation ne lui permet pas de penser à l'opposé de ce qu'il fait, mais je sais également que malgré ma dite compréhension, je serais toujours contre ce qu'il fait. Je soupire doucement, puis range à nouveau les lettres dans mon sac pour sortir rejoindre les autres. Ils commencent déjà à tous se réunir, alors je me hâte légèrement pour faire parti du groupe de la famille, éloigné néanmoins de Sirrush pour ne pas partir en une énième dispute. Surtout pas le jour des vacances, devant tout le monde. On rejoint le Poudlard Express, alors que je m'installe avec la plupart des membres de la famille, Hella contre moi, Plato face à moi. Les jumelles sont assises à côté, et Sirrush est près de Plato à son tour. Je croise le regard du poufsouffle sous mes yeux, et lui lance un léger sourire en coin, mal à l'aise en songeant à ce qu'il s'est produit entre nous auparavant. Arrivé à la gare, tous sorti du train, on rejoint Orion pour aller jusqu'au Portoloin. Tout les adultes ou presque sont là, et je salut tout le monde, serrant la main des hommes de la famille, faisant la bise en enlaçant légèrement les femmes. Une fois les retrouvailles passées, on s'installe autour d'une gigantesque casserole dans la joie et la bonne humeur, quelques rires s'élevant du groupe. Un sourire aux lèvres, j'attrape le portoloin en même temps que les autres afin de rejoindre notre chez nous. Mais les sourires, les rires, tout s'éteint, plongeant l'ambiance dans un macabre absolue, une horreur sans nom tâchant à jamais ce jour-là, comme l'herbe s'est habillée de rouge sang pour notre retour. Tout les regards se braquent sur cette marre, ce liquide foncé aux reflets trop vifs. Les exclamations horrifiées fusent, les lèvres s'entrouvrent sous la terreur et l'atrocité de la scène. Veronika, qui était resté à la maison pour le calme que nécessitait sa grossesse, git devant nous. Etendue sur le sol, entourée de toute cette flaque rouge, le corps dans une position qui n'a rien de naturelle, qui dérange. L'odeur arrive jusqu'à mes narines, me donne la nausée. Pas parce qu'elle est trop forte, pas parce qu'elle est atroce à sentir, mais parce que ce sang lui appartient. Tout son corps est couvert de sang, déchiqueté, réduit au silence éternel. Plus jamais il ne s'animera, plus  jamais ses lèvres ne s'étireront. Les plaies ancrées dans sa chair ancrent également tout les esprits de la famille, et les quelques secondes où nous restons figés face au spectacle macabre me semble être une éternité. La vie l'a quitté, arrachée sauvagement par... Un dragon. Par un dragon. Je savais qu'ils étaient dangereux, tous, nous le savions – même si pour certain cela n'empêche certainement pas les imprudences – mais vivre les risques que l'on encoure avec ces créatures est une toute autre histoire. Je sens mon cœur s'arrêter pendant un court instant, suivant durant quelques fractions de seconde le sien qui n'est déjà plus en train de battre. Mes muscles se tendent, mon cauchemar me revient alors. Et encore une fois, je l'ai su, sans pour autant faire quoique ce soit pour que cela ne se produise pas. Je n'avais pas vu son visage, ni les courbes de sa silhouette, je n'avais pas vu tout ce sang, qui me semble être interminable, coulant le long des brindilles. Mais je savais. J'avais senti mon cœur se serrer ainsi, la mort remplissant le domaine. Ma respiration semble coupée alors que mes yeux continuent à détailler un peu trop l'horreur qui s'étend sous nos yeux, deux vies otées en un même instant. Je fixe son ventre en fronçant légèrement les sourcils, les lèvres entrouvertes. Je n'arrive pas à l'assimiler, à le croire en premier lieu, mais, comme si tout s'était déroulé au ralenti pour mieux reprendre, tout s'anime à nouveau autour de moi. Les yeux sont éloignés de la scène et j'aide les autres à emmener les plus jeunes à l'intérieur. J'attrape les jumelles sans leur demander leur avis pour les pousser jusqu'à l'intérieur, agrippant doucement mais fermement le bras de Sirrush pour en faire de même, pour leur épargner ce spectacle qui dure une éternité. C'était une moldue. Une moldue. J'ai eu énormément de mal avec son statut au début, me rappelant que trop bien ce que les moldus que moi, j'ai connu, m'ont fait vivre. Puis j'ai réussi à voir comment elle était, à la connaître, rien qu'un peu au moins. A l'apprécier, à me sentir légèrement rassurer sous son regard. J'avais découvert la magie dans des exclamations qui accompagnaient les siens, elle qui était tant fascinée par tout ça. Par les dragons. Par ce qui lui a apporté la mort. Je déglutis distraitement, sachant que désormais, toute la famille aurait une partie du cœur brisé après cette perte considérable. Sachant que désormais, les dragons responsables de cette dite perte, fendrait le reste du cœur en deux, sûrement prit entre l'adoration que nous leur apportons pratiquement tous, et entre cette scène, à jamais gravée dans nos esprits.

