« J’ai franchement pas besoin de ces conneries. » La brune fronce ses sourcils en redressant son regard sur l’infirmière de l’école. « Vraiment pas. » précise-t-elle comme si cette dernière faisait exprès de ne pas l’écouter. Et ça doit être le cas. Elle tripote ses feuilles devant elle, pousse un soupir ennuyé, elle doit certainement se demander pourquoi on lui refile un tel travail alors qu’elle est censée s’occuper des élèves dans son infirmerie. « C’est la cinquième bagarre dans laquelle vous êtes impliquée en deux jours, Miss Harper, il est temps de vous expliquer. Je suis là pour vous… écouter. » Comme si ce n’était pas le bon mot. Wren lève les yeux au ciel avant de croiser ses bras, résolue. « Ouais, une sorte de psy à la noix. » L’infirmière lui jette un regard noir, elle ne doit certainement pas savoir ce que c’est un psychologue, plutôt un psychomage, mais là c’est Wren qui ne sait pas ce que c’est. En tout cas le regard que lui lance la femme fait réagir la brune qui se redresse un peu sur sa chaise, comme mal à l’aise. Elle bouge d’une cuisse à l’autre, comme si elle avait une envie pressante, c’est qu’elle est sur le point de lancer un mensonge, un truc qui lui est resté depuis qu’elle est petite. Et elle pince ses lèvres pour bien choisir ses mots. « Je vais très bien. » commence-t-elle alors, haussant un sourcil et jaugeant l’infirmière comme si elle était la dernière femme compétente sur terre. « J’ai des parents géniaux, ils s’occupent très bien de ma sœur et moi, je n’ai rien à redire. » Peut-être pas, mais elle laisse sous silence la pression qu’ils lui mettent sur ses épaules en tant qu’aînée, elle doit montrer le bon chemin à Tess, elle doit la protéger, elle doit être une bonne élève et, surtout, une jeune femme modèle, comme l’exigerait la religion. Ca ne regarde pas l’infirmière.

« En parlant de ma sœur, je sais que certaines personnes ne l’aiment pas et s’en prennent à elle, j’ai vu ces idiots de Serpentards ce matin, c’est normal que j’aille leur casser les dents contre le mur des cachots. Sérieusement. » Elle secoue un peu la tête au souvenir du matin même et ne peut s’empêcher de sentir son cœur se serrer un peu. Quand on en vient à sa sœur, le monde entier s’arrête. Et là plus besoin de baguette magique, Wren se débrouille très bien à mains nues. Ses doigts viennent tapoter nerveusement contre le bois du bureau et elle ne peut s’empêcher de penser à Tess. Elle s’est toujours promis de la protéger coûte que coûte, corps et âme. Peut-être parce qu’elle sait, Wren, qu’elle se rappelle de cette petite sœur qui devait arriver mais qui est morte beaucoup trop tôt, qui devait jouer le rôle de Tess. Mais finalement c’est peut-être mieux que ce soit la brune qui soit là à la place de ce bébé perdu ? Wren ne sait pas trop. « Je suis une jeune femme tout ce qui a de plus normale, un peu trop protectrice peut-être, catholique. » Oh vraiment ? Ce dernier mot la fait tressaillir alors qu’elle détourne son regard pour éviter celui de l’infirmière. Bien sûr que oui, la religion fait évidemment partit d’elle. Et ce n’est certainement pas parce qu’elle se sent étrange au contact de sa meilleure amie, que des fois elle regarde ses lèvres trop longtemps et qu’elle se surprend à regarder le mouvement de ses hanches lorsqu’elle se lève que ça fait de Wren une personne indigne de la religion. N’importe quoi. Et la brune se relève d’un coup, manquant de renverser sa chaise. « Je… Je vais y aller. Je ne me sens pas bien. » L’infirmière fronce les sourcils. « Vous êtes à l’infirmerie, vous en avez conscience Miss Harper ? » Wren secoue sa tête de droite à gauche. « … J’ai la dalle. » lâche-t-elle avant de récupérer son sac et de sortir en trombe de l’infirmerie, son patronus sur ses talons.