Ca a été extrêmement difficile après sa mort. Beaucoup ont changé, notamment Plato, ou même Hella qui a renforcé son côté maternel. D'ailleurs, depuis, je l'aide davantage à s'occuper de la famille ou à aider quand il le faut. Je suis toujours... Le membre discret qui est quand même là quand il y a besoin, mais je fais de mon mieux. Je me suis davantage plongé dans mes livres aussi. Je l'étais déjà énormément... Mais je suis encore plus ambitieux, encore plus... Déterminé, qu'avant. Parce que si je peux enfin mettre fin à ce genre de chose, c'est un gros plus. Je soupire, songeant à tout ce qu'il s'est produit depuis peu. Tout ce qui a chamboulé nos vies. Le Noël après la mort de Veronika et de l'enfant qu'elle portait, il y a eu... Ce sortilège. Celui du Ministère qui n'a pas marché comme prévu, et tout les enfants de la famille accompagné de tout ceux présent à Poudlard ou montrant leur premier signe de magie, sont désormais suivit d'une partie de leur âme. De leurs patronus. Moi qui pensait que je n'en avais pas, d'âme. Voilà qu'elle apparaît à mes côtés, comme par magie. Un rictus étire mes lèvres à cette pensée, alors que je me redresse légèrement sur mon lit, allongé dans le noir. Il commence à être tard et je sens que je ne vais pas tarder à somnoler, pourtant, quelque chose m'en empêche. Un... Pressentiment. Je me sens mal à l'aise, crispé, sur le qui vive sans que je ne sache pourquoi. Et je maudis une nouvelle fois mon don et tout ce que je suis pour ça. Je soupire doucement, mordillant l'intérieur de ma lèvre en allant poser mon regard sur une masse plus sombre que le reste, enroulée près de mon oreiller. Sjel. Mon pouce part sur le sommet de son crâne que je caresse brièvement avant de m'asseoir un peu plus correctement sur le lit, fixant la fenêtre devant moi. Là où la nuit s'étend et où les étoiles sont encore visibles. Nous avons dû nous rendre ici, à Belize, dans un camp d'entrainement. Cet été, je n'ai pas passé mes vacances chez moi, comme tout les enfants Ingherneils scolarisés, mais ici. Avec l'ampleur que prend les Mangemorts et le Lord, ils ont jugés bon de nous emmener ici. J'avoue que je ne sais pas vraiment quoi en penser. L'été touche à sa fin, et j'ai appris un peu plus de chose, certes, mais cette guerre me tend plus que nécessaire. Les morts qui vont être causées, tout ce qui va suivre. Tout ça ne me donne que plus envie encore d'être médicomage, de vivre cette ambiance et cette adrénaline en exploitant mes connaissances qui, je crois, sont les plus poussées, les plus prononcées. Celles grâce à qui je me sens moins... Moins 'rien'. Mais j'ai peur. Peur pour ma famille, mes amis. Peur que mon statut de né-moldu ne m'attire encore cette irrémédiable image de « quelque chose de bon à exterminer », me renvoyant des années en arrière. Je soupire, allant coller mon crâne au mur derrière moi, la tête rejetée en arrière. Mes yeux se ferment. Je ne suis clairement pas pour le camp noir, c'est une réelle évidence. Exterminer tout ces gens me semblent simplement ridicule et totalement stupide pour la cause qu'ils suivent. D'ailleurs, s'ils désirent vraiment atteindre leur but, sont-ils obligé d'en passer par-là ? Je ne pense pas. Ils sont bien trop extrémistes pour paraître complètement réfléchis dans leurs actes. Je grimace à cette pensée. Mais... Je ne suis pas non plus du camp opposé, je crois. Je n'hésiterais pas à aider, rien que pour me sentir plus utile, plus doué que ce que je ne pense sans arrêt. Mais je ne pourrais pas aller à l'encontre de l'idée que les moldus sont des êtres détestables. Mon passé m'a bien trop entaché l'esprit, j'en ai bien peur. Comme dirait Sjel, toutes mes peurs, toutes mes craintes et mes douleurs passées n'ont fait qu'accroître tout ça, cette soudaine 'haine' pour les gens sans pouvoirs. Je ne suis pas le genre à vouloir les exterminer, c'est bien trop... Stupide comme cause, mais je suis loin d'être celui qui les appréciera, qui ne fera malheureusement pas une généralité. Je me méfie bien trop d'eux pour cela. Je crois que c'est l'un de mes principal défaut. Ce qui est assez ironique, quand on sait que je suis moi-même un né-moldu, mais qui a énormément de mal avec les autres. Tout simplement parce que... Parce que leur existence a eux me rappeler ont sans arrêt la mienne dans leur monde. Que même si je trouve un né-moldu heureux d'être à moitié dans ce monde méprisable, me fera penser que moi, je n'ai pas eu cette chance. Que je suis véritablement quelqu'un qui n'a fait que mérité tout ça. Un sifflement m'arrache de mes pensées, me faisant froncer les sourcils en me tournant vers Sjel qui vient de se réveiller, m'observant. « Tu vas encore me dire que je pense mal ? » Elle siffle à nouveau mais se rapproche de moi, glissant le long de mon bras pour aller se loger dans mon cou. Je soupire, fermant les yeux. « Si tu arrêtais de te voir comme tu le fais, tu les verrais différemment. Tu verrais les choses différemment. » Je rouvre les yeux, me pinçant les lèvres. « Sûrement. » Mes doigts s'agitent soudain nerveusement sur la couverture, l'attrapant pour la rouler entre eux avant qu'un bruit sourd claque dans l'atmosphère, brisant l'ambiance du camp endormi. Je me redresse vivement, le cœur battant. Mon ventre se tord, je tremble légèrement. Comme toujours lorsque ça arrive. Non, non ça ne peut pas être... Quelque chose de décisif, que j'ai pressenti encore une fois, n'est-ce pas ? Je prends une inspiration tremblante et me jette hors du lit alors que mon cabanon s'anime. J'attrape ma baguette au second bruit sourd, aux hurlements qui ne tardent pas à s'élever dans les airs. Mon cœur rate un battement mais je ne faiblis pas et laisse le cabanon se remplir d'une douce lumière artificielle, produite par ma propre baguette. Les autres se lèvent à leur tour et, alors que l'un d'entre eux se jette littéralement sur la porte de sortie, je l'en empêche. « Attends tu ne vas pas y aller tête baissée, on ne sait même pas ce que c'est, comme danger. » « Justement c'est pas en restant là qu'on le saura ! » « C'est pas en allant au dehors sans réfléchir qu'on restera en vie » Il m'observe, la respiration aussi rapide et coupée que la mienne, puis hoche la tête. Il est pratiquement en sueur. « Bien, d'abord, on ne se sépare pas à l'aveuglette et surtout, surtout, faites attention à TOUT ce qui vous entoure. » « Vous croyez que c'est quoi... ? » « Une attaque comme ça, je dirais... » « Les mangemorts. Souvenez vous surtout bien de ce qu'on nous a enseigné, cédez pas à la panique... Ca signerait votre arrêt de mort. » Et lorsqu'une nouvelle explosion retentit, on se rue à l'extérieur, baguette à la main. « Tu es bien plus sûr de toi quand la situation l'exige, Silas » « Cas de force majeur » Le cabanon en face du notre devient rapidement un brasier géant. Les cris fusent à l'image des sortilèges alors que les corps commencent déjà à tomber. L'un de mes camarades de cabanon cri soudain un nom, et se lance dans le chaos qui règne. Je le regarde s'éloigner sans rien pouvoir y faire alors que les bousculades, les silhouettes encapuchonnées, sépare tout les groupes qui se forment. Je m'avance alors vers le cabanon en flamme et tente de l'éteindre, aidant les autres à sortir ceux qui s'y trouve avant de retourner aider ceux que je peux, à la recherche de tout les visages qui me sont que trop bien connus. Tout ce qui se déroule me retourne le cœur mais je fais tout pour ne pas paniquer, même si je suis conscient que je pourrais vivre les pires scénarios possibles ce soir. « Silas, là ! » Je me tourne, et croit brièvement qu'elle a vu Sirrush, mon cœur battant à tout rompre, alors que je me retrouve face à deux mangemorts. Je grimace légèrement et tente de les contourner, courant dans le sens qui mène jusqu'au cabanon de Sirrush, de Plato, des jumelles, de Rubis, de Hella, de tout le monde. Je tente également de trouver Orion, le cherchant du regard dans les adultes que je croise, mais rien. La nuit est désormais illuminée d'un vert symbole de l'horreur même, remplaçant les étoiles. Ma respiration se coupe légèrement, et pourtant, je ne panique pas, restant concentrer sur mes objectifs. Je m'arrête parfois pour aider les blessés du mieux que je le peux grâce à mes connaissances, et c'est lorsque j'entame à nouveau ma course folle en bifurquant vers ma droite que tout se déroule rapidement. Le noir complet. Un sortilège atteint Sjel qui a prit sa forme de serval sans le vouloir, l'envoyant contre un arbre avant qu'elle ne s'échoue au sol en se crispant. Ma vue se brouille, des points noirs apparaissent devant mes  yeux. Une douleur sourde s'empare de moi, une douleur que j'avais appris à oublier, que je ne connaissais plus. La douleur de Sjel qui entraine la mienne. Je grimace, laisse un cri de douleur rouler le long de mes lèvres alors que je suis plié en deux, me tenant le ventre et le bras. Ca fait mal, horriblement mal... Et je n'en ai même plus l'habitude. Je me laisse tomber à genoux alors qu'un adulte détourne par miracle le mangemort face à moi. Mes lunettes s'échouent au sol, alors que ma respiration tente de revenir avec difficulté. « Sj... Sjel... » Je tremble. Je me redresse non sans mal, tenant à peine sur mes jambes, et rejoint mon patronus à nouveau en forme de serpent. Elle est allongée au sol, et je sens sa douleur. Son sang coule et mon cœur s'emballe encore plus à cette vue, les  yeux légèrement écarquillés. « Sjel je t'en prie répond » J'ai affreusement mal. Et j'arrive à peine à articuler mes pensées pour qu'elle puisse les comprendre. Je la prend dans mes bras et l'enroule autour de mon cou, à moitié camouflé dans mon t-shirt. « Si'... Tes lunettes » Je fronce légèrement les sourcils. « C'est... Tout ce que tu me dis alors que tu souffres le martyr ? » Elle ricane doucement alors qu'un sourire prend possession de mes lèvres malgré moi, cherchant mes lunettes sans pour autant les voir.« J'ai l'habitude contrairement à toi... »Et crac.« Oh non merde... » Mes lunettes. Je soupire, me redressant avec une grimace de douleur peinte sur le visage. Le restant de mes lunettes en main, je ne prends néanmoins pas le temps de les réparer que je retourne tenter de les trouver, de les aider. Et si Sirrush est quelque part entre la vie et la mort? Au diable les lunettes, je dois vraiment me dépêcher. Ils ont tous besoin de mon aide. Dans les bousculades, mes lunettes chutent à nouveau au sol, mais cette fois-ci, je ne retourne pas les récupérer et continue à chercher ma famille, le ventre noué, les muscles crispés et endoloris. Si je laisse encore une perte comme ça se faire, comme pour Veronika... Je soupire à cette pensée, fataliste, lorsqu'un sortilège perdu ricoche contre mon bras gauche. Une entaille se forme, mais je ne m'arrête pas, je ne réagis presque pas. Je ne la sens pas. Mais Sjel, oui, et elle se met à trembler violemment, ce qui me fait contourner la plupart des cabanons pour aller rejoindre un groupe qui tente d'aider les blessés. « Tiens bon Sjel, je vais te lancer un sort avant de m'occuper d'eux » Je m'approche, baguette à la main, m’accroupissant près des blessés. « Ne touche pas ta  jambe, je vais essayer d'arrêter l'hémorragie le temps qu'on puisse rentrer au château » Pourvu qu'ils aillent bien. Pourvu que Sirrush soit en vie... Imbécile trop impulsif. Et je passe la soirée ainsi, à faire attention à Sjel tout en mettant en pratique tout ce que j'ai appris durant toutes ces années, laissant sans pouvoir y faire quoique ce soit, comme toujours, cette soirée marquer la fin de l'été dans la panique grandissante, la mort, le sang et les larmes.  


Dernière édition par Silas L. Mortensen le Mar 17 Sep - 15:50, édité 26 fois
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Message Re: I need no burning crosses to illuminate my nights² ▬ Silas
par Guest, Mer 4 Sep - 16:57 (#)
Rebienvenuuuuuuue Haww

//SBAAAAAAAAAAAAAF
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Message Re: I need no burning crosses to illuminate my nights² ▬ Silas
par Invité, Mer 4 Sep - 20:34 (#)
La taille de ton histoire quoi siffle 

Enplusjelaimêmepasluhontesurmoituemoipendsmoifouettemoi GNOE

Sinon je t'aime Haww
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Message Re: I need no burning crosses to illuminate my nights² ▬ Silas
par Invité, Mer 4 Sep - 21:10 (#)
dead RIP J'ai hâte de lire quand même heh

Brille
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Message Re: I need no burning crosses to illuminate my nights² ▬ Silas
par Invité, Mer 4 Sep - 22:00 (#)
Re-welcoome :)
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Message Re: I need no burning crosses to illuminate my nights² ▬ Silas
par Invité, Jeu 5 Sep - 0:45 (#)
Re bienvenuuuuuuue toi Haww Daengelo Daengelo Daengelo Hug

Spoiler:
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Message Re: I need no burning crosses to illuminate my nights² ▬ Silas
par Invité, Ven 6 Sep - 11:04 (#)
RE-BIENVENUE ! Haww

Latailledetonhistoirefaitpeur Hide
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Message Re: I need no burning crosses to illuminate my nights² ▬ Silas
par Guest, Ven 6 Sep - 15:07 (#)
Re-bienvenue sur BP, Silas (alias celuiquifaitdesfichesde32km o/)
Haww

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Message Re: I need no burning crosses to illuminate my nights² ▬ Silas
par Invité, Sam 7 Sep - 7:25 (#)
'SPÈCE DE DINGUE ! GNOE Ton histoire elle va prendre 2 ans à s'écrire ?! GNOE Je t'aime Amy... j'aime tes personnages et celui-là sera awesome aussi. (Me reste à trouver le courage de le lire. Pantémort) REBIENVENU ! ChouloveDaengelo
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Message Re: I need no burning crosses to illuminate my nights² ▬ Silas
par Invité, Sam 7 Sep - 16:24 (#)
RE RE BIENVENUE Chou
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Message Re: I need no burning crosses to illuminate my nights² ▬ Silas
par Guest, Sam 7 Sep - 18:41 (#)
Euh... comment dire, je lirais tous ça un autre jours XD là j'ai pas la foi, mais... es-ce qu'un Re-Bienvenue ça compense Sad  Hide 
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Message Re: I need no burning crosses to illuminate my nights² ▬ Silas
par Guest, Lun 9 Sep - 13:53 (#)
REbienvenue. Daengelo
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Message Re: I need no burning crosses to illuminate my nights² ▬ Silas
par Contenu sponsorisé, (#)
 

I need no burning crosses to illuminate my nights² ▬ Silas

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